[terminé] Price of freedom... magic and herbalist (pv malaurie)

Suite de ce rp.


Etheldred et Malaurie arrivèrent donc en pleine nuit à Diantra. Après vingt minutes de marche où une dizaine auraient suffit, à cause de la jambe de la magicienne, les deux jeunes femmes arrivèrent enfin à l'herboristerie.

Etheldred choisit de faire entrer Malaurie du côté de l'herboristerie et non dans la partie habitable. Autant que la magicienne puisse s'allonger directement sur le lit réservé aux patients. Elle déverrouilla la porte et commença par allumer quelques bougies à tâtons pour donner un peu de lumière, révélant une habitation simple, proprette, au mobilier utilitaire.

" Entrez, installez vous là. "

Etheldred avait désigné le lit, tout en déposant ses affaires - cape, armes et sacoche - et mettant quelques buches dans la cheminée où elle alluma un feu. La pièce où elles se trouvaient n'était pas très grande. Outre le lit, au matelas rembourré de paille, et la cheminée elle était meublée d'une table et de tabourets, d'étagères remplies de pots étiquetés. Il n'y avait pas de fenêtre, mais un étal qui donnait sur la rue et qui, pour le moment, était fermé. Outre la porte donnant sur l'extérieur, il y avait deux autres portes plus petites, l'une pour passer dans la partie habitable, une autre, au fond, qui donnait sur la réserve. Au plafond pendaient des herbes mises là à sécher et qui donnaient une odeur particulière à la pièce.

Le feu allumé, Etheldred se retourna vers Malaurie en expliquant gentiment :

" Il vaudrait mieux que je m'occupe de votre jambe, j'ai ici des attelles plus appropriées et vous avez besoin d'un calmant. Après, je vous laisserai dormir. "

Si la magicienne voulait utiliser la magie pour se soigner plus rapidement, elle estimait qu'il valait mieux attendre le lendemain, lorsqu'elle aurait reprit des forces.

" Si vous avez besoin de quoi que ce soit... Vous pouvez gardez vos affaires près de vous, je n'y toucherai pas. "

En parlant, elle était allée dans la réserve pour récupérer l'attelle dont elle avait parlé et s'occupait déjà de mettre de l'eau à chauffer. Ici, la guérisseuse serait plus efficace qu'au milieu de la plaine avec un matériel réduit. Chacun de ses gestes était rapide et mesuré, elle avait visiblement fait ce genre de préparation, au même endroit, des dizaines, voir des centaines de fois.

" Si vous avez besoin de quoi que ce soit... Vous pouvez gardez vos affaires près de vous, je n'y toucherai pas. "

-Ca me va, je vous fais confiance. Du moment que vous ne me poignardez pas durant mon sommeil.

Malaurie osa une pointe d’humour noir pour faire passer un pic de douleur qui lui mordait la jambe. Elle serra les dents. Les drogues que la guérisseuse avait utilisé se dissipaient peu à peu dans le corps de la jeune femme.

Le feu ronronnait doucement dans l’âtre. Malaurie en profita pour observer la guérisseuse lui mettre l’attelle. Elle était très douée pour une non-pratiquante de la magie. Une fois le travail terminé, Malaurie se laissa aller et s’allongea sur le matelas. La délicieuse odeur des plantes lui monta rapidement à la tête.

Elle se remémora rapidement toutes les manipulations nécessaires à son enchantement guérisseur ainsi que toute la liste des ingrédients. Même si les soins d’Etheldred étaient terriblement efficaces, Malaurie préférait s’en remettre à la magie pour accélérer le processus de guérison. Elle ne pouvait pas faire ça n’importe comment. Plus des trois-quart du travail avaient été réalisés par la guérisseuse à savoir remettre la jambe en place. Maintenant, Malaurie devait obtenir quelques menus ingrédients pour créer l’enchantement de reconstitution de la jambe.

Si la jambe avait été mal placée et qu’elle avait utilisé l’enchantement, elle aurait fini ses jours avec une jambe difforme. Ce n’était pas souhaitable...non, ce n’était pas souhaitable...

Malaurie s’endormit rapidement, trop erreintée par sa journée de voyage et les épreuves qu’elle avait enduré pour discuter avec la guérisseuse.

" Ça me va, je vous fais confiance. Du moment que vous ne me poignardez pas durant mon sommeil. "

Etheldred eut un petit rire. Non, elle n'allait pas la poignarder, quelle idée ! Bizarre, d'ailleurs, la plupart des gens s'inquiétaient plutôt d'être empoisonnés à son contact, lorsqu'ils la voyaient préparer ses mélanges qui pouvaient paraitre étrange... Enfin, qu'importe !

Elle changea l'attelle, donna une potion calmante à Malaurie et la laissa s'allonger.

" Je serai à côté, si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas. Je laisse la porte entrouverte. "

Sur ce, elle souffla les bougies, ne laissant que le feu de la cheminée couver, et la laissa s'endormir. Comme chaque fois qu'elle gardait un patient à l'herboristerie pour la nuit, la jeune femme ne monterait pas dormir dans son lit à l'étage, mais passerait le temps au rez-de chaussée, dans un fauteuil au coin du feu.

Elle alla donc dans la pièce d'à côté, qui correspondait à la partie habitable du bâtiment. Après avoir allumé un feu dans la seconde cheminée, elle s'installa à table pour écrire dans son carnet les derniers événements qu'elle avait vécu. La nuit se poursuivit dans le fauteuil et lorsqu'elle ouvrit les yeux, le jour pointait par la fenêtre.

Sitôt levée, Etheldred alla jeter un œil à Malaurie, qui dormait encore, puis monta à l'étage pour se laver. Dire que la veille elle n'avait même pas pris le temps de se changer après le voyage... Enfin, quand elle redescendit une vingtaine de minutes plus tard, elle était prête à entamer une nouvelle journée. Elle retourna voir si Malaurie se réveillait et, voyant que celle-ci commençait à émerger, elle lui souhaita le bonjour, lui mettant à disposition une petite bassine et un broc d'eau.

" Comment vous sentez vous ? Je suis à côté, je prépare le petit déjeuner. "

Elle préférait laisser à la magicienne le temps de se réveiller tranquillement. En plus, elle voulait mettre le pain à cuire, elle aurait ensuite le temps de mieux s'occuper de la jambe de Malaurie en attendant que les jalettes, petites galettes de pain, soient prêtes.

" Comment vous sentez vous ? Je suis à côté, je prépare le petit déjeuner. "

Malaurie se réveilla en sursaut. Un mauvais rêve. Elle était au beau milieu d’un champ de ruines et les cadavres de ses frères et soeurs venaient lui parler, aussi simplement que dans la vie réelle.

Rapidement réveillée, Malaurie se mit en position assise. Sa jambe ne lui faisait plus vraiment mal. Il ne fallait pas qu’elle bouge trop. La jeune femme passa ses mains sur son haut couvert de sang sec et de boue marécageuse.

“Excusez-moi...pourrai-je avoir des vêtements propres ?”

Elle avait parlé fort, la guérisseuse semblant à l’autre bout de l’herboristerie. Elle en oublia les bonnes manières.

“Avez-vous bien dormi?”

Frottant ses yeux, la magicienne finit par se souvenir de la pierre incrustée dans sa poitrine. Elle passa d’un air soucieux son doigt dessus. Ce n’était pas douloureux, fort heureusement. Malaurie finit par refermer le haut crasseux qui lui servait de seul vêtement, sentant que la guérisseuse revenait.

“ Excusez-moi...pourrai-je avoir des vêtements propres ? ”

Malaurie ne pouvait pas le voir d'où elle était, mais Etheldred leva les yeux au ciel, se reprochant son propre oubli. Bien sur qu'il lui fallait des vêtements propres ! Le choix était vite fait cela dit, la guérisseuse n'ayant pas des quantités de vêtements de rechange. Forcément, à force de soigner gratuitement un peu trop souvent, les vêtements devenaient un luxe... Elle monta néanmoins à l'étage, récupéra une de ses longues chemises de rechange et sa seconde robe, ainsi qu'une paire de chausses déjà ravaudées. Elle n'avait plus qu'à espérer que Malaurie les lui rende à l'occasion. Elle lui redescendit le tout en remarquant, désolée :

" Par contre, je n'ai pas d'autres chaussures... et oui, j'ai bien dormi, merci. "

Enfin, relativement bien si l'on considérait qu'elle avait passé la nuit dans un fauteuil et non dans son lit. Quant aux chaussures, en fait, Malaurie n'en n'aurait pas vraiment besoin vu qu'elle n'était pas en état de courir partout.

" Et vous ? Votre jambe doit logiquement vous faire encore mal, mais j'espère que la fièvre à commencé à tomber. "

Elle avait eu le temps de faire un aller retour pour vérifier que ses jalettes, dont elle venait de poser la pâte sur les pierres du foyer, ne brulaient pas. Elle revint donc un instant plus tard, mit de l'eau à chauffer dans la cheminée de l'herboristerie, en demandant :

" Vous comptez toujours vous soigner par magie ? Si je peux faire quelque chose... "

Pour l'instant, elle comptait changer à nouveau le bandage de l'attelle pour adapter à la jambe qui aurait plus ou moins dégonflé et bien sur agrémenter le soin d'une nouvelle infusion de reine des près qui devrait calmer la douleur.

Etheldred ne remarqua pas la pierre incrustée, trop occupée à faire ses allée et venues. Lorsqu'elle posait ses yeux sur la blessée, c'était surtout pour voir comment se comportait sa jambe et elle constata qu'effectivement Malaurie récupérait très rapidement. Lorsque cette dernière reconnu que la guérisseuse pouvait faire quelque chose pour elle, Etheldred vint s'asseoir près d'elle, sur un des petits tabourets, avec une certaine curiosité. La liste des ingrédients annoncés un instant plus tard la laissa bouche-bée.

" Un diamant ? "

L'exclamation, incrédule, lui avait échappé. Elle n'aurait su dire à quoi elle s'attendait, mais pas à ça en tous cas ! Enfin, si Malaurie avait de quoi payer... Elle savait où se trouvait la rue des joaillers, même si ce n'était pas dans ses habitudes de s'y rendre. Pour les encres, elle ne savait pas trop de quel genre d'encre la magicienne avait besoin, tout ce qu'elle avait, elle, c'était celle qu'elle utilisait pour écrire et qu'elle préparait souvent elle-même, mais il ne s'agissait sans doute pas de ça. Quant aux ceintures...

" Ceintures, ou simple liens ? En quelle matière ? Et combien ? "

Parce que de simples liens, elle avait, c'était faisable facilement dans des chutes de cuir ou de tissu, selon ce que voulait Malaurie. Des vraies ceintures, c'était autre chose, elle n'avait que la sienne autour de la taille. En même temps, elle essayait de voir en quoi un diamant, des encres et des ceintures pouvaient soigner une jambe cassée. C'était au delà de la logique... Enfin, la préparation anesthésiante, au moins, c'était dans ses cordes.

" Pour la préparation, vous me direz si vous voulez quelques chose de fort ou non, combien de temps ça doit durer. Vous voulez endormir ou simplement calmer la douleur ? "

Ce n'était pas pareil et si elle pouvait éviter de plonger dans le sommeil ses patients, elle préférait. Il y avait toujours des risques importants dans ces cas là, le blessé pouvait ne jamais se réveiller s'il supportait mal le dosage.

Malaurie expliqua à quoi devraient servir les ceintures et Etheldred ne pu s'empêcher d'objecter :

" Ne vaudrait-il pas mieux des bandages bien serrés ? Une ceinture, ça risque de vous couper la circulation du sang. C'est très dangereux en particulier quand vous les enlèverez. Un bandage bien serré au tissu solide ferait aussi bien l'affaire s'il ne s'agit que de maintenir votre jambe. "

Elle réfléchit à ce qui serait le mieux comme anesthésiant.

" Je peux essayer de calmer la douleur uniquement au niveau de votre jambe pour que vous gardiez les idées au clair... "

Ce ne serait pas évident, aussi elle reprit rapidement, répondant dans la foulée à la dernière question de la magicienne :

" Oui, je vous accompagnerai. Ecoutez... Je ne veux pas m'immiscer dans vos secrets de magicienne... mais si vous me disiez exactement comment vous comptez procéder je pourrais mieux savoir quoi vous préparer. De toutes façons pour l'anesthésiant je dois savoir combien de temps il devra faire effet. "

Elle hésita un bref instant avant de continuer :

" Et... J'aimerais savoir, sans vous offenser quelle part de sang drow vous avez en vous. Je dois adapter le dosage, c'est vraiment important, vous m'avez fait peur dans la plaine à revenir à vous aussi vite. C'est dangereux. "

Elle espérait ne pas mettre en colère Malaurie, la vexer ou l'apeurer, les demis ayant souvent le vie dure, elle savait qu'il était souvent malaisé de parler de cela.

Focalisateur d'imprégnation ? Euh, oui, d'accord, rien compris... mais Etheldred haussa les épaules pour montrer que ce n'était pas bien grave. Elle cherchait des réponses à ses questions, pas un cours de magie.

" Bon bon d'accord, c'est rien... Il faudra aussi penser à en acheter alors. "

Mine de rien, même si elle ne saisissait pas tout ce que racontait Malaurie, ça intéressait énormément l'herboriste. Pas seulement par simple curiosité mais parce que tout ce qui touchait aux soins la passionnait. Une semaine pour guérir une jambe cassée, c'était tout simplement fabuleux. Elle préféra récapituler pour être sure d'avoir bien compris :

" Donc un anesthésiant local le temps de l'opération, qui durera... ? puis une heure de sommeil dès que celle-ci sera terminée ? "

Ça n'allait pas être simple. Le datura agissait trop vite pour qu'elle le lui fasse ingérer avant de commencer. et restait aussi à trouver quelque chose qui agisse localement. Ce qui ennuyait la jeune femme, c'était que rien ne lui venait à l'esprit sur le moment, elle allait devoir chercher. Malaurie, de son côté, semblait surtout se préoccuper de garder le secret sur son sang drow. Etheldred hocha la tête, se voulant rassurante :

" Je garde toujours pour moi ce que j'apprends sur mes patients. Je sais un peu ce que c'est de faire avec un tel héritage, je n'irai pas le crier sur tous les toits, rassurez vous.

Elle faisait référence à son propre sang elfe, mais Malaurie n'avait pas besoin de le savoir. Maintenant que plus personne n'était au courant, Etheldred comptait bien garder ça pour elle, de la même façon que la magicienne préférait le cacher. Ce n'était pas difficile à comprendre. Si le fait d'avoir un quart de sylvain était décrié, ce devait être le cauchemar d'avoir encore d'avantage de sombre en soi !

" En revanche, si vous voulez savoir ce qui vous a trahi, c'est votre capacité à récupérer après les soins. Aucun humain n'aurait traversé la plaine après avoir subit une telle opération. N'importe quel guérisseur un tant soit peu expérimenté aurait compris, vous devriez y prendre garde. Doublez vos temps de réaction et ça devrait être suffisant. "

Et d'ailleurs, même si Malaurie n'avait pas dit dans quelles proportions elle avait du sang drow, Etheldred pouvait s'en faire une vague idée, sachant comment elle avait réagi à la précédente prise de datura.

" Bien, je vous propose de vous reposer ce matin pendant que je mets au point les anesthésiants et cet après-midi nous irons faire vos emplettes. Cela vous convient-il ? "

Etheldred commençait à avoir des idées mais elle préférait les confirmer en faisant quelques recherches. Elle alla chercher les herbiers de sa grand-mère dans la réserve et les déposa sur la table, juste avant de sursauter :

" Mes jalettes ! "

Le pain allait bruler, avec tout ça ! Elle disparut donc en courant dans la pièce d'à côté pour éviter la catastrophe. Malaurie put l'entendre s'agiter un moment avant de la voir revenir. Elle portait deux tasses d'infusion au miel et les fameuses jalettes. Elle déposa le tout sur la table, à portée de la magicienne.

" Ça n'a pas beaucoup de gout, mais c'est très nourrissant. "

Enfin, du moins, c'était bourratif et ça calait l'estomac jusqu'à la soupe du soir. La plupart du temps, la jalette se grignotait tout au long de la journée. Du moins, c'était le quotidien des plus pauvres. Vu qu'elle pouvait se le permettre et que Malaurie avait besoin de reprendre des forces, Etheldred comptait faire un déjeuner un peu plus copieux un peu plus tard.

“Bien compris, j’y ferai attention. Il est vrai que je récupère vite...Et pour les anésthésiants, c’est vous l’experte, dit-elle dans un sourire.”

Malaurie prit une “jalette” et la machonna d’un air mi-figue, mi-raisin. Ce n’était pas très bon et c’était un peu brûlé, mais qu’est-ce que ça pouvait être bourratif. Avec une ou deux de ces choses, elle n’aurait plus faim pendant un moment.

En revanche, les infusions étaient une pure merveille. Ca, elle pouvait le concéder à Etheldred. Même si Malaurie n’avait jamais l’occasion de cuisiner -et surtout parce que personne ne voulait la laisser cuisiner, et à juste titre- la jeune femme appréciait ce genrede breuvage.

Cela changeait des drogues, de l’alcool et autres anésthésiants...

Elle murmura quelques mots de remerciement et s’empressa de terminer son repas.

Quelques minutes plus tard, Malaurie était prête pour cette magnifique journée qui s’annonçait. Le soleil était haut dans le ciel et perçait les fenêtres de l’habitation. La jeune femme allait revoir encore une fois le soleil.

“Dites moi quand vous serez prête à partir.”

HRP: on peut accélérer la journée si tu le souhaites, jusqu’au moment où j’incante.

Etheldred préféra commencer par voir si elle avait de quoi faire un anesthésique local avant de sortir, au cas où il lui faudrait acheter des ingrédients. Elle prit le temps de vérifier un mélange dans un des ouvrages que lui avait laissé sa grand-mère et finit par concocter une potion à base de menthe, coca et myrtaceae. C'était la première fois qu'elle utilisait ce genre de mélange car habituellement, si elle avait besoin d'endormir elle le faisait au datura. Là, la plante en question n'interviendrait que plus tard quand Malaurie aurait terminé son opération. Pour un patient humain, Etheldred n'aurait pas accepté d'utiliser deux fois en aussi peu de temps la drogue, mais la magicienne récupérait bien assez vite pour supporter une deuxième dose dans un laps de temps aussi rapproché.

Le reste de la matinée se passa donc en préparation de remèdes et emplettes. Les deux jeunes femmes finirent par rassembler tout ce qui était nécessaire tant d'un point de vue magique que médicinal. Elles avalèrent le déjeuner rapidement puis Etheldred mit à chauffer ses préparations. Après quoi, elle expliqua :

" Voilà. Je vous laisse appliquer cet onguent, là où vous comptez opérer, il anesthésie localement. Vous pouvez en mettre autant que nécessaire, mais attention la puissance est limitée. Ensuite, vous allez commencer par boire ça, c'est un calmant basique qui ne vous fera pas dormir mais limitera la douleur. Prenez le de suite qu'il fasse effet au moment de l'opération. "

Elle laissa Malaurie boire l'infusion à base d'écorce de saule fortement concentrée pour l'occasion. Elles avaient à présent une dizaine de minutes, juste ce qu'il fallait à la guérisseuse pour poursuivre.

" Quand vous aurez terminé, je vous donnerai ce bol de datura, la même chose que dans la plaine. J'ai adapté le dosage cette fois, vous dormirez plus longtemps. "

Elle réfléchit rapidement avant d'ajouter avec hésitation :

" Y a t-il quelque chose que je ne dois pas faire, ou au contraire, quelque chose que je puisse faire ? Enfin, je n'y connais rien, mais si je vous vois vous écrouler, j'interviendrai, spontanément, donc à vous de me dire si je dois vous laisser ou non selon les circonstances... "

Elle s'embrouillait un peu, ne sachant pas trop à quoi s'attendre. La magie lui était totalement étrangère et si Malaurie devait se mettre à se tordre de douleur, elle aimait autant savoir si c'était normal ou non et si elle devait tenter quelque chose pour la soulager ou s'en tenir à ce qui était prévu.

Malaurie écouta attentivement les instructions médicales de la guérisseuse et fit exactement comme elle l'avait préconisé. Elle appliqua consciencieusement l'onguent sur les contusions de sa jambe et sur l'endroit de la fracture. Une douce chaleur envahit sa jambe meutrie.

Elle but la décoction d'Etheldred et sortit les encres du tissu qui lui avait servi à les transporter.

"Il n'y a aucun instruction particulière...si quelque chose vous semble trop étrange ou malsain, quittez la pièce et courrez aussi vite que vous le pourrez, ou vous pouvez dire adieu à la vie. Normalement, tout se passera bien...normalement..."

Elle sortit un pinceau de son étuis et trempa alternativement l'instrument dans les pots ouverts. Les traits runiques furent tracés avec application sur sa jambe. Au bout de deux minutes et trente secondes, le contour de la fracture était entièrement recouvert de minuscules inscriptions. La magicienne posa le pinceau et fit de même avec les ceintures.

Le diamant, elle le prit dans sa main et l'appliqua paume ouverte sur sa jambe cassée, après avoir pris soin de nouer les ceintures autour de cette dernière. Concentrée sur ce qu'elle faisait, Malaurie ne sentit pas que la drogue anésthésiante agissait. Dans le doute, elle se dépêcha.

La magicienne ferma les yeux et incanta. Les runes inscrites sur sa jambe et les ceintures scintillèrent vivement. Le diamant s'illumina. Un reflet bleuté y apparut tandis que la litanie de Malaurie se répandait dans les airs embaumés par les senteurs des herbes. Malaurie finit par presser le diamant sur la blessure. Il fondit comme neige au soleil, pénétrant dans sa chair et procurant à sa jambe un soin réparateur. Malaurie aurait du hurler de douleur à se moment là, mais la drogue et l'onguent embrumaient ses sens. Les runes scintillèrent de plus en plus tandis que la magie faisait son office.

Sa jambe se réparait lentement sous ses yeux. Une lueur de fierté apparut dans son visage tandis qu'elle sentait les deux morceaux de sa jambe se raccorder parfaitement.

Elle n'eut malheureusement pas le temps de se féliciter, ni de remercier Etheldred pour son aide car la drogue l'endormit aussitot son sort terminé.

Les mises en garde de la magicienne rendirent Etheldred quelque peu nerveuse et elle regarda la magicienne officier en ayant une furieuse envie de faire demi tour en courant. Cela dit, même si la magie lui faisait peur, le côté médicinal l'intéressait au plus haut point et elle n'aurait raté ça pour rien au monde. En même temps, elle guettait les premiers signes de torpeur chez Malaurie, prête à lui signaler qu'elle devait se dépêcher si besoin était. Lorsque la magicienne se mit à incanter, Etheldred se recula autant qu'elle put dans la petite pièce, regrettant presque d'être encore là... ce qu'elle vit malgré la lumière lui fit ouvrit de grand yeux. Puis tout s'éteignit et la tête de Malaurie dodelina, l'herboriste se précipita pour la soutenir et lui permettre de s'allonger correctement.

Le cœur encore battant de ce qu'elle venait de voir, Etheldred couvrit la magicienne et entreprit de préparer une infusion calmante pour son réveil, au cas où. Vraiment, elle n'avait jamais rien vu de tel... Elle resta là à observer le sommeil de la jeune femme, se demandant comme un tel miracle était possible. Tout cela dépassait l'entendement...

...

Lorsque Malaurie ouvrit les yeux, Etheldred reprisait tranquillement une paire de chausses, attendant qu'elle se réveille. Le datura avait bien agit le temps escompté et l'herboriste décida qu'il était temps de tirer la magicienne de son inconscience.

" Malaurie ? Comment vous sentez-vous ? "

Complètement abrutie, sans aucun doute, mais la question était de savoir si elle souffrait encore ou non.

" Malaurie ? Comment vous sentez-vous ? "

La jeune femme prit une grande inspiration. Elle se sentait nauséeuse. Les infusions médicinales d'Etheldred étaient particulièrement puissantes. Son corps tout entier refusait de se lever, mais elle pouvait parler.

"Disons que j'ai connu mieux..."

Elle n'avait pas vraiment mal, pas plus que d'habitude en fait. Le sortilège avait fonctionné. Normalement, et seulement normalement, elle serait capable de marcher, ou tout du moins de boîter une fois les effets des drogues dissipés. Les ceintures imprégnées allaient l'aider à rééduquer et soutenir sa jambe le temps que les muscles reprennent des forces. En tout cas, son esprit était encore embrouillé par la fatigue, les médicaments et surtout pas l'effort magique demandé. Elle allait rester clouée un bon bout de temps comme ça.

Les yeux toujours fermés, elle s'adressa à Etheldred.

"Je vais me reposer un peu...Merci pour tout."

Etheldred laissa Malaurie replonger dans le sommeil. Bien, elle avait pu reprendre conscience, il valait mieux qu'elle dorme à présent. Elle résista à l'envie de jeter un coup d'œil à la jambe blessée - enfin, guérie à présent et termina ses travaux de couture. Bizarre comme histoire, tout de même... Elle finit par passer dans la salle à manger pour préparer la soupe du soir. D'ici là, la magicienne pourrait manger et reprendre des forces. Tout en cuisinant, l'herboriste ne pouvait s'empêcher de réfléchir à ce qu'elle avait vu. Impressionnant. Si elle était capable d'en faire autant... Bah ! Coupler la magie et l'herboristerie c'était bien beau, mais pour arriver à un résultat correct dans les deux arts il fallait des années, du moins elle pouvait le supposer en ce qui concernait la magie, pour les soins, elle en était certaine. A partie de là, maîtriser les deux, semblait assez illusoire. Le magicien qu'elle avait rencontré à Alonna avait raison, il valait mieux se concentrer sur ce qu'on savait faire et ne pas s'éparpiller.

Elle ajouta quelques herbes aromatiques à sa soupe, sachant pertinemment que de toutes façons ça n'aurait rien de fameux, elle n'était pas spécialement douée en cuisine. Non seulement, on ne lui avait jamais appris à la faire, mais en plus elle devait reconnaitre que ça ne l'intéressait pas spécialement : dans son idée, tant que ça nourrissait, c'était bon.

Quand Malaurie se réveilla à nouveau, Etheldred venait de s'installer à la table de la salle à manger avec plume, encre et carnet, dans l'idée de noter ses pseudos aventures. Elle n'avait pas tracé le moindre mot qu'elle entendait la magicienne qui commençait à bouger et qu'elle venait voir comment elle se portait. Comme précédemment, elle demanda simplement, sur le seuil de la porte :

" Comment vous sentez vous ? "

Mieux, vraisemblablement. Du moins, il fallait l'espérer, ou alors la magie entrait en compte de manière inconnue pour l'herboriste.

“Comment vous sentez-vous?”

Malaurie se sentait largement mieux. Sa magie avait parfaitement remplit son rôle, de-même que les soins de la guérisseuse. Encore une ou deux semaines à petit rythme et elle serait sur pied...mais pour faire quoi ?

*Boarf...il y a toujours du travail à faire à Diantra.*

La magicienne avait particulièrement hâte de prendre des nouvelles de Mélodie. Sa soeur, elle ne l’avait pas revue depuis la bataille d’Alonna. Comment allait-elle? Sûrement bien...Mélodie était Accordée du violon, elle savait parfaitement se défendre. Si elle avait pu se tirer du chaos de la bataille, Malaurie n’avait pas eu cette chance. Elle avait pris trop de risques inconsidérés.

Appuyée sur ses deux mains, la jeune femme finit par s’asseoir sur le lit de fortune, pensive. Elle n’allait pas rester trop longtemps dans cette herboristerie. Plus vite elle partirait, moins son hôte n’aurait à subir ses mésaventures.

“Je me sens beaucoup mieux. Je m’en irai sous peu...je ne veux pas vous déranger outre mesure. Vous avez déjà fait beaucoup pour moi...et j’ai horreur de m’endetter.”

Un minuscule sourire éclaira son visage fatigué.

Etheldred leva les yeux au ciel lorsque Malaurie annonça qu'elle partirait au plus tôt :

" Arrêtez voyons ! Si j'avais décidé de vous demander quoi que ce soit en retour, j'aurais annoncé mon prix depuis longtemps, je suis honnête. "

Néanmoins si la magicienne voulait partir, elle ne la retiendrait pas de force. Aussi elle ajouta gentiment :

" Prenez le temps qu'il vous faut pour vous remettre et dites moi quand vous voudrez partir. Là, je ne peux pas faire grand chose de plus si ce n'est vous laisser dormir. Vous me trouverez à côté si vous avez besoin de quoi que ce soit. "

Au même moment on frappa doucement à la porte de l'herboristerie et Etheldred s'empressa d'aller ouvrir. Une petite vieille se tenait sur le pas de la porte. La jeune femme se recula un peu, déclarant aimablement :

" Madame Dubois ! Vous venez pour votre remède, n'est ce pas ? Suivez moi, je vais vous recevoir à côté pour cette fois. "

Elle attrapa une bouteille de liquide indéterminé et un flacon vide sur une étagère et entraina doucement, mais fermement, la patiente dans la salle à manger juste à côté afin de laisser Malaurie en paix. La porte qui séparait partie habitable et herboristerie se rouvrit une dizaine de minutes plus tard et la petite vieille disparut dans la rue, le flacon à la main. Etheldred lança un regard navré à Malaurie :

" Désolée, il faudra un jour que je m'organise de façon à pouvoir recevoir plusieurs personnes à la fois. "

Oui, il n'avait jamais été pratique de recevoir tout en traitant un malade sur le long terme. Il faut dire aussi que du temps de sa grand-mère, cette dernière gardait rarement quiconque à l'herboristerie. Avec elle, le cas de Malaurie aurait été scellé depuis le début : elle ne se serait même pas arrêtée dans la plaine. Alors, l'héberger !


[hrp : je te laisse clore le sujet ? ]

Malaurie ne mit pas longtemps à prendre sa décision. Plus elle mettrait de distance entre elle et la guérisseuse et moins cette dernière aurait à subir sa présence, et surtout ses ennuis. En début d’après-midi, magicienne prit le temps de rassembler ses affaires. Sa main heurta la longue-vue qu’elle avait récupéré dans la Folie de Nibelun.

*Un cadeau pour elle ?*

La réponse fut trouvée. Elle allait offrir cette longue-vue magique à Etheldred. Qu’elle en ait l’utilité ou non importait peu. La valeur marchande de l’objet lui permettrait de couvrir amplement les frais de bouche et de soins de la jeune femme.

Elle déposa la longue-vue aux multiples lentilles sur le lit et termina son paquetage.

“Je vous laisse ceci. Vous saurez en faire bon usage, je ne me fais pas de soucis pour ça.”

La magicienne prit son havresac et s’avança vers la sortie, dépassant Etheldred.
Elle lui jeta un regard plein de compassion, si tant est que ce mot puisse encore avoir un sens après des mois de tortures.

“Encore merci pour tout. J’ai une dette envers vous. Soyez sûre que je la rembourserai.”

Elle ouvrit la porte et s’en alla. Tout en cheminant dans Diantra, fatiguée et rafistolée, Malaurie se demanda si elle allait pouvoir revivre comme avant.

(C'est un peu court, mais j'ai pas de meilleure idée. Je t'ai laissé une longue-vue magique qui te permettra d'observer l'invisible)