Voyage de noce ?!

Nan. Certainement pas. Un voyage de noce ? Arf ! Ce voyage était nécessaire au commerce de Marion. Bon, pour Aldénor, c'était pour se balader... pour mieux se connaître... pfff ! Pas trop quand même ! Marion ne tenait pas à ce que Aldénor la connaisse trop. Pas qu'elle craigne quoique ce soit de sa part, en théorie, mais Marion avait caché des choses à trop de gens pour que la vérité soit rétablie. Ça causerait un choc à son commerce et ça bousillerait sa vie. Pas qu'un petit détail, hein ?

Marion avait passé une partie de la soirée à compléter son sac... et à ajouter les trucs qu'elle était certaine que Aldénor ne penserait pas. Marion a l'habitude de traverser les forêts... hors des sentiers battu. C'est pas pareil que sur les chemins balisés ou presque. Elle s'était couchée tôt et levée pas longtemps après. Le temps de se laver, parce que c'est préférable d'être très propre avant de partir, puisqu'on sait pas trop quand on aura la chance de se relaver ensuite. Surtout que cette fois là, elle ne sera pas seule... gnarf...

Donc, le soleil n'est pas encore levé, mais il blanchit l'horizon quand elle sort dans la cours. Elle a entendu Aldénor. Elle n'a donc pas trop tardé à sortir. Elle ne va pas le faire attendre... il risque de se plaindre qu'elle le fait attendre. Elle se dépêche donc à s'habiller.

Pantalon brun, botte renforcée par ses soins, pour les longues distance, puis ses nombreuses jupes de feutre et de laine. Été comme hiver. En dessous, elle portait une petite camisole de lin, très légère... mais juste par-dessus, c'était son plastron ajusté de cuir bouilli. Ça n'arrêtait pas les flèches, ni les lames, mais au moins, ça avait l'avantage d'empêcher les blessures graves et surtout les crocs des bêtes. Enfin, les bêtes qu'on croisait en temps normal. Et par-dessus, elle portant son éternel corset de feutre vert. Été comme hiver. Mais l'hiver, elle rajoutait quelques autres couches en plus de sa cape de bure noire. Celle, là, elle l'avait emporté, mais elle ne l'a portait pas. C'était pratique s'il se mettait à pleuvoir. Et elle pouvait servir de couverture la nuit.

Donc, Aldénor, quand il la vit approcher, la vit presque dans le même accoutrement que d'habitude. Avec un peu plus de bagages. Un gros sac à dos, bien planté sur ses épaules. Son procyon en bandoulière, qui fixe Aldénor de ses yeux de billes noires. À sa ceinture, camouflée, mais pas assez pour trahir le regard de maître d'arme d'Aldénor, elle porte un poignard. Et sans doute qu'il se doute que le raton-laveur transporte dans son ventre sa panoplie de couteaux.

Elle s'arrête une dizaine de pas avant Aldénor et croise les bras.

- Oh non, ça n'ira pas. Mais pas du tout !

Elle aurait du s'en douter quand elle croise son regard. Le regard qu'il lui adresse. Visiblement, il est pas si content d'être là.

- C'est vrai, tu es habillée n'importe comment !

Elle fronce les sourcils, baisse les yeux pour voir si vraiment ça ne va pas, fait un rapide inventaire de sa tenue et jette un oeil à Aldénor. Oh, il est très chic, mais ça va pas le protéger ni de la pluie, ni du froid. Elle espère qu'il aura au moins apporté de quoi se couvrir un peu plus. Et tellement peu pratique l'armure... c'est encombrant... et une fois en forêt et ben wooo, bonjour l'aisance ! Mais c'est la suite qui la scie et elle commence à le comprendre quand elle le voit grimper sur le dos du cheval.

- Bon alors, tu montes ? On a pas toute la journée tu sais ?

Elle met encore deux secondes, à regarder Aldénor, puis le cheval. Elle jette un rapide coup d'oeil à ce que le cheval transporte, puis revient sur le cheval, sur Aldénor, sur le cheval, puis finalement elle revient sur Aldénor. Avant de dire quoique ce soit, elle secoue la tête, puis elle pointe le cheval.

- Moi je monte pas là-dessus, déclare-t-elle d'un ton catégorique.

Oh non, pas question qu'elle grimpe sur ce genre de bestiole. De un, c'est gros et c'est haut. De deux, elle a des jambes, c'est pour marcher, non ? De trois... deux là-dessus ? Non, pas assez de place !