Quand l'héroïsme conduit au trépas... [Astéride]

-Ah bon ? Ah flûte alors, je ne sais pas manier ne serait ce qu'une dague...

avoua-t-elle en plissant le nez de manière déçue. Veldrin s'était proposé pour l'enseigner, mais cela était si loin maintenant et elle n'avait pas songé a demander au maitre d'arme du château. Disons qu'elle lui avait certainement éviter une crise cardiaque. Elle le réprimanda doucement, hors de question qu'il aggrave son état, pas après ce qu'elle avait dût endurer pour le sortir de là. Incanus lui avait fait un laïus des plus réprobateurs, elle en avait souper pour 20 ans a ce rythme. Alors si le jeune homme se mettait a présumer de ses forces...

-Mon père était un homme remarquable oui, par bien des côtés. Et même ma mère n'a jamais réussit a l'aigrir mais parfois je me demande si il a été heureux un jour.

Avec une vipère telle que Melisandre, elle avait certains doutes. Sa présence avait adoucit ces jours, mais lorsqu'elle fuyait le chateau et qu'il restait seul avec sa femme, que se passait il ? Difficile a dire, mais facilement imaginable.

Elle avait l'art et la manière de le mettre en position délicate. Elle le voyait non sans mal. Etait ce un fait exprès ou non, difficile a dire, même elle ne savait pas vraiment pourquoi elle posait sans cesse des questions tout en sachant que les réponses risquaient fort de la laisser indécise.

-Est ce mal ?

Et paf, encore une, pour une fois, elle aurait aimé que sa langue reste collée a son palais.

- "Cela s'apprend... Ca m'étonne que vous n'ayez pas ajouté cela à votre éducation..."

C'est vrai, je voyais bien Astéride apprendre à manier une épée ou une dague ou un arc, dans la cour du château d'Erac avec son frère ou un maitre d'armes bourru qui aurait ronchonné de devoir apprendre cela à une fille, mais aurait regardé sa protégée avec tendresse. Je me faisais surement des idées.

Je lui fis remarquer que son père devait être quelqu'un d'exceptionnel et je compris combien elle l'aimait et le respectait à sa réponse, avant de répondre, sans réflechir à sa question :

- "Il devait l'être puisqu'il vous avait."

Je ne la regardais pas en disant cela et ça m'avait échappé. Que disait l'adage déjà? Ah oui, tourner dept fois sa langue dans sa bouche avant de parler... Cependant, Astéride n'était pas mal non plus dans son genre en me poussant dans mes retranchements. Sa question me mettait mal à l'aise, mais après tout, autant parler de ces choses là une bonne fois pour toutes non?

- "Non, mais cela nous fera du mal plus tard. J'ai aimé une fois une femme au dessus de ma condition et j'ai tout perdu... et vous êtes infiniment plus riche et puissante qu'elle. Nous ne venons pas du même monde Astéride, je ne suis même pas humain alors..."

Il y avait une note d'amertume dans ma voix à la fin de mes paroles alors que je plongeais dans le mutisme. Il me semblait que j'avais été clair cette fois, non? Pourtant, cela était difficile de formuler clairement et à haute voix les raisons de mon éloignement, cela les rendant plus palpables et définitives...

-On a essayé, mais il faut croire que je ne suis pas douée de mes dix doigts que voulez vous.

Ceci dit, même si elle ne savait pas s'en servir, elle avait toujours une dague a porter de main. Allez savoir, peut être par accident arriverait elle a blesser un quelconque assaillant. Enfin, maintenant, la question ne se posait plus vraiment, elle avait pire qu'une dague dans la poche, songea-t-elle en glissant un coup d'oeil a Incanus bien décidé a se faire pardonner devant le chien. Ne venait il pas de se mettre sur le dos devant lui et de donner des coups de pattes sur son museau genre, je veux jouer ? Astéride n'était pas sûre que cela fonctionne quand même, mais elle ne pouvait que saluer l'effort de son dragon pour se faire oublier.

-Merci, cela me fait plaisir de l'entendre parfois. Trystan ne l'a que trop peu connu et c'est bien dommage, père aurait su le détourner a temps des manigances de ma mère. Enfin, ce qui est fait est fait !

Finit elle par dire en souriant avec une pointe de douleur. Le passé n'était pas ratrappable, elle le savait parfaitement. Et vint quelque chose qu'elle aurait voulu éviter comme le contraire, c'était fatiguant de danser sur un fil invisible sans savoir si l'on tomberait a droite ou a gauche. Son regard fixa Ciaran sans qu'un mot ne sorte pendant une bonne minute. Estomaquée ? Oui, certainement.Terrifiée ? Probablement. Il était difficile de tirer un trait sur beaucoup de choses et de s'ouvrir de nouveau comme si rien ne s'était passé. Pour une fois sa langue resta collée a son palais alors qu'elle aurait dût au moins répondre. Ce fut Erwan qui la sauva sans même le savoir...Son ouïe a peine plus developpé que la moyenne lui permi d'entendre son fils la réclamer...Et elle céda a la fuite, pour une fois.

-Reposez vous, vous en avez besoin. Nous nous verrons plus tard...

Une dérobade, une ! Elle se leva prestement, rappela Incanus qui faisait toujours l'idiot vers Harès et disparut dans un froufrous les pensées en ébullition.

Mon regard resta attaché à la porte qui venait de se fermer. Elle avait prit la fuite... Je lui avais livré ce qui me tourmentait et elle s'était enfuie, incapable de trouver une réponse cette fois. C'était sa faute, elle avait voulu savoir et je lui avais expliqué... Pourtant, j'éprouvais un intense sentiment de tristesse en constatant qu'elle ne savait pas quoi répondre...

Je fermais alors les yeux et soupirais en reposant ma tête sur l'oreiller. Je venais, ni plus ni moins, que de lui dire que j'étais amoureux d'elle ou du moins, très attiré par elle. Certes, c'était à mots couverts, mais les femmes étaient davantage douées que les hommes pour lire entre les lignes. Je n'avais pas pris garde à mes paroles et je lui en voulus de m'avoir questionné à ce sujet alors que j'étais si faible et épuisé. Je n'étais pas en pleine possession de mes moyens...

Qu'importe, ne voulais-je pas m'éloigner d'elle? Et bien, au moins, maintenant, c'est elle qui m'éviterait et cela me faciliterait la tâche non? J'allais me remettre le plus vite possible et fuir à mon tour. A nouveau. Et cette fois, je ne remettrais plus les pieds à moins de 100 lieues d'elle. Je ne devais pas céder à la tentation et j'avais été fou de venir si près.

J'étais épuisé, pourtant, j'eu du mal à trouver de nouveau le sommeil et il ne fut que peuplé de mauvais rêves qui ne me permirent pas de me reposer comme je l'aurais voulu.

La convalescence allait être longue.

[TERMINE]