Clairière } Les loups dansent { PV Nakor

Le printemps est là. Voilà bien un évènement que j'ai attendu tout l'hiver alors que les choses devenaient compliquées pour chacun. Le printemps c'est la renaissance de la vie, la nature tel le phœnix renait de ses cendres. Bien des choses renaissent ainsi, que sommes nous ? Peuple de miradelphia éphémère malgré notre longévité. On dit des elfes qu'ils sont immortels mais c'est on ne peut plus faux, nous finissons par mourir... Il y a tant de raisons de mourir et si peu pour vivre ! Puis, il y a la guerre, encore et toujours la guerre ! Elle décime les notre plus efficacement que le temps. Je ne pense pas qu'un jour les drows seront totalement éradiqués de notre monde, pourtant nous devrions tous penser à cela. Quand bien même nos armées tueraient tous les hommes des champs de bataille, les femmes drows sont aussi terrible et la relève se ferait sentir dans un siècle. Les rois humains auront changés... les alliances entre les peuples se seront peut-être fragilisés.
Ma vie s'est considérablement compliquée ses derniers temps, me voilà à la place de Rima-Marcil à la tête d'un marquisat... Certaines vies dépendent de moi, moi qui hait tant la guerre, serai-je obligé de quitter Joy pour accompagner mes hommes au front ? Je préfèrerais ne m'occuper que de la défense comme je l'ai toujours fait mais si les troupes adverses avancent trop vite, nous seront obligé d'aller à leur rencontre. Je ne suis pas un lâche mais cette pensée torture mon cœur, le souvenir des bains de sang, de mes semblables décimés... Les dieux ont voulus que je vive mais ils m'ont marqué au fer blanc des atrocités de la vie.
En prévision de ces dures décisions et lorsque j'ai quelques heures de temps libre, j'aime me rendre dans cette jolie clairière à environ 10 mn en courant du domaine, elle était assez exigüe mais offre bon nombre d'échappatoire si besoin est, de plus, elle grouille de vie. J'entends un renard quelque part par là... et bien d'autres animaux de notre magnifique forêt. J'aime écouter la vie... Je profite de ces moments de complicité avec la forêt pour exercer mes pouvoirs, principalement les illusions. Cela me fait travailler la concentration, et me permet d'apprendre à économiser l'énergie que je dépense. Cela me permet aussi de mieux gerer les mouvements de mes illusions et d'en avoir de plus en plus active à chaque fois.
Aujourd'hui, cinq loups aux pelages teintés de gris courent et jouent autour de moi. Les yeux fermés, j'imagine chaque mouvement, je vis à travers ces animaux qui semblent plus vrai que nature à condition de ne pas être trop proche pour voir leurs contours de brume qui faussent l'illusion. Je n'ai pas encore fini de trouver toutes les utilisations possibles avec un tel pouvoir, limité certes, mais qui pourrait m'offrir un répit ou une diversion de quelques secondes. Le principal défaut de ces illusions est d'être muettes, je ne pourrais donc pas compter sur le bruit pour faire fuir mes ennemis si ennemi il y a. Pour le moment, les drows se sont attaqués aux humains et les elfes ont été épargnés... Nous pensions pourtant qu'ils attaqueraient Alëandir pendant sa faiblesse provoquée par le poison jeté dans le lac. Ils ne l'ont pas fait... Auraient-ils peur de se confronter à nous ? Je ne saurais le dire mais je n'ose pas l'envisager. Nous sommes leurs égaux mais nous ne pouvons être sur tous les plans et c'est en faisant quelques petites attaques à droite et à gauche qu'ils dessouderont nos troupes. J'ai aussi beaucoup entendu parler d'un nouveau genre magique : la nécromancie. Il semblerait que certains de leurs mages maîtrisent l'art de Tari de rendre vie aux morts. Ce pourrait être catastrophique pour nous s'ils arrivaient à récupérer nos morts pendant les batailles pour les retourner vers nous...
Alors que mes loups continuent leurs jeux et parades, un bruit de brindilles qui craquent me tire de mes pensées. Je me retourne vers l'origine du bruit et les loups disparaissent... Ma main s'est posée instinctivement sur mon épée, et je scrute avec méfiance les abords de la forêt. Je ne ressens pourtant aucun danger...

Nakor avait décidé d'aller voir ce qui se passait chez les elfes, il irait bientôt trouver le roi, il devait donc avoir quelques informations autres que des nouvelles de Diantra la détruite. Il avait donc laissé Adria à ses méditations et était monté dans son bureau. Il avait scruté sa boule de cristal, mais les défenses elfiques étaient renforcées depuis peu! Alors Nakor décida de se dégourdir un peu les jambes et prit son bâton à la main droite. Il se plaça devant la fenêtre de son bureau, au sommet de la plus haute tour d'Erac. Il visualisa les contrées elfiques et réveilla sa magie, il s'enveloppa entièrement d'elle puis ne pensa plus qu'à une seule chose : l'envie la plus pressante qui soit, d'être là bas, chez les elfes. Son esprit voulait tant cela que la magie obéit au bon vouloir de son maître, le corps du vieil homme aux ressources insoupçonnées, disparut dans un léger courant d'air. Il se déplaça alors à la vitesse de la lumière et se dirigea vers le monde elfe. Mais en cours de route, il s'aperçu que les mages elfes surveillaient ce genre de déplacement depuis sa dernière venu, il décida donc de couper court à son voyage et de son poser au beau milieu du marquisat de l'épine dorée, au nord est d'Alëandir. Il préféra se poser là plutôt que de pousser jusqu'au palais et de passer une fois de plus pour un ennemi étranger. Et puis ce marquisat était celui du régent elfe. Nakor se dit qu'il y aurait peut être la possibilité de le rencontrer, lui ou un de ses homologues. En effet politiquement, Nakor savait que le marquis de l'Epine Dorée jouait un rôle important chez les elfes. Il atterrit non loin d'une clairière, dans un sous bois frais et tranquille. Un léger courant d'air et, la silhouette du vieil homme apparu sorti de nul part. Le mage regarda immédiatement de tous les cotés, prés à réagir en un seconde à n'importe quelle type d'attaque. Mais il n'y avait rien, seulement une brise légère. Le mage eut un grand sourire sur les lèvres et parla à voix haute, pour lui même

"C'est un bel endroit pour apparaître!"

Son sourire resta ancré sur ses lèvres et Nakor se mit en marche, rythmé par le claquement presque inaudible du bâton sur le sol. Le vieil homme n'avait jamais visité le marquisat et il se dit que c'était une bonne chose que d'y remédier. Au bout de quelques minutes de marches il senti alors une perturbation forte dans la magie naturelle. Quelqu'un lançait un sort, un sort de distorsion.

"Une illusion? Voyons voir ça!"

Nakor aimait parler à voix haute. Il ferma les yeux et se concentra sur le monde des influx magiques. Il trouva le lieu qui était la source de ce remue ménage. Il avança et observa alors de loin! Quelqu'un faisait une illusion, des loups qui tournaient gentiment autour de lui. Un bel elfe, qui semblait dans la fleur de l'age, un mage donc! Un de ces tisseurs de sort elfe. Nakor se grata le menton en observant tout cela. Il secoua alors la tête en soufflant un peu, comme découragé ou mécontent. Il avança alors vers l'elfe, se disant qu'il n'y avait rien à craindre d'une personne qui faisait apparaître de gentils loups! Il marcha alors sur une vieille branche et les loups disparurent. Nakor prit donc immédiatement la parole en sortant des fougères afin de montrer pâte blanche

"Pas trop mal. Mais cela manque de certains détails qui font immédiatement tomber à l'eau votre petit tour! Pas de cris, pas de bruit ... trop de bêtes à gérer en même temps je pense ... quoi que c'est déjà excellent."

Nakor eut alors un sourire gigantesque qui alla d'une oreille à l'autre, amical et chaud, il avait dit ça sur un ton en aucun cas moqueur ou vantard, juste conseillant. Comme un professeur qui cherche à aider un bon élève. Il en profita pour entortiller sa barbe autour de son bâton, puis s'inclina tout en relevant son bâton, de sorte à ce que sa barbe ne touche pas le sol et dit

"Nakor, enchanté de vous rencontrer ..."

Le ton était clair, Nakor demandait au moins le prénom de son interlocuteur. Etrangement, Nakor ne précisait jamais qu'il était le conseiller en magie du roi Trystan, mais il n'aimait pas être respecté juste pour un titre. Il plongea néanmoins son regard multi centenaire dans celui de son nouveau compagnon, un regard qu'aucun humain ne pouvait avoir au vu de l'age maximal que cette race pouvait atteindre. Il se demanda alors où est ce qu'il avait vu cet elfe là. Etait il un elfe important dans le monde éternel? Tout en attendant une réponse de son interlocuteur, Nakor prépara sa magie, il voulait lui montrer une illusion, pour qu'il puisse voir ce que le vieil homme arrivait à faire et pourquoi donc, il se permettait de donner quelques conseils et quelques critiques. Il préparait cela gentiment, sans bouger. Alors il mis en branle sa magie et tourna ses yeux vers la droite. Trois loups sortirent de sous les arbres. Ils avancèrent en bavant et en émettant des grognements identiques à ceux des vrais loups. La bave tombait des crocs acérés des loups et le pelage bougeait dans le vent, au rythme des brises passagères. Ils se mirent à tourner autour du vieillard en adoptant diverses positions. Puis ils sautèrent tous les trois en même temps, en émettant des cris différents. Ils arrivèrent sur Nakor et disparurent alors dans les limbes, le vieux fou arrêtant son illusion. Pendant tous ce temps Nakor n'avait pas bougé, il avait juste sourit à l'elfe qui lui faisait face et il ajouta alors

"Vous voyez, on peut réussir à les faire parler ces foutus bêtes!"

Puis Nakor explosa de rire. Comme il le faisait bien souvent, Nakor riait sans que personne ne comprenne pourquoi, c'était un rire qui n'était pas moqueur, juste un vrai rire, comme s'il avait entendu une très bonne blague. Il fouilla alors dans sa manche tout en riant et en sortir un fruit étrange, rond et orange et dit simplement

"Vous voulez une orange?"

Il la tendit en direction de l'elfe et attendit de voir ce qu'il dirait, s'il en demanderait plus sur les illusions ou s'il s'intéresserait plus à l'identité du vieillard, comme pouvait il être là sans qu'aucun elfe ne l'ai vu arriver et toutes les questions qui devaient fuser dans la tête du jeune elfe.

L'être qui vint déranger mon entrainement n'était pas très grand, je faisais bien dix centimètres de plus au moins, mais ne saurait rivaliser avec sa barbe et ses longs cheveux blancs. Il portait une robe lui descendant jusqu'aux chevilles et un chapeau sur la tête. En somme, un bien drôle de personnage. Il se presse de parler pour ne pas m'inquiéter sur ses intentions, il avait regardé mes illusions et les trouvaient imparfaite. Moi aussi, je dois l'avouer, mais comment faire ? Hormis s'entraîner un peu plus chaque jour je ne vois pas comment je pourrai trouver le moyen de créer des illusions parfaitement fidèles par leur opacité et capable de produire quelques sons. Cela me serait pourtant bien utile... Ce serait un plus considérable. Il entortilla sa barbe autour de son bâton avant de lever le dit bâton et de se présenter, rajoutant un "enchanté" qui n'avait rien à faire là. Nous n'étions pas dans ce genre de réunions huppés, mais dans une clairière. Il venait de m'interrompre et je ne lui avais rien demandé. Nakor... Ce vieux bougre était intéressant, surprenant et je sentais émané de lui une aura magique profonde et bienfaitrice. Je lui répondais d'un simple salut elfique en portant deux doigts à mes lèvres. Pourquoi venir rompre un silence si doux ? Néanmoins, les hommes ne donnent jamais rien sans rien recevoir et je devinais à l'intonation claire de sa voix qu'il voulait quelques renseignements sur ma personne. Je répondais à sa question muette.

- Dolce Lìvìan.

Marquis de l'épine dorée... mais cela ne me semblait encore que trop dur à dire alors que seul quelques semaines s'étaient écoulées depuis la lettre qui m'avait hissé à ce poste. Je regardais Nakor, un air curieux dans les yeux et mon sempiternel visage froid, alors qu'il détournait son regard. La magie puissante prit Dolce aux tripes alors que trois illusions de loup sortaient de la forêt, plus vraies que nature. Ils bavaient et émettaient des grognements sourds. Cela me choqua légèrement, pourquoi ne voyait-on les loups que comme des animaux sanguinaires ? Certes, il pouvait l'être, mais cette représentation incessante qui fascinait me semblait dépassé pour un vieil homme. Ne sommes-nous pas tous des êtres sanguinaires ? Tuant pour protéger nos petits ? Pour les nourrir ? Mais nous représente-t-on avec de la bave aux lèvres et en train de grogner ? Non.
Les trois bêtes se mirent à tourner autour du dénommé Nakor avant de bondir sur lui... et de disparaître.
Le vieil homme était familier, il riait de bon coeur et son langage n'était pas recherché, mais ils réchauffaient les coeurs comme une fleur au milieu de l'hiver. Qui était-il ? Pris d'une soudaine curiosité, je voulais en savoir plus.

- Vos illusions sont parfaites, même si l'on pourrait déceler quelques failles dans le réel qu'elles représentent. Je n'ai pas votre talent.

Un homme honnête n'aurait su dire le contraire, j'analysai chacune de ses expressions alors qu'il riait comme un homme à la limite de l'ivresse ayant écouté quelques drôleries. Il sembla fouiller dans sa manche et en sorti une orange qu'il me tendit. Je m'approchais et délicatement, saisit le fruit entre mes doigts.

- Merci... L'Orange, le soleil des hivers. Voilà pourtant quelques jours qu'elle a disparu de nos contrées.

Les oranges ne se gardaient pas, elles se mangeaient et disparaissaient jusqu'à l'hiver prochain. Je la faisais rouler entre mes doigts, appréciant sa couleur et sa peau douce sous mes doigts.

- Que faîtes vous ici ?

Ma voix restait froide et détachée, aurait-il pu en être autrement, alors que cet étranger dont je ne savais rien débarquait ainsi ? Il n'y avait pourtant aucune agressivité, juste une politesse typique de mon peuple et une retenue que je ne saurais expliquer autrement que par mon caractère personnel.

Dolce Lìvìan! Voila un nom qui sonnât dans l'esprit du vieux sorcier. En effet les services de renseignements royaux avaient bien fait leur travail : la politique nécessitait de nécessitait tous les changements effectués par les autres races dans Miradelphia. Ce Dolce Lìvìan était le nouveau marquis de l'Epine Dorée. Le vieil homme se frotta la barbe en hochant doucement de la tête lorsqu'il entendit le nom de son interlocuteur. Il garda une petite remarque pour plus tard, cela ne donnerait que plus d'effet! Une fois l'illusion terminée, Nakor écouta avec intérêt, les propos flatteur du marquis. Mais il semblait dire que l'imperfection était ailleurs que dans la visuel. Le vieil homme fronça un sourcil, le droit, laissant l'oeil gauche ouvert sans qu'il ne bouge. L'elfe était cultivé, car il connaissait les oranges et leur cycle de production. Le mage, un très grand sourire sur les lèvres, donna son fruit et prit la parole après la dernière question énoncée!

"Hum, je vois que vous êtes un fin connaisseur! L'orange n'est en effet plus cultivé au vu de la période de l'année à laquelle nous nous trouvons ... mais je connais quelques bons tours, voila tout!"

Nakor ponctua sa phrase d'un petit rire amusé et frais. Il se mit à marcher dans la clairière en direction du marquis et reprit la parole

"C'est étrange ... mais j'ai l'impression que vous trouvez une imperfection ailleurs que dans l'effet visuel des illusions que j'ai produite. Fais-je erreur? En ce qui me concerne, jusqu'à deux ou trois créature, j'arrive à les rendre presque palpable, mais ce n'est réalisable que si je n'ai pas à faire autre chose de trop déconcentrant ... car il est difficile de donner vie à un souvenir au point de le rendre presque vrai! Car qu'est ce qu'une illusion si ce n'est une partie de soit qu'un magicien montre au yeux de tous? Mais là sont les procédés d'un mage humain ... je ne sais pas si le tissage de sort elfique procède de la même façon ... ce qui pourrait alors répondre à votre dernière question : je vies ... étudier les illusionnistes elfiques?"

La question était clairement donné sur un ton précis, celui de quelqu'un qui ne cherche rien d'autre qu'une excuse valable pour ne pas donner la vrai raison de sa venu. C'était presque insolent, puisqu'il le faisait ouvertement, demandant au Marquis, si la réponse lui convenait. Mais la situation ne dura pas! Nakor explosa de rire, après avoir été sérieux pendant très peu de temps. Il termina alors ainsi

"Non, je viens pour avoir des nouvelles de la situation en Alëandir, suite au conflit qui a touché Diantra ... et les barrières que les mages elfes ont dressé autour de la cité étaient un peu trop épaisse pour que je puisse me téléporter la bas sans avoir à faire un peu de rentre-dedans. Je me suis donc arrêté ici, quand j'ai eu l'envie furieuse de poser la question suivante : mais que fait donc seul Monseigneur le Marquis de l'Epine Dorée dans une clairière où les loups dansent?"

Le sourire, tout comme le regard était espiègle, Nakor avait sorti son atout majeur, celui de sa connaissance des fonctions de l'elfe en face de lui. Il attendit de voir les réactions de l'elfe, avant de finir par dévoiler ses réelles fonctions de mage de la cours humaine, conseiller personnel du seigneur Trystan.

En soit, voir apparaître une orange à cette période me dérange. Si Kyria l'avait apparaître, je ne saurais la contredire mais le fruit qui roule entre mes doigts n'est qu'un artefact, réussite des "quelques tours" dans le mage se vante. Que dire de cela ? Si ce n'est que c'est consternant ? Notre monde ne défit-il pas suffisamment la nature pour que l'on trouve d'autres moyens de la simplifié. Mon sourire est mitigé alors que je sens sous mes doigts cette peau rugueuse et épaisse.

- Je n'affectionnerai pas autant les oranges, si elles était présentes toutes l'année.

Il en est de même pour les fleurs, les fruits... Nous, les elfes, avons l'éternité pour voir renaître cette nature, si nous la boulversions au point d'attribuer à d'autres saisons leurs particularités, nos vies seraient luxueuses mais je ne suis pas certaine qu'elle me plairait. Comme ce serait lassant de pouvoir trouver dans bouquets de fleurs printanière au plein milieu de l'hiver ! De manger du raisin au mois de Favriüs. L'homme se mit à marcher vers moi, cet éternel rire frai aux lèvres offrant un étonnant contraste avec mes airs retirés et mon masque de froideur.

- Des erreurs ? Vos illusions me semblent convenir parfaitement à ce que vous avez imaginer. Je ne conçois néanmoins pas les loups ainsi... Les humains les chassent et les considèrent comme cruel mais ne leur sommes-nous pas semblable en tous points ? Ils tuent pour nourrir leurs petits, se battent pour dominer leur monde et protéger leur race. Ils ne sont qu'harmonie alors que nous faisons des guerres pour tuer, que nous boulversons l'équilibre naturel de Kyrïa. Je ne me les représente pas aux machoires écumantes et s'attaquant à la moindre proie à leur portée.

J'obtins une réponse ne convenant que peu à ma question suivante, pourquoi venait-il ici ? La réponse fut formulée telle une escuse, dévoilant bon nombre de secrets qui ne devaient pas véritablement en être. Je ne répondis pas mais déjà, le bavard reprenait. J'obtins une autre réponse à la question posée un peu plus tôt. Celle ci me sembla plus probable, même si elle reflettait des connaissances qui n'étaient pas sensées appartenir à chacun. J'avais participé à tisser le bouclier qui protège la cité éternelle, mais nous ne l'avions pas ébruité, un ennemi qui sait à quoi il s'attaque est un bien plus dangereux. Et si cet homme bavard et chaleureux ne me semble pas être un ennemi, les évènements récents m'auront appris à faire preuve de la plus grande méfiance face aux inconnus. Surtout les inconnus qui en savent trop, et parlent trop. Mon regard gris s'alluma d'une lueur d'intêret et de surprise face à la question de Nakor. Ainsi, voilà qu'il savait tout de moi sans que je ne sache rien de lui ? MAis cela ne me déstabilisa pas le moins possible, mon nom s'était murmuré un peu partout, surtout avec l'héritage que ma fait Rima-Marcil. J'ai craint un instant qu'on ne veuille me hisser à la place qu'il ne souhaitait occuper : régent des elfes. Si je connais bien des choses sur mon peuple, je crains de ne pas avoir l'étoffe ni l'expérience suffisante de la guerre et de la politique pour cela. Pour moi, il me semble également plus judicieux que le conseil décide et non un seul homme. les décisions seront plus lentes, et parfois le temps presse... mais elles seront plus justes et ne seront pas aussi arbitraire que la pensée d'un seul homme, même secondé par un conseil des plus brillants.

- L'attaque de Diantra est regrettable. Notre situation actuelle mérite la solidarité et des alliances fortes, il est dommage que certains des votres soient aveuglés et ne veuillent le comprendre. Il me semble néanmoins que votre Roi à l'aval du conseil, il saura rétablir la situation ou du moins je l'espère.

De mes nombreux contacts humains, j'ai eu bien des lettres divergeant au sujet de ce roi "batard" mais néanmoins dernier légitime prince du royaume. N'avons-nous pas eu à faire à un conflit identique avec feu le prince Anariòn ? Que le monde serait différent s'il avait eu le temps de se marier et de prendre notre peuple en main...

- Alëandir se porte bien.

Que dire de plus sans rentrer dans de longues discussions ? L'inconnu à désormais ce qu'il cherche, même si ce n'est qu'une réponse incomplète. la dernière question me concerne néanmoins, et ces réponses précédentes m'ont permis de réfléchir à une réponse qui convienne à la situation. L'analyste que je suis ne saurait répondre sans réfléchir.

- La magie n'a de limites que ce que nous pouvons pratiquer. Un entrainement régulier la forge et l'endurcit.

Nakor écouta mais observa aussi, car le moindre mouvement chez un elfe était bien plus indicateur que chez un humain. Le vieux mage répondit alors à la première remarque du Marquis

"C'est là la différence de conception entre nos deux peuples Dolce, pour nous, ce qui est bon aujourd'hui, le sera aussi demain ... nous n'avons point suffisamment de temps pour attendre que les saisons nous ramènent ce que nous aimons temps ... quoi que pour tout vous dire, ça fait six cent ans que j'en mange et je les aime toujours autant!"

Puis Nakor explosa de rire se mettant presque à danser sur place tant il appréciait sa plaisanterie, même si personne ne la comprenait. Puis le marquis lança Nakor sur un sujet qu'il appréciait particulièrement. Le vieux mage hocha la tête comme pour montrer qu'il venait de comprendre quelque chose. Cette chose n'était pas la vrai nature des loups, comme si Dolce venait de lui révéler une vérité difficile à posséder. Non il venait de comprendre pourquoi il trouvait l'illusion mauvaise. Nakor hocha la tête de droite à gauche avant d'ajouter, vieux bavard qu'il était

"Considérer des loups comme dangereux pour les hommes ne signifie en rien que je ne considère pas plus dangereux encore les hommes Dolce! Bien au contraire ... la seule idée que je défends, durant mon illusion, c'est que des loups dansant feront moins d'effet dans une bataille que des loups écumants de rage. Mais tout de même, dans votre grand lien elfique avec la nature, vous devait tout de même avoir conscience d'une chose importante : si les loups étaient aussi nombreux que les hommes, sur un territoire aussi grand que le notre, alors ils s'entretueraient pour dominer toujours plus de lieux de chasse, de culture et autre ... je pense que nous sommes juste au stade au dessus des loups! Mais vous avez tout de même raison, les loups sont des animaux, nous sommes des bêtes, des monstres ... nous sommes capable des pires horreurs, un grand sourire aux lèvres, alors que les loups ne tuent que la bave à la bouche, prit d'une furie qui ne permet aucun doute! Oui, je pense que la grande différence est là : nous sommes capable de tuer par pur plaisir, les loups ne tuent, pour l'instant, que par nécessité."

Nakor regarda alors avec profondeur le marquis elfique, en effet, il disait nous, pas les hommes, car Nakor mettait dans le même panier, les elfes, les nains, les drows et les hommes. Les êtres vivant qui avaient fondé des sociétés et qui possédaient des villes, des dialectes intelligibles et de l'argent étaient tous les mêmes! Dolce présenta ensuite la situation elfique et Nakor affirma

"Oui Trystan sera capable très bientôt de remettre en ordre définitivement le monde des hommes et si le conseil lui donne son appui, alors nos deux peuples resteront unis et pourront très bientôt faire front à la menace drow ... qui finira par revenir!"

Nakor souffla alors longuement, comme un vieillard fatigué après une longue lutte. Il ajouta tout de même

"Sachez une chose, Diantra se porte enfin mieux, elle panse ses plais béantes et remarchera bientôt .... Alors si jamais votre conseil se demande se que devient sa Majesté le roi Trystan, dite lui qu'il sera bientôt au sommet de sa forme ... oui, au sommet!"

Nakor dit cela en souriant, il avait une idée de ce qu'il devait faire, mais laissa cela de coté et continua sa discussion sur la magie cette fois. Il hocha longuement la tête

"Ho oui, votre sagesse ici est sans égal, la perfection n'est approchable que par la répétition Dolce, moi même j'essai toujours de pratiquer quelques petits tours chaque jour, de peur de tomber en poussière le jour où je serai resté trop longtemps inactif!"

Nakor tapa alors dans ses mains plusieurs fois et ouvrit grand les bras vers le ciel : un énorme feu jaillit des mains du vieil homme, un feu qui tourna dans les airs en grand cercle sans rien abîmer de la nature, avant de disparaître soudainement! Nakor souffla alors longuement, comme s'il se sentait mieux et qu'il venait simplement d'étirer quelques vieux muscles. Il ajouta

"Ho pardon ... je ... enfin j'ai ... un petit tour de temps en temps!"

Nakor se confondait en excuses non dites, tout simplement parce qu'il venait de se comporter comme s'il n'était en présence de personne et qu'il s'entraînait lui aussi. Il dis donc rapidement avant de se taire une bonne fois pour toute

"Avez vous étudié tous les pans de la magie elfique dans votre académie de sorcier ou bien seulement les illusions ... parce que je me souviens encore d'un vieux bouc qui enseignait la magie en terre elfique ... comment se nommait-il déjà ... ha oui Beren Telperiën ... je l'ai connu quand il était tout jeune ... c'était devenu une vieille chouette!"

Puis Nakor explosa de rire en se tapant le genoux comme un saoulard d'une mauvaise taverne humaine, riant encore de bon coeurs pendant quelques temps avant de se calmer enfin, quoi que l'imagine du vieux Beren en train de hurler contre Nakor était hilarante pour le vieux fou.

- Certains d'entre nous envient les humains. Ils possèdent une certaine... urgence de vie que nous ne connaissons pas et qui leur permet de savourer un peu plus chaque instant qu'ils passent. Certains d'entre nous sont las de se dire qu'il pourront revivre le même instant un jour durant leur éternité.

Mais cette affirmation est fausse bien sûr, l'éternité nous permet de faire énormément de choses mais jamais un moment ne sera identique au dernier. Tout se joue dans les détails, un éclat de lumière, une pensée, une envie, un sourire... Il est impossible de recréer à l'identique une scène. Voilà sans doute pourquoi les souvenirs nous paraissent si beau. Puis, l'éternité est un terme large et inexacte, surtout en ces temps troublés où nous risquons notre vie à chaque instant. Une attaque de Drow pourrait bien venir à bout de cette Eternité qui loin d'être immuable, est fragile.
L'humain se mit à rire et à danser sous mes yeux. De mes quatre cents ans je n'ai jamais vu tel être, telle innocence et sagesse, tel enfant dans un corps de vieillard. Mais cet homme n'est pas un homme ordinaire, il vient de me confier avec six cents ans là où les humains n'en dépassent habituellement pas quatre-vingt-dix pour les mieux conservés. Puis nous revenons au sujet principal de notre conversation, avant la parenthèse des oranges, les loups et la représentation que nous savons en faire. Certes, les loups dansent auront bien moins d'impact au cours d'une bataille que des bêtes féroces aux crocs acérés et aux babines dégoulinant d'une bave qui ne saurait avertir d'autre chose que d'une attaque et de la mort.

- Je ne saurai vous contre-dire, maître mage, mais il va dans ma philosophie de penser qu'il faut savoir Aimer pour pouvoir Haïr. Il faut donc savoir représenter le bien pour être apte de concevoir le mal.

Se risquer dans les filets de la tentation étant bien loin de ce que j'aime faire. La guerre m'a laissé des traces et des cauchemars dont je ne saurai me débarrasser. Le voudrais-je ? Alors qu'ils me rappellent chaque jour de ne pas trop m'oublier ? Qu'ils me montrent le monde dans lequel je vis, et me mettent en garde face à la violence de certains. Oh non, sur les champs de bataille une autre force entre en jeu. Une force qui conduit les héros aux légendes : l'instinct de survie. Primaire, certes, mais au milieu d'un carnage, d'une toile de sang et de feu, il n'apparaît rapidement plus qu'une seule préoccupation : vivre. Et lorsque notre vie dépend de la mort d'un autre, toute pitié à disparut de nos esprits. Ceux qui n'arrivent pas à se laisser entièrement submergés sont les premiers à disparaître, victime de la précision de l'énergie du désespoir.
Le sujet était clos, et un bien moins futile arriva sur le tapis : le pouvoir, la politique et les tourments de nos peuples respectifs. Ce mage est quelqu'un d'important, il nomme son roi par son prénom. Jamais aucun de nous ne se le serait permis lorsqu'il y avait... encore une famille royale. Avant le couronnement du roi nain Garmin le Vengeur et les funestes évènements qui avaient poussé le monde elfique dans un deuil profond.

- Je transmettrai ces mots au conseil lorsqu'il se réunira une prochaine fois. Mais je ne saurai être trop optimiste sur le compte des drows, au-delà de nos montagnes, ils se sont organisés et se préparent à un assaut final. Quand bien même nous obtenions sur eux une victoire totale, nous ne serions pas débarassé, non ! Il restera leurs enfants et les enfants de leurs enfants pour revenir propager leur message de haine et de malheur. Quant à Diantra, j'ai entendu parlé d'un tournoi organisé par le Roi pour signer l'armistice des affrontements et rendre à Diantra un peu de sa splendeur ? Est-ce vrai ?

A un autre, cela aurait pu paraître une étrange décision, des fêtes en ces temps de guerre ? Mais je suis stratège et avec ces actes, Trystan gagne bien plus que ce qu'il dépensera en organisation. Il garde le coeur de ses hommes et de ses habitants, s'offre le luxe de rassembler toute la noblesse pour un message d'avertissement contre les renégats et rammène un peu d'argent dans ses caisses pour reconstruire ce qui a été détruit.

- On m'a également souligné que les armées renégate avaient fait du dégât dans les terres, pensez vous que le Royaume humain se relèvera rapidement ou faudra-t-il attendre l'été prochain pour qu'il se refasse entièrement et alimente convenablement ses greniers ? Le Royaume ne craint-il pas une famine avec les récoltes brûlées et pillées ?

Si tel était le cas, les elfes apporteraient-ils leur soutien aux humains pour passer cette phase difficile. Il me semblerait que oui, mais certains sont bien conservateurs et je ne peux me vanter de rien, Marquis depuis bien trop peu de temps pour m'opposer à quelques hommes présents depuis des années voir des siècles et qui ont porté les titres de noblesse toute leur vie depuis leur naissance.
Le sujet divague une fois encore sur la magie, le point commun le plus flagrant que nous ayons ensemble de toute évidence. La répétition, toujours et toujours la répétition. Mais d'où ce vieux mage tirait-il ses pouvoirs hors du commun ? Et son vieil âge ? Aurait-il trouvé un moyen de se rendre immortel, mais j'y pense peut-être que... Cette curiosité qui me titille est bien inhabituelle mais je ne peux m'empêcher de lui poser la question. Quelle importance de ce qu'il en pensera ? Mais, alors que je m'apprête à poser la fameuse question, une gerbe de feu nous entoure et lèche les branches des arbres les plus proches. Je recule d'un pas par simple défense mais déjà Nakor s'excuse platement de ce débordement d'énergie et vient me rappeler quelques souvenirs d'enfance.

- Je ne pratique pas seulement les illusions mais elles sont ce qu'il me reste à travailler en majorité. En effet, j'ai étudié quelques années à l'académie de Magie d'Alëandir mais je n'ai pas eu le privilège d'avoir Beren Telperiën comme maître. Je ne le connais que de nom par quelques amis mage. Je ne saurai vous dire comment il se porte en ces jours sombres.

Le silence tomba à nouveau... puis je ne pu m'en empêcher. Vu la familiarité dont le vieil homme faisait preuve avec moi, pourquoi s'en sentirait-il blessé ?

- Vous m'excuserez la stupidité de la question mais... Je n'ai jamais entendu parlé de quelques sorts qui permettraient aux humains de devenir immortel et de posséder un équivalent de votre magie... néanmoins, certaines rumeurs courent sur le fait que quelques créatures mythologiques seraient revenues et offriraient des pouvoirs similaires. Je ne connais pas grand-chose les concernant mais... êtes-vous dragonnier ?

Nakor fut étonné d'apprendre que certains elfes enviaient les humains et leur caractéristique mortelle. C'était en fait normal toute personne envie ce qu'elle ne possède pas! Nakor ajouta simplement

"Sage est votre peuple que de voir dans la mort le salue d'une vie trop longue! Mais même si votre peuple est eternel, usez-vous vraiment de cette caractéristique? Je connais très peu d'elfe qui sont là depuis la création du monde! La mort finit toujours par nous rappeler à elle un jour! Enfin, j'espère!"

En effet Nakor était eternel lui aussi, mais c'était un très lourd fardeau pour un humain. Il n'avait pas envie de mourir et une bonne vieille épée dans le ventre l'amènerait tout droit à la mort, mais il espérait aussi ne pas vivre encore une éternité sur ce monde de fou. Dolce parla alors d'amour et de haine. Le mage ne put qu'acquiescer en ajoutant

"Par les dieux Dolce, nos deux peuples seraient donc si proches qu'ils peuvent penser la même chose? L'amour est la haine sont intimement liés, la limite entre les deux est absolument infime et quand on aime, on finit par détester!"

C'était une vérité général, cela ne s'appliquait pas à tout mais il était clair qu'un amour trop fort se transformait aisément en haine sans égale. C'était là le paradoxe de la vie! Nakor se mit alors à marcher, car il aimait bien promener tout en discutant et Dolce semblait avoir une bonne discussion. Nakor l'invita donc à le suivre et les arguments continuèrent de couler

"Oui sa Majesté Trystan organise un grand tournoi de joute, afin de remettre d'aplombs le lien entre les humains. Cela permettra aussi au roi de choisir de nouveaux ducs et marquis. Il y aura une grande fête ce qui fera beaucoup de bien ... à nous tous!"

Nakor laissa un petit silence pour continuer de répondre

"Pour ce qui est des terres dévastés, les dégâts sont légèrement moindre que ce que l'on pensait! Les félons, dans leur envie rapide de détruire Diantra et le roi, n'ont pas passé des jours entier à piller les champs et à mettre le feu à toutes les terres. Les alentours de Diantra sont clairement endommagé, mais la famine ne devrait pas toucher le peuple humain, pas cette fois Monseigneur!"

Nakor disait cela d'un ton grave, car en effet la destruction des terres n'avaient pas été trop intense pour une fois, et Nakor s'en félicitait, même s'il n'y était pour rien. Pour une fois la folie des hommes avaient évité le pire, ils s'étaient jeté sur le roi et son palais, pas sur les terres alentours! Nakor haussa ensuite des épaules, si le jeune marquis ne savait rien de Beren alors il était inutile de continuer là dessus, puis voila que Dolce sembla prendre des pincettes avant de poser une question qui fit sourire le vieux fou. Nakor s'arrêta de marcher, un très grand sourire sur les lèvres! Voila que le jeune elfe parlait de dragons, c'était très intéressant. Nakor prit alors la parole

"Non mon ami, il n'existe aucun sortilège qui permette à un humain de vivre aussi longtemps que je vis moi! Et heureusement d'ailleurs : nous ne sommes pas fait pour vivre si longtemps, c'est un très lourd fardeau et croyez moi, je ne souhaite à personne d'enterrer comme je l'ai fais, ses enfants et petits enfants. Trop de choses qui font qu'un humain ne devrait jamais à avoir à souffrir d'une aussi longue vie. Mais tout cela reste et restera mon petit secret Monseigneur le Marquis! Tout ce que je peux vous assurer c'est que je ne suis en aucun cas un dragonnier ... même si cela me désole, par tous les dieux quel style j'aurai, vous imaginez cela, un vieux fou barbu sur une créature extraordinaire!"

Nakor se mit à rire et à danser rien qu'en y pensant, cela aurait été véritablement extraordinaire! Puis une fois calmé, Nakor demanda à son tour, sur un air de conspirateur

"Mais dites moi Dolce, vous parlez de dragonnier, comme si c'était une réalité ... y aurait-il des dragonnier parmi le peuple elfique?"

Nakor trouvait que la discussion prenait une tournure follement intéressante et attendit avec impatience des réponses du marquis.

- Serait éternel l'elfe qui s'excluerait de la société, de nos problèmes. Loin de l'Amour, de la Haine et de la guerre. Mais Kyriä veille au renouvellement de la vie, et il me semblerait presque immoral de refuser la mort et donc la vie qui y est associée.

En quelque sorte, nous quittons Néera pour retrouver Täri. Je me suis fait depuis longtemps à l'évidence que le monde était là bien avant moi et qu'il continuerait à avancer après ma mort. Je souhaite savourer une éternité heureuse et bien remplie avec mon épouse, je me sens encore jeune et pleins de vie, je ne souhaite pas rejoindre le royaume de Täri dans l'immédiat. Beaucoup de mes proches ont énormément perdu et je me sens un peu cruel d'aimer tant et d'être heureux quand eux pleurent toutes les larmes de leur corps. On dit que les elfes peuvent mourir par Amour, j'espère que certains sauront oublié leur douleur pour ne pas compromettre les intêrets de notre peuple tout entier.
L'amour, la haine, tous ces sujets sont si proches au final que je ne saurai véritablement faire la différence sans non plus les confondre. Je rapporte ces sentiments au vieil homme qui me fait face - il semble vieux mais l'est-il énormément par rapport à moi -, les humains penseraient donc la même chose ? Cela ne m'étonne pas vraiment, ils sont éternellement dans les émotions fortes passant d'une à l'autre très rapidement, controlés par diverses pulsions. Ils ne prennent souvent pas le temps de la reflection, voilà sans doute un des seuls points qui nous différencit d'eux.

- Vous n'êtes pas si différent de nous, vous avez même notre immortalité. Oh mais bien sûr, il y a la barbe qui vous différencit de notre peuple éternel !

Certains hommes prennent beaucoup de temps pour raser cette pilosité au niveau du visage, Kyriä ne nous en a pas doté. Le peuple éternel est imberbe, c'est une vérité absolu que tous avons su accepter et faire entrer dans les critères de beauté. Comment pourrait-il en être autrement ? Ma phrase est ironique, ce vieil homme briserait-il peu à peu le masque de glace que j'utilise face aux inconnus ?
La politique nous rattrape doucement et je m'informe des dégats provoqués par l'attaque des félons sur la péninsule humaine. Des dégats énormes mais qui seront rapidement réparé. Et n'auront pas de conséquences majeur sur le futur de leur peuple. Il reste encore un an avant l'hiver mais sans les récoles, les champs brûlés, la famine n'aurait fait que renforcer les conflits. Nakor semble entièrement dévoué à son roi, Trystan de Diantra, qui apparamment aurait repris sa ville et son royaume d'une main de fer tout en sachant conserver tact et intelligence. Oh, combien d'entre nous se seraient enfermé dans une vaine violence d'extermination pour retrouver le pouvoir perdu ? Trystan l'obtiendra par les coeurs, j'en suis on ne peut plus persuadé désormais.

Mais il est le temps des interrogations, et une autre me trotte en tête depuis peu. Comment... Comment un humain peut-il vivre si longtemps ? Oh je ne doute pas du poid que pèserait pour lui l'immortalité, il doit être difficile de grandir trop vite et d'avoir encore des années et des années d'existences, surtout lorsque cela ne rentre pas dans l'éducation. J'imagine quelques scénarios fous mais un me reste particulièrement en tête. Les dragons... Ils ont le pouvoir de rendre immortels. Alors, gêné, je me permet tout de même la question... Après tout, si c'était le cas, cela ne fairait-il pas un plus pour les elfes que de savoir qu'ils peuvent compter dans leurs alliés un de ces êtres mythiques à la force incontestable et incontestée ? Mais la réponse ne me déçoit pas, comme si je m'y étais attendu. Non, il n'existe pas de sort d'immortalité comme les elfes ne possèdent aucun sort pour redevenir mortels. Il rajoute même une pointe d'humour concernant son envie de le devenir.

- Les dragons... Vous répondre oui ou non serait mentir alors je me contenterais d'un "peut-être". Mon père était passionné de ces créatures, il me rapportait souvent qu'un oeuf était caché dans quelques villages d'Anaëh. Peut-être a-t-il trouvé aquereur ? Certaines rumeurs enflent, des traces impressionnantes ont été trouvé près du lac d'Uraal récemment mais personne n'a vu de dragons depuis des millénaires.

Nakor assista à quelque chose de surprenant, d'une rareté assez absolu, même pour un homme qui avait six cents ans : de l'humour elfe! Ou en tout as ce que Nakor considérait comme étant de l'humour elfe, cette sorte de trait d'esprit, qui se prononce comme si de rien n'était, mais qui est dit pour faire mouche, pour faire sourire, pour amuser! C'est là un mot qui n'est que trop rarement dans la bouche des elfes. Nakor aurait été l'être le plus triste du monde s'il avait été un elfe, car jamais il n'aurait ri comme il le fait, de tout et de rien, à chaque seconde de la vie qui s'écoule! Nakor ne put donc, face à cette petite remarque, qu'exploser de rire! Un rire franc, réel, Nakor trouvait cette histoire de différence par la barbe, très amusante. Il attrapa alors une énorme touffe de sa barbe et l'agita devant Dolce

"Ho ça ... pfff cela m'aide autant à faire croire que je suis sage, que fou! C'est un magnifique passe partout! Et puisque ça pousse, autant la laisser pendre là! Quoi que je vous avouerai que ... mais cela sera notre petit secret ... que j'adore la sensation que m'offre ce léger chatouillement, par jour de grand vent, ma vieille et longue barbe qui frotte négligemment contre moi même, lorsqu'elle est porté par les remous de notre monde! Quoi de plus réconfortant!"

Nakor se mit alors à glousser et à sautiller sur place, tel un vieux bonhomme bidonnant et bidonné. Ensuite vint toute l'histoire des dragons, c'était un sujet qui intéressait follement Nakor, surtout depuis certaines récentes découvertes en Erac. Les révélations de Dolce étaient proprement excitantes pour le vieillard qui se mit à bouillonner depuis l'intérieur.

"Votre père était expert en dragon ... par tous les dieux de la création Dolce, me laisseriez vous jeter un oeil aux travaux de votre père? Et un oeuf en Anaëh, holala mais je ne le savais pas ... pfff mais pourquoi diable suis-je donc le dernier au courant de ce genre de choses hein? Pour moi les dragons ne sont qu'un vieux mythe que j'ai découvert il y a bientôt six cent treize ans dans les livres poussiéreux de mon enseignante, et pour vous, ici chez les elfes, ce n'est pas du tout un mythe, c'est une histoire vraie. Alors ça!"

Nakor avait mis ses deux mains sur ses hanches, comme s'il était offusqué de ne pas avoir été mis au courant plus tôt! Il reprit tout aussi enjoué qu'un enfant

"Et des traces, des traces de dragons prés d'Uraal ... nondidiou de nondidiou Dolce, de quel coté du lac, au Sud, à l'Est, prés de la berge Ouest, à la pointe Nord? Holala il faut que j'aille voir ça au plus vite! Et ..."

Nakor ouvrit grand les yeux et se demanda subitement si quelque chose d'aussi dangereux que ce à quoi il pensait pouvait être arrivé! Il demanda alors, dans une voix semi soufflé par le temps

"Pensez vous qu'il subsiste une telle créature proche du Puy d'Elda?"

Nakor se demanda donc si les drows étaient en position d'avoir dans leurs rang un fou chevauchant une créature de destruction massive!

Je souris légèrement, certains diraient simplement que c'est une ombre sur mon visage qui me donne l'air de sourire, voilà bien une piètre représentation de mon âme rieuse contrairement à celle de Nakor qui éclate une fois de plus d'un rire franc, réel capable de réchauffer n'importe quel être doté d'une conscience. Il joue un peu avec sa longue barbe blanche et en parle, mais voilà bien des choses que je ne pourrai jamais comprendre, ma race me rendant naturellement imberbe.

- Beaucoup de jeunes gens la rase méticuleusement. Je suppose qu'après six siècles, vous avez d'autres occupations.

Comment pourrait-il en être autrement ? Chez tous les peuples, il y a un soucis de l'esthétique mais lorsque l'on outre-passe les lois de la nature, comment se soucier de détails inutiles et semblables de ce style. Mais une question indiscrète de ma part apporte un nouveau sujet de conversation qui semble passionner mon interlocuteur : les créatures mythiques et tout particulièrement les dragons. Mon père en était passionné et s'il n'a jamais réussi à trouver que des mythes et légendes qu'il a recoupé entre elles, lorsque la rumeur de traces près du lac d'Uraal lui est arrivé aux oreilles, il n'a eu de cesse que de la chercher tout autour du lac, mais ce fut sans succès. Je me souviens des longues lettres qu'ils m'écrivaient où je remarquais l'étendue de son excitation... puis de sa frustration .

- Ils sont sa passion, non la mienne. Je ne saurai vous en dire plus. Quant aux traces, il semblerait que quelques orages ne les aient effacés, on raconte qu'il y en avait près de la cascade mais n'accordaient pas trop d'importance aux ragots, ce peut aussi être un autre animal, sa trace, déformée dans l'eau, aurait fait imaginer quelques rêveurs. Si vous voulez plus de détails, je pense qu'il vaudrait mieux lui parler directement, il habite une riche demeure près de l'académie magique. Il vous recevrait probablement avec joie. Quant à l'oeuf, mon père est d'une grande imagination...

Rare sont ceux qui se souviennent des dragons, rare sont ceux qui s'y intéressent. Mon père est d'un naturel froid mais les légendes lui font retrouver des yeux d'enfants. Mais la dernière remarque du mage me surprend vraiment.

- Un dragon près du Puy d'Elda ? Ce serait une véritable catastrophe en tous points ! Mais je ne sais même pas si ces créatures existent, tant que le doute restera, nulle supposition ne sera possible.

Une fine mais néanmoins consistance pluie nous recouvrit bientôt, les larmes de Kyriä.

- Souhaitez vous poursuivre cette conversation dans ma demeure ? Je n'habite pas loin.

Habiter est un bien grand mot car je n'ai encore touché à aucune affaire de Rima-Marcil, je me sens... étranger à cette maison, aussi belle soit-elle.

{ Désolé c'est court et il n'y a pas beaucoup d'ouvertures >.< }

Nakor ouvrit grand les yeux, Dolce était en train de faire de l'humour et il continuait sur sa lancée! Le vieux mage était aux anges, il le fit même savoir à son nouveau compagnon du moment

"Mon cher ami, je suis très heureux de vous avoir rencontré, je pourrai dorénavant dire que j'ai rencontré l'elfe le plus drôle de tout Alëandir!"

Nakor explosa de rire une nouvelle fois et donna une petite tape dans le dos de Dolce, petite mais franche et sèche. C'était une très vieille habitude de Nakor que de détruire le dos de ses amis! Il ajouta alors

"Mais oui, je suis démasqué, j'ai d'autres choses à faire."

Nakor continua à glousser! Voila un doux moment que l'échange de traits d'humour entre gens de races différentes. L'épisode des dragons vint et Nakor écouta avec intérêt les propos du Marquis. Ainsi son père serait heureux de recevoir qui que se soit parlant de créatures mythologiques. Nakor pourrait être donc lui aussi très intéressé, par une telle rencontre, malheureusement le temps jouait contre lui. Ho et puis tant pis, au diable le temps, Nakor pourrait quand même s'attarder un tout petit peu au pays elfique. Le vieux sorcier multi centenaire ajouta alors

"Hum, votre père vous dites ... une rencontre ... comment se nomme votre père Dolce, que je puisse le héler sur le pas de sa porte!"

Nakor prendrait certainement le temps de se renseigner auprès du père du nouveau marquis de l'Epine Dorée. Il plaça quand même

"Mais en effet je fais preuve de grande bêtise, la pluie a dû, depuis longtemps déjà, faire disparaître les traces d'un tel passage ... mais en tant que mage, vous devriez savoir que les yeux ne sont pas la seule façon de voir Monseigneur!"

Nakor avait ce petit sourire énigmatique, qui laissait entrevoir une soudaine ruse intéressé et intrigante. Le puy d'Elda amena apparemment les mêmes craintes chez Dolce que chez Nakor. Le vieux mage se contenta d'hocher la tête gravement cette fois, tout sourire disparu! Il se mit alors à pleuvoir sur ce sourire effacé et Nakor leva la tête vers le ciel. Le sourire lui revint, il allait pouvoir faire une sortie ... du tonnerre! Il tourna alors son visage en direction du marquis et termina ainsi

"Je vous sais gré Monseigneur, d'une telle invitation, mais mon temps au sein du royaume elfique touche à son terme, mon utilité à vos cotés étant plus que limité désormais! Je suis on ne peut plus heureux de vous avoir rencontré Dolce Livian, Marquis de l'Epine Dorée, soyez sur que nous nous reverrons, d'une façon ou d'une autre! Merci pour ce petit moment et surtout ... une dernière chose, faite passer un message de ma propre part au conseil des elfes : Ne laissez pas la flamme s'éteindre, même si la vie est éternellement continuelle, elle n'a pas de prix! Vous n'avez nul droit, de la perdre alors, même si le chagrin vous fait perdre espoir! SI vous respectez tellement la vie, alors ne la gâchez pas parce que d'autre l'on perdu, au contraire, nul droit ne vous ai donner de la perdre aussi, du simple fait que ceux qui ne sont plus là aimeraient tant vivre encore un peu! Au revoir Monseigneur!"

Le message serait très clair pour les elfes, ils devaient se rendre compte que, la vie était très importante, mais que justement du fait de son importance, ils ne pouvaient pas se permettre de gâcher la leur, surtout si leurs proches avaient péris. Les elfes étaient du genre à mourir de chagrin, or s'ils avaient des morts dans leurs entourages, ils devraient prendre conscience que par respect pour ces pertes de vies, ils ne devaient pas perdre la leur, au contraire ils devaient vivre pour deux, voir trois! Le vieux mage disait cela car il savait que les pertes avaient été lourdes aussi chez les dirigeants elfiques. Nakor tira alors sa révérence et usa d'un vieux sortilège qu'il aimait beaucoup, il mit en mouvement toute la magie dans son corps et d'un seul coup, il se transforma en éclair! D'un seul coup d'un seul au milieu de cette pluie tombante, une grande lumière entoura le vieil homme, puis cette même lumière s'éleva dans les airs, dans un mouvement zébré et dans un terrible bruit de tonnerre grondant. L'éclair semblait partir en direction du monde des hommes, en effet trop de choses étaient à faire, mais Nakor irait bientôt trouver le père de Dolce et enquêter un peu plus, parce que cette histoire commençait à prendre une tournure intéressante et inquiétante aussi.

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