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 [Terminé] Le Vil et la Noble

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Le Vaisseau de la Voilée
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MessageSujet: [Terminé] Le Vil et la Noble   [Terminé] Le Vil et la Noble I_icon_minitimeDim 19 Avr 2009 - 21:22

[Ce poste se situe, temporellement, à la toute fin de l’été, après l’enterrement du père d’Ashenie. Merwyn et Katalina, qui s’y rendront ensemble, ont donc eu le temps d’en revenir et tout et tout]

La petite troupe avançait à une allure soutenue. Habile cavalière, Katalina pouvait la supporter et c’est d’ailleurs elle qui l’avait imposée à son escorte. La raison était simple, il lui tardait de rejoindre les murs protecteurs de la cité d’Etherna, où elle était conviée par Estel Serindë afin de négocier l’implantation d’un de ses comptoirs de commerce. La négociante ne voyait pas vraiment l’utilité d’une telle expansion, mais il aurait été malavisé de refuser sans avoir d’abord entendu les arguments de la baronne, déjà parce qu’elle pourrait passer à côté d’une bonne occasion, et qu’ensuite la guerre ne serait pas éternelle, et qu’il ne fallait surtout pas froisser un potentiel partenaire commercial, puisse-t-il ne le devenir que dans une dizaine d’années.

Elle avait à peine survolé la missive qu’elle avait reçue, voilà maintenant une petite semaine. Alors que l’été touchait à sa fin, laissant présager un automne riche au niveau des récoltes, Katalina avait toute suite préparé son voyage, retrouvant avec un certain plaisir les émotions qu’elle avait ressenti quand elle avait du se rendre à l’enterrement du duc de Langehack. Voyager était un plaisir, marchander une passion, et voir les deux réunis était toujours agréable. Son seul regret était qu’elle n’avait pas pu inviter Merwyn à se joindre à elle, le pauvre devait surement être trop occupé par la gestion de son duché pour participer à un voyage qui ne le concernait pas vraiment. Pensive, la noble se remémora encore une fois la missive.

Citation :
De la baronne Estel Serindë d’Etherna,
A Katalina Noblegriffon de Serrimare.

J’espère que la présente lettre vous trouvera en bonne santé. Je suis désolée de ne pas pouvoir m’exprimer moi-même de vive voix dans votre réputée demeure, mais les affaires de ma baronnies accaparent toute mon attention.

C’est d’ailleurs dans ce but que je vous écris. Sainte Berthilde jouit depuis nombre d’années déjà de la présence d’un de vos comptoirs de commerce, et je m’interrogeai sur la possibilité de voir l’établissement d’une pareille enseigne dans ma propre ville. Je sais que vous faites une agréable et honnête partenaire commerciale, et ce serait avec plaisir que je vous invite à venir quand vous le pourrez me rejoindre à Etherna, afin de voir si nous pouvons trouver des avantages communs.

J’espère donc pouvoir vous accueillir aussi vite que possible.

Elle n’avait jamais eu le plaisir de rencontrer Estel, l’occasion ne s’étant tout simplement pas présentée, et elle ne savait pas grand-chose sur la baronne, sinon qu’elle était une demie-elfe. Un instant, elle regretta de ne pas avoir pris la peine de se renseigner de façon plus poussé, mais elle repoussa bien loin cette angoisse naissante. Katalina n’espérait pas revenir avec quelque chose de vraiment concrets. Les baronnies étaient certes intéressantes, mais les contrats commerciaux avaient encore plus de valeur quand ils venaient des duchés eux-mêmes. Estel ne deviendrait qu’une connaissance de plus, et il ne fallait négliger aucune connaissance.

La première journée se passa sans incident. Elle l’avait mis à profit pour rejoindre Odelian, partant assez tôt pour être certaine de ne pas avoir à coucher à la belle étoile ou dans elle ne savait quelle auberge miteuse. Noble de naissance, Katalina était habituée à un certain luxe et ne s’en cachait pas. L’idée de voyager relativement isolée ne lui plaisait déjà pas beaucoup, alors si en plus elle devait se contenter d’une chambre du peuple… Discrète, elle ne s’était pas présentée à Thyl, préférant le confort d’une auberge luxueuse au faste bruyant de la Cour de la Comtesse.

La deuxième journée avait vu sa matinée tout aussi tranquille, ponctuée par de rares conversations avec le chef de son escorte, un humain massif au rire facile et aux blagues décalées. La noble n’avait pu s’empêcher de rire à certaines de ses remarques grotesques, que ce soit sur le paysage ou sur les villages qu’ils avaient déjà traversé. A son grand soulagement, aucun incident n’était à déploré. Alors qu’ils entraient dans la dernière partie du « périple », elle n’avait désormais pratiquement plus aucune crainte quant à une éventuelle attaque de pillards. Il faut dire que fort d’une quinzaine d’hommes, son entourage était à même de repousser la plus part des petites bandes organisées de la région.

Après une rapide pause le temps d’un petit déjeuner à base de viande séchée et de fruits secs, ils étaient repartis, adoptant une allure plus modérée. Tel que c’était parti, leur arrivée était assurée pour le milieu de l’après midi, aussi il était inutile de prendre des risques, une mauvais chute était si vite arrivée. Katalina en savait quelque chose, c’était d’un bête accident de ce genre qu’Elyas avait trépassé, la laissant seule et fortunée. Alors qu’elle songeait tranquillement à l’époque qui avait suivi la mort de son époux, Reldas, son massif ami à l’humour tordu, lui arracha les rennes des mains avant de forcer son cheval. Alors qu’elle allait protester, le regard grave du mercenaire la força au silence.

- Restez sur vos gardes, dame. Il se passe des choses étranges.

Pour seule réponse, il eut le droit à un regard étrangement inquiet. D’un signe de tête, il lui indiqua la source de sa méfiance. Sous le soleil tapant d’été, alors qu’il n’y avait pas une goute d’humidité aussi bien dans l’air que sur le sol, des petites et discrètes nappes de brume commençaient à se former ça et là autour de la petite troupe.

- En position autour de dame Katalina !

Plus que donné, l’ordre avait été aboyé. Reldas n’aimait pas du tout ce qui était en train de se tramer, et la qualité de son humour s’en ressentait. D’abord surpris par ce brusque changement de ton, ses gardes commencèrent à se mettre en place, mais avant que la formation soit satisfaisante à son gout, il se rendit compte que le phénomène s’était accéléré.

- Restez près de moi, dame, ne me quittez pas d’une semelle.
- Vous savez ce qu’il se passe, au juste ?

Katalina était effrayée, et pour cause, ses pires craintes étaient, apparemment, sur le point de se concrétiser.


Dernière édition par Katalina Noblegriffon le Lun 4 Mai 2009 - 21:37, édité 2 fois
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Ranaghar Medel'hel
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MessageSujet: Re: [Terminé] Le Vil et la Noble   [Terminé] Le Vil et la Noble I_icon_minitimeDim 19 Avr 2009 - 22:26

Nous y sommes… L’heure de ma représentation, la grande première d’un nouvel artiste en ce monde bien sombre. Toutes les pièces s’étaient déplacées comme il convenait de le faire et des hauteurs, j’observais le convoi de Dame Noblegriffon avancer…
Comment en étais je arrivé ici ? A ce moment où les rideaux obscurs qui recouvraient mes desseins se levaient et où les acteurs de ma pièce s’animaient dans ce drame violent et sanglant…
Ce plan s’était mis en place doucement après ma déception dans les Ruines de Nisetia… Un plan simpliste dans l’idée… Un gamin aurait su l’imaginer, mais combien aurait eu le cran et les moyens de le mettre en place ?

D’abord, il me fallu aller à Dross… Cette misérable cité trouvait son intérêt dans les humains prêts à rendre service pour une somme coquette, et par chance, l’argent n’était pas ce dont je manquais le plus. Ces individus seraient plus discrets en terres humaines… Et je les craignais moins que des drows… Car chez mes semblables, la fidélité n’a pas qu’un prix en écus, elle n’existe que tant qu’intérêt pour eux il y a… Et cela ne m’arrangeait pas.
Enfin, l’avantage de ces humains figurait dans la dernière scène du premier acte, mais je ne vais pas dévoiler cette fin, il serait idiot que tout les éléments surprises vous soient donnés maintenant.

Je recrutais donc cinq de ces humains stupide, promettant des sommes importantes une fois le boulot terminé et je leur expliquais vaguement mon plan, entrant dans les détails que quand ils demandaient des précisions.

Ensuite, une semaine avant le moment prévu pour l’attaque, j’envoyais une missive, usurpant l’identité d’Estel Serindë d’Etherna, la fameuse baronne qui serait en ce jour responsable des malheurs de la pauvre Katalina… Je soignais la présentation avec une réplique approximative du sceau de la baronne… J’espérais juste qu’elle ne relèverait pas les erreurs dans celui-ci, sinon mon plan serait entièrement remis en question... Mais sa présence sous mes yeux me rassurait désormais, elle était bien venue.

La dernière étape enfin, consistait simplement à pénétrer le duché discrètement et se placer sur la route, dans un terrain assez bosselé et boisé pour y faire une embuscade… Et nous y voila.

C’était le soir avant le grand jour et je décidais de discuter un peu avec ces humains… Durant les jours passés ensemble, je ne m’étais pas vraiment attardé sur leur cas, et je ne comptais pas le faire… Ils pouvaient mourir, cela ne m’intéressait pas, ils étaient des pantins dont je me servirais à ma convenance, ensuite je les laisserais et leurs fils se rompront d’eux même.

Comme toutes les discussions que nous avions eut jusqu’alors, je demeurais dans le cadre stricte de la mission et leur expliquait le déroulement du combat, car oui, même un élément aussi imprévisible qu’un combat avait été réfléchis par avance… J’étais ainsi fait, je me méfiais du hasard et j’essayais toujours de l’évincer.


- Bon… Nous y sommes bientôt, alors voila comment cela se déroulera… Quand l’escorte arrivera à proximité, j’userais de mes compétences pour installer un brouillard compact. Ils ne nous verront pas mais nous ne les verrons pas non plus, c’est pourquoi je vous demanderais avant de charger de bien mémoriser la position et la formation qu’ils prendront… Nous chargerons à travers la purée de pois et profiterons de l’effet de surprise pour nous débarrasser de l’escorte.

L’objectif est de neutraliser les gardes avant que la magie ne s’estompe, il vaudrait mieux ne pas se retrouver dans un combat régulier avec ces types là, c’est bien comprit ?


Ils approuvèrent l’idée qui, au fond ne comportait pas vraiment de risque… Un trois pour un était délicat, mais avec un effet de surprise et mes pouvoirs, le rapport n’était pas si défavorable.
Sur ces dernières indications, je les laissais autour du feu et m’isolais, comme j’en avais pris l’habitude depuis que je voyageais avec eux. Je savais qu'ils se racontaient leurs histoires, leurs aventures, leurs conquêtes et les plus belles femmes qu'ils avaient possédé... Mais ces choses là me laissaient indifférent et je ne partageais rien avec eux, que ce temps à attendre.

C’est un bon résumé de mon parcours, du cheminement jusqu’à cet instant crucial. Ma magie était lancée… Le temps était maintenant compté et il ne fallait pas rêvasser. Mes hommes étaient totalement et pleinement concentrés, les armes tirées au clair, ils fixèrent jusqu’au dernier moment l’ennemi… Cette garde rapprochée qu’ils allaient devoir percer même si la formation n’avait pas eu le temps de s’achever.

Alors que les mercenaires se concentraient sur la position des gardes, moi je distinguais brièvement la faiblesse de la défense, cette faiblesse que j’allais exploiter.
Quand le brouillard fut installé, l’assaut fut donné… Les cris de rage, si proche des cris de guerre, des hurlements d’animaux, résonnèrent et nous nous lancions à corps perdus et aveugle dans une bataille.

Durant cette charge, je ralentis volontairement le pas, laissant mes compagnons s’engager avant moi. J’avais un chemin tout tracé pour ma part, et deux gardes sur ma route… Mes lames une nouvelle fois sorties, je me ruais sur eux, prêt à les amener au trépas.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Le Vil et la Noble   [Terminé] Le Vil et la Noble I_icon_minitimeLun 20 Avr 2009 - 19:16

Existe-il une créature plus fourbe qu’un drow ? Le plan de celui qui attaquait le petit convoi ne laissait aucune place au hasard, il avait analysé chaque détail et avait su employer la protection la plus efficace : la magie. Dès lors que la brume les avait lentement enveloppés, les soldats avaient vu leur chance de victoire fortement réduite. Leur monture, qui jusqu’alors constituait un avantage certain, devenait un fardeau inutile, un point faible qui réduisait leur champ de vision en leur cachant le sol. Les mercenaires assaillants gagnaient donc une cachette de choix afin de leur porter un premier coup fatal, que ce soit en s’attaquant directement au cheval, ou bien en s’en prenant à leur jambe. Ils le savaient tous, et un silence nerveux s’était installé. Et puis, un cri.

- Ils sont là !

La bataille venait de commencer. Rapidement, le silence ne fut plus qu’un vague souvenir, remplacé par une toute autre ambiance, chaotique et bruyante, où le bruit des lames se rencontrant donnait le rythme. Les cris rageurs ponctuaient l’affrontement, sans que rien ne permettre de savoir d’où ils venaient. Parfois, un hennissement strident venait ponctuer tel un point d’orgue cette morbide symphonie. Ainsi était la Voix des Armes. Efficaces, les brigands ne s’encombraient d’aucun scrupule inutile, privilégiant les attaques en binôme. Un premier garde tomba, puis un second, tout deux fauchés avant même d’avoir compris de quoi il en retournait.

Un équilibre précaire s’installa pourtant rapidement, promesse d’une longue lutte. Passant d’un adversaire à un autre, les attaquants se jouaient des défenseurs, mais ils ne parvenaient plus à les tuer aussi facilement qu’au début. Certains avaient décidé de démonter, si bien que l’incertitude s’était installée : on évitait d’attaquer sans réfléchir, des éclats de voix venaient par moment couvrir le brouhaha de la bataille, alors qu’on tentait de s’organiser. Mieux préparées, les troupes du sombre gardaient tout de même l’avantage, réduisant lentement mais surement l’écart des forces en présence, au grand drame des protecteurs de la négociante.

Suivant le plan imaginé par son esprit retors, le drow fondait sur sa proie, sa première victime, un bleu nouvellement recruté, n’avait même pas eu l’occasion de se défendre. Il s’était d’abord concentré sur les ordres donnés par son supérieur, tentant de calmer la peur tenace qui le tenaillait et n’avait par conséquent pas eu le temps de dégainer sa lame. Son hésitation lui aura été fatale, et il n’offrit aucune résistance à son meurtrier. Plus qu’un combat, ce ne fut qu’une sommaire exécution. N’accordant pas même un regard à la dépouille encore chaude de sa victime, Nhilantar se rua sur son deuxième adversaire, s’engageant dans un duel qui devait durer plus longtemps qu’il ne l’avait d’abord espéré.

Katalina, pour sa part, sentait la panique l’envahir. Elle avait beau tenter de se concentrer sur les paroles rassurantes de Reldas, elle avait chaque seconde plus envie de lui arracher les rennes des mains et de talonner sa monture afin de fuir ce chaos. Après tout, elle possédait une des meilleures montures de tout Serramire, l’ayant faite spécialement venir de l’élevage de Langehack le plus réputé. Tout autour d’elle, on s’agitait, on hurlait, on souffrait, et elle avait du mal à ordonner ses pensées. Contrairement à la négociation, le combat était une chose sur laquelle elle n’avait aucune prise tangible. C’était à peine si elle savait par quel bout tenir une épée, alors se retrouver au cœur d’une véritable bataille la dépassait totalement.

- Je vais lâcher vos rennes, ne faites rien de stupide.

Il n’attendait pas vraiment de réponse, si bien que la noble avait repris le contrôle de sa monture à peine eut-il terminé sa phrase. S’en saisissant fermement, elle renonça à la tentation et resta parfaitement immobile, jetant des regards dans toutes les directions. Le pire était d’entendre mais de ne rien voir, le combat perdait alors tout son sens et elle n’avait aucune idée de son issu. Elle parvenait à peine désormais à distinguer Reldas, et rien que l’idée de le voir disparaître de son champ de vision lui retourna l’estomac. Si bien que quand elle vit un bandit se jeter sur son protecteur, elle lâcha la bride à sa panique. Talonnant brutalement sa monture, elle manqua de démonter quand celle-ci parti au grand galop.

- Dame, non !

Ce fut à peine si elle entendit le cri, ses oreilles ne lui envoyant plus les informations sur son environnement que par bride décousues. Seulement, ce qu’elle n’avait pas remarqué, c’était que les combattants l’évitaient soigneusement. Elle croyait avoir à faire à une attaque « banale » et non à une tentative d’enlèvement. Aussi, plutôt que de les fuir, elle se jetait sans réfléchir dans la gueule de ses agresseurs. Elle en eut rapidement la confirmation quand elle sentit son cheval s’effondrer sous elle avec un hennissement désespéré. Elle roula avant de s’arrêter douloureusement, déboussolée et meurtrie. Quand enfin elle parvint à fixer son regard, ce fut pour voir un homme, épée levée, juste devant elle. Pour autant ce ne fut pas cette vision qui lui arracha son cri de pure terreur, mais plutôt celle du même homme s’écroulant au sol en hurlant, la main tranchée nette par un Reldas furieux. Une fois s’être assuré que l’homme ne ferait plus de mal à sa patronne, le massif guerrier lui tendit la main.

- Montez !

Dans un état qui l’empêchait de réfléchir clairement, Katalina se contenta de faire ce qu’on lui disait. Elle se retrouva propulsée sur le devant de la scelle, un bras fermement passé autour d’elle, surement pour l’empêcher de s’enfuir à nouveau.

- Je vais vous sortir de là, mais vous devez me faire confiance.
- Pourquoi ? Qui ? Vous comprenez ce qui se passe ?
- Non, et ce n’est pas le plus important. Maintenant, taisez-vous et laissez-moi me concentrer !

Ce qu’il ne savait pas, c’était qu’un drow au cœur noir avançait vers lui, ses deux armes prêtes à l’envoyer rejoindre Tari. Surement l’aurait-il remarqué s’il ne lui avait pas tourné le dos.
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Ranaghar Medel'hel
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MessageSujet: Re: [Terminé] Le Vil et la Noble   [Terminé] Le Vil et la Noble I_icon_minitimeMer 22 Avr 2009 - 14:10

Le décor brumeux était posé et désormais, le drame chaotique et sanglant se jouait sur ce sentier. J’entendais l’agonie, la souffrance et la mort… J’entendais le bruit des lames s’entrechoquant, se brisant sur les armures des gardes… Je ne pouvais que me sentir plus vivant dans cette ambiance, un drow était né, taillé pour apprécier à sa juste valeur une telle atmosphère. Mais je devais calmer mes envies de me défaire de plus d’ennemis que nécessaire, je devais rester concentrer sur mon seul et unique objectif.

Le premier des gardes que je croisais n’offrit aucune résistance, sans doute un débutant qui n’avait jamais du faire face à un vrai combat. Avant qu’il ait pu tirer la lame de son fourreau, sa tête n’était déjà plus sur son épaule et alors que la tête touchait tout juste le sol, j’étais déjà aux prises avec le second.

Des incapables… Dans cette escorte il y avait des humains si misérables qu’ils n’étaient pas même en mesure de protéger leurs propres vies, comment espéraient-ils protéger cette noble ?

Le second fut par contre plus difficile, un homme avec plus d’expérience qui, en entendant son camarade mourir avait comprit que je venais vers lui. L’échange fut agressif et plus long que je ne l’aurais voulu… Les secondes s’écoulaient, de précieuses secondes puisque mon camouflage n’était que temporaire, enfin, je sus me créer une ouverture et sa gorge fut tranchée d’un coup sec et net. Son corps s’écroulait alors que je m’immobilisais pour repérer ma cible.

Puis j’entendis une voix non loin, et les propos étaient encourageant, ils m’indiquaient qu’elle était là. J’avançais vers elle, les pas silencieux, totalement invisible dans la masse brumeuse. Les combats diminuaient autour à mesure que les hommes mourraient… Moins il y aurait de survivants, mieux je me porterais.

Je rangeais ma plus longue lame aussi discrètement que possible et courait vers la monture que j’avais repéré au son afin de prendre un élan suffisant pour bondir. Ainsi je me retrouvais derrière le chef de la garde mais je ne lui laissais que le temps d’être surpris de ma présence avant que ma lame tranche sèchement sa gorge. L’ombre silencieuse et meurtrière avait fait sa troisième victime et j’avais à présent un moyen de m’enfuir rapidement et simplement. D’une main, je me saisissais des rennes, de l’autre je poussais l’homme afin de coincer Katalina… Elle se retrouvait bloquer sur ce cheval, entre la crinière et le corps inerte de son cavalier, sans possibilité de se dégager.

Sans perdre plus de temps, je donnais deux coups de talon sur l’arrière train de l’animal, lui ordonnant d’accélérer l’allure et je me mettais à foncer d’abord droit devant moi, ignorant ce qui pouvait se trouver devant… Au galop, j’eus tôt fait de m’extraire de la brume magique dont l’effet s’atténuait maintenant aussi rapidement qu’elle était apparue. A peine sorti, je prenais la direction de la Forêt d’Aduram, laissant mes compagnons survivants à leur sort alors que la brume disparaissait totalement.

Nous avons galopé pendant plus d’une heure, j’entendais ses gémissements, ses plaintes sous le cadavre de son compagnon mais je ne disais mot, je me concentrais sur ma route, sur le fait de maintenir ce cadavre en place.
Au abord d’une petite rivière au courant faible, je démontais, tenant toujours la plus courte de mes lames… Je pouvais me permettre une petite pause avant de sortir du territoire humain, j’avais prit soin d’éviter les hameaux et les villages, ne pas me montrer et ne laisser aucun indice.
Je tirais sur l’une des jambes du cadavre, le but était de le faire basculer au sol, entrainant la noble dans sa chute. Toujours sans dire le moindre mot, je la fixais là, à mes pieds, toujours dans les bras d’un être dont la vie avait depuis longtemps été prise, elle était maculée de son sang… Pauvre petite chose découvre l’horreur des combats.


J’avais réussi… Tout s’était déroulé comme je l’avais voulu, mise à part un contre temps, une blessure superficielle, cette opération était une complète réussite. Ceux qui auraient été en mesure de me reconnaître étaient sans doute morts lors de la bataille, et c'était là toute leur utilité... Me laisser le temps de m'emparer d'elle. Un drow n'agit il pas que par intérêt... Le votre, chers camarades est devenu nul au moment où je quittais la brume. Et surtout, ma proie était désormais entre mes mains, offerte et soumise à ma volonté, mes caprices mais surtout ma folie.
Oui petite Katalina… Tu aurais difficilement pu tomber entre pire mains, mais que veux tu, c’est ça d’être une négociante qui a réussit sa vie. Je me décidais à lui parler, le ton froid, dur, autoritaire, je ne peux mieux le définir. Le ton devait être donnée, elle était menacée et à présent soumise. Elle était mienne jusqu’à ce que je me décide à lui rendre la liberté, et elle allait l’apprendre.


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MessageSujet: Re: [Terminé] Le Vil et la Noble   [Terminé] Le Vil et la Noble I_icon_minitimeMer 22 Avr 2009 - 19:05

Cinq gardes gisaient face contre terre, leur monture à leurs côtés ou enfuie dans la nature. A cela venait s’ajouter les trois meurtres perpétués par le drow, dans la plus grande discrétion. Du côté des mercenaires, on ne déplorait que deux décès, mais c’était déjà trop. Le rapport de force avait beau avoir chuté, il n’en restait pas moins fortement à leur désavantage. Les survivants commençaient d’ailleurs à le comprendre, sans pour autant entamer un début de fuite. La brume les protégeait, les rendant invisibles. Du moins c’est ce qu’ils croyaient.

Ils ne remarquèrent pas toute suite la lente dissipation de la brume, mais le phénomène s’accentua jusqu’à s’emballer quand leur commanditaire se fut assez éloigné pour ne plus pouvoir la maintenir. Rapidement, bien trop pour envisager un mouvement de replis, le soleil était venu éclairer de nouveau leur visage, mettant fin à l’ambiance si particulière de la bataille. Surpris, les protagonistes s’observèrent un court instant, durant lequel il n’y avait plus d’assaillants ni de défenseurs mais juste des hommes perdus. Ce fut un des défenseurs, ayant posé son regard sur le cadavre déjà froid d’un camarade, qui brisa le précaire équilibre ; talonnant violemment sa monture, il fonça sans réfléchir vers l’un des brigands survivants, et d’un violent coup d’épée, tenta de décapiter le malheureux qui eut tout juste le temps de plonger afin d’éviter la charge mortelle.

Est-il vraiment utile de décrire la mise à mort qui s’en suivit ? Les suppôts de Nhilantar n’avaient aucune chance, ayant perdu leur unique moyen de triompher. Il s’était sans doute imaginé que le drow avait prévu leur fuite, au moins inconsciemment. Mais c’était sous-estimer la perfidie de ces êtres à la peau aussi sombre que leur cœur. Il n’avait aucune raison de les secourir, et avait pris plaisir à imaginer cette conclusion morbide. Après tout, les siens n’étaient-ils pas en guerre avec cette vermine ? Quel meilleur moyen de le leur rappeler en les poussant à s’entretuer ?

- Il nous faut l’un des trois vivants !

Leur morbide devoir accompli, ils entreprirent de compter leurs morts. Un des Drossiens avait pu être assommé, mais il était mal en point et de toute façon, ils ne comptaient pas le voir passer la nuit. Une certaine frénésie s’emparèrent de la troupe meurtrie quand ils comprirent que Reldas et Katalina n’étaient plus avec eux.

- Vous voyez leurs corps ?
- Non…
- Y a le cheval de la dame Noblegriffon, ici !


Il se forma rapidement un attroupement autour de la pauvre bête. Les théories fusèrent, Reldas s’était-il enfui en voyant la dame mourir sous ses yeux ? Ou dans le but de la préserver ? Tous connaissaient le massif chef mercenaire, et peu était prêt à douter de lui. Il ne s’était surement pas enfui, les abandonnant à une mort probable, même pour protéger la noble. Surement aurait-il organisé la retraite s’il l’avait pu.

- J’ai trouvé quelque chose par là !

La découverte n’était autre qu’une improbable flaque de sang, située un peu en dehors de la bataille, sur les traces d’un cheval lancé au galop. Elle s’étalait sur plusieurs mètres, et ils ne surent qu’en conclure. Si un cheval avait subi une blessure assez importante pour impliquer une perte de sang aussi importante, ils auraient du retrouver son cadavre dans les environs, or il n’en fut rien. Ils durent se rendre à l’évidence : ils n’avaient aucun moyen de savoir exactement ce qui s’était passé, à part leur prisonnier…

*
* *


La petite vie agréable et confortable de Katalina Noblegriffon semblait avoir volée en éclat, laissant place à un cauchemar horrible et diffue, où plus rien n’existait autre que l’horrible pression qu’exerçait le corps de Reldas sur sa petite personne et son sang qui coulait en quantité abondante sur ses cheveux et son visage. Elle était terrorisée, mais avait rapidement du renoncer à son hurlement aigu au profit de sanglots hagards et spasmodiques, sa gorge en feu lui ayant retiré ce maigre réconfort.

Elle était bien incapable de dire depuis combien de temps le couvert des arbres avait pris la place du paysage monotone de la plaine. Depuis qu’elle avait senti le mercenaire basculé sur elle, l’écrasant bien malgré lui, elle avait perdu la notion du temps. Si elle s’était débattue au début, elle tentait désormais de se trouver la place la moins inconfortable - confortable n’était pas un mot qui pouvait s’appliquer à cette situation à la fois grotesque et morbide. La seule chose dont elle était certaine, c’était que quelqu’un avait froidement assassiné Reldas et l’avait par la même occasion enlevé. Et ce quelqu’un ne pouvait être qu’un drow. Elle ne pouvait voir que ses avant-bras, mais ils trahissaient sans l’ombre d’un doute ses origines.

Ses bras étaient inutiles, tout juste pouvait-elle s’en servir pour tenter de se soulever grâce à l’encolure de la monture, afin d’éviter de suffoquer. Le sombre voyait surement ça comme une tentative de fuite, car il augmentait régulièrement la pression qu’il exerçait sur le dos du malheureux guerrier. Son premier reflexe avait été de tenter de se saisir des rennes, dans le but de tirer assez fort pour que le cheval stoppe sa course effrénée. Malheureusement pour elle, le cavalier les tenait haute, trop pour qu’elle ne les atteigne, gêné qu’il était par le corps massif de Reldas. Son impressionnante musculature avait toujours été comme un réconfort pour la noble, qui y voyait la preuve qu’il faisait un bon défenseur. La triste réalité était tout autre, et elle savait désormais que de tels attributs ne suffisaient pas à vous maintenir en vie, dans le chaos d’une bataille.

Enfermée dans son monde de cauchemars et d’horreurs, elle ne se rendit même pas compte que leur course venait de se terminer. Elle fut durement ramenée à la réalité quand elle se rendit compte que sa prison de chair glissait lentement à bas de la monture, l’entraînant dans sa chute. Elle eut beau essayer de s’accrocher à la crinière garnie, elle ne parvint pas à éviter l’inévitable. Rebondissant durement sur le sol, juste à côté de son ancien camarade de voyage, elle retint un cri étranglé, avant de se recroqueviller sur elle-même, épuisée.

- Dis-moi, petite chose… Que ressens-tu ?

Elle ne comprit même pas la question, mais le ton qu’il avait usé lui fit l’effet d’une gifle. Elle n’avait pas l’habitude qu’on lui parle ainsi, et ses derniers repères venaient de s’effondrer avec cette simple phrase. Il lui avait fait comprendre qu’il n’avait aucune considération pour elle, et qu’elle était moins encore qu’un objet. Elle tenta de reculer, ne parvenait pas à quitter le regard rougeoyant de son tortionnaire. Elle se retrouva rapidement arrêtée par un Reldas qui regrettait surement de gêner ainsi la fuite de sa patronne depuis le monde de Tari.

- Qui... Qui êtes-vous ?

Sa voix était brisée, faible et anormalement aigue. Elle aurait voulu fermer les yeux et pleurer tout son soûl, mais elle ne pouvait pas. Elle n’osait pas quitter ces deux rubis qui la jaugeaient avec autant de suffisance et d’arrogance. Sa voix résonnait encore dans le creux de ses oreilles, et elle aurait presque voulu mourir sur le champ plutôt que d’endurer ce qu’il avait préparé pour elle. Car, elle le savait, comme une froide vérité qui ne souffrait aucune contestation, tout irait en s’empirant. Elle se laissa basculer en avant, quittant un instant son regard. Tout son corps la faisait souffrir à cause de sa récente « promenade ». Sa position actuelle - assise, les jambes repliées de chaque côté de son corps - tirait faiblement sur ses cuisses, mais elle ne le sentait pas, tant elle avait mal à la poitrine et au bras. Elle releva un visage ruisselant de larmes de fatigue et de douleur mêlée alors qu’elle tentait ce qu’elle savait, au fond inutile.

- Laissez-moi partir… Je vous en supplie.

Il n’allait surement pas être assez stupide pour se laisser attendrir, pas après le mal qu’il s’était donné. Mais elle n’avait pas pu s’en empêcher, tout comme un prisonnier ne peut s’empêcher de secouer les barreaux de sa cage dans l’espoir de les voir céder. Ses barreaux n’étaient autres que la volonté du drow à la garder en son pouvoir, et ils étaient aussi solides que leurs confrères de métal. Sentant un nouveau sanglot forcer son chemin le long de sa gorge, elle se força au calme. Inconsciemment, elle assimila la situation à une - très périlleuse - négociation, ramenant ainsi l’horreur à quelque chose de plus familier.

Sauf qu’on l’avait engagé sans la consulter dans une joute qu’elle avait toutes les chances de perdre.
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Ranaghar Medel'hel
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MessageSujet: Re: [Terminé] Le Vil et la Noble   [Terminé] Le Vil et la Noble I_icon_minitimeVen 24 Avr 2009 - 9:19

- Qui… Qui êtes-vous ?

Qui suis-je ? C’est une question intéressante… Qui serais-je à ses yeux ? Un bourreau qu’elle méprisera et craindra, un cauchemar ou une peur qui la fera trembler chaque nuit, qui la brisera, lui soutirant des larmes chaque fois qu’un élément me remettra au premier plan dans ses souvenirs ? Les deux, c’était mon intention, je veux devenir pour elle ce qu’elle regrettera d’avoir connu.
Je ne réponds rien, je veux qu’elle devine. Sa voix, son attitude était une bonne jauge et je comprends qu’elle sait, elle sait ce que je suis, ce que je tends à devenir dans sa vie. Je prends un malin plaisir à ne rien lui dire, son imagination m’aidera et sera à mon service.

Je me contente de la regarder, profitant de l’instant… La différence entre cette soumission et celle que j’ai déjà fait, sur des êtres humains vendus comme esclave est plaisante… Il y a moins de deux heures, cette femme était une grande dame chez les humains, respectée et influente… Elle incarnait une certaine forme d’autorité, un certain pouvoir chez les siens mais contre moi, devant moi, elle était brisée, pliée et suppliante, là… Oui, là se trouvait le véritable plaisir de celui qui veut dominer.

Mettre à genoux des faibles, des êtres n’incarnant pas la moindre autorité, ne représentant chez les siens rien de plus qu’un tas de chair supplémentaire… Un être déjà inférieur à soit, c’est bien moins gratifiant…
Maintenant, ce n’est pas chez elle que je trouverais la résistance tenace des braves qui mettent leurs honneurs et leurs dignités avant leurs vies… Ces hommes qui, quand ils sont en mauvaise posture garde un style hautain, riant des paroles les plus sèches et les plus froides, faisant bonne figure en prétendant que la douleur infligée n’est rien… Le jour où je tomberais sur l’un d’eux… Mais nous n’en sommes pas encore là.

Cette noble avait déjà renoncé, elle était déjà brisée alors que son malheur n’en était qu’à son commencement… Mais je comprends qu’elle n’est pas taillée pour les batailles, ni pour un enlèvement… Je vais contribuer à son initiation en quelques sortes… Aurais je droit à des remerciements quand tout ceci se terminera ?
Il était peut-être temps que je reprenne la parole… Je le fis, usant de ce ton supérieur et froid.


- Katalina… Tu n’es pourtant pas une femme sotte que je sache… Pense tu sincèrement que je vais te relâcher ? Allez, tu vaux mieux que ça… La grande négociante qui fait trembler plus d’un marchand sur ces maudites terres, je m’attendais à plus… Solide, tant pis.

Au bord de la rupture, je pouvais lui parler d’un programme qui ferait céder le peu de chose qui la retenait encore, de toute façon, elle s’en doutera bien.

- Profite bien des quelques instants qu’il te reste chez toi petite chose… Tu ne les reverras plus jamais, je vais te faire découvrir un autre pays, où ton argent et ton nom ne font pas de toi quelqu’un de supérieur à d’autres humains.
Je te laisse dix minutes pour pleurer ton homme, bien qu’il fut sot de me tourner le dos, ensuite nous nous mettrons en route, et sois sage pendant le long chemin, il serait bête que je change mes plans et t’abime avant d’être arrivé.


Une petite gentillesse, elle pouvait pleurer le mort et regretter qu’il ne soit plus là pour la protéger. La suite du plan serait simple, bien qu’un long voyage vers le Puy nous attendait… Ensuite, elle apprendrait une tout autre vie que la sienne… Celle d’une esclave soumise à la volonté d’un maître.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Le Vil et la Noble   [Terminé] Le Vil et la Noble I_icon_minitimeVen 24 Avr 2009 - 20:27

La pauvre Katalina était perdue. Elle n’arrivait plus à enchaîner deux pensées cohérentes, son esprit emballé cherchant désespérément une issu à cette solution cauchemardesque, sans succès. Cela ne pouvait pas être vrai, il s’agissait forcément d’un cauchemar horriblement réaliste. Elle allait bientôt se réveiller, en pleurs mais en sureté entre les murs d’Estel et Reldas se moquerait d’elle et de sa mine épouvantable, tout en la rassurant avec une de ses blagues bien à lui.

Plus que le drow qui lui faisait face, c’était sa voix qui la terrifiait. Chaque parole qu’il prononçait était comme un coup qu’il lui portait, et il savait viser là où ça faisait mal. Il lui avait suffit de lui répondre d’une voix presque condescendante mais ô combien méprisante pour briser ses derniers espoirs. Aucun miracle ne surviendrait, elle le savait désormais. Elle n’avait même plus la force de hurler, de toute façon c’était inutile. Il lui suffirait de la frapper pour la faire taire, et au final il l’emmènerait quand même dans cet « autre pays ». Elle ne s’interrogeait même pas sur la mystérieuse destination, son imagination s’en servait pour elle, et lui montrait un terrible volcan au cœur duquel vivaient les terribles sombres.

Autant pour dire adieu à son défunt mercenaire que pour s’occuper l’esprit, elle se tourna lentement vers le cadavre. Le teint cireux, la peau froide, les bras rigides, les yeux révulsés mais surtout la plaie béante à sa gorge ne mentaient pas : Reldas n’était déjà plus de ce monde. Elle savait que c’était son sang qui lui collait les cheveux, et cette pensée la rendait nauséeuse. Tremblante, elle toucha sa joue, sentant sous ses doigts une barbe naissante, avant de les retirer comme si elle s’était brûlée. Elle porta une main à sa bouche, réprimant un sanglot, puis se laissa tomber sur le ventre de son ancien protecteur et s’abandonna au désespoir, laissant aller sanglots et tremblements. Une nouvelle fois, le caractère irréel de la scène la rendait presque folle, et elle ne put s’empêcher de secouer convulsivement le corps dans l’espoir de le voir se réveiller.

D’un coup, sa main gauche buta sur un objet dur, qu’elle tâtonna discrètement dans l’espoir de deviner de quoi il s’agissait, et elle n’eut rapidement plus aucun doute sur la question. Son poing se resserra convulsivement sur le manche d’un poignard, mais elle ne changea en rien ses habitudes. De toutes façons, rien n’aurait pu arrêter ses pleurs, pas même un Reldas revenant parmi les vivants. Elle ne réfléchissait plus, ne pensait plus qu’à la lame qu’elle tenait et qui constituait désormais son unique chance de s’en tirer.

Les dix minutes passèrent lentement. Heureusement pour elle, elle était habile comédienne, son métier l’obligeant à présenter une personnalité totalement différente à chaque négociation. Elle était certaine que son ravisseur ne l’avait pas remarqué, et la preuve éclatante de son raisonnement était qu’elle tenait encore son arme. Katalina n’avait jamais manié de poignard, de dague ou n’importe quelle autre arme, mais cela ne lui paraissait pas important. Rien n’était important sinon le tuer et retrouver sa liberté avant qu’il ne soit trop tard. Elle espérait que sa troupe allait la rechercher un petit moment, et si elle parvenait à le semer, elle pourrait s’en sortir jusqu’à ce qu’on la retrouve.

Et puis, enfin, le drow parla, mettant fin à la terrible attente. Elle ne fit pas mine de bouger, restant affalée sur le pauvre Reldas, continuant à imiter de faibles sanglots. Comment réagit-il à son silence ? Elle n’en avait aucune idée. Elle n’attendait qu’une chose, qu’il s’approche, pour qu’elle puisse lui faire payer ses crimes. Elle se trouvait dans un état second, tendue comme un ressort, prête à frapper, frapper et frapper encore. Elle n’était plus que haine ; tout ce qu’elle voulait, c’était venger Reldas, venger les malheureux qui étaient morts durant l’attaque. Cela lui faisait presque peur, mais elle n’avait pas le choix. Plus que tout, elle voulait échapper à ses griffes pendant qu’il en était encore temps.

Il posa fermement sa main sur son épaule et tira pour la relever. Ce simple geste, que peu s’était permis depuis la mort d’Elyas, lui fit lâcher prise. Elle ne prit pas le temps de réfléchir, elle se laissa entraîner, se retournant autant de sa propre volonté que grâce à la poigne de fer du drow, et resserra sa prise sur la clé de sa libération. Avec un cri strident, Katalina attaqua quelqu’un pour la première fois de sa vie, avec la ferme intention de le tuer. La dague parcourut une ample courbe, se dirigeant tout droit vers le cœur de sa victime…

*
* *


Il y a un son que peu d’hommes peuvent entendre sans esquisser une grimace de dégout : celui du nez qui se brise. Même les mercenaires endurcis qui constituaient l’ancienne garde de Katalina Noblegriffon ne purent s’empêcher d’afficher leur dégout quand le poing de leur compagnon fracassa l’arrête nasale du prisonnier. Le sang se mit à couler en abondance, alors que le malheureux se tortillait pour pouvoir porter ses mains à son visage. L’homme qui lui retenait les mains derrière le dos ne se laissa pas attendrir, lui tordant même le poignet pour le calmer.

- Qui se cache derrière tout ça ?
- Bon nez… Arg… Salobard !

Avec un grognement irrité, le bourreau attrapa les cheveux de sa victime et le força à le regarder.

- Qui ?
- Sais bas… grand-chose… Byldar Nagromia, gu’il s’abelait…
- Tu peux pas être un peu plus bavard ?

Comme pour donner du poids à sa question, le mercenaire leva le poing. A voir son regard haineux, il n’avait qu’une envie, refaire un portrait peu flatteur au dernier survivant de ses attaquants.

- Il boulait… botre Noble. Bour demander une rançon… Sais rien de blus !

Et, surement pas à cause de la douleur - c'était un vaillant mercenaire de la Dross, tout de même - mais plutôt pour montrer sa sincérité, il lâcha un petit sanglot étouffé, tandis qu’il avalait une petite quantité de son propre sang. Levant le regard vers ses compagnons, Pradias interrogea ses camarades du regard. Proche ami de Reldas, il avait spontanément pris le commandement, et personne ne s’y était opposé. Il était clair désormais que le prisonnier ne dirait rien de plus. Hochant légèrement la tête, comme s’il avait trouvé dans le regard de ses hommes ce qu’il cherchait, il se ré-intéressa au bandit gémissant. Avec une brutalité insoupçonnée, il envoya de nouveau son poing, puis dégaina un poignard et l’enfonça froidement dans la gorge du geignard. Une exécution sommaire, et surement méritée.

- On doit retrouver dame Katalina avant qu’il ne soit trop tard… On suit la direction de la tâche de sang, et on verra bien ce que ça donne.
- On la retrouvera, t'en fais pas...

Pradias opina vaguement du chef. Pour Reldas, ils devaient au moins essayer. Essayer de retrouver la personne qu’il avait protégée au péril de sa vie.

*
* *


Katalina se retrouva étendue au sol, face contre terre. Son assaut l’avait vidée de ses dernières forces. Que s’était-il passé ? Elle était bien incapable de le dire. Son arme gisait non loin d’elle, mais elle ne se sentait pas le courage de s’en saisir de nouveau. Avec un gémissement, elle se tourna pour observer le drow, et ce qu’elle vit la terrifia.

- S’il vous plaît… Je suis désolée, je ne le referai pas…
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Ranaghar Medel'hel
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MessageSujet: Re: [Terminé] Le Vil et la Noble   [Terminé] Le Vil et la Noble I_icon_minitimeSam 25 Avr 2009 - 17:49

Je me demande ce qu’un être normal, avec un cœur commun pouvait ressentir face à cette situation… A-t-il des regrets, éprouve t’il des remords devant une femme en sanglots, désespérée de voir son protecteur gisant mort ? Elle le secoue, croit elle sincèrement qu’il va se réveiller et la tenir dans ses bras pour la rassurer ? Il est mort petite chose… Il n’est plus qu’un tas de chair dont j’aurais encore un usage.
Le sang à couler et il a laissé des traces, c’est pour ça que nous sommes arrêtés ma chère victime, c’est pour ça que je ne continue pas encore ma route. J’ai une surprise à faire à mes assaillants, un dernier coup à porter à leur moral avant de t’emmener dans mon antre… Disposer à loisir de toi, de ton corps et de ton esprit, à l’abri de leurs armes, de leur volonté de te protéger.

Le temps passe, tu sanglote encore et je m’impatiente, j’aurais voulu te voir prier un dieu quelconque, me supplier encore de te laisser en vie et libre, mais tu n’as rien fais… Puisse cet imbécile dont tu te sers comme prétexte pour pleurer ton propre sort, plus important à tes yeux que la mort de ton homme, entendre tes sanglots et dans l’autre monde savoir que sa vie fut un échec, me maudire de là où il guette, spectateur de ta déchéance, fruit de sa propre chute.


- Il est temps, petite chose… Relève-toi, nous partons.

Un ton ferme, autoritaire, je pense que cela suffira à la faire obéir. J’attends, j’attends mais rien, elle continue ses sanglots… Fichue humaine trop sensible, crois tu que sa mort et ton enlèvement soit le pire pour ta misérable existence ?
Je m’approchais, bien décider à cesser cette pause… Plus je passais de temps ici, plus je leur laissais une chance de me rattraper. Je les pense idiot, mais vient un moment où leur réaction se fait et comme des chiens, les voila à me chasser, moi le grand méchant loup à la fourrure noire, plus la distance entre eux et moi sera grande, mieux je me porterais, jusque dans les territoires drows.

Une main sur l’épaule, je tente de la relever sans aucune délicatesse et la fait pivoter vers moi. Un cri, mais surtout le glissement caractéristique du métal… Une dague ! Je n’avais pas prévu qu’elle puisse être agressive, la nature humaine est finalement ce qu’elle est, n’épargnant aucun être. Je ne peux qu’esquisser une esquive, m’abaissant et tentant de me dégager de la trajectoire. La lame s’enfonce dans mon épaule, la garde butant sur ma peau. Je ne hurle pas, je dois la débarrasser de cette arme au plus vite, et il n’est pas l’heure d’exprimer une douleur, cela lui ferait trop plaisir.

Je la saisis au poignet et le lui tord sans aucun soin, la faisant plier devant moi avant de lui mettre un coup de genou dans le ventre et la plaquer durement contre le sol avant de m’en écarter. Je retire sèchement la lame, la laissant tomber non loin d’elle, mais vu son état, cela ne devrait plus rien craindre. Un filet de sang s’écoule, la blessure est superficielle, je devrais juste prendre soin de la bander.

Elle me fixa, sans doute cherchait elle de la douleur, le moindre signe que son acte de folie avait eu un impact mais rien… Mon visage demeurait fermé, n’exprimant rien de plus que la froideur et la dureté auquel je l’avais habitué. Je m’approche d’elle, la fixant de mon regard de sang… Puis j’exprime soudain une joie, un sourire amusé, satisfait.


- S’il vous plaît… Je suis désolée, je ne le referai pas

Me prenait-elle pour un idiot ? Mais je suis content, elle regrette déjà, comprenant que ça n’avait servi à rien. Mais ne lui montrons pas de colère, surprenons la puisqu’elle s’attend à de la rage.
La voix étonnement douce, presque agréable.


- Je te pardonne petite chose… Tu as juste dévoilé tes traits humains, ton instinct de survie, comment pourrais je t’en vouloir ? Je sais que tu ne recommenceras plus, c’est inutile après tout.
J’ai une dernière chose à faire, si tu ne veux pas avoir à souffrir d’avantage, tiens toi tranquille.


Je lui tourne le dos, me dirigeant vers le corps de Reldas en tirant la plus courte de mes lames. Avec le pied, je le mets sur le ventre et retire à la lame les attaches de la partie ventrale de l’armure et l’en débarrasse assez vite. Et là… C’est la boucherie. Les coups d’épées se multiplient, tranchant plus ou moins profondément la chair.
Les minutes passent et le corps de Reldas n’est plus qu’un lambeau de chair ensanglantée que je traine au pied d’un arbre. Voila un cadeau pour ces chiens, un aperçu d’une folie fictive, une inquiétude et un exercice pour l’imagination… Qu’arrivera-t-il à Katalina entre les mains de ce monstre ?

Derrière moi, j’entends ma pauvre petite chose avoir un haut le cœur.
Je me tourne vers elle et lui sourit.


- Nous pouvons y aller.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Le Vil et la Noble   [Terminé] Le Vil et la Noble I_icon_minitimeSam 25 Avr 2009 - 19:53

Katalina ne savait plus quoi faire, sa dernière tentative s’était soldée par un cuisant échec et elle n’en pouvait plus. Son poignet lui faisait mal, et elle avait du mal à respirer, cherchant l’air avec l’énergie du désespoir. De nouveau, le regard dur et froid la clouait sur place, l’immobilisant mieux qu’aucune corde. Elle aurait voulu se lever et s’enfuir, mais elle sentait ses jambes trembler alors qu’elle était encore couchée au sol. Elle osait à peine respirer, attendant que s’abatte sur elle le déchainement de violence qui viendrait punir sa rébellion. Sa voix plaintive sonnait bizarrement à ses oreilles, mais elle n’y faisait même plus attention.

Et de nouveau, Nihlantar la prit au dépourvu en se contentant de la rassurer d’une voix douce. Si elle avait fermé les yeux, elle aurait été persuadée qu’un autre individu s’était rajouté à la scène. Mais non, elle était toujours seule avec son ravisseur, à son grand désespoir. Et le voir ainsi prendre sa défense et la rassurer était presque ce qu’il pouvait faire de pire. C’était comme s’il la flattait pour obtenir son obéissance. Ce n’était pas une gifle, comme lors de ses premières interventions, mais c’était presque pire. Elle n’était « qu’une humaine » et n’avait fait que suivre son « instinct de survie ».

Sa menace la rassura presque, tant cette nouvelle attitude la dérangeait. Quand il passa derrière elle, se s’assit difficilement, et résista à l’envie qui naissait au creux de son estomac de se lever et de prendre à ses jambes à son coup. Fuir cette folie, en somme. Mais elle savait qu’il était trop tard, ses jambes ne la porteraient que sur quelques mètres, et il avait un cheval. Massant doucement son poignet endolori, elle se tourna vers le drow afin de voir ce qu’il voulait. Elle eut un mauvais pressentiment quand elle le vit s’approcher du corps blanchâtre de Reldas, et ne put retenir un cri aigu quand il frappa une première fois.

Finalement, ce n’était pas sur elle qu’il s’était déchaîné mais sur le mercenaire, et elle voyait son corps devenir peu à peu méconnaissable.

- Arrêtez ! Laissez-le ! Pitié…

Elle ne savait pas pourquoi elle l’implorait ainsi d’épargner le cadavre de son ancien protecteur officieux. Peut être parce que la vue d’une telle violence aveugle la rendait malade. Elle sentait le gout de la bille acre emplir sa bouche et elle se sentait défaillir. Elle se laissa tomber devant elle, se rappelant au dernier moment qu’il était bon d’utiliser ses bras pour amortir sa chute, mais ne put détourner le regard de l’horrible spectacle qui était joué devant ses yeux.

- Arrêtez !

Il ne fit pas semblant de s’interrompre, peut-être parce qu’il n’avait même pas entendu ce cri faiblard qui s’était échappé de la bouche de sa prisonnière. Combien de temps dura ce nouveau cauchemar ? Pour répondre à cette question, il aurait fallu que le temps ai un sens, mais dans une situation où les coups s’enchaînaient sans que rien ne vienne troubler le bourreau dans sa morbide action, il n'en avait aucun. Le pire fut quand, vers la fin, un coup de lame perdu vint trancher net un œil. Cette vision, dépassant en horreur tout le reste, qui la fit flancher.

Plus que tout le reste, sentir la bile s’écouler du fond de sa gorge vers l’air libre la laissa vide et sans énergie. Elle parvint par un quelconque miracle à ne pas s’écrouler, mais resta immobile à sangloter doucement, ses larmes se mêlant au sang coagulé qui collait ses joues. Quand elle releva péniblement la tête, ce fut pour voir le drow trainé le cadavre réduit en charpie contre un arbre. Il se retourna ensuite vers elle et lui sourit.

- Nous pouvons y aller, petite chose.

Elle secoua lentement la tête, se remettant péniblement à genoux. Non… Elle ne voulait pas, elle voulait que tout s’arrête. Rien ne lui aurait fait plus plaisir que de se retrouver dans un de ses comptoirs, à sermonner un de ses employés.

- Non… Non… Non…

Elle commença à reculer, s’aidant autant de ses bras que de ses jambes, prise de tremblements incontrôlables.

- La baronne… me fera rechercher… Ils me retrouveront…

Elle buta contre le cheval, qui hennit faiblement avant de faire un petit écart sur le côté. Elle lâcha un petit cri surpris, détournant un instant son regard pour le porter sur la créature en colère. Elle ne savait pas pourquoi il restait tranquillement ici, alors que lui aurait pu s’enfuir sans que le sombre ne puisse rien faire pour l’en empêcher. L’espace d’une seconde, une nouvelle solution lui vint : celle de forcer l’équidé à s’enfuir. Son ravisseur n’aurait plus le choix, et ne pourrait plus s’encombrer d’une noble peu habituée à la marche forcée. C’est d’ailleurs cette pensée qui la retint, car elle deviendrait inutile, et elle avait vu ce dont il était capable…

- Qu’allez-vous me faire… ?

Après avoir posé cette question, elle se força à relever son regard vers lui, rencontrant de nouveau ces deux rubis. L’avenir pour Katalina se limitait désormais à ses réponses, elle était suspendue à ses lèvres et attendait désormais qu’il annonce sa sentence… Ou, comme il semblait aimer le faire, qu’il garde le silence pour la laisser imaginer à loisir.

Elle avait été choisie par le pire des bourreaux : le manipulateur.
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Ranaghar Medel'hel
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MessageSujet: Re: [Terminé] Le Vil et la Noble   [Terminé] Le Vil et la Noble I_icon_minitimeDim 26 Avr 2009 - 10:34

Ca y est, elle reprend peur. Pense t’elle que reculer me stoppera, me fera prendre pitié d’elle et que je la laisserais tranquillement ici ? J’avance doucement, la fixant avec un sourire charmant, agréable, rien qui ne pourrait menacer sa personne mais elle a découvert au-delà du voile de mon regard la véritable nature de son agresseur alors ce sourire ne fera que la faire trembler davantage.

- La baronne… me fera rechercher… Ils me retrouveront…

Enfin, des mots que j’attends, « ils me rechercheront ». Il est temps que je lui apprenne la vérité, l’étendu du bourbier dans lequel elle est tombée. Je me réjouis d’avance de sa réaction, mais pour l’heure, je continue d’aller vers elle… Trop de distance avec le cheval à proximité ne me plaisait pas.

Elle a fixé le cheval et je comprends qu’elle a eu une idée le concernant, avant de revenir en arrière… Il serait triste que tu finisses comme ton homme, n’est ce pas ? Allez, calme toi ma belle petite chose, pour l’heure c’est ta bêtise qui provoquera des blessures, pas moi.


- Qu’allez-vous me faire… ?

Elle me fixe, cherchant une réponse dans mon regard, mais je l’ai déjà habitué à lui faire des efforts, imaginer la suite des évènements. J’étais resté assez mystérieux, mais je devais lui dire quelques chose, je voulais briser ses espoirs restants en quelques mots, des doux mots qui la feraient chuter de cette colonne qu’était la Baronne et ses hommes.

- Dis moi, Katalina, penses tu que toute cette mise en scène était improvisée ? Que mes hommes et moi nous campions, on a entendu des sabots et on s’est dit «Oh, et si on les attaquait » ? Tu es intelligente, bien que la situation t’empêche de réfléchir, mais je vais t’aider… La Baronne ne sait même pas qu’elle aurait dû te recevoir comme invitée, elle ignorait jusqu’à l’existence de ce convoi.

Un temps de pause, je veux lui laisser un court instant pour imaginer la suite et avec un sourire amusé, un ton supérieur, presque comique.

- Je suis l’auteur de la lettre pauvre chose, tout ceci n’était pas qu’un hasard. Oui, ils lanceront des recherches, et c’est pour ça que j’ai mis dans cet état ton soldat… N’y vois aucune marque d’une rage, je ne ressens pas ces choses là comme vous, mais je veux offrir un cadeau et un exercice d’imagination à mes poursuivants.
Je te voulais, mais je ne te dirais pas pourquoi.


Et bien, Katalina… Te voila bien pâle, et quel est ce regard ? Tu semble surprise, choquée, terrifiée. Où est l’espoir que tu avais prit plaisir à préserver contre ton cœur ? Je crois qu’il a fuit en voyant mon regard, qu’il n’a pas su se montrer très courageux.
Mais tu auras tout le temps de méditer à ces paroles, il est temps de reprendre la route maintenant… Tu pourras pleurer en chemin, ne t’inquiète pas. Je te prends maintenant dans mes bras, te portant sans peine tant ton poids est léger. Je te mets en selle, tu es désormais une marionnette inanimée, dépourvu de cette volonté de te mouvoir, ma pauvre, tu dois vraiment me haïr, ou bien est ce ta stupidité ?

Je monte derrière elle, passant mes bras autour d’elle pour ne pas lui offrir une occasion de s’enfuir et je me saisis des rennes. Une dernière précaution, elle commence à saisir mon caractère mais je veux la prévenir.


- Essaie de rester utile, Katalina… Il serait bête que je me débarrasse de toi quand tu seras devenue sans intérêt. Tu peux te rassurer en te disant que ta vie a encore un sens.

Et sur ces mots, nous nous sommes mis en route vers la Forêt d’Aduram, la frontière n’était plus loin, les cloches de ma victoire également.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Le Vil et la Noble   [Terminé] Le Vil et la Noble I_icon_minitimeLun 27 Avr 2009 - 22:00

Les mots résonnaient dans sa tête mais pour l’heure, elle refusait d’en comprendre le sens. Elle se contentait d’observer Nhilantar, incapable de parler ou même de bouger. Qu’avait-il dit, déjà ? Que la lettre était un faux, et que la baronne ne l’avait jamais invitée. Peu à peu, la terrible vérité s’insinuait en elle et démolissait lentement le peu de résolution qui lui restait. Ce n’était pas vraiment d’apprendre qu’aucune aide ne viendrait de la baronnie d’Etherna qui la rendait pâle comme une morte. Non, c’était la lettre. Son ravisseur n’avait pas pu faire une copie parfaite du seau d’Estel, c’était impossible, il lui aurait fallu faire un moule à partir d’un cachet en cire. Il avait donc usé d’une copie, et elle aurait du être capable de s’en rendre compte. Si seulement elle n’avait pas pris cette demande avec autant de légèreté…

D’un seul coup, l’attaque prenait un nouveau sens. Le sang sur ses mains ne la répugnait plus de la même façon. Si Reldas et elle ne savait combien d’autres hommes étaient morts cette après-midi là, c’était autant de sa faute que celle du drow sanguinaire qui la narguait maintenant, fier comme un coq. La scène se rejouait sous ses yeux, et elle n’en était que plus cruelle. Sans elle, le mercenaire pourrait encore lancer ses piques grotesques en toute tranquillité, une dague ne serait pas venue trancher sa gorge.

- Non…

Cette remarque étouffée ne lui fit ni chaud ni froid. L’entendit-il seulement ? Katalina, en tout cas, ne faisait plus attention au monde qui l’entoure. Les paroles du drow glissaient sur elle, mais elles ne l’atteignaient pas. Pendant dix bonnes secondes, elle resta immobile, prostrée, à comprendre la conséquence de ses actes.

- C’est impossible…

Elle ne se rendit même pas compte qu’il l’avait soulevé. Ce n’est que quand il posa ses mains sur sa taille pour la maintenir en place qu’elle revint à la situation présente. Son regard fut attiré vers la dépouille sanguinolente comme un papillon de nuit peut l’être par la lumière, et il ne put dès lors plus s’en défaire. Elle était sale, couverte de sang, de sueur mais aussi de vomissures, mais rien ne dépassait en horreur le tas de chair qui reposait contre l’arbre. Elle remarqua alors que sa coiffe adorée était abandonnée à quelques mètres à peine de la monture, mais ne fit aucun geste pour tenter de la récupérer. Peut être le drow aurait-il accepté de la lui rendre, si elle avait trouvé la force de le lui demander, mais même ce qu’elle considérait comme étant le symbole de son indépendance n’avait plus d’importance. Comment pouvait-elle se réclamer indépendante, alors qu’un être était devenu maître de son destin.

Sous le puissant talonnement de son cavalier, la monture se cabra légèrement avant de partir en trombe. Cette brusque accélération prouva à la jeune femme à quel point elle était faible, elle sentit son estomac se retourner et manqua de dégobiller une seconde fois. Malgré elle, elle détourna le regard.

- RELDAS !

Où trouva-t-elle la force de lancer cet ultime cri ? Elle-même ne le savait sans doute pas. Cri du cœur, demande implorante de pardon, appel à l’aide et ultime tentative d’une femme qui a tout perdu, il perça l’air et se répercuta sur les arbres.

Peu de temps après, Katalina perdait connaissance, vaincue et épuisée. Se dernière pensée fut à Merwyn, et elle y trouva un maigre réconfort. Lui au moins n’aurait pas à subir son erreur, elle ne l’aura pas entraîné dans cet horrible cauchemar.

*
* *


- RELDAS !

La troupe se figea. Ils avaient tous entendu, mais aucun n’était sur, tant le son était tenu.

- Dame Katalina… ?
- J’en ai bien l’impression…

Les hommes se jaugèrent, comme pour savoir quoi faire ensuite. Cela ne dura qu’une seconde, après quoi Pradias opina du chef. Les montures furent talonnées et la troupe repartit, tentant désespérément de regagner leur retard. Ils étaient épuisés, l’attaque avait laissé des séquelles, des blessures qui n’avaient pas été soignées et qui les affaiblissaient tous petit à petit. Mais aucun ne se plaignait, aucun ne doutait et tous voulaient retrouver Reldas et Katalina…

Ils faillirent passer à coté du corps sans le voir, mais le hasard voulut qu’un rayon de la lune se fraye un passage entre le couvert des arbres. Exposée à la vue de tous comme un trophée macabre, la dépouille massacrée les figea tous d’horreur. Ils restèrent trois bonnes minutes immobiles, incapable de parler, a l’exception d’un seul qui démonta pour ramasser la coiffe de leur employeuse.

- C’est la coiffe de la dame… Pradias ?

Il n’eut aucune réponse. Pradias observait son ami, les yeux en larmes. Et puis…

- RELDAAAAAS !

Une nouvelle fois, la forêt toute entière résonna au rythme de ce cri déchirant. Pradias dégaina, et talonna brutalement sa monture, qui hennit avant de se lancer à la poursuite du fou furieux qui avait défiguré la dépouille de son meilleur ami. D’abord surpris, ses compagnons restèrent immobiles, avant de dégainer à leur tour, et de s’élancer à la suite de leur chef.

On aurait cru que la guerre s’était abattue sur la d’ordinaire paisible forêt d’Aduram. Plus que des cris, des hurlements s’échappaient des gorges. Se moquant du danger d’une telle entreprise, ils avaient lancé leur cheval au grand galop, évitant parfois d’un cheveu les troncs centenaires mais ne faisant pas mine de ralentir. Ils étaient réduits à un déluge d’émotions contradictoires et meurtrières.

La vengeance s’élançaient aux trousses de Nhilantar, sans précautions ni discrétion. La vengeance brutale et sans appel d’un peuple se rebellant contre la barbarie d’un autre.
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Ranaghar Medel'hel
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MessageSujet: Re: [Terminé] Le Vil et la Noble   [Terminé] Le Vil et la Noble I_icon_minitimeMer 29 Avr 2009 - 9:09

- RELDAAAAAS !

Un cri si proche… Déjà ? Je me suis trop attardé et j’ai sous-estimé la réactivité de ces hommes. Cela ne doit pas se voir, ma surprise ne doit pas être dévoilée à mon invitée qui déjà doit retrouver un peu d’espoir en entendant ce cri…

Un plan… Il me faut vite un plan car ce cheval doit se reposer, moi aussi et avec des ennemis aussi proche, même dans la Forêt d’Aduram, je ne pourrais pas monter un bivouac. Qu’ai-je entre les mains, quelles sont les cartes que je possède face à ces gardes ? La première est évidente, la nuit.
Je dois me servir de celle qui est comme une mère, couvrant et cachant au monde mon horrible facette… La nuit et sa fille l’ombre sont mes protectrices, protégeant le meurtrier que je suis du regard des autres.

Un rapide inventaire de ce que je possède, de la situation actuelle me ramène à un unique plan à double tranchant mais qui, dans des conditions favorables me fera obtenir la victoire… Sur ces gardes mais surtout sur l’espoir de Katalina, fluctuant au fil des évènements. Allez, il est temps de tisser ma toile, de mettre en place un piège à la hauteur de mes poursuivants… Simpliste mais efficace bien que peu original.

Je trouve le bon endroit tout d’abord, du moins, un qui conviendra.
Un chemin étroit, laissant peu de place à des cavaliers pour évoluer… Plus leurs mouvements et leurs capacités à se battre seront réduite, plus mes chances seront grande de les briser ici, dans ces bois, de façon définitive.
Je suis lassé de les avoir derrière moi, de sentir leurs présences et de craindre de les voir débarquer par surprise pour reprendre ce qui me revient, ce qui m’a couté du temps et des efforts.

Je m’approche d’un arbre qui conviendra et je démonte, entrainant Katalina avec moi et la dépose sans délicatesse, assise contre l’arbre avant de faire passer rapidement une corde, la liant solidement à cet arbre… Elle a le loisir de crier, au fond, cela me donnera un avantage… Elle les fera venir ici.
Une fois attachée, je me place accroupit devant elle et lui sourit avec douceur.


- Je veux que tu sois bien sage… Je te fais confiance pour ne pas gâcher la surprise à tes hommes, il est si bête de faire tomber les rideaux avant que ne commence le spectacle… Regarde bien… La pièce qui va se jouer devant tes beaux yeux et celle du combat d’un loup contre des hommes… La puissance et l’intelligence du chasseur sur la bêtise des gardes.

Je me relève et m’écarte, bredouillant des mots incompréhensibles sauf pour un mage… Ces mots posent autour de Katalina ce filtre qui bloque les sons… Tout ce qu’il dira ou criera ne saurait dépasser ce sort et je peux donc continuer à préparer le piège sans craindre d’elle la moindre trahison.
J’éloigne le cheval… Pas trop mais suffisamment pour qu’il ne soit plus vu ou entendu, peut-être penseront ils que, par peur d’être rattrapé, j’ai laissé ici cette noble et me suis retiré aussi vite que possible… C’était un scénario possible.

Je reviens près de cet étroit chemin, décor d’un nouveau drame sanglant… Plongé dans les ombres, j’entends les sabots au galop approcher… Voila les acteurs principaux… Katalina, ma si charmante invitée… Regarde, regarde ces brebis égarées dans la nuit affronter le loup noir.
Je lance un sort de furtivité, tire mes épées et je me fonds parfaitement parmi mes sœurs.

Allez, venez donc, vous qui souhaitez tant la libérer, vous qui souhaitez tant me provoquer.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Le Vil et la Noble   [Terminé] Le Vil et la Noble I_icon_minitimeJeu 30 Avr 2009 - 21:20

La pauvre Katalina fut tirée brutalement des bras de l’inconscience quand elle sentit son corps basculer. Soulevée une nouvelle fois par Nhilantar, elle n’esquissa pas l’ombre d’un geste pour se libérer. Elle était fatiguée, tellement fatiguée, qu’elle n’aspirait plus qu’au repos. Et comme tout cela se révélait assez réel pour survivre à un sommeil sans rêve, alors elle n’avait aucune envie de lutter. Retourner dans ce cocon confortable qu’était la perte de conscience, là où rien n’avait d’importance. Mais il fallait croire que le drow en avait décidé autrement, avec une cruauté typique de son lignage.

La rude rencontre de son dos contre un tronc d’arbre qui aurait pu être en métal lui fit comprendre qu’il l’avait lâchée par terre tel un sac pesant trop lourd sur ses épaules. Le petit cri de surprise et de douleur mêlées ne sembla pas l’atteindre, comme aucun de ceux qu’elle avait pu pousser, d’ailleurs. Elle avait la gorge en feu d’avoir trop crier, et pas une fois il ne s’était laissé émouvoir. Et désormais elle gémissait doucement, toutes les douleurs se réveillant en même temps. Elle sentit une lourde corde pesée contre son ventre, et avant qu’elle ne puisse esquisser un mouvement elle était déjà solidement attachée à son « dossier » improvisé.

- Qu’allez-vous me faire… encore ?

Elle avait la voix rauque, horriblement rauque. Pour tout dire, elle la reconnaissait à peine, et ne voulait surtout pas savoir à quoi ressemblait la jeune femme qui venait de parler. Elle n’avait qu’à sentir ses cheveux tout emmêlé et crasseux pour craindre le pire. Elle n’avait jamais eu l’occasion de tester l’étonnant mélange du sang et de la poussière mais doutait que ce n’était pas la meilleure des thérapies pour une chevelure.

Elle le vit alors s’accroupir devant elle, et de nouveau elle se sentit happée par les rubis sanglants qui lui servaient d’yeux. Ils auraient pu être beaux, s’ils n’avaient pas eu cette étrange capacité de capter le regard et de mettre à nue leur victime. Et leur couleur sanglante ne faisait que rajouter à cet étrange pouvoir, comme si la teinte du fluide vital de tout être induisait une macabre fascination. Sauf que Katalina n’était pas fascinée, elle n’était pas un papillon de nuit qui tournait autour d’une lumière par pur reflexe, sans aucun espoir de survie. Elle allait survivre, elle le devait.

Elle se rendit soudain compte d’un bruit qu’elle n’avait pas noté. Un brouhaha qui l’accompagnait depuis son réveil. Des cris, sauvages et guerriers, des appels au carnage. Sur l’instant, elle ne put s’empêcher d’avoir peur, se demandant pourquoi le sort semblait s’acharner sur elle avec autant de ferveur. Fallait-il donc que le marchand soit vraiment voué à être un serviteur du diable, et que les Dieux la punisse de ses « crimes » du passé ? Pourtant, si elle n’était pas un ange, la noble ne s’estimait pas machiavélique. Elle avait toujours tâché de rester la plus honnête possible, se permettant bien sur quelques entorses quand la situation l’exigeait, mais le plus rarement possible. Elle ne méritait pas un tel acharnement.

Fatiguée, se sentant étrangement vide, c’est à peine si elle entendit le discours moqueur de son tortionnaire. Elle ne trouvait même pas la force de le haïr, pas encore, pas avant de s’être assez reposée pour penser clairement. Pour l’heure elle ne cherchait qu’à échapper à son regard, et parvint finalement à détourner les yeux. Qu’il aille au diable, elle se refusait de jouer son jeu et de se laisser terrifier. Cela ne sembla pas le déranger car, après avoir terminé sa petite tirade, il se releva souplement et éloigna sa monture, surement avec la ferme intention de l’attacher à une branche afin d’être tranquille avec son nouveau jouet. Elle crut l’entendre marmonner quelque chose mais chassa ce détail de son esprit. Elle se contenta d’attendre qu’il revienne, avec son sourire carnassier accroché au visage. Elle remarqua alors que le brouhaha infernal avait pris fin.

Une minute passa sans que rien ne se produise, mais le fait de voir son attente se prolonger finit par la faire sortir de sa léthargie. Que faisait le drow ? Avait-il décidé d’inventer un nouveau « jeu », à son insu ? C’était fort probable, et elle serra les dents à cette pensée. Se sentir réduite à l’état de marionnette… Elle en aurait hurlé si elle n’avait pas su cela inutile. Bien malgré elle, elle testa la solidité de ses liens, mais même sans compter son état de faiblesse intense, elle n’aurait pas pu mettre à mal la corde cruelle.

- Ca vous amuse donc tant que ça… Ca vous amuse ?!

La dernière phrase s’était faite dans les aigues, et un nouveau sanglot s’était échappé de la gorge opprimée, en même temps que sa tête s’affaissait. Elle tira une nouvelle fois, plus violemment, se faisant mal au poignet par la même occasion. Elle avait l’impression de devenir folle, alors qu’elle n’avait jamais été autant privée de libertés. Elle avait cru connaître le pire avec son mariage avec Elyas, mais elle comprenait désormais à quel point elle avait été privilégiée. Un mariage forcé, surtout avec quelqu’un d’aussi respectueux que feu son mari, n’avait rien à voir avec cet Enfer là.

Un mouvement attira son attention. Relevant la tête, elle eut du mal à forcer ses yeux à lui retransmettre une image nette. Quelle ne fut donc pas sa surprise quand elle vit se dessiner au loin les silhouettes de quatre cavaliers. Elle cligna des yeux, cherchant à chasser ce qu’elle croyait être une illusion, mais dut rapidement se rendre à l’évidence : ils étaient bien réels, et ils fonçaient vers elle. Prise d’un élan d’espoir démesuré, elle se tortilla, ne cherchant plus à épargner ses bras déjà mis à mal. Elle hurla, les suppliant de se dépêcher. Tout allait très vite, et elle avait peur qu’il revienne maintenant pour réduire une nouvelle fois ses espoirs à néant.

Elle ferma les yeux, s’arc-boutant dans l’espoir de se libérer, alors que le premier cavalier l’atteignait presque…

*
* *


La troupe ne prenait aucune précaution. Lancés dans un galop endiable, les chevaux évitaient parfois les arbres traîtres de quelques centimètres à peine, mais leurs cavaliers ne leur laissaient aucun répit. Mais ce ne fut pas l’une d’elles qui flancha la première, mais un des « tyrans ». Vaincu par la fatigue et la douleur occasionnée par ses plaies, il se laissa simplement tombé de son cheval, épuisé. Il n’y avait là rien de volontaire, juste la capitulation de l’esprit face au corps. Heureusement pour lui, il parvint dans un dernier reflexe à tomber sur l’épaule, évitant par la même occasion de se briser la nuque. Il laissa échapper un râle indistinct, se recroquevillant, son flanc en feu le torturant de milles tourments.

- Pradias !

Le silence se fit après que tous eurent stoppé leur monture. Un des cavaliers démonta et se jeta littéralement près du blessé, le forçant à se retourner et à le regarder.

- Tiens bon, Glenn. Tiens bon bordel !
- Ils prennent de l’avance !
- Et alors ?! On va pas l’abandonner là, bordel !

Esquissant une grimace agacée, Pradias finit pourtant par hocher la tête. Bien sur, qu’il n’allait pas abandonner un camarade de la sorte. Il soupira.

- Helgar, Flavrus, avec Glenn. Vous le ramenez à Odelian. On vous rejoindra une fois qu’on aura récupéré Katalina.

Ce qu’ils firent. Oh, il y eut de vaines protestations, surtout de la part d’Helgar, qui voyait d’un mauvais œil de se voir écarter de la « vengeance collective ». Sauf qu’il avait une très vilaine plaie à l’épaule, et qu’il avait besoin d’être soigné. Pradias ne lui laissa aucun choix à part celui d’obéir, et il finit par acquiescer. Les quatre rescapés talonnèrent ensuite leurs montures, désireux de rattraper leur retard.

Ils aperçurent Katalina quelques minutes plus tard, retenue prisonnière à un arbre. L’aspect singulier de la situation ne les frappa pas, mais il fallait dire qu’ils n’avaient pas envie de réfléchir. La voyant s’agiter, ils accélèrent l’allure, désireux de mettre fin à son cauchemar. Dans quel état elle se trouvait ! Ils étaient horrifiés, sincèrement. La robe en lambeaux, les cheveux en désordre s’égayant librement et chaotiquement sur les épaules et sur son visage, le tout saupoudré d’assez de sang pour lui donner l’air d’une folle enragée. Mais quelque chose clochait. Tirant brusquement sur ses rennes, le dernier de la file mit fin à sa course.

- Pradias, attend !

Son cri ne devait pas avoir de réponse. Et pourtant, il savait que quelque chose n’allait pas. Katalina s’agitait, il voyait ses lèvres bouger dans un ballet endiablé, et pourtant il n’entendait rien. Pas un son ne filtrait jusqu’à ses oreilles pourtant sensibles.

- Pradias, arrête-toi bordel !

Sauf que Pradias ne s’arrêtait pas, ni aucun de ses deux compagnons. Dans un ultime effort, Katalina s’arc-bouta, dans l’espoir futile de faire rompre ses liens. Et toujours ce silence qui émanait d’elle, alors que son corps subissait le contrecoup d’un effort intense.

Moins qu’une ombre, et le cauchemar commença.
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Ranaghar Medel'hel
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MessageSujet: Re: [Terminé] Le Vil et la Noble   [Terminé] Le Vil et la Noble I_icon_minitimeDim 3 Mai 2009 - 18:16

Les voila… Les acteurs qui continuaient de me déranger, mais je me servirais de leurs vies pour asseoir l’écrasante domination que j’avais sur l’esprit de ma poupée… Espère ma chérie, espère que je sois parti préparer un sale tour contre toi et que je n’ai pas fais attention à ces imbéciles au combien bruyant. 
Tu as provoqué cette scène en criant, en les alertant de ta proximité, tu m’as forcé à les éliminer quand ça ne faisait pas parti du plan originel… Mesure ma belle, l’étendue de ta bêtise et regarde ce que tes cris ont provoqué.
Ils sont quatre, trois idiots et un plus malin et attentif que les autres… Je dois d’abord me débarrasser des trois qui menacent le plus de prendre ma douce proie, le dernier n’est pas trop gênant tant qu’il demeure à distance… Tu as flairé le piège mais ta distance de sécurité te rend momentanément inutile pour tes camarades.

L’un des gardes démonte alors que les autres semblent attentifs à ce qui se passe autour, mais qui a dit que je viendrais directement des côtés ? Je suis bien plus vicieux que cela, mais cela nécessitera un déplacement rapide, des coups de lames rapide et précis. Katalina, ces hommes me pensent si loin déjà… 
Il approche de toi, ses mots se veulent rassurant, tu voudrais répondre mais aucun son n’arrive à leurs oreilles tu sais, regarde ma chérie, vois la monstruosité de celui qui te tient entre ses griffes.
Je sors soudainement de derrière l’arbre, mes pas sont silencieux, ne laissent rien supposer quand à ma présence, mon approche… Et cette furtivité alliée à ma vitesse ne lui laisse pas le temps de tenter une manœuvre défensive quand sa gorge est tranchée, éclaboussant une nouvelle fois ma poupée du sang d’un de ses hommes. Je ne me repose pas pour autant, me glissant entre les chevaux des deux autres cavaliers qui réagissent tout juste en tirant leurs épées mais il est trop tard. Les gorges des montures sont tranchées et les deux dépouilles s’écroulent, bloquant par leurs poids les cavaliers étourdis par la chute. Le dernier éloigné lance sa charge, me forçant à presser le pas pour achever les deux autres avant d’entamer un duel contre mon adversaire.

Je retourne dans les bois sombres voisins, le guettant alors qu’il se stoppe net, descendant de sa monture et tirant son épée.

- Sors de là vermine ! Montre-toi que je puisse t’étriper !

Il a comme responsabilité de venger ses camarades tombés par ma lame, laver l’affront sur sa maîtresse… Je l’exauce et m’avance, le voile furtif est estompé, je n’en vois pas l’utilité à présent.
Un échange s’engage immédiatement, je peux lire dans son regard la rage, un désir meurtrier si fort… Que j’aime ces yeux. Il se montre habile de sa lame, profitant de la faiblesse de mon bras droit pour l’entailler. Le combat dure, plusieurs minutes s’écoulent, mes blessures bien que superficielles sont bel et bien présente… Mon nez saigne suite à un coup de coude, mon flanc est également atteint, ce type me pose vraiment des problèmes. 
Et finalement, il commet l’erreur, créait une ouverture et une lame s’enfonce dans ses côtes gauche, l’autre s’abat sur la cuisse droite. Les blessures ne sont pas mortelles, mais suffisent pour le mettre à terre, le rendant vulnérable. Je passe dans son dos et enfonce les deux épées dans les épaules, lui arrachant une nouvelle plainte, un cri de douleur sous les yeux horrifiés de Katalina.
Je fais le tour, tirant un simple couteau et m’accroupit devant lui alors qu’un filet de sang coule de sa bouche.


- Tu vas vivre, pauvre chien… Vivre parce que tu dois raconter. Tu es le témoin des horreurs, le témoin d’une déchéance. 

Je l’attrape au menton et le force à regarder Katalina.

- Tu vois cette femme qui désormais arbore des traits si misérable… Elle va tomber, celle qui était si puissante chez elle deviendra une esclave et vous, pauvres humains ne la reverrez jamais… 
Préviens les tiens… Avertis tes frères et sœurs qu’un loup sombre rôde, capable de faire couler tant de sang sans le moindre remord, sans une once de pitié. Raconte ce que tu as vu, ce que tu as ressentis, jusqu’à la douleur que je t’offre.


Et le saisissant plus fortement, je lui plante la lame du couteau dans un œil, le lui perçant dans un cri plus douloureux encore que les précédents avant de me reculer et me relever. Je refais le tour, retirant de ses épaules mes épées avant de les remettre dans leurs fourreaux respectifs avant de me saisir de son épée, lui transperçant l’une des jambes pour le clouer au sol et m’en éloigner… On le retrouvera très vite en suivant les pistes, il serait juste en train de geindre.

Je me détourne, allant vers Katalina, mon regard sanglant figé dans le sien, un sourire amusé, satisfait affiché sur mon visage. Je suis un monstre ma chère, une horreur comme tu n’en as jamais vu. Je lève l’enchantement et m’accroupis devant toi, prononçant avec douceur.


- Voila ce qui arrive quand on crie, ma chérie… Tu n’aurais pas fait l’idiote, tu ne les aurais pas avertis, ils vivraient encore tous. Tu es responsable et coupable de leurs morts à tout les trois, coupable de l’handicap qu’a désormais le dernier… Comprends-tu maintenant que ta sottise peut avoir de grave conséquence ?

Sans attendre une réponse, je retire le solide nœud tenant l’ensemble et attrape Katalina par les cheveux, la tirant pour la lever avant de lui attraper le poignet et la tirer avec moi vers l’endroit où se trouvait notre monture.
Je la remets en place, montant derrière elle et reprend la route, plus serein maintenant que mes poursuivants étaient brisés.
Dans quelques jours, elle découvrirait le Puy d’Elda, sa future maison et sa future vie d’esclave à mon service… Pas un mot ne serait prononcé de tout le trajet, et sauf si elle tentait de s’échapper, aucune blessure ne lui serait infligée, c’était mon intention.
Voila ma belle poupée, désormais il ne réside plus aucun espoir, du moins, je n’en vois aucun capable de résister à ces épreuves…
La suite arrive, le loup savourera son gibier.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Le Vil et la Noble   [Terminé] Le Vil et la Noble I_icon_minitimeLun 4 Mai 2009 - 20:42

- C’est fini, dame Noblegriffon… C’est fini.

Ne prenant même pas le temps de vérifier les alentours, Pradias démonta. Le soulagement de retrouver Katalina vivante avait pour un temps endormi toute méfiance. Le drow avait du abandonner son projet quand il s’était rendu compte que ses mercenaires n’avaient pas fait du si bon travail que ça, et que la troupe qui s’était élancée à ses trousses était trop conséquente pour un seul homme. Il ne regrettait même pas de ne pouvoir venger la mort horrible de son ami, pas encore. Il posa une main rassurante sur l’épaule de la noble et lui murmura quelques paroles réconfortantes, avant de se pencher pour la libérer…

Du moins c’est ce qu’il avait prévu de faire, sauf qu’une lame vint mettre un terme à ses projets, traçant son sillon vermeil dans la gorge dénudée. Pas un son ne filtra de sa bouche tandis qu’il s’effondrait, sans vie, sur une Katalina horrifiée mais totalement silencieuse.

- Dépêche toi, Pradias, on a pas que ça a faire…

Voyant qu’il n’obtenait aucune réponse, il tourna la tête vers son chef en même temps qu’il sentait sa monture s’effondrer sous lui. La masse inerte de sa monture lui écrasa la jambe, et il eut en plus le mal de tomber sur une pierre qui lui arracha un cri de souffrance. Miséricordieux, le responsable de son malheur ne lui laissa pas longtemps dans cet état de souffrance. Son camarade subit a peu près en même temps traitement similaire.

- Sors de la, vermine ! Montre-toi que je t’étripe !

La haine au cœur, le dernier survivant démonta. Il offrit un ultime combat au drow, un final digne de la représentation qu’il avait orchestré, et il en fut récompensé de la plus grandiose des façons…

*
* *


Katalina avait l’impression de replonger. Idiote, elle s’était permis d’espérer. Comment aurait-elle du réagir, quand elle avait senti les liens honnis se desserrer lentement et l’un de ses hommes lui murmurer que tout irait bien, que son cauchemar était terminé. Elle ne put s’empêcher de le presser, de cette même voix rauque qu’elle ne reconnaissait pas.

- Il va revenir, je sais qu’il va revenir.

Le fait que son sauveur ne semblait pas faire attention à ses paroles ne la dérangeait pas outre mesure, tout ce qui importait était de voir ses membres redevenir libres. Sauf que ce fut tout l’inverse qui se produisit, une masse importante de métal et de cuir venant s’ajouter au reste de ses liens sans qu’elle ne puisse rien faire. Même ses hurlements ne semblaient avoir aucun effet, les hommes qui les encadraient n’avaient même pas remarqué que leur compagnon était mort. A force de contusions, elle parvint à faire glisser le cadavre sur le côté, et elle put contempler ce que ses hurlements lui avaient caché. A quelques mètres de là gisaient deux cavaliers et leur monture, dans une mare de sang aux proportions impressionnantes.

Un peu plus loin s’était engagé un autre combat sanglant, et de nouveau elle sentit l’espoir renaître. Le drow ne dominait pas comme à son habitude, et sans être en difficulté, il passait autant de temps à défendre qu’à attaquer. Vibrant au rythme du combat, elle gémissait quand il atteignait sa cible et exultait quand elle le voyait faillir, surtout à chaque fois qu’elle devine qu’une faiblesse est due à son attaque puérile. Le drow l’avait surement pensé sans conséquences, mais les événements lui donnaient tord.

Et puis, l’impensable se produisit. Alors qu’il avait obtenu l’avantage en laissant libre court à sa fureur sur le bras gauche de son adversaire, l’ultime espoir de la noble commis la folle erreur d’être imprudent. La punition fut immédiate, et Katalina vit comme au ralenti la longue lame venir ajouter au valeureux guerrier une nouvelle blessure tandis que dans le même temps, la lame plus courte s’enfonçait douloureusement dans sa cuisse droite. Avec un râle impuissant, l’homme posa un genou à terre, sa main tremblante ne pouvant plus soutenir le poids de son épée, qui tomba au sol sans un bruit. Mais le drow n’en avait pas fini, non, car sans qu’il ne comprenne comment, il sentit la morsure épouvantable des épées se frayant un chemin parmi sa chair, et le choc de l’acier contre ses omoplates. Katalina hurla avec lui.

- Tu vas vivre, chien. Vivre parce que tu dois raconter. Tu es le témoin d’une horreur, le témoin d’une déchéance. Tu vois cette femme qui désormais arbore des traits si misérable… Elle va tomber, celle qui était si puissante chez elle deviendra une esclave et vous, pauvres humains ne la reverrez jamais… Préviens les tiens… Avertis tes frères et sœurs qu’un loup sombre rôde, capable de faire couler tant de sang sans le moindre remord, sans une once de pitié. Raconte ce que tu as vu, ce que tu as ressentis, jusqu’à la douleur que je t’offre.

Ses yeux embués de larmes peinaient à fixer la pauvre Katalina. La noble pleurait, affalée contre le tronc d’un arbre lui aussi témoin malgré lui de tant de souffrances. Elle ne put pas supporter la vision de la lame éborgnant le pauvre hère, tentant d’y échapper par tous les moyens possibles. Et elle en avait relativement peu. Fermer les yeux ne lui permettait de se soustraire à l’horreur des cris, et pleurer ne les effacer pas totalement.

- Néera… Pitié… Fais cesser ce cauchemar…

Ces plaintes ne devaient trouver aucune oreille compatissante, du moins pas sur l’instant. Aucune grâce divine ne vint sauver la noble et son mercenaire de leur cruel destin. Pire, cela sembla avoir l’effet inverse : le drow s’approcha et s’accroupit, cherchant à capturer une nouvelle fois son regard. Mais Katalina ne se laissa pas faire, elle détourna la tête, ne pouvant plus arrêter ses larmes. Il avait réussi, elle n’était plus qu’une poupée vide, le sang de ses protecteurs la brûlait et elle aurait voulu s’empaler sur l’un des cruelles épées de son bourreau. Car si elle échappait à ses yeux, sa voix perfide se frayait sans peine un chemin jusqu’à ses oreilles.

- Voila ce qui arrive quand on crie, ma chérie… Tu n’aurais pas fait l’idiote, tu ne les aurais pas avertis, ils vivraient encore tous. Tu es responsable et coupable de leurs morts à tout les trois, coupable de l’handicap qu’a désormais le dernier… Comprends-tu maintenant que ta sottise peut avoir de graves conséquences ?
- C’est faux…

Les restes éparts de sa personnalité tendaient à se regrouper. Comme elle aurait voulu pouvoir lui cracher à la figure, juste une dernière fois. Tout son être le souhaitait. Elle se savait perdue, après tout. Elle n’avait plus rien à perdre. Un dernier acte de liberté, avant de sombrer dans l’esclavage le plus barbare, celui d’un drow fou avide de sang. Avide de sang…

- Je ne les ai pas tués… C’est vous, seulement vous…

Elle se rendit alors compte que sa question n’attendait pas vraiment de réponse, car elle sentit les liens se desserrer. Et puis, brutale, une main vint saisir sa chevelure pour la tirer vers le haut. Attrapant désespérément la main afin de réduire l’effort subit par ses fragiles racines, elle halète misérablement, hésitant entre gémissements et pleurs. Ce simple geste lui enlevait toute envie de rébellion, et de toute façon, que pouvait-elle tenter ? Se sentir hisser telle une marchandise une nouvelle fois fut surement l’épisode le moins pénible de la soirée ; dire que quelques jours plus tôt, elle aurait giflé le malheureux qui aurait tenté pareille entreprise…

Katalina Noblegriffon, noble à la Cour de Merwyn de Serramire et grande fortune du Royaume de Trystan d’Erac n’était plus. Seule restait Katalina, la future esclave, couverte de sang et de poussière…

*
* *


Le soleil se levait lentement, mais ce n’était pas ça qui intéressait les deux cavaliers. Dès que la luminosité avait été suffisante pour voir à quelques mètres, ils s’étaient élancés à la recherche de leurs compagnons. Les espoirs étaient minces, surtout quand on savait après quoi ils avaient couru. Mais ils n’avaient pas le choix, ils devaient le faire. Helgar et Flavrus venaient à peine de retrouver l’endroit où ils s’étaient séparés mais ils ne s’étaient pas arrêtés, loin de là. Talonnant leur monture, ils avaient accéléré l’allure.

Ils ne faillirent pas les voir. La scène semblait irréel, et pourtant… A quelques mètres à peine, les cadavres de leurs quatre compagnons gisaient, immobile. Et puis, comme pour démentir l’horrible vérité, un faible gémissement s’éleva du charnier. Le pauvre borgne avait passé toute la nuit dehors, il ne bougeait et respirait faiblement, mais il était manifestement vivant. Démontant rapidement, ils se ruèrent à son chevet.

- Kalgar !
- Kalgar, tu m’entends ? Réponds bordel, réponds !


Saisissant le premier bras qui lui venait avec une rapidité et une force étonnante, Kalgar laissa échapper un dernier gémissement, avant de « témoigner » comme lui avait demandé le drow.

- N’y allez pas… C’est foutu… Il l’a et il la gardera…

La deuxième main jaillit à son tour, et il se releva avec peine. Ses blessures ne semblaient plus le préoccuper, une seule chose comptait : ils ne devaient pas le suivre, jamais.

- N’y allez... pas…

Un dernier souffle, et le corps désormais sans vie retomba lourdement au sol. Kalgar venait de rejoindre ses anciens amis, rejoignant la douceur de la mort et laissant Helgar et Flavrus devant l’horreur de la vie. Il avait échoué… Ils avaient échoué.
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