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| A la recherche de l'Eclaireur sans tête... | |
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Belghen
Nain
Nombre de messages : 22 Âge : 150 Date d'inscription : 10/11/2009
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| Sujet: A la recherche de l'Eclaireur sans tête... Sam 16 Jan 2010 - 14:14 | |
| La Garnison de Nerania s’était mobilisée en grande hâte dès que la nouvelle avait couru que le Fils du Seigneur Harald de Thanor et Kynareth Bellum, mandatés par Garmin le Vengeur, rassemblaient les troupes naines pour écraser la peste noire de l’infâme Elda. Coudes au corps, Le 1er Régiment d’Infanterie Légère, composé essentiellement de Duergaï, avait rallié, sous le commandement du Seigneur Belghen, l’armée cantonnée à la Croisée des Peuples. Les Nains avaient dressé leurs yourtes et attendu dans la plus impeccable discipline les ordres de leur Souverain et Maître. Mais rien n’était venu. Des centaines de tonneaux avaient déjà été mis en perce, et l’on craignait d’avoir à manquer. Les chasseurs devaient chaque jour partir plus loin du campement pour trouver pitance, et l’on avait commencé à se rationner. D’inquiétantes rumeurs se murmuraient de bouches à oreilles et assombrissaient jusqu’aux esprits d’habitude les plus optimistes. Le roi Trystan n’en finissait plus de rassembler ses fidèles sous sa bannière, et sa capitale était en ruines. Les Elfes s’enfonçaient dans leur splendide isolement, encore traumatisés par la disparition tragique de la Famille régnante. L’est des Contrées Humaines avait été laissé à l’abandon par les troupes humaines, et on racontait que les Drows s’y promenaient librement sous le soleil. On chuchotait qu’il ne fallait plus espérer que les Elfes et les Hommes regroupent leurs forces pour ébranler la puissance de l’Ost Noir : les Nains étaient seuls maintenant, et ne pouvaient plus compter que sur eux-mêmes. Par la force des choses, les voilà qui se dressaient, abandonnés de tous, contre le Choléra du Puy, seul rempart contre les forces vives de Brylyan Naerth et du Triumvire.
Ce matin là, le Seigneur Belghen, torse poil et vêtu de son seul kilt, méditait sur la situation tout en redressant le fil de sa hache, la légendaire Urmaim, sur une pierre à huile. Morose et renfrogné, il mâchonnait sa chique tout en faisant honneur à un alcool blanc sans saveur qu’il avait acheté à prix d’or à un paysan Oesgardien. De temps à autre, un jet noirâtre giclait d’entre ses dents et sonnait sur le cuivre d’un vilain crachoir de campagne qui tournait sur lui-même sous la violence de l’impact, manquant de se renverser sur les peaux d’ours qui tapissaient le sol de la yourte. Il jetait dans son affûtage toute la hargne que lui inspirait le cours de l’Histoire du Monde, et faisait jaillir des gerbes d’étincelles en caressant le fer gigantesque de son arme. Comme chaque fois que l’inquiétude l’étreignait, Belghen transmutait son anxiété en fureur. Et comme il n’avait personne sur qui passer ses nerfs, il sentait la pression atteindre des sommets jamais encore foulés au pied de sa proverbiale colère.
- Garmin le Vengeur ! Le Vengeur ? Mes fesses, oui ! Garmin l’Indécis plutôt ! L’imprévoyant ! Et si aucune décision n’est prise avant que le Printemps ne prenne, je pencherais pour Garmin le Crétin ! Faire marcher l’Armée Naine sur l’Orient et ne tuer rien d’autre que le temps qui passe ? Foutaise, par les cornes d’Ikthor ! Foutaise !
Belghen avait toujours eu pour le Roi Garmin le plus profond respect, mais s’épancher lui faisait du bien. D’autant que nul n’entendait ses imprécations. D’ailleurs, les eut on entendu que cela n’aurait pas changer grand-chose : par nature, les Nains cultivaient comme leur plus grande qualité l’indépendance d’esprit, et critiquer le pouvoir établi dans les termes les plus verdâtres relevait de l’exercice de style. Et cette sympathique et truculente coutume n’enlevait rien à la loyauté des vassaux à l’égard de celui auquel ils avaient juré allégeance. En outre, Belghen exprimait tout haut dans le privé ce que beaucoup pensaient tout bas. L’Armée Naine était enlisée à l’estuaire de L’Olyia et de la Sirilya, et ruminait sévèrement.
Azdal interrompit les ronchonnements de son Maître en entrant brusquement sous la yourte. Azdal n’avait jamais pu domestiquer la violence de ses gestes, et son irruption fut fracassante, les toiles huilées obstruant les ouvertures éclatant littéralement sous sa charge. Belghen sursauta. Il se prit les pieds dans son crachoir qui en profita pour vomir la mixture gluante et nauséabonde qui lui pesait sur l’estomac, et termina à l’autre bout de son refuge, la hache dressée au dessus de la tête, prête à trancher son agresseur. Devant le regard interloqué d’Azdal qui ne cultivait pas l’intelligence des situations, Belghen posa le fer de sa hache et secoua la tête, découragé mais abasourdi.
- Tu abuses de cet alcool blanc, Seigneur ! Réagit Azdal sur un ton lourd de reproches. Cette saloperie te travaille les tripes et te torture le foie ! Regarde toi ! Tu as le teint jaunâtre, et tu réagis comme pucelle surprise à la sortie du bain !
Belghen préféra ne rien répondre. Il se contenta de soupirer, appuyant son menton sur ses mains jointes calées sur le manche d’Urmaim. Il attendait la suite. Si les Duergaï avaient conservé leur belle autonomie clanique, Azdal aurait été le Capitaine de l’Ost sous l’autorité du Fils de Belgaï. Azdal secondait Belghen dans le commandement du 1er Régiment d’Infanterie Légère de Nerania. C’était un colosse, - il dominait son Maître d’une bonne tête -, d’une efficacité redoutable sur les champs de bataille, craint et respecté par tous. Il veillait au moindre détail. C’est lui qui avait soufflé à l’oreille de Belghen qu’il serait judicieux d’envoyer des éclaireurs en Oesgard. Il y avait trop de rumeurs persistantes sur les Drow pour qu’aucune ne soit fondée. Et si les Sombres étaient en masse en Oesgard, on pouvait craindre que l’Armée Naine soit prise à revers par l’Ost Noir. La sécurité de tous imposait que l’on envoie du monde sur place pour vérifier les informations qui assaillaient l’état-major. Des éclaireurs étaient partis le jour même.
- Seigneur, les éclaireurs sont revenus. Tous ! Sauf un ! Un brave gars du 2ème Lourd de Thanor. Celui là a déjà deux jours de retard par rapport à nos gars. Ils corroborent tous nos craintes, mais nous ont rapporté de belles et bonnes nouvelles. Les Drows étaient bel et bien en Oesgard, mais par la grâce de Mogar, ils ont levé le camp. Et les voilà qui tracent vent du cul dans la plaine vers leur trou à rat ! Cette vermine recule !
Belghen accueillit la nouvelle un rien dubitatif, fronçant le sourcil.
- Ont-ils attaqué la citadelle du Tourmalin ? Combien étaient-ils ? Pourquoi ont-ils renoncé si vite ?
Azdal s’abîma quelques instants dans une profonde réflexion, lissant sa barbe tressée de ses mains calleuses.
- Le Tourmalin n’est plus, Seigneur ! L’histoire raconte qu’il s’est envolé tel un corbeau en compagnie de girondes sorcières. Il avait dit-on perdu la tête et invoquait sans cesse l’existence de forces supérieures qui gouvernaient le monde. Quand je te dis que l’alcool de ces Oesgardiens ne vaut rien de bon ! Comment cela serait-il possible d’ailleurs ! Leur Baronnie n’est qu’un véritable cloaque, et l’eau des plaines est impropre pour une belle distillation…
- Cesse là tes considérations éthyliques, et passe donc à la suite …
Azdal maugréa, furieux qu’on lui coupe la parole alors qu’il allait à l’essentiel.
- Nul ne sait combien étaient ces monstres ! Personne n’a vu la queue de l’Ost ! Comme des loups mités, ils se cachaient dans la forêt et sortaient la nuit pour croquer les brebis égarées. On déplore quelques raids sauvages, et de beaux massacres. Et puis soudain, plus rien… Pfuiiiit ! Ils se sont escamotés dans la verdeur de l’Aduram. Personne n’est capable de me dire quel était leur nombre, et quels objectifs ils poursuivaient. Mais à la fin de l’hiver, ils se sont mis à frapper un peu partout en Oesgard et ils ont disparu.
- Ce que tu me racontes là me plonge dans la plus grande perplexité… Les Drow auraient fait le déplacement du Puy jusqu’aux plaines d’Oesgard, ils auraient constaté la désorganisation totale des Hommes et auraient fait demi tour après s’être livrés à quelques petits raids sans demander leur reste ?
- Mettrais-tu ma parole en doute, Seigneur ?
Azdal avait toujours eu les pieds fragiles et Belghen avait toujours toléré de sa part la plus grande liberté de parole. Il ne put réprimer un sourire devant la réaction outrée de son compagnon d’arme.
- Pas le moins du monde, sombre buse ! Je pense simplement que le monde ne tourne plus tout à fait rond. L’Ost Noir déferle sur l’Est et repart en l’épargnant alors qu’il aurait pu le réduire en cendres... L’Ost Naine déferle sur l’Ouest et quitte l’Oesgard pour la Croisée, sans rencontrer le moindre Drow alors même que nous avons du passé à quelques lieues à peine les uns des autres…
- C’était la volonté d’Ikthor, Seigneur ! S’il avait voulu nous donner la victoire sur les Sombres, il nous aurait mis face à face. Ce n’était pas l’heure, tout simplement ! Il n’y a rien à regretter. Les choses sont ce qu’elles sont et la réalité nous dépasse. Contentons nous d’interpréter les augures et de tracer notre Destin…
- Tes paroles sont frappées au sceau du bon sens Mon Frère, mais on ne peut vaincre un Ennemi aussi puissant que les Drow sans comprendre la mécanique corrompue de leurs motivations. Soit ils sont venus en trop petit nombre pour mener une campagne d’envergure, et je comprends qu’ils aient renoncé. Soit quelque chose de plus important que la conquête des terres occidentales les a rappelé aux confins des Terres Stériles. Et chaque hypothèse aura des incidences fortes sur l’avenir de nos Peuples. Nous ne pouvons pas demeurer sans comprendre…
Azdal s’ébroua, décontenancé. Les réflexions de Belghen l’avaient toujours surpris. Azdal ne se projetait que dans l’instant présent et dans l’action. Quelle importance que les Drow aient battu en retraite pour une raison plutôt qu’une autre ? L’essentiel, c’est qu’ils n’étaient plus là et que les Nains ne leur mettraient pas une raclée sur les terres des Hommes. Il n’y avait plus qu’à attendre les ordres : soit, retourner au Pays sans se battre ! Soit marcher sur Elda ! Rester planté dans la Croisée ne faisait pas de sens.
- Que proposes-tu, Seigneur ?
Belghen avait posé Urmaim et s’habillait, pliant soigneusement son tartan. Il avait l’air soudain plus joyeux.
- Je propose que tu me rassembles quelques Nains motivés, suffisamment libres de leurs engagements avec l’Armée pour pouvoir me suivre dans une petite mission de reconnaissance. J’ai l’intention d’aller enquêter sur place pour voir si je peux rassembler quelques indices sur la présence des Drow. Et puis, comme il faudra donner un motif d’absence au haut commandement, tu diras que je suis parti à la recherche de cet éclaireur du 1er Lourd de Thanor. D’ici là, c’est toi qui prends les rennes du Régiment...
- Je n’aime pas te voir partir seul dans ce genre d’expédition, Seigneur ! Ce n’est pas ta place. Envoie des Guerriers en leur donnant une feuille de route. Mais renonce…
Belghen avait levé la main, impérieux mais souriant.
- Cesse Azdal ! J’ai besoin de me dégourdir les jambes ! |
| | | Lucullus
Nain
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| Sujet: Re: A la recherche de l'Eclaireur sans tête... Dim 17 Jan 2010 - 18:46 | |
| La petite compagnie du lieutenant Lucullus, appartenant au 3ème Régiment d’Infanterie Légère s'occupait... à ne rien faire. En effet depuis leur arrivée à la Croisée des Peuples, ils n'avaient nullement bougé si ce n'est pour chercher leur rata. L'ennuie était palpant dans le camp. Les officiers avaient de plus en plus de mal à motiver les troupes...du combat contre les Drows, voilà ce qu'ils attendaient, mais le problème, c'est que des drows il n'y en avait pas à foison ces temps-ci. Les soldats s'étaient donc résignés à attendre et à boire. Là encore un problème se posait; la bière allait manquer. Lucullus était assis sur un tonneau et taillait un morceau de bois avec l'aide de son couteau. De là, il pouvait surveiller ses nains qui suivaient une partie de dés tout en discutaillant. A ce moment arriva une estafette...
-"Lieutenant Lucullus ?"
-"Lui-même, que veux-tu?"
-"Un message pour vous de la part d'un seigneur"
"D'un seigneur" signifiait bien sûr : d'un seigneur nain et donc par conséquents, cela voulait dire que ce qu'il allait devoir faire n'était pas en rapport avec ce que demandait le haut-commandement. Lucullus fut donc surpris qu'un tel nain lui fasse parvenir un message. Il l'ouvrit tout de même et lu. Il était écrit que le lieutenant Lucullus devaient se rendre auprès du seigneur Belghen responsable du 1er Régiment d’Infanterie Légère pour partir en expédition et retrouver un soldat du 2ème régiment d'infanterie Lourde de Thanor. Il était requis sur-le-champ et devaient remettre le commandement de sa troupe au plus ancien de ses vétérans. La signature était du nom de Azdal. Après l'avoir lu, il congédia l'estafette et se tourna vers ses nains.
-"Amis barbus! Venez donc par ici... Je vais devoir m'absenter un peu, on m'a confié une mission... Je délègue donc mes "pouvoirs" -rires- à Dashgan qui est le doyen de vous tous et de moi-même, mais voilà... "
Après son court discours et les poignées de mains, il s'éloigna de sa troupe en direction de la tente du seigneur Belghen. Sur le chemin il salua quelques nains, refusa des bières (chose qui peut figurer parmi les exploits les plus héroïques du peuple nain) et arriva tant bien que mal à destination. Là il vit déjà un petit groupe de nains converser entre-eux. |
| | | Belghen
Nain
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| Sujet: Re: A la recherche de l'Eclaireur sans tête... Mar 19 Jan 2010 - 0:27 | |
| Azdal devisait gaiement au milieu de ses guerriers.
Tous arboraient fièrement tartan et kilt du Clan Duergaï, chaque famille étalant, dans une symphonie de couleurs vives, le tissage spécifique de ses aïeuls. Malgré l’ancienneté du Clan, aucun autre Nain qu'un Duergaï n'était capable de nommer un Frère sans le connaître à la seule vue du tissu dans lequel était coupée sa « majestueuse parure ».
Le Seigneur Belghen avait fait porter par quelques jeunes estafettes désoeuvrées des missives aux quatre coins du campement Nain, sollicitant l’aide de volontaires pour partir à la recherche de ce pauvre éclaireur dont on n’avait décidemment pas de nouvelle. Belghen savait : l’Honneur des Nains exigeait que nul n’abandonne ses morts sur le champ de bataille. Chacun pouvait sans peine revendiquer des funérailles décentes, car même en temps de guerre, on brûlait les morts en chantant, en buvant et en priant les Dieux. D’ailleurs, le Clan d’un guerrier qu’on avait laissé pourrir la barbe dans la glèbe, en pâture aux corbeaux, jouissait du privilège de rancune à l’égard de ceux qui s'étaient humiliés en baffouant la coutume. Nul ne répugnait à vider un tel affront à coup de hache et le meurtre commis en réparation du préjudice ne dérangeait personne.
Déjà quelques bonnes volontés s’étaient manifestées.
Il revenait à Belghen de choisir ceux qui l’accompagneraient, car il avait décidé, en son âme et conscience, de courir léger cette fois. Il emmènerait les chiens, bien sûr, et certainement pas plus de trois ou quatre gaillards aguerris qui ne craignaient pas les marches forcées en terre inconnue.
Le Colosse partageait avec ses compagnons d’armes sa peur de manquer de bière et de gibier. Les Nains avaient quitté depuis fort longtemps leurs terres et il commençait à faire soif. C’était là le sujet de conversation favori lorsqu’on choisissait de deviser de choses simples. Et le camp bruissait de discours autour du même sujet, entonnés sur tous les tons et dans toutes les tessitures. De quoi démoraliser la troupe.
- … Tu t’rends compte, Balder, on m’a mêm’dit que ces foutus planqués de cantiniers courent la campagne sur nos arrières pour acheter à prix d’or de l’alcool de contrebande ! Et ceusses de Thanor auraient un alambic ? Ca m’étonne, parce que ça sent pas trop de leur côté, sinon la crasse et les barbes à poux. Mais bon, faudrait pas que ça continue ! On tiendra pas deux ou trois lunes de plus sans un ravitaillement digne de ce nom ! A moins qu’on nous demande de vivre sur notre graisse… Et ça, si c’est pour l’honneur du Royaume des Clans, bah, par Mogar, on s’regarda maigrir la panse…
Un Duergaï fit un signe de la tête : il avait aperçu un Lieutenant qui approchait d’un bon pas. Azdal s’interrompit, renfrognant sa mine pour montrer qu’il ne fraternisait pas avec la troupe comme tout bon officier qui se respecte, et congédiant ses Nains de gestes prestes de la main, comme il l’eut fait de quelques volailles.
- Ola, Mon Frère ! Soit le bienvenu au bivouac du 1er Léger de Nerania ! Le Clan Duergaï te salue et te remercie de ta visite. Je suis Azdal le Haut, première hache du Seigneur Belghen, pour te servir ! Que nous vaut ta visite ? Protocole ou mission ?
Azdal ne savait pas faire dans la dentelle. Et nul ne rentrait dans la tente du Chef sans avoir montré patte blanche. D’ailleurs, la Garde, malgré sa posture des plus débonnaires, s’était mise sur le qui vive, prête à intervenir si l’affaire entre Azdal et l’inconnu tournait au carnage. Il n’y avait aucune raison pour qu’on en arrive là, bien sûr, d’autant que le visiteur, visiblement jeune, promenait une trogne avenante et burinée qui faisait plaisir à voir. Mais l’étiquette voulait que chaque régiment démontre à tous les autres combien on ne badinait pas avec l’ordre et la discipline dans ses rangs. Question d’honneur et de fierté…
Azdal s’approcha et leva la main en signe de salutation. L’autre était campée sur le manche d’os d’un poignard de chasse passé à la sauvage dans sa ceinture de cuir clouté et râpé. Une belle lame en vérité, longue, courbe et affûtée, avec laquelle il avait coutume de tailler sa barbe et ses cheveux, et d’achever ses proies.
Il souriait amicalement, mais, manifestement, attendait une réponse. |
| | | Lucullus
Nain
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| Sujet: Re: A la recherche de l'Eclaireur sans tête... Sam 23 Jan 2010 - 12:19 | |
| Lucullus arriva donc aux devants de la tente de Belghen, là un "colosse" interrompit son avancée en lui posant quelques questions. Le nain en question était celui qui lui avait envoyé la missive. Les marques de son clan étaient des plus ostentatoires on ne pouvait les manquer. Il remarqua aussi que tous les nains portaient les mêmes kilts et tartans, ceux du clan Duergaï. Lucullus n'était dans aucun de ces clans. Il en avait cure de toutes ces luttes intestines qui troublaient la stabilité du royaume des nains. Mais il fut impressionné par la carrure de ce nain...qu'il espérait ne jamais avoir à affronter. La main sur son étrange couteau, il souriait. Lucullus aussi lui souriait et il répondit d'un ton des plus avenants:
-"Salut à toi Azdal le Haut, première hache du Seigneur Belghen du Clan Duergaï. Je suis Lucullus fils de Lügrin le Voyageur, lieutenant dans le 3eme régiment d'infanterie légère. Je viens car toi, Azdal, tu m'as convoqué pour mission d'urgence... Je me rends donc au lieu-dit.... Puis-je savoir quand partons-nous et où se trouve ton seigneur? "
C'était donc de manière franche, comme tout bon nain, qu'il avait répondu. Il entendit alors une conversation non-loin de là, origine de multiples rires.
-"L'aut' jour y avait tellement peu d'bière qu'yen à un, eh ben... il a bu de l'eau! Si, si j'vous jure. Il a trouvé un vieux puit humain et il a bu..."
Les conversations continuaient ainsi, toujours sur le même sujet. Lucullus commençait à en avoir raz-la-choppe de ces histoires de bières, mais il endurait. Il pensa tout de même à cette chère bière naine, infiniment sacré. Il chassa vite ces pensées, son sens du devoir reprit bien vite le dessus, laissant de côté les idées utopiques. Désormais, assoiffé mais, ne se plaignant pas, il attendait, la réponse du géant-nain. Mais vint jusqu'à ses narines le doux fumet d'un Drifaron rôti et il réalisa alors, qu'il n'avait toujours pas mangé. Cela posait problème, un nain ne part pas au combat le ventre vide. Sans laisser le temps à Azdal de répondre à sa première question, il surenchérit :
-"Oh! Dis-moi cher Azdal d'où provient cette délicieuse odeur envoûtant mes narines? Allons nous pas nous restaurer avant de prendre la route? Je ne serais guère utile si je ne suis pas rassasié, sache-le."
Il n'était pas très poli de demander de force le couvert, mais il ne s'imaginait tout de même pas jeûner. Lucullus espérait toutefois ne pas avoir froissé son interlocuteur... |
| | | Belghen
Nain
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| Sujet: Re: A la recherche de l'Eclaireur sans tête... Sam 23 Jan 2010 - 14:12 | |
| Azdal éclata de rire : ce bougre, décidemment, faisait bonne figure. Pas d’orgueil mal placé, l’humeur sereine et joyeuse, ainsi que le respect des vraies valeurs de la Race. Autant de qualités qui séduiraient à coup sûr son Seigneur. De son long périple de jeunesse à travers les contrées elfiques et humaines, Belghen avaient rapporté quelques mauvaises manières, certes, - comme cette sale habitude de manger dans une assiette avec une petite fourche par exemple ! Beaucoup s’étaient posés des questions sur la virilité de leur Seigneur après les premières démonstrations de cette foutue petite fourche ! -, mais il demeurait attaché à la franche convivialité qui caractérisait les rapports entre les individus au sein de son Peuple. Il ne pouvait reprocher à certains leur humeur changeante et leur caractère explosif : quelques mouches le piquaient lui-même assez souvent, mais il n’aimait pas s’allier à des Nains dont le comportement s’avérait par trop semblable au sien. Pour tout dire, il ne croyait pas à cette histoire de contre feu qu’on allume pour éteindre un brasier lorsqu’il s’agissait de relations entre des êtres doués de raison. Si lui jouait volontiers le rôle du feu, il n’appréciait rien tant que faire équipe avec l’eau et le vent ; la première pour l’éteindre et l’adoucir, le second pour le réveiller lorsque la situation l’exigeait. Azdal observa un bon moment Lucullus, le sourire aux lèvres, se demandant si le jeune Lieutenant serait l’eau, le vent, ou s’il avait les aptitudes pour endosser les deux rôles.
- (…) Je ne serai guère utile si je ne suis pas rassasié, sache le.
Le colosse éclata d’un rire franc, presque tonitruant.
- Eh bien, toi au moins, tu ne perds pas de vue l’essentiel, Mon Frère !
Disant cela, il décocha une fraternelle tape sur l’épaule du Lieutenant.
- Tu vas plaire à celui qui t’a fait chercher ! Je ne suis que le messager dans cette affaire, Lucullus le Voyageur ! Le vrai mandataire est emmitouflé dans cette belle grande yourte, occupé à affûter sa hache ! Et si j’en crois mon blaire, lui aussi est en train de penser à son estomac ! Nul doute qu’il te conviera à sa table, l’Ami. Il a besoin d’un Nain dans ton genre pour traiter cette histoire qui le préoccupe…
Azdal prit Lucullus par l’épaule, l’invitant à entrer dans la yourte seigneuriale. Comme à son habitude, il donna dans l’opercule un violent coup d’épaule, et poussa le jeune guerrier devant lui. Belghen fit mine de sursauter : il savait combien Azdal prenait plaisir à le surprendre par ses entrées fracassantes, et il aurait été injuste de priver un si bon et loyal compagnon de ses petits bonheurs. Azdal avait une voix qui portait à des lieux à la ronde, - ce qui parfois posait problème, surtout lorsque la neige était fraîche sur les pentes escarpées et que le moindre tremblement déclenchait des avalanches, ou encore, lorsque les Duergaï planquaient en embuscade -, et Belghen n’avait pas perdu une miette de la conversation entre son Second et Lucullus. Comme toujours, le Chef de Clan en rajouta un peu, théâtral, singeant avec un talent certain la surprise et la colère.
- Foutre dieu, Azdal le Haut ! Mogar ne t’a pas confié les lances de la foudre et les tambours du tonnerre pour terroriser le monde que je sache ! Ne pourrais-tu pas, de temps à autre, rentrer séant avec quelques égards pour mon cœur et mes nerfs, vieux sanglier ? J’ai failli m’étouffer avec mon repas, cornes de limace, lorsque j’ai cru que cette foutue tente me tombait sur le chef !
Azdal jubilait intérieurement, mais persuadé que son silence priverait un ami du plaisir d’une joute verbale, - il croyait dur comme fer que ses maladresses fournissaient au tempérament de Belghen les occasions de s’exprimer, et il s’amusait à forcer le trait pour soulager son Seigneur de la mauvaise humeur qui lui empoisonnait les tripes ! –, il enfonça la tête dans les épaules, maugréant d’une voix terne.
- Le manque d’exercice te porte sur les nerfs, Seigneur ! Il est temps pour toi de t’égayer un peu dans la Nature, et je t’amène ici Lucullus, Fils de Lügrin, Lieutenant du 3ème Léger, qui répond vaillamment à l’appel comme le digne Fils de son Père. Sauf ton respect, Seigneur, ce Nain ne mérite pas le mauvais accueil que tu lui réserves en passant ta colère sur ton dévoué serviteur…
Belghen se leva d’un bond, les veines du cou gonflées, la face écarlate. Il en faisait trop, il le savait bien, mais lorsqu’on joue le rôle du blaireau, - les blaireaux ont mauvaise réputation, étant par essence des animaux fort peu civils, colériques, et inhospitaliers -, on le joue jusqu’au bout.
- Ce n’est pas à Lucullus Fils de Lügrin, que je m’adresse, cul d’élan ! Et puisque tu t’es acquitté de ton office, va donc te noyer dans une barrique de flotte, avant que je ne nomme l’âne du chef cuisinier à ta place à la tête de mes Nains !
Azdal haussa les épaules, laissant échapper un gigantesque soupir de lassitude. Il salua Lucullus d’un demi sourire et soulevant délicatement les peaux barrant l’ouverture de la yourte, il sortit en râlant. Belghen attendit quelques instants, s’assurant que son second avait bien vidé le périmètre de sa présence, et lorsqu’il fut certain que le colosse ne pouvait plus l’entendre, il passa dans un tout autre registre.
- Sois le bienvenu, Lieutenant !
Belghen quitta la table et s’avança vers Lucullus, la pêche fendue d’un sourire lumineux. Il rayonnait soudain d’une apaisante sérénité et tout dans son attitude sentait bon la franche camaraderie.
- Pardonne s’il te plaît l’entrée en matière ! Cette tête de bois m’en voudrait cruellement si je ne le traitais pas de la sorte ! C’est ma manière à moi de lui exprimer mon affection, et Mogar sait combien j’aime ce Nain ! Je te remercie d’être venu jusqu’à moi, et je remercie Ikthor d’avoir insufflé à ta lignée le courage et l’abnégation qu’il faut pour porter secours à un Frère égaré.
Belghen posa ses mains sur les larges épaules de Lucullus et lui donna l’accolade. Puis, faisant un pas en arrière, il lui montra la table dressée.
- Je suis sûr que tu meurs de faim ! Mon maître queue cuisine le Drifaron comme personne, et j’ai réussi à soustraire à la soif de mes Nains une barrique de bière brune. Il nous faudra au moins çà pour nous donner les forces nécessaires au succès de notre aventure.
Belghen tira lui-même une chaise de bois dur de dessous sa table, l’offrant à Lucullus. Puis il reprit sa place sur une chaise identique. Malgré sa fortune et son statut, Belghen aimait vivre à la dure comme un simple Nain de troupe. Il n’attendit pas que le Lieutenant prenne place pour lui servir une chopine, et charger son assiette de fer d’une belle tranche de viande rose et goûteuse, fleurant bon les herbes sauvages.
- Car si tu le veux bien, Lucullus, Fils de Lügrin, j’aimerais que tu m’accompagnes en Oësgard pour retrouver la trace d’un éclaireur qui n’a pas répondu à l’appel. Mon petit doigt me dit qu’il s’en passe de belles sur nos arrières, et j’aimerais aller mettre mon nez dans les affaires des Hommes. M’est avis que l’Armée de Garmin serait plus à sa place à l’ouest d’ici et que l’Histoire se joue sans que nous puissions en écrire quelques belles pages… |
| | | Lucullus
Nain
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| Sujet: Re: A la recherche de l'Eclaireur sans tête... Lun 25 Jan 2010 - 17:40 | |
| Quelle hospitalité ce seigneur nain, Lucullus commençait à vraiment l'apprécier. Il ne lui donna pas que de la nourriture, mais aussi de la bière, brune qui plus est. Pour lui avoir sorti cette barrique, Lucullus devait être à ses yeux un invité de marque. Mais pourquoi lui, telle était sa question, les seigneurs n'en avaient que faire des petits lieutenants. Mais il appréciait ce moment et continua à mordre à pleine dents dans la viande de Drifaron. Celle-ci lui rappela une fois de plus sa patrie naine. C'est alors qu'il vit un petit ustensile qu'il ne connaissait pas avec lequel Belghen piquait sa viande pour ensuite la mettre dans sa bouche. Il regardait ça d'un air surpris quand lui revint à l'esprit une conversation avec son père.
-*Vois-tu mon fils au cours de mes voyages chez les elfes et les hommes, j'ai découvert qu'ils ne dévoraient pas comme nous la va nourriture à main nue, mais qu'ils utilisaient une fourchette. C'est en fait une petite fourche en bois ou en métal qui sert à attraper les aliments ou bien à les tenir fermement pendant que de l'autre main on tient un couteau et on les coupe. Cela peut te paraître absurde, mais lorsqu'une personne mange à la main, ils le traitent de sauvage. J'ai donc du moi aussi me plier à la règle.*
Tout fier de s'être rappelé de cette coutume étrangère, il ne put s'empêcher de faire part à Belghen toute sa culture sur la façon de manger des elfes et des hommes.
-"Bien sûr, je t'accompagne, mais dis-moi, tu manges avec une fourchette si ma mémoire ne me fait pas faillite... Cela veut donc dire que tu as voyagé, non? Sache que mon père, Lügrin dit le Voyageur, a lui aussi, comme son nom l'indique, effectué maint périples. C'est une chose qui jeta l'opprobre sur lui lorsqu'il s'en est retourné au pays, mais à force il a été à nouveau admis dans la société. Bref... revenons à ton histoire... Où veux-tu qu'on aille, à Oësgard la ville? Aux dernières nouvelles il serait malsain de se promener là-bas, mais après tout, nous sommes des nains et les nains n'ont peur de rien! Donc je te suis où que tu ailles."
Tout en parlant, il continuait à boire et à manger. A la fin de son "discours", il but d'un trait ce qu'il restait dans sa chope et l'abattit fortement sur la table une fois vide, en poussant un "AHHHH!!" caractéristique des nains qui ont ayant fini leur bière.
-"Sinon, s'était bien bon... A refaire..."
Après cette déclaration pleine de sens, il se redressa pour écouter la réponse de Belghen, s' il en avait une. |
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