Et Que Dansent Les Ombres - RP ouvert - Déjeuner à Ydril.

Cynn tenait le jeune héritier contre son sein. Elle ne s’était pas montrée très maternelle jusqu’à présent, laissant comme il en était d’usage la garde de son enfant à une nourrice. Elle aimait malgré tout l’avoir parfois avec elle. Le porter, le regarder, tenir sa main. Tant qu’il n’urinait, ne déféquait  ou ne pleurait pas, elle savait tolérer sa petite présence. Par chance l’enfant était plutôt sage et bien portant. C’était un petit bonhomme costaud, comme son oncle et son père pensait-elle souvent.

La jeune femme n’avait pas eu de nouvelles de Francesco depuis des années et elle se demandait s’il était mort ou s’il errait dans une quelconque région inconnue, loin dans le nord ou à l’est. Pour l’heure elle était là elle, à Ydril, de retour à la ville qui l’avait vu naître. Son « salut » elle le devait à la famille des Anoszia. Ou du moins son maintien social. Cynn était en effet issue d’une des vieilles familles nobles et régnantes en Ydril et il était important que les nouveaux arrivants, pour calmer aussi bien les nobles que le peuple, épousent dans cette noblesse locale.

Son « salut » elle le devait également sans-doute à sa beauté. Il est sûr que le vieux régent n’avait pas marié son fils pour la beauté ou l’amour qu’il aurait pu éprouver envers Cynn, mais chacun sait que le mariage, même s’il est politique, marche mieux lorsque les deux époux se plaisent. Au moins plaisait-elle elle physiquement au fils, même si la réciproque n’était pas forcément vraie. Le seul but de son existence à présent était de pondre un héritier, et le fils Anoszia la visita presque tous les soirs jusqu’à ce qu’ils apprennent qu’elle était enfin enceinte et par la grâce des Dieux, il s’agissait d’un jeune garçon fort et en pleine santé.

Elle se sentait presque libre à présent et elle devait sa liberté relative à cet enfant qu’elle tenait. Même si l’amour envers lui n’était pour le moment pas des plus absolus, elle l’aimait, à sa manière. Elle priait tous les soirs pour lui, remerciant les Dieux de lui avoir donné un fils. Elle pensait d’ailleurs que c’était sa foi qui l’aida au près des Dieux pour ne pas faire durer le supplice conjugal trop longtemps. Elle n’était pas une femme des plus excentriques au lit, ou du moins elle ne sentait pas le besoin de l’être pour quelqu’un qu’elle n’avait jamais aimé. Cynn ne détestait pas Oscario, mais elle ne l’aimait pas voilà tout. Il était son mari, elle était son épouse. Elle se comportait aussi bien qu’une épouse devait se comporter. Elle avait été bien élevée et ils étaient désormais de toute manière sa seule famille. Parfois elle se disait que son frère l’avait abandonnée. Pensées fugaces auxquelles elle ne pouvait se résoudre.

Pour l’heure elle devait redonner  l’enfant à la nourrice. Le régent avait demandé à ce qu’ils se voient pour le déjeuner. On lava la jeune femme, on lui plaça quelques touches de parfum sous le cou et aux poignets, et vêtue d’une légère robe en soie rouge et blanche, elle se dirigea vers la salle à manger. Il était rare que le Baron en personne la demande à vrai dire et Cynn se demandait ce qu’il pouvait bien lui vouloir. Peut-être croyait-il qu’elle avait eu des nouvelles de son frère. Ou simplement voulait-il prendre des nouvelles. Elle avait appris à le cerner et savait bien quel genre d’homme il était. Cynn savait utiliser son statut de noble, femme et blonde par-dessus le marché, pour tromper ses interlocuteurs. Ce n’est pas une femme bête, au contraire. Et savoir garder son calme et son léger sourire était primordial.  

Ses pas étaient souples et élancés. Élégants et sensuels.

Cynn pénétra dans la salle.