Visite et rencontre fortuite

Nakor venait enfin de sortir de la pièce centrale du palais elfique, il avait passé les quelques heures précédentes à entrer en contact avec le seigneur des elfes, discuter avec lui, argumenter, parlementer et enfin rédiger un traité! Une fois cela finit Nakor n'avait plus qu'à entrer en Evenstar et apporter la bonne nouvelle à Valkayre et à toute la lignée de l'arbre blanc. Mais avant de partir de chez les elfes, Nakor désirait visiter un lieu qu'il n'avait plus vue depuis quatre siècle, à l'époque où ses liens avec Beren Telperien s'était fortement dégradé. Le sanctuaire des elfes, un lieu de tranquillité et de culte à la nature, très doux, où une atmosphère de paix et de sérénité règne par delà les âges. Nakor décida donc de se promener dans le sanctuaire, pas très longtemps mais juste assez pour profiter un peu d'un moment de paix bien mérité. Le vieux magicien se mit donc à marcher dans les allées elfique, croisant ça et là des tas d'elfe en discussion ou seul et silencieux. Certains dans un incomparable effort d'ouverture, saluèrent Nakor d'une inclinaison de tête, que le mage rendait bien sur. Une fois dans le cœur du sanctuaire, la magie était si forte et apaisante que Nakor continua à avancer lentement, mais les yeux fermé, afin de reposer son esprit blême. Le problème avec les gens qui marchent sans regarder où ils vont c'est que cela peut mener à des accidents, et Nakor n'était pas moins concerné par cette règle statistique de comportement. Paisible et enfouie dans un monde magique de sérénité, Nakor ne vit pas l'elfe, debout devant lui, lui tournant le dos, et Nakor frappa de plein fouet le pauvre elfe. Sentant une grande secousse et une chute de deux corps, le magicien ouvrit les yeux, et se voyant à terre emmêler dans le corps d'un elfe, il dit simplement

"Mais qu'est ce que ... !"

Nakor regardait le jeune elfe qu'il avait fait tomber, les cheveux argent avec quelques reflets d'or, les yeux très noir, faisant un fort contraste avec sa peau très pale! Un elfe des plus robustes, un guerrier certainement au vue de la masse musculaire. Nakor ne trouva rien d'autre que d'exploser de rire, car la situation grotesque s'y prêtait bien! Nakor espéra que dans sa fierté d'elfe, le jeune guerrier ne tiendrait pas rigueur de cet événement au vieux fou.

Idrissial profitait du calme environnant pour se déstresser lorsque soudain, il ressentit un choc dans son dos, le faisant litteralement s'étaler sur le sol, empêtré avec un mage qui semblait être agé. Ce vieil homme le regarda et se mit soudain à rigoler. D'abord vexé par cette inatendue réaction, Idrissial comprit ensuite que l'homme ne se moquait pas de lui, mais plutôt qu'il rigolait de la situation, il est vrai qu'on avait jamais vu un elfe et un homme empetrés ainsi l'un dans l'autre de mémoire d'elfe. Et alors, Idrissial se mit lui aussi à rigoler.
Il ne peu dire combien de temps ils restèrent là à se tordre de rire. Mais au bout d'un moment leurs côtes leurs faisait mal, et les autres elfes leurs jetaient des regards noirs, l'elfe, s'arrêta aussitôt de rire, se dégagea rapidement et aida l'humain à se relever. Et il commenca à partir, lorsque soudain Idrissial se mit à courir pour le rattraper. Une fois à sa hauteur, il se planta devant lui et le regarda brièvement: il avait dans son regard une intensité que seules les années vécues donnait. Pourtant cet humain ne semblait pas si vieux que cela, une petite centaine d'année au maximum. Non, pour un humain cela est énorme, se corrigea mentalement Idrissial. Ce bref examen ne dura que quelque instants, mais cela sembla mettre le vieil homme mal à l'aise, peu de gens supportent le regard perçant des elfes. Voyant que l'humain perdait son sourire il lui demanda alors :

Comment t'appelles-tu ? Moi, mes parents m'ont nommé Idrissial.

Peu désireux de parler de son passé douleureux, il continua de fixer l'humain attendant une quelconque réaction...

Voila que l'elfe se mit aussi à rire, preuve que cette personne était intéressante, en tout cas selon les critères de Nakor. En effet le vieux magicien n'aimait pas les gens qui ne savaient pas rire devant des événements incongrus dans lesquelles ils étaient pris. L'elfe, aida gentiment le vieil homme à se relever, puis Nakor, se disant qu'il était temps pour lui de quitter la quiétude de ce lieu qu'il avait déjà tellement perturbé, il récupéra son bâton et s'en alla. Dans l'esprit de Nakor, cette rencontre avait été courte mais très amusante et même revigorante : rire intensément avec un étranger, voila une chose qu'il voulait garder en mémoire, plongeant ainsi dans une foule de souvenirs très anciens et plaisant. C'était aussi pour cela que Nakor n'avait pas prononcé un mot, cet instant avait été magique, car naturel et très vrai. Ne voulant donc rien gâché et ses souvenirs plein la tête et les yeux, Nakor s'en alla. Soudain l'elfe revint en courant et plongea son regard dans celui du vieux magicien, le scrutant de bas en haut. Nakor fronça des sourcils, non pas perturbé mais dubitatif. Qu'est ce que voulait dire cet interrogatoire peu conventionnel. C'est alors que l'elfe parla, dans un tutoiement direct et rare pour des critères elfique habituels. Nakor sourit de nouveau et commença

"Et bien Idrissial, aide donc un vieillard à marcher!"

Dans un mouvement fluide et très rapide, surtout pour un vieillard, Nakor passa son bras libre sous celui de son nouvel ami et continua à marcher, entrainant donc Idrissial loin du sanctuaire, s'appuyant sur lui comme un vieil homme peut avoir l'habitude de la faire. Le magicien multi centenaire reprit la parole

"Pour ma part, je me nomme Nakor, et ... ceux sont aussi mes parents qui m'ont donné ce nom!"

Nakor, un grand sourire sur les lèvres glissa un clin d'œil amusé à Idrissial, et continua toujours

"Je suis très étonné de voir dans le sanctuaire elfe, une personne qui a aussi peu vécu que toi dans la ville elfe, durant sa jeunesse ... et qui pourtant semble être doté d'une perspicacité impressionnante, surtout lorsqu'il est capable de se rendre compte qu'il tombe sur quelqu'un de bien plus vieux que lui."

Nakor avait le regard perçant et plein d'une intelligence sans faille, par ses petites allusions, le vieillard montrait clairement que par le tutoiement rapide de l'elfe, il s'était démasqué comme quelqu'un qui n'avait pas vécu dans la ville mais loin, dans la plaine ou dans les forêts. Et Le magicien savait aussi que ce regard plongeant auquel il avait été soumit était forcement du à quelque chose que l'elfe trouvait étrange. Son accoutrement étant clairement celui d'un magicien, ce n'était pas la fonction de Nakor qui l'avait intriguait. N'ayant jamais rencontré cet elfe auparavant, il restait deux possibilités au vieil homme, soit, c'était parce que l'elfe avait senti une chose que seul les immortel de son peuple pouvait avoir, en Nakor, soit parce qu'il l'avait déjà rencontré. Et au vue du peu de gène que présentait l'elfe, si cela avait été la deuxième option, la question serait très vite tombée. Nakor espérait taper dans le mille, puisqu'il avait eu peu de temps pour réfléchir, et donc intriguer encore plus Idrissial avec ses petites questions. En effet l'elfe devrait être très intrigué, surtout sur l'âge de l'homme, disant qu'il était plus vieux, l'elfe pourrait même rire de cette remarque, devant déjà être âgé d'une bonne centaine d'année. Le magicien attendait avec impatience les réponses et les questions ainsi que les réactions du jeune elfe.

Le dénommé Nakor lui prit le bras, très souplement pour quelqu'un de son âge se dit Idrissial, et il commencèrent à sortir du sanctuaire. Le long de leur marche il discutèrent de tout et de rien. Mais plus ils marchaient, et plus le vieux mage intrugait le jeune elfe. Ils échangerent les formules les plus complexes du langage afin d'obtenir le plus poliement des informations sur leur interlocuteur respectif. Et comme ils continuaient à marcher ils sortirent du sanctuaire sans s'en rendre compte. Une fois en dehors, ils s'arreterent brusquement, chacun partant dans une direction opposée : Nakor s'avancait vers la sortie du village tandis qu'Idrissial prenait le chemin menant à la taverne. Les deux compères se regardèrent et explosèrent de nouveau de rire.
Une fois leur crise passée, Idrissial demanda

" Bon, mon cher Nakor, que faisons nous maintenant ? "

Nakor semblait hésiter, ce qui laissa le temps à Idrissial de résumer ce qu'il venait d'apprendre sur ce drôle de petit bonhomme: il savait son nom et... C'était tout ! Les quelques détails flous que lui avait donné le mage n'éclairait guère son passé. Mais Idrissial se rendit que lui-même avait été très évasif sur son passé.

<< En meme temps, je ne vais pas me confier à un parfait inconnu ! >>

Voila que l'elfe, qui semblait avoir était surpris par les propos du vieil homme, avait été on ne peut plus évasif. Et s'il croyait s'en sortir comme ça, il rêvait, Nakor, lorsqu'il liait une conversation, voulait en tirer quelque chose. Un souvenir intéressant ne pouvait naitre, selon le vieux fou, d'une discussion qui n'a mené à rien. Nakor se demandait comment il pourrait faire pour qu'Idrissial, puisse se libérer et lui donner des informations sur lui. Lorsqu'il n'eut pas à chercher d'avantage, sortant machinalement de la cité. En réponse à la question de l'elfe, Nakor fit un mouvement étonné de la tête, en ouvrant grand les yeux. Puis voyant le jour arriver à son terme, Nakor se dit qu'après sa visite finale en Alëandir, il pouvait s'accorder une petite pause. Rien ne pressait encore. Le vieux magicien s'exclama donc

"Et bien, nous n'avons qu'à aller boire un bon coup dans une foutu taverne jeune elfe! Mais attention, le vieux ne pait pas tout hein? Et puis de toutes les façons, que pensais tu que je ferais, si tu crois que je vais te laisser partir comme ça, sans rien me dire, tu te mets un de ces doigts dans l'œil mon enfant, soit en assuré."

Nakor explosa de rire, donnant un coup de coude dans son nouvel acolyte. Mais maintenant c'était à Idrissial de choisir, où aller et surtout s'il voulait vraiment suivre le mage cinglé jusqu'à un lieu de boisson et de tranquillité elfique. Nakor trouva intéressant d'ajouter

"Sauf si tu es trop jeune pour aller dans une taverne boire un petit quelque chose de corsé?"

La question était posée avec un ton ironique et presque naïf, ce qui n'était qu'un artifice de Nakor, ce vieux fou voulait simplement voir jusqu'où cet elfe mystérieux serait prés à aller et jusqu'où il avait reçu une éducation elfique si différente des elfes de la ville.

Nakor était bizarre. C'etait pour le moment la seule impression qu'il avait fait à Idrissial: sa façon de parler, de se déplacer, son aisance naturelle, et surtout son rire. Idrissial n'avait jamais vraiment connu d'autres personnes que sa famille. Mais en tout cas, ce petit bout d'homme lui plaisait bien, et il décida de l'accompagner à la taverne.

" Hé, bien, c'est d'accord allons donc boire un verre ! Et moi non plus je ne payerais pas tout.. Chacun sa part, non ? "
<< De toute façon je ne roule pas sur l'or. >>

Attendant de nouveau sa réponse, Idrissial se rémorra son enfance. Son père, sa mère, et sa soeur, ils n'étaient plus là, le laissant seul dans la vie. Et quelque chose dans ce vieil homme lui rappelait un père...

Au vue de la réponse d'Idrissial, Nakor explosa de rire de nouveau en s'exclamant fortement

"Alors ça! Un foutu pingre non de non. C'est bien mon petit tu grimpe dans mon estime!"

Nakor donna une grande tape dans le dos de l'elfe, et se mit à marcher en direction d'une taverne qu'il appréciait, si le mot apprécier était acceptable pour une taverne elfe, dans l'esprit d'un vieux fou comme Nakor. Le mage préférait de loin les tavernes naines, où la bière coulait à flot et où à la fin du service, il y avait plus de gens par terre que debout. Mais un bon vin n'était pas pour tout gâcher non plus et Nakor savait gouter les bonnes choses. Après quelques minutes de marches légèrement silencieuse, Nakor ouvrit le premier la porte de la taverne et hurla au chef de la salle

"Une table pour deux tavernier!"

Le chef de l'établissement connaissait la vieille barbe et lui indiqua rapidement une petite table ronde dans un coin de la taverne. Nakor avait un sourire aux lèvres, parce qu'il était certains que le chef n'aimait pas voir le vieux fou, mais il payait avec des vrais pièces sonnantes et trébuchantes il avait donc tout loisir de séjourner ici. Nakor prit enfin place en soufflant longuement, comme un vieillard fatigué et regarda Idrissial dans les yeux.

"Et bien voila, nous y sommes, tu voulais aller boire un petit quelque chose pour que nous fassions plus amples connaissances hein? Alors ne me laisse pas tomber ... Euuuuuuu du vin Tavernier du vin épicé!"

Nakor avait levé deux doigts en même temps pour spécifier qu'il voulait deux verres, et en même temps il lança deux pièces dans les airs, qui arrivèrent sur le comptoir avec précision. Il tourna le regard vers Idrissial et continua

"Ne t'en fais pas, c'est moi qui régale. Alors, tu n'as toujours pas répondu réellement à ma première question, que fait ici un elfe qui n'a pas été élevé dans Alëandir? Tu cherches un travail peut être? Une occupation? Une femme? ... Un homme?"

Nakor gloussa dans sa vieille barbe et attendit de voir comment l'elfe répondait à son flot de questions et de suppositions. Les verres arrivaient enfin.

<< Pour qui il se prend... Je veux bien être gentil, mais je ne vais pas déballer ma vie, je ne le connait pas tant que ça tout compte fait ni depuis longtemps d'ailleurs ! Mais que je suis stupide... Au pire, il connaît ma vie, et que va-t-il en faire ? En rire ? Qu'il essaye... Montrer de la pitié, de la compassion ou je ne sais quoi ? Je m'en suis bien passé jusqu'a présent. Tout compte fait je n'ai rien à perdre à lui parler un peu de moi. Qui sait je pourrai peut-être en apprendre un peu plus sur lui aussi. >>

Les verres arrivèrent, le tirant de ses réflexions, mais lorsqu'il vit sont verre, il regarda avec stuper Nakor...

" Non, merci, pas de vin ce n'est pas une fête ni une grande occasion je vais laisser l'alcool de coté et prendre un jus d'Ourm. "

Il repassa sa commande et glissa discretement une piece dans la main de l'elfe-qui-fait-boire, pour bien lui faire comprendre qu'il tenait à payer lui-même. Le tavernier ne rechigna pas et alla chercher son jus. Il revint quelques instants plus tard avec la boisson.

"Et bien..."

Il ne finit pas sa phrase car il venait de découvrir que Nakor l'observait intensément. Cela le mit un peu mal à l'aise, mais il decida de se lancer quand même.

"Je suis venu en ville pour... Non... En fait.. Voilà ma famille a étée décimée. Je suis seul, et je n'aime pas ça. De plus je suis majeur. Donc... Je... Euh.. Cherche de travail. Mais j'ai aussi très envie de visiter le monde, qui pour moi ne se limite actuellement qu'aux forêts d'Alëndir. Et... Euh... Voilà c'est, c'est tout..."

Idrissial ne savait pas si le mage comprenait ce que signifait la perte de 3 elfes pour la communauté, mais il éspérait que cet homme n'était pas aussi inculte que vieux...

Nakor inclina la tête à plusieurs reprises comme pour signifier à Idrissial qu'il écoutait les mots prononcés par l'elfe. Puis une fois son discours confus terminé, Nakor prit les deux verres de vin et les approcha de lui.

"Bon, ben ça fera deux verre pour moi!"

Il en but un d'une traite, comme si Idrissial lui avait dit qu'il venait de planter une carotte dans le sol. Puis Nakor devint soudain très sérieux, intense et presque vif.

"Il est impressionnant de voir avec quel détachement tu parles de la lourde perte de ta famille Idrissial, en six cents vingt deux ans de vie, je n'avais jamais vue un elfe être capable de ne pas subir de plein fouet la trop vive émotion qui rempli le cœur des elfes lorsqu'un être cher est perdue et retourne sur les iles sacrés."

Nakor venait de délivrer volontairement une information, après tout, c'était donnant donnant, Idrissial révélé de son passé, le vieux fou aussi, en délivrant son âge avancé et tout à fait improbable pour un humain, même un sorcier. Mais c'était pourtant vrai.

"Il devient encore plus évident que tu n'as pas été élevé parmi la société elfique, sinon ton cœur serait proche de la dévastation et de la mort. Dis-moi tout Idrissial, crois-tu en un monde qui pourrait se débarrasser du mal, de l'ambition, du pouvoir et de la domination?"

Nakor posait clairement la question à l'elfe, en effet, si Idrissial se montrait intéressé et intéressant, peut être que le sorcier pourrait lui proposer d'entrer dans la lignée. Mais pour cela il faudrait d'abord s'assurer qu'Idrissial était apte à défendre ces idéaux bien spécifique et surtout s'il voulait entrer dans une quelconque guilde, ou juste développer des liens avec le vieil homme puis lui souhaiter bon vent. En tout cas la question avait été posé et cela pouvait fort ressembler à une discussion de taverne, après tout, le vieil homme lui demandait de parler du bien, du mal et de toute ces choses là.

"Qui est-tu.. Pour dire que... Perdre... Ma famille ne me fait pas d'effet. Sais-tu Seulement ce que cela fait de perdre non pas une mais trois personnes auquelles tu tiens autant si ce n'est plus qu'a ta propre vie. Excuse moi je m'emporte..."

Il but son verre d'un trait, s'étouffant presque, mais cela lui rendit les idées un peu plus claires... Ce fou venait de lui dire qu'il avait 622 ans. C'était quasiment six fois plus que l'âge d'Idrissial !

<< Non, c'est impossible... 622 ans... Pour un humain... Non mage ou pas ca ne tient pas la route, c'est tout bonnement impossible... Il ne tient pas l'alcool c'est tout... Enfin il faut tout de même avoir les idées bien claires pour demander si je croyais en un monde meilleur... Je sais pas, je suis perdu... >>

"Le monde parfait, c'est une utopie. Si le mal est éradiqué sous la forme actuelle, qui sait, peut-être qu'il reviendra sous une autre forme plus terrible encore. Je suis pour un monde meilleur, oui, mais pas parfait sans mal. Car toute chose doit avoir son contraire: le bien et le mal, le grand et le petit, le faible et le fort... Tu vois surement ce que je veux dire, non ?"

Voila qui était très intéressant Idrissial montrait beaucoup de caractère et de sureté dans ses pensées et ses choix. Mais lorsqu'il reprit violement le vieux fou, Nakor n'accepta pas de recevoir de la sorte une reboutade comme celle ci! En effet l'elfe avait parlé clairement de la perte de ses parents. Un elfe digne de ce nom ne prononçait même plus le nom des défunts, aucun elfe n'était capable de supporter le récit de la perte de ses parents ou des membres de sa famille. Nakor avait donc soulevé le simple fait que seul un elfe élevé comme un homme pouvait se comporter ainsi, ou alors un elfe qui était très avangardiste. Nakor tapa du poing sur la table et s'exprima lui aussi avec force et amertume

"J'ai blanchi ma barbe en enterrant moi même mes enfants pauvre fou, alors ne prétend même pas durant une seule seconde que je ne sais pas ce que cela fait de perdre un proche ou plusieurs c'est un crève cœur insoutenable. Et si tu connaissais un peu mieux les us et coutumes rébarbatives et anciennes de ton peuple, tu saurais pourquoi j'ai été impressionné par ton manque d'émotivité. Un vrai elfe, qui aurait perdue il y a si peu de temps trois être proche, serait au bord de la mort et n'oserais même pas parler avec un humain ou qui que ce soit d'autre ... foutu jeunesse!"

Nakor cessa de parler subitement en soufflant, et avala d'une traite son deuxième verre de vin épicé.

"Oui, tu as raison, je dois être fatigué aussi ... pff après toutes ces rencontres au palais, ce traité avec Rima Marcil le régent des elfes, la confrontation continue avec ses sorciers ... je dois fatiguer avec l'âge ça ne s'arrange pas en plus! Foutu vieillesse."

Puis Nakor explosa de nouveau de rire et accepta les excuses du jeune elfe autant qu'il espéré que les siennes le seraient. Le vieux mage fut agréablement surpris par la réponse de l'elfe, qui vint ensuite. Nakor continua, mais en elfique, afin de surprendre un peu son interlocuteur et appuyé son âge impensable, en montrant l'étendu de savoirs qui ne pouvaient pas être accumulé en seulement une vie d'homme.

"Oui tu as raison, lorsque j'étais jeune, les drows n'étaient pas le mal le plus important de notre monde, mais au fils des siècles, lorsque nous nous sommes débarrassé de nos maux, les drows ont commencé à réapparaitre après leur long exil sous nos terres au sud ... comme quoi, un mal en remplace toujours un autre, de sortes que nous ne pouvons pas grand chose contre les forces maléfiques qui rongent notre monde, mais cela veut il dire que nous devons baisser les bras ou nous même entretenir un mal que nous pouvons contrer lorsqu'il devient trop présent? Je trouve que ce n'est pas une solution et que justement c'est un artifice du mal, nous faire croire dure comme fer que si on le renvoi en enfer, il reviendra plus fort qu'avant ... que cela soit maudit, je me bats depuis toujours au sein de la confrérie de la lumière, et même si cela m'épuise et semble ne mener à rien, je sais au moins que je participe à ce que durant une petite période, notre monde respire un peu mieux, et que les peuples qui n'ont pas de raison de présenter de très gros défauts, deviennent pire que le mal lui même à cause de l'envie, l'ambition et le pouvoir!"

Nakor avait développé un discours passionné, alimenté dans ses yeux par une flamme incroyablement ancienne, sage et puissante, n'ayant jamais perdue de sa splendeur, bien au contraire, elle ne cessait d'augmenter avec le temps.

" Ecoute, si c'est ce que tu me demande, je t'aiderai dans ton combat. Je n'ai rien à perdre de toute façon. Et je ne comptais pas rester à Alëandir trop longtemps. J'ai envie de parcourir le monde. Et ne t'occupe pas trop de moi, je suis peut-être jeune, mais je suis fort et loin d'être le dernier des idiots.
Mais si nous partons, j'aimerais passer prendre quelque chose chez moi. Si tu veux tu peux m'accompagner, sinon nous n'avons qu'a nous rejoindre quelque part. Qu'en pense-tu ? "

Regardant le fond de son verre vide, Idrissial se perdit de nouveau dans ses pensées, il resongea à sa famille au havre de paix qu'il avait perdu, à tout ce qu'il aurait pu vivre... Non, ca ne sert à rien de vivre dans le passé, il faut aller de l'avant, pour qu'ils soient fiers de moi, fiers de ce qu'ils ont fait...

Nakor observa chacun des faits et gestes de son interlocuteur. Le vieux mage fut très surpris par les propos de l'elfe en face de lui. Jamais il n'avait prononcé un seul mot pouvant laisser entendre qu'il avait besoin d'aide, jamais il n'avais dit qu'il cherchait quelqu'un pour l'aider dans son combat, il avait juste passionnément défendu les forces de la lumières. Et voila qu'Idrissial cherchait déjà à se faire embaucher, à se proposer de lui même et à dresser des plans pour l'avenir. C'était malheureusement, selon les critères du vieil homme, une caractéristique très déplaisante. Ceux qui s'empressaient de proposer leur aide parce qu'ils n'avaient rien d'autre à faire que de défendre pendant quelque temps une cause bien définit sans avoir aucune idée de celle ci, étaient des gens, qui dés qu'ils trouveraient leur voie, s'empresseraient de partir pour une autre carrière. Tout les gens que Nakor avait rencontré et à qui, il avait finalement proposé une place dans la lignée, avait hésité, ne s'était pas présenté pour ça au départ, et surtout, n'avait jamais accepté sans savoir de quoi il s'agissait. Le vieux fou avait du longuement expliquer qui était la lignée, ce qu'elle faisait, et ensuite avait du convaincre les gens. Et certainement pas les prendre avant même d'avoir proposé ses services. Il y avait quelque chose qui déplaisait au vieillard, et qui lui disait, au fond de lui, qu'il ne valait mieux pas dire oui à Idrissial tout de suite. Peut être lors d'une autre rencontre, quand l'elfe aurait trouvé sa voie, et qu'il aurait acquit un peu plus d'expérience dans le monde, après quelques voyages. Là sans doute, il pourrait lui proposer de devenir un membre de la lignée mais pas maintenant, c'était trop tôt. Et les elfes avaient du temps, comme Nakor. C'est donc sur de lui que Nakor répondit aussi directement qu'Idrissial.

"Je pense que je n'ai jamais demandé une aide quelconque Idrissial. Non pour l'instant mon combat, je le mène très bien de mon coté, en faisant mes petites affaire. Toi tu es jeune, tu dois découvrir le vaste monde, te faire des amis, des ennemis et croitre en expérience. Je m'en voudrais de t'obliger à passer tout ton temps avec moi alors qu'il y a tant de choses à voir par soi même. Et puis un elfe à tout son temps non, tout comme moi! Alors qui sait, si un jour nous nous recroisons, peut être que je te demanderais vraiment de m'aider ... et peut être que tu refuseras. Nous ne pouvons jamais savoir de quoi demain est fait et quelles circonstances nous mèneront de nouveaux sur la même route! Non, je vais plutôt partir de mon coté, et te laisser partir du tiens, avec pour cette rencontre, un simple, très bon souvenir! Qu'en dis tu?"

Nakor avait posé la question par simple rhétorique, mais ce n'était pas une question, c'était simplement une affirmation. Nakor était la pire tête de mule qui soit dans ce monde, et rien ne le ferait changer d'avis. Il termina donc son dernier verre, et prépara déjà son départ vers le nord. En effet, il n'avait que trop tardé et il devait maintenant se hâter de rejoindre Valkayre.

La réponse du vieil homme était sans appel... Non, il ne voulait de personne en fait, Idrissial avait mal compris.

<< Que je suis stupide... Après tout c'est normal, il a raison. On vient juste de se rencontrer... Vraiment quel abruti je fais. Moi qui croyait que la vie allait être plus simple en ville que chez moi. Tant pis, je me débrouillerais sans lui ! >>

" Je suis désolé, je t'avais mal compris. Je suis désolé de t'avoir fait perdre ton temps. Tu dois surement avoir des choses plus intéressantes que de rester avec moi. Je suis encore désolé de t'avoir fait perdre ton temps. Vraiment..."

Idrissial est vraiment retourné. Mais discuter avec Nakor avait opéré un changement en lui, quoi, il n'aurais su le dire. Mais il se sentait mieux.

Nakor écouta la réponse de son compagnon de soirée. Idrissial se confondait en excuses, et le vieux sorcier trouvait cela inutil, l'elfe etait jeune, et il devait apprendre en commettant des erreurs. C'est donc pourquoi, tout en agitant les bras Nakor se leva et dit très tranquillement

"Tu ne m'a pas fais perdre mon temps jeune elfe, au contraire, ce fut une rencontre intéressante, j'en garderais un bon souvenir, et qui sait ... un jour peut être nous nous rencontrerons de nouveau, et là, nous verrons bien ce qui se passera! J'espère juste qu'en m'ayant rencontré, tu t'es rendu compte à quel point le monde est hétéroclite. Alors va, découvre ce vaste monde, méfie toi de tout et de tous, mais ne soit pas pris de psychose ... il reste encore des gens bien dans notre vieille terre. J'espère que ta vie sera heureuse, en tout cas c'est ce que je te souhaite, au revoir mon ami, je dois me hâter maintenant, que les vents t'accompagnent!"

Nakor tendis la main, comme dans le monde des hommes, attendant de voir si Idrissial la serrait vigoureusement ou non. Puis il se détourna et partit loin d'Alëandir en peu de temps, utilisant pour la énième fois dans la journée, ses pouvoirs de télétransport, dans un coin tranquille et caché de tous, au détour d'une petite ruelle.

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