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 Retour au pays [PV Naïm Arjah et Vyl Thanat'khor]

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Ilinsar Veldrin
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MessageSujet: Retour au pays [PV Naïm Arjah et Vyl Thanat'khor]   Retour au pays [PV Naïm Arjah et Vyl Thanat'khor] I_icon_minitimeLun 11 Jan 2010 - 20:01

Ilinsar en avait assez. Depuis le temps qu'elle marchait afin de rentrer au pays, alors même qu'elle ne s'était guère reposée en Oësgard (comment l'aurait-elle pu en sachant que ses ennemis se baladaient encore de manière insolente à la lueur du jour, comme si rien ne s'était passé?) et la route depuis le nouveau Marquisat n'était pas vraiment courte. Dès qu'elle rentrerait au Puy, elle achèterait un cheval, c'était décidé.

Avec un souffle un peu court, elle gravit un talut et aperçut enfin la frontière de ses terres natales. Elle sentit, comme à l'habitude, un petit pincement au coeur de revoir le lieu où elle avait grandit et où s'étaient déroulées ses premières missions. Ce la remontait à si loin qu'elle n'en avait plus que de vagues souvenirs. Cette période de sa vie n'avaient eu aucun intérêt à ses yeux. Et n'en avait toujours aucun, d'ailleurs. Elle soupira puis descendit la butte, son carquois vide pendant sur son épaule. Il était plus que temps de refaire le stock, à ce niveau... cela ne l'avait certes pas gêné pour chasser ses reapas, mais une arme inutile n'était qu'un fardeau. Or, jamais elle n'abandonnerait son arc. Tout archer avait sa fierté, son arme. Personne d'autre ne devait y toucher sous peine de rompre l'espèce de lien entre l'instrument et l'utilisateur. Elle-même ne tolérait pas que quiconque d'autre qu'elle touche à ses affaires... Sans doute était-ce du à sa possessivité maladive.

Une question trotta soudain dans la tête de la drow. Elle avait quitté les terres sombres vers le milieu de l'hiver. On était à présent en plein printemps. Que c'était-il passé chez elle depuis? Elle l'ignorait. Autant la destitution du "Duc" de Serramire (elle répugnait encore à donner ce titre à celui qui l'avait humilié avec ses hommes) avait atteint ses oreilles pointues, autant les maigres informations qui traînaient sur son peuple ne l'avait pas effleurée. Ca en était frustrant.

Ilinsar sursauta. Là. C'étaient bien des pas qu'elle entendait. Et pas seulement un personne... Une troupe nombreuse... Très nombreuse. Enfin elle aperçut le ruban noir dans la plaine déssèchée près de la faille. Une armée. Les guerriers drows devaient être rentrés de l'expédition chez les hommes. Avec eux, elle aurait des nouvelles.

La drow accéléra l'allure et trotinna tranquillement vers le groupe, découvrant de loin parmi les peau sombres quelques taches plus claires. Des prisonniers? Elle sourit férocement. Cette espèce maudite ne paierait jamais assez son humiliation. Elle leva le bras et adressa un signe tout en interpelant le groupe. Enfin elle les rejoignit et préféra se présenter avant toute chose.

- Je suis Ilinsar Veldrin, de retour au pays ce jour. Quelles nouvelles accepteriez-vous de partager avec moi, nobles guerriers et fiers vainqueurs?
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MessageSujet: Re: Retour au pays [PV Naïm Arjah et Vyl Thanat'khor]   Retour au pays [PV Naïm Arjah et Vyl Thanat'khor] I_icon_minitimeVen 15 Jan 2010 - 1:04

La colonne s’étirait dans la plaine, silencieuse : les Drows rentraient au bercail privés de leur vengeance. Le Karliik Glenn avait épargné les Hommes d’Oësgard. Les guerriers avaient l’humeur encore plus sombre que leur âme.

Ils ne rentraient pas les mains vides : les raids dirigés de main de maître par Nym Vrinn leur avaient fournis l’occasion de faire quelques prisonniers. Presque deux cents humains avaient été capturés et enchaînés les uns aux autres. Les plus chanceux seraient sacrifiés avant la prochaine lune sur l’autel des Temples du Puy. Les autres connaîtraient un sort moins enviable : réduits à l’esclavage, avilis, ils seraient des jouets brisés entre les mains d’enfants cruels. Bâillonnés, entravés, les poignets sanglants, hommes, femmes et enfants, presque nus, les pieds déchirés par une trop longue marche, harassés par la cadence infernale des marches forcées de l’Ost Noir, avançaient tête basse, l’échine courbée.

Le Barra de la Dothka, chargé par Brylyan de ramener le corps expéditionnaire dans le ventre d’Elda, avait personnellement veillé à ce que ses soldats respectent l’intégrité du précieux butin de chair et de sang. Viols et violences avaient été prohibés et les Assassins de l’Armée secrète avaient scrupuleusement éliminé tout contrevenant aux consignes, pour l’exemple.

Les enfants, tout particulièrement, avaient fait l’objet des attentions les plus inattendues : ceux qui ne seraient pas honorés par les Temples seraient vendus à prix d’or à quelques pervers corrompus, ou à des maîtres espérant des serviteurs dociles dont toute l’éducation restait à faire. Beaucoup pleuraient, ivres de fatigue et de peur. Mais tout espoir était anéanti : le Puy se dressait dans toute sa majesté dans les dernières lueurs du jour.

L’escouade de Vyl Thanat’khor avait rejoint le gros de la troupe la veille au soir, et fermait la marche. Le Veldruk exultait : Uriz, - loué soit son Nom ! -, lui avait permis de s’acquitter de sa tâche avec succès : elle ramenait avec elle l’enfant aux cheveux carmin promis à Fae'Lisshyn Dal' Serakh'Ahn par Nym Vrinn. La gamine trottinait sous la surveillance farouche de Phaere. L’enfant avait fait l’objet de tous les égards : elle avait mangé et bu à satiété ; elle avait pu se baigner dans les rivières avec les Sartglins pour faire passer la fatigue du voyage ; et elle avait dormi sous une couverture, blottie dans la chaleur de sa gardienne. Lorsqu’elle avait donné les premiers signes de faiblesse, les assassins s’étaient relayés pour la porter. Le guerrier qui l’avait ravie à sa famille n’avait pas su lui apporter tous les soins nécessaires, et Vyl l’avait promptement expédié sans sommation dans le Royaume de Teiweon Danath’khor. Tous comprenaient mieux les raisons qui motivaient Phaere à traiter l’humaine comme s’il c’était agi de sa propre fille. La petite rousse parlait peu et tremblait beaucoup, effrayée par les meurtriers sanguinaires de tous les siens. A peine avait-elle consenti à révéler son prénom : Lona. La seule personne avec laquelle elle semblait accepter de communiquer restait Renor Suru lorsqu’il aidait Phaere à prendre soin d’elle. Renor Suru qui, le reste du temps, tentait de suivre le rythme effrénée de Vyl Thanat’Khor qui le tenait en laisse.

Ils l’avaient vu arriver de très loin. Les guetteurs les avaient prévenus de sa présence. Une Drow, fine et élancée, l’opulente chevelure dansant dans les premiers souffles de la brise printanière, avait surgi sur leurs arrières. Gelroos avait tout de suite repéré l’arc long dont elle était armée. Par prudence, Vyl avait ordonné qu’on ne lâche pas des yeux la suiveuse. Compte tenu du nombre de guerriers parcourant la plaine, le Veldruk ne craignait pas l’escarmouche, mais elle n’ignorait pas que nombreux étaient ceux de sa race qui vendaient leurs services au plus offrants. Parmi les Drows, les espions étaient pléthore : la Dothka était bien payée pour le savoir, elle à qui la charge de les éliminer revêtait presque l’attrait d’une raison d’être. Si la femelle n’avait pas rejoint l’Ost avant le coucher du soleil, elle avait donné des ordres pour que ces assassins les plus rapides la prennent en chassent et la lui ramène. Vyl Thanat’Khor avait toujours adoré faire parler les femmes…

Mais la Drow, sans hésitation, avait rallié, la colonne. Les mâles avaient échangé quelques regards approbateurs en se repaissant sans la moindre discrétion des appâts somptueux de la donzelle. Vyl avait juste tourné la tête, jetant un coup d’œil furtif. Dans la fluidité de la démarche, elle avait décelé la grâce des danseuses. Mais cela ne cadrait pas avec l’équipement de la Sombre, trop bien armée. L’armure légère de cuir noir et rouge cerclée de fer mettait en valeur son corps mince et finement sculpté. Une très jolie femme en vérité.

- Je suis Ilinsar Veldrin, de retour au pays ce jour. Quelles nouvelles accepteriez-vous de partager avec moi, nobles guerriers et fiers vainqueurs?

- C’est ma couche que j’aimerais partager avec toi, ma belle ! Lança un Sartglin, provoquant l’hilarité générale.

Vyl ne put retenir un sourire. Le soldat, malgré son absence totale de finesse, venait de lui arracher les mots de la bouche : elle aussi aurait aimé goûter à la peau gris cendré de la belle. Le Veldruk se détacha du rang pour rejoindre la visiteuse. Elle tira sur la laisse de Renor Suru pour lui ordonner de ralentir son pas.

Salut à toi, Ilinsar Veldrin, et bienvenue dans le sillage de l’Ost Noir !Répondit-elle à la demoiselle, un sourire radieux illuminant son visage. Je me nomme Vyl Thanat’Khor, et je suis Veldruk de la Dothka. Ces rustres qui t’accueillent sans égard sont mes guerriers et nous revenons d’Oësgard. Pardonne leur manque d’éducation : ce ne sont que soudards dépravés et ils sont sevrés de tout plaisir depuis des lunes ! Puisse Isten Okhras’Gaath leurs réserver à tous le meilleur des traitements dès leur arrivée au Puy d’Elda !

Les soldats s’esclaffèrent. L’irruption de Ilinsar les distrayait de leur routine.

Vyl soupesa de son regard rouge la jeune beauté qu’elle dominait d’une demie tête. Pas question de donner la moindre information à quiconque sans prendre un minimum de précaution. Ilinsar Veldrin n’y allait pas par quatre chemins ! Mais la Dothka n’entretenait pas la réputation de colporter des renseignements au premier inconnu qui passe, fut-il aussi sensuellement envoûtant que cette fille à la chevelure folle. Il faudrait pourtant tenir les hommes : ils semblaient tous sous le charme…

- Dis nous donc d’abord quel vent t’amène, Ilinsar Veldrin ! Nous te dirons ensuite ce que nous savons…

La voix sonnait clair, légère et sereine. Mais la sentence était sans appel.
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MessageSujet: Re: Retour au pays [PV Naïm Arjah et Vyl Thanat'khor]   Retour au pays [PV Naïm Arjah et Vyl Thanat'khor] I_icon_minitimeVen 15 Jan 2010 - 10:17


    C'était bien la première fois que Naïm revenait d'une expedition aussi bredouille. Hormis les prisonniers qui avaient été fait par la Veldruk, il n'y avait rien à se mettre sous la dent. Et ceux-ci n'étaient même pas négociables, quelle plaie... Le bain de sang tant esperé n'avait finalement pas eu lieu. En temps normal Naïm aurait râlé, mais étrangement ce soir il était trop fatigué pour se mettre en colère. Il éprouvait une certaine amertume en repensant aux frères qu'il avait perdu autrefois et au fait qu'il n'ait même pas eu l'occasion des les venger une bonne fois pour toutes, lui qui avait soif de sang, mais plus encore c'était l'idée qu'il puisse repartir dès demain pour les contrées humaines car tout le monde ici connaissait ses qualités d'espion, et il serait probablement très vite sollicité par les siens.

    Tout ce qu'il voulait en cet instant, c'était un bon repas et du repos, beaucoup de repos. La cité Drow était perceptible au loin, elle était grande, d'une noirceur qu'il aimait, elle était majestueuse et sinistre à la fois. Mais alors qu'il touchait bientot à sa fin, le voyage fut bientôt rompu par l'arrivée d'une compatriote, plutôt charmante certes, qui venait aux nouvelles... mais il fallait s'en méfier. Il y avait nombre de traitres parmi les Drows, l'espion de la Dothka était bien placé pour le savoir. Aussi après avoir murmurer quelques mots à l'un de ses frères, il frappa le sol avec son pied et sortit des rangs, faisant face à Vyl et tournant le dos à l'importune.

    "Votre grâce, Jabbres, si je peux me permettre, il n'est pas sage de faire confiance à la première venue, aussi agréable soit-elle à vos yeux. Il pourrait s'agir là d'un piège tendu par l'ennemi. Laissez-moi m'en occuper..."

    Il n'était pas du genre à se taire devant la hiérarchie et encore moins à cacher sa désapprobation. Naïm savait qu'il dépassait son statut de simple velg'lam de la Dothka, mais il avait autrefois été homme de main de Tebryn et tout le monde le savait ici. Si quelqu'un avait son mot à dire, c'était lui. Il se tourna vers Ilinsar et la déshabilla du regard, prêtant attention à sa taille, son allure, son teint de peau, et protégeant sa Veldruk d'une possible menace physique.

    "D'où viens-tu, Ssin, allons répond ! Ôte donc ses vêtements pour voir ce qu'il s'y cache." lui ordonna t-il en gardant une main sur sa dague.


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MessageSujet: Re: Retour au pays [PV Naïm Arjah et Vyl Thanat'khor]   Retour au pays [PV Naïm Arjah et Vyl Thanat'khor] I_icon_minitimeVen 15 Jan 2010 - 17:51

Ilinsar retint un sourire joyeux. Cela faisait des mois qu'elle n'avait plus rencontré de membres de sa race. Elle accueillit avec une humeur bonne enfant l'exclamation masculine à sa question. C'était un mâle, après tout, et un mâle frustré de retour d'une excursion visiblement prodigue au vu de la longue colonne d'esclaves ramenés. La drow se tourna finalement vers celle qui semblait diriger ce petit monde lorsque celle-ci lui adressa la parole.


- Salut à toi, Ilinsar Veldrin, et bienvenue dans le sillage de l’Ost Noir ! Je me nomme Vyl Thanat’Khor, et je suis Veldruk de la Dothka. Ces rustres qui t’accueillent sans égard sont mes guerriers et nous revenons d’Oësgard. Pardonne leur manque d’éducation : ce ne sont que soudards dépravés et ils sont sevrés de tout plaisir depuis des lunes ! Puisse Isten Okhras’Gaath leurs réserver à tous le meilleur des traitements dès leur arrivée au Puy d’Elda !


La Veldruk de la Dothka, rien que ça! La jeune femme ne s'était pas attendue à tomber sur quelqu'un de rang élevé, tout au plus un capitaine. En y regardant de plus près, le charisme évident de cette drow ne pouvait mettre en doute ses hautes fonction. Elle avait la parole facile et le verbe populaire. Visiblement, Vyl paraissait apréciée par ses hommes qui n'hésitaient pas à plaisanter devant elle là où tout autre chef plus carré aurait réprimandé les impudents. Et il fallait avouer que la bbeauté de la Veldruck n'était pas le moindre de ses atouts: une peau plus pâle que la plupart des drow, ses tatouages qui s'entrecroisaient en arabesques sur son visage, sa longue natte et un corps jeune, sain et vigoureux, un peu plus grand qu'elle même. Ilinsar dut tout de même reconnaître un peu de jalousie, mais sans plus. Vyl et elle étaient bien trop différentes. Cela faisait touut de même du bien de rencontrer une femme. Elle en avait assez des hommes... en particulier des humains.

- Dis nous donc d’abord quel vent t’amène, Ilinsar Veldrin ! Nous te dirons ensuite ce que nous savons…

Avant même d'avoir pu répondre, un mâle frappa du pied et vint se planter face à son capitaine sans plus tenir compte de la nouvelle venue. Un peu vexée, Ilinsar le fut d'autant plus face à ses paroels remplies de venin acide à son encontre. Dire qu'elle venait avec des intentions toutes pacifiques et conviviales, mais non... La suspicion et la trahison étaient peut-être très courrantes parmi le sdrow, mais ce genre de choses n'étaient pas à son goüt, loin de là. C'est donc avec un soupir agacé, un regard blasé et un sourire moqueur qu'elle fit un pas vers celui qui l'accusait, restant tout de même hors de portée des armes. Elle était téméraire, mais pas folle.

-Je n'aime pas vraiment tes paroles, mâle. Lorsque l'on s'adresse à quelqu'un, on a au moins la courtoisie de se présenter. Je ne suis pas une menace pour votre troupe pas plus que votre chef. A vrai dire, je rentre moi aussi de la terre Oësgard, de Serramire plus exactement, et je suis fourbue par le voyage, et affreusement déprimée par la solitude que celui-ci m'a imposé depuis plusieurs mois. Vois, mon carquois est vide. Je peux déposer mes armes devant toi si tu y tiens tant. Me déshabiller reste risqué avec les températures encore froides de la saison. Mais s'il faut cela pour rompre la monotonie de mon voyage en compagnie d'amis, pourquoi pas?

Ilinsar fit tomber son carquois au sol, sortit ses lames de ses bottes, détacha celle qui restait toujours à sa ceinture et exhiba les deux aiguilles de ses cheveux avant de les poser à terre.

Puis, son sourire moqueur toujours aux lèvres, elle lui lança un petit défi pour bien lui faire comprendre qu'une telle méfiance à son égard était risible.

-Si tu crains encore que je sois dangereuse, viens toi même vérifier les plis de mes vêtements et me passer les fers comme à ces esclaves.

Elle s'adressa enfin à Vyl.

-Si tu t'étonnes, Vyl Thanat'khor, que je demande les nouvelles alors même que je reviens d'un endroit proche du tien, c'est uniquement car mon esprit était alors préoccupé par une seule chose, que j'ai mis bien du temps à effectuer. Permets moi de te tutoyer, car je n'ai actuellement pas le coeur aux politesses. Il me reste une outre de vin à moitié pleine. Ton gardien pourra y goûter avant toi s'il craint tant que j'attente à ta vie.
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MessageSujet: Re: Retour au pays [PV Naïm Arjah et Vyl Thanat'khor]   Retour au pays [PV Naïm Arjah et Vyl Thanat'khor] I_icon_minitimeSam 16 Jan 2010 - 1:14

Il s’était interposé de sa propre initiative, sûr de son fait, à la limite de l’arrogance.

Main sur le pommeau de sa dague, il s’était glissé entre son Veldruk et la belle Ilinsar, protégeant l’officier. Il parlait avec une belle assurance rehaussée de froideur, ses yeux dorés crépitant dans le crépuscule comme une flamme vive.

Vyl Thanat’Khor hésita à réprimander ce sbire qui venait de lui couper la parole et lui tournait le dos au mépris de toute politesse. En laissant la jeune femme s’approcher à la toucher, Vyl avait écouté son instinct, et elle jugeait déplacée la suspicion qu’il manifestait à l’encontre de la voyageuse. Mais elle considéra que désavouer ce soldat devant tous les autres en le renvoyant à la gestion de ses propres affaires ferait plus de mal que de bien. Après tout, cet homme ne faisait rien d’autre que de s’acquitter de son travail. Et en jouant le bouclier, il prouvait sa loyauté indéfectible à son supérieur. En outre, il y avait quelque chose de rafraîchissant à observer un mâle qui ne se laissait pas aveugler par la beauté.

Alors qu’il s’adressait à elle pour la mettre en garde contre les dangers d’une confiance trop vite donnée, Vyl le dévisagea, l’œil sec et la mine impassible. Plus petit que bien des enfants d’Elda, fin d’attaches, tout en lui respirait l’agilité et la souplesse. Sa voix suave qui descendait dans les graves, virile et chaude, tranchait avec cette grâce presque féminine qui lui conférait un indéniable charme. Elle reconnut en lui celui qui avait ordonné qu’on mette le feu aux chaumières dans le premier village qu’ils avaient mis à sac en Oësgard. Contrevenant ainsi aux ordres qu’elle avait donné considérant qu’un incendie allumé dans la plaine pouvait attirer, avec l’alerte des secours, les pires ennuis qu’on puisse craindre. Elle ne l’avait jamais rencontré avant cette expédition, mais Gelroos, qu’elle n’avait pas manqué d’interroger à son sujet, avait présenté le Drow comme un assassin de l’élite, réputé pour la belle maîtrise de son Art : une valeur sûre de la Dothka. Son nom lui revenait maintenant : Naïm Arjah…

- D'où viens-tu, Ssin, allons répond ! Ôte donc ces vêtements pour voir ce qu’il s'y cache.

A l’absolue surprise de Vyl, Ilinsar s’était presque exécutée, crachant comme un serpent contre le Sartglin. A peine avait-elle effleuré ses armes que nombre de Sartglins, contaminés par la défiance de Naïm, avaient dégainé les leurs. Le Veldruk les avaient arrêtés d’un signe de la main, stoppant nette l’escalade de la violence. Arjah semblait de taille à régler le problème pour autant qu’il y en eut un. Ilinsar Veldrin avait jeté son armement sur le sol, maugréant contre la méfiance de l’assassin.

- Si tu crains encore que je sois dangereuse, viens toi même vérifier les plis de mes vêtements et me passer les fers comme à ces esclaves.

Vyl considéra qu’il était temps de s’en mêler. Elle posa une main chaude sur l’épaule de Naïm en signe d’apaisement, consciente que par ce geste presque familier, elle lui notifiait tout à la fois ses remerciements, ses félicitations et sa grande considération. Le détail n’échapperait à aucun des témoins de la scène, et c’était là l’objectif que le Veldruk visait. Pour détendre l’atmosphère, la guerrière choisit de se placer sur le terrain d’une toute martiale plaisanterie. Elle aimait à soigner l’aura dont elle jouissait auprès de la troupe en adoptant ses manières.

- Ne le pousse pas à bout, Ilinsar Veldrin ! Quel mâle n’apprécierait pas de glisser ses mains sous les plis de tes vêtements ? Ne fourbis par d’arguments que d’aucuns pourraient retourner contre toi pour le seul plaisir, sous couvert de rechercher une lame trop bien dissimulée, de se repaître de tes charmes merveilleux ! Je connais même des femelles qui donneraient beaucoup pour diligenter elle-même cette fouille au corps !

Vyl avait plissé les yeux de la manière la plus équivoque qui soit en prononçant ces dernières paroles. Après tout, pourquoi retenir cet aveu qui lui brûlait les lèvres ? Les Sartglins, soudain calmes, échangèrent quelques rires gras agrémentés de commentaires salaces, comme il se doit dans la pure tradition militaire.

- Si tu t'étonnes, Vyl Thanat'khor, que je demande les nouvelles alors même que je reviens d'un endroit proche du tien, c'est uniquement car mon esprit était alors préoccupé par une seule chose, que j'ai mis bien du temps à effectuer. Permets moi de te tutoyer, car je n'ai actuellement pas le coeur aux politesses. Il me reste une outre de vin à moitié pleine. Ton gardien pourra y goûter avant toi s'il craint tant que j'attente à ta vie.

La Drow n’avait pas complètement satisfait la curiosité du Veldruk. Ainsi revenait-elle aussi des Contrées Humaines. Mais elle ne fournirait sans doute aucun éclaircissement sur ses propres agissements. Etait-ce aussi important, somme toute, maintenant qu’il était clair que cette donzelle ne présentait pas le moindre danger pour la sécurité de la troupe qui rentrait au Puy ? Vyl songea qu’une simple discussion, en agréable compagnie qui plus est, ne nuirait en rien au confort du voyage. Elle s’approcha de Ilinsar et lui posa les deux mains sur les épaules, plongeant son regard dans le sien, un large sourire fendant son visage rieur.

- J’accepte ton vin avec autant de plaisir que ton tutoiement, ma Sœur ! Et Naïm Arjah, - car c’est ainsi que se nomme mon Gardien comme tu le dis avec tant de justesse ! -, se fera un plaisir de boire après moi !

Vyl se retourna et décocha une oeillade ravageuse à l’assassin, lui faisant bien comprendre que, cette fois ci, il n’aurait pas le choix. Puis, à la cantonade, elle lança ses ordres.

- Gelroos ! Fais stopper notre escouade ! Il fait soif dans les Terres Stériles, et il est grand temps de soigner le bétail avant qu’il ne tombe de fatigue. J’aimerais que ces animaux arrivent frais et dispos au Puy ! Prenons tous un peu de repos…

Gelroos souffla les consignes dans l’oreille du Drow le plus proche de lui, et les instructions fusèrent au sein du Groupe de combat. Les Sartglins firent halte. Pendant que trois hommes prenaient leur tour de garde, les autres resserrèrent les entraves des prisonniers et les firent s’asseoir dans la poussière. La manœuvre n’avait pris qu’une poignée de minutes, et Vyl admira une fois encore la fabuleuse horlogerie de la Dothka.

Renor Suru surgit de nulle part, et déroula sur le sol une couverture de bivouac pour que le Veldruk ne s’accroupisse pas à même le sol. Vyl le remercia en lui claquant les fesses. Puis elle invita Ilinsar et Naïm à jouir de son maigre confort d’officier. Naïm semblait plus calme, bien que demeurant aux aguets. Sa présence avait quelque chose de … réconfortant.

La guerrière se tourna vers Ilinsar, toujours affable.

- Alors, Ilinsar Veldrin ! Dis moi ce que tu veux savoir…
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MessageSujet: Re: Retour au pays [PV Naïm Arjah et Vyl Thanat'khor]   Retour au pays [PV Naïm Arjah et Vyl Thanat'khor] I_icon_minitimeSam 16 Jan 2010 - 10:37


    Il encaissa sans ciller les remarques que lui fit Ilinsar. Ses tentatives d'intimidation ne l'atteignirent pas. Se présenter alors qu'elle déboulait de nul part, et puis quoi encore ? Et puis si elle était vraiment de leur peuple, une de leur soeur, elle ne pouvait pas ne pas avoir entendu parler de lui, Naïm Arjah, fier Ilythiiri de la surface ayant fuit les catacombes froides de Diantra pour venir effleurer la royauté de Puy d'Elda. C'en était presque insultant de se faire épier et ainsi réprimander par cette femelle sortie d'on ne sait trop où. A sa proposition de la fouiller plus en détails, le Drow sembla hésiter et sa main restait toujours parée à dégainer son arme. A cet instant et sous les yeux de sa Veldruk il entama un réquisitoire d'une voix chargée de reproches.

    "Crois-tu que celà me suffit, sotte ? Vérifier les plis de tes vêtements ? C'est ta sincérité envers la matrone que je met en doute, il me faudrait vérifier bien plus qu'une simple enveloppe corporelle pour être rassuré... Et ne prend pas cet air de victime avec moi, les seules personnes qui soient capables de m'émouvoir sont ceux qui se sont battus, qui ont saignés, et qui sont tombés à mes côtés."


    C'est alors que la main de Vyl vint l'arrêter dans son élan et sa méfiance coutumière qui lui attirait souvent les foudres de ses camarades. Il s'inclina brièvement et la laissa reprendre le contrôle de la situation, elle agissait en âme et conscience mais Naïm ne pouvait se résoudre à enlever sa main de sa dague. Si son comportement était excessif, la Veldruk le lui aurait dit sans détour, mais apparamment elle ne s'en plaignait pas, ce qui le rendit un poil plus sûr de lui. Mais une légèreté sembla s'installer entre les deux protagonistes, et l'étrangère prit un peu la confiance sous l'air mécontent de Naïm, qui refusa son vin d'une grimace de dégoût. Il dù finalement s'y résoudre.

    "Je boirais ton vin pour faire plaisir à celle qui t'a gentiment accepté, et non par gaieté de coeur..."

    Le Drow poussa un profond soupir avant de céder à la volonté de Vyl qui avait décidé de faire une pause, ici, alors qu'ils étaient presque arrivés. Il se retint de lui faire une remarque qui serait forcément un poil désobligeante, et resta auprès d'elle par soucis de sécurité, mais toujours debout, par respect. Il continuait de la protéger de cette inconnue qui pouvait très bien lui sauter au cou à tout moment. Il en avait vu d'autres. En revanche bientôt l'idée de discuter un peu avec Vyl après une journée pleine de désagrément ranimait un léger sourire au coin de ses lèvres.

    Il laissait parfois glisser son regard de braise sur les yeux envoûtants de sa Veldruk, mais ne s'y attardait pas, de peur de ne pouvoir y resister et de faillir à sa mission. Ce soir il était une sorte de garde du corps, d'homme de main pour elle, comme pour Tebryn à l'époque, mais qui sait demain ce qu'il serait... Naïm était un être ambivalent, qui ne se limitait jamais à une seule tâche. Un jour assassin sanguinaire, un autre espion rusé, il avait appris à se méfier de tout le monde, jusqu'à ses acolytes même. Gelroos, par exemple, à qui il ne faisait toujours pas confiance, et qu'il traitait parfois durement. Il dévisagea froidement Ilinsar avant de formuler :

    "Au moindre faux pas, je te tranche la gorge."
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MessageSujet: Re: Retour au pays [PV Naïm Arjah et Vyl Thanat'khor]   Retour au pays [PV Naïm Arjah et Vyl Thanat'khor] I_icon_minitimeDim 17 Jan 2010 - 10:02

Ilinsar se permit un sourire plus doux lorsque Vyl accepta finalement de boire avec elle sans plus se soucier des conseils de ce Naïm. Décidémment, celui-ci était peut-être un grand guerrier, mais il devait apprendre à nuancer son jugement... Ce n'est pas parce qu'on aborde quelqu'un qu'on ne connais pas qu'on cherche forcément à l'éliminer. Cette histoire irrita un peu la drow qui ravala son sourire.

D'un oeil distrait, elle observa la gigantesque troupe s'arrêter en un instant, dans un ordre parfait. Elle ne put s'empêcher d'être impressionnée par tant de dicipline, surtout dans une branche aussi instable que la Dothka. A ce qu'elle en avait apprit de Nym lui-même, c'était une section entièrement composée d'assassin. On ne pouvait jamais savoir quand l'un d'eux déciderait qu'il était temps de changer de chef. Pourtant, tous les Sartglins ici semblaient fidèles à leur meneuse. Leur réaction lorsqu'Ilinsar avait sortit ses armes le prouvait.

Elle ne comprendrait jamais vraiment les mâles.

C'est donc avec un esprit mitigé qu'elle s'assit à son tour sur la couverture avec la Veldruck, sortant finalement son outre en peau de chèvre. Lees menaces de Naïm ne l'effrayaient pas, d'autant plus qu'elle avait bien saisit les coup d'oeil désireux que celui-ci envoyait parfois à son chef. Chef qui n'avait par ailleurs pas caché son attirance pour les femmes comme pour les hommes... La vie devait être bien palpitante aux côtés de cette drow... Finalement, Ilinsar choisit d'ignorer les avertissements de Naïm. Ce n'était après tout que son travail de veiller à ce que son chef reste en vie assez longtemps pour les mener à bon port. Point final. Donc la drow ne l'ennuierait plus avec ses réflexions un peu trop franches pour des assassins de leur espèce.

Elle déboucha l'outre avec les dents et en but un gorgée, avant de l'offir à Vyl, prouvant ainsi la non-présence du poison. Elle avait toujours fait ce petit rituel lorsqu'il fallait offrir à boire à un congénère. Les autres peuples... elle les tuait avant de partager la moindre coupe...

- Alors, Ilinsar Veldrin ! Dis moi ce que tu veux savoir…

- Je suis partie il y a plusieurs mois de cela, au début de l'hiver il me semble. Si cette troupe s'en est allée plus tard, quelles nouvelles du pays peux-tu me donner? Il ne m'est parvenu aucun écho dans les terres de Serramire. L'ex-duché semblait imperméable au monde extérieur, sans doute à cause des troubles. Il y avait des soldats partout. Que sais-tu de tout cela, Vyl, que tu puisse me révéler sans trahir les tiens, car c'est loin d'être ma volonté que de te mettre dans l'embarras.
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MessageSujet: Re: Retour au pays [PV Naïm Arjah et Vyl Thanat'khor]   Retour au pays [PV Naïm Arjah et Vyl Thanat'khor] I_icon_minitimeLun 18 Jan 2010 - 23:41

Vyl regarda avec amusement la jeune Drow boire son vin à la régalade, son regard encoléré rivé à celui non moins furibond du fougueux Naïm. Par souci de faire la preuve de ses bonnes intentions, la belle était tombée dans les rets de l’assassin : plutôt que de l’ignorer superbement, elle l’affrontait, dressée sur ses jolis ergots, et par là même, se vautrait dans le jeu du godelureau.

La guerrière réfléchit un temps à ce qu’aurait pu être sa propre réaction si le Destin avait voulu qu’elle soit à la place de la danseuse. Car dans la grâce des gestes de la fille, elle n’en finissait plus de reconnaître l’élégance et la fluidité de celles qui ont longtemps exercé leur corps.

Sa nature profonde l’aurait poussé au combat : les lames auraient chanté dans la douce pénombre du crépuscule qui s’installait. Les Drow étaient accoutumés de ce genre de duels qui s’achèvent souvent à la première blessure pour peu qu’elle soit vraiment spectaculaire. Les Sartglins auraient fait le cercle autour des combattants. On aurait parié, beuglé des encouragements. Des bagarres se seraient allumées dans l’assistance pour des questions de préséance, pour une bousculade involontaire, pour le simple plaisir de se battre aussi. Naïm jouissait de cette belle réputation qui en faisait une cible intéressante pour un aventurier en mal de reconnaissance. Lui couper le cuir, faire couler son sang, même en cas de défaite, aurait suffi à exhumer tel ou tel quidam de son insupportable anonymat. De toute façon, avec elle, il n’aurait pas eu la victoire aisée : Vyl cumulait la ruse du serpent et la force de la panthère. Mais elle avait un avantage, conféré par la naissance, que peu lui envieraient si par malheur l’information circulait dans les rangs : Vyl Thanat’Khor n’avait rien à perdre, et pouvait tout risquer sur un seul coup de tête. N’avait-elle pas pris le nom populaire de la Grande Déesse en remplacement de celui d’un père qu’elle n’avait jamais connu, et d’une mère dont il était urgent d’oublier jusqu’à l’existence, pour le seul plaisir de se rappeler chaque jour que la Mort serait toujours sa meilleure alliée ?

D’un autre côté, - et c’était là l’autre hypothèse qu’elle pesait dans sa balance mentale -, Vyl savait qu’elle aurait pris encore plus de plaisir à séduire ce mâle dont elle aurait essuyé les rebuffades. Il n’y a pas de plus grand délice que d’obtenir par la perversité ce que l’intelligence ou la force répugnent à offrir. N’était-il pas séduisant, ce fin Naïm Arjah ? Que pouvait valoir au lit un farouche Ilythiiri plein de morgue et de suffisance ? Et puis, se donner pour mieux se reprendre présentait tant de possibilités : comme celle de mordre à pleine dent dans la jugulaire d’un amant alangui pour lui faire payer ses outrages par exemple…

La pensée la fit certainement esquisser un sourire, mais elle décida que cela n’avait plus la moindre importance qu’on le remarqua ou pas : les officiers peuvent se permettre certaines libertés dans leurs rapports avec la soldatesque. Mais Ilinsar semblait fabriquée dans un autre bois qu’elle : réactive et nerveuse, elle tenait tête et défiait la possessive virilité du Velg’lam.

Vyl attrapa au vol la gourde de peau que lui lança Ilinsar.

Elle remercia d’un signe de tête et d’un sourire. Encore un sourire. Cette grimace malfaisante qui balafre le visage des femelles. Cet acquiescement honteux du bonheur ou du plaisir. Elle détestait sourire, craignant qu’en écartant légèrement ses lèvres pulpeuses et en faisant scintiller le feu de ses yeux, l’autre, l’éternel et abject ennemi, finisse par pénétrer son âme… Pourtant, elle reconnaissait sans difficulté quelle arme fabuleuse le sourire allumé à la bouche d’une fille s’avérait parfois. Combien s’étaient mépris sur le sens réel de cette expression, Vyl n’aurait su le dire, mais certains avaient payé leur erreur de leur vie et le souvenir de ces âmes prises par surprises avivait encore la joie qui se peignait sur la face du Veldruk lorsqu’elle souriait. Car Vyl pouvait sourire pour mille raisons, même lorsque la fureur lui dévorait les entrailles.

Elle tendit l’outre au-dessus de sa tête, ouvrant grand la bouche, et laissa le vin couler en un mince filet dans sa gorge. Elle préférait les alcools plus forts, aux accents plus corsés, plus entêtants, mais le breuvage d’Ilinsar lui fit l’effet d’une boisson divine après tant de lunes de privations. Depuis combien de temps n’avait-elle pas éprouvé un tel plaisir ? Elle ne sut se le rappeler, et préféra s’accorder une autre rasade. Et une autre encore. Avant de tendre la gourde à Naïm, récalcitrant.

- Bois, Velg’lam, et fais le à la santé de notre invitée ! Pas parce que je te le demande ! Mais parce que cela est juste de remercier et d’honorer quelqu’un qui partage avec nous un si bel hydromel ! Je suis lasse de tes soupçons, et encore plus de ton impolitesse…

Sa voix, chantante et joyeuse, désavouait la dureté apparente de ses mots. Vyl Thanat’Khor joignit le geste à la parole, accordant une tape amicale sur l’épaule de Naïm, comme elle l’eut fait à un ami si elle en avait eu un. Par là même, elle souhaitait le rassurer sur ses intentions à son égard : si elle lui donnait effectivement un ordre, elle tempérait ce propos par un rien de bienveillance afin que son guerrier ne se sente pas insulté.

- Tu fais un travail remarquable, Naïm Arjah, et je ne saurais jamais te remercier assez de te soucier de mon sort. Mais mon instinct me commande d’accorder ma confiance à cette femme. Et mon instinct me trompe moins rarement que mon esprit…

Elle se tourna vers Ilinsar, un sourire aux lèvres. Encore un, se dit-elle. Mais celui là signifiait que la présence d’Ilinsar lui plaisait. Que cette femelle au tempérament trempé et à la langue aiguisée lui plaisait. Que la situation qu’elle vivait, - un peu de délassement après tant d’épreuves -, lui procurait le plus grand réconfort.

- Que sais-tu de tout cela, Vyl, que tu puisse me révéler sans trahir les tiens, car c'est loin d'être ma volonté que de te mettre dans l'embarras.

- Ne te soucie guère de mon embarras, Belle Ilinsar ! Je te dirai ce que je sais. Et puis après, tu me diras, toi, ce que tu peux me dire. Ensuite, nous marcherons ensemble jusqu’au Puy, si c’est là ta destination finale.

Vyl ne laissait pas le choix à Ilinsar : elle devrait elle aussi lui narrer son voyage dans les contrées humaines. Tous autour d’elles captèrent le message, même s’il était impossible d’y voir la moindre ombre de menace. Ilinsar Veldrin ne quitterait pas la couverture du Veldruk en un seul morceau si elle ne déliait pas sa langue à son tour. La Dothka aimait à tout savoir… Vyl pensa que Naïm goûterait à la subtilité de son discours…

- Pour tout dire, Ilinsar Veldrin, les Hommes se sont entredéchirés dans une guerre de plusieurs lunes. Partout, les révoltes se sont allumées comme les incendies furieux dont accouche un été trop chaud dans nos plaines trop sèches. On m’a raconté que des Barons ont défié l’autorité de Trystan et qu’ils ont marché avec leurs troupes sur la capitale, Diantra. D’après mes informations, il ne resterait que des ruines de cette fière cité ! Et comme la peste ou le choléra, les miasmes de la trahison se sont répandus sur tout leur maudit royaume, et les frères ont défié les frères. J’étais en Serramire lorsque le Duc a levé son Ost pour courir sus Oësgard pour mater son vassal félon. Il est venu des soldats de l’ouest pour faire tomber la Citadelle Noire. Il t’amusera sans doute de savoir que j’étais personnellement dans les prisons de la capitale d’Oësgard lorsque les Serramirois ont pointé leur vilain nez à l’horizon. J’ai vu comme je te vois les soldats cerner la forteresse. Je surveillais tout cela du haut d’une colline, et j’attendais avec impatience, et gourmandise, que les hommes se jettent les uns sur les autres, comme les chiens qu’ils sont, pour se disputer les restes d’une Baronnie mourante. Mais quelle fut ma déception lorsque je vis les portes de la citadelle s’ouvrir d’elle-même ! Des traîtres ont offert la ville à Serramire. Et pour moi, Oësgard sera à tout jamais Oësgard-la-Putain, qui ouvre ses cuisses avant même qu’on le lui demande ! J’étais tellement contrariée que je me suis offert le luxe suprême de tirer sur le Duc de Serramire qui entrait en triomphe dans la cité offerte ! Il y est rentré sur une civière, enfiévré par le poison qui enduisait ma flèche. Trop peu pour qu’il crève. Assez pour que son délire distille dans son âme quelques visions d’apocalypse ! Et puis, comme une nuée de mouches qui se repaît d’un cadavre et qu’une bourrasque de vent dérange, les soldats sont partis, laissant Oësgard sans défense. Tous filaient vers l’ouest. Qu’allait-il faire, je ne le sais…

Vyl reprit des mains de Naïm la gourde et but une autre rasade sans même demander la permission.


- Ton vin est délicieux, Belle Ilinsar !

La guerrière s’essuya les lèvres du revers de la main et rendit l’outre à la jeune Drow.

- Pendant ce temps là, quelques milliers de Drow conduits par le Barra de la Dothka, mon Seigneur et Maître, attendaient en Aduram. Ils attendaient que le reste de l’Ost Noir ne les rejoigne pour saigner ces contrées exsangues. Ils attendaient, tapis dans l’ombre, un signe d’Elda pour fondre sur l’ennemi et ravager les Terres Humaines aussi loin qu’il aurait été possible. Mais le signe n’est pas venu.

Vyl se tourna vers Naïm.

- Tu y étais, Velg’lam, non ? Raconte-nous ce qui se passait en Aduram ?
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MessageSujet: Re: Retour au pays [PV Naïm Arjah et Vyl Thanat'khor]   Retour au pays [PV Naïm Arjah et Vyl Thanat'khor] I_icon_minitimeMar 19 Jan 2010 - 19:31


    Ilinsar avait finalement décidé de ne pas répondre à sa menace verbale... Bien, femelle, sage décision que de ne pas répondre à Naïm Arjah, encore moins devant ses frères d'armes et sa Veldruk. On disait souvent en riant que ce Drow nerveux de Arjah était sans doute capable d'assassiner toutes les personnes qui contesteraient son autorité ou encore qui voudraient lui faire de l'ombre. Comme de tuer un condisciple sur un simple coup de tête. Ce qui était sûr c'est qu'il prenait un vif plaisir à choquer par ses manières absolument non-conventionnelles... Mais n'était-ce pas là la nature de leur race, agir comme bon leur semble sans se soucier des éthiques elfiques voire humanistes? En tout cas pour lui, le fait qu'Ilinsar se soit tut était bel et bien un acte de soumission et c'était toujours assez jouissif pour ce mâle dominant, même s'il savait se montrer subtil parfois.

    Toujours est-il que Vyl l'invita à boire une nouvelle fois, mais ça sonnait plus comme un ordre cette fois-ci même si elle savait parfaitement que donner des ordres à Naïm, c'était l'insulter... Ainsi elle avait adopté un ton assez doux pour ne pas risquer un conflit avec son homme, même si celui-ci était loin de sauter au cou de quelqu'un pour une simple tonalité excessive... Mais le beau mâle n'était pas non plus là pour planter deux baisers sur les joues de la vénérable Veldruk, ni festoyer car il ne revenait pas d'une victoire, non... Il se contenta donc de se saisir de la gourde de Vyl avec un signe de la tête pour la remercier, ne portant pas plus d'intérêt à Ilinsar qu'à un hargluk quelconque. Puis le Velg’lam accueillit les propos de la dame sans ciller, des compliments qui sonnaient pourtant un peux faux dans l'oreille de Naïm...

    "Si je puis me permettre, Veldruk, je ne fais que mon travail, et je n'ai pas plus de mérite que n'importe lequel de ces Sargtlins ici présents . J'ai juste eu le bon sens de vous protéger d'une éventuelle menace, car nos yeux ont la sale manie de sans cesse nous tromper... Je fus assassin et espion de Rylint'ar jadis, ne l'oubliez pas. Mais soit, si vous lui accordez votre confiance, je pourrais bien faire un effort..." finit-il avec une immense concession pour mettre son vaste égo et sa fierté d'Ilythiiri de côté...

    Sans compter que les longues années de silence et de solitude dans les cachots de Diantra lui avaient forcés très tôt à se méfier jusqu'aux simples ombres qui rôdent et qui parfois s'attardent sur les murs froids... Passer d'interminables journées sans voir la lumière que derrière des barreaux de verres, tourner et retourner sans cesse les mêmes pensées dans sa tête, la sentir bourdonner et voir ses émotions dépérir au fil des jours, enflement d'une révolte si étouffée qu'elle finit par pourrir l'être de l'intérieur... Il ne fallait pas s'étonner du coup si Naïm avait parfois un peu de mal à maîtriser ses pulsions. Finalement le Drow força ses jambes puissantes à se plier pour s'asseoir et resta là, les yeux dans le vague, écoutant avec attention tout de même le discours de la forte Vyl. Il savait tout celà, les conflits qui s'intensifiaient chez les humains, il y avait aussi assisté à plusieurs reprises...

    "Beremas est fumante et avec elle l'espoir des humains qui brûle de jour en jour. Mais dans ses décombres le Capitaine des Légions noires a attiré 400 de nos frères dans la mort à l'aide d'un odieux subterfuge. Notre armée est sur le chemin du retour, et elle compte quelques centaines d'esclaves."fit-il pour répondre aux interrogations de Vyl.
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MessageSujet: Re: Retour au pays [PV Naïm Arjah et Vyl Thanat'khor]   Retour au pays [PV Naïm Arjah et Vyl Thanat'khor] I_icon_minitimeJeu 21 Jan 2010 - 20:30

Ilinsar se sentit respirer plus librement lorsqu'enfin Vyl mit fin à la méfiance générale de tous ces mâles autour d'elles. Pas que les regards la dérengent, loin de là, elle en avait l'habitude avec son emploi pour heures perdues... Mais sentir une hostilité si marquée alors que la fatigue du voyage et la solitude se révélaient si prenantes ne lui plaisait pas du tout.

Elle foudroya donc généreusement Naîm du regard, puis écouta religieusement les paroles de la Veldruk en ignorant avec la même assiduité ce garde du corps définitivement antipathique. Pourtant, ce n'était pas comme si elle avait été si désagréable avec lui. Pour être franc, elle avait même été plutôt calme jusque là, ce qui risquait malheureusement de changer rapidement s'il continuait à la prendre de haut...

Grrr... Ce qu'elle pouvait haïr les mâles et leur égo...

- Pour tout dire, Ilinsar Veldrin, les Hommes se sont entredéchirés dans une guerre de plusieurs lunes. Partout, les révoltes se sont allumées comme les incendies furieux dont accouche un été trop chaud dans nos plaines trop sèches. On m’a raconté que des Barons ont défié l’autorité de Trystan et qu’ils ont marché avec leurs troupes sur la capitale, Diantra. D’après mes informations, il ne resterait que des ruines de cette fière cité ! Et comme la peste ou le choléra, les miasmes de la trahison se sont répandus sur tout leur maudit royaume, et les frères ont défié les frères. J’étais en Serramire lorsque le Duc a levé son Ost pour courir sus Oësgard pour mater son vassal félon. Il est venu des soldats de l’ouest pour faire tomber la Citadelle Noire. Il t’amusera sans doute de savoir que j’étais personnellement dans les prisons de la capitale d’Oësgard lorsque les Serramirois ont pointé leur vilain nez à l’horizon. J’ai vu comme je te vois les soldats cerner la forteresse. Je surveillais tout cela du haut d’une colline, et j’attendais avec impatience, et gourmandise, que les hommes se jettent les uns sur les autres, comme les chiens qu’ils sont, pour se disputer les restes d’une Baronnie mourante. Mais quelle fut ma déception lorsque je vis les portes de la citadelle s’ouvrir d’elle-même ! Des traîtres ont offert la ville à Serramire. Et pour moi, Oësgard sera à tout jamais Oësgard-la-Putain, qui ouvre ses cuisses avant même qu’on le lui demande ! J’étais tellement contrariée que je me suis offert le luxe suprême de tirer sur le Duc de Serramire qui entrait en triomphe dans la cité offerte ! Il y est rentré sur une civière, enfiévré par le poison qui enduisait ma flèche. Trop peu pour qu’il crève. Assez pour que son délire distille dans son âme quelques visions d’apocalypse ! Et puis, comme une nuée de mouches qui se repaît d’un cadavre et qu’une bourrasque de vent dérange, les soldats sont partis, laissant Oësgard sans défense. Tous filaient vers l’ouest. Qu’allait-il faire, je ne le sais…

Ilinsar étudia soigneusement les informations qu'elle venait de recevoir. Une révolte massive des humains, ça n'était pas nouveau. En revanche, un personnage qui l'intéressait fortement était intervenu... Le petit "Duc" (décidément, ça ne passait toujours pas, même en pensées...) s'était rendu en Oësgard. Mais était-ce avant qu'elle ne soit capturée et torturée ou bien juste ensuite, dans l'inteervalle des trois jours qui suivirent l'annonce de sa destitution? Sans doute était-ce avant. Pourtant, ce fou ne lui avait pas semblé blessé dans les cachots... Etrange.

Un nouveau sourire se dessina sur ses lèvres, clairement amusé.

-Un nom fort bien choisit pour une ville appartenant à ces pathétiques humains... Mais continue, je te prie...

- Pendant ce temps là, quelques milliers de Drow conduits par le Barra de la Dothka, mon Seigneur et Maître, attendaient en Aduram. Ils attendaient que le reste de l’Ost Noir ne les rejoigne pour saigner ces contrées exsangues. Ils attendaient, tapis dans l’ombre, un signe d’Elda pour fondre sur l’ennemi et ravager les Terres Humaines aussi loin qu’il aurait été possible. Mais le signe n’est pas venu.

Cette fois, Ilinsar tiqua. Elda n'avait pas donné de signal pour lancer les troupes? Alors que le pays des hommes était à leur merci? Que tous les meilleurs guerriers se rassemblaient pour porter un coup fatal à ces créatures insignifiantes? La drow laissa passer sa stupeur sur son visage pâlit. Elle ne pouvait décemment pas ne pas partager son étonnement et son désarrois face à une telle situation.

- Tu y étais, Velg’lam, non ? Raconte-nous ce qui se passait en Aduram ?

Ilinsar fixa à son tour le garde du corps. Oubliée sa petite rancoeur à son égard. Pour l'instant, elle ne demandait qu'à comprendre ce qui, bon sang de bois, pouvait être passé dans la tête de leur dirigeants, même si personne ici ne pourrait sans doute lui en dire davantage.

-Beremas est fumante et avec elle l'espoir des humains qui brûle de jour en jour. Mais dans ses décombres le Capitaine des Légions noires a attiré 400 de nos frères dans la mort à l'aide d'un odieux subterfuge. Notre armée est sur le chemin du retour, et elle compte quelques centaines d'esclaves.

La drow tiqua de nouveau. Le capitaine de la légion noire? Se pourrait-il que Hanegard se soit vite remit de ses blessures? Où alors... était-ce lorsqu'elle attendait son arrivée? Rien ne pouvait le lui dire clairement. Elle garda donc le silence, renfrognée... Que se passait-il dans ce monde de fous...

Stop. La révolte humaine avait été matée à peu près comme il le fallait quand Merwin avait été destitué. Tous ces évènements devaient donc avoir eu lieu avant et un peu après sa capture... Dire qu'elle était restée coupée du monde si longtemps...

Le silence s'était établit sur la couverture. Elle releva donc la tête en comprenant que c'était à son tour de révéler ses activités...

- Je me suis rendue en Oësgard au début de l'hiver, afin de servir d'éclaireur pour deux de mes employeurs, puis pour observer la place. Au bout d'un mois et demi, je me suis déplacée jusqu'en Serramire six semaine plus tard, alors que je prenait du repos après quelques jours de veille une patrouille m'a surprise dans un vieux corps de garde. Je les ai éliminés tous les dix. Mais dix autres sont arrivés. Tous de la légion noire, menés par leur capitaine. J'ai pu en tuer cinq autres avant d'être prise. Ils m'ont ramenée au chateau du "Duc" (grincement de dent). J'ai pu m'échapper à peine une nuit plus tard et suis restée dans les terres humaines pour me venger. Ces imbéciles m'avaient soignés sans me droguer... ma revanche prise, je suis rentrée directement au lieu d'attendre des ordres qui ne venaient pas.

Elle fit une pause puis se tourna vers Naïm.

-Ce capitaine de la légion noire... Sais-tu quel était son nom? demanda-t-elle.

Si Hanegard avait empêché les siens d'agir... il verrait de nouveau sa némésis très bientôt... Jamais elle n'aurait du lui permettre de s'échapper...
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MessageSujet: Re: Retour au pays [PV Naïm Arjah et Vyl Thanat'khor]   Retour au pays [PV Naïm Arjah et Vyl Thanat'khor] I_icon_minitimeSam 23 Jan 2010 - 11:44

Vyl plongea son regard de sang dans celui de son Velg’lam : elle répondrait à sa place à la question d’Ilinsar. Lyme avait raconté à sa favorite tout ce qu’il lui était utile de savoir sur la bataille de Beremas. Et la guerrière avait compris entre les mots qu’il faudrait que la Dothka, un jour prochain, se charge de ce seigneur humain qui avait pris les âmes de quelques centaines de Sartglins. Une telle offense ne saurait rester impunie.

- Le chien qui s’est dressé contre l’Ost Noir dans Beremas se nomme Hanegard Kastelord. C’est ce que nous ont confié quelques humains méticuleusement interrogés par des Drows aux mains expertes. Puisse Uriz condamner cette vermine à une mort lente et douloureuse !

Vyl cracha dans la poussière, une lippe de dégoût la défigurant soudain, comme si le nom de l’ennemi avait souillé ses lèvres. Inconsciemment, ses doigts s’étaient resserrés autour du bois de son arc jusqu’à ce que leurs jointures deviennent aussi blanche que du lait. Sa colère s’était réveillée, venimeuse et mortelle. Une fureur froide dirigée contre l’Ost indisciplinée qui s’était jetée dans le piège grossier des humains. Elle avait accueilli les nouvelles de Lyme avec un haut le corps, et elle se reprochait de ne pas avoir été à ses côtés au moment de cette bataille. Elle l’aurait convaincu, elle, de lancer ses guerriers aguerris contre la poignée de misérables cloportes jaillie de nulle part qui s’était porté à la rescousse de l’Oësgard pillé par les Drow. Se replier sans livrer combat ? Donner à ces porcs l’illusion d’une victoire alors qu’il aurait suffit tout simplement de refermer le poing pour briser leur courage comme le plus fin cristal ? Encore une fois, le Barra avait laissé parler son cœur. Il avait voulu épargner quelques centaines de vie. Il s’était épargné à lui-même un carnage. Mais que valait quelques milliers d’existences corrompues comparées à la gloire éternelle d’Elda ? Après Alonna, l’Histoire retiendrait qu’il y avait eu Beremas. La postérité graverait dans le marbre l’image de l’Ost tournant les talons et fuyant vers l’Est, comme des chiens perdus qu’on chasse à coup de pierres alors qu’ils se repaissaient d’une carcasse. Et encore ! Les chiens, instinctivement, auraient défendu leur pitance au mépris de leur propre existence… Vyl avait gardé sa rancœur au fond de son cœur lorsque son Maître lui avait fait conter l’épisode de Beremas. Mais depuis, elle luttait contre les remugles de la haine. Bien sûr, elle avait tourné son ire contre Hanegard Kastelord, mais elle ne pouvait qu’admirer le courage et la détermination d’un Homme qui se lance dans une mêlée à deux contre un contre des Sombres. C’était là suicide ! Et pourtant, le bougre l’avait fait. Par sens du Devoir ? Par soif de vengeance ? Pour l’Honneur ? Quelles que furent ses motivations, Kastelord avait prouvé sa valeur et sa fidélité aux siens. Et on parlerait longtemps de cet acte de bravoure qui confinait à l’acte de foi ! Quant à Lyme… Il était passé à côté d’une vérité première : l’illusion d’une victoire galvanise autant le cœur du combattant qu’une victoire nette et définitive. Après Beremas, les ennemis du Puy vivraient avec l’idée qu’on pouvait encore battre les Sombres. Qu’Alonna n’avait rien appris à la racaille des Terres Arides… Mais, fidèle au Barra, le Veldruk choisit de ternir l’image bienveillante que lui inspirait les Hommes.

- Ce n’est pas la vaillance de ces insectes qui leur a permis de prendre quatre cents vies Drow ! C’est l’indiscipline qui règne dans les tréfonds de l’Ost Noir ! Les Sartglins n’en peuvent plus de demeurer au Puy sans livrer bataille. Les Fils et les Filles de la Guerre s’ennuient et se relâchent ! Ils perdent leurs réflexes et vont jusqu’à oublier de se défier de leurs ennemis, les tenant pour rien. Le Drow est né pour honorer Uriz, et depuis Alonna, nous passons le plus clair de notre temps dans les dentelles d’Isten Okhras’Gaath, - béni soit son nom ! -, et lorsque nous ne nous montons pas les uns sur les autres, nous ne pensons qu’à nous détruire…

L’humeur de Vyl avait tourné. C’est le désespoir qui l’envahissait maintenant. Enfant, elle avait rêvé d’appartenir aux élites d’Elda, s’imaginant le Puy comme la Première des Puissances du Monde. Les Sangs Purs, les Prêtres et les Cadres de l’Ost lui apparaissaient alors comme une sorte de Panthéon dressé entre le Royaume des Vrais Dieux et le marécage poisseux dans lequel se débattaient des créatures éphémères. Les Elfes, les Nains, et les Hommes n’étaient rien d’autre que le bétail que les Sombres fauchaient selon leurs caprices. Mais plus elle s’était élevée dans la Société Drow, plus cette image s’estompait. Son Peuple farouche lui faisait de plus en plus l’impression de se cantonner au rôle déshonorant du Sempiternel Fugitif. Le Drow ne jouait plus depuis longtemps le rôle du chasseur : il était devenu le Gibier. Un gibier certes dangereux et craint. Mais rie de plus qu’un gibier. L’idée seule l’aurait poussé à se trancher la gorge pour échapper à cette triste réalité.

- L’arrière-garde de l’Ost n’a pas pu retenir ses bas instincts. Lorsque Kastelord est apparu sur leurs talons, ces abrutis ont foncé tête baissée, comme le buffle stupide qui charge un chiffon qu’on agite devant ses yeux. Mais l’Ost continuait d’avancer, elle ! Obéissant aux ordres du Karliik Glenn, elle rentrait au Puy avec sa moisson d’esclaves. Ils se sont battus à 400 contre 3000, et ont été submergés. Leur bêtise sera leur linceul ! Et je crains qu’Uriz ne leur accorde pas l’honneur d’une immortalité de miel. Leurs âmes indignes resteront attachées à la glèbe de Beremas jusqu’à la Fin des Fins. Beremas et l’Oësgard sont à jamais maudits. Terres de fantômes souillées par la honte !

Vyl demeura un instant pensive. Elle aurait aimé une autre rasade de vin. Mais il était temps de repartir. Pourtant, une idée lui trottait dans la tête. Sa curiosité estompait les nuages qui ternissaient son âme.

- Dis moi, Ilinsar Veldrin, pourquoi cet intérêt pour ce capitaine de la Légion noire ? Aurais-tu croisé son chemin au cours de ton périple dans les terres de l’ouest ? Si tu connais ce Kastelord, je t’en prie, dis moi tout ce qu’il faut savoir sur ce chien. La Dothka aime savoir, et j’aime connaître mes ennemis…
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MessageSujet: Re: Retour au pays [PV Naïm Arjah et Vyl Thanat'khor]   Retour au pays [PV Naïm Arjah et Vyl Thanat'khor] I_icon_minitimeSam 23 Jan 2010 - 13:41


    "Kastelord." répondit Naïm à Ilinsar avant que Vyl ne prenne la parole.

    Pendant que cette dernière entamait sa longue tirade et ses remontrances, l'assassin s'était resservi un peu de vin et le buvait à grandes gorgées, sa méfiance vis-a-vis d'Ilinsar s'étant complètement envolée. Puis il avait relevé les yeux vers la Veldruk et détaillait de son regard de braise la femelle qui lui faisait face. Elle dégageait une impression de force déstabilisante, son regard était franc, presque dur. Pourtant, l'ombre d'une expression différente flottait encore sur son visage... Naïm n'aurait pu dire laquelle, mais ce genre de sensations le trompait rarement. Peu importe après tout. La première impression n’était pas souvent la bonne. Plus encore ici qu’ailleurs. Il aviserait plus tard.

    Ses yeux rouges de prédateur glissèrent ensuite fugitivement sur les courbes d'Ilinsar. Celles-ci paraissaient dessinées avec la souplesse d'un pinceau de calligraphie elfique. Puis son regard rencontra celui de la danseuse. Il l’observa un instant. Essayant de deviner ce qui se cachait derrière ce regard d'aguicheuse. Il avait quelque chose d’indéfinissablement supérieur. Comme-ci, au fond, son art l’élevait de la bassesse dans laquelle chaque Drow était plongé au cours de sa vie. Il tourna la tête, soudainement conscient du regard mortifiant qu'il lui jetait involontairement, et soupira...

    "Si on m'avait laissé faire, j'aurai brisé ce Capitaine." affirma t-il avant de se lever en s’inclinant légèrement, d’un geste souple, qui avait quelque chose de félin. Ses cheveux ondulés, aux reflets si particuliers se balançant sur son épaule.

    "Ceci dit, " poursuivit-il, "j'ai eu mon compte de discussions sérieuses pour la journée, aussi, je doute que votre présence, ma soeur, nous aidera à mieux supporter les multiples échecs que nous avons essuyés." conclut-il en prenant congé des deux femmes. Mais avant...

    "Cependant, Illinsar Veldrin, maintenant que nous nous connaissons, j’espère que vous me ferez voir vos talents. L’art de manier les mouvements et de transformer les moindres gestes en prouesses m’a toujours fasciné." lui confia t-il sans gêne, ne se souciant pas de passer pour un affamé aux yeux de sa Veldruk. D’un mouvement lent, il remit en place ses vêtements et ajouta, d'un ton calme doté d'un soupçon d'autorité innée.

    "Mais le moment est mal choisi. Nous en reparlerons plus tard, je l’espère."

    Il s'éloigna et effectua à son tour un petit tour de garde, voir si tout allait bien, puis déclara alors d'une voix posée, dépourvue d’émotion qui était la sienne :

    "Préparez-vous mes frères, nous n'allons pas tarder à repartir.

    Qu'as-tu à me regarder toi?" cracha t-il soudain à un prisonnier qui se trouvait un peu trop près de lui, et qui reçut un coup de pied dans la mâchoire en guise de salut.

    Enervé par cette pause qui n'avait servit à rien à part confirmer des informations qu'ils connaissaient déjà, et permettre à Vyl de cracher un peu plus sa rage sur l'incapacité de leurs troupes, Naïm fusilla Gelroos du regard alors que celui-ci ne semblait pas décidé à lever son sale postérieur du sol. Comme à son habitude, sa seule présence bousculait le calme et la sérénité que l'ancien homme de main de Tebryn s'était forgé jusque là. Et le hasard l'avait mis en sa présence alors qu'il revenait d'une bataille bâclée et qu'il avait besoin de calmer ses nerfs sur quelqu'un... Le regard qu'échangèrent les deux gens n'avait pas matière à doute: ils se connaissaient déjà sinon bien, au moins assez bien pour se haïr.

    "Ne me regarde pas comme ça, pourriture. Je te crèverai à Elda." s'écria t-il alors, laissant s'exprimer la rage qu'il retenait depuis quelques heures devant tous ses frères.

    Il devait rentrer à présent. Même tous seul. Il rejoindrait un autre esquadron de l'Ost, qu'importe, mais il ne supportait plus de rester ici à attendre il-ne-savait-quoi. C'était insultant pour un homme d'action comme lui.

    (fini pour moi)
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MessageSujet: Re: Retour au pays [PV Naïm Arjah et Vyl Thanat'khor]   Retour au pays [PV Naïm Arjah et Vyl Thanat'khor] I_icon_minitimeSam 23 Jan 2010 - 16:38

- Le chien qui s’est dressé contre l’Ost Noir dans Beremas se nomme Hanegard Kastelord. C’est ce que nous ont confié quelques humains méticuleusement interrogés par des Drows aux mains expertes. Puisse Uriz condamner cette vermine à une mort lente et douloureuse !

A peine Ilinsar eut-elle entendu le nom honni qu'elle se tendit toute entière, ses dents percèrent la chair de sa lèvre et ses eux foudroyèrent le vide devant elle. Le chien! A peine en avait-elle terminé avec lui qu'il s'empressait de porter atteinte à tout son peuple en quelques jours. La défaite devenait en quelque sorte de sa propre faute. Elle savait que l'humain était malin, habile, et que son courage était exemplaire, raison pour laquelle elle le respectait encore un peu, en tant que chasseur de talent. Mais un tel outrage envers tous les drows ne resterait jamais impuni, elle se le jurait. Cet homme, il ne connaîtrait jamais le repos tant qu'elle serait sur terre, elle en faisait le serment sur son nom et toute son existence. Cette fois, la colère de la drow n'avait plus aucune limite. Ses ongles s'enfoncèrent dans la couverture au sol à presque la percer alors qu'elle se reconcentrait sur les paroles haineuses de Vyl.


- L’arrière-garde de l’Ost n’a pas pu retenir ses bas instincts. Lorsque Kastelord est apparu sur leurs talons, ces abrutis ont foncé tête baissée, comme le buffle stupide qui charge un chiffon qu’on agite devant ses yeux. Mais l’Ost continuait d’avancer, elle ! Obéissant aux ordres du Karliik Glenn, elle rentrait au Puy avec sa moisson d’esclaves. Ils se sont battus à 400 contre 3000, et ont été submergés. Leur bêtise sera leur linceul ! Et je crains qu’Uriz ne leur accorde pas l’honneur d’une immortalité de miel. Leurs âmes indignes resteront attachées à la glèbe de Beremas jusqu’à la Fin des Fins. Beremas et l’Oësgard sont à jamais maudits. Terres de fantômes souillées par la honte !


Ce n'était pas assez, du point de vue d'Ilinsar, pour excuser la faute qu'elle avait commise en permettant à cet humain de s'échapper. Son incompétence était responsable de la défaite du peuple, et cela, jamais elle ne pourrait se le pardonner. Les autres, elle s'en moquait. Mais tant qu'elle refusait d'oublier ses propres torts, cette histoire resterait gravée au fer rouge dans sa mémoire sans le moindre problème.

Elle ne vit que du coin de l'oeil Naïm quitter la couverture et préparer le départ sans plus s'intéresser à elle. Tant mieux.

- Dis moi, Ilinsar Veldrin, pourquoi cet intérêt pour ce capitaine de la Légion noire ? Aurais-tu croisé son chemin au cours de ton périple dans les terres de l’ouest ? Si tu connais ce Kastelord, je t’en prie, dis moi tout ce qu’il faut savoir sur ce chien. La Dothka aime savoir, et j’aime connaître mes ennemis…

La jeune femme se crispa un peu plus. La question qu'elle aurait souhaité éviter. Mais elle ne pourrait pas échapper à l'interrogatoire, et risquer de se faire enfermer dans les geôles sombres pour refus de transmettre des informations ne l'intéressait pas plus que cela. Au fond, n'était-ce pas sa mission lorsqu'elle était partie vers les terres humaines?

-Hanegard... Kastelord, hein?... C'est un chien. Un chien fidèle, à sa patrie et à sa nation. Peu importe qui le dirige, il défendra son pays coûte que coûte. Ainsi m'est-il apparut lors de la nuit de ma capture.

Elle fit une pause puis fixa Vyl droit dans les yeux.

- Cet homme est l'un de ceux qui m'a torturé en compagnie de Merwin de Serramire et de Glen Hereon ... Il n'a aucune pitié pour les drow, et il se moque bien du nombre d'homme qu'il doit perdre pour parvenir à ses fins. J'ai tué cinq de ses hommes avant que ma négligence ne le mène à me surprendre. C'est un homme rusé, aussi furtif qu'un humain puisse l'être. Et résistant, avec ça. Il n'a de cesse de s'accrocher à l'espoir, même dans une situation périlleuse où il ne doit sa vie qu'aux caprices de son bourreau. Ma vengeance, je l'ai exécutée sur lui. Mais par un concours de circonstances, il est parvenu à m'échapper.

Ilinsar avala sa salive en baissant le regard, le sang coulant sur le bord de ses lèvres à force de serrer les dents de fureur. Elle avait mené son peuple à la défaite!

- Cet homme est imprévisible, Vyl. A chaque occasion où je l'ai rencontré, il trouvait toujours une sortie inattendue. Il est infiniment plus dangereux que je ne le pensais au premier abord... Bien qu'il ne vaille pas un drow... A ce que j'ai cru comprendre, ou saisir dans son attitude, il n'a pas de famille proche, pas de femme.

Ilinsar finit par se taire, comme une fillette fautive. Son inexpérience de la prise d'otage la rongerait encore longtemps avant que son crime ne lui soit pardonné, elle le savait.
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MessageSujet: Re: Retour au pays [PV Naïm Arjah et Vyl Thanat'khor]   Retour au pays [PV Naïm Arjah et Vyl Thanat'khor] I_icon_minitimeLun 25 Jan 2010 - 12:05

Le Veldruk avait choisi de ne pas prêter attention à l’attitude discutable de Naïm. L’assassin en faisait trop de son point de vue, et il faudrait un jour mettre bon ordre dans cette mauvaise tête. Ce fat tout rempli de lui-même ne se rendait même pas compte combien son comportement faisait injure à son officier et à ses compagnons d’armes ! L’indiscipline des fortes têtes ! C’est bien cela qui avait causé la catastrophe de Beremas. Vyl regarda son Velg’lam partir avec un sentiment mêlé de colère et de soulagement. Elle n’apprécia pas le moins du monde qu’il quitte les rangs de la troupe qu’elle avait elle-même réunie pour sa mission en Oësgard sans même demander la permission de rejoindre l’Ost. Oubliait-il son rang ? Pour qui se prenait ce fat ? Peut-être avait-il commis sa dernière fanfaronnade en provoquant Gelroos ? Le vétéran ne le lui pardonnerait jamais…

Mais la guerrière avait une autre partie à jouer. Elle se chargerait d’Arjah plus tard. Elle veillerait à ce que le Barra le charge d’une mission dont on ne revient pas. A moins qu’elle ne le fasse mettre aux fers pour désertion ? Très vite, le regard sanglant du Veldruk se détacha du dos du Sartglin qui filait vers le Puy pour revenir se poser, bienveillant, sur la jeune Drow.

Se pouvait-il qu’une Fille d’Elda fasse preuve d’autant de naïveté ? Intérieurement, Vyl se souriait à elle-même devant tant de confiance gaspillée. Ilinsar Veldrin, pour des raisons qui lui échappaient, venait de se mettre à table de la plus belle des façons, et oubliant à qui elle s’adressait, de soulager sa conscience. Ainsi avait-elle été en présence de ce Hanegard Kastelord ! Elle l’avait capturé, torturé, mais « par un concours de circonstances », ce chien avait pu lui échapper. Et il avait pu rejoindre ses troupes pour semer la mort dans les rangs de l’Ost Noir. Un tel aveu devant le Karliik Glenn équivalait à une condamnation à mort. Une mort lente et dégradante, pour trahison. Ilinsar l’avait-elle réalisé en se livrant ainsi, sans la moindre prudence, à la vipère la plus venimeuse de la cruelle Dothka ? Vyl ne put se retenir de passer sa langue sur ses lèvres, comme le fauve qui se pourlèche d’avance du festin que le hasard vient de lui servir. Elle contempla la Drow un long moment, visage impassible, impénétrable. Elle avait déjà décidé qu’elle ne dénoncerait pas Ilinsar aux hiérarques du Puy. La sensualité de la femelle éveillait la sienne, et elle avait toujours apprécié ces individus assez forts pour prendre leur vie en mains et marcher sur leur propre chemin. Vyl, elle, n’avait jamais connu que l’Armée du Triumvire, et la perspective même d’en être un jour écartée la faisait trembler. Mais, malgré tout l’intérêt qu’elle portait à son invitée, comment ne pas profiter de l’aubaine ? Comment laisser passer une telle occasion.

Vyl se pencha vers Ilinsar, se rapprochant jusqu’à presque effleurer son visage avec le sien, et c’est sur le ton de la confidence qu’elle lui chuchota à l’oreille, son souffle chaud caressant la peau de la danseuse.

- « Mais par un concours de circonstances, il est parvenu à m’échapper »… C’est bien ce que tu as dis, belle Ilinsar ? Comment se fait-il qu’il ait pu s’enfuir après que tu l’ais torturé ? Lui as-tu déchiré l’âme et le corps, ou l’as-tu accablé de caresses ? Comment un frêle humain peut-il encore marcher après être passé entre les mains expertes d’une Drow ? Un détail m’échappe peut-être… Te rends-tu compte ce que penserait le Karliik Glenn s’il venait à apprendre qu’un de ses loyaux sujets tenait entre ses mains Hanegard Kastelord ? Et qu’avec ce chien, il tenait dans ses griffes le destin de quatre cents de ses plus fougueux Sartglins ? Je pense, pour ma part, qu’il te faudrait déployer des trésors de conviction pour justifier à notre Maître ce « concours de circonstances » qui a permis à Kastelord de rentrer chez lui, de revêtir sa cuirasse, de monter à cheval et de courir sus l’Ost Noir après que tu l’ais… torturé ?

La guerrière caressa du dos de sa main la joue de la jeune femme. Ainsi donnait-elle l’illusion à ses Sartglins qui n’entendaient goutte à ses chuchotements qu’elle était en train de séduire Ilinsar. On ne pouvait faire confiance à personne, surtout si près d’Elda. Il suffirait qu’un seul Assassin capte le sens des paroles de Vyl pour qu’il utilise l’information à son seul profit.

- Mais ne t’inquiète pas, Ilinsar Veldrin ! Tes paroles resteront à jamais scellées dans mon esprit. Mais…

Vyl se rapprocha encore.

- Tout a un prix… Et mon bienveillant silence vaut de l’or. Tu le sais. Quelle réputation pourrais-tu établir si aux yeux d’Elda tu devenais celle qui a laissé s’échapper Hanegard Kastelord ? Que vaut une vie de déshonneur ? Tu me plais beaucoup, Ilinsar Veldrin. Plus que tu ne peux l’imaginer. J’aimerais qu’à l’avenir tu viennes me rendre visite dans mes appartements privés… Mais cela n’est là qu’une infime partie du tribu à verser pour que j’en vienne à oublier ce que je viens d’entendre. Et je suis sûre que tu prendras autant de plaisir que moi à t’en acquitter…

Le Veldruk se redressa, son œil rouge scintillant. Elle reprit d’une voix plus ferme, moins caressante.

- Tu vas devenir mon agent, Ilinsar Veldrin. Et ce que je te demanderai, tu l’exécuteras sans ciller, sans rien réclamer en retour que mon éternelle reconnaissance. Lorsque j’aurai besoin de tes services, je te le ferai savoir. Et tu répondras à l’appel sans discuter, abandonnant séance tenante tes autres missions, tes quêtes personnelles, et tes menus plaisirs. Je n’ai nul besoin de te dire qu’il est préférable que tu n’oublies jamais que tu as une dette envers moi…

Vyl se releva d’un bond, claquant des doigts. Renor Suru, le petit humain brun qu’elle tenait en laisse depuis Oësgard, surgit de nulle part, prêt à exécuter ses ordres. La guerrière glissa ses longs doigts dans la chevelure de l’enfant, le caressant comme un petit animal, un sourire cruel incendiant son visage. Elle transperça du regard la danseuse encore assise sur la couverture.

- … Car maintenant, Ilinsar Veldrin, et jusqu’à ce que je décide que nous sommes quittes, tu es une servante de la Dothka !
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MessageSujet: Re: Retour au pays [PV Naïm Arjah et Vyl Thanat'khor]   Retour au pays [PV Naïm Arjah et Vyl Thanat'khor] I_icon_minitimeLun 25 Jan 2010 - 18:40

Ilinsar ne se rendit compte de la proximitée de l'autre drow que lorsque son souffle l'effleura doucement au front. Elle releva alors les yeux et tomba droit dans le regard accusateur de la Veldruck, qui la fixait, dure et sans pitié. Ilinsar savait parfaitement qu'elle avait faillit en tant que femme drow, et qu'elle risquait la peine capitale. Mais elle n'était pas du genre à mentir sur ses actes, ou à les ommettre. Quand elle avait été acceptée dans la section des archers de l'armée régulière pour entraînement et préparation au combat, elle se l'était juré. Jamais elle ne renierait ses actes, fussent-ils comme cette fois-ci capables de la mener à la mort. Elle avait faillit, d'accord. Elle en assumerait les conséquences, comme toujours.

Pourtant, le ton incisif de l'autre femme la blessa un peu... Pas trop, mais elle n'aimait pas se sentir tra^tée comme une sale gamine à qui l'on reprochait une bêtise idiote...

- « Mais par un concours de circonstances, il est parvenu à m’échapper »… C’est bien ce que tu as dis, belle Ilinsar ? Comment se fait-il qu’il ait pu s’enfuir après que tu l’ais torturé ? Lui as-tu déchiré l’âme et le corps, ou l’as-tu accablé de caresses ? Comment un frêle humain peut-il encore marcher après être passé entre les mains expertes d’une Drow ? Un détail m’échappe peut-être… Te rends-tu compte ce que penserait le Karliik Glenn s’il venait à apprendre qu’un de ses loyaux sujets tenait entre ses mains Hanegard Kastelord ? Et qu’avec ce chien, il tenait dans ses griffes le destin de quatre cents de ses plus fougueux Sartglins ? Je pense, pour ma part, qu’il te faudrait déployer des trésors de conviction pour justifier à notre Maître ce « concours de circonstances » qui a permis à Kastelord de rentrer chez lui, de revêtir sa cuirasse, de monter à cheval et de courir sus l’Ost Noir après que tu l’ais… torturé ?

Bon, oui, elle s'était mémorablement plantée. Ilinsar ne comprenait d'ailleur toujours pas comment l'humain avait pu avoir assez de force pour tenir sur sa jambe cassée et avoir assez de force pour bander son arc avec son muscle froissé... A bien irréfléchir, elle ne comprenait surtout pas ce qui l'avait poussé à lui obéir alors qu'elle aurait largement pu avoir le dessus sur cet homme blessé... Quelle imbécile! Aveuglée par la vengeance, elle s'était elle-même condamnée.

C'est dans un état second qu'elle ressentit la matin caressante sur sa joue, avant de fixer d'un air perdu cette autre femme. Pourquoi se montrer si tendre alors qu'ele aurait du la traîner dans la boue comme la plus banale des parjures?

- Mais ne t’inquiète pas, Ilinsar Veldrin ! Tes paroles resteront à jamais scellées dans mon esprit. Mais… Tout a un prix… Et mon bienveillant silence vaut de l’or. Tu le sais. Quelle réputation pourrais-tu établir si aux yeux d’Elda tu devenais celle qui a laissé s’échapper Hanegard Kastelord ? Que vaut une vie de déshonneur ? Tu me plais beaucoup, Ilinsar Veldrin. Plus que tu ne peux l’imaginer. J’aimerais qu’à l’avenir tu viennes me rendre visite dans mes appartements privés… Mais cela n’est là qu’une infime partie du tribu à verser pour que j’en vienne à oublier ce que je viens d’entendre. Et je suis sûre que tu prendras autant de plaisir que moi à t’en acquitter…

Ah... un marché. Vyl jouait la commédie pour mieux la tenir dans ses filets. Comme elle avait été naïve... Mais, perturbée comme elle était par les révélations de la troupe, elle n'avait pas su réfléchir. Son inexpérience était flagrante. Pourtant, jamais encore elle n'avait été si manipulable, pas même face à Nhilantar...

C'est assez surprise qu'elle accueillit l'offre de Vyl avant de se permettre un léger sourire assez pâle en comparaison de celui qu'elle avait pu lui offrir un peu plus tôt. Bien, si Vyl le voulait ainsi... elle s'aquiterait volontiers de cette demande. S'il fallait simplement rester fidèle à cette femme charismatique, alors elle le ferait. Même si elle se doutait bien que sa vie pourrait se finir très vite... Trop vite.

- Tu vas devenir mon agent, Ilinsar Veldrin. Et ce que je te demanderai, tu l’exécuteras sans ciller, sans rien réclamer en retour que mon éternelle reconnaissance. Lorsque j’aurai besoin de tes services, je te le ferai savoir. Et tu répondras à l’appel sans discuter, abandonnant séance tenante tes autres missions, tes quêtes personnelles, et tes menus plaisirs. Je n’ai nul besoin de te dire qu’il est préférable que tu n’oublies jamais que tu as une dette envers moi… Car maintenant, Ilinsar Veldrin, et jusqu’à ce que je décide que nous sommes quittes, tu es une servante de la Dothka !

Clouée au sol par le regard de Vyl Thanat'khor, Ilinsar sut que son existence venait de prendre un nouveau tournant. Elle était à présent incluse dans un ordre fixe, avec une hiérarchie et d'autres membres avec lesquels il lui faudrait cohabiter. Des ordres à recevoir...

Mais aussi, un poste fixe, du moins autant que possible, des missions régulières et une amélioration de son mental à la clé. Fini le vagabondage à la recherche d'emplois. Même si une terrible épée de Damoclès pendait au-dessus de son cou, tant qu'elle saurait se montrer efficace et discrète, rien ne pourrait mener Vyl à la dénoncer, surtout si elle savait agir finement... Bien sûr, il lui faudrait du temps avant que les ficelles propres à cette organisation d'assassins lui soient acquises... Mais une fois cela fait...

Ilinsar inclina la tête face à l'autre femme et laissa ses paroles lui échapper.

-Dame Thanat'khor... Je suis à votre service et à celui de la Dothka, de mon peuple.
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