An 12 du Cycle XI, Karfïas, Arcamenel de la troisième ennéade
SerramireL'Oësgardien s'arrête un instant, recroquevillé sur son solide cheval. La fourrure de sa cape à capuche lui protégeant du vent glacé, le vieux nordien ne peut néanmoins faire autrement que de supporter la douleur occasionnelle de ses vieilles articulations. Ses yeux plissés scrutent le ciel au loin, son visage ridé rougis par le froid trahissant son inquiétude.
"Faut pas traîner, la bourrasque approche."Mais malgré les avertissements du vieux héraut, le convoi ne peux pas avancer plus vite que le chariot. L'ours qui s'y trouve n'est lui même pas très tranquille, tournant nerveusement dans sa cage, lui qui s'était montré plutôt obéissant lorsque le dompteur lui avait fait faire des tours. Un spectacle qui avait plu aux différents seigneurs de Serramire, assez du moins pour que plusieurs ne répondent à l'invitation du baron d'Oësgard. Leur séjour en terres serramiroises touche à sa fin pourquoi alors faut'il que le trajet du retour soit si compliqué ?
Les craintes du héraut se justifient quand après quelques heures le vent se mue en bourrasques et que la neige volante occulte la visibilité des voyageurs. Cependant trop lents, les pauvres n'ont pu atteindre à temps le village le plus proche. C'est ainsi que le convoi continue tant bien que mal son avancée, avançant à l'aveugle sur le chemin cahoteux. Arrive alors une croisée, et avec lui le dilemme de la direction à prendre. Une fois de plus le héraut grommelle dans sa barbe, le village qu'ils doivent rejoindre est encore trop loin. Mais dans leur malchance les messagers ont de la chance, car à en croire le panneau indicatif un hameau se trouve à seulement quelques milles.
Avançant prudemment sur le sentier, pestant plusieurs fois contre le chariot qui est loin d'être pratique, le héraut mène toujours ses compagnons de route quand une faible voix attire son attention. Cherchant bien dans les bourrasques le voyageur finit par trouver un homme à demi enfoncé dans la neige, le pauvre bougre ayant malencontreusement glissé en voulant rentrer chez lui. Si les oësgardiens avaient pris l'autre chemin, nulle doute que le malchanceux serait mort de froid quelques heures plus tard. D'autant qu'après l'avoir sorti de son mauvais pas les voyageurs réalisent que le malheureux s'est blessé à la jambe, rendant impossible tout déplacement.
Décidément, le vieux héraut hésite à savoir s'il est en réalité chanceux ou malchanceux. Le blessé présenté sous le nom de Gontrant s'avère être un paysan du coin, dont la fermette se trouve fort heureusement proche. Et tout reconnaissant qu'il est, le vieux Gontrant propose à ses bienfaiteurs un accueil providentiel tout le temps que durera l'intempérie. Une proposition que les oësgardien acceptent bien cordialement, le vent et la neige leur tapant déjà trop sur les nerfs.
Les heures de bourrasques neigeuses sont l'occasion pour les oësgardiens d'aprendre la triste histoire du vieux Gontrant, le fermier du Pin-noueux. Une triste vie que celle de ce paysan, qui pourtant fait montre d'une joie hors du commun. Non seulement le bonhomme ne s'est pas laissé abattre par les malheurs que les dieux ont placé sur son chemin, mais plus encore sa foi s'est renforcée. C'est d'ailleurs seul que le courageux paysan s'occupe désormais de sa ferme, montrant une détermination qui ne peut que forcer le respect.
Finalement le temps se calme, et les voyageurs peuvent reprendre la route. Remerciant le fermier pour son aide le héraut et ses compagnons reparte da la neige fraîche, ignorant tout du funeste futur qui attend leur bienfaiteur malheureux.
Fin du RP