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| Escorte d'un cloporte | |
| | Auteur | Message |
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Gothral
Ancien
Nombre de messages : 113 Âge : 39 Date d'inscription : 14/10/2009
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| Sujet: Escorte d'un cloporte Ven 27 Nov 2009 - 23:03 | |
| La corde se tendit doucement sous la traction, le bois plia patiemment et les mains qui portaient l’ouvrage millénaire tinrent fermement une flèche elfique en direction de la silhouette qui se rapprochait du village de Ryol. Des intrus s’introduisaient régulièrement dans la forêt d’Anaëh et pour ce garde forestier aux traditions ancestrales, il n’était pas question de laisser un être inférieur souiller la nature de sa présence. S’il percevait le moindre mouvement suspect, c’en serait fini de sa cible. Pendant ce temps, quelques arbres plus loin, Gothral était loin de se douter qu’il était le sujet de tant d’attention. Si par moment il marchait fièrement, la main dans sa barbe, la tête remplie de pensées réconfortantes, il lui arrivait de marcher d’un pas nonchalant, la tête basse, las des bois à perte de vue et qui n’en finissaient pas. Cette démarche à deux visages le fatiguait plus qu’un voyageur normal et le pire c’est qu’il ne se rendait pas compte de son erreur. Pour l’heure, le jour venait de se lever et son allure penchait plutôt du côté dépité et engourdi que celle pleine d’assurance et conquérante.
Gothral arriva sur une large clairière et les rayons du soleil encore bas parvinrent à franchir la barrière de verdure pour éclairer de plein fouet le crâne lisse du Nain. Surpris d’être éblouit par une telle lumière, et pour ne pas être incommoder par la future chaleur, il retira le bouclier de son dos pour le placer au dessus de sa tête. Il n’avait pas l’habitude de se promener en pleine forêt et cela pouvait sembler évident à en croire la raison ridicule de son levé de bouclier. Son écu se tenait au dessus de lui dans l’unique but de refuser de s’intégrer dans le paysage qu’est celui de la nature. Par son attitude, il n’y a aucun doute qu’il n’est pas un fidèle de Kÿria puisqu’il va même jusqu’à gaspiller son énergie pour contrer l’astre du jour. Malheureusement pour lui, son acte n’est pas sans conséquence : l’archer elfe qui contrôlait le secteur tressaillit. Il se pensait découvert ! Comment cette créature indésirable osait le provoquer en armant sa défense de son écu d’acier tout en avançant d’un pas flegmatique ? Pensa-t-il. Fou de rage, il rangea sa flèche et par quelques bons agiles et discrets il contourna son rival en s’approchant pour tenter un meilleur angle de tir. C’était décidé, il ne le laissera pas en vie après un tel affront !
Le bras gauche musclé du forgeron qui tenait le bouclier ne fléchissait pas. Tenant toujours sa hache dans l’autre main, il laissa une nouvelle fois son esprit vagabonder. Soudain, un projectile fendit l’air et atteignit directement sa tempe droite !
AÏE ! Mais qu’est-ce que ... ?
Un caillou venait d’atteindre la tête du Nain. Des éclats de rires d’enfant suivirent tout de suite révélant la plaisanterie deux Oreilles-pointues d’une quinzaine d’années. Les deux Elfes se savaient plus agiles pour fuir un Nain en armure de plaques dans la forêt au point de le charrier et de se moquer de son incapacité à se mouvoir au milieu des arbres.
Quoi ? Par la barbe du grand Mogar ! Revenez ici garnements ! Je vais vous montrer ce qu’il en coûte de s’en prendre à un Nain !
Gothral avait remis son bouclier dans son dos et commença à courir dans la direction opposée du garde forestier, la hache tournoyant dans les airs. Le guerrier elfe qui n’avait pas perdu une miette ne relâchait pas son attention. L’arc tendu, il scrutait le bon moment pour abattre sa cible. C’est alors que dans sa poursuite, le forgeron s’étala de tout son long en trébuchant sur une racine et tout son attirail s’éparpilla sur le sol. Cette fois, c’est un rire d’adulte qu’il était possible d’entendre dans les feuillages. Le gardien au vue des outils d’artisan et de la piètre performance du Nain comprit le ridicule de la situation et eut pitié de lui. Il abandonna sa décision mortelle. Il s’en voulait même un peu d’avoir attaché autant d’importance à un voyageur si peu expérimenté.
Pour le Nain, il était temps de se rendre à l’évidence : il est incapable de rattraper les deux farceurs qui ont vite fait de disparaître. Soudain, dans un élan de clairvoyance, il se posa les bonnes questions !
Rhoo saleté ! Où sont-ils passés pardi ?! ... Mais, ... que font deux jeunots au milieu des bois ?
Gothral qui avait rassemblé ses affaires continua d’avancer dans la direction de sa course. Des bruits inhabituels parvinrent à ses oreilles. Des parfums subtils emplissaient l’air ambiant au gré des bourrasques qui passaient par là. Le Nain pressentit qu’il y avait quelque chose de plus grand que lui en ces lieux, quelque chose qui le dépassait. Il scruta une nouvelle fois l’horizon et aperçu alors quelques branches un peu plus basses à partir desquelles deux chenapans auraient pu se glisser ... plus haut ! Les yeux du Nain s’écarquillèrent à la vue de ce qui se présentait à lui. Des plateformes étaient suspendues, des formes vivantes se déplaçaient sans effort d’arbre en arbre. Les couleurs gagnèrent en diversité par rapport à ce qu’il avait vu auparavant dans la nature. Il ne trouva pas les mots pour décrire ce dont il était témoin. Il était époustouflé par le spectacle et comme un insecte attiré par la lumière, il grimpa sur les branches plus basses pour tenter d’approcher cet endroit féérique. Les autochtones le nommaient Ryol !
Dernière édition par Gothral le Lun 30 Nov 2009 - 3:03, édité 3 fois |
| | | Vyv Qaojar
Elfe
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| Sujet: Re: Escorte d'un cloporte Sam 28 Nov 2009 - 14:29 | |
| Un matin que rien ne semblait différencier des autres, l’intelligence des cellules annonça le frais balayé depuis la porte entrouverte de la maisonnée. Il y eut un moment de flottement, un instant d’attention suspendue, lorsque qu’un servant se détacha de l’encadrement de la porte, et prit pied au milieu des nattes de feuillage séché qui se pressaient sur le plancher. Eick était un homme de haute taille à la peau particulièrement brunie, aux longs cheveux blonds tressés. Sa générosité était de tout beauté, et pas seulement selon les critères elfiques.
Des écritures éventraient des parchemins d’un bord à l’autre ; Vyv s’agrippait à sa plume avec une force décuplée avec cette entrée en fanfare, en vue des travaux qui risquaient de s’envoler dans tous les coins. La table qu’elle avait passablement établit comme bureau menaçait se s’effondrer sur ses propres pieds, sous le vacarme intermittent des planches qui commençaient à se desceller. Cette alcôve, bien que reflet de simplicité, était la petite chapelle de Vyv : bien qu’ordinaire chambre, ce lieu clos avait prit l’habitude d’être prit d’assaut par une poignée de curieux ; Vyv avait quelques soulagements d’avoir notamment un domestique bienveillant, il lui avait offert sa sympathie en toute conviction. Cependant, cette bruyante visite, bien qu’attendue, interrogea Vyv.
Ne déployez pas autant d’énergie pour venir à moi ! Voyez donc ce que votre entrée maladroite me pousse à endurer !, articula-t-elle, alors que son candide elfe gagnait à nouveau la porte pour la refermer correctement.
La demoiselle avait les paumes plaquées sur sa table, les relevant dès que le dernier courant d’air froid eut disparu. Elle se faisait un festin de regarder ce pauvre Eick souffler comme un animal sauvage.
Ma Dame, je vous informe que le tailleur a décidé de vous ravitailler… Il vous attend à son comptoir…, souffla-t-il avec sa respiration désincarnée. Sa docilité n’était plus sans surprise : il l’avait prévenue au plus vite.
Vyv remercia simplement. Eick se retira sur ces mots qu’il pouvait considérer comme une récompense. Quand la pièce fut à nouveau apaisée de tout vacarme, l’elfe se leva de sa chaise et rassembla négligemment son encre et son papier de qualité. Elle s’empara de sa lance et s’en équipa comme un grand sceptre, imposant par sa brillance et sa taille. Rien de mieux qu’un lourd bâton pour se reposer dessus.
Elle sortit enfin, sur cette ile flottante de bois gris, aux flancs surchargés de sculptures boisées grimaçantes et dont l’immense plateforme, encadrée par quatre tours angulaires, s’abritait sous un dais de toile écrue. L’influence botanique charmait les itinérants, que ce soit par les cimes surmontées d’habitations merveilleuses ou par les ponts suspendus dans le vide qu’inspirait la vieille forêt.
L’homme que devait rencontrer Vyv n’était pas établit bien loin. La populace ne s’entassait pas sur la devanture, la matinée n’offrait apparemment pas de perspectives de vente pour ce brave artisan. C’est d’ailleurs pour cela que Vyv avait fait appel à ses habiles doigts peu réclamés, lui faisait commande d’une ample et pensante cape de laine bouillie et de quelques nouveaux dessous. Elle espérait ainsi reprendre son itinéraire de manière plus confortable qu’avec ses actuels haillons qu’elle n’avait pas renouveler depuis quelques mois. Un détachement se préparait alors, tout aussi muet que fut l’arrivée de la commandante dans la baronnie. Toutefois, la visite auprès du tailleur de toute gent avait conféré à ce dernier de l’intensité à son ouvrage : s’occuper d’une femme lestée de plates et d’une imposante arme laissait supposer la provenance hiérarchique.
L’échoppe était un écrin sublime, les étoffes délicates si souvent passées entre pouces et index curieux dégageaient un parfum mielleux et piquant de charme. Les diadèmes et les tours d’oreille ne demandaient qu’à être sublimés en compagnie de ces vêtements longuement élaborés. Sitôt la cape remise en mains, le vendeur se préoccupa de rajouter toutes les formules de politesse dédiées au client de haute importance… Une esquisse de sourire effleura la fine bouille de Vyv, qui n’en demandait pas tant. Le ballot dont elle était à la charge désormais passa par-dessus son épaule, décidée à retourner à sa chambre qu’elle regagna sans contretemps.
Des ricanements faisaient une quelconque révérence alors qu’elle arrivait sur sa grande terrasse… C’étaient ceux de galopins qui jouissaient en secret du malheur de quelqu’un. Encore des enfants qui s’amusaient à chanter des sottises aux gardiens des bois et qui s’enfuyaient à la menace d’une pointe de flèche, certainement. Le riche talon de Vyv martela calmement le bois jusqu’à sa mince demeure enclavée parmi d’autres dans le gigantesque tronc d’arbre. Le feuillu, à ce moment, fit un court présage sur une présence méconnue sur ses bras innombrables, murmure audible à l’oreille elfique. La faune n’était pas reconnue comme telle cependant. |
| | | Gothral
Ancien
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| Sujet: Re: Escorte d'un cloporte Lun 30 Nov 2009 - 13:05 | |
| A quelques pas de là, la large carrure d’un Nain progressait au milieu des branches d’un pas indélicat. Tantôt il remuait lourdement le feuillage pour s’en débarrasser, tantôt il faisait craquer le bois sous un appui indélicat. Le chemin d’accès aux plateformes témoignait d’un passage régulier parsemé de renforcements par endroits. Il avait déjà atteint un premier étage mais il voulu continuer son ascension en colimaçon pour profiter pleinement de la vue que lui offrait ce village. Le cœur battant à l’idée de découvrir les résultats du savoir-faire elfique maintes fois millénaires qui s’offrait à lui, il s’efforça de se hisser toujours plus haut. Lorsqu’il posa le pied sur le plancher final, c’était à la manière d’un conquérant qui découvrait une nouvelle terre, d’un air fier et presque hautain. Affichant son mètre quarante sur toute sa hauteur il s’appuya de sa main droite sur le pommeau de sa hache, son autre main tenant fermement sa sacoche, la tête haute et la barbe mis en évidence. Il savoura cet instant examinant chaque détail du lieu construit avec soin et précision. Gothral était dispos, frais et vigoureux sur ses jambes, bien enraciné sur ses pieds. Bien que son endurance de forgeron ne laissa transparaître aucune faiblesse physique à travers sa respiration ou par l’absence de goutte de sueur, ses membres inférieurs étaient pourtant courbaturés. Son immobilité quotidienne avait été rudement mise à l’épreuve depuis qu’il avait quitté le foyer familial pour aller à la rencontre des siens partis en guerre.
Malgré la sensation de bonheur qui l’envahissait pour un temps, le Nain sentit l’ambiance devenir pesante. Les regards s’étaient petit à petit tournés dans sa direction au vu du vacarme de cliquetis et de bruits désordonnés qui venait de s’arrêter quand le troglodyte s’était posé, inspiré, à l’entré du quartier haut de Ryol. Son air triomphant s’effaça rapidement et sa main gauche passa de sa besace à sa barbe. Les yeux elfiques observaient le tableau comme s’ils venaient de voir une tache gâcher l’harmonie d’une toile parfaite. La créature se vit alors encore plus petite qu’elle ne l’était. La hache avait quitté son socle, la double lame d’abord élevée en l’air pour ensuite se laisser glisser à proximité des doigts calleux de la main droite.
Il chercha un point de repère au milieu de cet environnement qui était à nouveau devenu hostile à son appréciation, il n’aimait pas être le centre de l’attention. Son malaise réveilla une faible douleur au niveau de sa tempe que ses doigts s’empressèrent de frotter avant de retourner dans l’amas de poils sous son menton. Instinctivement, il tentait de se raccrocher à quelque chose de familier, n’importe quel élément, mais du moment qu’il pouvait laissait vagabonder ses pensées dessus. C’est alors qu’il trouva l’objet de ses désirs : une lance magnifiquement ouvragée d’une jeune guerrière Elfe qui se tenait juste là sur le devant de la scène. Il distingua rapidement la variété de métaux de toute qualité qui constituait l’œuvre pour en dessiner une arme à la fois efficace et d’une esthétique inégalée par rapport à ce qu’il avait pu voir dans sa vie. Son esprit s’agita, il commença à émettre des hypothèses sur la nature des alliages présents, à calculer la proportion de ces derniers pour en faire un instrument de combat adapté. Toutes ces spéculations le soulageaient de sa gêne et bientôt la communauté présente reprit ses activités normales accordant au Nain une seconde chance en ces lieux.
Pendant ce temps, à l’instar des ses compatriotes, l'attention de Vyv qui n’avait pas l’habitude de croiser pareille mascarade sur le chemin de sa demeure fut attirée sur la créature de Mogar (Calimehtar). A l’instant même où Gothral était apparu dans le décor, elle savait qu’il ne représentait pas une menace pour elle ou le village, tant à l’écoute des sons qu’à la vue du personnage. Son œil de guerrière expérimentée avait tout de suite décelé les défauts latents de la posture du Nain. Outre le fait que les nombreux gardes en amont n’auraient jamais laissé passer une quelconque menace au sein du village, un élément essentiel semblait indubitablement manquer à son vis-à-vis et son instinct ne la trompait pas. Le Nain était beaucoup trop statique comme s’il était incapable d’anticiper le moindre mouvement. Suite à cette constatation rapide, une foule de détails piquèrent à vif les connaissances de l’Elfe, se bousculant dans sa tête et traversant son esprit à la vitesse de l’éclair. A vrai dire, pas plus de quelques secondes s’écoulèrent, temps court mais équivalent à celui que Gothral était en train de prendre pour essayer de décortiquer les secrets de fabrication de la lance.
L’analyse de Vyv réduisit alors le forgeron à un ensemble de rouages mal huilés constituant une mécanique rouillée. Tout d’abord, le bouclier la frappa, cette défense mal agencée qui couvrait le dos alors que tout danger potentiel à ce moment précis venait de l’avant. L’épaisseur de son armure de plaque étant identique à l’avant et à l’arrière du torse, le bouclier n’avait pas sa place à cet endroit. La lanière en cuir de transport de l’écu témoignait que sa position n’était pas naturellement de couvrir la colonne vertébrale mais de venir s’attaché au bras gauche du Nain suite à une longue manœuvre. En conclusion, il n’aurait pas pu se retourner ou adopter une attitude défensive en bénéficiant de l’appui de son bouclier qui n’était pas fixé efficacement pour ce genre de combat. C’en était d’autant plus flagrant qu’il venait d’exhiber fièrement son buste à toute l’assemblée alors que les Elfes sont connus pour leur précision légendaire au tir à l’arc. Vint ensuite la hache dont le manche n’était pas du tout tenu en son centre de gravité pour améliorer sa maniabilité ni même à l’extrémité du manche pour accroître la portée, la rapidité et la force d’une éventuelle attaque. La main gauche plongée dans la barbe semblait complètement indépendante du corps et inapte à se coordonner avec le reste du système, notamment pour soutenir son homologue sur l’arme et permettre de varier les coups et les parades. L’attention du Nain était focalisée sur un point qui n’était pas du tout stratégique alors qu’il aurait mieux fait de tenir un œil constant sur la populace en tenant en respect les différents angles d’approche qui s’offraient à lui. Elle en oublia presque de mentionner la discrétion inexistante de son ascension tellement c’était évident pour elle.
Les deux créatures s’observaient mutuellement, l’une admirée et l’autre désabusée. Le Nain était prêt à se rapprocher pour en savoir plus tandis que l’Elfe était prête à s’éloigner car elle en avait déjà assez vu. Vyv avait trouvé une dizaine de manière de tuer Gothral, avant, pendant et après son arrivée ! Alors qu’elle fit les derniers pas sur sa terrasse, le forgeron qui était revenu aux réalités suite à l’accueil peu chaleureux du village s’avança avec une idée en tête. Ayant déjà réfléchi au préalable, il avait une vision assez précise de la démarche qu’il devait entreprendre. La naïveté dont il pouvait faire preuve l’amena à penser que la première personne venue aurait réponse à sa demande. Finalement, il interpela Vyv avant qu’elle n’ait eu le temps de passer le seuil de sa maison au grand dam de cette dernière.
Bien le bonjour maître Elfe ! Pouvez-vous m’indiquer le chemin de la forge ?
Un sourire mal aiguisé ponctua la question. Son vocabulaire trahissait son appartenance à la caste des artisans ignorant le grade militaire de son interlocuteur. Un silence s’installa habité d’un soupir elfique presque inaudible. Le Nain qui avait l’impression de déranger sembla utile de justifier sa requête.
... en réalité, je cherche un guide pour me conduire à l’Olyia ... parce que j’aimerais rejoindre mes compagnons partis à la guerre ...
Gothral mâcha ses derniers mots sans articuler comme s’il avait un peu honte de ce qu’il venait d’annoncer et surtout parce que ce genre d’histoire n’intéresse pas forcément les gens. Dans ces propos, la logique du Nain lui semblait implacable de son point de vue. Il voulait se renseigner à la forge du village pour discuter seul à seul avec une personne de même métier pour faciliter le contact. De plus, comme la forge reçoit également des commandes de confections ou d’entretiens d’armes, c’est l’endroit idéal pour avoir des informations sur les individus qui savent se battre et effectuer un voyage en toute sécurité. Cependant, un autre voyageur aurait peut être préférer chercher une taverne ou un lieu de rencontre peuplé de monde pour s’informer. La deuxième main rejoignit la hache et le Nain teint le manche comme pour supplier l’Elfe de ne pas lui imposer un autre moment de silence.
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| | | Vyv Qaojar
Elfe
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| Sujet: Re: Escorte d'un cloporte Ven 18 Déc 2009 - 17:32 | |
| Vyv arrivait avec peine à démêler cet enchevêtrement de broutilles orales qu’offrait le nain. Sa voix gutturale, et d’autant moins enjouée face au dialogue contraint, conférait toute les interrogations.
L’elfe était tu, observant un silence pensif. L’inconnu semblait avoir passé par une haute fenêtre donnant sur un monde évanoui… Il s’étendait dessus un doute pour laquelle sa langue n’avait pas de nom : apparemment, jamais auparavant il n’avait eu conscience aussi soudaine et aussi vive du contact de la vie qui courait sur les arbres. L’habit feuillu perdait le soleil dans une ombre, cette voute végétale était pourtant piquée de rayons de lumière. L’intrépide voyageur portait une belle image de la conquête nanesque ; d’autres nains auraient décliné ce parcours dans les hauteurs arpentées d’elfes.
La… forge ?
Il la pressait de bien de questions, même si ce fut l’unique à cet instant. Gothral n’était pas bien moindre que ce que lui prêtaient l’étonnement et le comique ! Ses yeux, emprunts d’un quelconque enchantement, luisaient avec un charme particulier. Il était aisé de comprendre à présent de quelle façon le regard vagabond fut piégé et retenu. L’élixir de son œil était dédié à la froide majesté de la lance ancrée à la main de Vyv, arme qui avait accumulé les lieues et les lueurs vagabondes des jours. Sa franchise était presque argentine, aussi lui offrit-elle un sourire où la satisfaction promenait son extase.
Vous ne découvrirez pas ce genre de lieu ici. Ni même un guide pour marcher à vos côtés. Peut-être vous faudra-t-il poursuivre votre chemin pour trouv…er…
Sa fin de phrase ressemblant à une purée de propos de nourrisson, il était bien facile de comprendre que quelque chose avait coupé son élan. Ses idées avaient fait contact avec la requête du nain dérouté. Sa moue décantait avec l’attente d’une réponse posée de son interlocutrice : à la manière de tenir son arme, on aurait dit que celle-ci avait le pouvoir de dévier toutes les instances humiliantes et inconfortables. Le silence était profond, égratigné seulement par le faible frémissement de branches dans de légers mouvements d’air.
Comme le jour s’écoulait, la lumière s’accrut légèrement et les brumes se levèrent, devenant plus minces et plus transparentes. Dominant de haut la pourriture et les vapeurs du monde, les esprits planaient dans une région sereine aux sols riches ; mais Vyv n’en avait qu’une vision indistincte. Si elle s’était arrêtée dans ses mots, c’est parce qu’on lui tenait une porte ouverte : pouvoir voyager à nouveau, rejoindre les contrées nordiques dans une postériorité plus ou moins éloignée…
Je ne vais pas vous compliquer la tâche : je serais votre compagnon de route. Puis s’inclina légèrement en posant la main sur la poitrine.
Elle imaginait fort bien les capacités physiques et stratégiques de son nain. Divers qualificatifs réprobateurs à leur propre adresse, tirés du vaste répertoire de son paternel, surgirent dans la tête de l’Elfe… Son torse revint dans une position correcte, ses cheveux blanchis clapotant en retour. En s’adaptant aux desseins de Gothral, une volonté inflexible s’accrochait aux pensées de Vyv, dont le bagage attendait dans l’entrée de sa demeure de bois. Elle ne tarda pas sur ce point, puisque lorsqu’elle fut affublée de son sac et de son imposante cape, elle entraina son binôme dans le cœur de la cité, remplies de promenades et de pousses plantureuses. |
| | | Gothral
Ancien
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| Sujet: Re: Escorte d'un cloporte Mer 30 Déc 2009 - 11:22 | |
| A sa grande surprise, Gothral venait de trouver un individu pour le guider dans la forêt d’Anaëh. Cette surprise fut d’autant plus grande que cette même personne venait de lui spécifier qu’il n’aurait trouvé aucune aide en ces lieus. Dans sa naïveté et trop heureux de voir la possibilité de quitter les territoires elfiques, il ne se tortura pas l’esprit d’avantage. Il se laissa emporter par la guerrière sur les planchers de Ryol. En réalité, dans sa tête, il pensait plus être en compagnie du propriétaire d’un magnifique ouvrage plutôt que d’une elfe. Il lui fallait bien créer certains substituts mentaux de ce genre pour accepter l’idée de recevoir l’attention d’une créature de Kÿria.
Le nain profitait du spectacle qui s’offrait à lui. La vie elfique était beaucoup plus silencieuse et discrète que celle de son peuple. Il avait l’impression que chaque mouvement était réfléchi, calculé de manière à ce qu’il s’approche toujours un peu plus de la perfection. Cela le fascinait. Tout le monde avait le temps et surtout prenait le temps de réaliser son quotidien, l’espérance de vie étant plus longue. Cela semblait donc logique que chacun s’applique et cherche le moyen de bien faire les choses de manière à considérer que presque chaque activité constitue un art en soi. Bien que cette vision des choses ne fasse pas l'unanimité auprès de tous les elfes, l’héritage ancestral de ce peuple apparaissait néanmoins à travers la vie de cette cité. Le couple dépareillé progressait tranquillement au milieu de ce décor jusqu’à ce que le forgeron s’arrête net sous l’œil interrogatif de Vyv. Quelque chose venait de frapper son esprit, lui qui n’était pourtant pas un très grand observateur de la nature. Il venait de se souvenir des paroles de Sylksorli « Pied Léger », le chef des éclaireurs de son clan qui l’avait accompagné au début de son voyage avant de le laisser poursuivre sa route.
* Sylksorli m’avait dit : « Pour rejoindre nos frères partis à la guerre, tu dois marcher le long de l’Olyia. Si tu t’en éloignes, alors marche en direction du soleil quand il est à son zénith. » *
Or, en cette fin de matinée, il s’enfonçait dans la cité avec le soleil dans le dos. Il ne partait donc pas vraiment dans la bonne direction. Il voulut ouvrir la bouche pour expliquer son problème mais il le fit de manière hésitante. En effet, c’est comme si les rôles étaient inversés avec le voyageur qui explique le chemin au guide et non le contraire. De plus, il ne s'était pas encore présenté. La bouche toujours ouverte et les poumons en pleine inspiration, il essaya donc de construire une phrase correcte au milieu de sa réflexion.
Au fait, je suis Gothral Guldar dit « l’Enclume Téméraire », fils de Mardok « le Soufflet Brillant », du sang de Grumkhol « le Marteau Eclair » du clan Corthyn, disciple de l’ingénieur runiste Hleidvar « Roc d’Acier » de la garnison de Thanor. Je cherche à rejoindre mes frères partis à la guerre.
Tout en se présentant, il fouilla dans sa besace pour sortir une fine carte de mauvaise qualité griffonnée à la hâte qui ressemblait à quelque chose comme ceci :
- Spoiler:
L’éclaireur qui avait offert le parchemin à Gothral avait indiqué d’une croix le lieu de leur séparation et avait précisé sa destination en l’entourant grossièrement. Il la présenta à Vyv en lui révélant les informations qu’il connaissait.
Mon ami Sylksorli « Pied Léger » m’a conduit jusqu’ici. Le gros doigt du nain appuya sur la croix plus habilement tracée que la carte en elle-même.Et il m’a dit que je devais me rendre là.
Son index entoura Yutar alors qu’en réalité, il devait rejoindre fort Ellyrion mais il ne faisait pas la différence entre les deux. L’armée naine était de toute façon entre Oësgard et Yutar. Gothral était donc sensé les rejoindre entre les deux quelque part sur la rive ouest de l’Olyia. Le papier n’offrait aucune information en ce qui concerne les terres humaines ou elfiques. Dans l’idée du nain, c’est à ce niveau que devait intervenir son guide. C’était typiquement son caractère que de faire confiance naïvement à une personne qui lui avait proposé son aide sans qu’il ne se méfie outre mesure. Cela l’avait déjà placé dans de fâcheuses positions et il aurait été facile pour Vyv d’abuser de sa crédulité.
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