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 Éclats [Erialeth]

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MessageSujet: Éclats [Erialeth]   Éclats [Erialeth] I_icon_minitimeDim 14 Juin 2009 - 20:47

La première chose qu’elle sut, c’est que quelque chose n’allait pas. Dans la part d’irréel qui sépare l’inconscient du conscient, Eri ne put que saisir cette pensée, fugace, éloignée, mais horriblement persistante. Puis, ce fut le réveil.

La jeune elfe ouvrit grand les yeux et se redressa droite dans un somptueux lit inconnu aux draps d’une qualité qu’elle n’avait jamais vu. Cependant, elle n’eut pas le temps de se demander pourquoi, car une douleur fulgurante lui fait l’effet d’une explosion dans son épaule gauche. Incapable de comprendre le pourquoi du comment, elle porta une main à l’origine de la douleur et serra les dents pour s’empêcher de crier. Sa vision s’embrouilla.

Qu’est-ce qui s’était passé? Pourquoi se trouvait-elle là, dans cette chambre qui ne lui disait absolument rien? Où était son oncle? Où était-elle? Tout était si flou dans sa tête...

Lorsque la douleur s’estompa un peu et qu’Eri put bouger sans trop la raviver, elle sortit de sous les couvertures afin d’inspecter la pièce. Petite, quoique équipée de meubles de meilleure que tout ce qu’elle avait jamais possédé, la chambre était, chose plus importante que toute autre, totalement inconnu. Les murs de pierres laisaient sous-entendre une édifices beaucoup plus imposant que ce qu’elle avait l’habitude.

- Il y a quelqu’un?

Son appelle ne reçut aucune réponse. Une vent de panique commença à la gagner. Cette chambre, cette blessure, à son épaule, le flou qui planait sur la raison de sa présence... Ça commença à la faire légèrement paniquer.

- Oncle Gerik? Où es-tu?

Une fois encore, personne ne lui répondit.

- Bon! Ce n’est pas grave! Rien n’est désespéré, non? se dit-elle tout haut afin de se donner un peu de courage. Tant qu’il y a de la vie, y’a de l’espoir, et je suis en vie! Maintenant, je dois simplement savoir ce qui m’arrive et, surtout, savoir où je suis. Et je ne pourrai pas le savoir tant que je serai ici.

Ainsi donc, l’elfe, malgré la douleur, la peur et l’incompréhension, s’aventura à l’extérieur de la pièce dans laquelle elle s’était réveillée. La long couloir désert ne fit pas en sorte de la rassurer, mais pour trouver des réponses à ses questions, ça lui semblait le choix le plus judicieux.

- Ça ne peut pas être pire que les bas quartiers de Diantra. Quoique... Ça ressemble à un château... Enfin... Je crois. Je n’ai jamais été dans un château.

Le premier pas fut le plus difficile pour elle et le reste se fit avec moins d’hésitation. Des voix se faisaient entendre au loin, mais Erialeth eu la désagréable malchance de ne croiser personne. Peut-être parce que le soleil était à veille de se coucher? Enfin... Même si elle ne savait pas où elle se trouvait exactement, elle avait maintenant la confirmation qu’il s’agissait d’un château.

À certain moment, elle tomba sur une cours intérieure. Pas la moindre trace d’une âme pouvant la renseigner. Tout le monde était en congé ou quoi? Ça en devenait irritant.

- Hé! Il y a quelqu’un? Ce n’est pas drôle...
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MessageSujet: Re: Éclats [Erialeth]   Éclats [Erialeth] I_icon_minitimeDim 14 Juin 2009 - 22:35

Pour une fois, ce ne furent pas ses horribles cauchemars incroyables de réalisme qui tirèrent Katalina de son sommeil mais les chauds rayons du soleil filtrant entre les rideaux de sa fenêtre. Après s’être étirée paresseusement, la noble balaya les derniers vestiges d’un sommeil tranquille en se redressant. Elle cligna des yeux, histoire de les habituer à la lumière, puis s’assit sur le bord de son lit. C’était la première fois que les cauchemars la laissaient tranquille, et si elle n’était ni reposée ni apaisée, elle se sentait tout de même en bien meilleure forme que jamais depuis son retour parmi les vivants. Après avoir remis en ordre les pans de sa robe de nuit, elle se leva et s’approcha du grand miroir qui trônait dans sa cage dorée. La femme qui l’observait, inquisitrice, derrière le verre lisse et froid, ne semblait pas au meilleur de sa forme. Les traits tirés par la fatigue, les yeux cernés, les cheveux en bataille, elle semblait ne pas avoir dormi ni mangé depuis un bon moment. Katalina soupira. Voilà à quoi elle ressemblait, désormais, à une sorte d’épouvantail. Elle avait un peu de mal à se l’avouer, mais le fait qu’elle ne faisait pas beaucoup d’effort pour y remédier n’était pas du au hasard. Au moins, comme ça, il y avait peu de chance qu’elle subisse des avances déplacées ou qu’un homme ressente un quelconque désir pour sa personne. Il arrivait même qu’elle espère que Merwyn se désintéresse d’elle… Le plus souvent quand la fatigue prenait le pas sur le reste et qu’elle ne se sentait plus la force de continuer à jouer le rôle de la miraculée se remettant lentement des sévices qu’on avait pu lui infliger.

Le duc ne savait rien de ce qu’elle avait subi. Elle s’en était assurée, ne livrant rien d’elle-même et éludant ses potentielles questions. C’était mieux, aussi bien pour lui que pour elle. Elle ne se sentait pas le courage de lui imposer ce fardeau, tout comme elle se sentait incapable d’affronter son regard. Non, mieux valait qu’il ignore tout de sa détention. Au moins, comme cela, pouvait-il sous-estimer l’horreur et croire à la comédie qu’elle lui livrait. Elle faisait des efforts en ce sens, en se forçant à sortir de plus en plus souvent de sa chambre par exemple. Son jeu ne se fissurait que quand on portait la main sur elle, elle se dérobait alors sans prendre le temps de réfléchir, avant de tenter de rattraper le coup, la plus part du temps misérablement, et de s’en aller aussi vite que possible. De quoi faire douter de sa bonne foi quant à sa lente guérison…

S’arrachant à l’inquiétante vision de son corps dévasté, elle entreprit ensuite de se laver, chose ô combien difficile pour elle désormais. Il fallut s’y reprendre à plusieurs fois, vaincre les tremblements incontrôlables, calmer la respiration saccadée - quand elle parvenait à respirer - mais elle ne s’en tira pas si mal que cela, au final. Beaucoup mieux que sa première tentative, en tout cas, et bien moins bien que sa prochaine, du moins l’espérait-elle. Et bien que la séance dura bien moins longtemps que ne le préconisait l’usage, elle était propre quand elle retourna dans sa chambre. Choisissant une robe un peu au hasard, au ton majoritairement blanc, saupoudrée d’un peu de bleu et de brun. Un léger coup d’œil lui confirma ses doutes : les robes ne faisaient pas des miracles et le fait que celle-ci ne lui allait plus vraiment n’aidait pas. Après avoir ajusté comme elle le pouvait ses manches, elle dut se rendre à l’évidence : elle en était arrivée au point où elle n’avait plus rien d’autre à faire. Il lui avait fallut presque deux heures pour se préparer. Poussant un profond soupire, elle prit lentement la direction de sa porte, l’ouvrit, et sortit de sa propre prison, comme tout les matins depuis quelques jours déjà.

Mélange de chance et de malchance, elle ne rencontra que bien peu de gens. Quelques gardes, deux serviteurs, en tout et pour tout. Elle espérait juste qu’il rependrait la nouvelle : elle était sortie ce matin aussi et semblait aller encore mieux que la veille. Elle pensait ses sourires convaincants, et pour cause, il fallait bien qu’une vie de faux semblants serve à quelque chose. Pour parfaire sa petite illusion, elle s’approcha même d’un des gardes, digne et fière comme elle se le devait. Ce dernier l’accueillit d’une respectueuse révérence.

« Dame Noblegriffon.
- Bonjour… Quelles sont les nouvelles du château ?
- Rien qui ne sorte de l’ordinaire, ma Dame… A part cette elfe que la garde a récupérée, une dague plantée dans l’omoplate. Elle a été installée dans une chambre, dans l’aile des servantes, si je me souviens bien.
- Très bien. Merci… »


Et, après un doux sourire et un hochement de tête, elle s’éloigna. Ses pas ne l’amenèrent pas vers l’aile des servantes, comme on aurait pu s’y attendre. Avant, peut-être, mais elle ne se voyait pas tenter de réconforter une personne alors qu’elle-même n’allait pas « bien ». Elle ne s’en sentait ni l’humeur, ni l’envie, ni le courage, ni… En clair, elle ne le ferait pas, tout simplement parce que ce n’était pas à elle de le faire. A la place, elle décida de se rendre aux jardins. Peut-être trouverait-elle la paix et la sérénité en se recueillant au milieu de la nature apprivoisée des hommes. Ce n’était peut-être pas aussi bien que les forêts sauvages et magnifiques des elfes, mais cela irait pour cette fois. Le hasard de ses errances lui fit se rapprocher de la dite aile, et c’est ainsi qu’elle tomba sur la dite elfe. Du moins, qu’elle entendit ses appels désespérés. Elle hésita un instant. Une partie d’elle-même ne désirait que s’éloigner le plus promptement possible, mais elle ne put s’y résoudre. L’ignorer quand elle ne l’avait pas rencontré était simple, mais alors qu’elle entendait sa voix désespérée, elle ne pouvait plus faire comme si de rien était. Au moins la rassurer, lui indiquait le lieu dans lequel elle déambuler. Cela, elle pouvait et devait le faire. C’est pourquoi elle s’approcha, jusqu’à apercevoir la désœuvrée. La pauvre semblait totalement perdue, et peut-être aussi épuisée qu’elle. Ralentissant le pas, elle feignit une toux pour attirer son attention, avant de se lancer.

« Excusez-moi… Mais vous sembliez perdue et… Hum. Vous allez bien ? »

Pas de doute, il s’agissait bien d’une elfe, et s’il fallait en croire son air hagard, il devait s’agir de la rescapée dont lui avait rapidement parlée. Joignant ses mains, elle reprit la parole.

« J’ai cru comprendre que vous aviez été… attaquée… Vous promenez seule n’est peut-être pas la chose la plus sage qui soit. »

Sauf que, elle était bien placée pour le savoir, on agissait rarement sagement quand on était blessé, que ce soit physiquement ou mentalement. Légèrement gênée malgré elle, elle observa son interlocutrice. D’à peine une quinzaine d’année en apparence, Katalina en déduisait donc qu’elle avait déjà vu passer plus d’été qu’elle-même en aurait peut-être l’occasion. Etrange pensée que de se dire qu’elle était aussi « vieille » qu’un enfant d’à peine cinq ans chez les elfes. Etrange, et dérangeante, peut-être. Blonde, à l’extrême opposée des cheveux noir bleutés de Katalina, elle était aussi plate qu’une enfant d’une dizaine d’année, chez les humains. Encore une autre différence notable entre les deux races. Sans être énormément pourvue par la nature, elle semblait étrangement opulente face à cette taille de guêpe et à cette poitrine plate. Quoi que la jeune humaine ne s’attardait pas vraiment sur ces menus détails, alors qu’elle observait la nouvelle habitante du château ducal.


Dernière édition par Katalina le Mer 17 Juin 2009 - 16:18, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Éclats [Erialeth]   Éclats [Erialeth] I_icon_minitimeLun 15 Juin 2009 - 6:07

Ses appelles restèrent sans réponses pendant ce qui parut à la jeune elfe une éternité. Au milieu du resplendissant jardin, en simple chemise de nuit en coton très simple, elle se savait faire tâche. Cet endroit n’était pas Diantra, il lui semblait, n’était pas chez elle. Ce n’était pas un endroit qu’elle avait déjà vu, encore moins jamais imaginé connaître. Et maintenant, alors qu’elle n’arrivait à expliquer sa présence en ces lieux, tout lui paraissait trop grand, trop spacieux, trop colorés... Tout lui paraissait horriblement irréelle, et infiniment loin d’elle.
Sa place n’était pas là. Tout son corps réagissait à ce sentiment de perte de contrôle total sur la situation. Ses mains tremblaient, sa voix étaient faible et hésitante, sa démarche, incertaines. Tout ça lui faisait peur, la terrifiait. Tout, du grand château qui la dominait de sa hauteur à cet ignorance sur le pourquoi du comment.

Ses yeux finirent par se brouiller de larmes. Où était l’oncle Gerik? Lui, il saurait. Il avait toujours réponse à tout. Avec lui, elle n’aurait rien à crainte. Pourquoi n’était-il pas là?

Puis, un flash.

Oncle Gerik lui avait promis de lui faire visiter le pays elfique. Pour ce faire, leur parcours les avaient menés en Serramire. Cependant, lorsqu’ils avaient atteint la frontière, le duc les avait fait fermer et attendre leur réouverture avait été leur seule choix.

Cependant, ça ne lui expliquait pas plus pourquoi elle se trouvait seule dans un immense château.

Et soudain, un toux dans son dos. Le bruit, quoique faible, la fit sursauter d’effroi et Erialeth se retourna prestement afin de voir l’étranger. Une femme. C’était une simple femme. Humaine. Ça n’avait rien d’impressionnant. Sa présence à elle l’était beaucoup plus, puisqu’elle était une elfe. Une simple et inoffensive humaine qui pourrait répondre à ses interrogations. Enfin une âme qui vive dans ce grand édifice de pierre! Cela fit naître une mince lueur d’espoir en l’adolescente qui ravala ses larmes.

Cependant, lorsque la nouvelle venue lui parla d’une attaque, Eri ne put que rester muette, débous sellée. Une main se porta à sa blessure, qui bourdonnant encore d’une faible douleur constante. Ce simple concept lui fit oublier le reste des paroles de la femme aux cheveux noirs.

- Ah... Je ne m’en souviens pas. prononça-t-elle finalement avec lenteur, son regard devient vers le sol. Je ne me suis réveillée ici et... Je ne me souviens pas de ce qui s’est passé...

Un long frisson la parcourut et Eri ramena ses bras contre sa poitrine. Il ne faisait pas réellement froid à l’extérieur. C’était plus comme... Un mauvais pressentiment qu’elle ne pouvait expliquer. Néanmoins, la jeune elfe s’insurgea à ne pas désespérer, quoiqu’elle eut du mal à se convaincre. L’humaine. Oui, la femme devait savoir quelque chose d’autre! Cette pensée la revigora, d’une certaine manière, et Eri marcha vers elle, son pas encore mal assuré.

- Dites, mon oncle... Oncle Geril et moi, nous voyagions ensemble. C’est un grand humain aux cheveux bruns. Vous l’auriez vu? Il doit sûrement être ici. Il ne m’abandonnerait pas. Alors, si je suis... Dans cet endroit, lui aussi doit l’être.

Sa voix avait été suppliante d’une réponse affirmative. Ses yeux s’étaient de nouveau remplie d’eau. Il n’avait pas le droit de l’abandonner. Jamais il ne le ferait. Ils... Ils étaient une famille. Il était sa seule famille. Assurément, il devait être à quelque part, peut-être blessé comme elle, mais il se trouvait à quelque part.
À... Quelque... Part.

Intérieurement, quelque chose se fissura. Et si?
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MessageSujet: Re: Éclats [Erialeth]   Éclats [Erialeth] I_icon_minitimeLun 15 Juin 2009 - 14:37

La réaction de pure surprise de la « jeune » elfe surprit Katalina, qui se mordit discrètement la lèvre inférieure. A n’en pas douter, elle venait de commettre un impaire. Quelle idée aussi de reparler d’un événement traumatisant à une convalescente. Ce n’était pas pour rien que le palais ducal évitait de prononcer les mots « drows », « tortures », « sévices », et autres joyeusetés en sa présence. Même Trystan n’y avait fait qu’une simple allusion, et c’était celui qui c’était le plus approché du sujet. Elle n’avait pas pris de gant et commençait déjà à le regretter. Elle resta immobile, attendant une réaction, espérant juste que l’elfe ne se mettrait pas à pleurer. La jeune noble avait du mal à faire face à sa propre souffrance, elle ne se sentait pas la force de contempler celle des autres.

Mais l’adolescente ne pleura pas. Elle porta une main à son épaule - Katalina en déduisit qu’il s’agissait de sa blessure - et baissa lentement la tête. Ainsi, elle ne se souvenait de rien. Ce devait être dérangeant, en effet, de se réveiller dans un endroit inconnu, blessée à l’épaule et amnésique. Pour autant, la noble ne put compatir, car l’elfe avait obtenu ce dont elle rêvait désormais : l’oubli. C’était dérangeant, certes, mais surement moins que de se souvenir de chaque minute d’une détention abominable. Au moins, elle n’aurait pas à vivre avec les détails de l’attaque qu’elle avait subie. Elle ne put s’empêcher un petit commentaire, à mi-voix. Comme à elle-même.

« Il y a des souvenirs bien plus agréables à conserver… »

En effet, et ils étaient nombreux. Après tout, savoir comment un couteau en était venu à se retrouver planter dans votre épaule était-il si important ? Que vous le sachiez ou non, il s’y trouvait, alors à quoi bon rajouter à la douleur physique un malaise mental ? Le rêve de Katalina était qu’elle se réveille un matin, amnésique des derniers mois, que Merwyn soit là pour l’accueillir et qu’il lui mente, lui assurant qu’elle avait fait une mauvaise chute, ou qu’une vilaine fièvre l’avait maintenant comateuse assez longtemps pour l’affaiblir et la mettre dans l’état dans lequel elle se trouvait désormais. Un rêve que personne ne semblait pouvoir lui accorder.

Mais, comme inconsciente de sa chance, l’elfe semblait en proie à des interrogations paniquées. Mal à l’aise elle-même, Katalina resta immobile, la fixant, en attente d’une réaction. Elle aurait voulu lui conseiller de ne pas tenter le diable, que ce qu’elle cherchait désespérément à se rappeler avait peu de chance d’être agréable et que ne rien savoir était peut-être préférable. Après tout, on n’oubliait pas un événement sans raison. La voir soudainement s’animer et s’avancer vers elle ne la rassura pas vraiment, surtout qu’elle semblait sur le point de s’effondrer. La voix aussi assurée que sa démarche, elle lui parla de son oncle avec qui elle voyageait, et un mauvais pressentiment assaillit la jeune humaine.

« Je… »

Katalina ne put aller plus loin, et pour cause, elle ne savait pas vraiment quoi dire. Le garde ne lui avait parlé d’aucun humain, juste d’une elfe. Peut-être avait-il oublié cette partie de l’histoire, c’était possible après tout, recueillir un humain était bien plus fréquent que retrouver une elfe à moitié morte. Le mieux était encore de dire la vérité, tout en priant Néera et Tari que la réalité ne soit pas aussi cruelle que ce qu’il paraissait.

« Je ne saurais pas vous répondre… Pour tout vous dire, je n’étais même pas au courant de votre présence une heure plus tôt. »

C’était d’ailleurs un fait dérangeant, auquel il lui faudrait remédier. Elle allait devoir trouver des personnes de confiance qui lui rapporterait tout les bruits du château. Elle allait aussi devoir penser à une réorganisation de ses comptoirs, afin de remédier à une regrettable erreur. Elle avait toujours laissé une grande part d’indépendance à ses employés, qui n’avaient comme compte à lui rendre que les livres de comptes et les souverains qu’ils gagnaient. Elle allait désormais les obliger à lui faire remonter toutes les informations qu’ils pouvaient glaner.

Mais pour l’heure, c’était surtout le ton alarmant usité par l’elfe qui la dérangeait, l’effrayait presque. Elle était sur le point de pleurer, et ne voulait entendre qu’une seule réponse de sa bouche. « Oui, votre oncle est ici. Il va bien et se repose. Vous souhaitez le voir ? ». Sauf qu’elle ne pouvait lui dire cela, ne pouvait pas lui mentir. C’eut-été cruel de sa part, de lui faire miroiter un faux espoir. Aussi prit-elle son courage à deux mains.

« Mais… On ne m’a pas parlé d’un humain. Je suis désolée. »


Dernière édition par Katalina le Mer 17 Juin 2009 - 16:18, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Éclats [Erialeth]   Éclats [Erialeth] I_icon_minitimeMer 17 Juin 2009 - 5:00

Tout lui semblait atrocement menaçant, maintenant qu’elle ne savait où elle se trouvait. Pourtant, elle avait connu les plaines infinis, les petits villages et les immenses villes. Et pourtant... En ce moment, elle se sentait perdue dans un océan d’incertitudes et de doutes qui l’engloutissaient de plus en plus rapidement. Elle sombrait, lentement, à mesure que les secondes nourrissaient sa peur. Pourquoi le monde était aussi cruel envers elle? Qu’est-ce qu’elle avait fait?

Où était son oncle? S’il n’était pas là elle... Qu’est-ce qu’elle ferait s’il n’était pas là? Qu’est-ce qu’elle serait?

Les yeux toujours au sol, brouillés par des larmes qui, miracle, n’avaient pas encore coulées, Erialeth en était maintenant à supporter les assauts répétés de scénario que son esprit lui infligeait un après l’autre. La jeune elfe tremblait désormais de tout son corps, ses joues déjà pâles avaient prit un teint blanchâtre. Ses cheveux pêle-mêle, faute de soin, étaient agités maladroitement par le vent et ne faisait qu’amplifier son image de fragilité. La main sur sa blessure se crispa un peu plus. Se faisant, le tissu en coton se teinta légèrement de rouge où les points de pression.

Lorsque l’étrangère s’adressa à elle, Eri releva immédiatement la tête, avide d’entendre la réponse. Ce que l’humaine ne put savoir, c’est que ses paroles lui redonnèrent une faible lueur d’espoir qui lui fit reprendre des couleurs. Si, il y avait une heure de cela, elle n’était même pas au courant de son existence, alors les chances pour qu’elle ignore la présence de son oncle était aussi possible. Cependant, Erialeth n’était ni stupide, ni naïve, l’espoir et la réalité sont souvent bien différente, surtout la concernant.

Ainsi donc, même si elle n’avait pas obtenu la réponse qu’elle souhaitait, la jeune elfe eu un faible et austère sourire.

-
Alors, c’est qu’il y a des chances que... Qu’il soit... À quelque part.

Aussi faible que ce qui lui servait de sourire, sa voix trahissait son appréhension, la presque résignation de ne pas savoir et de probablement jamais savoir. Son esprit lui avait fait défaut, lui enlevant une partie de sa mémoire. Était-ce une bonne chose, ou non? Elle était blessé, cela étant dû a une attaque dont elle ne se souvenait pas. Toutefois, l’oncle Gerik était un fin bretteur qui avait des années d’expérience. Elle ne l’avait encore jamais vu perdre.

-
Il y a quand même... Une possibilité. (Elle avait hésité à dire « espoir », et n’avait pu prononcer le mot. ) Non? Et... Et puis, je vais sûrement finir par me rappeler.

Là encore, le sourire était faux, totalement dénué de joie. L’enfant semblait fatiguée, épuisée même par le stress énorme qui pesait sur ses frêles épaules.

-
Ne pas savoir, ça me fait peur. confessa-t-elle tout bas, le visage maintenant neutre. Ça me fait... Horriblement peur. Je sais que je devrais me souvenir, mais je n’y arrives pas. C’est comme si un grand voile était devant mes yeux ou une porte verrouillée dont je ne possède pas la clef. C’est... Affreux. Aussi affreux que de se souvenir...

Son regard s’était perdu dans le vide qui les séparait. La réelle signification de ses dernières paroles vouées à rester un mystère au yeux de son auditrice.

-
C’est... Cruel et injuste. Je n’ai jamais rien fait pour cela. Je n’ai jamais rien fait de mal, alors pourquoi je dois souffrir de cette façon? Pourquoi c’est... Moi, qui doit souffrir?

Cette fois, des larmes roulèrent sur ses joues. D’un geste maladroit, elle les essuya, bégayant un faible « Pardon. »

-
J’ai l’air stupide maintenant. Pardon. Je dois plus vous embêter qu’autre chose...

Erialeth le pensait vraiment. Elle se trouvait également misérable, à paniquer pour cela. Cependant, elle se savait incapable de faire autrement. Sa mère et Claudie étaient déjà... Passée chez Tari, alors si Gerik devait lui aussi la laisser seule, alors c’est que vivre n’aurait plus aucune valeur à ses yeux. Pourquoi était-elle toujours celle qui reste en arrière?
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MessageSujet: Re: Éclats [Erialeth]   Éclats [Erialeth] I_icon_minitimeMer 17 Juin 2009 - 17:06

Katalina était mal à l’aise… Horriblement mal à l’aise. Elle ne savait que dire, ne savait comment réagir. Devait-elle conforter la jeune elfe dans son espoir ou, au contraire, la confronter à la réalité ? Des deux solutions, aucune n’avait sa préférence… L’une comme l’autre lui semblaient par beaucoup d’aspects trop cruelles. Elle choisit donc la seule issue viable qu’il lui restait, le mutisme. Elle écouta l’elfe parler, elle l’écouta se convaincre elle-même que tout allait bien, que son oncle n’était pas mort, et qu’il se trouvait quelque part dans le château. C’était possible, bien évidemment, et rien aurait fait plus plaisir à Katalina que de voir un garde s’approcher et annoncer à la blessée que son oncle s’était réveillé et qu’il demandait à la voir.

Sauf que personne ne vint, et que l’elfe afficha rapidement un air profondément las. Encore une fois, la noble ne sut comment réagir, et encore une fois elle choisit la facilité et la laissa parler. Ainsi, ne pas savoir était aussi horrible que savoir ? Elle en doutait, très sincèrement, quoi que sa situation n’était pas exactement la même. Elle n’avait pas à se soucier d’une tierce personne. Oh, elle n’avait pas été la seule personne à souffrir, loin de là. Lors de l’attaque, elle avait même surement été la plus épargnée, contrairement aux mercenaires qui étaient tombés sur les coups retords du drows et de ses brigands. Reldas, Pradias, et bien d’autres, tous morts, et par sa faute. Oui, vraiment, dans son cas, oublier n’était vraiment pas pire que se souvenir. Les mercenaires étaient ce qu’ils étaient, elle n’aurait aucun mal à croire les mensonges qu’on lui livrerait. « Reldas, madame ? Lui et sa troupe nous ont quittés, un contrat plus intéressant leur a fait oublier votre générosité, ma dame. ». Mais c’était impossible.

Et puis, elle eut l’impression que l’elfe lisait en elle et donnait des mots à ce qu’elle ressentait. Elle-même n’arrivait pas à se convaincre qu’elle avait mérité son sort, et elle se posait à peu près les mêmes questions. « Pourquoi moi ? », « Qu’ai-je fait pour mériter ça ? », « Pourquoi dois-je souffrir ? »… Tant de questions sans réponses, et pour cause, aucunes n’étaient vraiment juste. En vérité, il n’y avait qu’une seule chose à retenir : qu’on soit bon ou mauvais, rien ne garantissait réellement le bonheur. Chose volatile et vaporeuse, cette notion abstraite était sujette à caution, et elle n’était jamais acquise définitivement. Elle s’était crue heureuse, à l’aube de sa relation avec Merwyn, et elle l’avait été… Elle ne l’était définitivement plus. Elle se sentit d’un seul coup étrangement proche de cette chevelure blonde dont elle ne connaissait pas le nom. Hésitante, elle s’approcha pourtant. Légèrement tremblante, elle posa ses bras sur les épaules de cette enfant qu’elle dépassait de cinq centimètres à peine, et l’attira à elle, tentant de la réconforter comme elle le pouvait..

« Stupide n’est pas le mot qui me serait venu à l’esprit. »

Pour une raison obscure, sentir le corps de la jeune elfe contre elle ne la répugna pas, contrairement à la majorité des contacts qu’elle subissait désormais. Tout simplement parce qu’elle n’y trouvait aucune équivoque. Et aussi parce qu’elle était en cet instant plus proche de cette elfe totalement inconnue au château que du château lui-même.

« Si savoir est si important pour vous, nous pouvons toujours aller questionner les gardes qui vous ont recueillie. »

Un bon début, mais le début de quoi ? Aucune certitude ne pouvait être émise tant que Kata n’aurait pas en face d’elle le capitaine de la garde lui indiquant clairement la présence ou l’absence d’un humain répondant au nom de Gerik dans le château. Mais, pour l’heure, elle essayait plutôt de transmettre un peu de chaleur à cette pauvre erre, en faisant attention à ne pas tirer sur son épaule déjà mise à mal par la cruelle lame d’une dague. Ce n’était encore qu’une enfant, une enfant qui avait vécu quelque chose d’assez traumatisant pour que sa mémoire décide de l’en préserver. Elle finirait bien par se souvenir, avait-elle affirmé… Katalina ne lui souhaitait pas, quoi qu’elle puisse en penser. Si elle apprenait que son oncle n’était finalement plus de ce monde, cela l’aiderait-elle de savoir quel moyen le meurtrier avait-il utilisé ? Savoir à quoi point il avait souffert était-il vital à son deuil ? Non, bien sur que non. A la fin, il serait mort, et elle serait toujours seule.

« Puis-je vous demander votre nom ? Ce sera plus simple, pour communiquer… »

A peine eut-elle posé la question que Katalina la regretta. Demander un nom, c’était implicitement assurer qu’on donnerait le sien en échange. Mais avait-elle vraiment envie de révéler son identité à la jeune elfe ? Avait-elle envie de voir son attitude changer ? Pour le moment, elle était une simple étrangère, une résidente anonyme. Voulait-elle que cela change ? Rien n’était moins sur… Mais il était trop tard, désormais. Et puis, peut-être ne ferait-elle pas le rapprochement, bien qu’elle en doutait.

« Pour ma part, je m’appelle Katalina. »
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MessageSujet: Re: Éclats [Erialeth]   Éclats [Erialeth] I_icon_minitimeVen 19 Juin 2009 - 6:17

La jeune elfe s’était attendue à une confirmation dure de sa bêtise, malgré qu’elle chercha la sympathie. Voir un certain dédain dû au dérangement. C’est ainsi qu’elle s’imaginait les hommes et les femmes de château : sans émotion, durs et imperméables aux malheurs qui pouvaient bien toucher le petit peuple. C’était ainsi que sa mère lui avait décrit de nombreuses fois ces gens et ceux qui étaient à leur service. Et Erialeth n’avait jamais douté de sa parole. De la parole de sa mère.

Cependant, le geste et les mots de réconforts que lui donna l’étrangère la fit douter. Mais l’elfe ne prit pas vraiment le temps d’y réfléchir. Trop abattu pour songer à s’interroger plus longtemps sur le sujet, elle puisa plutôt de l’énergie de la simple, mais efficace, marque de sympathie qu’on avait bien voulu lui offrir sans poser plus de questions. Serrant les paupières pour ne plus pleurer, l’adolescente resta immobile, sans vraiment savoir si elle devait dire ou faire quoique ce soit. Néanmoins, lorsqu‘elle sentit qu‘elle pourrait retenir ses larmes et qu‘elle rouvrait les yeux, la proximité de la femme lui permit de se rendre compte de sa maigreur excessive, des traits fatigués de son visage, de sa chevelure en désordre... Qu’elle semblait en mauvais état...

L’humaine s’adressa à ce moment à la Erialeth étonnée, quoique tout autant désespérée de sa propre situation, qui n’avait osé poser de questions. Ne sachant pas vraiment si les mots qui allaient sortir de sa bouche auraient un certains sens, ou les sanglots qui menaçaient dangereusement de surgir, elle se contente d’hocher positivement la tête sans beaucoup d’énergie. Malgré tout, Eri se sentit un peu mieux, maintenant qu’elle avait une alliée dans cet endroit inconnu et menaçant à ses yeux. Cela la calma beaucoup et elle put même se permettre un faible et petit sourire, quoiqu’on pu facilement lire de la crainte et de l’angoisse face à sa situation actuelle.

La femme aux cheveux noirs lui demanda son nom, lui donnant le sien par la suite. Katalina. C’était un joli nom. Ça ne lui disait rien, mais maintenant, elle pourrait donner un nom au visage de la seule personne qui l’ait aidé dans cet immense château aux hautes tours effrayantes. Et cette personne lui sembla plus près d’elle maintenant. C’était même un soulagement, car elles n’étaient plus vraiment des « étrangères » désormais et Eri avait envi de lui accorder sa confiance, à cette femme qui semblait avoir également souffert. Leurs malheurs ne devaient pas être semblable, mais pour comprendre la douleur, il fallait l’avoir en premier expérimentée. Et c’était un fait que toutes deux, sans que l’autres ne le sache, n’avaient que trop vécue.

-
Je... Je m’appelle Erialeth.

À bien y réfléchir, Eri se dit que le nom de Katalina lui semblait... Familier. Du moins, pas totalement inconnu, mais elle ne pouvait dire où et quand elle l’avait entendu. Peut-être s’agissait-il simplement d’une autre personne possédant le même prénom. C’était tout à fait possible. De toute façon, pourquoi connaîtrait-elle le nom d’une femme vivant en Serramire? Déjà que les noms du roi et de la reine ne lui rentrait pas dans la tête... Quoiqu’il en soit, Eri ne releva pas comme ne posa pas plus de question sur le sujet. Au final, ça ne l’intéressait pas particulièrement. Ce qui était important, c’était que Katalina pourrait l’aider.

-
J’aimerais savoir. dit-elle d’une toute petite voix. Peut-être que les gardes savent.

Changement de sujet plus ou moins radical, mais ça lui importait peu. Pour le moment, l’Oncle Gerik était sa priorité. Pardon à Katalina, mais les histoires de nom n’avaient que peu d’importance pour le moment. C’est à cet instant qu’elle remarqua qu’elle avait agrippé les manches de l’humaine dans un exemple parfait du geste qu’aurait posé un enfant perdu. Quand est-ce qu’elle l’avait fait? L’elfe ne chercha pas plus longtemps la réponse, sa mémoire lui faisant de toute façon défaut.

-
Pardon. Je ne sais même plus ce que je fais. murmura-t-elle, rougissant légèrement et retirant ses mains, puis elle rougit encore plus, sachant que la question qui allait suivre et qui brûlait ses lèvres était très délicate. Dites... Qu’est-ce... qui vous ait... arrivé?

Peut-être était-ce là une grosse bourde, et sitôt que les mots eurent franchis ses lèvres, Erialeth les regretta. Elle était dans un château, et les gens devaient avoir une autre façon de parler de ce genre de chose. On ne devait pas être aussi direct ou curieux inutilement. Ce qu’elle pouvait être bête parfois.

-
Ah. Ne... Vous n’êtes pas obligé de répondre. Je ne devrais pas poser de questions stupides. Vous ne voulez sûrement pas en attendre parler. Pardon. Je parles souvent trop pour et pour rien.
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MessageSujet: Re: Éclats [Erialeth]   Éclats [Erialeth] I_icon_minitimeVen 19 Juin 2009 - 19:50

Katalina en aurait bien soupiré de soulagement, mais ça n’aurait pas été très discret, aussi se contenta_t-elle d’un simple hochement de tête et d’un vague sourire.

« Nous saurons ce qui vous aie réellement arrivé, Erialeth. »

C’était peut-être s’avancer un peu que d’affirmer cela, après tout, Eri n’avait été que simplement « ramassée » par une patrouille passant dans les lieux de son agression. Peu de chance qu’elle y ai assisté. Mais qu’à cela ne tienne, la noble se sentait d’humeur confiante. La jeune elfe ne connaissait pas son nom - chose étonnante, au vu du bazar qu’avait pu provoquer Merwyn pendant sa capture – et pour la première fois depuis sa libération, elle avait l’impression d’être une personne… normale. Intérieurement, elle esquissa une grimace. Comme tout était compliqué ! Elle reprochait à Merwyn de ne pas prendre en compte le fait qu’elle avait subi des horreurs sans nom mais elle se sentait bien quand le souvenir ne planait pas dans l’air… Peut-être la solution était-elle dans l’attitude de Trystan, agir comme si de rien était mais en choisissant avec prudence ses mots et en faisant attention à ses gestes.

Elle sentit alors la jeune adolescente lui agripper la manche, et la situation la troubla légèrement. Quand on était qu’une simple humaine, il était si difficile de comprendre les elfes, leur vitesse de croissance ralentie et leur extrême longévité. Dans son esprit, elle tentait de consoler une personne qui avait vu passer le double, le triple voir même le quadruple de ses étés. L’apparence juvénile et l’attitude enfantine aidait, mais elle n’effaçait pas cette étrange impression… l’estompait juste fortement, la rendant supportable. De toute façon, l’elfe ne prolongea pas le contact plus longtemps que nécessaire, le rompant dès qu’elle en prit conscience. Ses joues s’agrémentèrent d’une légère teinte rougissante et elle bafouilla des excuses qui arrachèrent un sourire amusé à Katalina.

« Il n’y a pas de mal, ne vous inquiétez pas. »

La suite de ses paroles figea par contre le sourire naissant. Pourquoi ? Pourquoi parler de ça ? Elle aussi trouvait qu’elle n’avait pas bonne mine ? Allait-elle se permettre un petit commentaire sur son odeur, comme cette serveuse dévergondée sans éducation ? Alors qu’elle sentait que ses lèvres reprenaient une position plus neutre, elle se força à garder le sourire, le tout donnant une légère grimace contrite, recherchant par la même occasion une réponse adéquate. Elle avait bien envie de remettre gentiment mais fermement Erialeth à sa place, mais elle le fit d’elle-même, se rependant en excuses que Katalina jugea sincère. Secouant légèrement la tête, elle lui répondit d’une voix neutre.

« Ce n’est rien, vous n’avez pas à vous excuser. »

Mais elle n’aurait pas non plus à recevoir une réponse de sa part. Car elle finirait bien par savoir, il lui suffirait d’écouter un peu partout. Katalina était mal placée pour le savoir, ne sortant que trop rarement de sa chambre, mais elle doutait qu’elle était un des sujets de conversation favoris des mégères à la recherche d’une âme à tourmenter de leur poison. Après tout, n’était-elle pas « la femme pour qui le duc prenait tant de risques et qui pourtant restait aussi froide que la glace à son égard » ?

« Bien… Au temps nous y mettre de suite, si nous voulons retrouver vos sauveurs avant la tombée de la nuit. »

Une manière polie de l’enjoindre à s’occuper de ses propres soucis et de lui demander de la suivre par la même occasion. Après s’être assurée qu’elle était suivie, elle quitta les jardins et s’engouffra dans les couloirs du château d’un pas tranquille. La question d’Eri planait toujours dans l’air et avait jeté un certain froid, mais elle tentait de passer outre, se répétant que la pauvre n’était pour rien dans ses malheurs. Une vérité qui s’appliquait à la grande majorité des êtres vivants et qui ne l’aidait donc pas plus que ça. Décidant de combattre le mal par le mal, elle se permit elle-même une question, qui bien qu’elle concernait elle aussi la vie privée de son interlocutrice, avait peu de chance de toucher un point sensible.

« Il est rare de voir des gens de votre race côtoyer les humains… Vous souvenez vous ce qui vous a amené en nos terres ? »

Il aurait été embêtant qu’elle ait oublié ce détail, car ce serait la remettre face à son amnésie. Mais elle se souvenait encore de son oncle, aussi il y avait des chances que ses souvenirs perdus ne concernent que l’attaque. Katalina l’espérait, en tout cas.
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MessageSujet: Re: Éclats [Erialeth]   Éclats [Erialeth] I_icon_minitimeJeu 25 Juin 2009 - 4:54

La jeune elfe sut immédiatement que sa question, et malgré les excuses la précéda, fut de trop, car le sourire de la femme se figea. Erialeth eut un pincement au coeur. Comment rattraper ça? Les excuses ne seraient pas suffisants. Devait-elle se taire? C’est ce qui lui paraissait le plus logique de faire. Cependant, elle voulut clarifier ses pensées afin que la gentille dame en d’elle ne prenne pas en mal ses paroles, mais si c’était probablement trop tard. La dame, Katalina, Eri aurait voulut avoir le courage de lui dire ce qu’elle pensait. Lui demander pourquoi elle avait autant de peine dans ses yeux. Son apparence l’avait... Ce n’était pas de l’intrigue, ni vraiment de la curiosité. C’était... Une sorte de compassion face à sa situation. Elle avait dû beaucoup souffrir. Peut-être que sa question avait ranimé un mauvais souvenir? Probablement...

Son regard émeraude retourna au sol, elle ne voulait pas se faire détester, encore moins le savoir. Ça faisait aussi mal que la douleur à son épaule, d’avoir blessé la seule personne suffisamment gentille pour s’occuper de la pauvre petite chose qu’elle était. Plus tard. Oui, plus tard, elle s’expliquerait. Même si Erialeth savait que c’était stupide, Katalina était en quelque sorte son « amie », même si ce n’était peut-être pas réciproque. Elle était gentille et attentionnée, ce qui était suffisant à l’adolescente pour la considérer ainsi.

Vivement qu’elle puisse retrouver son oncle. Tout irait mieux une fois qu’elle l’aurait retrouvé. Oui, tout irait mieux.

La proposition de Katalina quant à retrouver ses sauveurs lui laissa un goût amer dans la bouche. Un froid s’était installée entre elles deux et Eri se maudit de sa manie à trop parler. Une fois encore, alors qu’elle suivait docilement l’humaine à travers les dédales qui, malgré les avoir déjà traversés quelques minutes auparavant, ne lui disait rien du tout. À ses yeux, il s’agissait d’une succession de murs de pierre austères et dénués de chaleur humaine. Vivre dans ce grand château lui sembla atrocement triste. Comment des gens pouvaient s’enfermer dans ces grandes tours sans se sentir seuls? C’était si grand, si... Affreux. L’image de la petite maison que Gerik et elle habitait lui revint en mémoire, lui réchauffant le coeur un peu. Ce n’était qu’une modeste habitation loin du luxe et de la grandeur de celles des riches et des nobles, mais là-bas, les rires étaient sincères, l’amour, vrai. C’était suffisant pour la rendre heureuse. Alors, pourquoi toujours vouloir plus? À quoi bon? À ses yeux, ça n’avait aucun sens. Même sans toit, être prêt des gens qu’elle aimait lui était largement suffisant. Son chez-soi était là où ils étaient.

Et pour l’instant, Gerik représentait la personne la plus importante pour elle. Où es-tu?

-
Ah... Je...

Si Erialeth avait suivit Katalina sans broncher, ses pensées s’étaient égarées, alors que l’elfe ne comptaient plus les portes, les couloirs et les escaliers qu’elles avaient croisées ou empruntées.

-
Ma race. C’est vrai, je suis une elfe dans les terres humaines. Pour les autres, ça peut paraître bizarre. (Un sourire dénué de joie étira ses lèvres. Il y avait une pointe de nostalgie sur ses traits pourtant jeunes.) Je suis née en terres humaines, quoique je ne sais pas où. Ma... Mère avait déjà quittée la forêt. J’ai toujours vécu dans les plaines d’Atral et n’ai jamais connu d’autres endroits.

Ses paroles, toujours et encore, étaient hésitantes, quoique peut-être plus que tout à l’heure. Elle se tordait nerveusement les doigts, réfléchissant aux mots à utiliser afin de ne pas répéter la même erreur qu’avec sa question stupide. Lorsqu’elle reprit la parole, se fut d’une toute petite voix :

-
Je ne me suis jamais vraiment considéré comme appartement au peuple elfique si ça signifie être de la forêt. J’aimes beaucoup les plaines. Mais vous ne devez pas vraiment être intéressé. Je parles toujours trop. Ce n’est pas la première fois...

Déception ou amertume? Quoiqu’il en soit, après cela, Eri se tut, fixant le sol avec un air peiné. Mieux valait se taire.
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MessageSujet: Re: Éclats [Erialeth]   Éclats [Erialeth] I_icon_minitimeDim 28 Juin 2009 - 22:07

La réaction meurtrie d’Erialeth peina Katalina mais elle ne fit rien pour y mettre fin. Malgré elle, elle n’avait pas aimé la question de la jeune elfe, comme si tout devait forcément tourner autour de son état. Secouant légèrement la tête et retenant avec peine un soupire las, elle continua de la guider comme si de rien était. Elle ne lui en voulait pas, au fond, mais elle voulait être certaine que ce sujet ne soit plus abordé, et elle pensait que l’objectif était atteint, désormais. Pour autant, si elle ne regrettait pas le résultat, elle s’en voulait légèrement de s’être montrée si brusque. L’adolescente avait déjà assez de problèmes pour qu’elle ne lui en rajoute pas de nouveaux.

Les couloirs défilaient sous ses yeux, tous les même. La jeune noble avait hâte de rejoindre les quartiers des gardes, hâte de mettre fin à la terrible attente d’Eri. Après tout, la question qui l’animait et qui l’inquiétait au plus haut point était d’importance : avait-elle perdu un membre de sa famille ? Le dénommé Gerik était surement un parent adoptif, mais les sentiments se passaient parfois des liens du sang, et il n’y avait nul doute quant à l’affection qu’elle pouvait porter à son oncle. Pour autant, même si rien ne lui aurait fait plus plaisir, Katalina avait l’étrange certitude qu’il n’y avait que peu d’espoir. Erialeth était certes une elfe, et il était donc normale qu’elle ait plus marqué les esprit du Palais, mais le garde avec qui elle avait rapidement discuté lui aurait parlé d’un humain, même rapidement. Mais la jeune noble continuait tout de même d’avancer, en essayant de trop réfléchir.

Quand elle observa la réaction de l’elfe à sa question quant à ses origines, Katalina sut qu’elle aussi avait eu tord de se montrer trop curieuse. Comme quoi, le malheur pousse à s’enquérir de celui des autres, comme pour puiser un maigre réconfort dans leur propre malaise. Elle ralentit le pas pour se remettre à la hauteur de la malheureuse, et se rendit compte que ce n’était pas sans utilité quand cette dernière repris d’une voix étouffée, qui aurait été pratiquement inaudible avec son ancienne avance. Devant son air et ses paroles apitoyées

« Vous avez tord, Erialeth, vous ne parlez pas trop. Dans le cas présent, c’est moi qui vous ai posé une question alors que je n’avais aucun droit m’y autorisant. »

Elle laissa ses lèvres s’incurver en un léger sourire d’excuse, cherchant le regard de la rescapée. C’est alors qu’elle se rendit compte du chemin qu’elle-même avait pu parcourir depuis son retard. Elle avait du être dans le même état, ou en tout cas similaire. La visite de Trystan et Lilianna lui avait fait un bien fou, mais elle ne le comprenait que maintenant, alors qu’elle contemplait une femme qui avait elle-même souffert. Posant une main sur l’épaule de l’elfe, elle la força s’arrêter avant de la tourner vers elle et de lui lever le menton avec douceur, afin d’être certaine d’être aussi bien vue que entendue.

« Vous êtes la personne que vous voulez être, rien de plus. Les regards que peuvent vous porter les autres sont moins importants que celui que vous pouvez avoir sur vous-même. »

Une idée fixe qu’elle avait depuis ses vingt-ans, et qui lui avait toujours bien réussi. C’était grâce à ce leitmotiv qu’elle avait pu affronter l’hostilité de la noblesse, grâce à cette philosophie simple, exprimée en des mots communs, qu’elle avait pu devenir « Dame Noblegriffon, la négociante ».

« Il n’y a aucune honte à aimer les plaines, et encore moins à ne pas connaître des forêts que l’on a pas eu l’occasion de visiter. Et si ce dernier point vous gène, alors il vous suffit de porter vos pas vers elles. »

Elle s’interrompit, plongeant son regard dans celui d’Erialeth, comme à la recherche de quelque chose. En cet instant, Katalina n’avait aucun doute, aucune hésitation. Elle aurait très bien pu ne rien subir, elle aurait agi de la même façon. Mettant l’espace de quelques instants ses propres peines de côtés, elle faisait tout ce qu’elle pouvait pour apaiser celles d’une autre.

« Le quartier n’est garde n’est plus très loin… »

Une invitation à continuer, ou à faire demi-tour et à revenir plus tard. Bien que Katalina ne doutait pas de la réponse qu’elle recevrait.
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MessageSujet: Re: Éclats [Erialeth]   Éclats [Erialeth] I_icon_minitimeSam 4 Juil 2009 - 5:23

C’était vraiment horrible, cette sensation de ne pas être à sa place. La dame, Katalina, malgré son apparence peu reluisante, semblait parfaitement savoir où elle allait. Eri se dit que, peu importait ce qui l’avait emmené à être ainsi physiquement, elle avait à ses yeux une image forte. À sa place, la jeune elfe n’aurait jamais osé s’aventurer en dehors de sa chambre... Et pourtant, ce qu’elle pensait de l’apparence physique de Katalina n’était pas mauvaise. Certes, l’humaine était affreusement maigre et en mauvais état, mais Erialeth ne put qu’admirer sa contenance et sa démarche sûre. Ce n’était pas le commun de la foule d’être capable d’autant de force.

Toutefois, elle n’osa pas, encore, dire tout haut ce qu’elle pensait tout bas. Cette femme, quoiqu’elle lui eut démontré une grande gentillesse, ne devait probablement pas avoir envi d’en parler, comme le froid qui s’était installé plus tôt lui avait comprendre. C’était mieux ainsi. La bouche fermée, ses lèvres scellées, elle ne ferait pas de gaffe. Puis, dans l’esprit égaré de la jeune elfe s’imposa une pensée : Katalina vivait dans un château. Immense de surcroît. Leur statut social était séparé par une énorme gouffre, que l’humaine soit une simple servante ou la maîtresse des lieux. Ah... La vie est si compliquée. Le fait qu’elle soit peut-être noble l’aurait, en temps normal, repoussé. Erialeth n’avait pas envi de se mêler à cet univers. Cependant, Katalina avait été la seule à l’aider, à lui fournir un peu de réconfort et des réponses à une partie de ses interrogations. Cela aurait été méchant et ingrat d’agir autrement.

Les paroles de l’humaine l’intriguèrent, du moins, capta son attention. Malgré son affirmation, Eri avait tout de même l’impression de trop parler, mais ça la soulagea de voir qu’on ne lui en voulait pas autant qu’elle l’aurait cru. Qu’on ne la détestait pas autant qu’elle l’aurait cru. Et même si son regard resta terne et ses traits fatigués, l’adolescente parut plus détendue.

Peut-être était-elle réellement stupide, mais l’elfe ne comprit pas immédiatement pourquoi la femme lui avait dit tout ces mots. Après tout, personne ne la forcerait, personne ne la jugerait de laisser seule une étrangère au château. Du moins, c’était ce qu’Eri croyait. Néanmoins, cela lui permit de relever la tête et d’être un peu plus sûre d’elle, se nourrissant de la confiance que dégageait l’humaine, volontairement ou non. Ça la rassurait, lui disait que tout n’allait pas si mal.

-
Oui. C’est vrai. sourit-elle sincèrement, quelque peu revigoré. Merci.

L’adolescente eut l’air beaucoup plus joyeuse lorsque Katalina lui indique que le quartier des gardes n’étaient plus très loin. Malgré sa peur et son inquiétude, malgré la douleur dans son épaule et celle, plus traître, de ses idées noires, Eri se sentit énergique. Du moins, aussi énergique que son état pouvait le lui permettre.
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MessageSujet: Re: Éclats [Erialeth]   Éclats [Erialeth] I_icon_minitimeSam 4 Juil 2009 - 15:49

Voir l’elfe reprendre du poil de la bête arracha un sourie rassuré à Katalina, qui n’aurait pas supporté de la voir s’effondrer et pleurer devant elle. Comme elle se le répétait depuis le moment de leur rencontre improvisée, elle avait ses propres soucis et n’avait pas besoin de ceux des autres. Sauf qu’il était difficile de rester indifférente à la peine et la peur qui transparaissaient de l’attitude de l’adolescente. La jeune noble n’était pas « Nhil », elle n’était pas un monstre sans cœur, capable d’observer la misère sans en souffrir elle-même. Aux yeux de ces monstres, elle était faible… Elle se voyait juste humaine, et était heureuse que le drow n’ait pas réussi à lui arracher ce trésor. Et alors, elle se rendit compte que rassurer Erialeth lui faisait par ailleurs du bien. Comme si elle tirait un peu de cette force qu’elle tentait de transmettre. Elle secoua doucement la tête quand elle reçut des remerciements.

« Vous n’avez pas à me remercier, ce serait plutôt à moi de le faire. »

Ce qu’elle fit, en quelque sorte, en plongeant son regard dans celui de l’adolescente. Un regard voilé, étrangement terne. Un regard qui avait vu trop de choses, qui avait subi sans rien pouvoir tenter la déchéance de son être. Mais un regard tout de même résolu, à vivre, à démontrer au monde que non, « Nhil » n’avait pas gagné, qu’elle continuerait à vivre, malgré ce qu’il lui avait fait. Après un léger hochement de la tête, elle se tourna vers leur destination.

« Dépêchons nous. Autant être fixées le plus rapidement possible. »

Joignant le geste à la parole, elle se remit en marche, sans prendre la peine de vérifier si elle était suivie. L’échange qui avait eu lieu l’avait étrangement gêné, car il n’était pas totalement volontaire. Si Erialeth avait des doutes quant à sa personne, elle se doutait qu’elle venait d’y mettre fin. Oui, Katalina avait souffert. A cause de cet état de fait, elle se sentait proche de l’adolescente. Elle savait qu’elle ne pourrait jamais véritablement comprendre peine de la jeune elfe, car chaque douleur était différente. Seule une ancienne victime de « Nhil » avait une chance d’imaginer ce qu’elle-même avait vécu, les autres n’en étaient réduits qu’à de simples supputations approximatives. Et il en allait de même pour la jeune femme qui la suivait à travers les dédales du Château ducal. Son poing se crispa, froissant l’étoffe de sa robe. Pourquoi que l’oncle ne soit pas mort…

Elles finirent finalement par sortir de l’imposante bâtisse, traversèrent sa cour et finirent par entrer dans la caserne. Le bâtiment, qui ne différait pas de ce que l’on pouvait trouver un peu partout dans les terres humaines, était empreint d’une ambiance typique. Il y faisait chaud, à cause de la présence presque continuelle d’hommes transpirant sous leurs armures. La pièce centrale servait aussi de salle à manger, des tables s’alignaient avec une routine toute militaire. On pouvait apercevoir une porte sur la droite, qui débouchait sur la salle des armes et la réserve, une autre sur la gauche pour les cuisines, et un escalier au fond qui permettait de monter à l’étage où se trouvait les dortoirs, l’infirmerie, etc. Les quelques gardes qui restaient se levèrent à l’arrivée des jeunes femmes, et exécutèrent une révérence à l’adresse de Katalina. Le capitaine de la garde s’avança.

« Dame Noblegriffon… C’est une agréable surprise que de vous voir ici. Et… Oh ! Bonjour, jeune elfe.
- Bonjour… Je vois que vous vous souvenez d’Erialeth. »


Le capitaine hocha de la tête, et esquissa un sourire en direction de l’adolescente. Âgée d’une quarantaine d’année, ses yeux pétillaient toujours d’une certaine jeunesse, malgré son imposante corpulence. Un savant mélange entre la joie de vivre et la rigueur militaire. Son équipement était en parfait état, par exemple.

« Vous êtes la troupe qui l’a retrouvée hier.. ?
- En effet, ma Dame. Je suis heureux de voir qu'elle va bien, d’ailleurs. »
Il posa son regard sur la concernée. « Tu nous as fait une belle peur, tu sais ? »

Katalina lança un regard à Erialeth. Ce n’était pas à elle de continuer, mais bien à l’adolescente. Elle s’écarta légèrement et lui fit signe de s’avancer. Elle avait beaucoup de choses à dire, comme par exemple demander où était son oncle…


Dernière édition par Katalina le Mar 7 Juil 2009 - 17:15, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Éclats [Erialeth]   Éclats [Erialeth] I_icon_minitimeMar 7 Juil 2009 - 7:21

Il y avait plus d’espoir qu’au début. À son réveil, Erialeth s’était retrouvée dans un environnement totalement inconnu, blessée et ignorante de la raison, ayant perdu une partie de sa mémoire. Toutefois, pire que sa blessure à son épaule, pire que sa mémoire, elle était seule. Totalement seule. Et apeurée. Terriblement apeurée. Dans cet environnement inhospitalier rempli de longs couloirs de pierre et de sombres escaliers, vêtue d’une simple chemise de nuit lui tombant aux chevilles, l’elfe s’était donc aventurée dans le dédale de tournant, de cul-de-sac et de recoins qu’abritait l’immense château afin d’y trouver une personne susceptible de la renseigner, de lui fournir des réponses à ses questions. Mais, plus encore qu’un étranger, l’adolescente avant souhaité trouver l’oncle Gerik. Sans lui, elle ne le savait que trop bien, elle ne pourrait se laisser aller à se détendre, ni à accepter ce qu’elle savait comme ce qu’elle ignorait. Sans son oncle, son univers n’avait, pour ainsi dire, aucun sens.

Malgré tout, Katalina, la première âme qu’Erialeth rencontra avait su apaiser quelque peu ses craintes et ses angoisses. Et malgré tout, Erialeth se permit de se détendre un peu, maintenant certaine que tout ne lui paraîtrait n’être qu’un mauvais cauchemar et que sa vie pourrait reprendre son cour normal. C’était logique et évident à ses yeux. Peut-être trop optimiste, mais après tout, si elle était en vie, alors son oncle devait forcément l’être. Jamais il ne l’abandonnerait.

Ce que vit la jeune elfe lorsque l’humaine plongea son regard d’azur dans l’émeraude du sien, ce fut une foule d’éléments contraires. De la douleur, le la lassitude et de la fatigue mais aussi de la force, de la volonté et de la détermination. Ce qu’elle-même n’était pas réellement sûre de posséder. Toutefois, que la jeune femme est autant confiance rassura la jeune fille. Ses paroles également. Certes, il subsistait encore une grande part d’incertitude, ombre tenace des pertes passées, mais positive, Eri fit de son mieux pour continuer à y croire. C’était le plus important. Il fallait croire.

C’est pourquoi, lorsque Katalina l’invita à continuer leur chemin, Erialeth hocha, un mélange de crainte et de résolution sur ses jeunes traits. Ses yeux brillèrent un peu plus. Ses pieds nus sur la pierre froide n’était pas ce qu’il avait de plus confortable, ni de plus judicieux, mais la sensation physique, à côté de la douleur persistante à son épaule, lui fit du bien. C’était étrange, que d’avoir froid aux pieds et aux mains, mais de ressentir cet effet brûlure en permanence. À cause du geste qu’elle avait posé plus tôt, le vêtement de coton léger s’était légèrement coloré de sang, marquant l’emplacement de la cicatrice à venir. L’adolescente, et trouva la pensée drôle au vue de la situation, fut désolé d’avoir ainsi tâché le tissu.
Sa main droit remonta lentement jusqu’à la marque, appuyant légèrement pour juger des dégâts. Maintenant qu’elle avait la tête plus froide, Eri se jugea plus apte à estimer la gravité de sa blessure. À coup sûr, elle avait dû être profonde, parce que la plaie, outre le fait qu’Eri l’est rouverte, n’avait que peu cicatriser. C’était une chance que les elfes ne puissent attraper d’infections ou de maladies.

La simple paysanne qu’elle était suivait toujours docilement Katalina à travers les couloirs toujours aussi lugubres d‘après Eri. Un silence s’était installé entre elles, l’humaine n’ayant probablement peu de chose à discuter avec une étrangère au château et l’elfe hésitant à dire quoi que ce soit, craignant encore et toujours de dire une bêtise. Après tout, même si elle était gentille, Katalina semblait être très sensible sur certains sujets. Et qui pouvait savoir sur combien d’autres encore? Les gens de château... Quoique, en y pensant, Eri se dit que toutes les personnes avec beaucoup d’orgueil était ainsi. Ça pouvait sembler méchant envers l’âme charitable qui lui était venu en aide, mais Erialeth s’accorda sur cela. Cependant, chez celle qui la guidait depuis un moment, c’était plus une qualité qu’un défaut. Une force, même.

Néanmoins, ses pensées furent une fois encore interrompue lorsqu’elles débouchèrent dans la cour, là où le vent d’automne fit frissonner l’elfe. Ce qu’elle aurait aimé avoir sa cape... Par chance, le passage à l’extérieur ne dura pas longtemps et elles s’engouffrèrent dans la caserne, quoiqu’Eri en fut ignorante. Tout ce qu’elle savait, c’était que l’endroit semblait être un espèce de maison pour la garde, car il n’y avait que des hommes en armures, ou pas, à l’intérieur. Des regards se tournèrent dans leur direction, faisant rougir Eri. Quelques commentaires murmurés, mais parfaitement audibles à l’oreille de l’elfe, s’élevèrent. Elle préféra les ignorer avec de s’évanouir de honte face à son allure. Si Katalina le faisait sans broncher, alors elle aussi le ferait!

Son regard se posa sur les différents éléments du décors, ne restant jamais bien longtemps au même endroit, encore moins sur un des hommes présents. Ce fut lorsqu’elle aperçu les gardes se lever et s’incliner à l’arriver de l’humaine qu’elle jugea bon de reporter son attention sur la situation présente. En l’occurrence, la marque de respect témoigner à la jeune femme impressionna Eri, qui préféra se cacher derrière celle qui semblait maîtriser la situation. La salut de celui qui semblait être le chef la surprit encore plus, la faisant virer rapidement au rouge écarlate.

- Bon... Bonjour. balbutia-t-elle en s’inclinant légèrement, puis ne sachant trop à qui s’adressait le reste du commentaire : Pardon.

C’était horriblement gênant de se retrouver un des centres de l’attention. C’était comme devenir une toute petite souris. Sauf qu’elle ne pouvait caresser l’espoir de se cacher dans un trou. Par contre, l’elfe avala tant bien que mal sa salive et releva la tête, la rabaissant presque alors que sa protection s’écartait pour lui laisser le champs libre à la parole. Ainsi donc, c’était elle qui devait poser les questions. Consciente des nombreux regards qui pesaient sur elle, Erialeth s’humecta les lèvres avant de poser la question qu’il lui brûlait de poser :

- Je... Merci beaucoup de m’a... M’avoir sauvé. Cependant, je voulais avoir (Elle est ne put que retourner fixer le sol en se tordant les mains.) est... Est que l’oncle... Est-ce qu l’homme qui était avec moi est... Ici? C’est mon oncle. Oncle Gerik. Il doit sûrement m’attendre à quelque part. Vous savez où?

Et elle se tut, ses yeux fixant désormais le garde, rempli d’espoir et d’effroi à la fois dans une attente qui lui semblait insupportable. Elle voulait son oncle. Elle voulait le voir, le serrer dans ses bras et entendre son histoire. Elle voulait l’entendre dire que tout irait pour le mieux et qu’ils rentreraient chez eux, à leur vie simple, mais paisible.

C’était la plus horrible des sensations, que d’attendre dans l’incertitude.
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MessageSujet: Re: Éclats [Erialeth]   Éclats [Erialeth] I_icon_minitimeMar 7 Juil 2009 - 18:14

La réaction d’Erialeth amusait le garde. Il ne se moquait pas, non, et n’affichait d’ailleurs rien sur un visage pourtant expressif. Il ne voulait pas la mettre mal à l’aise, mais il fallait avouer qu’il ne se savait pas aussi impressionnable. L’écarlate refusait de quitter les joues de la jeune elfe, et il se demandait si quelqu’un était capable de le déloger. Il retint avec peine un éclat de rire qui aurait surement été mal interprété quand elle bafouilla des excuses.

« Il n’y a pas de mal, voyons ! L’important, c’est que tu sois en vie, non ? »

Il tenta de la rassurer d’un sourire amical, mais il semblait que toutes ses tentatives étaient destinées à être de cuisants échecs. L’adolescente sembla s’enfoncer dans sa gêne, se tordant les mains, évitant son regard… Boyld lança un regard amusé à Katalina, mais cette dernière ne lui répondit que d’un froncement de sourcil quelque peu sévère, ce qui ne manqua pas de l’étonner. On parlait beaucoup de Dame Noblegriffon, au Château. Depuis son retour, disait-on, elle n’était plus la même. Elle avait peur de son ombre, peur du Duc lui-même… Certains murmuraient qu’elle ne se lavait plus ou presque plus, qu’elle était devenue violente et agressive. De part son statut quelque peu particulier, les réactions allaient de la moquerie à la pitié, prenaient de nombreux visages et de nombreuses formes. Le capitaine des gardes oscillait entre l’indifférence de l’homme qui a bien d’autres choses à penser et la compassion sincère de voir une femme ainsi détruite. Il avait aperçu la noble quelque fois avant son enlèvement et se rappelait d’une femme forte, sure d’elle. Quel plaisir de retrouver en partie cette impression alors qu’elle le sermonnait en silence.

La question qui lui fut posé figea son sourire l’espace d’un instant, mais il ne s’autorisa pas à afficher une mine sombre. A la place, il aborda le visage impassible du soldat qui fait son rapport à un supérieur. Derrière lui, les conversations s’étaient doucement tues, alors que tous comprenaient peu à peu de quoi il retournait. Certains regards s’échangeaient, quelques hochements de tête désolés venaient confirmer les doutes de ceux qui ne connaissaient pas la réponse. Derrière Erialeth, Katalina retenait son souffle, désormais certaine de la réponse. Elle fixait la nuque de l’elfe, attendant la réaction qui promettait d’être violente… Elle fit un pas en avant, mais la voix grave de Boyld la figea sur place.

« Vous avez rien à faire, les gars ? Vous voulez que je vous trouve une occupation ? »

D’un coup, l’agitation régna dans la salle commune. Les hommes se levèrent prirent d’assaut les autres pièces, faisant comme si de rien était. Bientôt, Katalina, Erialeth et Boyld furent seuls, dans une pièce trop grande pour eux. Etonnée par cet ordre déguisé, elle questionna le vétéran du regard mais n’obtint aucune réponse, ce dernier n’ayant d’yeux que pour l’elfe. Alors, elle comprit, et l’estime qu’elle lui portait augmenta d’un cran. Il avait été assez sensible pour faire en sorte que la désormais orpheline puisse pleurer sa peine sans avoir en plus à supporter le regard d’une caserne.

« Il y avait en effet quelqu’un avec toi… Mais… » Poussant un profond soupir, il secoua doucement la tête. « Je suis désolé… Quand nous sommes arrivés, il était déjà trop tard. »

Sans surprise, la nouvelle était tombée. Katalina s’approcha, tendant le bras pour toucher doucement l’épaule intacte d’Erialeth. Comment réagirait-elle ? Tenterait-elle de se dégager ? Elle figea son geste et laissa son bras retourner le long de son corps.

« Erialeth… Je… » Que dire ? Qu’elle était désolée ? Qu’il fallait être forte ? Que tout n’était pas noir et sombre. Des choses qu’elle s’attendait entendre sortir de la bouche de tout les gens qu’elle rencontrait. Non, ce n’était pas cela dont avait besoin l’elfe. « Tu peux rester à Serramire aussi longtemps que tu le souhaites. »

Instinctivement, elle savait que le vous n’était plus de mise. Ce n’était pas du respect tout relatif du vouvoiement mais de soutien dont elle avait besoin. Et, sans savoir pourquoi, peut-être parce que contempler le malheur de quelqu’un rendait la tâche de s’abandonner au sien plus difficile, elle avait envie de l’aider.
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MessageSujet: Re: Éclats [Erialeth]   Éclats [Erialeth] I_icon_minitimeMar 7 Juil 2009 - 19:19

Autant de doutes que de secondes qui s’écoulaient. Autant de craintes que d’espoir. Tout cela sous une même bannière : la peur. Horrible et traître, s’infiltrant de partout afin de vous encercler et mieux vous prendre. Horrible. Vraiment horrible.

Et alors que la question était posé, Erialeth n’eut même pas à attendre la réponse pour savoir. Elle avait passé suffisamment de à côtoyer une multitude de personnes pour reconnaître les signes physiques avant-coureur de l’annonce d’un malheur. Ça lui semblait presque trop évident, comme si tout cela était surréaliste. C’était faux, un mensonge. Il voulait simplement lui faire peur et sourirait de nouveau dans quelques secondes. Non?

Non?

Le sourire ne vint jamais alors qu’elle se mettait à trembler de tout son corps, que ses yeux se remplissaient de larmes. Non? Pourquoi? Pourquoi devait-il avoir le même regard que lorsque son oncle lui avait annoncé que sa mère ne reviendrait jamais? Pourquoi devait-il avoir le même regard que le médecin lui ayant annoncé qu’il était trop tard pour tante Claudie? Pourquoi devait-il avoir le regard d’un homme qui annonce la mort?!

Puis, la nouvelle tomba, cruelle, sans état d’âme, sans... Rien. Comme si le garde l’avait giflé, la jeune elfe se figea, droit comme un i. Son visage passa du rouge à blanc, blanc comme un drap, blanc comme la mort. À l’annonce, les larmes avaient coulés dans un silence absolu. Son regard s’était fiché, comme si l’adolescente était hébété ou n’arrivait pas à croire à sa propre malchance. Ce qui était en parti le cas. À elle qui n’avait jamais rien fait de mal, le malheur semblait prendre un plaisir malsain à la faire souffrir. Et pourtant, la jeune elfe resta de marbre, ses pleurs silencieux comme seule démonstration de la douleur qui l’avait envi.

Les paroles du garde, tout comme celle de Katalina lui parurent lointaines, si lointaines. Pendant un moment, elle eut de la difficulté à respirer, de la difficulté à penser, puis elle ne ressentit plus rien. Pas d’espoir, pas de désespoir. Pas de joie, pas de peine. Pas de douleur... Qu’un vide, un immense vide. Alors, c’est ça, lorsque l’on vole en éclats? Lorsque plus rien... n’a d’importance? C’est ça?

À l’annonce sous-entendu de la mort de son oncle, Eri s’était figée, s’était tut et avait regardé le vide, indifférente aux paroles de réconfort ou à la gentillesse qu’on lui avait témoigner face à l’horreur de la situation. Plutôt, son regard avait perdu toute clarté, toute vie. Elle pleurait, mais aucune autre réaction ne pouvait être discernée de sa part. Et soudain, ses jambes se dérobèrent sous elle, et Eri tomba à genoux, fixant un point invisible droit devant elle.

Peu à peu, la jeune elfe sentit tous ses sens la quitter. Physique, elle ne ressentit plus rien, pas de douleur, pas de chaleur, pas de froid. Elle se savait à genoux parce qu’elle l’avait vu. Cependant, son champs de vision, brouillé par les larmes, s’assombrit. Les sons lui étaient presque imperceptible. Et tout cela finit par disparaître, complètement.

C’est faux. Oublie. C’est faux. Tout ça est un mensonge. C’est faux. C’est un mensonge.

- C’est faux... gémit-elle extrêmement bas, dans un murmure presque imperceptible.

Puis, elle s’arrêta. Pas un bruit, pas un mouvement, pas une réaction. La jeune fille restait là, silencieuse à regarder le vide sans vraiment le voir, les larmes continuaient à glisser sur ses joues, mais il n’y avait plus de peine. Il n’y avait plus rien.

Détruite.
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MessageSujet: Re: Éclats [Erialeth]   Éclats [Erialeth] I_icon_minitimeMar 7 Juil 2009 - 22:16

La peine que ressentie Erialeth était à la hauteur de ce qu’on pouvait attendre, dans une telle situation. Pour ce qu’avait compris Katalina, la jeune elfe avait perdu le dernier être qu’elle considérait comme étant de sa famille. Désormais orpheline, elle devait tracer son propre chemin dans un univers qui n’était pas vraiment le sien. Elle était une elfe, pouvait-elle supporter de vivre parmi les hommes sans ce point de repère qu’avait été jusqu’alors son oncle ? La noble en doutait, tout comme elle doutait que l’adolescente au teint de cendre qui se tenait devant elle le souhaitait vraiment. Elle allait s’approcher quand les jambes d’Erialeth cédèrent sous elle. Le cœur de Katalina se glaça, alors qu’elle envisageait le pire. Après tout, ne disait-on pas que les elfes immortels ne pouvaient mourir que par le fer, le poison… ou bien un chagrin trop violent. Elle n’avait jamais cru à ce dernier point, mais force était de constater qu’elle avait sérieusement douté quand elle avait vu s’effondrer l’adolescente. Elle ne connaissait pas vraiment ce peuple légendaire qui peuplait Anaëh, seulement au travers de légendes et de contes… Mais chaque mythe possédait sa part de vérité.

Légèrement dépassée, Katalina chercha le regard de Boyld, à la recherche d’une quelconque idée. A leurs pieds, la désormais orpheline pleurait toujours, silencieuse comme la mort qui lui avait ravi son cher Glerik. Voilà ce qu’elle aurait voulu éviter. La voir ainsi, prostrée, brisée même, la ramenait à sa propre impuissance. Le vétéran observait Erialeth en silence, impassible, comme attendant que l’orage passe. Elle-même ne s’en sentait pas capable d’un tel détachement, même si elle se doutait que s’il n’intervenait pas, c’était qu’il soupçonnait de ne rien dire qui puisse arranger les choses.

« Erialeth… »

Doucement, elle s’approcha, hésitante quant à la conduite à suivre. Finalement, elle s’agenouilla simplement à côté du corps immobile. La miraculée fixait le sol sans même le voir, luttant surement contre ses démons intérieurs, repoussant cette réalité aux frontières de ses sens. Les larmes coulaient, la respiration était légèrement saccadée, mais c’étaient là les seuls signes qui trahissaient la vie qui l’animait encore. Se mordant la lèvre inférieure, elle tenta de prendre la voix la plus douce possible, alors que son propre regard se faisant vague.

« Tu peux pleurer… Autant que tu veux… Mais… »

Car il y a toujours un mais. Il y a toujours quelque chose à faire, à accomplir. Un acte, puis un autre, afin de continuer à avancer. Sauf qu’on ne savait pas toujours de quoi il s’agissait. On se perdait parfois, et on se retrouvait alors dans un milieu qui nous était hostile, à la recherche d’une direction à prendre. Katalina avait l’impression d’avoir justement retrouvé le cap, et tentait désormais de le garder. Elle espérait juste ne pas s’être trompée, et qu’elle retournait bien vers la « Lumière ».

« Ce que je vais te dire va te sembler dérisoire… Stupide même. Mais promets-moi que quand tu ne pourras plus pleurer, tu te relèveras. Tu vies… Ton cœur bat encore… Et ça ne doit pas s’arrêter. Pas comme ça, en tout cas. »

L’humaine se mordit la lèvre inférieure, bien consciente que ce qu’elle disait n’aidait surement pas Erialeth. Elle avait l’impression de mettre sur ses sentiments des phrases vides de sens, des banalités affligeantes, des paroles creuses répétées encore et encore. Elle se rendit alors compte qu’elles étaient seules, Boyld s’étant retirée. Une nouvelle fois, sa sensibilité l’étonna, en même temps qu’un élan de reconnaissance l’envahissait.

« Pleure autant que tu veux, mais ne t’arrête pas de vivre. »

Sa voix s’était réduite à un murmure, alors qu’elle résumait sa pensée. Elle ne savait plus si c’était à elle-même ou bien à l’elfe qu’elle parlait…
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MessageSujet: Re: Éclats [Erialeth]   Éclats [Erialeth] I_icon_minitimeMar 14 Juil 2009 - 5:27

Pom pom...
Pom pom...
Pom pom...

Ce bruit. Cette sensation. C’est son coeur. Les battements de son coeur. Et à chacun d’entre eux, c’était cette même douleur intérieure qui revenait. Cependant, alors qu’elle revenait, sa résistance à cette douleur s’amenuisait. Elle grugeait ses dernières parcelles de force, petit à petit. Tenace, cruelle, sans pitié. Encore en encore, elle revenait, ravivant les souvenirs depuis longtemps entreposer au fond de sa conscience. Réveillant ceux qu’on avait cru disparu. Réveillant et ravivant la douleur...

Je me souviens. Je me souviens de ce qui s’est passé. Seigneurs... Je me souviens. Pourquoi? Pourquoi maintenant? Je ne veux pas me souvenir. Non. Je ne veux pas. Je ne veux pas!

______________________________


La journée était belle, comme on l’espère en automne. Le soleil avait dépassé son zénith depuis quelques heures et le ciel commençait à se teinter de rouge à l’horizon. La nuit tomberait bientôt. Elle et l’oncle Gerik avait décidé de s’établir pour la nuit, puisque de toute façon, les frontières de Serramire avaient été fermés la journée même de leur arrivé dans le duché. Embêtant, car ils se rendaient vers les terres elfiques, la forêt d’Anaëh. Cependant, et puisqu’ils n’avaient, de toute façon, pas de date ou d’itinéraire de prévus, cet inconvénient leur servirait simplement d’excuse pour explorer un peu les différentes villes de la région.

Puis, l’attaque était survenue sans prévenir. Même l’instinct guerrier aiguisé du vieux mercenaire n’avaient sentit le danger.

Une dague, directement dans l’épaule de l’adolescente. Ça l’avait projeté à terre et la douleur avait été horrible. Un groupe d’une dizaine d’hommes s’étaient approchés, armes au clair. Malgré sa blessure, Erialeth su tout de même faire face à celle-ci et se relever, chancelante. Gerik avait tiré sa lame et lui criait de s’enfuir à cheval. Oui. À cheval. C’était la meilleure solution. De cette façon, elle ne gênerait pas. À ce moment, elle n’avait tenu sur ses jambes et son esprit était resté clair uniquement grâce à l’adrénaline.

Elle due perdre conscience une seconde, car en un battement de paupières plus tard, l’elfe s’était étonnée d’être à genoux, au milieu d’une dizaines d’hommes armés ne la considérant probablement pas comme un quelconque danger. Trop tard. Elle ne pouvait plus fuir. Aider son oncle, elle devait maintenant l’aider.

Un autre battement de paupière, et la scène sous ses yeux s’étaient encore métamorphosés. La majorité du groupe était à terre, blessé ou mort, son stylet était dans sa main droite, couvert de sang. Comment?

- Eri!

Le cri lui avait fait relevé la tête vers son oncle, mais ce ne fut que pour voir l’horreur d’une épée s’enfoncer dans l’abdomen de Gerik. Elle avait voulu crier, mais aucun sons n’étaient sorti de sa bouche. Tout son corps avait censé de fonctionner. Puis, elle sombra, touchant le sol alors qu’une flèche se plantait dans la poitrine du brigands qui avaient assassiné la personne qui lui était le plus chère.


______________________________


Lorsque Katalina prononça son nom, Erialeth sursauta, mais son corps ne suivit sa réaction. Il resta là, immobile. Son esprit n’était pas réveillé, l’elfe avait plutôt l’impression de nager dans un épais brouillard d’horreurs et de douleur. Les sensations étaient revenu, mais c’était comme si elles ne lui appartenait plus. Comme si elle venait d’ailleurs. Les paroles de l’humaine firent leur chemin, mais lentement, à retardement. Comme s’il s’agissait d’un écho qu’on lui renvoyait d’un endroit infiniment loin. Il fallut bien plusieurs minutes à la jeune elfe pour esquisser un semblant de geste maladroit, un semblant de mot qui se brisa aussitôt. On aurait dit une automate cassée, qui peinait à bouger.

Vivre? Alors que tout le monde était mort? Vivre alors qu’il ne lui restait... Plus rien? À quoi ça lui servait? Pourquoi n’aurait-elle pas le droit de mourir et de rejoindre les gens qu’elle aimait? Pourquoi est-ce qu’on lui avait sauver la vie? Pourquoi c’était elle qui restait toujours en arrière?
Oui, son coeur battait. Il battait atrocement fort, atrocement trop. Elle était bel et bien vivante, mais intérieurement, tout avait volé en éclat. Elle était morte. Comme Gerik, qui avait tenté de la sauver. L’oncle Gerik qui était mort par sa faute.

Une grande fatigue la saisit. La douleur, les sons, la tristesse... Tout semblait si loin...

- Il est... Mort. balbutia-t-elle d’une voix rauque. Et c’est ma... Faute...

Ces quelques mots prononcés tout haut furent les dernières qu’elle prononça. Par la suite, les larmes cessèrent, ses yeux se fermèrent et elle tomba à terre, inconsciente.
Mais vivante. Pour le moment.

Pom pom.

Mort. Il est... Mort.
Et par sa faute.

Pom pom.

Tout est si lointain.
Et pourtant, ça fait mal.
Ça fait si mal.
Je vous en supplie, aidez-moi.
Aidez-moi à ne plus avoir mal.
Aidez-moi à oublier...
Aidez-moi...
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MessageSujet: Re: Éclats [Erialeth]   Éclats [Erialeth] I_icon_minitimeMar 14 Juil 2009 - 12:27

A mesure que les secondes s’écoulaient, et que le corps d’Erialeth restait sans réaction, Katalina sentait la panique l’envahir. Au début, il s’agissait juste d’un mauvais pressentiment, mais l’absence totale de réaction n’était pas pour la rassurer, loin de là. Elle l’aurait secoué si elle n’avait pas eu peur d’aggraver les choses en l’arrachant de force de sa léthargie. L’adolescente était enfermée dans sa propre prison, et elle était la seule à pouvoir s’en faire sortir. Tout au plus, la jeune noble pouvait tenter de la guider, et encore… Elle ne voyait pas trop comment, alors qu’il semblait que ses yeux ne voyaient plus et que ses oreilles n’entendaient plus. Elle ne réagit pas quand elle prononça son nom, ni même au reste de ses paroles. Peut-être ne l’avait-elle pas écoutée, c’était possible après tout. Elle devait bien avouer que son discours pouvait manquer de pertinence, au vu de l’état d’Erialeth.

Finalement, ses lèvres s’entrouvrirent mais aucun son ne s’échappa de sa bouche. Seul le silence, horrible, intenable, continuait son règne sur une pièce qui semblait d’un coup plus froide et moins accueillante. Les casernes étaient d’ordinaire des lieux pleins de vie, en permanence réchauffées par l’activité qui les caractérisaient. Abandonnée par les hommes et investie par des femmes en deuil, tout cela avait volé en éclats. Il n’y avait plus que la respiration de Katalina, en rythme avec les battements angoissés de son cœur. Elle regretta, l’espace d’un instant, l’attitude de Boyld. Qu’elle aurait aimé avoir quelqu’un qui puisse remplir ce rôle qu’elle semblait incapable de tenir. Elle en avait voulu à Merwyn pour ses paroles et ses gestes, parce qu’il semblait toujours faire exactement ce qu’il fallait pour empirer les choses. Elle ne lui avait toujours pas pardonné la façon dont il l’avait traité, ce fameux jour où elle avait laissé pour la première fois s’exprimer la rage qui était née de son calvaire… Mais elle comprenait un peu mieux le reste.

Elle retint un soupire de soulagement quand elle entendit enfin la voix d’Erialeth, mais ce poids qui s’envolé fut rapidement remplacé par un autre, peut-être plus perfide. Outre le ton, indéniablement celui d’une femme brisée, la teneur des paroles prononcées n’étaient pas du tout pour la réjouir. Ainsi, il était mort par sa faute ? Katalina avait du mal à la croire… Elle paraissait si frêle, si fragile. Se souvenait-elle de ce qui s’était réellement passé ? Cherchait-elle à se culpabiliser, pour une raison qu’elle seule connaissait ?

« Ne dis pas de… »

Elle ne devait jamais finir sa phrase. Ou du moins, alors qu’elle doutait jusque là de l’attention que pouvait lui porter Erialeth, devait-elle se résoudre à parler dans le vide. La jeune elfe bascula vers l’avant. Heureusement pour elle, l’humaine veillait à ce genre de possibilités, et elle parvint à ralentir la chute, passant son bras sous la poitrine discrète et accompagnant la chute comme elle put. Elle l’allongea sur le ventre et, réellement paniquée désormais, approcha son oreille de la bouche entre-ouverte de l’évanouie.

« Néera, merci… Elle respire encore… »

Elle ne put retenir l’intense soupir de soulagement qui lui était venu. L’espace d’un instant, elle avait cru qu’elle était morte, vaincue par le chagrin. Qu’il devait être terrible de considérer la tristesse et le deuil comme une épée de Damoclès oscillant en permanence au dessus de sa tête. Elle se demanda furtivement si la mort ne venait que par la mort d’un être cher, ou bien si ce qu’elle avait vécu aurait pu la tuer, à condition qu’elle soit née avec des oreilles pointues. Elle ne connaissait des elfes que des bruits, des rumeurs, des comtes et des légendes… Aucunes de ces sources n’étaient réputées pour leur précision et leur exactitude.

« Boyld ! Venez m’aider ! »

Il ne fallut pas longtemps au vétéran pour répondre à son appel à l’aide. Il devait surement être resté dans les parages afin de prévenir justement à ce genre de situation dérangeante. Posant un genou à terre, il regarda tour à tour Katalina et Erialeth, puis tendit le bras vers l’évanouie.

« Ecartez vous, ma Dame, je vais la porter…
- Bien… Suivez-moi, nous allons la mettre dans mes appartements. »


L’homme d’arme se contenta d’un hochement de tête, et souleva sans peine le corps inanimé de l’elfe orpheline. Ils partirent en quête du troisième étage sacré du Château de Serramire, plus précisément pour les appartements de Katalina. Cette dernière espérait qu'ils seraient assez calmes pour laisser la pauvre Elfe se reposer.
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