En fuite. [Merwyn de Serramire] - Terminé -

Cela avait recommencé. Encore. Elassa courait à toute allure dans les rues de Diantra. Elle était rapide mais elle entendait encore les bruits de la course de ses poursuivants. Elle se demanda s'il fallait lutter. Abandonner la fuite et jouer le tout pour le tout. Mais elle était seule, seule dans cette ville où elle n'avait aucun allié. Tous seraient contre elle et elle ne survivrait probablement pas au combat. Pire, elle se retrouverait en prison.

Elle ne le voulait pas.
Elle ne le voulait pas. Jamais.

Elle força encore l'allure, s'élançant dans la nuit. Cela faisait presque une demi-heure qu'elle courait. Bon sang, jamais ne seraient-ils épuisés ? Elle même qui possédait une endurance hors de la norme sentait qu'elle ne tiendrait plus très longtemps. Pourtant, elle ne se laissa pas abattre, elle mourait en courant ainsi s'il le fallait, si cela pouvait lui éviter le pire.
Elle ne pouvait plus compter sur l'épuisement de ses poursuivants, il fallait qu'elle les perde. Elle relentit légèrement l'allure et observa son entourage. Des rues, des maison. Un véritable labyrinthe. Elle tourna subitement à droite. Puis à gauche. Encore à gauche. A droite. Et cela pendant plusieurs minutes. Déjà les bruits de course s'estompaient au loin.

Elle tourna encore à gauche. Un cul de sac. Sans hésiter, elle s'élança au devant du mur et l'escalada à une vitesse étonnante pour finalement se jeter de l'autre côté. Et elle repris sa course folle.

Au bout d'un moment, elle tendit l'oreille. Plus un bruit. Elle avait réussit. Par précautions, elle coura encore de longues minutes. Toujours rien. Elle finit par ralentir l'allure pour finalement s'arrêter totalement.

Sa liberté était sauve.

Mais elle n'avait pas la moindre idée de l'endroit où elle était. C'était pour cela qu'elle avait hésité à perdre ses poursuivants, de crainte de ne se perdre elle même. Elle haussa les épaules. Peut importait. Elle retrouverait bien son chemin plus tard, lorsqu'il ferait jour. Elle décida de se reposer. Elle s'appuya contre le mur le plus proche et se laissa glisser au sol, les paupières à demi closes.

Voila pourquoi elle détestait les villes. A chaque fois qu'elle en franchissait les portes, elle risquait de ne jamais pouvoir en ressortir. Ce n'était pas la première fois que ce genre d'incident se produisait. Le Fléau, presque à chaque fois qu'elle se retrouvait en contact avec les humains, se manifestait. Cette force inconnue qui sommeillait en elle, était propre à tous les membres de sa tribu. Ils était les seuls qui pouvaient la comprendre. Mais ils l'avaient bannie. Cela l'importait peu aujourd'hui. Elle ne supportait pas les limites, et sa tribu n'était que limites.

Sa tribu était très ancienne. Tous s'étaient exilés à cause du Fléau. Le Fléau était une force obscure. Lorsqu'ils étaient sujets à une forte émotion, ils entraient dans une colère destructrice. Cet état de folie passagère laissait toujours des morts et ne pouvait être contrôlé, ou très difficilement. Alors la tribu d'Elassa était partie pour protéger les êtres vivants et aussi parce qu'ils n'étaient plus acceptés dans les villes. Des siècles avaient passé et jamais personne ne s'était éloigné des Terres Stériles, endroit où ils avaient élu domicile. Personne hormis Elassa qui avait tué leur chef alors que le Fléau s'était emparé d'elle. Les membres de sa tribu l'avaient bannie. Ce bannissement lui avait permis de découvrir l'indépendance et la liberté. Aujourd'hui, elle ne pouvait plus s'en passer. Ils étaient aussi indispensables que l'air à ses yeux.

Ce soir là, elle était entrée dans une auberge pour se désaltérer. Évidement, impossible de passer inaperçue. Évidement, un idiot avait été assez téméraire pour venir l'asticoter. Elle avait beau lui avoir dit de la laisser tranquille, il avait continué. Encore et encore. Elle avait perdu patience, sa colère avait commencé à monter et le Fléau s'était emparé d'elle. Elle l'avait étranglé à mains nues sur place, sous les yeux de tous les occupants de l'auberge. Évidement, c'était une erreur qui n'était pas pardonnable à leur yeux. Elle s'était enfuie dès qu'elle avait été de nouveau consciente de ses actes.

Elle n'éprouvait pas la moindre culpabilité. Elle était habituée à présent à tuer. Elle ne se posait plus de questions, c'était fait et c'est tout. Les premières fois, elle s'était sentie très mal, elle avait été rongée par les remords mais avait finit par s'empêcher de s'inquiéter pour cela. C'était sa nature, elle avait beau lutter contre le monstre qui sommeillait en elle, elle comprenait qu'il reprenne parfois le dessus.

Elassa ouvrit les yeux. Elle se leva et observa autour d'elle. Elle n'allait pas passer la nuit ici. Elle quitterait la ville dès que possible. Elle leva les yeux. Sur un toit elle pourrait retrouver son chemin. Elle se hissa donc au sommet d'une maison et regarda l'horizon. Le soleil commençait à poindre. Le ciel s'embrasait là, au loin. Elle contempla le spectacle, ne se souciant plus de sa fuite.

Diantra. J'étais loin de penser qu'en partant pour Diantra, le roi lui partirai pour Serramire. Drôle de coïncidence à vrai dire. Diantra la grande, Diantra la belle, Diantra la capitale des humains. Certains avaient entendu parler de moi, et d'autre non. Certains faisaient des commentaires lors de mon passage dans les rues et d'autres s'en allaient sans m'accorder le moindre regard.

Ce soir là, je venais tout juste de rentrer à Diantra. Dans mon carrosse noir frappé au blason de la grande et noble famille de Serramire, j'étais fatigué du voyage et je n'aurai certainement pas dû laisser Katalina seule au château. Mais cette dernière semblait aller beaucoup mieux depuis quelque temps, de temps en temps, elle sortait de sa chambre et vagabonder dans le château par ci par là. Je pensais à elle en souriant, et referma le livre que je lisais d'un mouvement sec. Intriguant, ce livre parlait des révélations des bergers et d'ailleurs le titre était "Révélation bergère". Laissant de côté ce livre des plus passionnant, je regardai par la fenêtre, j'aperçus une silhouette de femme sur un toit. Non mais vraiment, si certaine folle se risquait à ce genre d'acrobatie elle ne devait sans doute rien faire d'autre que cela dans leurs vies.

Le carrosse continua son avancée parmi les dédales de rues, j'avais demandé au cocher de partir le plus lentement possible, que je puisse regarder un peu dans quel état est notre chère et tendre capitale. Deux gardes se trouvaient derrière sur leurs chevaux, je n'aime pas voyager avec toute mon escorte trop lent.

[ Désolé, mais pas d'inspir']

[C'est rien c'est rien^^]

Elassa détourna son regard de l'embrasure du ciel lorsqu'elle entendit des bruits là, en bas, dans la rue. Serait-il possible qu'on l'ai retrouvée? Elassa tendit l'oreille. Non, ce n'était pas des bruit de pas. Elle entendait le son de sabots et de roues sur les dalles des rues. Le convoi avançait lentement, trop lentement pour que cela soit quelqu'un à sa poursuite. La jeune femme se rapprocha du bord du toit où elle était perchée. Elle avait bien entendu. Un carrosse accompagné de deux gardes parcourait doucement la rue où elle se trouvait.

Elassa réfléchit. Peut-être serait-ce un bon moyen pour sortir de ce labyrinthe. Il lui suffisait de monter sur le toit du carrosse et de se laisser conduire. Mais le problème, c'était les gardes. Ils la verraient forcément lorsqu'elle grimperait sur le toit. L'individu se faisant ainsi escorter devait être important, trop important pour permettre la présence d'un passager clandestin. Il n'était peut être pas judicieux de prendre un risque. Mais l'occasion était trop belle à saisir.

Le convoi la dépassa. Elle ignorait toujours ce qu'elle ferait. Il avait beau avancer lentement, il ne l'attendrait pas. Elle commença par le suivre, toujours sur son toit. Elle ne semblait pas avoir été remarquée. Elle arriva au bout de la maison sur laquelle elle était. Une petite impasse la séparait de la suivante. Elle se laissa tomber dedans. Elle tomba sur le sol en position accroupie avec légèreté. Puis elle se faufila dans la rue, bien à l'ombre des murs, avec une souplesse féline.

Les deux gardes ne l'avaient pas vue, ils étaient à quelques mètres d'elle. Elle savait à présent ce qu'elle allait faire. Elle se plaça plus au centre de la rue, abandonnant l'ombre du mur, découvrant sa silhouette au clair de lune. Silencieusement, elle accéléra la marche de manière à ne plus se trouver qu'a un mettre des gardes. Elle bondit sur l'un des deux et l'assomma. Le tout était à présent d'être rapide. Elle bondit sur l'autre garde au moment où il se rendait compte de ce qui arrivait à son collègue. Elassa lui infligea le même sort mais le silence dans lequel elle voulait que se déroule l'opération fut rompu par une exclamation de celui-ci.

Elassa bondit sur le toit du carrosse. Le corps évanoui du deuxième garde tomba alors au sol dans un grand fracas d'armure. Elassa soupira. Quel travail de boucher. L'occupant du carrosse s'était forcément aperçut qu'il se passait quelque chose d'anormal. Elle sortit son poignard et le dissimula dans sa manche. Ensuite, elle se glissa dans le carrosse et s'assit sur la banquette en face de l'homme qui était dedans. Elle glissa dans un souffle un inquiétant :

Bonsoir.

[ Je vois pas vraiment comment tu peux assommer un garde sur son cheval, mais c'est pas grave faisons avec ^^]

L'un des gardes, avançons lentement derrière la carrosse ne vit pas arriver l'ombre sur lui et n'arriva même pas à prévenir son camarade qu'il tombait de son cheval silencieusement alors que l'ombre s'attaquer au deuxième garde alerter en retard de la présence de l'inconnu, mais qui était-elle bon sang pour se mouvoir ainsi avec tant d'agilité ? Le garde ne pu pas aller plus loin dans ses réflexions que déjà il reçut à coup sur le bas du crâne lui faisant perdre connaissance, perdant son équilibre, il tomba dans un grand fracas sur le sol me faisant sursauter de surprise dans mon carrosse. D'un ordre sec, je fis arrêter la voiture alors qu'une jeune femme entra par la fenêtre dans mon carrosse et s'assit sur la banquette en face de la mienne. Nullement inquiet, en tout cas je ne l'affichai pas, je la regardai d'un œil suspect. De longs cheveux bruns ondulés dans son dos, une silhouette apparemment fine et élancée. Un visage au traits fins et précis, et bizarrement sur son front se trouvait un disque en argent visiblement où est gravé une étoile. Et des yeux d'une couleur noisette, une très jolie jeune femme qui malheureusement ne faisais que m'agacer en ce moment. Elle me salua d'un ton qui se voulait inquiétant mais moi, je ne fis que rouler des yeux.

- Bonsoir. J'espère sincèrement pour vous que vous n'avez pas tuez mais garde, et si c'est le cas, qu'ils ne voudront pas vous étriper.

Puis sans un autre regard, j'ouvris la portière et sortit dans la rue. Les deux chevaux regardaient leurs maitres d'un air bête et eux gisait inconscient mais visiblement non mort ! Tant mieux. M'approchant d'eux, je sortis une bouteille d'eau de la voiture et la versa sur le visage pour les réveiller.

- Allons messieurs, une jeune femme vous a fait tourner la tête ou quoi ?
- Vous allez bien chef ?
- Oui, oui je vais bien, remettons nous en route, je ne crains rien, au pire des cas je vous faits signe.

Les gardes peut confiant remontèrent sur leurs destriers et moi dans mon carrosse où cette femme m'est tomber dessus.

- Comme technique d'approche, il y a mieux, à moins que cela soit une nouvelle façon de draguer ? Moi c'est Merwyn, duc de Serramire. A qui ai-je l'honneur ?

Jambes croisés, mon épée à mes côtés j'attends de connaitre l'identité de cette drôle de femme, un sourire amusé aux lèvres.

[Navrée, j'avoue ne pas avoir sut comment m'exprimer, j'ai donc laissé comme ça.]

Elassa observa l'homme s'affairer à remettre les choses en ordre puis revenir dans le carrosse d'un air impassible. Elle ne prenait pas garde à son air las, pas le moins du monde inquiété. Après tout, s'il était détendu en sa présence, tant mieux pour lui. Elle trouvait même agréable ne pas être regardée avec des yeux apeurés ou soupçonneux. Elle n'appréciait cependant que modérément cet air moqueur. Elle n'en laissa rien voir, convaincue que c'était une stratégie pour la désarçonner.

Elle ne répondit pas à ses questions, pas encore. Peut être plus tard. Elle se contenta de l'observer calmement, comme toujours, même si les pensées bouillonnaient dans sa tête. Elle ne supportait pas la situation, elle était trop proche de cet homme. Elle préférait de loin observer son entourage à une distance raisonnable sans avoir à prononcer plus de deux mots d'affilée. Peut être serait-il plus simple de le tuer maintenant, de voler un cheval et de s'éloigner de cette ville. Pourquoi était-elle entrée dans ce carrosse à propos? Elle aurait put simplement rester sur le toit en passager clandestin. Tout cela à cause de ces fichus gardes. Mais le mal était fait. Et le carrosse roulait de nouveau vers la sortie de la ville, du moins c'est ce qu'elle espérait. Finalement la situation n'était pas tellement critique.

L'homme était ainsi un duc. Voila qui était ennuyeux. Mais il ignorait qu'elle était une "criminelle" et elle était en position de force. Évidemment, elle ne connaissait pas la puissance aux armes des gardes, ni celle du cocher, et ni celle de ce duc de Serramire. Ainsi, elle contracta ses muscles, prête à agir si le besoin s'en manifestait.

A présent elle examina l'homme avec plus d'attention qu'elle n'y avait accordé lorsqu'elle était entrée. Elle le transperça du regard, comme elle le faisait toujours. Il avait parfaitement l'allure d'un duc des doigts fins, de longs cheveux soyeux et un regard déterminé et sûr de lui. Elle supposa dans sa manière d'être qu'il était un duc bon et juste avec ses sujets, ce qui faisait certainement de lui quelqu'un d'apprécié.

Plusieurs minutes silencieuses passèrent alors qu'Elassa était perdue dans des pensées et des suppositions sur l'homme qui lui faisait face et la situation dans laquelle elle se trouvait. Elle avait à présent fait le tour et elle pouvait maintenant parler. Elle décida d'expliquer sa stratégie initiale. Elle parla sur un ton légèrement moins glacial mais toujours dénué de la moindre sympathie :

Je comptais simplement m'installer sur votre toit pour sortir de la ville. Mais la situation s'est mal déroulée.

Deux phrases beaucoup trop longues, un temps de parole beaucoup trop étendu aux yeux d'Elassa mais cela était nécessaire et elle n'allait pas jouer les muettes. Elle préférait le silence et la beauté des lèvres closes mais si la situation impliquait de briser le cours des discussions qui se déroulaient en elle même, soit, elle le ferait.

Je me nomme Elassa.

Si un simple nom l'intéressait, il l'avait. Mais quoi de plus ordinaire qu'"Elassa"? Il ne lui évoquerait rien et ne l'éclairerait pas sur sa véritable identité. Identité qu'elle se garderait bien de dévoiler.

Elle ne répondit pas à mes questions et se contenta de me regarder calmement. Et cela commençai à m'agacer proprement. Surtout que je la sentis contracter ses muscles prêt à bondir sur moi alors que c'est elle qui est rentré sans prévenir dans mon carrosse et que cela devrait être moi qui devrait se sentir menacé. Elle passa de longues minutes à m'examiner du regard alors que mon agacement se faisait sentir et mes doigts tapotant le siège le trahissait. Je ne savais rien de cette jeune femme, si elle était monter dans mon carrosse seulement par plaisir, ou pour avoir quelque chose de moi.

Enfin elle se décida à parler alors que j'avais fini par conclure qu'elle était muette ou sotte. A sa phrase, je levai un sourcil pour exprimer mon étonnement. Je ne savais pas par quel miracle elle a pu assommer mes gardes, mais le fracas des armures aurait alerter le cocher qui serait descendu voir et remarquer un voyageur clandestin sur le toit. Mais en effet, si elle avait compté sur la discrétion, la situation a mal tourné. Je pris enfin de nouveau la parole en remarquant tout juste qu'elle m'avait parlé d'un ton un peu glacial que le Bonsoir de tantôt.

- Hum en effet. Mais vous aurez pu tout simplement frappé à ma porte et de demander si je peux bien vous raccompagner, sans produire tout ce vacarme.

Dis-je sur un ton légèrement amusé alors qu'elle me révéla son nom. Elassa. Charmant. La compagnie d'une femme ayant plus au moins mon âge et présentant une certaine beauté et du charisme ne m'était pas désagréable même si aucune pensée impur ne me traverser l'esprit en leurs compagnie dorénavant. Mais cette femme là présentant ces caractéristiques semble glaciale et froide, n'aimant sans doute pas la compagnie et préfère garder le silence ce qui trahit de longue heures de solitudes. Un peu au fond de moi j'avais de la peine envers elle, ce n'était sans doute pas facile de vivre ainsi. Rompant une nouvelle fois le silence, je lui demandai.

- Et vous ne parlez jamais pour la conversation ? Et à propos je ne sors pas de la ville, d'ailleurs je ne sais pas ce qui vous a fait dire ça, mais je m'en vais vers le château.

Je vais voir à présent si elle va me quitter sans un mot ou préférer faire la conversation ce qui est peu probable. Mais malgré cela, cette lueur d'amusement brillé toujours dans mes yeux face au comportement étrange de la belle humaine. Jambes croisés, mains sur un genoux, je la fixai de mon regard.

Elassa ne broncha pas à la première réponse du duc. Il était évident qu'elle aurait pu agir de beaucoup d'autres façons. Mais Elassa n'était pas de ceux qui ressassent sans arrêt des actions passées en se disant que tout aurait pu se dérouler différemment. Elle n'aurait, de toute manière, jamais demandé directement à cet homme d'entrer dans son carrosse. Tout d'abord parce qu'elle ne demandait jamais la "permission" pour faire quoi que ce soit et ensuite, parce qu'il n'était pas dans sa nature de demander un quelconque service à quelqu'un, qu'il soit connu ou inconnu, généreux ou hostile.

Elassa continuait de l'observer, analysant le moindre de ses gestes. Il avait démontré enfin un peu d'agacement, ce qui semblait normal étant donné de la situation. Mais dès qu'elle avait de nouveau parlé, son visage avait repris un air narquois qu'Elassa s'efforçait d'ignorer pour éviter de s'énerver et que le Fléau ne s'empare d'elle pour la deuxième fois en une soirée. Elle n'estimait pas être quelqu'un de particulièrement drôle et il était rare que l'on se moque d'elle ainsi. A ce stade, il lui en faudrait peu pour perdre patience. Mais son visage n'avait pas changé d'allure, il était toujours impassible et hautain. Extérieurement, elle ne réagissait pas le moins du monde à ce manque de prise au sérieux, un attitude qui en aurait énervé plus d'un. De toute manière elle ne resterait plus très longtemps, pas suffisamment pour s'énerver. Si cependant l'attitude du duc restait toujours la même.

Puis il dit qu'il ne sortait pas de la ville. Elassa en fut étonnée. Cependant, ses certitudes quant à la destination du duc ne s'étaient basées que sur des hypothèses et une vague direction qui pouvait changer à tout moment dans ce labyrinthe de rues. Elle réfléchit un instant, se demandant si elle devait fausser compagnie immédiatement au duc. Le palais était infesté de gardes, certains seraient peut être au courant du crime qu'elle avait commis. Et son allure était très reconnaissable, elle ne tromperait personne. Pourtant, elle décida de rester encore. Elle savait où était le palais et pourrait retrouver son chemin à ce stade.

Parfait.

Dit-elle simplement, ignorant la question qui avait précédé l'annonce de la destination du duc. Non, elle n'était pas du genre à faire la conversation, encore moins avec un duc accompagné de deux gardes. Elle devait conserver tous ses sens en éveil pour pouvoir agir en cas de problème et les conversations faisaient perdre toute concentration. C'était peut être d'ailleurs le but de ce duc qui malgré ses réactions, ses paroles, sa voix en apparence sympathiques, ne lui inspirait aucune confiance.

Nouveau étonnement, elle ne me faussa pas compagnie lorsqu'elle apprit que je me dirigeais du sens inverse de la sortie de la ville. Pourtant, l'extérieur était sa destination et qu'elle accepte de me tenir compagnie me révélait que ma présence ne lui était pas désagréable, ce qui m'amusa de nouveau et me fit perdre mon air moqueur et narquois. Même si j'avais grande envie d'éclater de rire devant cette situation des plus comiques j'en montrait rien, et continua de tapoter le siège au tissu rouge sur lequel j'étais assis en essayant de trouver un moyen de lancer une conversation, car être entouré de gens sans parler me chagrinait. Puis un garde tapa à un carreau d'une vitre et demanda de sa voix grave.

- Mon seigneur, y a t-il un problème avec cette bonne femme ? On ne vous entend pas.
- Non aucun. Pourriez vous nous laisser un moment.
- Oui, bien sur.

Les deux gardes s'exécutèrent et allèrent se mettre derrière le carrosse fermant la marche. Les pauvres, ils doivent être encore entrain de ruminer face à la surprise que leur avait offerte Elassa. Reprenant la conversation là où nous l'avions laisser, si l'on peut toujours appelé cela une conversation. Avec une pointe d'ironie non méchante, je lui demandai en ajoutant cela avec un sourire.

- Dois-je en conclure que ma compagnie ne vous est pas déplaisante ?

Une petite plaisanterie pour débuter mais c'était une première fois que je rencontré une aussi bizarre femme par son physique et son comportement. Non qu'elle n'était pas belle, j'avais un certain goût quand même, mais son disque argenté sur son était quand même étrange. Et je n'allais quand même pas à me risquer à lui poser la question sur son origine de peur de me montrer indiscret.

Elassa eut un sourire moqueur. La compagnie de ce duc ne lui était pas plus ou moins désagréable que celle d'une autre personne. Cependant, il était vrai que cet homme l'exaspérait. Ce sourire amusé qui ne quittait son visage l'agaçait au plus haut point, tout comme cette façon qu'il avait de la regarder comme une bête curieuse. Elle avait certes fait irruption dans la douce routine du duc d'une manière peu conventionnelle, elle avait certes une allure peu commune mais elle ne comprenait pas, et ne comprendrait probablement jamais, pourquoi donc était-elle si intrigante aux yeux de tous.

Elassa se demanda s'il fallait répondre à cela. Elle se demanda si elle le laisserait croire qu'elle se sentait bien dans ce carrosse. Elle n'aimait pas trop cette idée mais après tout, peu importait ce qu'il pensait. A quoi cela l'avancerait-elle qu'il sache la vérité? A rien. Elle ne reverrait probablement plus jamais cet homme. Ainsi, Elassa se contenta de continuer à le fixer de ses yeux perçants sans rien dire. Il semblait ne pas aimer le silence, il tentait encore et encore d'installer une conversation, avec cette pensée, elle prit plus encore de plaisir à rester aussi peu loquace que possible.

La jeune femme détourna ses yeux du duc pour regarder à l'extérieur. Ce carrosse avançait d'une lenteur. Le soleil serait levé qu'elle ne serait pas encore sortie de la ville. Une fois arrivée au palais, elle devait encore marcher dans le dédale de rues avant de pouvoir être libre. Elle se souviendrait du chemin sans problème mais la tâche ne serait pourtant pas facile. Qu'est-ce qui lui disait que des gardes ne seraient pas à l'affut, prêts à l'accueillir pour la tuer ou l'emprisonner? Plus elle mettrait de temps à atteindre le palais, plus le chemin vers la sortie serait semé d'embuches.

Elassa dit alors, même si elle se doutait que ses paroles seraient vaines et qu'elle devrait employer la manière forte :

Il faut aller plus vite.

Elle ne s'attendait pas à ce que le duc obtempère, c'est pourquoi elle contracta ses muscles, prête à agir.

[Un peu court désolée]

Et voilà, l'être de glace afficha au moins un sourire à ma remarque. Certes moqueur mais c'est déjà un sourire au moins. On avançait de plus en plus, certes doucement mais on avançait, bientôt peut être que Elassa rira ? Ne gâchons pas tout espoir dans la civilisation plus au moins de cette jeune femme aux allures de nomades. Dans ses yeux je pu voir un certain plaisir devant mes intentions d'installer une conversation de plus de deux mots, rho et puis si elle ne faisait aucun effort, tant pis pour elle, je la jetterai dans la rue dès que je rentrerais dans le palais royal de Diantra. Quelle ingrate quand même !

Une minute ! Elle ouvre la bouche pour parler, allait-elle répondre à ma phrase précédente ? Non, elle me dit seulement sur un ton plus au moins menaçant qu'il faut aller plus vite. Les chevaux sont fatigués par le voyage, et je n'avais nul envie de les fatiguer encore plus en forçant l'allure pour que madame arrive au château plus vite. Et d'ailleurs, je ne comprend toujours pas pourquoi, en voyant que je me dirigeais vers le château soit le pont contraire de la sortie de l'entrée, elle n'avait pas sauté du carrosse aussitôt. Certes, certes, je suis un bel homme mais au point de détourner une femme de son but ! Elassa devait se douter que je n'allais pas accéder à sa demande, et pour confirmer ses doutes, je lui répondis.

- Non.

Devant moi, l'humaine contracta ses muscles. Allait-elle employait la manière forte ? Cette idée me fit sourire, ne connaissant pas sa force, je me demandais que sera l'issu d'un corps à corps même si je n'aimais pas taper sur des femmes, jolies de surplus, mais s'il le fallait. Par contre j'avais des doutes sur l'issu, je l'emporterais surement étant donné que j'étais plus grand avec plus de muscles.

- Que comptez vous faire ?

Elassa s'en doutait évidement. Elle aurait été étonnée qu'il accepte au contraire. Qu'allait-elle faire à présent? Elle se demanda s'il fallait insister ou plutôt immédiatement passer à l'action. Elle sentit que le duc voyait qu'elle allait agir. Peut être ne se doutait-il pas que ce n'était pas à lui qu'elle allait s'en prendre. Elle avait beau être très douée en combat, elle ne se risquerait pas à un duc. Elle pouvait bien sûr l'emporter sur lui mais tout aussi bien perdre et ainsi voir ses plans réduits en miettes. Ne connaissant pas son adversaire, elle se reporterait sur une cible plus inoffensive. Cela serait un moyen de pression.

Une question perdurait pourtant. Le duc était-il susceptible d'obéir aux moindres ordres si l'on menaçait un innocent? Elle n'en était pas sûre. Il semblait bon avec ses sujets, ses gardes, mais jusqu'où cette gentillesse allait? Elassa continuait de la fixer, réfléchissant à toutes les possibilités. Elle pouvait voler un cheval mais cela ne l'avancerait à rien, elle ne connaissait pas le chemin. Elle pouvait s'en aller et se débrouiller seule. Cette solution resta longtemps dans son esprit. Cela simplifierait les choses évidemment mais elle voulait sortir de la ville au plus vite. Ainsi, elle conserva cette solution pour le cas extrême, lorsqu'il n'y aurait plus aucun espoir d'une meilleure alternative. Pour le moment, elle allait tenter la persuasion, peu importait si cela ne fonctionnait pas.

Elassa resta immobile encore quelques secondes. Elle rassemblait ses idées et faisait le vide dans sa tête pour acquérir une concentration maximale. Elle ne pouvait pas compter sur la force de ses muscles, elle devait donc tout miser sur la force de son esprit, de sa volonté et sur toutes les connaissances en matière de combat que sa tribu lui avait inculqué. Elle ferma les yeux quelques instant. Elle espérait un effet de surprise, ce qui tournerait les choses à son avantage pendant un moment, même si celui ci serait court et limité.

Elle rouvrit les yeux, c'était le moment. Elle agit avec une rapidité féline de manière à ce que le duc n'ai pas le temps de réagir. Elle se glissa par la fenêtre du carrosse et se hissa sur le toit. Là, elle jeta un rapide coup d'œil aux gardes qui ne réalisaient pas encore ce qu'elle faisait. Avant qu'ils ne réagissent, elle se laissa tomber sur le siège du cocher. Elle attrapa ce dernier et l'immobilisa de son bras. Avec son autre main et son poignard, elle créa une ouverture dans le carrosse de manière à ce qu'elle puisse voir le duc et que lui aussi puisse savoir ce qu'elle faisait. Ensuite, elle pressa son poignard contre le cou de l'homme, laissant s'en échapper un mince filet de sang, prête à le tuer à tout moment.

Regardant le duc les yeux dans les yeux, elle dit de sa voix toujours glaciale et douce à la fois:

Allons, duc, seriez-vous maintenant prêt à être plus coopératif?

Parallèlement, elle restait attentive à tous les mouvements autour d'elle, s'attendant à une risposte de la part des gardes

En effet, je m'attendais à qu'elle s'en prenne à moi mais apparemment, ce n'était pas le cas. D'une rapidité féline sans que je puisse réagir, elle sortit du carrosse par la fenêtre et se hissa sur le toit, vu le poids de ce dernier qui grinçait légèrement malgré la légèreté de la jeune femme. Qu'allait-elle faire encore ?!

Elassa se réceptionna près du siège du cocher et le prit comme otage avant que les gardes ne puisse réagir. Mais cela, je ne le vis qu'une fois qu'elle découpa un morceau du carrosse ce qui m'exaspéra encore plus. De sa voix douce et glaciale, elle me demanda si j'allais être un peu plus coopératif. Je poussai un soupire las, avant de prendre la parole.

- Vous n'allez quand même pas tuer un innocent à cause de la célérité d'un carrosse ?! Les chevaux sont fatigués, s'ils pressent l'allure, ils vont s'effondrer de même que si vous en volez un. Mais je ne vais pas être méchant et vous demander de payer la réparation de mon carrosse. Et je vous ordonne de lâcher immédiatement le cocher sous peine d'emprisonnement !

Le ton que j'avais pris était sans appel et mes yeux reflétaient l'autorité dont je pouvais faire preuve en cette situation. Si jamais cette femme tuait cette humain, il allait sans dire qu'elle allait recevoir le châtiments des voleurs, la pendaison. J'étais assis calme et ne craignait pas pour la vie de mon homme, si j'avais bien évaluai Elassa, elle n'allait pas risquer sa vie pour tuer un homme qu'elle n'avait jamais vu. De nouveau, je prit la parole.

- La meilleur des choses, est de le relacher et de venir vous assoir pour faire route avec nous, ou de vous en aller.

Qu'il était bête. Elassa réfléchit un instant. Évidemment, depuis le début il ne la prenait pas au sérieux, ce n'était pas une action de plus qui allait le faire changer d'opinion. Il avait tort, Elassa était tout ce qu'il y avait de plus sérieuse et elle n'aurait aucun scrupule à tuer ce cocher, qu'il soit innocent ou non. Depuis le début il ne voyait pas comme elle était dangereuse. Elassa se demanda si elle en finissait maintenant ou si elle renouvelait l'offre. Elle n'aimait pas tuer, elle aurait préféré que ce duc fasse ce qu'elle disait, cela lui aurait simplifié la vie.

Il l'avait menacée. Mais que pouvait-il? Elle pouvait disparaitre dans l'ombre aussi vite qu'elle en était sortie. Cependant, le simple fait qu'il parle d'emprisonnement lui fit froid dans le dos. Sortir de la ville serait encore plus dure si elle tuait un autre homme. Deux dans la même soirée, c'était trop pour les habitants de la ville. Ils ne pardonnaient pas le crime. Qui plus est, elle s'en était prise à l'entourage d'un duc. Un affront pour eux. Elle comprenait évidemment cela, il fallait poser des limites. Mais elle haïssait les limites, plus il y en avait, plus elle souhaitait les franchir et se sentait asphyxie à la simple idée de devoir rentrer dans le rang.

Pour la seconde fois ce soir, Elassa se demanda si elle allait sortir enfin de cette ville, cette ville qui ressemblait de plus en plus à une prison à ses yeux. Des barreaux infranchissables se dressaient peu à peu sur son chemin, l'empêchant de retrouver sa liberté tant aimée. La jeune femme ferma de nouveau les yeux et s'efforça de se calmer et d'avoir des idées claires. Si elle paniquait, le Fléau s'emparerait d'elle et la situation serait plus grave encore. Quelques instants suffirent pour qu'elle retrouve son calme. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, ceux-ci avaient pris une teinte rouge vif et son regard était plus pénétrant que jamais.

Elassa regarda le duc, elle décida de lui laisser une dernière chance de changer d'avis. Elle parla d'une voix plus menaçante, plus froide et plus tranchante que jamais de manière à ce qu'il sache qu'elle ne plaisantait pas :

Dernière chance, ou je m'en vais avec la vie de votre cocher.

Elle renforça la pression de son poignard sur la gorge du cocher qui était totalement immobilisé. Il ne pouvait pas faire le moindre mouvement. Elassa s'étonna que les gardes n'aient pas encore agis, elle multiplia son attention à tout mouvements autour d'elle. Si les gardes approchaient, elle le saurait, elle tuerait alors immédiatement le cocher, peut être l'un des deux gardes et s'enfuirait, encore une fois.

Ma petite phrase avait suffit pour qu'Elassa ne fasse pas attention aux gardes qui eux ce sont éloignés. Car en effet, mes deux vaillants gardiens étaient montés sur deux toits différents et avaient échangé leurs épées contre un arc et à présent, ils visaient la jeune femme. Que pouvait une femme devant deux soldats expérimentés ? Presque rien. Je savais bien qu'elle ne plaisantait pas, mais j'étais sur de moi et de ce que je faisais. Un geste de la main et Elassa passe de vie à trépas. De nouveau je pris la parole pour lui expliquer la situation.

- On récapitule depuis le début. Vous assommer mes gardes pour venir me tenir compagnie dans mon carrosse, vous m'ordonner à moi de presser l'allure puis vous me menacer en prenant mon cocher comme otage. Jusqu'à là, on dirait que vous avez la situation en main mais, si vous vous tourner, vous verrez que mes gardes sont montés sur des toits parallèle, qu'ils ont troqué leurs épées contre des arcs et qu'ils vous ont dans leurs ligne de mir et au moindre geste ils vous abattent et comme un vulgaire lapin si vous détaler. Donc, je compte jusqu'à trois et si vous ne poser votre poignard et ne reculez pas jusqu'au mur, Boum Bam vous êtes mortes.

J'avais parler lentement sans hausser le ton qui était déjà aussi tranchant que le sien. Sur l'un des toits, pour faire comprendre à la jeune femme que je ne plaisantais pas, un garde visa une jambe d'Elassa et tira, le trait vint se planter dans sa cuisse pour qu'elle ne puisse pas s'enfuir en courant par la suite.

- 1

Le garde prit une autre flèche qu'il garda pointait sur la jeune femme.

- 2

Elassa se maudit elle même lorsqu'elle reçut une flèche dans la jambe. Elle poussa une exclamation de douleur mais ne relâcha pas la pression sur le cocher. De sa main inoccupée, elle retira sans hésiter la flèche qui était plantée profondément dans sa cuisse. Elle poussa un grognement puis ferma les yeux. Elle devait se ressaisir, trouver une solution. Elle pouvait encore s'enfuir, elle pourrait courir suffisamment longtemps pour être hors de portée des tirs mais ensuite? Durant son apprentissage, sa tribu lui avait appris à résister à la douleur, elle pouvait ainsi se mouvoir et combattre même blessée mais bien évidemment ses capacités en étaient considérablement diminuées.

La jeune femme regarda autour d'elle. A la moindre tentative elle serait morte. Elle devait agir dans un sens où on ne l'attendait pas. Lâcher le cocher? Elle ne voulait cependant pas le laisser s'enfuir, elle voulait le tuer, pour punir ce duc. Mais telle que la situation se présentait, elle ne pouvait pas le faire. Se risquait-elle à attaquer les gardes? Leurs arcs étaient pointés sur elle, si elle se jetait sur l'un d'eux, l'autre tirerait forcément. Non, elle ne pouvait s'échapper par la force. Mais pouvait-elle seulement s'échapper? Il y avait-il une faille dans les menaces du duc? Faillait-il qu'elle se rende? Non, elle ne pouvait s'y résoudre, elle ne pouvait pas courber l'échine devant lui, elle ne pouvait pas accepter qu'on l'emprisonne, c'était au dessus de ses forces. Elle préférait encore mourir ici maintenant.

Elassa conservait dans son regard tout le calme et la détermination qu'elle avait eut depuis qu'elle était entrée dans ce carrosse. Personne ne devait se rendre compte de la tempête qui se déroulait dans sa tête, tous devaient croire qu'elle maitrisait parfaitement la situation. Parallèlement, la jeune femme luttait contre le Fléau. Elle ne devait pas perdre son contrôle. Si le Fléau s'emparait d'elle, elle agirait n'importe comment et, sans être capturée, mourait. Cependant, elle hésitait, le Fléau la rendait plus forte plus rapide, plus féroce. Serait-ce une solution pour partir?

Il fallait agir, le décompte serait bientôt terminé. Elle décida de laisser la vie sauve au cocher. Elle relâcha son étreinte jusqu'à laisser tomber l'homme. Ses gestes donnait l'impression qu'elle se rendait. Elle chassa la douleur de la blessure de sa cuisse et l'enfouit au plus profond d'elle même pour s'en occuper plus tard. Elle devrait être rapide et précise. Une dernière respiration, un dernier instant. Elle agit. Elle se laissa tomber en arrière, ses mains s'agrippèrent à l'endroit où le cocher mettait ses pieds et elle se glissa sous le carrosse. Son geste avait été rapide et court. N'étant pas allée loin, les gardes n'avaient pas eut le temps de tirer ou avaient tiré trop tard.

Voilà maintenant qu'elle avait un certain répit de quelques secondes. L'appui qu'elle avait pris sur sa jambe lui avait fait un affreux mal et le sang coula à flot de sa cuisse. Très rapidement, elle déchira un morceau de son vêtement pour se faire un garrot. Ensuite, elle réfléchit à peine quelques secondes, les gardes ne devaient pas avoir le temps de réfléchir, d'où l'urgence de la situation. Elle devait prendre une décision. Elle se dirigea vers la façade de la maison la plus proche et l'escalada aussi rapidement que possible, espérant qu'elle n'aurait pas le temps d'être touchée par une flèche. Elle se préparait à cette éventualité de manière à continuer sa montée même si elle était de nouveau blessée. Un fois sur le toit de la maison, elle serait en relative sécurité et pourrait s'enfuir à l'abri des hauteurs.

[Petite précision, les gardes sont sur le toit Wink

]

Apparemment, elle était sur d'elle ! Mais elle finit par lâcher le cocher qui ne se fit pas prier pour s'enfuir vers son duc, demandant sa protection en une prière silencieuse. Mais moi, je devais garder un œil sur cette femme au combien dangereuse. Ses mouvements indiquait qu'elle se rendait et avant que je ne puisse ouvrir la bouche, elle disparut sous le carrosse. Sur les toits, les gardes n'eurent pas le temps de tirer, car même s'ils font partit de l'ordre des gardiens, ils n'ont pas l'expérience des fendeurs célestes. Un sourire au lèvre de celui qui a la situation en main, je lui énonça.

- Vous n'allez quand même vous terrez dans votre trou comme un rat. Rendez vous et des soins vous seront administré !

Et rapide comme un lapin, elle détala jusqu'à la façade d'une maison pour l'escalader. Quelle abrutie, elle me fait presque pitié. Aussitôt deux flèches sifflèrent jusqu'à elle, l'une se ficha dans le mur près de son cou et l'autre dans son pied alors qu'on visait le mollet. Voyant la flèche qui a raté de peu de l'envoyer dans l'autre monde, j'ordonnai.

- Ne la tuez pas !

Pauvre Elassa, elle a été bien sotte de penser pouvoir escalader une maison sans se faire toucher par mes gardes ! Une flèche vint se ficher dans son épaule, une autre dans sa cuisse, deux autres la ratèrent de peu, et une tout près des reins. Combien de temps allait-elle tenir sur le mur avant de tomber ? Très peu. Juste en dessous d'elle, mon épée sortit de son fourreau, je l'attendais patiemment.

S'étant attendue à se faire toucher, Elassa ne fut stoppée qu'une poignée de secondes, le temps qu'elle se remette de la douleur momentanée. Elle repris son escalade effrénée avec quelque peu moins d'ardeur du fait de l'affaiblissement de ses membres mais elle tint bon. Le duc devait s'attendre à ce qu'elle tombe, elle ne lui donnerait pas cette satisfaction, hors de question qu'il sorte vainqueur. Elle entendit vaguement le son d'une épée sortant de son fourreau. Son entourage devenait lointain, comme si elle se retrouvait dans un rêve. Elle se sentait partir de la réalité, les sons étaient plus étouffés, les formes plus floues. La douleur était forte, elle commençait à divaguer.

Au bout de quelques secondes, elle se rendit compte qu'elle s'était arrêtée. Elle secoua la tête, il fallait qu'elle se reprenne, elle devait lutter. Elle regarda en l'air. Le sommet de la façade qu'elle escaladait était proche. Elle avait entendu un ordre, celui ne ne pas la tuer, elle le réalisait à présent. Pourquoi le duc voulait-il l'épargner? Probablement voulait-il seulement en finir lui même. Mais cela lui offrait un bel avantage, aucune de ses blessures ne la tueraient instantanément. La porte vers la liberté était grande ouverte et n'attendait plus qu'elle. Cela lui redonna des forces, elle réussit de nouveau à mettre de côté la douleur et repris son ascension. Elle avançait vite, beaucoup plus vite que quelqu'un dans son état ne devrait aller. Les menaces à sa liberté lui donnaient des ailes.

Enfin, elle atteint le sommet. Elle n'était pas encore tirée d'affaire, l'un des deux gardes n'était pas loin d'elle, sur un autre toit de maison. Rapidement, elle se plaça à l'abri d'une cheminée pour reprendre des forces et retirer les flèches plantées dans sa cuisse, son pied et son épaule. Cette dernière fut impossible à retirer puisque difficile d'accès. Un liquide chaud dégoulinait dans son dos et sur ses jambes. Elassa pris le temps de se faire deux autres garrots pour limiter l'écoulement. Ensuite, elle évalua la situation et décida qu'elle se laisserait glisser de l'autre coté de la maison, escaladerait une nouvelle façade et s'enfuirait.

Avant, elle jeta un regard sur le duc. Elle empoigna une flèche et l'envoya en direction du duc. Elle frôla son oreille et se ficha dans le carrosse avec un bruit sourd. L'autre flèche eut le même destin. Cela fait elle jeta un regard narquois au duc puis se laissa tomber dans le vide, là où il ne pouvait la voir.

Elle avait du cran, ou seulement motivé par le fait de ne pas se faire tuer ? Je ne saurais le dire dans l'immédiat. Je la vis escalader la façade de la maison et mes archers visait ses membres en la touchant à de rares occasions. Elassa finit par se hisser sur le toit et se cachait derrière une cheminée et mes gardes arrêtèrent de tirer sur elle. Pauvre créature traqué, toujours obliger de fuir devant la justice. A l'abri derrière une cheminée, la jeune femme retira ses flèches et se mit de nouveau à découvert et me les envoya de la seul force de ses bras. La première flèche se ficha sur le carrosse et la deuxième de même, leur vitesse était si terriblement réduite que j'aurais pu les écarter de mon épée sans me blesser. De leurs côtés, mes gardes s'apprêtèrent à se lancer à sa poursuite alors que l'un d'eux resterai près de moi, mais d'un signe de la main je leur fit comprendre que ce n'était pas la peine, et cria dans la rue pour qu'Elassa puisse m'entendre.

- J'étais ravi de faire faire votre connaissance. A la prochaine !

Puis mes gardes descendirent de leurs toits et remontèrent sur leurs chevaux qui étaient resté tranquille lors de l'affrontement. Moi, je cassai les flèches après les avoir retiré, elles n'étaient plus utilisable, et remonta dans le carrosse pour reprendre la route vers le château.

Elassa l'entendit crier de l'autre côté de la façade. Au moins, il abandonnait les poursuites et elle pouvait à présent se reposer, personne ne la retrouverait là pour le moment, elle était en relative sécurité. La jeune femme se laissa tomber le long du mur et ferma les yeux. Tout son corps était douloureux, un seul de ses membres pouvait encore bouger sans que cela ne lui fasse atrocement mal mais elle sentit une grande délivrance qui gomma la douleur physique qu'elle éprouvait.

Elle ne pouvait nier qu'elle s'en était sortie de justesse. Il fallait s'y attendre, on ne s'attaque pas à un duc sans y laisser des plumes. Elle en avait trop demandé. Pourquoi? Elle aurait bien pu laisser le carrosse continuer tranquillement son chemin sans l'intercepter, elle aurait tout de même finalement réussi à sortir de la ville. Et pourquoi avait-elle exigé plus de vitesse? Elle aurait pu accepter la lenteur en s'estimant heureuse que le duc la laisse prendre place dans son carrosse. Elle avait toujours agit de la manière la plus téméraire qu'il soit et elle se rendit compte qu'en vérité, elle avait aimé cette expérience. Elle aimait prendre des risques. Elle n'y avait jamais fait attention.

De longues minutes s'écoulèrent. Elle finit par ouvrir les yeux et décida de retirer la flèche dans son épaule. Elle pouvait à présent faire cela en toute tranquillité. Elle mit un moment à y arriver et cela ne se fit pas sans douleur. Finalement, elle décida de sortir de la ville. Le chemin vers la liberté n'était pas encore achevé, elle venait de franchir une montagne, il restait encore les collines.

Elassa se leva, elle avait des difficultés à marché mais denouveau expulsa la douleur de ses pensées. Elle escalada Une façade. Le palais était en vue. Par une succéssion de sauts, d'escalades, de descentes, elle finit par y parvenir. Elle était sur le toit d'une maison juste en face, elle entrevoyait à présent la lumière de la sortie, elle connaissait son chemin, elle était dans un environnement connu. Le déplacement sur les toits lui permi de ne pas être vue et ainsi de n'avoir aucun problème pour rejoindre la sortie de la ville, si ce n'est ses forces qui s'amenuisaient. Elle descendit de son perchoir et franchir les portes de la ville. Les gens la regardèrent plus étrangement qu'a l'ordinaire. Evidemment, ele était couverte de sang. Il n'y avait pas plus de gardes que lorsqu'elle était arrivée, personne ne l'attendait.

Un fois dehors, elle marcha encore longtemps pour s'éloigner de la ville. Puis, lorsue le soleil commençait à poindre, elle s'accorda un pause et s'endormit.

Elle était libre.

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