Retrouvailles (pv Aerandir)

Il était encore très tôt lorsque Naessa se réveilla. Allongée sur son lit, elle resta immobile un moment. Elle commençait à s'habituer aux bruits de la cité humaine, aux cris matinaux, à la douceur du soleil et à la froideur du paysage... Elle tourna la tête vers la fenêtre. Quelque soit la cité, les oiseaux chantaient toujours la même mélodie et le ciel laissait des nuages nacrés l'envahir. Elle sourit doucement et repoussa les draps pour poser les pieds par terre. Sa chemise de nuit blanche lui tombait jusqu'aux genoux. L'ôtant d'un geste, elle entreprit de retrouver sa robe de prêtresse, cette robe violette recouverte de voiles blancs... Naessa était toujours bien réveillée les matins, elle avait cette chance d'être rapidement alerte. Sans doute une autre conséquence de sa malchance innée.

Elle retrouvait peu à peu la joie de vivre et c'était une bonne chose. Le seul inconvénient à sa nouvelle situation était son garde-du-corps, imposé par la reine elle-même : la jeune femme Hrist (hrp : une joueuse pour info).. Cette dernière n'assurait pas sa protection la nuit, aussi lui donnait-elle rendez-vous régulièrement le matin. Naessa haussa les épaules. Elle n'avait pas envie de se presser, cette jeune femme passait son temps à grogner. Naessa enfila sa robe, ajustant ses voiles, puis elle entreprit de coiffer sa longue chevelure. Elle l'avait légèrement coupée, jusqu'à ses reins, depuis qu'elle s'était offerte à Ceylan. Ce souvenir lui arracha un frisson. Elle le regrettait amèrement à présent. Elle ne s'était pas coupée les cheveux depuis le départ de son frère, afin de laisser la longue attente visible aux yeux de tous. Ils avaient poussé jusqu'à être plus longs qu'elle, faisant une fois et demie sa taille. A présent, ils étaient plus courts. L'avantage était pour les coiffer. C'était bien plus simple !

Posant le peigne, elle entreprit d'entrelacer sa longue chevelure de perles de nacre. Pourquoi ce rituel ? Tout simplement parce-qu'elle aimait ses cheveux, plus que toute autre partie de son corps. Elle aimait être élégante et raffinée, mais sa fine chevelure restait délicatement entretenue. Lorsqu'elle eut fini, elle enfila ses sandales et partit pour s'occuper du jardin d'Aérandir. Il le lui avait donné, mais elle le considérait toujours comme le jardin du haut-prêtre plus que le sien. Descendant les escaliers avec grâce, dédaignant un possible petit déjeuner, tenant dans sa main un petit sachet de graines, elle avait hâte de voir ce que les roses étaient devenues durant la nuit. Elle leur apportait de nouvelles amies ! Sa robe serait certainement salie mais qu'importe ?

Naessa atteignit les jardins après avoir salué quelques adeptes au passage. Elle inspira profondément l'air pur du jardin et commença à se promener sur les sentiers, saluant chaque plante d'une douce caresse, ses pensées s'égarant sur Alëandir, cité éternelle... et sur Aérandir, qui avait donné naissance à cet endroit enchanteur. Alors qu'elle venait de choisir l'endroit approprié pour les nouvelles plantes, elle sentit quelque chose tomber sur son épaule. Intriguée, elle passa la main sur l'épaule et en retira une subtance blanche et gluante...

- Charmant...

Elle leva la tête pour foudroyer de son regard l'oiseau qui venait de se lâcher sur elle. Vraiment, les animaux le faisaient exprès, elle ne pouvait plus croire autre chose ! Elle se dirigea vers la petite fontaine pour nettoyer le haut de sa robe. Les voiles, surtout, seraient difficiles à nettoyer si la fiante séchait. Elle se pencha et passa sa main dans l'eau pure, la ramenant délicatement jusqu'à son épaule. C'est alors qu'un caillou sous sa sandale roula, la faisant basculer dans l'eau dans un petit "SPLASH". Naessa se redressa. La fontaine était peu profonde et heureusement, car elle n'avait jamais appris à nager. Cependant elle était à présent assise dans l'eau et complètement trempée, des pieds à la tête, dégoulinante...

- Au moins cette fois je n'ai pas failli mourir, optimisa-t-elle, en se levant.

Elle commença à essorer le bas de sa robe lorsqu'elle remarqua que quelqu'un venait d'arriver.

-Mourir ? Allons douce rose, il n'en ai point question au coeur même de ce jardin...

Ce n'était qu'un murmure diffus et suave...Juste un éveil alors que la nuit semblait encore proche...L'oeil d'or se pare d'un reste de rêves, d'ombres envoutantes...La mer de soie bouclées s'évade en de tumultueux remous. Le Haut Prêtre s'éveille à peine, laissant encore un peu les volutes de ses songes entourer son visage et son sourire. Les lèvres douces s'incurvent lentement, prémices de rire, prémices de volupté, début d'un mot, d'une phrase...Tout les rêves exhaussés, tout les désirs éveillés...Les rayons malicieux, voyeurs et caressant du soleil flirtent avec sa poitrine à peine cachée derrière les voiles d'une toge lumineuse...Au bout de ses doigts fins, la suave douceur d'un carré de coton, immaculé, nuageux...L'étole vole dans l'air, s'arrête a quelque souffle de la Rose...Les lignes des pétales s'évadent sous le paravent bien indécent d'une robe, les rondeurs s'enhardissent et émeuvent l'être qu'il est...Douce rose qui éclot avec la force d'une reine. La gêne, la pudeur...Il ne connait car ces mots sont autant de barrières, de limites aux coeurs impatients...Il ne les prononce pas, ne les pense pas...Que veulent ils dire sinon une prison ? Il aime ce qu'il voit et entend, c'est ainsi, il ne s'en cache pas, jamais...Il erre toujours et encore, savourant sans limites ce que lui offre le Prisonnier...L'éclat malicieux revient, lumineux et rieur.

-Une déesse perdue au beau milieu des fleurs...Voici une bien belle image qui m'est offerte au soleil levant...

Il taquine, se joue des rougeurs éphémères, caline les émois qu'il suscite..Le coeur est mystérieux, envoutant et a sa propre raison d'être et, tel un enfant, il s'émeut toujours des labyrinthes qui s'offrent a lui....Un éternel curieux, un immortel enfant qui sait, parfois, se parer des traits horrifiques de la colère...

Mais de colère, il n'est pas question en cet instant savouré. Non, le rire s'envole haut dans le ciel, rejoignant l'astre ardent pour une danse chaotique. Il ne se moque pas non, il exprime juste une joie qui le suit parfois lorsque le Prisionnier se révèle enfantin au creux de son coeur...Pourtant, pourtant, dans les ombres d'or de ses iris règne la brume étrange des contradictions...Ardeur et légèreté mêlée, amoureux et passionné...Cruel aussi lorsqu'il entonne le chant des morts cupide...Tout ce qu'il est danse et valse au sein de ses prunelles jaunes éclatant...

[hrp : j'adore ta manière de décrire les choses, c'est tellement plus beau tourné ainsi :D]

-Mourir ? Allons douce rose, il n'en ai point question au coeur même de ce jardin...

Naessa, qui essorait le bas de sa robe, tourna la tête et rougit légèrement en reconnaissant le haut-prêtre Aerandir, son confident et son ami depuis qu'elle était à Diantra. C'était son jardin, il n'y avait rien d'étonnant à l'y trouver, mais elle ne parvenait pas à oublier leur dernière entrevue ici-même, lorsqu'il lui avait volé un baiser... Bien qu'elle refuse de le croire, elle se sentait encore un peu troublée. Comment la voyait-il ? Comme une petite soeur ? C'était la douce impression qu'elle en avait et elle n'en appréciait que plus encore sa compagnie. Comment devait-elle le voir ? Il restait son supérieur, quoiqu'elle en pense, quoiqu'elle en dise. Elle lui devait respect et obéissance, mais elle n'avait guère à se forcer. Aerandir semblait de bonne humeur et la situation avait de quoi. Elle ne remarqua pas que sa robe mouillée moulait ses formes d'adolescente et elle ne comprit pas le regard d'Aerandir, supposant qu'il s'inquiétait de savoir si elle était blessée. D'un sourire, elle secoua la tête, pensant le rassurer.

-Une déesse perdue au beau milieu des fleurs...Voici une bien belle image qui m'est offerte au soleil levant...

Naessa rougit davantage sous le compliment. Une déesse ? L'adolescente qu'elle était se sentait maladroite dans ce corps de demi-elfe, qui n'était ni celui d'une elfe ni celui d'une humaine. Si plusieurs humains parmi les brebis d'Arcamenel lui avaient déjà fait compliment, elle n'avait jamais considéré ce genre de phrase que comme l'éloquence à la jeune fille qui leur avait apporté des solutions à leurs problèmes. Venant d'Aerandir, son premier véritable ami et confident, et prononcé ainsi, elle ne savait plus que répondre, car le compliment la touchait sincèrement. Après un sourire un peu taquin, Aerandir laissa le rire briser l'embarra de Naessa, qui se joignit à lui de bonne grâce, de son rire un peu enfantin et léger. Elle sortit tant bien que mal du bassin et rejoignit le haut-prêtre, évitant de le toucher de peur de le mouiller ou pire encore, de lui manquer de respect. Souriante, elle passa une main dans ses cheveux humides. C'était une partie moins amusante, car les nombreuses perles qu'elle y avait mises s'étaient emmêlées dans sa chevelure. Elle devait paraître horrible... Mais il ne semblait pas se préoccuper de ça et elle se sentait rassurée.

- Je vous souhaite le bonjour, Aerandir. Cette douce matinée est idéale pour venir prendre soin de votre jardin mais je n'espérai pas vous y trouver. J'en suis heureuse !

De mensonge il n'était pas question, elle était fébrile à l'idée de pouvoir passer un moment avec lui. Depuis leur première rencontre, depuis qu'elle lui devait la vie, elle le respectait plus que quiconque. La jeune prêtresse ne l'avait pas revu depuis qu'elle avait assisté à la torture de Ceylan, car à son retour elle s'était plus ou moins réfugiée dans le jardin ou dans sa chambre pour faire le point sur ses sentiments. C'était une tâche bien difficile pour une jeune fille. Elle lui raconta sa mésaventure du matin en riant de sa malchance. Elle n'avait pas souvent l'occasion de parler de ces petits incidents qui lui arrivaient régulièrement. Joyeuse et détendue, Naessa lui raconta même une autre petite annecdote, lorsqu'un chat l'avait fait trébûcher sur une jeune femme noble. Mais elle garda le silence sur son identité. Lilianna, fiancée de celui qui avait torturé ce drow qui l'avait utilisé...

- J'aurai dû venir vous voir à mon retour du palais, avoua Naessa, en baissant timidement la tête. Mais... J'avais besoin de me reconstruire. Ce jeune drow m'a vendu, il a avoué m'avoir utilisé tel un jouet. Il m'a utilisé pour... trahir.

Elle leva doucement les yeux vers lui, inquiète. Il devait être au courant de l'affaire, on avait dû le prévenir qu'elle n'était qu'une vile traîtresse. Et pourtant il était là, devant elle, souriant comme si le mal était moindre. Elle lui en était reconnaissante.

- Arcamenel m'a ouvert à la souffrance de l'amour. A présent je réalise à quel point il est aisé de passer de l'amour à la haine. Une simple phrase, un regard, et un basculement nous entraîne... Mais j'ai décidé d'aller de l'avant et de reprendre ma vie comme j'aurai dû le faire. On ne change pas le passé, il est toujours possible d'éclairer son avenir. Haut-prêtre Aerandir, acceptez-vous que je demeure à Diantra malgré mes erreurs ? Je vais reprendre l'écoute des brebis d'Arcamenel à partit d'aujourd'hui, je me sens à nouveau forte et capable de le faire.

Naessa lui sourit, son regard brillant d'une détermination nouvelle. Elle n'oublierait pas ce qu'elle avait fait ni ce qu'elle avait ressenti. Elle utiliserait ces souffrances pour mieux appréhender celles des autres. A présent, elle pouvait les aider, car elle comprenait mieux ce qu'ils enduraient lorsque les tourments du coeur envahissaient leur quotidien.

La musique cristalline d'un rire enchanteur et innocent vint se mêler au sien. Aerandir aimait voir ces Suivants rirent et pleurer, s'ouvrir les veines parfois devant la douleur qui les brisait et renaitre encore et toujours au creux d'un pétale de rose épineux. La Sylphide s'approche, retenue effleuré, timidité avouée. Allons nul besoin de voile au sein de ce jardin ombragé.

Délicatement, il se saisit d'une main légère, si fine en ces doigts, doucement, il attire a lui, doucement, il sourit. tendrement, il caresse les flots emmêlés des cheveux ondins...Subtilement, il essuie les larmes de cristal, rebut d'un bain forcé.

-Bonjour Ma Rose. Une journée parfaite pour s'étendre dans les bras sinueux de la fontaine ?

Légère, volage est l'étincelle de rire qui s'échappe de l'or en fusion...Etincelle qui s'enroule sur elle même, qui devient brasier l'espace d'une seconde, d'un instant figé. Chut, écoute la douleur susurrée, entends la souffrance déchirant les chairs tendres...Baisse le regard, affronte celui qui te fait face...Doucement, ces doigts encadre un menton délicat, il s'offre la beauté d'un visage tourné vers lui...Au coeur des brumes doré de son regard, la flamme vengeresse...La flamme tristesse...La lueur douce, diffuse d'une compréhension offerte.

-Ne t'excuse en aucun cas, Ma Rose. Il est des instants qui n'appartiennent qu'a toi...Ceux où le coeur s'effrite pour mieux renaitre.

La pulpe du pouce caresse la rondeur d'une joue d'albatre.

-On ne joue pas avec le Prisonnier, car lui seul dicte les règles...La haine est salvatrice, elle est cette flamme qui éclaire ton regard. Tu as découvert un masque, un masque cruel et terrifiant, il en existe bien d'autre helàs...Qui suis je pour te rejeter ? Qui suis je pour condamner ce que je prône moi même ?

La main suave du Serviteur glisse le long du cou blanc, glisse le long d'une épaule ronde, étreint une taille souple...Étreinte. Il offre le refuge de ses bras, la douce mélodie de son coeur qui s'ébat lentement dans sa poitrine découverte...Il offre l'abri chaud de ses songes...

-Ne t'excuse pas des actes honnie d'autre. Se servir d'un coeur lacéré est chose facile lorsqu'on en ignore les tourments vengeurs...ta place est ici, quelque soit tes actes. La mienne sera d'éffacer ce pli qui court sur ton front pur par les larmes de bourreaux ignorants...Qu'ils craignent le châtiment qui sera le leur pour avoir retourner l'amour contre sa propre essence.

Naessa s'était approchée, souriante et surtout heureuse de revoir Aerandir après ces quelques semaines d'isolement qu'elle s'était imposées. Elle regrettait un peu de ne pas être sortie plus tôt, mais il lui avait fallu faire le point sur ses pensées et ses sentiments, pour repartir plus forte que jamais. Elle le savait à présent, elle pouvait transformer sa douleur en courage. Aerandir lui prit la main et elle frémit doucement à ce contact, puis il l'attira vers lui. Elle essayait de ne pas trop le toucher, pour ne pas le mouiller, mais apparemment ça lui était égal... Elle aimait beaucoup sa manière d'être. Il n'avait pas le regard hautain d'un supérieur, elle savait que si elle commençait à le tutoyer, il ne lui ferait aucun reproche... Mais sa timidité l'empêchait d'oser une telle insolence. Aerandir lui sourit et passa la main dans ses cheveux emmêlés.

-Bonjour Ma Rose. Une journée parfaite pour s'étendre dans les bras sinueux de la fontaine ?

Elle eut un nouveau petit rire, léger et cristallin, tout en rougissant légèrement sous le surnom qu'il venait de lui donner. C'était si agréable d'être appelée comme ça ! Son premier amour s'en était bien gardé, mais il s'agissait d'un drow, après tout. Les mots de tendresse n'était pas le fort de ces gens. Elle sourit tendrement. Cette journée commençait finalement d'une bien belle manière.

- Oui, la journée est magnifique. Avec un peu de chance ma tenue sèchera vite !

Elle écarta doucement les bras pour montrer sa robe trempée et rit à nouveau, amusée par la situation. Il faudrait malgré tout qu'elle se recoiffe et c'était bien plus gênant, puisqu'elle passeait doucent des heures à enfiler les perles. Il faudrait sans doute qu'elle se contente de les ôter... Elle expliqua sa situation, s'excusant de ce qu'elle avait fait, parlant de ses nouvelles résolutions. Elle s'était ressaisie, c'était le principal, non ? Aerandir baissa le regard un instant, puis il lui releva délicatement le menton. Elle plongea son regard noisette dans les yeux dorés du haut-prêtre, agréablement troublée. Elle ne savait pas bien juger le regard des gens, mais elle devinait sa compassion et c'était bien suffisant pour elle. Elle aimait le voir sourire, l'entendre rire, elle aimait sa manière gracieuse de se déplacer ou encore ses tournures de phrases si poétiques. Il semblait n'être que tendresse à ses yeux et elle en manquait tellement depuis si longtemps... Il était devenu son frère de coeur.

- Ne t'excuse en aucun cas, Ma Rose. Il est des instants qui n'appartiennent qu'a toi...Ceux où le coeur s'effrite pour mieux renaitre.

Ce surnom, ces paroles... Il savait lui dire ce qu'elle aimait tellement entendre. Elle sourit avec gratitude et elle sentit son pouce caresser sa joue. Elle ne ferma pas les yeux, elle ne prit pas de couleurs. Ces gestes lui devenaient familiers, elle les appréciait de plus en plus. Aerandir lui expliqua alors le principe de la haine. Elle avait beaucoup à apprendre encore, malgré ses vingt années d'expérience. Il ne la repoussait pas, il l'acceptait encore à Diantra et son coeur fit un bond à cette pensées. Oui, elle voulait revoir Alëandir, mais personne ne l'attendait là-bas, hormis la solitude et l'attente éternelle du retour de son frère. Ici, à Diantra, il y avait certes les humains égoïstes et dangereux, mais il y avait aussi Aerandir et la douce guérisseuse Ange. Unae, grand-prêtre d'Alëandir, était également de passage. Et les humains étaient bien plus fragiles en amour. Sa place était ici à présent, dans ce temple, dans cette ville qui bougeait si vite...

La main d'Aerandir glissa le long de son cou jusqu'à son épaule, puis descendit jusqu'à sa taille. Naessa le regardait, sentait cette caresse sur sa peau humide la faire frissonner de plaisir. Doucement, il la prit dans ses bras, sans égard pour l'humidité de ses vêtements. Elle en fut surprise tout d'abord, puis elle ferma doucement les yeux, passant ses bras autour de la taille d'Aerandir. Il était si chaud, si vivant... depuis quand ne l'avait-on pas enlacée ainsi ? L'oreille posée contre son torse, elle pouvait entendre les battements de son coeur. Un instant qu'elle aurait voulu figer ainsi pour l'éternité. Caresse, chaleur et souffle de vie se mêlaient sur sa peau. Si elle pouvait entendre son coeur, peut-être entendait-il le sien, qui semblait s'embaler dans sa poitrine. A quoi pensait-elle ? A quoi jouait-elle ? Elle se crispa légèrement, agrippant le tissu qui couvrait le dos du haut-prêtre.

- Ne t'excuse pas des actes honnie d'autre. Se servir d'un coeur lacéré est chose facile lorsqu'on en ignore les tourments vengeurs...ta place est ici, quelque soit tes actes. La mienne sera d'éffacer ce pli qui court sur ton front pur par les larmes de bourreaux ignorants...Qu'ils craignent le châtiment qui sera le leur pour avoir retourner l'amour contre sa propre essence.

Elle se décrispa légèrement et releva ses yeux vers lui, un peu surprise.

- La vengeance est inutile à présent. Cette leçon m'aura été profitable, finalement. Elle m'a permis de réapprendre à vivre sans laisser l'attente de mon frère arrêter le temps. Elle m'a fait découvrir l'amour, la trahison et la haine, ces choses sont formatrices pour mon travail de prêtresse, mais si les moments ont été pénibles.

Elle posa à nouveau sa tête contre son torse. Elle se sentait bien, là.

- Je vous en prie, ne les punissez pas. Ceylan est parti à présent, il a déjà payé par son passage dans les cachots. Le seigneur d'Erac est un prisonnier de l'amour, sa fiancée est une femme bien douce qui m'a apporté son aide. Et puis, sans eux, aurai-je ouvert les yeux ? Aurai-je compris que je...

Elle rougit violemment. Heureusement, ainsi posée contre lui, il ne pouvait pas la voir. Elle s'en voulait, mais la réalité lui semblait évidente à présent. Et douloureuse, sans doute. Elle ferma les yeux. Encore une fois... N'avait-elle donc pas compris ? Etait-elle un coeur si infidèle, finalement ? Elle sentit un instant les larmes humidifier son regard. Elle garderait le silence, cette fois-ci.

Douce fleur qui s'abime dans les méandres épineux des sentiments impérieux, il comprends les non dit, elle n'a nul besoin de laisser filer sa voix d'or pour qu'il l'entende. Ils sont là, tout simplement, debout au milieu d'un parterre de rose, nuls ne sera surprise, le Serviteur est imprévisible, doux et sauvage dans la même mesure...Contre sa peau dort les soupirs lancinant d'une rose blessée, il en sent la texture le long de son ventre, il sourit au soleil, l'éclat d'or dissimulé sous ses paupières fermées. A quoi songe -t-il ? A quoi pense-t-il ? Nuls ne saurait vraiment le dire, et ce sourire qui pare son visage ? Quel est il ? Empreint d'une certaine cruauté, d'une sainte vengeance. L'oisillon désirable le sert au creux de ses ailes, elle chante le pardon, l'absolution, lui..Il songe cruel.

Comme des lianes de tendresse, ses doigts plongent dans la chevelure étirées de perles, il en aime la douceur et la sauvagerie provoquée par l'eau pure d'une fontaine. Elle est si petit comparée a lui, elle se fond au coeur de son ombre, disparait au creux de son étreinte et pourtant, sa lumière éclate.

-Ton coeur est grand, ta douceur bien trop pure, ma Rose. Là où ta lumière demeure, vit mes ténèbres. Il a déchainé ma colère, il devra la regarder dans les yeux. Chaque Rose est précieuse, aimée et adorée...La blessée avec ces propres épines est une chose que je ne peux admettre..Te blesser est une chose que je ne veux admettre. Ferme tes beaux yeux et laisse moi ouvrir les siens...

Lentement, ces doigts entamaient un ballet douceur, un ballet miel sur le dos fin et délié, lignes parcourues sans une once d'hésitation, hanches éffleurées, convoitées ? Allez savoir...Rien n'est prévisible, rien n'est figé avec le Serviteur. Il encadre le visage, le porte a son regard empreint d'une lueur étrange, entre voracité et colère, un lien se tisse doucement...La colère danse au fond de ses iris, une colère passionnée a son image lancinante...Il baise les yeux mouillés..

-Une Rose ne devrait jamais verser de larmes...

Il chante doucement, il murmure lentement, juste pour elle ces chants apaisants, sa croisade prochaine, l'étendue de sa rage enflammée. Ceylan devra affronter un Serviteur volage, un Serviteur impérieux...La malédiction n'est qu'à peine formée, mais elle sera sa future maitresse lui qui se consume dans les bras de tant d'autre...

Naessa se sentait bien là où elle était, mais elle se sentait mal d'éprouver de telles choses. C'était un mélange des plus étranges, quand elle voulait à la fois rire et pleurer, frémir et trembler, quand la douleur se mêlait à la chaleur du bonheur... Elle était à nouveau égarée sur d'autres sentiers, sans conteste aussi dangereux que les précédents. Que penser ? Que faire ? Cruel résultat de son coeur tout jeune, elle avait encore besoin de le fortifier. Elle étoufferait ses sentiments, c'était mieux ainsi. Pour tous. Toujours blottie contre Aerandir, Naessa sentit les doigts du haut-prêtre se glisser dans sa chevelure emmêlée et elle ferma les yeux, souriant doucement.

-Ton coeur est grand, ta douceur bien trop pure, ma Rose. Là où ta lumière demeure, vit mes ténèbres. Il a déchainé ma colère, il devra la regarder dans les yeux. Chaque Rose est précieuse, aimée et adorée...La blessée avec ces propres épines est une chose que je ne peux admettre..Te blesser est une chose que je ne veux admettre. Ferme tes beaux yeux et laisse moi ouvrir les siens...

Naessa écoutait, envoûtée par ces paroles mêlée de douceur et de poésie, des paroles de promesse et de vengeance... Aerandir comptait punir, mais elle ne le souhaitait pas. Il y avait déjà eu trop de larmes, trop de souffrances. Les siennes oui, mais elle avait appris de ses erreurs, elle ressortait plus forte de cette expérience. Du moins le pensait-elle. "Te blesser est une chose que je ne veux admettre". Naessa savoura ses paroles. Elle était stupide, elle se berçait de douces illusions, mais les illusions restaient agréables. Elle restait là, blottit dans ses bras, au chaud et à l'abri. Aerandir parlait de ses Ténèbres, mais elle ne voyait rien de ténébreux. Elle ne voyait qu'un doux sourire, des yeux dorés et une douceur angélique. Elle ne voyait jamais le mal chez les autres, hormis chez les humains...

Les doigts d'Aerandir descendirent le long du dos de la petite prêtresse, la faisant frémir, puis passèrent subtilement sur ses hanches. Effleurement par erreur ? Naessa n'en savait rien, mais elle n'aurait voulu quitter cet endroit pour rien au monde. Aerandir releva son visage, posant sur la jeune fille un regard étrange qu'elle n'arriva pas à identifier. Colère ? Ou autre chose ? Elle devait apprendre à lire dans les yeux pour pouvoir comprendre les gens qu'elle aidait. Pour pouvoir s'aider elle-même également.

-Une Rose ne devrait jamais verser de larmes...

Doucement, Aerandir commença à chanter, d'une voix pure et mélodieuse. Naessa l'écouta en souriant légèrement, se laissant bercer par ces récits de croisade, d'amour et de haine, sans quitter Aerandir des yeux. Elle comprenait qu'il comptait bien la venger et qu'elle ne le ferait pas changer d'avis. Une part d'elle s'éveilla à nouveau à la haine, à la froideur impitoyable.

*Il le mérite pour ce qu'il m'a fait...*

Des pensées qu'elle tâcha d'effacer rapidement de son esprit. Il s'agissait de Ceylan. Elle l'avait aimé, elle ne regrettait pas. Elle regrettait simplement qu'il n'ait pas su lui rendre son amour, la respecter et la considérer comme autre chose qu'un objet, une arme... Le massacre d'Ydril. Le sourire de Naessa s'estompa alors que les cauchemars lui revenaient, plus terribles que jamais. Se pardonner ? Elle ne le pourrait pas. Elle aurait pu agir, elle ne l'avait pas fait et des vies s'étaient éteintes par sa faute. Naessa hésita à rejoindre Aerandir dans son chant, mais elle préféra le laisser agir. Il avait bien plus d'expérience qu'elle. Elle plongeait toujours ses yeux noisettes dans son regard doré, comme hypnotisée. A la fin du chant, Naessa reprit la parole :

- Décidément, à chaque fois que je vous vois je ne fais que pleurer. Aerandir, je... Accepteriez-vous de m'aider à devenir plus forte ?

Elle demandait de la force, elle demandait de la haine, de la colère...Elle demandait la vie tout simplement. Les lèvres s'incurvent, se plient doucement, l'ombre des prunelles s'étends lentement...Il sourit pour répondre, il sourit pour acquiescer, il sourit simplement...Le soleil se joue des reflets de ses iris d'or, y jetant des étincelles dansantes, valsantes. Il est difficile d'y lire ses pensées, cela le sera toujours, les tempêtes de son âme sont les siennes, révoltée, douces ou aussi terrifiantes que la mort...Il est celui qui ose toujours, oubliant la décence, la pudeur...Il glisse libre sur le monde, ne réfrénant si désir ni envie, modelé habilement par des doigts divins...Lentement, il retourne la Rose, la gardant précieuse, entre ses mains volages...Le carré de soie virevolte au grès du souffle malicieux du vent enfantin. Ils sont agiles, légers ces doigts qui dégrafe un bouclier trempé, ils sont taquins peut être...Pudiques pour ne pas heurter les pétales veloutés, ils sont presque sages et discrets alors qu'ils repoussent les voiles humides...Il découvre une nuque, une épaule, l'étendue nacrée d'une chair blanche...Tant de lignes et détours ouvragés avec la légèreté d'un nuage...La robe s'étale en corolle sur le sol..La nudité est transcendée par le soleil, astre impudique qui darde sans complexe ces rayons sur la chair offerte aux regards détournés. L'ombre d'une mèche vint voiler son regard qu'elle ne peut voir, l'or s'écoule et se meut en un tourbillon enflammé mais la bouche reste close...Juste un soupir aussi suave que le miel jeté sur une peau savoureuse...

Il prends les mains, les enveloppe de ses doigts longs et fins...Il la surplombe de sa taille, son ombre emplissant la sienne...Doucement, il lève les bras graciles, elle peut presque sentir sa peau contre la sienne, presque, comme un effleurement, comme un souffle fragile...Juste a peine esquissé...Il sourit...Le carré de soie se déplie sous l'impulsion de sa main...Doucement, il l'enveloppe, il l'étreint d'un linge immaculé, doux et sec...Il a vu les frissons parcourir le velours, le froid embrasse la fleur affaiblie...Alors, le Serviteur enlace la douceur ouatée d'un linge autour de la tendre sylphide...La chair est effleurée, frôlée mais non ravie, non capturée alors qu'il referme doucement cette prison de soie autour d'une fleur glacée...

-Tu es déjà forte ma Rose, il te suffit juste de laisser éclore les pétales rouges sang...

Il murmure, sa voix est basse, modulée avec l'art d'un Serviteur chantant les hymnes des coeurs...

Naessa voulait devenir plus forte afin de pouvoir résister à la souffrance, afin de pouvoir aider ceux qui en avaient besoin. Elle ne rêvait que du jour où les gens vivraient finalement dans l'amour le plus parfait. Un rêve utopique mais que lui coûtait-il d'essayer ? Aerandir ne répondit pas tout de suite, se contentant de lui adresser un doux sourire. Naessa le regardait toujours dans les yeux, perdus dans les reflets dorés de ses prunelles. Elle se sentait envoûtée. Etait-ce mal ? Etait-ce bien ? Elle n'en savait rien, mais elle ne pouvait pas lutter. A quoi pensait-il ? Que signifiait ce regard ? Elle voulait savoir, afin d'apaiser le nouveau tourment qui s'éveillait en elle.

Aerandir la retourna doucement dans ses bras. Elle sentait toujours cette étreinte la réchauffer, la rendant esclave de ses sentiments. Que faisait-il ? Naessa sentit alors le tissus de sa robe se tirer doucement avant de s'écarter, à chaque fois qu'une agrafe était défaite... De vives couleurs envahirent ses joues pâles. Il... ôtait sa robe ? Mais dans quel but ? Les doigts agiles d'Aerandir glissaient de temps en temps sur sa peau alors qu'il s'appliquait à défaire lentement le tissus trempé de la jeune prêtresse. Naessa frémissait à chaque contact, indécise. Il n'allait tout de même pas... Non, elle devait se tromper, il avait des pensées sans doute bien plus pures que les siennes. Mais la situation avait quelque chose à la fois d'envoûtant et d'angoissant. Que devait-elle faire ? Le repousser ? Elle ne le voulait pas...

La robe défaite tomba sur le sol. Naessa était paralysée, les joues colorées, alors qu'elle se retrouvait nue et frissonnante. Elle releva doucement un bras vers sa poitrine, un geste de pudeur qu'elle contrôlait à peine. Et si quelqu'un arrivait ? Et si quelqu'un entrait dans le jardin à ce moment-là ? Que penserait-il de la situation ? Du haut-prêtre enlaçant une prêtresse ne portant que des sandales d'argent... Mais après tout, quelle importance ce que pouvaient penser les autres ? Plus rien n'existait alentours, elle ferma les yeux, entendant un léger soupir d'Aerandir, un souffle de caresse sur sa peau blanche et humide. Elle était complètement rendue, il pouvait faire d'elle ce qu'il souhaitait, elle ne lui résisterait pas... Son bras retomba, laissant sa nudité complète sous le soleil matinal. Elle n'avait pas à avoir honte de son corps, finalement. Même si elle regrettait un peu que ses formes soient si peu apparentes.

Les yeux toujours fermés, elle sentit Aerandir bouger derrière elle, dans un froissement de tissus. La jeune fille résista à la tentation de se retourner. Ce qu'il faisait lui paraissait évident, mais elle n'arrivait pas à calmer les battements emballés de son coeur. Il ne toucha pas sa peau, ou presque. Elle put sentit contre son dos un effleurement taquin, une caresse discrète, légère, qui fit à nouveau frémir la jeune prêtresse. Elle ne bougeait pas, malgré l'envie dévorante qu'elle avait de le faire. Elle attendait, immobile, le coeur battant et le visage coloré.

Un tissu vint reconvrir ses épaules, descendant jusqu'à ses genoux, l'enveloppant telle une robe chaude. Surprise, Naessa ouvrit les yeux. Ce n'était pas ce qu'elle avait imaginé. Ou espéré ? Elle ne saurait dire... Aerandir venait tout simplement de la couvrir d'un vêtement sec qui empêcherait Naessa d'attraper froid. Elle se sentit tellement stupide pour ses pensées impures... Comment avait-elle pu croire un seul instant qu'Aerandir se comporterait ainsi, sans lui demander son avis ? Elle n'était pas seulement stupide, elle était également ridicule. Si elle avait pu mourir de honte, elle l'aurait été à l'instant même.

-Tu es déjà forte ma Rose, il te suffit juste de laisser éclore les pétales rouges sang...

Une voix douce, un murmure mélodieux... Envoûtant restera toujours le mot que Naessa attribuera à Aerandir. La jeune fille se calma doucement puis se retourna pour regarder le haut-prêtre, de son regard indécis. Les pétales rouge sang ? Elle ne comprenait pas, cette fois. Mais l'indécision de venait pas de ses paroles. Elle ne pourrait pas supporter ce genre de situations longtemps en se taisant. Devait-elle ouvrir son coeur à nouveau ? Elle savait qu'il saurait apprécier ce sentiment à sa juste valeur, mais là n'était pas ce qu'elle recherchait. Dans l'amour comme dans la haine, les sentiments étaient bien plus simples à vivre lorsqu'ils étaient partagés. Après tout, pourquoi ne pas lui demander ? Aerandir ne semblait pas être ce genre de personne à être embarrassé pour si peu. Plongeant son regard noisette dans les perles dorées, Naessa murmura, d'une voix à peine audible :

- Aerandir, Arcamenel a-t-il déjà fait éclore en vous des sentiments d'amour ? Je ne parle pas des sentiments que l'on peut éprouver pour un frère ou un soeur, mais...

Elle se tut et rougit doucement. Qu'elle était ridicule, une fois de plus ! Elle ne pouvait même pas poser une question claire, elle imaginait déjà la réponse. L'amour était présent et universel, comme la haine. Aimer chaque être vivant, les haïr... Elle hésita un instant à partir en courant, mais elle ne voulait plus fuir. Lentement, elle laissa son front se poser contre le torse dénudé du haut-prêtre, savourant le contact si doux de la peau.

Sait il les tourments déclenchés ? Sait il la rougeur, l'éclosion d'un doux soubresaut ? Peut être que oui, mais rien dans son regard ne le dit, rien dans son sourire n'avertit la Rose qui sommeille. Est il si innocent qu'il agit sans pensées ? Beaucoup le croirait, cela est certain, car peu peuvent se prévaloir de connaître les méandres de son coeur. Une énigme forgée a même le sang maudit de l'amour, fasconnée par les mains et la voix d'un ange...

Elle pose une question.

Surprise ? étrangeté de la chose...Un sourcil se hausse lentement, est il amoureux ? L'a-t-il été ? Son âme entière était vouée a ce sentiment si facilement dénigré, si facilement méprisé et pourtant, il n'existait pas de force plus puissante que celle là...Bien arrogant était les personnages n'arguant de ne point aimer, comme une faiblesse...Une bande d'ignorants...Il plonge au coeur de prunelles presque suppliantes, presque innocente...Elle lui dérobe les ombres de ses yeux, les lui vole sauvagement pour les réfugier derrière ses paupières closent...Une question qui appelle un milliers de réponses...

-Si j'ai aimé ?

Un instant, il semble se perdre dans l'immensité du ciel dévorant, nul besoin de chercher dans ces souvenirs, toutes ces rencontres, tout cet amour était aussi vivaces en son coeur qu'a l'aube de sa naissance...Alors, il baisse la tête, pose l'or de ses iris sur le front baissé de la Rose à peine éclose. Encore une fois, il glisse ses doigts autour du visage en bouton, il veut la grâce du regard et du sourire, il veut la douceur des lèvres et la suavité des larmes. Sa main s'écarte, telle une volute de fumée envoutante, il pose un doigt sur le velouté d'une lèvre, il en caresse les contours...

-J'ai connu l'amour enfantin...Celui que l'on donne alors pur et immaculé...Celui qui enivre les lèvres de chastes baisers...

Puis, l'index descend, léger, sinueux, effleurant doucement la ligne de l'épaule, la découvrant même devant son chemin...Il glisse lentement, honoré qu'un tel parcours lui soit offert...Il s'arrête sur le coeur, a quelque centimètre d'un bouton envoutant...

-Celui qui se régale de nos indécisions, celui qui embrase le coeur aussi surement que les lèvres des hommes qui se cherchent...

L'indécent explorateur poursuit son chemin, curieux et indiscret, il effleure la peau, se repait de sa texture savoureuse et douce, il s'arrête au creux du ventre, antre vénéré et grotte délectable abritée...

-Celui qui embrase les sangs, celui qui enivre les sens, celui qui se rit de la raison pour l'enchainer à la folie brute...

L'index cède la place a la paume, chaude et douce, elle couvre le ventre mis à nu, le protège aussi, adorateur silencieux de la beauté féminine...Il ne la pas quitté des yeux, non, il n'a pas osé s'arracher a l'ambre dévoilé.

-Mais l'ultime m'échappe encore...L'enfant né de ces trois parents envoutants...Peut être un jour, peut être jamais...Qu'importe car je ne suis qu'un serviteur dévoué...

Elle avait osé poser une telle question. Comment avait-elle pu ? Elle se sentait terriblement gênée mais, en même temps, elle attendait la réponse avec un mélange d'espoir et d'angoisse. Elle était tellement troublée ! Se trouver là, dans ce jardin par une fraiche matinée, nue sous le vêtement d'Aerandir, alors qu'il la regardait en souriant... Elle était à la fois embarrassée et charmée par l'instant. Aerandir leva un sourcil à son étrange question. A quoi pensait-il ? Etait-il surpris ? Troublé ? Avait-il compris ce que le coeur de la jeune prêtresse ressentait ? Elle se sentait si mal soudainement... Aerandir ferma les yeux un instant, rompant le contact du regard. L'a-t-elle blessé ? L'a-t-elle offensée ?

-Si j'ai aimé ?

Naessa essaya de capter son regard mais en vain, il semblait perdu dans ses pensées. Lorsqu'il posa à nouveau son regard sur elle, il semblait encore un peu rêveur, lointain. D'un geste de la main, il releva le visage de Naessa. Une telle douceur sur son visage, une telle patience... Le doigt du haut-prêtre s'égara sur ses lèvres et Naessa prit quelques couleurs.

-J'ai connu l'amour enfantin...Celui que l'on donne alors pur et immaculé...Celui qui enivre les lèvres de chastes baisers...

Elle ne pouvait pas oublier le baiser qu'Aerandir lui avait donné, ni celui qu'elle avait donné à Ceylan, son premier baiser... Mais les pensées de son ancien amant s'évaporèrent vite, tant l'ivresse de l'instant était puissante. L'index d'Aerandir descendit doucement, légèrement, parcourant l'épaule puis la poitrine de Naessa sans pour autant passer par les places que la pudeur préservait. Il s'arrêta sur son coeur encore jeune, non loin du sein. Pouvait-il ressentir les battements enflammés qui secouaient le petit coeur de Naessa ?

-Celui qui se régale de nos indécisions, celui qui embrase le coeur aussi surement que les lèvres des hommes qui se cherchent...

Naessa osait à peine respirer. Elle était complètement envoûtée, incapable de bouger. La peau frémissante, le teint rosé, la bouche légèrement ouverte et le regard brillant, elle regardait Aerandir, à la fois charmée et indécise. Elle ne dit rien et ne réagit pas lorsque le doigt d'Aerandir continua doucement son chemin, écartant doucement le vêtement qui recouvrait Naessa pour s'arrêter sur son ventre, en contact avec la peau douce et délicate. Un frisson la parcourut, un frisson d'extase, d'excitation ? Peut-être. Elle n'aurait su dire, elle n'avait jamais ressenti quelque chose de similaire.

-Celui qui embrase les sangs, celui qui enivre les sens, celui qui se rit de la raison pour l'enchainer à la folie brute...

La passion du corps... Naessa sentit un nouveau frisson la parcourir lorsque la main chaude d'Aerandir se posa complètement sur son ventre. Délicatement, elle posa sa main sur la sienne.

-Mais l'ultime m'échappe encore...L'enfant né de ces trois parents envoutants...Peut être un jour, peut être jamais...Qu'importe car je ne suis qu'un serviteur dévoué...

Naessa était là, debout, son regard plongé dans celui d'Aerandir. son coeur battait à tout rompre. Oui Aerandir avait aimé, mais il avait habillement contourné sa vrai question et la jeune prêtresse n'était pas plus rassurée... Même si elle ne pouvait s'empêcher d'appécier à outrance le contact de cette paume chaleureuse sur sa peau, sur son ventre, endroit secret qu'elle gardait cachée à tous. Sa main toujours sur la sienne, elle se hissa sur la pointe des pieds, levant son visage pour capturer les lèvres d'Aerandir, durant un bref instant, savourant la douceur sucrée de ses lèvres... Elle s'écarta doucement puis rougit violemment en réalisant ce qu'elle venait de faire. Embrasser un supérieur ! Etait-elle devenue folle ? Comment avait-elle pu en arriver là ?

Son coeur battant la chamade sembla lui faire tourner la tête. Un vertige la saisit, mélange de sa folie et de tout ces sentiments qui l'envahissaient avec violence. Elle posa une main sur son front et chancela, avant de sombre dans les ténèbres, son corps tombant mollement...

Il sent l'hésitation délicieuse, entends les murmures de l'âme qui s'égare doucement dans l'incompréhension savoureuse qu'il instaure. Joue t il des émotions ? Des rêves ? Le jeu est une partie intégrante de son coeur, comme de sa vie...Malicieux, profond, une illusion éphémère parfois qui se déhanche telle une courtisane révolue, oubliée...C'est un jeu doucereux qu'il orchestre avec maestria, il passe ses doigts sur la harpe délicate des songes, des fils de soie liant le coeur et l'ame. La Rose éclos lentement, dévoilant le coeur des pétales de velours qui le tenait caché en leur sein, elle éclot lentement, d'éveille au souffle qui attise. La douceur devient maitresse femme, s'oubliant sur les chemins qu'il a lui même tracé...

L'errance en parfum de lèvres rosés, le tremblement léger au goût de sucre. Elle lui donne cette partie d'elle. Si douce, comme un tatonnement savoureux empreint de craintes...Est il homme a refusé un tel cadeau ? Bien sur que non...Un présent sans égal, offert avec la sincérité d'une ondine pure et craintive...Il se laisse savourer, la laisse se delecter des lignes sinueuses de sa bouche, fermant les yeux, ne laissant filtrer qu'un éclat doré entre ces cils baissés...Elle lui donne avec reserve comme un acte irréfléchit, soudain, savoureux par cette impétuosité immaculée qui l'étreint...

Il a garder sa main en bouclier sur le ventre divin. Il est là lorsque les ténèbres entraine sa Rose en son sein, alors qu'elles l'avalent doucement, qu'elle s'échoue lentement sur les rivages de l'inconscience...Aérienne est la silhouette qu'il étreint, elle ne tombera pas. La Rose glisse sauvement entre ses bras, il fera de sa poitrine un coussin pour sa tête, de ces bras un berceau tendre...

Il est celui qui porte une Rose échouée au creux de son étreinte délicate.

Son regard accroche la chaleur du soleil, sa peau embrasse le gel de l'air, il se détourne presque tendrement, mesurant chaque pas...Les jardins seront le secret tenus alors qu'il les quitte, impérieux. Nuls ne viendra verser a son oreille l'ignominie, nuls n'osera lui porter des mots inquisiteurs, nuls n'arrêtera sa marche, il est maitre en ce royaume dédié au Prisonnier.

La danse aérienne de sa marche le conduit au recoins lumineux de ses appartements, éveil doucereux aux sens que ce lieu qui accueille son sommeil...Voiles et légèreté, teinte colorée, passionnée...

Il trône tel un souverain au milieu de la pièce, tendre et sauvage, le lit aux multiples errances, couverts de douceur, écrin dans lequel il dépose le fleur endormie. Elle s'éveillera contre lui, lovée entre ses bras, entre ses mains qu'il dépose comme des ailes duveteuses sur la peau chaude, le front pur de la rose repose sur son épaule, couchée en travers de son corps, comme échouée sur un récif de douceur. Il pose la tête sur le bois de lit, écoute le souffle rythmé d'inconscience, il ferme les yeux...Il attend l'éveil.

Pulsion infantine ? Passion angélique ? Naessa n'aurait pas su dire. Pourquoi s'était-elle ainsi emparée des lèvres d'Aerandir ? Quelle raison l'avait poussé à commettre cet acte qui risquait de la perdre ? Pourquoi... était-elle à nouveau tomber amoureuse ? Si tôt après sa séparation avec son premier amour ? Elle n'en savait rien. Le coeur était étrange, parfois insondable. Elle avait aimé Ceylan, mais d'une manière jeune, naïve, innocente. Aerandir lui apportait bien plus au quotidien. Il était là, souriant, plein de tendresse et prêt à l'écouter, à l'aider. Elle n'était pas raisonnable, mais le coeur lui-même ignore la raison. Elle avait agi sans réfléchir, elle avait apprécié le moment... Mais lorsque la réalité lui était apparue de plein fouet, son jeune corps ne l'avait pas supporté. Sombrant dans les ténèbres de l'inconscience, elle était mollement tombée dans les bras d'Aerandir.

Rêva-t-elle pendant ce court instant ? Sans doute, mais aucun souvenir ne devait jamais lui revenir, hormis deux yeux dorés et un sourire rassurant. Une étreinte chaude, comme une douce couverture. Elle se sentait bien, à l'abri. Durant son sommeil, un fin sourire vint étirer ses lèvres. Les cauchemars habituels ne vinrent pas la déranger, mais quel rêve étrange pouvait lui donner une telle douceur ? Alors que son visage aurait dû avoir les traits tirés par l'angoisse de son geste, il n'y avait au contraire qu'un délicat sourire, presque timide, alors que son teint blanc retrouvait ses couleurs d'origine.

Un léger mouvement, un chant d'oiseau peut-être ? Qui sait... Le sommeil sembla peu à peu s'échapper du corps de Naessa, la faisant doucement bouger. Sa conscience en sommeil ne réalisa pas où elle se trouvait, pourquoi elle ressentait encore cette douce étreinte de son rêve, pourquoi elle sentait un parfum étrange et pourtant familier... La jeune prêtresse ouvrit lentement les yeux. Il faisait noir, sans être ténébreux, et quelque chose de doux reposait contre son front. Un clignement, un soupir d'éveil, et Naessa se redressa lentement, cherchant à savoir où elle se trouvait, rassemblant ses idées. Elle sentit deux bras lui laisser une ouverture tandis qu'elle plongeait son regard dans celui d'Aerandir. L'esprit encore en sommeil, elle ne comprit pas et ne réalisa pas la situation. Tournant légèrement la tête, elle nota la magnifique chambre dans laquelle elle se trouvait. Colorée, décorée, cette chambre de luxe possédait un charme indéniable. Puis l'esprit refit surface...

Naessa se trouvait dans la chambre d'Aerandir, une main sur le torse nu du haut-prêtre, sa propre tenue étant elle-même indécente. Elle se souvint du baiser volé et de son malaise... De vives couleurs marquèrent ses joues. Comment avait-elle pu ? Elle s'assit brusquement sur le lit, à côté du corps allongé de celui qu'elle aimait. Se cachant le visage de ses mains, elle tenta de fuir le pêcher qu'elle avait commis. Que s'était-il passé pendant son sommeil ? Et surtout, qu'allez penser Aerandir de son comportement ? Elle avait peur d'être gentiment repoussée. Elle préférait de loin une grande colère ou un regard méprisant. Pourquoi ? Parce-qu'il était plus simple de renoncer lorsqu'il paraissait évident que rien ne serait jamais possible. Le visage toujours enfouit dans ses mains, elle secoua doucement la tête.

- Pardon, Aerandir, pardon... Je vous ai manqué de respect. Jamais je n'aurai dû...

L'hésitation la saisit à nouveau. Sa voix n'était qu'un mince filet étouffé par les paumes de ses mains. Devait-elle poursuivre ? Non. Elle avait déjà fait assez de dégâts. Elle devait partir, elle devait s'obliger à étouffer ces sentiments à la fois doux et violents qui lui étreignaient le coeur... Mais elle ne bougea pas. Pour quelle obscure raison ? Espérait-elle un dénouement heureux ? Ou attendait-elle l'absolution ? Elle l'ignorait, mais son corps refusait de lui obéir.

Et l'éveil ne tarde pas, savoureux des rêves peut être. Il l'espère car le noir est si terrifiant parfois, il ne veut pas voir cette ombre sinueuse dans l'ambre innocent. Les cils tremblent, frémissent lentement, il a ouvert les yeux et observe le réveil. Les ailes sombres des cils révèlent avec lenteur l'ambre chaud encore envahit des brumes de l'inconscience.

Et c'est une mélopée de couleurs qui éclatent devant son regard profond, le rose s'enivre du carmin délicatement, il s'étale sur le nacre blanc. Un sourire vint parer ses lèvres, les lignes s'incurvent, se plient avec quelque chose de malicieux, d'étrange, un voile d'incertitude qui s'étale sur ce sourire, car il ne veut rien dire, ou, bien au contraire, est détenteur de milles et un secrets. Il tourne le dos au malaise que tant d'autres ressentirait...Il plie un genoux, y repose un coude, dans sa main en creux, il loge son menton, dardant son regard bien trop inquisiteur dans les yeux a peine éclos de la Rose, sur ses joues teintées d'incarnats...Elle chante des mots qui le font rire, un léger rire presque étouffé qui fait tréssauter sa poitrine...

-Il n'y a pas d'excuses possibles, ma rose, lorsque l'on succombe a l'impulsivité. D'ailleurs, je n'en aurais aucune à te donner...

Juste un murmure alors que les paupières se ferment à demi, ne dévoilant qu'une étincelle d'or en fusion, trésor d'un écrin ténébreux. Il ne lui laissera pas le temps de répliquer, pas le temps de laisser la valse des questions démarrer...Il glisse les lianes fines et souples de ses doigts dans la mer nuageuse des cheveux féminins, en savoure la texture, si douce, si légère, il en parcourt les boucles, avec une lenteur presque figée...Il ne brusquera pas, jamais, il incite lentement...

De la tête, la main parcourt la nuque, en découvre encore les chemins avant de glisser sur les lignes mouvantes d'un dos délicat, d'une taille souple et creuse. Il est doux lorsqu'il attire a lui, il n'impose pas...N'imposera jamais...Son étreinte n'est pas de fer, il n'enchaine pas, l'oiseau est libre et le restera. Sur la bouche, le sourire se meurt, comme si le temps s'écoulait paresseusement, il se meurt pour laisser la place aux lèvres attirées, les laisser épouser les siennes, s'imprégner de leur douceur plus suavement qu'un baiser volé, découverte plus sensuelle qu'il lui offre, plus impérieuse...Elle voulait savoir son goût, son odeur, elle voulait savoir ce qu'il était...Et il lui offre ce cadeau, envelopper de tendre passion, d'ardeur bridée juste un peu...Le soleil a laisser son empreinte sur cette bouche rosée qu'il embrasse comme un adorateur...

Naessa n'arrivait pas à réaliser où elle se trouvait et ce qu'elle avait fait. La situation était délicate pour elle en tant que prêtresse mais aussi en tant que jeune femme... Elle parvenait à déchiffrer les battements affolés de son coeur, mélange d'affolement et de passion. Son regard traître parcourait les courbes gracieuses du visage d'Aerandir. Comment aurait-elle pu reste de marbre sous un regard ambré aussi lumineux ? La honte l'envahissait, mais elle ne parvenait pas à fuir. Elle était bien là, quelque soit sa gêne. Elle voulait sentir son coeur battre à nouveau, elle voulait entendre sa voix... Etait-elle égoïste ? Qu'espérait-elle vraiment de cette attente ? Le rire d'Aerandir s'éleva, léger, sans une once de raillerie. Doucement, Naessa écarta les mains qui couvraient ses yeux, afin de mieux voir. Aerandir était face à elle, allongé sur un coude, la regardant de ce regard doré si étrange et indéchiffrable qui faisait son charme...

-Il n'y a pas d'excuses possibles, ma rose, lorsque l'on succombe a l'impulsivité. D'ailleurs, je n'en aurais aucune à te donner...

Naessa prit des couleurs plus vives. Que voulait-il dire ? Elle ne savait plus comment se comporter ni comment réagir. Le regard du demi-elfe s'intensifia alors qu'il la regardait toujours, puis il passa délicatement une main blanche dans les cheveux encore un peu emmêlés de la prêtresse. La caresse dans ses longs cheveux fit frémir Naessa, qui ferma légèrement les yeux. Elle ressentait quelque chose de si étrange... mais elle ignorait comment le décrire. Un tourbillon intérieur ? Un frémissement de la peau ? Son estomac semblait parti très loin mais, étrangement, elle se sentait plus légère que jamais. Une plume, une alizée... Elle épousait le mouvement des doigts d'Aerandir sans briser le contact de leurs regards. Les perles noisettes, brillantes et illuminées d'amour, ne quittaient plus l'éclat doré des pupilles du haut-prêtre. Elle commettait une grave faute et pourtant une partie d'elle-même ne s'en préoccupait pas le moins du monde.

Le frisson s'accentua lorsque la main délicate s'égara sur la nuque de la jeune fille, descendant ensuite le long de son dos. Naessa tremblait légèrement. Etait-ce de la peur ? Bien sûr que non ! Un mélange de plaisir et d'émotions qui bouillonnait en elle... La main au toucher léger s'arrêta sur la taille menue de la jeune prêtresse. Un légère pression et Naessa se laissa guider sans résister, sans vouloir résister, alors qu'Aerandir l'attirait contre lui. Il approcha son visage. Un seul mot, un seul mouvement d'elle, et elle aurait pu tout arrêter... Mais elle n'en éprouvait pas l'envie. Son coeur s'affolait, mais les couleurs sur son visage avaient disparu lorsque son malaise s'était dissipé. Pourquoi aurait-elle refusé ce dont elle avait tellement envie ? Elle tendit son visage vers lui avant qu'il n'y dépose ses lèvres. Mais cette fois-ci, ce ne fut pas un simple baiser comme celui qu'il lui avait volé quelques jours plus tôt, ni l'impulsion maladroide d'une jeune novice. La sensualité du moment laissa Naessa s'égarer dans un déluge de sensations. Il était délicieux... Oh qu'il était délicieux ! Sa main s'éleva pour se poser avec tendresse sur la joue d'Aerandir, alors qu'elle laisse son petit corps fondre dans les bras de celui qu'elle aime. Serrée contre lui, elle ne réfléchissait plus aux conséquences, elle ne se posait plus de questions, elle ne songeait qu'à l'instant présent. Elle voulait lui expliquer ce qu'elle ressentait, mais elle ne pouvait pas rompre cette étreinte, elle ne le voulait pas. Et puis, avait-elle besoin d'expliquer quoi que ce soit ? Lorsque les gestes dépassaient les mots, y avait-il encore quelque chose à ajouter ? Elle était là où elle voulait être.

Doux abandon que celui de la femme...Une déesse qui se pare de magnificence lorsqu'elle se donne...Enivrante de désir, soulante de tentation....Les femmes sont belles lorsqu'elles se laissent entrainer, découvrant pour leur amant, leur beauté cachée...Celle qu'aucun homme n'ose effleurer...Les lèvres se caressèrent, s'effleurent, s'aiment...Il découvre le goût de la Rose, aime sa douceur sur se bouche, son hésitation bravée d'envie...Elle est douceur, elle est liberté, elle est un trésor choyé qui s'ouvre au creux de ses bras qui l'enferme...De ses mains qui parcourent l'intouchable beauté...Il découvre la peau frémissante, libère les épaules de leur prison de soie, ose s'enivrer du velouté, découvrir les rondeurs délectables...Elle est magnifique...Peu à peu, il ose son avancé sur ces terrains inconnu mais merveilleux, libère le corps, l'offre à sa vision hantée par tant de merveilles...Sa Rose est parfaite...Belle, si belle...Il est soumit a cette beauté enchanteresse, sublime, éclatante...révérencieux, ses doigts effleurent, savourent, se délectent...Douce, si douce...Il éveille les passions endormies, quémande les soupirs...Il est ce serviteur qui s'incline devant la toute puissante Eve...Il veut découvrir ce corps, le vénérer comme l'or le plus précieux, la perle de nacre la plus fragile...Il est doux, si doux lorsqu'il parcourt les chemins offerts...Cependant, il ose, il demande...Il ne forcera jamais l'amour...Jamais...Rien n'est plus beau qu'une femme qui s'offre, rien n'est plus terrible qu'une femme meurtrie dans ses chairs...

-Si tu le demande, ma Rose, je t'aimerais, lentement, doucement, sauvagement. J'aimerais ta peau, tes courbes, je leur rendrais un hommage unique...J'embrasserais, j'effleurerais...Je posséderais, j'effacerais ces tourments qui se lisent si fort au fond de tes yeux...Mais seulement si tu le désire...

Une musique enchanteresse que ces quelques mots jetés au milieu des souffles haletants, et pourtant, il se devait de les dires...Parce que c'est elle, parce que c'est lui...Parce qu'il ne forcera jamais...Parce qu'il la veut entière...

Naessa n'en revenait pas, elle se livrait, elle s'abandonnait complètement, comme jamais elle ne l'avait fait, comme jamais elle n'avait osé le faire. Mais elle ne regrettait rien. Qu'y avait-il à regretter ? Elle était là, dans les bras de celui qu'elle aimait, elle s'ennivrait de son parfum, de sa douceur, de sa tendresse. Jamais elle n'avait connu une telle chose, jamais encore un homme ne l'avait à ce point faire sombrer dans les profondeurs de l'amour. Elle frémissait de plaisir, sa peau, son corps, réagissaient bien plus qu'elle ne l'aurait jamais cru. Le coeur ouvert, elle devenait plus fragile et plus forte, plus sensible à tout ce qui l'entourait, jusqu'au petit chant de l'oiseau qui se plaisait sur la fenêtre.

Leurs lèvres étaient unies, Naessa s'abandonnait sans la moindre retenue à présent. Il était son supérieur... certes. Mais il était aussi l'homme qui s'était emparé de son coeur si jeune et si fragile, celui qui lui donnait la tendresse dont elle avait désespéremment besoin depuis si longtemps. Son coeur s'emballait dans sa poitrine, elle fermait les yeux, se laissant aller aux caresses. Elle sentit le fin vêtement glisser de ses épaules, pour la laisser complètement nue contre Aerandir. La gêne ? Elle ne la ressentait plus. Elle ne réfléchissait plus non plus, sa peau frémissait à chaque contact. Aerandir... ce nom l'imprégnait peu à peu alors qu'elle laissait son corps et son coeur sans défense entre ses mains. Etait-elle encore la petite prêtre d'Alëandir ? Les choses avaient tellement changé depuis ! Elle n'était plus la même, mais elle pensait... être bien plus à présent. L'aimait-il ? La question l'effleura un instant sans la préoccuper. Les caresses suffisaient amplement à la convaincre qu'il n'était pas qu'un simple... voleur de coeur.

Les mains la parcouraient entièrement, chaque centimètre de son corps ressentait la douceur des caresses. Naessa le laissait la découvrir, elle le laissait décider d'elle. Qu'allait-il faire ? Elle frémissait, elle attendait. Une part d'elle hurlait dans son esprit. Plus... elle en voulait plus... Elle voulait qu'il l'aime. Aerandir s'écarta un moment, rompant ce contact divin, laissant Naessa ouvrir les yeux fermés pour le regarder.

-Si tu le demande, ma Rose, je t'aimerais, lentement, doucement, sauvagement. J'aimerais ta peau, tes courbes, je leur rendrais un hommage unique...J'embrasserais, j'effleurerais...Je posséderais, j'effacerais ces tourments qui se lisent si fort au fond de tes yeux...Mais seulement si tu le désire...

Naessa le regarda un moment. Il lui demandait... Tout autre homme aurait sans doute pris sans poser de question, mais il lui demandait. Il demandait la permission de lui faire connaître un bonheur de douceur, un bonheur sans fin. Pourquoi ? Pourquoi était-il si parfait ? Elle s'approcha de lui, collant sa poitrine libre contre son torse, et inspira son parfum si doux et si puissant.

- Je le désire, Aerandir... Aime-moi, aussi longtemps que tu le pourras. Je t'appartiens... et à jamais...

Elle s'empara de ses lèvres. Sa timidité venait de s'envoler, elle ne le vouvoyait plus non plus. Il n'y avait plus à placer de barrières, pas entre eux, pas à cet instant. Sans doute s'éveillerait-elle plus tard, se souvenant qu'elle lui devait le respect dû à son rang, mais pour l'instant, elle n'attendait que de répondre à son propre corps qui frémissait toujours, qui attendait comme s'il était aimé pour la première fois. D'une certaine manière, c'était le cas. Ceylan ne l'avait pas aimé, non. Et elle ne l'avait pas aimé non plus. Elle aimait pour la première fois, et pour la première fois elle se sentait aimée. Pour ce qu'elle était, sans réserve, sans critère sur ses formes encore en développement ou sur sa petite taille... Elle découvrait un univers qu'elle croyait connaître et qui pourtant lui était encore inconnu jusque-là.

La grâce s'écoule des mots, se lance dans les airs et retombe sur ses lèvres...Il baisse les yeux, cherchant la vérité au fond d'autre...Il découvre la Première femme, cette icône désirable, parfaite, sommeillant au creux de chaque rose, les rendant plus belles que jamais...Oui, en cette heure, entre ses bras, elle est magnifique, lumineuse, divine transfigurée par le plus pur des désirs...Celui qui ne s'offre qu'une fois dans une vie...Miséreux sera celui qui l'ignore, celui qui le dénigre, celui qui l'avilit...Il n'est pas de ceux là...Non lui, il offre son ode a ce don merveilleux, il le respecte comme un miracle pur et doux...Il accueille le coeur et le corps contre lui, en savoure la complète fusion...Frémissements délicieux qui courent sur sa peau...Emu ? Oui, certainement car là est un cadeau divin, un présent précieux, quelque chose qu'il chérira langoureusement au creux de son être...Un diamant, un rubis délicat dont il sera l'écrin d'airain...

-Tu n'appartiens a personne, ma Rose...A moi moins qu'a un autre...Donne en toute liberté, je serais honoré de recevoir cette offrande...Tu es précieuse, ma douce, ne l'oubli pas...

Voilà ces mots alors que déjà, il se trouve dompté par des lèvres avides et douces, murmurantes de secrets enfouis, délicieuses d'ombres effacées...Un visage qu'il encadre, abandonnant pour un instant les terres vierges du corps...Pour un instant seulement...Déjà, il désire, oui, il rêve de cette peau, de ces formes, de ses soupirs qui bientôt rempliront la chambre, témoin isolée...Il rêve les chairs étreintes, il rêve la taille souple sur son bras, il songe les pétales de la bouche ouverte sur un cri délicieux...Il songe...Il serre cette fleur fragile contre lui, s'enivre de son étreinte, de sa fougue soudainement révélée...Il s'enchante de son parfum subtil, délicat...Il glisse ses lèvres sur le cou, la nuque, l'arrondi d'une épaule de nacre...il ose toucher le secret langoureux, l'effleurer, hésitant peut être...Il ose...La sonate de l'amour sur une harpe sensible et toute puissante...il ose l'esquisse d'une jouissance prochaine...Il ose découvrir, profanateur, les secrets de la féminité...il la retourne entre ses bras, lui dérobant ses lèvres, étreint son dos délicat contre lui, glisse sa main le long de sa douce gorge...Ses doigts suivent les chemins parfaits, ils suivent, doucement, léger...Et son murmure entonne ces mots..

-Si belle...Si merveilleuse...Le rêve devenu chair et sang...Magnifique...

Elle s'était libérée, elle s'était complètement ouverte, à l'amour comme au plaisir de la chair. Etait-ce un crime ? Elle ne le ressentait pas ainsi. Si elle avait rougi de sa première fois, elle savait qu'elle ne rougirait plus... pas avec Aerandir. Elle n'avait pas de gêne à avoir, elle ne ressentait que le plaisir de la peau, le frémissement du toucher, la sentation d'être considérée comme une femme... La douceur et la suavité du moment l'ennivraient avec délice. Elle se sentait si bien, si complète... L'amour la possédait, elle en était l'esclave comme jamais elle ne l'aurait cru. Elle le sentit frémir au contact de son corps lové contre le sien. Ressentirait-il la même chose ? Serait-il lui aussi devenu l'esclave de ce mélange d'amour et de passion qui la transperçaient telle une flèche ?

De curieuses paroles franchirent la barrière des lèvres de son bienaimé. Elle ne lui appartenait pas... Sans doute ne lui appartenait-elle pas, mais son coeur était sien, quoiqu'elle fasse par la suite. A moins qu'il ne décide un jour de la briser comme Ceylan l'avait fait, jamais son coeur n'aspirerait à d'autres desseins que de retrouver sa compagnie et l'étreinte chaleureuse de ses bras. Elle était précieuse... mais elle ne le voyait pas. Etait-elle aussi précieuse que lui ? Ce mot sonnait comme une poésie à ses oreilles encore avides de douceurs et d'amour. Elle n'oublierait pas, non, elle ne pourrait jamais oublier la douceur du moment, ni la caresse de sa peau, ni la beauté de ses mots... Elle se libérait de toutes contraintes et sans regrets, heureuse d'être acceptée par cet être qu'elle chérissait depuis le premier jour.

La fougue d'Aerandir lorsqu'il resserra ses bras contre elle la surprit et la ravie. L'impatience le gagnait autant qu'elle. Elle en aurait pleurée de joie, de plaisir, d'être ainsi étreinte, ainsi aimée et regardée... Les lèvres de son bienaimé glissèrent doucement de ses propres lèvres pour descendre et parcourir son corps, faisant frémir la peau de plaisir, laissant sa marque parfumée sur chaque parcelle de la peau, couvrant la jeune prêtresse de baisers délicats. Elle frémit en sentant la main d'Aerandir s'égarer aux portes de son jardin secret. Elle n'avait laissé personne la toucher ainsi, pas même le premier qui avait osé en pousser les portes. Elle laissa un soupir de plaisir sortir de ses lèvres, caressant de son souffle le cou du serviteur d'Arcamanel, mais elle ne l'arrêta pas. Pourquoi mettre fin à ce dont on avait envie ? Elle le laissa oser, elle le laissa la découvrir...

D'un mouvement souple, il la retourna dans ses bas, laissant le dos de la jeune fille s'unir à son torse. Naessa pouvait sentir le tissu couvrant encore l'objet de son désir. Mais la main caressante parcourait déjà son cou, ses formes légères... Naessa n'était plus cette demoiselle maladroite tombée dans l'eau, elle était devenue une rose d'Arcamenel épanouie... une rose qui venait de s'épanouir à l'art ennivrant de l'amour. Elle voulait en connaître les mystères, les méandres secrets qui lui avaient été cachés si longtemps. Elle voulait être aimée, ressentir ce plaisir sur sa peau, elle voulait qu'il l'imprègne de son parfum, de sa suavité, elle le voulait lui, à jamais, d'une manière parfaitement égoïste.

*Non... cette fois... je ne veux plus partager... plus maintenant... pas lui...*

Etait-ce un prémice de jalousie ? Il ne lui appartenait pas, mais elle ne demandait que son coeur et sa présence, était-ce trop ? Elle savait qu'à présent, si une autre osait approcher son aimé avec des pensées malsaines, elle serait là pour lui réserver un sort digne de la colère d'Arcamenel. Oui, elle laisserait parler cette part d'elle, endormie depuis longtemps, qui la prédestinait aussi à une part de cruauté implacable. Mais les pensées s'envolèrent rapidement, alors qu'elle laissait les mains d'Aerandir la parcourir complètement et la combler de sa tendresse, de sa passion.

-Si belle...Si merveilleuse...Le rêve devenu chair et sang...Magnifique...

Naessa sourit doucement à ces paroles, à ces magnifiques paroles. Tout chez Aerandir n'était qu'envoutement et poésie. Elle l'aimait avec passion, avec fureur et avec douceur. Elle se sentait aimée et désirée, elle se sentait vivre pour la première fois depuis longtemps. Doucement, elle se retourna, croisant le regard d'Aerandir, laissant ses yeux noisettes plonger dans l'éclat doré de son regard. Doucement, elle s'empara à nouveau de ses lèvres, découvrant son palais, trouvant son goût si doux et si fort... Doucement, elle laissa ses mains se promener délicatement, épouser les contours discrets des muscles, la courbe délicate du visage, laissant par moment quelques baisers légers et pourtant si doux effleurer la peau convoitée. Les mains descendirent jusqu'à ce tissu, dernier rempart qui les séparait... Une hésitation la saisit. Ce n'était pas un doute sur ce qu'elle désirait, non, mais une hésitation sur son comportement... Qui était-elle pour décider ainsi ?

L'hésitation s'envola et sa main défit d'un mouvement souple la ceinture gardienne du trésor qu'elle convoîtait. Elle n'alla pas plus loin, elle leva la tête et resta plongée dans le regard d'Aerandir. Sans parole, sans même bouger, elle l'encourageait, elle lui faisait comprendre le désir qui à présent consumait son corps, sa peau... Il la rendait folle et elle aimait ça. Si, des paroles lui échappèrent, des paroles d'éternité qu'elle n'avait jamais prononcé avec tant de sincérité, tant de force et de douceur. Dans une murmure, elle les lui offrit, sans retenue, sans arrières-pensées.

- Aerandir, je t'aime...

Ces mots semblaient si simples, si légers... et pourtant, qu'ils étaient durs à prononcer ! Quel courage il lui avait fallu pour les dire ainsi, sans détour, sans dessin ni couleur, en laissant son regard dans le sien... Elle se sentait libérée de toute pression, elle n'attendait pas qu'il lui rende ses paroles, elle savait la difficulté qu'elles représentaient. Les gestes parlaient mieux que les mots, mais elle ne voulait pas s'offrir à lui sans lui avoir avoué. Qu'il garde ses mots encrés dans son esprit, dans sa mémoire, tout comme elle garderait le parfum et la douceur de ses mains encrés dans la sienne.

Les effluves de l'amour les berce tendrement...Apprentissage délicat d'un corps nouveau et fragile, risque délicieux de la découverte de terres immaculée, voilà a quoi il s'adonne...Caressant les monts frêle et voluptueux de l'ardeur révélée. Elle lui vole les lèvres qu'il promenait, se les accapare comme siennes et il sourit contre sa bouche rosée, savoureuse ambition que celle qu'elle déploie. Elle ose, femme amazone, entreprendre la conquête du mâle qu'il est...Soumis et révérencieux de cette beauté déclarée, il ne sait résister, il ne le peut pas...A genoux devant tant d'innocence mêlée a l'audace sensuelle...Elle lui offre ces désirs et les fait maîtres de sa conscience. Il sent comme un voile de soie, ces petites mains fines qui le parcourent, qui explorent a leur tour ce dont il lui fait présent...Elles éveillent les sens endormis, par la peau virile d'une valse de frissons extatiques. Il s'émerveille de la chaleur qu'elle fait naitre, de cette langue ardente qui s'empare de ses reins...Ces doigts glissent sur la mer de soie des cheveux d'ébène, s'égarent sur l'arrondit d'une épaule de nacre, il serre la chair désirée, comme un ange caresserait l'éternité, tel l'adorateur du sublime qu'il se trouvait être en cette minute...Submergé par l'hardiesse érotique de sa compagne, enivré même, il se laisser aller a ces sentiments, l'enveloppant dans ses bras, s'ensorcelant de son parfum, si précieux, si rare...Elle se joue de ses lippes, les mordille, s'en délecte et il la laisse faire, définitivement sous ce charme qu'elle tisse autour de lui, mélange extraordinaire d'innocence et d'audace...Elle délasse sa ceinture, échauffe la peau frileuse de ces caresses et souffle des mots...Il ouvre l'or de ses iris, les plonge dans les siens...Méandres animés des désirs qui dansent comme autant de flammes dévorantes, les nuages prêtent leur couleur a l'or en fusion...Un coin de sa bouche se relève..D'un index, il caresse les lèvres qui viennent d'avouer, de révéler, de donner et d'offrir....Un...

-C'est un magnifique cadeau que tu m'offre, Linwë Felagund. Je saurais le préserver et l'adorer a sa juste valeur...

Ce n'était qu'un murmure, mais les notes chantaient, s'emmêlaient doucement pour créér l'harmonie de la sincérité. Oui, il recevait ce présent et il en prendrait soin, l'enfermant secrètement dans un coffre tapi au fond de son âme, comme une lumière dans les ténèbres...L'or étincelle, frémit et flamboie, telle une étoile lumineuse qui s'embrase, a l'image de son corps, de sa peau qui épouse si intimement celle d'Eve révélée...Il caresse le visage, l'imprime peut être dans sa mémoire...Savoure sa douceur d'ange...Alors, il entoure la taille, la serre contre lui, enfoui son visage dans les vagues de soie de ses cheveux lâches...il mordille la peau si tendre de la nuque, goute a sa saveur ensoleillé...Il étreint la taille, une taille si fine qu'il en fait le tour de ses mains, il la soulève doucement, plume légère et l'assoit sur lui, étreignant, serrant, dévorant la gorge offerte d'ailes de papillon déposés...

Le corps, la douceur... mieux encore, la tendresse. Naessa réalisait peu à peu qu'elle n'y avait jamais eu droit. Ses parents, morts ou disparus à sa naissance, n'avaient pas eu le temps de l'ouvrir à l'amour filiale. Son frère... Son frère l'avait protégé et aimé, mais jamais d'une manière aussi complète, aussi parfaite. C'était sans doute une bonne chose. Son corps frêle et dans sa plus pure tenue doucement lové contre celui d'Aerandir, Naessa se plaisait à découvrir un univers qu'elle ne connaissait pas, laissant ses mains parcourir ce corps qu'elle n'aurait jamais cru pouvoir ainsi caresser, ses lèvres laissant des soupirs s'échapper tels le souffle chaud d'une brise d'été... Mais elle n'était pas la seule à laisser ses mains découvrir la douceur d'une peau parfumée et son petit corps frissonnant de plaisir s'abandonnait sous les explorations de celui qu'elle aimait. Elle aurait pu rester passive, voir où était la limite d'Aerandir, le laisser entreprendre alors qu'elle se livrait à lui en ouvrant son coeur et son corps... Elle n'y parvenait pas. Elle ne pouvait pas. L'ivresse de l'instant la faisait sombrer dans les abysses d'un plaisir inconnu, à peine contrôlait-elle encore ses émotions et l'audace de ses gestes.

L'audace... Pour Naessa, être audacieuse venait à tenir tête à la grande-prêtresse d'Aleandir, du temps où elle officiait là-bas. Passion... Un mot qui lui était encore bien délicat. La passion signifiait la souffrance. L'amour pouvait être douloureux, allait-elle encore en souffrir ? Mais la question ne se posait plus, et surtout pas en cet instant de volupté où les deux serviteurs du dieu de l'amour s'abandonnaient à l'exploration du corps... Ivresse... Naessa ne cherchait plus à savoir si ce qu'elle faisait était bien ou non, si cet amour qui envahissait son coeur était pur ou enfantin... Elle ne voulait pas savoir et encore moins interrompre l'instant en de vaines pensées. Elle se laissait aller dans ces bras qu'elle désirait depuis longtemps. Comment ne l'avait-elle vu plus tôt ? Son coeur faible, fragile, s'était violemment refermé sur les blessures qu'un drow lui avait faites. Un drow dont le nom lui échappait pour le moment... Plus rien n'avait d'importance, hormis cette ivresse du touché, ce baume qui s'appliquait peu à peu à son âme meurtrie. Des mots échappent à son contrôle, des mots qu'elle ne voulait pas contenir. Des mots d'amour et d'éternité. Pour elle, ce n'était pas quelque chose sans consistance. Elle avait dit ces mots, elle les pensait, elle ne les reprendrait pas.

Aerandir écarquilla les yeux sous la surprise, avant de la regarder. Etait-ce de la surprise ? Et pourquoi ? Pour lui, était-elle ce genre de femme à se livrer à la première personne qu'elle rencontrait ? Non, il ne pouvait pas penser une telle chose, mais elle aurait aimé pouvoir traduire les méandres de ses pensées, tout comme elle ne tenait pas à savoir finalement. Etrange paradoxe. Elle voulait savoir, mais redoutait ce qu'elle y découvrirait. Un doigt d'Aerandir vint caresser ses lèvres

-C'est un magnifique cadeau que tu m'offre, Linwë Felagund. Je saurais le préserver et l'adorer a sa juste valeur...

Un murmure chantant, rien de plus qu'un chant, aux paroles envoutantes, aux paroles dignent de la beauté et de la grandeur de cet homme qui mêlait chez elle tant de sentiments. Il acceptait ses sentiments sans les lui rendre... Quoique...

*Linwë Felagund....*

Il avait utilisé l'elfique pour lui donner une nouvelle appelation, bien plus tendre et bien plus belle que le surnom de "rose" ou même de "déesse". Naessa avait grandi chez les elfes, elle parlait l'elfique bien mieux que la langue humaine. Ces mots, aux accents chantants de son peuple, lui amenaient nostalgie et bien-être. Aerandir était comme elle, un demi-elfe dont le côté elfe dominait depuis la naissance. Elle songea un instant à son bonheur. Ils vieilliraient de manière similaire, elle n'aurait pas à pleurer sa mort trop tôt ni à le laisser déplorer la sienne... Une main tendre vint caresser son visage aux traits fins, elle ferma les yeux pour sentir chaque parcelle de sa peau s'imprimer de son toucher. Elle aimait oui, complètement et sans contrainte, son coeur à nouveau ouvert, plus ouvert que jamais. Son frère, ce drow... tout disparaissait, placé dans un coin lointain du labyrinthe de ses sentiments.

Les doigts délicats entourèrent sa taille, leurs corps de touchèrent dans une étreinte soyeuse. Elle sentit le visage d'Aerandir se perdre dans ses cheveux sombres alors qu'il allait doucement lui mordiller la peau, la nuque... Elle frémit de plaisir, penchant légèrement la tête pour lui offrir ce qu'il semblait désirer. Ses mains enlacèrent sa taille, puis il la souleva sans la moindre peine afin de l'asseoir sur lui. Naessa, loin de résister, aida légèrement à se mouvement, son regard cherchant après celui d'Aerandir. Elle sa cabra doucement lorsque, la serrant dans ses bras, il commença tendrement à dévorer sa gorge. Naessa laissa ses mains se glisser dans les cheveux clairs, jouer avec les mèches décolorées. Elle offrait, et encourageait par cette légère pression exercée sur la chevelure soyeuse. Lentement, elle commença à sentir son corps de novice réagir sous les assauts de ces lèvres gourmandes.

Douce déesse qui s'offre sans retenue...Le don est précieux et l'homme n'en est qu'un serviteur maladroit parfois...Il sait, il sait la violence, la sauvagerie, l'absence de l'étoile amoureuse qui on osé profané ce corps merveilleux...Magnifique et outragé par la main noire de l'indélicat, il effacera ces marques faites...Les gommera comme souffles vains et futiles...Savoir chanter le corps, l'âme magnifique qui l'habite...Il joue la partition improbable, immuable, glisse sur les notes délicates de l'albâtre offert..Il créé les notes impossibles et incroyables d'une mélopée oubliée par trop d'homme envieux et désireux...L'hommage doit être rendu a ce temple extraordinaire, il doit être adulé, savouré et sacré dans son règne sur l'homme.

Il lui fera l'amour...Comme aucun autre, comme cet esclave qu'il est soudain, agenouillé devant tant de beauté éveillée...Il lui fera l'amour...Comme un amant éperdu, qu'un geste peut détruire...Il lui fera l'amour...Doucement, délicatement comme le mérite cette rose fragile, si fragile entre ses mains...Il profane sa douceur et la pureté et s'enivre de ces gestes impurs...Pourtant, il chante l'ode a son dieu en cet instant...Oui, il lui fera l'amour...Lui montrera l'étendue de ses plaines passionnées...Elle glisse ses doigts au creux de son être, s'empare des secrets enfoui et il la laisse faire, un peu...Juste un peu avant de l'allonger, merveilleuse ondine sur les draps lumineux...Ils glissent tout les deux et sous lui, il est un ange...Une rose épanouie qu'il admire d'un or soumit...Elle est nue, magnifique, Isis sacrée...Il aime les lignes de sa peau , sa douceur, sa volupté...Ses courbes pleines et sensuelles, adorateur il se découvre..Osant poser ses lèvres comme un pétale sacrilège sur les parchemins dévoilés...Découvrir les secrets féminins, s'y perdre avec ivresse...De ses lèvres prisonnières s'écoulent des murmures chantants...Comme une ode magnifique...Elle ne peut être a lui...Elle n'est qu'a elle même...Il n'aura que l'illusion de la possession...Instant sulfureux qu'il recule doucement, encore...Il aime de sa bouche...de ses mains qui parcourent cette partition inconnue...

[hrp : dsl en ce moment je n'ai pas trop d'inspi, j'espère que la réponse te conviendra quand même ]

Douceur et beauté, enthousiasme et résistance... Naessa ne réfléchissait plus. Elle sentait, elle touchait, elle savourait... La peau était légèrement sucrée, douce et lisse. Elle se retournait, elle embrassait, elle se laissait ennivrer par l'instant, par ce contact de la peau, par ce mélange de chaleur et de douceur. Elle voulait l'aimer, elle voulait qu'il l'aime. Elle avait oublié la peur, la peur de cette proximité. Elle avait oublié ce drow qu'elle avait aimé, d'une manière malheureuse. Il n'y avait rien de pire que l'amour à sens unique, Naessa en avait fait la triste expérience.

Mais là, blottie dans les bras d'Aerandir, elle se sentait aimée, elle se sentait être quelqu'un et pas un simple passe-temps. Elle avait l'agréable impression d'être un tout. Aerandir parcourait son corps, laissant ses doigts délicats déclencher un concert de frissons et de délicats soupirs. Elle était à lui, elle ne le regrettait pas. Peut-être un jour la trahirait-il, peut-être un jour trouverait-il une autre femme à aimer, mais pour l'heure, elle voulait lui appartenir... et elle voulait le posséder. A elle, rien qu'à elle... Ce sentiment de fierté se mêlait à ses soupirs de plaisir.

Aerandir la saisit délicatement, l'allongeant sur les draps. Comment aurait-elle pu résister à tant de douceur ? Comment aurait-elle pu repousser ce qu'elle désirait avec tant de force ? Elle laissa son regard noisette dans ses yeux ambre, elle était envoutée et elle s'y plaisait, c'était un univers complet qu'elle y dévouvrait, un univers de tendresse et de malice, une profondeur brillante dans laquelle on pouvait lire tellement de choses... Elle découvrait les légères nuances de couleur...

Aerandir découvrait le corps de la jeune fille, elle n'aurait jamais voulu l'arrêter. Elle le laissait poser ses lèvres sur sa peau, elle frémissait de plaisir, elle frisonnait, elle n'était plus que désir. Doucement, elle ferma les yeux, se cabrant doucement vers lui pour accentuer le contact de leur peau. Elle leva le genou droit, qui vint doucement s'appuyer sur l'intérieur des cuisses de celui qu'elle voulait pour amant. Pourquoi un tel geste ? Elle n'en savait rien, elle ne souhaitait que du contact, cette proximité, cet entrelacement sensuel qui les unissait à l'instant... Dans une murmure, elle prononça son nom, avec volupté, pour le simple plaisir de l'entendre.