/!\ Vengeance, douce vengeance...[PV Hanegard Kastelord]

Ilinsar, bien loin de rentrer chez elle après cette longue saison hivernale, resta en terre humaine. Pourquoi?

Sans doute parce que sa haine féroce pour le genre humain venait de tripler en une petite nuit. Le souvenir des humiliations subies en quelques douze heures de supplices ne parvenait pas à s'effacer, d'autant plus lorsque s'ajoutait celui de sa capture... Elle avait été si négligente, persuadée de sa victoire... Alors que LUI n'attendait que cela... Qu'elle relache sa vigilance pour mieux la capturer.

Ses ongles noirs entaillèrent férocement le bois de son perchoir. Un arbre isolé dans un petit bois, situé sur l'une des routes les plus fréquentées de la régions. En toute logique, et selon ce qu'elle avait pu entendre, IL devrait passer par ici. Depuis une semaine, elle le guettait. Avec les mouvements dans les hautes sphères du duché, il allait forcément devoir se déplacer, en tant que chef de l'élite de l'armée... Si en plus d'assouvir sa vengeance, elle pouvait entraver des humains et faciliter la tâche aux envahisseurs drows, rien ne lui ferait plus plaisir...

Une cavalcade...

La drow banda fermement son arc et reprit sa position de statue de sel, en l'attente de découvrir qui se cachait derrière le couvert des arbres. Cinq hommes, lancés au petit galop. Et à leur tête, LUI...

Un sourire carnassier se dessina sur les lèvres de la femme sombre, alors qu'un trait filat se planter dans la nuque du troisième membre de l'escorte. La fête pouvait commencer. L'arc dans une main, elle se lança dans les airs et rejoignit l'arbre voisin pour se rapprocher, non sans envoyer une dague dans le dos de l'un des hommes paniqués. Plus que deux et sa vengeance pourrait être assouvie...

Elle se percha sur une branche basse et décocha sa dernière flèche dans le poitrail de la monture de tête, enfin, s'il y avait encore une quelqconque organisation dans le groupe paniqué...

Hanegard était immobilisé, à présent...

La drow regarda l'unique survivant prendre la poudre d'escampette, blasée. Un ennemi invisible effrayait vraiment davantage les humains qu'une troupe en arme en plein jour... Une bonne information à ramener aux siens, s'ils ne l'avaient pas encore constaté...

Elle loucha à ses pieds. Hanegard restait collé au tronc d'arbre, guettant le moindre mouvement suspect. Que c'était ironique de le voir ainsi aux abois... Mais pour l'instant, Ilinsar ne s'occuperait pas de lui en priorité. Avec agilité, elle passa d'arbre en arbre et récupéra la monture de l'un des morts, qu'elle enfourcha avant de partir au petit trot vers sa cible. Elle plaça une aiguille au niveau de son poignet et s'enveloppa dans sa cape. Bientôt, elle tiendrait sa vengeance...

La drow arriva ainsi à allure réduite face à sa proie, qu'elle dévisagea sous son capuchon sans qu'il puisse distinguer quoi que se soit d'elle. On pouvait voir son visage tendu dans l'attente, les muscles frémissants prêts à être sollicités. Elle sourit narquoisement et descendit de cheval en souplesse, s'approchant à pas de loup de l'humain qui faisait décidément bien moins le fier dans cette posture que dans une salle de torture...

-Tu pensais vraiment pouvoir m'échapper, Hanegard? Alors que tu m'as humiliée, souillée... Mais aujourd'hui, te voilà seul...

Elle ricana et d'un bond fut au contact, collée contre son torse, alors que son aiguille s'enfonçait dans la chair du cou massif de son ennemi et qu'elle retenait le poignet armé de l'autre main. Elle le sentit faiblir et le laissa s'écrouler à ses pieds, endormit par cette amicale petite substance... La fête pouvait commencer...

Ilinsar hissa le corps en travers de la monture et l'attacha solidement. Elle réenfourcha la bête et partit au grand galop vers la frontière, là où se trouvait un petit poste de garde abandonné depuis des siècles par les hommes, à présent utilisé comme abri durant les tempêtes par les voyageurs de passage. Ils y seraitn très bien pour ce qu'elle prévoyait... Il devait y avoir là-bas bien assez de liens et d'autres instruments basiques...

Elle se lécha les lèvres avec gourmandise, caressant de ses ongles la nuque de l'endormi...

Au bout de deux longues heures de chevauchée tumultueuse à esquiver les diverses patrouilles rentrant à Serramire, Ilinsar put enfin apercevoir le petit poste de la frontière. A peine visible dans le soleil couchant, il était si discret que quiconque pourrait passer à côté sans le voir. Mais il était vraiment très pratique.

Elle fit trotter sa monture jusqu'à a porte, guettant le moindre bruit suspect dénottant une vie humanoïde à proximité, mais rien ne vint. Rassurée à ce sujet, la jeune femme mit pied à terre et attacha la longe de la bête à l'anneau près de la porte, le temps de le décharger de son fardeau. Une fois assurée que l'homme ne pourrait bouger, ficellé au sol comme il était, elle revint s'occuper de l'animal, dont la robe sombre luisait d'écume. Peut-être le garderait-elle. C'était un animal résistant, pour porter deux cavaliers à vive allure pendant près de deux heures... Et bien dressé, avec ça... C'est donc avec une douceur peu commune à son espèce qu'elle prit soin de l'animal, qui malgré tout restait inquiet à l'odeur du sang. Ceci fait, elle revint à sa proie.

Le somnifère lui laissait encore une bonne heure avant qu'IL ne se réveille. Largement de quoi préparer son affaire. Elle le traîna à l'intérieur, toussottant vaguement à l'odeur de renfermé qui la saisit à la gorge. La pièce était simple. Une cheminée sur la gauche, où des buches sèches attendaient les visiteurs éventuels. Quelques restes de lits, une table et quatre chaise, un placard vide. De quoi pouvoir rester quelques temps. La drow sourit et repartit chercher quelques cordes dans l'écurie.

Au bout d'une demi-heure, la jeune femme avait suspendu son ennemi contre le mur du fond, mais à distance suffisante pour qu'il ne puisse pas s'appuyer sur le mur. Ses membres étaient écartelés, exactement comme le furent les siens sur le chevalet. La drow prit son arc et une flèche, partant chercher un gibier quelconque pour le repas du soir. En toute logique, IL devrait être réveillé à son retour...

C'est donc avec un plaisir non fint qu'elle revint dans l'abri, le découvrant à se tortiler pour tenter de se libérer. Pathétique. Elle jeta les produit de sa chasse _ un lapin maigrichon et une espèce de volaille à laquelle elle avait proprement tordu le cou suite à ses piaillements désagréables _ sur la table et installa sa chaise face à Hanegard, moqueuse.

- Mon hospitalité te plait-elle, humain? Personne ne devrait être à même de nous déranger pour quelques temps...

Elle se releva, se débarrassant des section métalliques de son armure pour rester en tunique de cuir, bien plus agréable. Elle sortit sa dague et s'approcha de l'homme avec lenteur. Il ne devrait jamais savoir à quoi s'attendre. Toujours rester imprévisible et garder pour elle les armes de la suggestion... Faire en sorte d'amorcer un geste, une parole, qui propose un suplice bien pire à venir... Et enfin, objectif suprême, le faire devenir fou... Lui inspirer une terreur telle qu'il s'imaginera toujours voir sa silhouette dans l'ombre d'un mur... Quelle pensée réjouissante! Un rire funeste lui échappa alors qu'elle demeurait face à celui qu'elle haïssait, sa dague dégainée. En un aller-retour rapide et insasissable, elle transforma sa veste en loque, mais buta sur la cote de maille... Encore un détail oublié qui la fit soupirer. A trop jubiler de vengeance, elle en avait oublié les détails essentiels...

-Quelle imbécile je fais, parfois... souffla-t-elle en secouant la tête et haussant les épaules.

Ilinsar envoya un autre regard à sa proie, un regard très différent, presque tendre et affectueux, avant de lui saisir brutalement le menton et de l'embrasser... enfin, de lui mordre les lèvres jusqu'au sang...

Elle s'éloigna ensuite pour dépecer son repas, léchant le sang qui lui coulait sur les lèvres en fredonnant tranquillement...

Sa vengeance venait de commencer...

La voix moqueuse de sa proie l'interrompit brièvement dans sa tache de dépeçage. Elle laissa échapper un autre rire tordu mais ne lui fit pas la grâce de répondre, le lapin occupant toutes ses pensées actuellement... Il était si maigre qu'elle ne pourrait pas en tirer grand chose. Bah, elle s'en contenterait pour cette nuit, pour l'instant, la fatigue la prenait de plus en plus. Ses nuits de veille à guetter L'HOMME lui retombaient dessus d'un seul coup. Enfin, elle finit de dégager la peau et les boyaux encore fumants de son futur repas. Elle jeta les viscères par la fenêtre puis fourra la panse avec quelques fruits, le peu qu'elle avait pu dénicher à la sortie de l'hiver dans les fourrés. Enfin, elle embrocha la viande et la plaça sur le feu. La drow finit par s'étirer avec un baillement. Elle jeta un bref coup d'oeil à son prisonnier.

- Je me débrouille, en cuisine, comme tout mercenaire qui se respecte. Néanmoins, humain, oserais-tu vraiment goûter ce que moi, une drow, et qui plus est celle qui a juré ta perte, ai préparé? Je ne crois pas, non...

Elle ricana encore un peu puis saisit son sac. Elle jeta deux couvertures en boule dans un coin avant de récupérer ses armes pour en faire l'inventaire. Plus que trois flèches. Elle essuya ses lames avec douceur, presque comme sielle effleurait un amant plutôt que du froid métal. Dehors, la nuit était tombée. La drow ferma les volets de bois dont les gonds grincèrent sauvagement.

Au bout de quelque temps, le lapin fut prêt. C'est donc avec joie qu'elle s'attabla. Peu importe l'absence de confort, elle goputait depuis une semaine la liberté qu'on lui avait arrachée. Ses pensées la poussèrent à jeter un bref coup d'oeil à son colocataire, en l'attente d'une réaction.

Ilinsar venait de goûter du bout des lèvres la chair tendre du lapin quand la voix grave enrobée de fiel atteignit ses oreilles. Réaction immédiate, une vague, non, un tsunami de colère parcourut ses veines avec force. Elle resserra sa main sur son couteau, s'enfonçant les ongles dans sa chair alors qu'elle faisait appel à toute sa retenue pour s'empêcher de l'égorger sur le champ. Comme si le souvenir de cette humilitation ne suffisait pas, il fallait en plus que LUI la fasse remonter...

Elle se leva, enragée, sa main frémissant sous la force qu'elle mettait autour du simple couteau qui avait le malheur d'être en sa possession. Elle s'approcha lentenment, essayant de respirer calmement, posément...

Trop tard.

L'instrument vola pour se planter dans le mur, non sans écorcher la pomette du prisonnier. La vue du sang l'apaisa quelque peu, mais ce n'était pas suffisant. Non, il fallait qu'il souffre. A son tour. Le repas attendrait un peu...

- Amants? cracha-t-elle comme si ce mot était un fruit particulièrement pourri dans lequel elle aurait croqué par mégarde. L'amant est un choix, humain... Le violeur une chose subie... Mais si tu tiens à être considéré comme un amant... n'est-ce pas déshonnorant? Après tout, ce serait reconnaître avoir un lien de proximité avec moi... une drow... l'ennemie de ta race... Tu choisis donc de trahir les tiens...

Elle ricana en levant son arme improvisée. Elle appliqua la lame sur le front de l'homme et trancha lentement la fine peau, veillant à ne pas s'enfoncer trop loin. Il fallait juste qu'il perde assez de sang pour être confus, elle ne voulait pas le tuer tout de suite. Il fallait le faire plier, ramper à ses pieds comme le chien des rues qu'il était aujourd'hui...

- Au fait, j'ai appprit par hasard que ton cher maître avait été destitué, imagine un peu ma joie... Ce qui m'étonne, c'est que tu en sois pas allé plus vite ramper près de la cour pour obtenir ses faveurs... Car je suis certaine qu'un paria ne t'intéresse pas... A quoi rime la fidélité quand on peut obtenir le pouvoir, chien?

Elle s'éloigna et saisit des cordages assez fins. D'un geste vif, Ilinsar revint trancher la ceinture de l'homme, vite suivie par les loques que devinrent ses braies sous sa lame.

- J'espère que tu ne m'en veux pas pour cette petite humiliation, après tout, je t'ai déjà vu plus... dénudé... souffla-t-elle.

D'un geste vif, elle noua les liens autour des cuisses, séparément, et tira sauvagement, à faire entrer la corde dans la chair, dans un mouvement de cisailles...

-Commençons... ça n'a que trop tardé, et mon repas m'attends.

Ilinsar joua encore un peu avec les cordes puis alla chercher sur la table quelques baies, visiblement pourries, qu'elle avait du séparer des autres lors de la préparation du repas. Une odeur nauséabonde s'en échappait, mais plus que tout, c'était le jus acide qui s'en écoulait qui l'intéressait. Elle plaqua les petits fruits sur les chairs à vif de l'humain, les écrasant avec application, sous un bref cri douloureux. Mais ce n'était pas assez... Oh non, ce n'était pas assez pour éponger l'humiliation et la souffrance.

-Tu sais, Hanegard, j'hésite encore beaucoup. Dois-je te tuer ou te laisser vivre un peu plus longtemps... ?

Elle eut une moue faussement interrogative avant de saisir le bras de son violeur en deux poing et d'y appliquer une violente torsion, s'arrangeant pour froisser le muscle de manière sauvage et terriblement satisfaisante en ricanant.

-Oui, dois-je t'abattre au terme de longues heures de torture sous mes doigts ou te laisser agoniser sur ce plancher, assaillit par les petits charognard de ce sous-bois, tellement abruti de douleur que tu ne pourras que crier pour les faire fuir?... Les deux options sont si... alléchantes... sussura la drow en saissisant l'une des jambes pendantes dans le vide.

Elle lança un violent coup sur le membre meurtrit et ritjoyeusement en entendant un craquement sinistre raisonner dans la pièce. Que c'était bon, de lui faire mal...

-Ca suffit pour ce soir, déclara-t-elle au bout d'un moment à presser les points blessés au hasard.

Ilinsar termina d'engloutir son lapin sous la douce musique des gémissements de souffrance de l'humain et rejoignit sa couche, non sans avoir pendu la poule à un crochet du plafond. Elle s'enroula dans ses couvertures à la manière d'un chat et lança un bref "bonne nuit" ironique à sa victime.

~ * ~

La drow se réveilla aux aurores, à cause d'un petit rai de lumière qui passait à travers la chaûme du toit. Elle pesta brièvement et se leva enfin. Puis fusilla l'homme du regard. Il avait osé s'endormir... ou s'évanouir? Qu'importe. De son poing ganté, Ilinsar frappa l'abdomen de sa victime avec violence pour le ranimer. Puis, décrétant que l'ignorance lui ferait plus de "bien" qu'une conversation matinale, elle dégusta en vitesse quelques restes de la veille. Une fois ceci fait, la drow attrappa la vieux seau de fer qui trainait et suspendit au dessus une gourde pleine. Avec son aiguille, elle incisa à peine le récipient. Au bout de quelques secondes, une petite goutte alla s'écraser au fond du seau, dans un "plong" sonore. Une autre suivit trente seconde plus tard.

Ilinsar ricana. Son système fonctionnerait encore une demi-journée. Largement de quoi aller faire le tour des environs et vérifier la zone. Elle tira un peu sur les cordes pour s'assurer de leur résistance, puis réenfila son armure et quitta la pièce. Peut-être l'humain croirait-il qu'elle partait...

Une fois dehors, Ilinsar rejoignit l'écurie. Elle sella sa monture après quelques caresses, et s'élança ensuite au grand galop vers les plaines pour une patrouille dans un rayon de un kilomètre environs autour de son repaire, toute guillerette à l'idée des souffrances de son ennemi juré.

Lancée au trot de sa monture, Ilinsar revint en fredonnant au poste de guet. Derrière la selle, elle avait attaché de fines branches d'arbre, souples et solide. Pas pour se faire un arc, loin de là. Non, elles allaient avoir un tout autre usage bien plus intéressant. Elle démonta avec aisance et prit la décision de laisser le cheval attaché à sa longe dehors, par commodité. Elle n'aurait ainsi pas la nécessité de le nourir dans la grange. Elle tira un seau d'eau du puit, flatta doucement l'animal puis revint voir son prisonnier... qui l'accueillit avec une odeur âcre qui lui fit froncer le nez avant de rire... Elle ne s'attendait pas à cet effet, mais c'était logique, depuis le temps qu'il était attaché... Elle n'y avait pas songé, et à vrai dire, l'acidité de lurine de vait lui faire souffrir le martyr...

Pour cette nouvelle journée, Ilinsar avait décidé de passer à une autre étape. Aujourd'hui, IL serait entièrement nu... Elle dénoua la corde qui retenait son bras valide et tira sauvagement le bas pour la nouer au niveau de sa jambe gauche. L'homme eut un léger cri suite à la nouvelle traction sur son bras blessé qui vint rejoindre l'autre. Avec rapidité, la drow remonta la cote de maille sur les cordes, profitant que l'humain soit trop abruti par la douleur provoqué par sa chute au sol. Sa jambe cassée devait bien se faire sentir. Ilinsar extirpa les cordes, en particulier celle du bras valide et l'envoya de nouveau vers les poutres, malgré la faible résistance de l'humain que la douleur abrutissait. Ses bras à nouveau noués au plafond, reformant la croix humaine, Ilinsar se permit de lancer un seau d'eau sur le sol, évacuant les souillures de sa proie car, bien qu'elle soit ravie de l'humiliation, ce n'était guère agréable de marcher dedans.

La drow vint s'emparer de l'une des petites branches posées à l'entrée et retira le bourgeons, pour ne plus laisser que le bois. Avec sa dague, elle tailla chaque extrémité en pointe puis fouetta l'air dans un claquement. Elle recommença ainsi jusqu'à avoir une réserve intéressante puis elle se leva.

- Bon, humain, nous allons pouvoir reprendre... lança-t-elle.

D'un geste précis, elle fit claquer une première branche sur les plaies de ses jambes, qui se rouvrirent. Sa fracture et son bras blessé reçurent le même traitement. Puis la jeune femme passa dans le dos de sa proie et frappa. Le omoplates, le long de la colonne vertébrale, les reins surtout, le creux des genoux... La nuque. De nombreuses plaies s'ouvraient dans la peau tendue, parcourue de fines traînées de sueur. La drow revint alors devant et appliqua le même traitement, visant des zones sensibles telles que la gorge ou le bas ventre. Aucune partie du corps ne fut épargnée.

Au bout d'un certain temps, elle quitta la pièce, mais pas pour très longtemps. Juste pour remplir uns eau d'eau glacé dont elle aspergea sa victime, l'empêchant par la même de perdre connaissance.

- J'ai choisi Hanegard... Je peux t'épargner, si tu le souhaite... Il te suffira simplement de t'excuser... tu ramperas à mes pieds en me demandant pardon et je pourrais te raener chez toi. Qu'en dis-tu? Moi, je pense que tu n'accepteras pas... Tu es trop fier pour ça...

Ilinsar partit à nouveau, jusqu'au soir, cette fois-ci... Leurs futures journées ne seraient qu'un éternel recommencement de celle-ci, si l'autre ne pliait pas... Peut-être mourrait-il de faim... Elle s'assit aux côtés de sa monture et écouta tranquillement les bruits de la forêt. Cette histoire ne l'amusait déjà plus. C'était si simple de faire souffrir, mais cela n'était amusant que si la deuxième partie avait du répondant... Enfin... Elle pourrait imaginer bien d'autres tortures à lui faire subir... La maladie le guettait sûrement... Peut-être la folie, avec les gouttes qui tombaient dans le seau... La gourde à nouveau pleine ne lui laisserait pas de repos...

La voix brisée atteignit Ilinsar avec un temps de retard tant elle était faible. Si l'imploration de l'humain lui faisait plaisir, elle était tout de même déçue. Elle qui croyait qu'il résisterait plus longtemps que cela... Elle avait encore des dizaines de choses à lui faire expérimenter... La drow soupira puis retourna dans la bâtisse.

- Déjà à bout, hu... main... lança-t-elle avant de s'interrompre.

Devant elle, il n'y avait personne de suspendu aux cordes. Pire, elle distinguait nettement sa présence dans son dos, et la pointe qui lui effleurait la peau ne lui disait rien qui vaille. Comment avait-il pu se détacher, et surtout, comment avait-il pu se déplacer avec une jambe brisée et le bras opposé au muscle froissé? Ca n'avait pas de sens... A moins que sa volonté soit si forte qu'il en oublie la douleur? Elle aurait du se méfier davantage.

- Va dans la cave et ... enferme toi...

Ilinsar faillit se retourner pour l'abattre, mais la pointe ne la lâchait pas. Il osait lui donner un ordre, en plus? Mais là, au moindre geste suspect, elle se doutait bien qu'il se ferait une joie de la tuer. Elle avança donc docilement, guettant la faille qui ne vint malheureusement pas. C'est donc avec frustration qu'elle rabattit la porte de la cave au dessus de sa tête. Mais loin d'abandonner, la drow saisit sa dague et entreprit de localiser sa proie par le bruit de ses pas.

Quand les gonds de la porte grincèrent, elle jaillit de sa "prison" et lança son arme en avant. La lame se planat avec force dans le bois à quelques centimètres de la tête de son ennemi, vibrant sous le choc. Ilinsar voulut alors ratrapper l'humain mais une cavalcade soudaine l'interrompit et elle saisit son arc en encochant une flèche...

Ce n'est qu'une fois dehors qu'elle s'aperçut que la hampe était brisée. La seconde était dans le même état.

Elle eut un instant de blanc, surprise, puis la frustration et la rage explosèrent en un cri de bête avant qu'elle ne lui crache ses menaces à la figure.

- Va en enfer, Hanegard! Je te surveillerais toujours pour d'abattre! Ne pense pas pouvoir m'échapper, humain! Tu mourras de ma main!!!

Elle frappa le mur du cabanon puis rentra. Il fallait plier bagage, à présent. C'était trop risqué de rester en terre humaine plus longtemps. La drow éteignit le feu à l'aide de seau, après avoir brûlé ses vielles flèches inutiles. Elle renfila son armure légère, ramassa ses armes et décampa à toute allure vers sa terre à elle...