Deux capitaines à Ardamir

Cela faisait peu de temps que Rywyn était à Ardamir, il était arrivé hier dans la soirée après une semaine de voyage depuis le fort Ellyrion. Une semaine à cheval bien sûr. Après sa rencontre avec la baronne de Solith, c'est à dire il y a un peu plus d'une semaine.
La décision de venir en Ardamir avait été prise après cette rencontre, il fallait du changement de paysages à notre capitaine des archers, qui logeait au fort Ellyrion. Et loger là-bas était parfois ennuyant, on voyait toujours le même décor, mais cela faisait parti du métier, et il l'acceptait. Quand il voulait il pouvait bien aller habiter dans la maison de ses parents dans le petit village de son enfance qui se situait dans le marquisat de l'épine dorée, mais depuis le fort Ellyrion, il y a quand même beaucoup de route.
Hier soir, Rywyn avait trouvé une auberge dans une des trois grandes rues de la Cité d'Ardamir, et y avait pris une chambre. Il n'avait pas mis longtemps à s'endormir avec le voyage qu'il avait fait.

Aujourd'hui, lever à dix heures environs, un petit déjeuner prit tranquillement à la même auberge. Il était ensuite aller visité la ville, elle était différente de la plupart des villes, les habitations étant faites dans de très vieux et grand arbres, la Cité était faite de cette façon. C'est pour le repas du midi que Rywyn retourna à l'auberge à laquelle il logeait
" Chez Mirdwen". Ecrit en langue elfique sur la pancarte bien sûr.
La table à laquelle était installé notre jeune elfe blond n'était pas très loin du comptoir, à côté d'une fenêtre. Une bonne table pour Rywyn, car on y était tranquille sans pour autant être isolé de tout le monde. Medwen qui tenait l'auberge et prenait en charge les commandes des clients vint à la table pour prendre la commande.
C'était une femme elfe assez âgée bien qu'en apparence elle paraissait jeune, Rywyn avait eu l'occasion de discuter un peu avec elle hier soir lors du repas. Elle tenait l'auberge depuis plus d'une centaine d'année, et était elle même âgée de 613 ans. Une femme très aimable en tout cas. Après avoir passé commande, Rywyn attendit une quinzaine de minutes, qu'il occupa en observant les gens qui se trouvaient dans la pièce. Ils étaient à peu près plus de dix en ce moment même dans l'auberge, chacun avait ses raisons bien évidement, manger, boire, discuter, etc...
Au bar, deux jeunes elfes discutaient tous les deux, on entendait quelques fois quelques rires. Les autres mangeaient ou attendaient comme Rywyn. Il y avait un humain différent des autres, un rôdeur, cachant son visage avec une capuche sombre, à part ça c'était à peu près tout. Ensuite le plat commandé par Rywyn arriva, une demie heure plus tard il n'y avait plus rien dans l'assiette.
Dix minutes plus tard alors que Rywyn digérait et lisait un peu la gazette, il leva sa tête quand une grande personne entra dans l'auberge, armé et habillé à la manière d'un elfe, et cette tenue, il n'y avait pas de doute c'était Mëgilen'syre Wirskeïnfyl le capitaine de la cavalerie, étant aussi un capitaine, ils s'étaient croisés plusieurs fois tous les deux, mais jamais ils n'avaient pris le temps de faire connaissance et de parler. C'était peut être le moment. Si celui-ci le remarquait il pourrait venir s'asseoir en face de Rywyn à la même table, il y avait une place libre.

Après avoir reçu une lettre l'avertissant de la réussite de la capture d'un jeune rynx, le baron de Wirskeïnfyl, se mit de suite en route vers Ardamir où il était convenu de faire l'échange. Il avait décider d'un tel procéder à cause de sa passion zoologique qui lui interdisait d'attendre une semaine entière l'arrivée du spécimen. Spécimen dont il eu la fantaisie d'adopter en ne trouvant tout simplement pas le nombre de ses prédateurs suffisant en sa ménagerie. Dompter une des rares espèces qui lui était encore inconnu était, de plus, un des rares nouveaux défis qu'il pouvait s'octroyer.

Neufs jours de carrosse furent nécessaire pour arriver jusqu'à cette ville qu'il appréciait tant. Un lieu qui était en total harmonie avec la nature et donc également avec les principes de ses ancêtres, loin de toute cette décadence qu'avait apporté le genre humain au peuple elfique. C'était toujours avec émoi que le baron apercevait hors de ses terres de tels endroits qui s'accordaient tellement avec sa philosophie. Cela était aussi vrai qu'Alëandir lui procurait certain frisson, cette cité qui était le début de leur perte à tous.

Mais, revenons à ce voyage. Il s'était effectué donc, dans ce carrosse noir sur lequel seules les armoiries du baron, rouges et blanches, faisant ressortir un peu de vie. Deux chevaux le tractait, des chevaux blancs et robustes tout habillés de tissus également aux couleurs de la baronnie.

Dans ce carrosse de voyage étaient paisiblement assis trois elfes en armes, deux d'entre eux étaient habillés de façon modeste par rapport au troisième qui se trouvait être Mëgilen'syre Wirskeïnfyl. Ces deux premiers, qui étaient assis l'un en face de l'autre du côté gauche du carrosse, étaient vêtues d'une armure complète de cuir brunâtre, bottes et gants compris, d'une longue cape rouge bordeaux dans lesquels ils étaient tout encapuchonnés chacun de leur côté, et portaient également un masque de tissu tout aussi rouge qui recouvrait leurs bouches. Ces deux gens qui se trouvaient, vous l'aurez deviné, être des gardes, étaient armés d'un long arc de bois clair finement sculpté qu'ils tenaient respectivement de leur main droite avec une rigidité militaire et d'un sabre d'argent tout aussi bien taillé qui prenait place sur leur hanche gauche. L'un avait les yeux bleus et les cheveux bruns, l'autre avait quand à lui les yeux verts et les cheveux blonds. Le troisième partis lui, s'était vêtu tout officiellement comme à son habitude de son armure dorée et pourtant si légère, de sa cape rouge qui faisait flamboyé cette dernière, de gants en tissus et de bottes de cuir tout deux de la même couleur. Il était armée de son sabre uniquement et avait de plus une bourse à demi-pleine accrochée à son ceinturon. Son regard d'or était tourné vers la végétation luxuriante du territoire, s'imaginant déjà quels animaux fantastiques il pouvait s'y trouver bien que beaucoup d'entre eux devaient être du même répertoire que ceux de ses propres terres. Son corps était rigide, il tenait entre les mains un livre fermé de sciences naturelles sur la flore d'Ardamir. Le baron aimait revérifier ses connaissances sur les lieux où il se rendait, réapprenant à l'occasion un peu de toute ces choses qui sembles si futiles pour certain...

Le arbres se suivaient et pour les yeux du baron ils ne se ressemblaient pas, quand son fidèle cocher l'avertis de son arrivée prochaine à Ardamir. Mëgilen'syre déposa son livre sur l'espace qui le séparait de lui et d'un de ses gardes qui n'avait pas bouger d'un cil depuis la dernière halte, et réajusta ses gants. Moins d'une minute plus tard ils s'arrêtèrent au pied d'un de ces fameux arbres-logement qui faisait tout la splendeur de l'endroit. Le garde qui était juste à côté de Mëgilen'syre sortis par la gauche et celui sur la banquette opposée, sortit par la droite, ouvrant ainsi la portière à son maitre. Une fois dehors il pu apprécier les doux parfums d'Ardamir que son carrosse filtrait jalousement, il prit avec plaisir une grande bouffée de cet air et dégusta cet atmosphère encore chaud que la forêt sauvegardait des premières rigueurs automnales. Il se dirigea ensuite seul vers l'auberge où ce fameux rynx l'attendait. Ses gardes restèrent impassiblement auprès du carrosse auquel ils avaient refermé bien entendu les portières.

Quelques regards et chuchotements se dirigèrent contre lui durant cette courte marche, mais aucun d'eux n'étaient indiscrets. Il comprenait parfaitement l'étonnement de ce peuple qui n'a pas l'habitude de le voir et qui ne connait sans doute de lui que le nom et la description générale. Mëgilen'syre n'était pas sortit souvent de ses terres ces derniers terres et cela ne l'aurait pas même étonner qu'aucun d'entre eux ne puisse savoir de qui il s'agissait là.

Dans cette fameuse auberge, qu'il ne mit pas longtemps à atteindre, le baron se dirigea de suite vers le bar. Il regarda un peu les personnes alentours, quelques elfes et... Un humain! Une espèce de rôdeur encapuchonné dont il reconnu les origines à l'odeur, à la constitution et surtout au quelques poils hirsute qui dépassaient de l'ombre. Malgré les quelques regards tournés vers lui il n'hésita pas à afficher ce petit rien de dégout dans le regard qui se fait tant ressentir dans sa physionomie. Il laissa de côté cet être répugnant, qui ne devrait pas pour lui se trouver en terres elfiques, pour s'adresser à la serveuse de cet elfique si clair, distingué et parfaitement prononcé après que celle-ci lui fit une discrète révérence.

-Mademoiselle, il doit y avoir dans votre humble établissant quelques gens s'étant installés accompagné d'un petit animal hirsute, me tromperais-je?

La serveuse, habituée à rencontré toutes sortes de gens, ne fut en rien impressionné par le personnage et répondit avec autant d'assurance qu'avec n'importe qui.

-Messire a tout à fait raison, ces personnes sont arrivés hier matin et m'ont prévenus qu'un noble visiteur les quémanderait. Laissez-moi donc vous accompagné à leur chambre...

La réponse du baron ne se fit pas attendre et c'est dans un dernier regard vers la salle qu'il prononça :

-Très...

Mais le dernier mot ne sortit pas, là sur une table il vit un elfe qu'il crut bien reconnaitre et qui semblait affirmer cette reconnaissance par son regard. A son premier passage dans la salle il n'avait pas fait grandement attention à lui à cause de cet homme qui avait attiré son attention, erreur à ne plus reproduire. Ce visage, ces cheveux blonds, ces yeux bleus-gris et cet habillement léger et naturel il les reconnurent. Après un froncement de sourcil interrogateur, il laissa s'échappa un franc sourire de ses lèvres et se dirigea vers l'elfe en question après s'être excusé auprès de la serveuse. Il s'inclina devant l'elfe et entama la conversation.

-Rywyn Enalden, capitaine de notre peuple, chère frère. Je suis aussi ravi qu'étonner de vous voir ici. Souffrirez-vous que je vous tienne un peu compagnie?

Sa voix était chaleureuse mais ses syllabes étaient toujours trop bien prononcées. Cela était la première fois qu'il s'adressait de la sorte à Rywyn, n'ayant jamais pris le temps tout deux de s'intéresser plus que cela à l'autre. De plus, Mëgilen'syre n'avait pas tendance à trop se soucier des jeunes capitaines mais là, puisque l'occasion se présentait tout à lui de découvrir cette personne avec qui il travaillerait certainement dans les temps à venir, il fit une exception, n'ayant de toute façon rien d'urgent en cour. Le rynx avait attendu neufs jours il pouvait bien attendre quelques minutes de plus.

Le capitaine de cavalerie après être entré, avait sans doute lui aussi remarquer le rôdeur étrange qui observait là en attendant. Enfin pas plus étrange que ça si on y repense, après tout pensa Rywyn, c’est son droit d’être ici, du moment qu’il n’avait pas l’intention de faire quelque chose de grave ou contre les elfes tout se passerait bien.
De là où était placé notre chère Capitaine d’archerie, il avait pu voir toute la scène, son collègue s’était adressé à Mirdwen qui tenait l’auberge. D’après les quelques mots perceptibles qu’on pouvait entendre, Mëgilen'syre Wirskeïnfyl avait rendez-vous ici à l’auberge et alors qu’il s’apprêtait à monter en haut avec l’aubergiste, il avait aperçut Rywyn Enalden. Ayant le même rang de capitaine dans l’armée elfe les deux hommes étaient à égalité, ils se devaient donc de se respecter. Mais si il ne se trompait pas, son collègue avait aussi un titre de baron, baronnie qui portait le même nom que son nom de famille : Wirskeïnfyl.
C’est le sourire aux lèvres que le capitaine de cavalerie s’approcha, vêtu de son armure imposante, et aux couleurs de sa baronnie. Cette armure inspirait le respect et montrait aussi dans un sens la puissance de l’être qui la portait. Rywyn lui avait une armure moins noble, plus naturelle et plus légère. Mais étant archer une armure lourde ne ferait que l’handicaper et le gêner pour tirer, l’autre étant capitaine de cavalerie une armure de taille pour se protéger était plus utile pour la charge et le combat.
Mëgilen’syre entama la conversation, et fit preuve de respect en s’adressant à Rywyn.

- Mëgilen’syre Wirskeïnfyl, chère collègue ! Je ne m’attendais aucunement à vous voir ici dans cette auberge. Bien sûr, prenez place à cette table, nous pourrons discuter.

Alors que le grand elfe qui était un peu plus grand que le jeune capitaine grâce à son mètre 90 prenait place sur la chaise en face, Rywyn Enalden fit signe à l’aubergiste de venir à la table pour qu’ils commandent quelque chose à boire. Bien sûr Mirdwen allait venir prendre la commande, mais elle était en ce moment même occupée à servir les deux jeunes elfes assis au bar. Laissant un peu de temps aux deux capitaines pour commencer à parler tranquillement.

- Alors comme ça vous aussi, ici, en Ardamir la cité de notre chère Dragan. Quelle est la raison qui vous a amener ici ? Si ce n’est pas trop indiscret.

Il n’avait jamais vu Dragan de ses yeux, ni discuter avec lui, néanmoins il savait qui il était et il faut dire que cet elfe n’était pas inconnu des autres. Et il se trouvait que Ardamir était la Cité de celui-ci. Qui plus est assez éloignée de la baronnie de Wirskeïnfyl. Mëgilen’syre avait donc une raison de venir ici, mais apparemment il avait fait attendre celle-ci pour venir à la rencontre du jeune Enalden son collègue et discuter avec lui. Les deux hommes feraient ainsi connaissance et connaître l’homme qui dirige la cavalerie quand on est capitaine de la troupe d’archer qui couvre les autres, ne peut être que bénéfique.
L’aubergiste arriva coupant ainsi la discussion un instant.

- Vous voulez quelques choses messieurs ?

Pour sa part, Rywyn pris un alcool elfique doux. Le but n’étant pas de se saouler mais simplement de discuter autour d’un verre. Le capitaine de cavalerie prit commande lui aussi et la discussion pouvait ainsi reprendre.

La réponse du jeune capitaine fut toute positive comme Mëgilen'syre s'y attendait de la part d'un elfe qu'il pensait être plus qu'irréprochable pour avoir atteint un tel rend à un tel âge. Le sourire au lèvre il prit place à la table de son camarade et, le dos bien droit, les mains délicatement posées sur les genoux, reprit cette conversation regardant ce personnage avec un subtile mélange d'intrigue et de bienveillance.

-C'est bien aimable à vous, j'avais peur de vous dérangez alors que vous attendiez peut-être une quelconque compagnie.

Suite à cela Rywyn pria d'un ample signe la serveuse de venir prendre commande, celle-ci était occupé et allait donc venir quelques instants plus tard. Celui-ci questionna ensuite le baron sur sa venue en Ardamir. Il devait être aussi étonnant pour l'un que pour l'autre de se retrouver là, surtout que Wirskeïnfyl n'était pas très proche d'Ardamir et que le baron pensait son collègue au fort Ellyrion.

-Et bien... Voyez-vous, vous ne connaissiez peut-être pas mon intérêt pour les sciences naturelles et en particulier pour les animaux. Je suis venu ici trop impatient d'agrandir ma ménagerie d'un jeune rynx que je prendrais bien soin d'élever. Celui-ci me vient tout droit des terres arides. Où aurais-je put en trouver d'autres me direz-vous, il est vrai.

Mëgilen'syre n'avait certes pas fini de parler mais il interrompit avec courtoisie ses explications pour que la serveuse à présent à leur table puisse prendre commande. Rywyn dicta sa commande le premier et prix un doux alcool, une commande pas bien particulière qui allait bien avec un début de conversation. Le baron répondit ensuite lui aussi à la demande de la serveuse.

-Je ne prendrais, pour ma part, qu'une coupe du vin de nos terres.

Breuvage que Mëgilen'syre avait l'habitude dans ce type d'établissement. La demoiselle repartit à son service, laissant les deux gens reprendre leur conversation. Déposant à nouveau son regard sur Rywyn, le baron continua ses dires.

-Et donc, disais-je, ce rynx m'attend en compagnie de ses ravisseurs dans une chambre de cette auberge où je m'en allait au moment ou je vous aperçus ici. Neufs jours de voyage qu'il ma fallut. C'est fou, oui, mais j'avais en réalité peur que ce jeune bestiaux n'eut trop vite atteint l'âge où les domptés devient une tâche plus difficile. Mais je suis un ingrat, je n'ai pas même dédaigner vous renvoyé votre question. Moi qui vous croyait au fort, que faites vous donc ici mon cher?

Son air était à présent des plus interrogateur, et il ne quittait pas Rywyn des yeux, comme hypnotiser par la découverte physique de ce jeune capitaine. Il n'avait bien sûr toujours pas changer sa vision sur les jeunes hauts-gradés mais peut-être que ceci changerai au fur et à mesure de la conversation. Quelques minutes plus tard, la serveuse revint avec les consommations et quémanda tout naturellement ses quelques sous. Là, Mëgilen'syre se sentit piégé, il n'avait dans la bourse qu'il avait emporté juste ce qui était convenu pour les braconniers car il n'était pas convenus qu'il s'éternisa dans cette auberge. Le reste de l'argent se trouvait dans son carrosse. Après la seconde qu'il lui fallut pour s'apercevoir de son erreur, il enchaina directement sans un soupçon de confusion ou d'hésitation mais effaçant tout de même cet habituel sourire pour une mine qui feignait seulement un état de désolation.

-Oh, que je sois maudit pour mon laissez-aller! Je n'ai, voyez-vous, que ce qu'il me faut pour payer les braconniers dont je vous parlait il y a peu et je n'ai pas penser à prendre de quoi me restaurer... Oh vraiment si vous pouviez m'avancer cette médiocre sommes je serais vous dédommagez par, ci ce n'est un service, au moins une invitation à venir découvrir ma demeure où pour vous rendre cette obligeance vous serrez reçu en prince.

Et le baron n'avait pas là trouver excuse à une invitation. C'était vraiment là une manière de faire pardonner son erreur aussi minime soit-elle, répondant ainsi à l'exigence que se devait d'avoir un Wirskeïnfyl envers sois-même. La moindre erreur étant pour ces gens un acte plutôt grave. Si Rywyn n'avait pas assez d'argent sur lui pour payer, le baron n'eut qu'à redescendre à son carrosse où quelque argent l'attendait toujours au cas où.

Une fois la commande passée par son collègue qui prit une coupe de vin des terres elfes, la conversation pouvait reprendre. Rywyn fut tout de même surpris quand il apprit la raison de sa venue. Il n’aurait jamais penser que Mëgilen’syre pouvait être autant intéressé par les sciences naturelles et en particulier animaux. Comme il l’avait expliquer il avait rendez vous ici avec des braconniers à qui il devait payer une certaine somme pour récupérer le jeune Rynx qui voulait ramener chez lui pour agrandir sa ménagerie. En vérité, cela était très intéressant, mais un Rynx, le jeune Enalden ne savait pas à quoi cela ressemblait, alors il s’imagina un animal sauvage ressemblant un peu à un tigre à dent de sabre, à un animal plutôt féroce puisqu’il venait des terres arides. Enfin il imagina plusieurs sortes d’animaux pouvant correspondre au nom de « Rynx ». Il verrait peut être bien l’animal tout à l’heure.

- Pour ma part, je venais simplement me détendre ici, changer de paysage. Cela fait à peine deux jours que je suis là, je loge ici. Il faut dire que rester au Fort Ellyrion est un peu ennuyant à la longue. Vous ne trouvez pas ? Bien que ce soit notre devoir en tant que capitaines.

Mëgilen’syre Wirskeïnfyl était un elfe bien plus âgé que Rywyn Enalden, il devait avoir vu bien plus de chose, affronter plus d’ennemies, et participer à bien plus de batailles aussi.
Bien que par leur rang dans l’armée ils étaient à égalité, Rywyn ne savait pas comment il était perçu par son collègue. Celui-ci le voyait peut être comme un jeune elfe avec encore beaucoup à apprendre. Ce qui était bien vrai et Rywyn le savait bien lui même, il n’avait que 130 ans. Il n’avait aussi participer qu’à une grande bataille, quand les drows étaient venus semer le chaos dans la forêt d’anaëh. Ce moment de sa carrière lui avait permis de gagner un peu en maturité et de voir aussi en quoi étaient vraiment capable les drows. A l’époque, le jeune Enalden, n’était que Caporal d’archerie. Maintenant le rang de capitaine lui donnait encore plus de responsabilités. Et un jour il serait sûrement amené à travailler avec la cavalerie de Mëgilen’syre.
L’aubergiste arriva avec les boissons les posa sur la table et attendit l’argent. Sortant ce qu’il fallait pour payer son verre de son porte monnaie Rywyn s’apprêtait à payer la serveuse, quand son camarade expliqua qu’il avait juste prit de quoi payer les braconniers et n’avait pas assez d’argent pour payer. Il lui demanda de lui avancer la somme et en dédommagement lui proposa une invitation dans sa demeure où il serait reçu en prince.

- Bien sûr, je vais payer votre verre ne vous inquiétez pas.

Avec le sourire il sortit quelques pièces en plus pour le verre de son collègue, et il tendit le tout dans la main de l’aubergiste qui le remercia d’un signe de tête et s’en alla.

- Vous n’avez pas besoin de m’inviter dans votre demeure pour vous faire pardonner vous savez. De plus, être reçu comme un prince serait de trop, je n’ai aucun sang noble qui coule dans mes veines, mes parents étaient tout deux aventuriers. Ils ne sont plus, ainsi que mon frère.

Repenser à la mort de son père et de son frère massacrer par des drows sur une route, ne le fit pas pleurer, il avait déjà fait deuil, mais il était quand même un peu touché quand il y repensait.

Un air d'intrigue passa sur le visage de Rywyn à l'énonciation du rynx. A moitié choqué par ce détail, le baron casa cette information dans un coin de son esprit, toujours avide de faire découvrir quelques parcelles de sa passion zoologique. De cet infime détail de la non-connaissance de cet animal qu'est le rynx naquit dans la perception qu'avait le baron pour son confrère, une énième dimension. A son âge, cela remonta certes à bien loin, Mëgilen'syre était encore à des années et des années de finir son éducation, comment en vouloir à ce elfe d'ignorer un tel détail animalier? Mais ce n'était justement pas l'elfe qu'il jugeait mais bien le capitaine, 130 ans c'était si jeune... A cet âge le futur baron commençait tout juste son entrainement martiale qui s'étala lui-même sur plusieurs vies humaines. Comment un si jeune personnage avait put atteindre un tel grade si vite?! Plus il y pensait et plus cela lui semblait improbable... Enalden, ce nom n'était pas noble il est vrai. Cela faisait du même coup une grande partie de l'éducation qu'il reçu lui-même de côté, sans prendre en compte l'exigence de la famille Wirskeïnfyl. Quitte à ce que cela prenne une moitié de millénaire, l'apprentissage d'une chose chez eux se devait de viser la perfection! Et puis... Il y avait cette philosophie humaine qu'il répugnait tant une fois appliqué à son peuple. Ne faire que les choses à moitié, y aller à l'instinct dans le vif de l'action. Viser, non la grâce et la perfection, mais le plaisir, le pouvoir, la puissance et tout cela le plus vite possible... Cette pensée ne fit que traversée à peine son esprit, il s'agissait tout de même là d'un capitaine elfique! Deux choses restèrent comme probables pour le baron. Soit Rywyn avait un potentiel et un génie des plus respectables, soit l'archerie elfique était en grand manque d'officiers digne de ce nom. Il se laissa tenter plutôt pour sa première hypothèse.

Rywyn expliqua ensuite le pourquoi de sa visite.Il venait se détendre un peu, lasser du fort et comme Mëgilen'syre le comprenait! Lui qui ne supportait ni l'architecture du fort, ni d'être trop longtemps loin de ses terres. Il répliqua donc avec honnêteté et un de ces sourires que l'on envoi aux personnes qui subissent le même supplice que vous.

-Oui, je dois bien vous avouez que je me plait à me trouver parfois quelques prétextes pour retourner en mon domaine...

L'aubergiste arriva ensuite fatalement offrir ses consommations et c'est avec simplicité que Rywyn accepta de payer la part de Mëgilen'syre. Mais, était-ce pour décliner avec plus de courtoisie l'invitation du baron? Celui-ci pouvait comprendre, vu les explications données par le jeune capitaine, que la vie mondaine ne siérait pas à un tel personnage. Il ne fut par contre nullement gêné à l'énonciation de la mort de la famille du brave, un autre aurait pu paraitre au moins confus d'avoir amener à table un tel sujet mais Mëgilen'syre avait perdue l'habitude de penser avec le coeur depuis la mort de sa propre mère il y a de cela 259 années... Il reprit donc la discussion tout naturellement comme si cet accident tragique n'avait pas été énuméré. D'ailleurs Rywyn l'avait cité avec tant d'indifférence que ce fut comme si.

-Hey, mon cher, que je me soucis peu de votre sang! Si l'on a fait noble mon plus lointain ancêtre c'est pour servir le peuple et non pour s'octroyer quelques privilèges, sachez le. Je peux comprendre par contre qu'une visite de Wirskeïnfyl ne soit pas dans vos préoccupations actuelles. En tout cas, si cette fantaisie vous passe un jour par l'esprit, je serais tout honoré que vous passiez par mon domaine.

Et, après avoir lamper à sa coupe de vin qu'il tendit respectueusement vers son congénère avant de la guider à ses lèvre, il rajouta cette petite boutade :

-Du moins, si vous n'êtes pas mortel!

Cette froide plaisanterie n'était bien sûr pas sans but, elle avait pour intention de déclencher chez le jeune homme une réaction vis-à-vis de la politique du baron. Il aurait été inconcevable que le capitaine, si jeune soit-il, ne connaisse pas les rudes lois envers les mortels de la baronnie et en particulier le fait que pas une goutte de leur sang ne souilla par sa présence le domaine de la famille. Il regarda ensuite par la fenêtre, guettant l'obscurité de la forêt, il serait bientôt temps d'aller chercher son colis et de reposer les jambes de ses gardes qui l'attendaient toujours aux côtés du carrosse.

Apparemment il n’était pas seul à fuir le fort Ellyrion quand il le pouvait, puisque le capitaine de cavalerie avoua aussi trouver quelques prétextes pour retourner dans son domaine. D’ailleurs les terres de Wirskeïnfyl, Rywyn n’y était jamais allé. Du moins, il n’en avait pris le temps, préoccupé par son travail depuis qu’il était capitaine, il ne trouvait pas le temps d’y aller, et de toute façon il n’y avait pas encore penser, bien qu’il se trouvait aujourd’hui en Ardamir, la prochaine destination où il irait se ressourcer pourrait bien être les terres de son chère collège Megilen’syre.
Ensuite bien que le jeune Enalden ait décliner l’invitation à passer un séjour de prince dans les terres de Wirskeïnfyl, ce dernier lui expliqua que son sang même si il n’était pas d’origine noble, n’avait pas d’importance à ses yeux. Et expliqua aussi que la noblesse avait été attribuée à sa famille non pour les privilèges mais pour servir le peuple elfe. Cela Rywyn, le comprenait, et il respectait ce fait. Mais de toute façon, un titre de noblesse ne l’intéressait pas du tout. Il était très bien comme ça, Capitaine d’archerie lui suffisait amplement, et si un jour il lui arrivait de quitter son poste pour une raison quelconque ou d’être remplacer par un autre, alors il ferait comme ses parents l’avaient fait, il sillonnerait les terres de Miradelphia, et braverait des dangers, seul ou accompagner. La solitude n’était pas un problème pour Rywyn, lui qui n’avait pas beaucoup d’amis, ou plutôt pas encore eu le temps de s’en faire beaucoup. Après tout il était encore jeune. Mais la vie se vivait au jour le jour et le jour où il explorerait le monde si cela devait arriver n’était pas encore arriver. En pensant à cela, le jeune Enalden avait parut presque absent pendant que son collègue parlait. Cela ne l’avait pas empêcher d’entendre les dernières paroles de celui-ci avant qu’il ne tende son verre et le porte à ses lèvres. « Du moins si vous n’êtes pas mortel ! ».

- Alors je passerai quand j’en aurais le temps si cela me passe à l’esprit ! C’est que nous capitaines, on a beaucoup de choses à faire n’est-ce pas ! plaisanta Rywyn.

Il est vrai qu’au fort Ellyrion, il y avait beaucoup à faire pour les capitaines en dose de travail, mais il y avait aussi des moments où l’on avait vraiment le temps de s’ennuyer et de se demander quoi faire. Puis la plaisanterie de Megilen’syre revint à l’esprit du capitaine d’archerie. Cette plaisanterie signifiait dans un sens que Wirskeïnfyl méprisait les mortel. La plupart des elfes étaient comme cela, et considéraient comme inférieur aux elfes les humains. Rywyn les respectait, du moins ceux qui le méritait. Il est sûr qu’il ne respecterait pas un bandit, ou un voleur et bien d’autres nuisances. Mais les gens respectables, aimables ou qui n’embêtent personnes avaient droit au respect de Rywyn. Les seuls qu’il ne respecterait jamais sont les drows. Ces êtres cruels et sans pitiés. Rares étaient ceux qui avaient le de la pitié chez ce peuple.
En réponse à la boutade de son collègue, il ne lâcha qu’un léger sourire, puis porta sa coupe d’alcool à ses lèvres pour en boires quelques gorgées. Il ne répondrait rien , cela ne valait pas la peine de discuter de cette affaire, chacun avait ses opinions, Megilen’syre avait donc les siens, et Rywyn avait aussi les siens. Mais cela ne changeait pas l’opinion qu’avait Rywyn Enalden sur Megilen’syre Wirskeïnfyl.

- Vos vendeurs ne vont pas s’impatienter ? demanda Rywyn.

Cela faisait déjà à peu près vingt minutes que les deux capitaines discutaient, les braconniers s’impatienteraient peut être, bien que ce n’était pas son affaire.

Rywyn n'avait pas répondu à l'allusion du baron, mais après tout ils n'étaient pas là pour engendrer quelques débats sans fin surtout que ce cher jeune capitaine ne faisait pas dans la politique. C'était tant mieux ainsi et il se contenta de rire avec le retient que son statut demandait à la plaisanterie de son collègue. En effet, le fort mettait une certaine tension sur les épaules des soldats et haut-gradés mais les activités ne se faisaient pas pour autant plus florissantes.

Il allait donc peut-être venir un jour en son domaine... Maintenant qu'il y pensait, Mëgilen'syre s'était toujours contenter jusque là d'être fort discret dans les affaires publiques, préférant agir dans l'ombre et ne s'occuper qu'à temps partielle de ces histoires qui ne prenaient pas assez d'importance alors plutôt que de courtiser inutilement pour quelques faveurs. Mais Rywyn venait de lui rappeler qu'il lui faudrait invariablement prendre part au conflit aussi physiquement que politiquement, il s'était juré de se battre jusqu'à la mort pour le bien de son peuple et les bouleversements à venir seront tout à fait propices pour tourner les choses tel qu'il le voulait.

Rywyn fit remarqué ensuite l'heure tardive au baron qui en avait bien sûr conscience, il contait justement se retirer d'ici peu mais ce n'était pas pour les braconniers.

-Oh, vous savez, je crains plus pour les jambes de mes deux gardes en bas qui surveillent mon attelage que pour ces vendeurs bien installé en cet auberge qui n'ont même pas connaissance de mon arrivée...

Il dirigea un regard vers sa coupe. Quasi vide, il l'acheva d'un délicate gorgée puis se leva après l'avoir déposée sur la table.

-Je vais donc me retirer comme vous dites mais...

Une main derrière le dos et une autre l'incitant à le suivre il acheva ses dires.

-Vous voulez peut-être voir le rynx?..

Il n'avait pas oublié ce petit rien d'intrigue sur le visage à l'énonciation de la bête de Rywyn et c'était avec un coeur généreux de partager sa passion qu'il lui proposait cela. Et puis ainsi, l'entretient se ferait moins banal. Marqué l'esprit de Rywyn serait important, même si celui-ci n'avait peut-être pas beaucoup de relations en dehors de l'armée, il restait celui avec lequel il allait devoir travailler en parfaite harmonie. A cette pensée le baron se dit qu'il serait peut-être bien de rencontrer un jour Ethelryth, capitaine d'infanterie qu'il respectait pour son âge à peu près double au sien, un véritable symbole qu'il n'eut encore jamais l'occasion de rencontré. Les trois hommes étaient invariablement très différent les uns des autres ne serait-ce que par leur âge respectif, Mëgilen'syre espérait que cela se ressente plus comme un atout que comme un tare lors des combats...