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| [Manoir de la Maison Usher] - Concerto des Filantes - [Nessa] | |
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La Ronce de Diantra
Humain
Nombre de messages : 132 Âge : 42 Date d'inscription : 22/02/2008
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| Sujet: [Manoir de la Maison Usher] - Concerto des Filantes - [Nessa] Lun 30 Mar 2009 - 18:23 | |
| De l'autre côté du parvis où trônait Notre Dame de Deina se tenait un bien curieux sujet d'agitation. Alors que la nuit tombait, laissant les étoiles renaître pour un chapelet d'heures, de multiples lanternes se dressaient, s'élevant au-dessus des gens à qui mieux mieux. Chacune berçait sa zone immaculée des pastels dont on avait enduit leurs verres, ici, un Vert Mi Sel, là, un Rouge Ire alors que par ici, où se pressaient plusieurs enfants galopins aux habits de la belle noblesse, un groupe de sept lampions imitaient l'Arc En Ciel, transformant la couleur des enfants au fil de leurs pas.
La Ronce de Diantra se tenait non pas en retrait comme on aurait pu se l'imaginer, mais bien au centre du grabuge, dirigeant d'une main les allées et venues qui menaçaient de perturber le bon ordre de la procession, qui sans cesse, se faisait plus importante à l'entrée du Manoir de la Maison Usher. Car ce soir, l'on y donnait un fort prisé spectacle, en l'occurence, un concerto, dit des Filantes. Pour service rendu à la Maison Usher lors de l'affaire dite des " Tartelettes à la Crème ", et à sa Matriarche, Anabella Usher, Monsieur de Vorkosigan - car il s'agissait là de son nom d'usage - possédait l'un de ces inaltérables cartons d'invitations. Néanmoins, fidèle à ses manières et à sa réputation, il prêtait main forte à un service de sécurité, qui sans être débordé, avait parfois du mal à se faire entendre de toute la troupe des jeunes nobles endimanchés, des mégères riches et non apprivoisées, des Ducs aux colerettes extravagantes et des Grands Marchands de la Rue des Haut Sacs.
D'une main, il donnait l'accolade à l'entrée, alors que de l'autre, il pressait les heureux élus à s'avancer. Il y eût bien quelques échanges de lettres, quelques dérapages verbaux, mais Monsieur de Vorkosigan savait y faire, maniant l'Arbre à Lettres mieux que quiconque et sachant jongler de Vers-Beaux.
La Ronce de Diantra, à défaut de réelle fortune, avait déjà fait preuve de chance, dont une partie venait en ligne directe d'un fort compétent tisserand, qu'il avait sorti d'une épineuse situation au printemps dernier. Ce dernier lui avait taillé un costume sur mesure, qui l'habillait présentement. Ce dernier, majoritairement d'ombres et d'or, se laissait parfois égayer au fil des mouvements de doublures faites de pourpres et d'azur. Ses lignes, pures et droites, savaient accompagner la stature de son porteur, pour le rendre élégant tout en laissant d'apparance à l'aise. Une main s'aggrippa fermement au bas de sa veste, tirant et geignant en même temps. La Ronce fronça ses sourcils en regardant un petit garçon aux joues cramoisies le supplier par en dessous.
" Laissez moi deviner jeune homme, vous avez perdu vos parents " dit il d'une voix légère tout en le soulevant pour le hisser sur ses épaules. " Cherchez d'ici, mon Capitaine, et dîtes moi si vous les voyez pendant que j'en termine de mes offices" ferma t il en poursuivant ses affaires pendant que l'enfant supervisait de ses yeux bleus la foule agîtée.
" Là bas ! " cria la vigie, tout en gesticulant, faisant de la Ronce un navire en proie à une tempête fort peu patiente. D'un pas chaloupé, et sous les rires attendris de nombreuses Dames - de l'age tendre à l'age dur à cuire - il s'orienta vers la direction indiquée, remettant au passage un serviteur dans le droit chemin et un autre, à la porte, pour avoir un peu trop cherché à s'approcher d'une ou deux poches. Arrivé au terme de son périple, il dégagea l'enfant de ses épaules pour l'installer sur celles, plus fermes, de son père, un Emissaire Vadran à la bonne stature. Sans mot dire, il s'épargna les remerciements d'usage en s'éclipsant en souriant, à la fois par politesse et en prévision de la volée qu'allaient passer les parents à l'enfant une fois qu'ils se seraient remis de leurs émotions. D'un pas rapide, passant entre les gens sans jamais les bousculer, la Ronce cheminait. Parfois, il donnait quelques excuses, plus pour attirer l'attention qu'autre chose, puis s'éclipsait après avoir fait preuve d'esprit, ayant commenté le cours du baril de sel, précisé un point épineux de diction Vadrane ou témoigné de la présence d'invités prestigieux de quelques beaux vers.
D'un pas rapide, presque de forcené, il fit irruption dans la salle de Bal, qui jouxtait la salle de concert où un amphithéatre déjà conquis commentait la richesse et le bon goût des décorations, le lustre des cuivres et la finesse des ornementations. Monsieur de Vorkosigan tendit son carton à l'un des ouvreurs, qui le conduisit à l'une des loges surplombant la salle et qu'il partageait avec un couple de la petite noblesse qui lui étaient encore inconnus et une dame à la mine sévère, répondant au nom de Dame Anabella Bel Conti, qui était un peu la tantine de toute la petite noblesse de Diantra. Accessoirement, elle était aussi une mine d'information sans fin et un informateur de premier choix.
Monsieur de Vorkosigan s'installa à ses côtés, la saluant d'une manière fort courtoise. Il s'échangèrent quelques civilités et quelques nouvelles, quand la lumière soudainement décru, ne laissant que quelques lanternes orangées imprimer leur lustre sur les Cuivres de l'Orchestre et faire briller les cordes des violons comme autant d'archers prêt à lancer leurs traits musicaux sur la scène. Sur cette dernière, par ailleurs, l'on s'agitait, mettant en place les dernières touches d'un décor propre à reproduire les scènes du spectacle que l'on nommait de partout sur le continent le "Concerto des Filantes".
Miles Vorkosigan joignit ses coudes sur la rembarde et apposa son menton sur ses mains réunies, attendant le début du spectable, avec une impatience ni feinte, ni retenue. |
| | | Nessa Calianthe
En attente de validation.. Nombre de messages : 19 Âge : 124 Date d'inscription : 29/02/2008 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié | Sujet: Re: [Manoir de la Maison Usher] - Concerto des Filantes - [Nessa] Lun 30 Mar 2009 - 18:29 | |
| Le rideau se leva. Une scène nue, sans décors, se dévoilait peu à peu aux yeux des impatients, des bavards et même à ceux des enfants ensommeillés. C'était à chaque fois la même chose : le temps semblait s'arrêter sur un autre monde, une autre vie, sur un bout de rêve. Nessa le ressentait à chaque fois ; elle s'éveillait doucement dans un air chantant, et entrait dans un pan d'histoire, l'histoire qu'elle voulait vivre, faire vivre aux autres.
Le rideau se leva, et Nessa apparu seule au milieu de la scène. Recroquevillée sur elle-même, comme un tas de chiffon, seule la lumière des étoiles l'éclairait. Habillée de couleurs pâles, dans différents tons de rose, on aurait presque dit une fleur, attendant d'éclore. Et lorsque les premières notes retentirent, un bras fin et nu se déploya dans les airs, en rythme avec la musique, douce et lente. La harpe égrenait sa mélodie, accompagnée de choeurs cristallins ; la danseuse tissait la musique, la rendait visible aux êtres vivants. Comme sur une toile éphémère, elle peignait les chants, se relevant avec mille précautions. Son premier geste fût pour les étoiles ; un visage implorant, triste, levé vers les lumières de la nuit. Le concerto des Filantes se voulait un spectacle en l'honneur des astres, tout simplement.
Une poupée déliée, une herbe folle au vent, bien souvent on avait comparé la Dame Calianthe à de pareilles images ; elle en jouait avec brio, d'une souplesse sans pareille qui lui permettait souvent de montrer le corps telle une oeuvre d'art. Les murmures de la foule se taisaient au fur et à mesure que le spectacle avançait, les yeux avides dirigées sur la Demoiselle. Il était pourtant rare d'applaudir une danseuse plutôt que la chanteuse ; mais cette fois-ci, c'était bien les voix qui travaillaient pour elle, l'acrobate des sens. Elle était le spectacle, à elle seule. Qui aurait pu dire combien de choristes l'accompagnaient ? Qui aurait pu dire que la musique n'émanaient pas d'elle-même ? Elle savait captiver l'attention de ses gestes graciles.
Et le rythme s'intensifia.
Ses jambes volaient, les jupons colorés virevoltaient ; au rythme des notes, elle tournoyait sur elle. La scène, pourtant vide et noire, semblait résonner de mille pas. Ce n'était pourtant que le début du Concerto : il réservait encore bien des surprises, et non des moindres. Car Nessa n'était pas une danseuse ordinaire, ce dont elle avait jusqu'alors fait usage dans le spectacle ; elle avait d'autres talents, que la foule ne tarda pas à découvrir.
La musique ralentit soudain, jusqu'à devenir si basse que l'on aurait dit des chuchotements de fées. La danseuse, debout, jambes jointes mais le dos étiré en arrière, croisa ses bras devant elle, relevant quelques jupons colorés de ses mains glissant contre ses cuisses. D'un geste rapide, qui étonna par sa brusquerie, elle retira deux éventails cachés sous son costume qu'elle ouvrit tout aussi prestement. Ils étaient pâles, eux aussi, dans les mêmes tons que le costume. Des fleurs de cerisiers, blanches, identiques à celles qui ornaient les cheveux de la danseuse, les décoraient élégamment. Nessa prit le temps nécessaire pour que les spectateurs puissent les admirer ; puis elle tendit le bras droit devant elle, visant la foule de l'éventail, et tourna lentement sur elle-même, jusqu'à prendre de la vitesse. L'autre éventail était ramené sur son visage, cachant ses yeux. Les jupons roses dévoilaient ses jambes, dont les mouvements infimes imprimaient tout de même une allure rapide au reste du corps ; on aurait dit une rose toute éclose. La Dame Calianthe pointa l'éventail gauche vers le ciel, devenu d'encre ; puis, d'une torsion du poignet, ramena le tranchant de son instrument vers le sol, vers ses jupons. Elle continuait toujours de tourner sur elle-même ; le mouvement n'en finissait pas. Lorsque l'éventail toucha le tissu du costume, il se déchira proprement, et sous l'influence de la danse, les jupons volèrent en tout sens sur la scène, dessinant un tableau coloré, comme une fleur effeuillée. La danseuse, revêtue maintenant d'un moignon de jupon, s'effondra sur elle-même, se laissant tomber avec art et délicatesse, pour se retrouver dans sa position initiale, lorsque le spectacle avait commencé, un éventail tendu vers les étoiles et l'autre, fermé, contre son coeur.
La musique prit fin elle aussi, et il fallu un certain temps pour que les spectateurs présents comprennent que la représentation avait cessé. Nessa restait immobile, la respiration haletante, sa poitrine se soulevant rapidement à chaque inspiration. Elle ne pourrait quitter la scène que lorsque le rideau tomberait sur elle ; avant, elle devrait écouter les applaudissements, s'il y en avait, et scruter les visages des gens pour analyser leurs réactions.
Elle attendit, tenant la position, le tonnerre que chaque artiste espérait tant.
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| | | La Ronce de Diantra
Humain
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| Sujet: Re: [Manoir de la Maison Usher] - Concerto des Filantes - [Nessa] Lun 30 Mar 2009 - 18:34 | |
| La salle, comme prise de stupeur, était semblable en tout point à une armée de corps faite de glaises et d'argiles. Dans le silence reignant, l'on aurait pu entendre voler un mouchoir par un malandrin pourtant expérimenté.
" Et bien... N'allez vous donc rien faire... " murmura la Dame Anabella Bel Conti aux côtés de Monsieur de Vorkosigan, le faisant sortir de la contemplation presqu'hypnotique qu'avait fait naître l'entier spectacle dans l'esprit de l'auditoire.
" Moi qui vous considérais plutôt gentilhomme... " compléta t elle, sans toutefois perturber le parfait silence, qui commençait à devenir gênant pour la troupe. Il fallait dire à propos d'Anabella, qui comme nombre de bonnes conseillères, qu'elle savait glisser les bons mots aux bonnes oreilles et les faire entrer en caboche avec plus de facilité qu'une couturiere perce la laine d'une aiguille.
Monsieur de Vorkosigan sursauta, comme soudainement libéré d'un enchantement et se redressa sur sa chaise. Prenant son temps, il passa sa langue sur ses lèvres, afin de les humidifier et entreprit de retirer ses gants, observant la vieille dame d'un air malicieux. Il plia son cou sur la droite puis sur la gauche, afin d'assouplir les muscles qui donnaient à sa nuque un joli port altier - il ne fallait rien négliger lorsque l'on était en représentation parmi la petite noblesse - et se força à se lever.
Il posa ses gants sur le rebord de la terrasse, sous l'oeil attentif de la tantine de Diantra, qui semblait juger de ses performances d'un oeil calculateur mais néanmoins amusée par le résultat.
Les " Clap... Clap... Clap... Clap... " résonnèrent dans la salle, renvoyé en écho par l'acoustique sans faille du lieu. Les enfants sursautèrent, les Dames se raidirent, les Hommes se tournèrent vers la loge où se tenait la Ronce de Diantra, qui de ses mains mises à nues, rendait hommage au talent du compositeur, des musiciens, des choristes et surtout, de la Danseuse de premier rang.
Ce fût alors comme la première goutte d'eau tombant avant l'orage, comme le premier rayon de soleil annonçant le jour ou comme l'arrivée d'un cinquième As dans une partie de cartes... Le point initial d'une suite de conséquences inaltérables.
Les " CLAP CLAP CLAP CLAP " s'enchainèrent, effreinés, rageurs. Le son, pour une fois, dévala du public vers la scène, prenant d'assaut le Mur de l'Orchestre, qui même aux cîmes de ses pointes lyriques aurait bien était en mal de contenir cet assaut enfiévré. Les musiciens l'acceuillirent avec le sourire, laissant passer sur eux ce glorieux assaut. Puis, l'ovation enfla encore en surgissant sur scène, écrasant tout ce que les gens y étant encore présent auraient bien pu tenter de se dire. Lire sur les lèvres devait être un talent d'artiste et non de voleur finalement. Puis le son cerna la Danseuse, caquetant autour d'elle, d'autant de mains que de corps, d'autant de corps que de public, d'autant de public que de conquêtes.
Monsieur de Vorkosigan contempla la Danseuse et la foule encore quelques instants, fier de son petit effet, avant de se retourner vers la Dame Bel Conti. Posant sa main sur son coeur, il s'inclina en avant, présentant à la Dame une déférence inhabituelle à son personnage, telle qu'en présentait bien souvent les serviteurs à leurs employeurs.
" Prenez donc la direction de la suite, Monsieur de Vorkosigan " le tança la vieille Dame.
Monsieur de Vorkosigan lui présenta son bras, s'offrant en escorte.
" Ma Dame, Permettez à ce bras de vous Conduire, D'escorter vos pas jusqu'en salle de Bal, Dissiper devant vous les Malices, les Cabales, Et les inopportuns qui pourraient vous Nuire "
La Dame Bel Conti laissa un sourire filtrer hors de son masque de craie, avant de le camoufler de nouveau, tenant à sa réputation de Grand Tante acariâtre, lanceuse de rumeurs et faiseuse - et surtout, défaiseuse - de réputations.
" Conduisez moi à la Salle de Bal, jeune homme, que je vous y montre. Il est temps qu'autrement que la "Ronce de Diantra" l'on vous nomme " commanda t elle, avant de cheminer bras dessus, bras dessous, avec son amical ecuyer. |
| | | Nessa Calianthe
En attente de validation.. Nombre de messages : 19 Âge : 124 Date d'inscription : 29/02/2008 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié | Sujet: Re: [Manoir de la Maison Usher] - Concerto des Filantes - [Nessa] Lun 30 Mar 2009 - 18:38 | |
| Le silence frappait chacun des artistes, en une douleur muette, comme des secondes éternelles où le doute cède à la certitude. La salle était emplie de non bruit, épais et gluant ; le spectacle terminé, avait-il failli à sa réputation ? La Danseuse avait-elle déplu au point de n'avoir aucun compliment ? Tous les acteurs se tenaient raides, fixant pour certains le publique stoïque, cherchant pour d'autres la sortie la plus proche.
Puis les " Clap... Clap... Clap... Clap... " résonnèrent dans la salle, renvoyé en écho par l'acoustique sans faille du lieu. Le son éclatant des mains nues, comme un hommage particulier aux artistes, toucha particulièrement Nessa. Il était rare, pourtant, qu'un homme prenne le soin d'enlever ses gants, dans une telle soirée, pour applaudir le spectacle. Du coin de l'oeil, la danseuse aperçut d'où venait son paiement ; ombres, ors, pourpres et azurs habillaient par touche le gentilhomme.
Les " CLAP CLAP CLAP CLAP " s'enchainèrent, effreinés, rageurs. C'était un succès total. La Dame Calianthe, alors,se releva d'un geste délié pour saluer la foule. Une grande révérence, un brin gracile et trop technique pour les Dames de la noblesse ; c'était son dernier pas de danse. Elle se retira donc, avant que la salle ne se vide. Elle devait se préparer au Bal donné, où elle était invitée. La Demi-Elfe danseuse de renom, de passage dans la ville, provoquait nombre curiosités qu'elle trouvait malsaines ; cependant, ce Bal lui permettrait sans doute de profiter de la générosité d'un petit nobliau trop imbibé d'alcool pour se rendre compte qu'il n'aura jamais ces faveurs. Un sourire s'esquissa sous le voile de Nessa, pendant qu'elle atteignait la petite salle qui lui servait de loge.
"Voyons, quelle robe, quelle parure, quel nobliau..."
Elle sortit d'une malle une robe rouge, portant foules de rubans et de dentelles fines.
"Fanfreluches, voilà qui est bon pour la haute noblesse, pas pour les bourgeois. Quelque chose de plus simple, simple et efficace."
D'autres robes suivirent la première, jetées sur une chaise.
"Celle-ci fera mieux l'affaire"
Elle se déshabilla rapidement, enlevant les restes découpés de son costume, lesquels rejoignirent les toilettes délaissées sur le côté, et enfila soigneusement la robe choisie. Elle était dans les mêmes tons que sa tenue de scène, rose pâle, comme lavé dans un nuage de blanc. Décolletée, mais pas trop ; cachant juste ce qu'il faut sans attenter à la pudeur. Une taille ajustée, relevée d'une petite rose de tissu, pour soulever sa finesse. Des manches flottantes tombant sur les épaules, courtes mais rejointes par de longs gants blancs. Un châle de la même couleur que la robe venait compléter le tout. Un agréable tableau, certes, mais il manquait tout de même le collier d'opales que la Dame s'empressa d'attacher à son cou ; quelques arrangements sur sa chevelure lâchée ornée de fleurs de cerisiers et un dernier regard à son foulard, garant de l'anonymat de son visage, puis elle quitta sa loge, un éventail en main, et se dirigea vers la scène du Bal.
Les musiciens jouaient de fins morceaux, incitant les gens à la danse, plus classique et accessible. Elle entra sans cérémonie, jugeant les autres de quelques œillades, et traversa lentement la salle, attendant qu'un crétin l'aborde pour se jouer de lui.
Dernière édition par Nessa Calianthe le Lun 30 Mar 2009 - 18:40, édité 1 fois |
| | | La Ronce de Diantra
Humain
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| Sujet: Re: [Manoir de la Maison Usher] - Concerto des Filantes - [Nessa] Lun 30 Mar 2009 - 18:39 | |
| Monsieur de Vorkosigan se tenait en cette assemblée tel le poisson dans l'eau. Il naviguait entre les convives à la manière d'une Anguille parmi les roches, savait se faire Poisson Pilote pour guider les gens un peu perdus vers leurs camarades, se faisait Poisson Rouge pour afficher le même étonnement envers des conversations peu intéressantes et pourtant déjà cent fois entendues et montrait un appétit qui aurait tenu de la Baleine s'il s'était laissé aller.
Avec l'aisance conférée par l'habitude et une parfaite connaissance des conventions sociales appréciées par les gens de la petite noblesse, Miles Vorkosigan s'insinua dans nombre de cercles où commenter l'actualité et débattre des choses de Diantra étaient les principales occupations. Tel était l'un des petits secrets de la Ronce de Diantra. Ecouter. Contrairement à ce qu'en pensait la plupart des gens, il était rare d'écouter. Souvent en lieu et place d'une écoute, on se contentait d'entendre - comprenez par là le simple phénomène de vibration agitant l'oreille interne - sans chercher à écouter, à comprendre et à analyser. Et pour la Ronce, tout ceci, cette "écoute active" était importante... Ces gens étaient ses gens... La troupe - pour ne pas dire le troupeau - de ses informateurs, de ses enquêteurs, de ses inquisiteurs ou inspirateurs. Son réseau d'informations.
En s'excusant, il quitta un groupe devisant de la soudaine montée des taxes d'arrimage et de l'augmentation du prix de la noix de Cabou, sans toutefois faire le lien de cette flambée des prix avec la collecte d'un nouvel impôt destiné à doubler la solde des soldats en Mer. L'un plus l'autre indiquait une recrudescence de l'activité des Gens de la Mer, que l'on nommait souvent bien plus directement "Pirates". Dans la même eau, tout ceci indiquait que Diantra manquait de soldats, puisque les renforts de soldes n'étaient plus investis dans le recrutement de nouvelles recrues. Tout ceci ne sentait pas vraiment bon... Pas vraiment... bon.
La Ronce de Diantra se redressa de toute sa taille, cherchant quelqu'un dans la foule, une petite dame qui lui devait quelques faveurs. Non. Pas de celles que vous imaginez. Non ! Pas d'or non plus ! Car il était rare que la Ronce demande une quelconque rétribution pour ses menus ouvrages. Toujours est il que cette personne devait bel et bien se cacher puisqu'il ne la trouva pas. Il laissa son regard flotter encore un peu entre deux eaux, avant de remarquer le point central de l'occupation de la plupart des convives.
Monsieur de Vorkosigan fît une légère moue. Lui si attaché à l'analyse des détails oubliait parfois de soigner le plan d'ensemble. Bien. Il fallait y remédier dans les meilleurs délais.
D'un oeil malicieux, il intercepta un des membres du service, qu'il débarassa de son précieux ouvrage : six verres de champan, plateau inclus.
" Mais que ! " lui glissa le jeune homme, surpris de cette manoeuvre, réalisée dans le mouvement avec tant de spontanéité qu'il n'en fût même pas pétrifié.
" Il est l'heure des danses de couple, me semble t il. Allez les faire annoncer je vous prie. " lui dicta la Ronce, d'un ton coulant et courtois, qui n'appelait pourtant à aucune concession.
Monsieur de Vorkosigan arma son plateau, s'approchant des redoutables prédateurs qui s'assemblaient autour de la Danseuse de premier rang. Ces derniers, sachant l'heure des valses proches, sentaient leur moment de gloire venir et tout en s'observant les uns les autres, préparaient leurs rîmes et autres flagorneries d'usage, qu'ils tiraient à la vitesse de l'escrime bien que certaines soient éculées, venant directement d'autres ages.
Le mouvement lent, le bras calme et plat, Monsieur de Vorkosigan fît le service à la ronde autour de la Dame, donnant à chaque main de quoi pavaner, en l'occurence d'un verre de cristal doublé d'un alcool pétillant et doré. D'une manière anonyme - les nobles ayant pris l'habitude de ne pas regarder les gens qui les servaient - il distribua autant de verres que de soupirants, lesquels se trouvèrent bien mal à l'aise lorsque les premières notes résonnèrent, alors que leurs mains encore pleines leur interdisaient toute approche directe.
Monsieur de Vorkosigan se planta en plein milieu de ces gens, prenant la place convoitée, face à la Danseuse.
" Ma Dame, si je puis me permettre... " dit il en déposant son plateau au sol et en le faisant glisser du plat du pied sous un imposant buffet. |
| | | Nessa Calianthe
En attente de validation.. Nombre de messages : 19 Âge : 124 Date d'inscription : 29/02/2008 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié | Sujet: Re: [Manoir de la Maison Usher] - Concerto des Filantes - [Nessa] Lun 30 Mar 2009 - 18:43 | |
| Ils étaient là, attendant sa venue. Se pavanant devant les Dames, répétant leurs numéros de charmes, ils s'exerçaient avant les danses de couple. Ils étaient comme des poissons, dans des costumes lustrés et brillants, occupés par de petits appâts de dentelles. De loin, et avec la musique, la réception ressemblait à un gigantesque ballet aquatique, où chaque individu se déplace en harmonie avec les autres, d'un groupe de poisson à l'autre. Mais un hameçon n'allait pas tarder à jouer les troubles fêtes, à perturber ce petit monde réglé à la baguette.
Et ils devraient mordre.
Nessa s'avança, tranquillement, sans s'arrêter près des groupes déjà formés. Des discussions ça et là menaient bon train, devisant des taxes, des prix trop chers, du coût élevé des produits d'importation, de choses ennuyeuses, en somme. Elle évitait les bancs, parfois entraînant dans son passage quelques curieux ravis de se soustraire aux discutions barbantes. Comme un aimant, elle attirait des hommes et même des femmes, puis s'arrêtant soudain à un endroit peu avant vide de la salle, elle forma son propre groupe. Elle avait ferré des célibataires, elle devait maintenant en choisir un. Et le pêcher, à point.
Peu à peu, les femmes quittaient son cercle, vexées de ne point être les cibles de toutes les admirations ; il n'y en avait que pour la Dame Calianthe, l'extraordinaire Danseuse, celle qui avait illuminé la réception par sa présence. A tous ces dires, Nessa hochait aimablement la tête. Ils n'étaient que foutaises, bien entendu ; elle était rôdée à ce genre d'exercice, à ces flatteries mondaines, si bien qu'elles ne lui tournaient plus la tête. C'était une des façons peu discrètes de la séduire dont les hommes usaient et abusaient avec elle. Par la force de l'habitude, sûrement. Si celà aurait pu marcher avec une humaine, l'âge de Nessa lui rappelait ô combien de se méfier de ces ronds de jambes, quasi toujours sans suite.
Elle avait donc le choix. A sa gauche, directement, un Monsieur bien entreprenant, exhibant nombres bijoux dorés, sûrement empruntés discrètement à quelques compagnes. Il tentait de détourner l'attention de sa calvitie bien avancée par divers discours sur la danse, qu'il disait pratiquer à la perfection. Il aurait été un candidat sérieux, si sa femme, une dame bien en chair, n'avait pas eu l'incorrection de l'emporter loin de la tentation peu avant le commencement des danses. A sa droite, au contraire, un jeune premier la dévorait littéralement des yeux ; mais qui dit jeune premier, dit jeune fauché. Il était donc éliminé d'office. A la droite du jeune homme, un gros industriel se vantait de sa fortune ; apparemment, l'industrie navale avait pris depuis peu un essors tout à fait particulier. Lui pourrait faire l'affaire, car il avait eu la délicatesse de laisser sa femme avec ses gosses, bien à l'abri des mondanités. En face, un autre bourgeois du même type haussait le ton pour focaliser l'attention sur lui. Un combat de coqs, se battant pour ce qu'ils pensaient être une poule de luxe. Heureusement pour elle, Nessa s'estimait trop pour accepter d'être comparée à de la volaille. Malheureusement pour eux, Nessa les estimait bien moins qu'une aile de poulet.
*Au moins, les ailes de poulet ont bon goût...*
La Dame s'empêcha de pouffer de rire à sa pensée. Un nouvel élément se mettait en place dans son groupe, qui perturbait l'ordre établi. Un homme, d'ombres, d'ors, de pourpres et d'azurs distribuait de ci de là des verres de champan, habilement, bien qu'il n'ait rien d'un serveur. C'était l'homme qui avait applaudit en premier son spectacle, elle se rappelait la couleur de son costume. Les danses de couple allaient être bientôt lancées ; chacun attendait le moment propice pour remporter la première valse avec Nessa, et ainsi gagner la soirée avec elle. Cependant, quand les premières notes retentirent, ils se trouvèrent bien embarrassés avec leurs verres. Et le nouveau venu en profita.
" Ma Dame, si je puis me permettre... " dit il en déposant son plateau au sol et en le faisant glisser du plat du pied sous un imposant buffet.
"Avec plaisir, Monsieur... l'Inconnu" répondit-elle, son sourire caché par son voile.
Elle savait qu'elle n'avait pas affaire à un imbécile, vu sa manière ingénieuse de procéder. Point de crétin décérébré pour cette fois ! Elle n'aurait du coup sans doute pas de cadeau coûteux pour supplément à son spectacle, mais elle pouvait au moins s'offrir une danse, voire la soirée entière, en agréable compagnie.
Ils s'avancèrent donc sur la piste de danse, où déjà quelques couples se formaient. |
| | | La Ronce de Diantra
Humain
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| Sujet: Re: [Manoir de la Maison Usher] - Concerto des Filantes - [Nessa] Lun 30 Mar 2009 - 18:45 | |
| Monsieur de Vorkosigan gratifia la jeune femme d'une légère inclinaison du buste, soulignant le choix de cette dernière d'une marque de déférence rendue possible par l'exercice des bonnes manières. Il se redressa lentement, tâchant de ne point montrer trop de hâte, puis offrit son bras en escorte pour conduire la Dame jusqu'à la piste de danse.
Attentionné il cadença ses pas sur la longueur de ceux de sa compagne de Bal et se posta face à elle alors que l'orchestre laissait filtrer quelques premiers accords, relachant leur nervosité dans l'éther son à son. Car ce genre de moments étaient - sans jeu de mot - le point d'orgue de tout bal mondain, celui où les couples se formaient devant un parterre consituté de puissants et de nuisibiles, qui savaient faire une réputation ou colporter de puissants ragôts.
" Monsieur de Vorkosigan, pour vous servir, Dame Calianthe " glissa t il en guise d'introduction rituelle. Il se présenta de trois quart de face, levant leurs mains réunis à hauteur des épaules de la Dame Oiselle. Forcément, marquer le pas de danse avec une professionnelle était toute une épreuve, en sus d'être un plaisir.
Le violon égraina quelques notes sonores dans l'air, laissant encore quelques secondes aux participants pour se préparer et à Monsieur de Vorkosigan le temps d'envisager sa propre stratégie.
Le pied gauche du jeune homme se déroba, glissant en arrière sur un rythme parfaitement ordonné, laissant les épaules se dérober afin de permettre une révérence parfaitement exécutée, quoique fort contraire aux usages, tirant quelques critiques de vieilles commères et quelques soupirs d'aise de plus jeunes dames.
La Dame Calianthe était une Déesse descendue de scène pour honorer le plancher des danses des hommes, et Monsieur de Vorkosigan fût le premier à le reconnaitre. Sa posture de révérence tenait à la fois d'une posture mondaine et de la sacralité d'un pénitent venant porter quelques secrets messages à une statue venue du monde antique. Le visage baissé en signe d'humilité devant le talent de la Dame n'enlevait à rien à l'axe de son regard, resté fixé sur la jeune femme durant tout le mouvement.
Il se redressa d'un mouvement leste et souple, trahissant de nombreuses années à parfaire le contrôle de son corps, comme le font bien souvent les danseurs ou les amuseurs du cirque, tirant la Dame Calianthe à lui dans le même temps.
" Valse à quatre temps, en comptant les pas manqués de ma part... " lui dit il en prenant posture, entamant le mouvement de rotation propre aux danses valsées. L'orchestre prouva qu'il était un corps muni d'un seul esprit en laissant les notes s'envoler à l'unisson, tantôt de façon groupée, tantôt d'une manière déliée.
Et ainsi allaient les danseurs, deux à deux, en Diantra, sous les étoiles.
D'un geste embusqué dans sa manche, il réhaussa sa main et celle de sa cavalière entre eux, imposant soudainement une distance que la danseuse interpréta à l'instant, ne se laissant point perturber par cette infraction aux règles de la valse Diantresque. D'une attitude rendue possible par les années dédiées à l'étude de nombreux pas de danse, cette dernière imita les mouvements de son cavalier, lequel les entrainait en une lente spirale dont le point central était la jonction de leurs deux mains.
Monsieur de Vorkosigan avait pris les devants. Incontestablement moins adroit que sa cavalière et empressé qu'il était de lui offrir une de ces surprises qui font les instants délicieux de la vie, il s'était résolu à tenir la seule attitude possible.
Puisque la Dame Calianthe surpassait son talent à toute les danses, il n'était possible alors que de s'engouffrer en une seule tactique.
Inventer la danse, pas à pas.
Lançant sa botte, il s'esquiva vers la droite, laissant sa cavalière imiter son mouvement, puis vers la gauche, d'une réplique les conduisant peu ou prou en leur point de départ. Celà se nommait l'avancée.
D'une main pointant vers les étoiles - là où l'imbécile n'irait voir que le plafond - il fît pivoter sa cavalière alors que lui même restait fixe, de côté, pour la recevoir dos contre lui. Il bloqua leur pose un instant, le temps de s'exalter d'une fragance laissée évasive au cou de la Dame, avant de la relacher. Celà se nommait l'enlassement.
Puis il enchaina d'une ronde plus rapide, presque conforme aux us et coutûmes des valses que l'on pratiquait dans les Maisons Courtisanes de Camorr, ces familles aux richesses n'ayant d'égale que leurs dettes envers leurs fournisseurs d'amusement. Celà se nommait la ronde à quatre temps.
Les témoins de la scène se scindèrent en deux parties, presqu'égales. Des rivages, les observant de loin, la troupe des jaloux et des envieuses. Plus proches, leur équipage, embarqué avec eux en une délicate traversée les ayant mené au centre de la salle, là où observent les plus douées marieuses.
Ronde... Ronde... Avancée... Ronde... Avancée... Avancement...
Les règles de la danse étaient désormais posées et connues de deux participants, mieux maîtrisée désormais par la Muse que par le Poète.
" Attention ... Il est une dernière extravagance...vers la fin... " lui dit il alors que les musiciens entamaient leur final, poussant leurs organes dans leurs derniers retranchements.
Monsieur de Vorkosigan se saisit des deux mains de sa partenaires et brisa l'enchevêtrement de leurs pas, se tenant face à face, à bout de bras, tournant l'un par le poids de l'autre comme le font bien souvent les enfants, en cour d'écoles.
La Ronce de Diantra rit légèrement, grisé par le moment, avant de reprendre la Dame Calianthe contre lui, en un dernier enlassement tombant sur la danse, comme le silence sur la scène. |
| | | Nessa Calianthe
En attente de validation.. Nombre de messages : 19 Âge : 124 Date d'inscription : 29/02/2008 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié | Sujet: Re: [Manoir de la Maison Usher] - Concerto des Filantes - [Nessa] Lun 30 Mar 2009 - 18:47 | |
| Fermant les yeux de plaisir lors du dernier enchaînement, la Dame Calianthe se laissa aller à une vague de souvenir, lorsque sa propre mère, Danseuse de grande renommée, lui avait appris à contrôler son corps et les forces qui le contraignaient par un pareil pas de danse enfantin. Elle termina avec grâce, se laissant faussement mener par son cavalier ; la fin logique du spectacle était, forcément, un dernier enlassement qui laisserait rêveurs les plus habiles danseurs.
Les notes restèrent suspendues dans l'air, comme à la fin de chaque représentation, où l'artiste attendait ce tonnerre d'applaudissements qui consacrerait à jamais sa carrière. Car c'était bien du spectacle, et rondement mené ; l'on parlerait pendant longtemps dans les nobles assemblées de ce duo si bien assorti.
Après une autre révérence, tout aussi souple et calculée, ainsi que quelques claquements de main appréciateurs, Nessa entraîna son cavalier sur le bord de la piste de danse, assez loin des intrigants pour n'être entendue que de son compagnon, et assez près des autres danseurs pour ne pas être gênée par d'éventuels intervenants indiscrets.
"Monsieur de Vorkosigan, force m'est de constater que vous avez surpassé bon nombre de cavaliers qui ont eu la chance - ou le malheur - de m'accompagner. Bien peu se sont risqués à inventer des pas de danses, et tous ont échoué à leur propre jeu."
La Dame inclina la tête en signe de reconnaissance et esquissa un sourire sincère à travers son voile. Glissant une main dans la sacoche accrochée à sa ceinture, elle en retira un éventail, qu'elle ouvrit d'un coup sec, et s'éventa avec plaisir. Elle n'avait pas tout à fait récupéré de son propre spectacle, aussi la danse l'avait-elle passablement essoufflée, ce qu'elle tentait de dissimuler, comme il est d'usage dans les Soirées.
"Si votre intention était de m'impressionner, je reconnais bien volontiers votre talent. Cependant je vous soupçonne fortement de vouloir attirer l'attention sur vous ; serait-ce pour une Demoiselle bien difficile qui se refuse à vous ? Celle-ci, peut-être ?"
Elle désigna d'un mouvement d'oeil une jeune fille toute fraîche, occupée à regarder niaisement dans leur direction. Puis elle sourit franchement.
"Dans ce cas, je ne vous suis plus d'aucune utilité, je crois bien que vous avez réussi haut la main dans votre entreprise. La Demoiselle doit être terriblement jalouse de moi, en ce moment même ; je vous l'assure. Quant à vous, vous vous êtes attiré les foudres des gentilshommes que vous avez écartés bien habilement de mon entourage. La balle est dans votre camp, Monsieur. Vous avez gagné, par votre audace, ma compagnie et ma sympathie pour toute la soirée, si vous le souhaitez." |
| | | La Ronce de Diantra
Humain
Nombre de messages : 132 Âge : 42 Date d'inscription : 22/02/2008
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié
| Sujet: Re: [Manoir de la Maison Usher] - Concerto des Filantes - [Nessa] Lun 30 Mar 2009 - 20:29 | |
| Monsieur de Vorkosigan s'orienta légèrement vers la dite jeune fille en fleur n'ayant d'yeux que pour lui. Il la gratifia d'un sourire charmant, quoiqu'un brin gêné aux entournures. Pour vous avouer l'entière vérité, il ne la connaissait ni d'Eve, ni d'Adam, détail qui ne l'empêcha pas de poursuivre.
" ... une fort délicate enfant, pour qui n'a pas vu son père, un important négociant en pièces de cuir, lequel dégage via sa pipe une fumée plus importante que toute les tanneries qu'il dirige... Entre l'odeur du tabac et celle du cuir, je passe de Charybde en Scylla à chaque fois qu'il m'entretient de sujets d'importance... " Annonça t il d'une voix doucereuse, tout en cherchant des yeux à la ronde un personnage invisible.
" Si la fille est présente, c'est qu'il doit se tenir dans le coin, embusqué et prêt à s'enquérir de mon avis sur l'avenir des manufactures de tabac auprès de la noblesse..." poursuivit il en dévisageant les gens présents à la dérobade, à la suite de quoi, il porta de nouveau sa pleine attention envers la Dame Calianthe.
" Oserai-je vous mêler à ces affaires... " dit-il en laissant trainer sa voix. " J'accepte fort volontiers de poursuivre cette soirée en votre compagnie, Dame Calianthe. Néanmoins, puisque je dispose du qualificatif d'audacieux, peut être accepteriez vous de ... " mit-il en suspens, le temps qu'un couple passe auprès d'eux et s'éloigne de quelques pas. Il les observa d'un air un brin soupçonneux, comme si le Maitre Tanneur avait pu se grimer en Dame de la Cour pour mieux espionner ses dires. " ... de me laisser profiter de votre compagnie pour encore un temps, mais en d'autres lieux... Je me ferai une joie de vous escorter jusqu'à vos appartements, en ville, si vous le souhaitez. " conclut-il provisoirement.
La Dame Calianthe ne s'offusqua pas de sa proposition, ce qui était déjà de bon ton. Avant qu'elle n'ait pu répondre à sa demande, Monsieur de Vorkosigan lui offrit son bras en escorte. Elle fit un pas en avant et s'arma de son cavalier. D'un pas leste elle traversa la pièce, visiblement tout aussi habituée à porter un homme en parure que d'autres les bijoux. Le portier leur ouvrit la porte et leur souhaita une bonne fin de soirée, laquelle, selon toute évidence, s'annonçait sous les meilleurs hospices.
Le long du chemin, Monsieur de Vorkosigan détailla quelques particularités de l'architecture Diantresque. Ces dernières, fort imagées et décrites à grand renfort d'histoires à peines crédibles, se révélèrent pourtant presque toutes vraies. Chemin faisant, ils devisèrent avec le naturel de ceux n'ayant rien à prouver et profitant de l'instant, sans viser d'autres finalités que l'actuelle réalité. Les rues des beaux quartiers, éclairées et larges, permettaient de cheminer sans s'inquiéter d'être inquiété par les malandrins des bas quartiers.
Elle le guida jusqu'à une bâtisse portant fière allure, laquelle abritait une bonne partie de la troupe de Bal de la Dame Calianthe. Le parvis s'approchait et Monsieur de Vorkosigan calcula les prochains mots avec une attention particulièrement soutenue. La Dame Calianthe ouvrit la porte d'une clé tirée d'une poche dissimulée dans l'un de ses revers, d'un adroit mouvement du poignet.
Il y eût un instant d'hésitation.
" Ma Dame, vous me conforterez sûrement à ce sujet, mais, ce serait faire ombrage à votre réputation que d'en espérer qu'une once de plus, pour ce soir. Sachez néanmoins mon bonheur complet, mon honneur satisfait et ma fierté en verve quant à cette soirée. " dit il en reculant d'un pas.
" Je serai fier de pouvoir vous rencontrer de nouveau, en d'autres circonstances et en d'autres lieux qui me conviendront, s'ils vous conviennent... " dit il en se penchant légèrement en avant, pour la saluer en attendant sa réponse.
" Ce sera avec plaisir, Monsieur de Vorkosigan " dit elle d'une voix douce, dont il était impossible de savoir si elle disait vrai ou prêchait faussement. Il resta penché pendant qu'elle refermait la porte derrière et tournait la clé à l'intérieur de la serrure.
Monsieur de Vorkosigan se pencha soudainement plus avant, collant son oreille à la porte. De prime abord, il n'entendit rien de bien concluant et se persuada que de l'autre côté de la porte, l'on pratiquait le même rituel. Pourtant, avec l'aide de quelques grincements, il détermina la présence de la Dame dans un escalier conduisant aux chambres de l'étage.
Il se redressa vivement et déboutonna sa veste en pleine rue, alors qu'un môme d'environ une douzaine d'années se dévoilait d'un coin de rue. Rapidement, ils s'échangèrent quelques colis. Monsieur de Vorkosigan pesta contre ses chaussures de villes et enfila une paire de botte à sautant à cloche pied en pleine rue, puis, il confia son veston contre une tenue de saltimbanque, qui le couvrit des épaules jusqu'à la taille.
" En route Moucheron " dit il d'une voix légère, profitant de la fraicheur de ses bottes pour profiter d'un regain de vitalité.
" Vous êtes sur de ne rien oublier, Monsieur ? " caqueta le gamin en lui jetant son sabre, encore au fourreau. Monsieur de Vorkosigan le récupéra à la volée et le fixa à sa ceinture tout en se mettant en route vers quelques projets secrets. |
| | | Nessa Calianthe
En attente de validation.. Nombre de messages : 19 Âge : 124 Date d'inscription : 29/02/2008 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié | Sujet: Re: [Manoir de la Maison Usher] - Concerto des Filantes - [Nessa] Sam 4 Avr 2009 - 22:38 | |
| La Dame referma la porte de la bâtisse avec délicatesse et tourna la clé dans la serrure, sans précipitation ni lenteur exagérée. Terminer une soirée agréable avec un homme en toute bienséance était un art qu'il ne fallait pas négliger, car il augurait souvent de la qualité du prochain rendez-vous.
Il était rare d'ailleurs que Nessa se fasse raccompagner jusqu'à sa demeure ; le menu fretin qu'elle pêchait dans ses filets confondait souvent Danseuse et Fille de Joie. Certes, les deux faisaient commerce de leurs corps, mais la Dame Calianthe était telle une fleur sous une coupole de verre, délicate et intouchable. Et surtout, intouchée. Il était aussi rare qu'un homme en sa compagnie ne tente pas d'obtenir plus en avant ses faveurs, pour une nuit. Car la Danseuse est un met singulier, non pas pour sa beauté, mais par son art du spectacle. Voir ainsi se contorsionner son corps, comme une poupée déliée, attisait nombre de convoitise et de curiosité. Un trophée de choix, en somme, dont les hommes peuvent se vanter entre eux.
Nessa se baissa prestement et colla son oreille contre la porte, mue par une curiosité enfantine. Etait-il encore là ? Serait-il là demain ? Elle avait accepté tacitement de perdre une soirée de pêche pour la passer en sa compagnie, et voilà qu'il la raccompagnait, le bal n'étant même pas fini. Elle aurait pu en être vexée, mais la représentation l'avait fatiguée, cette nuit de repos ne serait pas de trop pour aller, le lendemain, trouver d'autres clients à son spectacle. Les temps étaient durs, et cela avait été une aubaine pour sa troupe que d'être quémandée par une grande Dame de Diantra.
N'entendant plus rien, elle se releva, et se jeta dans les escaliers, sautant les marches quatre à quatre comme à son habitude ; s'appuyant sur la rampe, ses pieds semblaient à peine frôler le bois mais pourtant, quelques grincements s'arrachèrent aux planches usées de la maison.
"Maudit plancher..." murmura-t-elle, le souffle court.
Elle ouvrit la porte de sa chambre à la volée, sans prendre la peine de la refermer. Elle se savait seule ici, tous les membres de sa troupe s'amusaient au bal. Déboutonnant les quelques liens de sa robe et expédiant ses chaussures d'un geste peu orthodoxe, elle s'approcha de sa fenêtre, qui donnait sur la rue principale où Monsieur de Vorkosigan l'avait laissée quelques minutes plus tôt.
Sa surprise fut grande lorsqu'elle l'aperçut, lui aussi, en train de se déshabiller, du moins d'enlever sa veste. Un jeune garçon l'avait rejoint et lui donnait divers paquets en échange d'autres, notamment la veste, puis les chaussures de ville, contre un costume d'acrobate et des bottes plus passe-partout.
"Que... ?" s'exclama-t-elle, fronçant les sourcils.
Elle avait quitté sa robe en regardant la scène et attrapé ses vêtements usuels, tunique blanche et caleçon sombre. Elle décrocha son voile, révélant ainsi sa bouche. Elle n'avait pas le temps de défaire les fleurs dans ses cheveux, Monsieur de Vorkosigan attrapait déjà un sabre au vol et se mettait en route, à pas rapides, à droite de la maison, passant sous la fenêtre de la Dame.
Nessa dévala une deuxième fois l'escalier, en sens inverse. Accrochés à sa ceinture, ses deux éventails bougeaient en tout sens lors de ses mouvements fluides et rapides. Elle s'obligea à un instant de patience, avant de dévérouiller et d'ouvrir la porte d'entrée, afin que le Sieur ne la surprenne derrière ni ne l'entende. Puis elle sortit, à pas feutrés, et s'engagea dans la rue où il avait disparu.
Car chacun dans le bal se dirait que Monsieur de Vorkosigan passait la suite de la soirée en la compagnie de la Danseuse, voire même toute la nuit. A quoi profitait son alibi... S'était-elle trompée en le jugeant gentilhomme ? Elle espérait bien découvrir le but de sa course secrète pour se faire une idée du personnage.
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