Rencontre nocturne [Tarja]

La nuit tombait sur Diantra, en ce premier jour du tournoi royal. Journée glorieuse ou journée décevante suivant les succès ou les échecs des différents concurrents. Mais le baron d’Ysari était à mille lieux de penser au tournoi. Pour lui, il s’agissait d’une journée maudite. Assis sur son lit dans la chambre de l’hôtel particulier qu’il avait loué pour la durée de cet événement, un verre de vin à la main, il ruminait des pensées bien moroses. Le galop des chevaux, le choc des lances, tout cela ne comptait guère pour lui désormais. Il ne s’agissait plus que d’une obligation due à son rang, mais en rien d’un plaisir. Cruelle ironie pour un amateur de joute comme lui qui se faisait une joie d’y concourir, et ce depuis que la missive annonçant la tenue du tournoi lui était parvenue.

Une seule image revenait en boucle dans son esprit : celle de cette… de cette…. de Lucrèce, tout sourire, levée et radieuse au passage de ce maudit bâtard de chevalier d’Adamantine devant la tribune officielle. Elle avait osée… elle avait osée ! L’humilier, lui, en public ! Désormais ses pairs savaient qu’elle lui était infidèle, qu’elle ne ressentait ni amour ni respect pour son propre époux. Enfin, était-ce vraiment le cas ? Le mystérieux chevalier d’Adamantine n’était autre qu’Arnhild Níðhöggr, la mercenaire qu’il avait lui-même mis à son service. Qu’est-ce que Lucrèce avait donc dit ? Qu’elle voulait le protéger de... bah, tout cela n’était rien de plus que des excuses inventées à la hâte ! La vérité était qu’elle voulait jouir de son humiliation !

S’il n’avait tenu qu’à lui, Harnyll serait déjà reparti pour Ysari, plaquant tout ici. Mais faire une telle injure au roi n’était pas dans sa nature. Non, contrairement à Lucrèce, Harnyll savait ce que voulait dire être un noble, quand bien même ce soir les préceptes de la noblesse et de la chevalerie lui paraissaient bien futiles. Se levant, le baron sortit sur le palier de l’étage et s’accouda à la rambarde. Les gardes en faction se fondirent dans l’ombre, peu désireux que leur seigneur les voie. Ce qui s’était passé sur le champ de lice donnait lieu à des rumeurs parfois bien éloignées de la réalité, mais tous avaient compris une chose : leur maître était d’une humeur massacrante.

Au bout du couloir, le baron vit les deux hommes en faction à la porte de sa femme. Lucrèce portait encore son titre de baronne, mais tous comprenaient bien que la traiter avec les honneurs d’antan n’était plus nécessaire. L’espace d’un instant, Harnyll hésita à aller demander une explication plus complète à sa femme, mais la colère rejaillit. Une explication ? Mais aucune explication ne pouvait justifier ses actes. Non, aucune ! La trahison était patente, nul besoin de s’attarder sur ses origines.

Peut être qu’un peu d’air lui changerait les idées, lui permettrait de réfléchir plus calmement. Saisissant sa rapière, il descendit les escaliers, faisant signe à ses gardes de ne pas le suivre. Trouver du calme avec des hommes d’armes collés à ses basques serait impossible. Saisissant une lourde cape, le baron d’Ysari sortit dans les rues de la capitale du royaume. Marchant au hasard, Harnyll s’éloigna rapidement du quartier où il logeait. Mettre de la distance entre Lucrèce et lui pourrait peut être l’aider à se calmer.

Perdus dans ses pensées, il se rendit brusquement compte qu’il était dans un quartier où les rues étaient plus resserrées et moins bien éclairées. Des silhouettes s’agitèrent dans l’ombre, mais disparurent bien vite lorsque le baron mit la main sur sa rapière. Dommage, se dit Harnyll, tuer quelques fripouilles pouvait le détendre, mais même cela lui serait refusé. Regagnant les grandes artères de la capitale, il avisa une taverne apparemment convenable et y entra. La noblesse terrienne ne venait d’habitude pas dans ce genre d’endroits, mais peu lui importait. Vêtu sans signe distinctif, il pouvait passer pour un bourgeois de la cité en goguette. S’accoudant au comptoir, il ordonna :

Un verre !

Seule une belle nuit comme celle-ci pouvait succéder une telle journée. L'ennui n'avait pas été au rendez-vous mais, j'avais juste besoin de prendre l'air, de penser à autre chose qu'à ce tournoi auquel j'avais pensé toutes les nuits depuis son annonce, et cela, même avant que je sois choisie pour représenter Néera. Je voulais penser à autre chose, et surtout, à moi. Je ne sais pas ce qui m'arrive, chaque homme qui se présentait était devenu pour moi, une source de curiosité, et je n'étais pas arrivée à m'en détourner. Bien sûr, certains m'avaient plus intéressés que d'autres mais le fait était là. Je crois que je suis dans une période où je n'ai plus envie d'être seule, et, voir toutes ces personnes, tout ces couples de tout les côtés me déprimaient. Je ne pouvais m'empêcher de penser à Jukka, mon premier et dernier amour. Un amour séparé, et je suis sûre qu'il s'était trouvé quelqu'un. J'avais tenté de passer quelques journées sans mon pendentif, son cadeau d'adieu, mais ça ne changeait rien à mes pensées, qu'il occupait toujours autant, ex-æquo avec ma blessure à la jambe. Finalement, les seules choses auxquels je pensais le plus étaient deux cicatrices, une physique et une morale. Même si ce tournoi m'avait réjouie, ce n'était pas assez.

J'avais encore dans la tête l'image de tout ces hommes, Harnyll, le baron sujet à beaucoup de rumeurs mais, dont le nom ressemblait étrangement pour peu de choses au mien; Cléante de Prademont, au nez....spécial; Jörmungand, le chevalier d'Adamantine, mystérieux dont nul ne connaissait le visage, à part peut être la femme du baron dont la complicité semble si grande; Grégoire.. L'homme que j'ai rencontré avant le tournoi.. Et tant d'autres !

Mes pas me conduisaient loin de l'allée principale qui, malgré la nuit, était aussi peuplée que la journée, un peu moins, il ne faut pas exagérer, mais pas mal non plus. Je passais devant certaines ruelles, refuge des voleurs et d'autres, refuges de ceux qui voulaient être seuls. C'était mon cas, mais je ne voulais pas l'être complètement, sinon, je serais restée dans ma chambre. Une bonne nuit de sommeil. Une brise, touchant ma peau, me fit frissonner dans tout le corps et c'est ainsi que je me retrouvais devant une taverne, dans laquelle je me réfugiai, recherchant la chaleur. Ce n'était pas la plus peuplée des tavernes de Diantra, en marchant, j'étais passée devant des tavernes dont les nouveaux clients restaient dehors, par manque de place. Hors, à l'extérieur de celle-ci, il n'y avait personne hormis deux/trois couples qui se promenaient, et dont je préférais éviter le regard.

Je portais une tenue légère, je n'avais pas à me plaindre d'avoir froid mais, après avoir enlevé mon armure, je n'avais pas pensé sortir, c'est donc vêtue comme ça, d'habits souples que j'entrais dans cette taverne, me dirigeant vers le comptoir. J'entendis une voix qui, malgré un teint de colère, je reconnus pour l'avoir entendu il y a peu...

Un verre !

Bonne idée !

Deux ! Deux verres !

Le baron d’Ysari sursauta lorsqu’une voix féminine ordonna au tavernier de servir un deuxième verre. Se retournant, il tomba nez à nez avec une fort jolie elfe qui vint tranquillement s’accouder à ses côtés. Harnyll était certain de la connaître… mais quand donc l’avait-il vu ? Pas à Ysari même, les elfes étant plutôt rares dans les terres du Sud. Ou donc alors ? Mais bien sur ! Le matin même, au tournoi. Il s’agissait de la chevalière de Néera. La mémoire revint brusquement au baron d’Ysari. Il n’avait pas fait le rapprochement plus tôt, encore troublé qu’il était par la douloureuse trahison qu’il venait de subir. Cette belle demoiselle n’était autre que Tarja Hietala, la maître d’armes de Diantra.

Lors de son dernier séjour dans la capitale, l’hiver précédent, alors que la rébellion faisait rage et que les loyaux vassaux du roi se faisaient rares, Harnyll l’avait remarqué au cours d’un conseil de guerre auquel ils avaient tous deux participés. Une elfe occupant un poste à si haute responsabilité chez les humains, voilà qui était une chose pour le moins rarissime. Harnyll lui-même ne voyait aucun problème à cela, mais il savait que certains de ses pairs, et bien des humains en général, n’appréciait pas outre mesure les elfes, s’en défiant même parfois ouvertement.

De plus, les courbes avantageuses de la belle n’étaient guère cachées par ses vêtements légers, et cela devait parfois lui valoir des réflexions pour le moins scabreuses. Bien qu’à voir le regard émeraude de Tarja, où se mêlait douceur et dureté, Harnyll comprit qu’elle n’était pas du genre à s’en laisser compter sans réagir. Nul doute qu’elle pouvait infliger une sévère correction à un soldat trop entreprenant ou à un courtisan quelque peu dédaigneux. En tout cas, Tarja devait être particulièrement compétente dans son domaine, sinon le puissant culte de Néera n’aurait pas fait appel à elle pour défendre ses couleurs sur le champ de joute.

Le tavernier leur servit deux verres d’un vin de Hautval assez réputé. Apparemment, le bonhomme avait compris que ce couple de client sortait de l’ordinaire et qu’il valait mieux leur réserver ses meilleurs produits.

Les noms de l’humain et de l’elfe se ressemblaient tant qu’Harnyll avait tout d’abord cru qu’il s’agissait du même. Mais pour autant que le baron sache, sa famille n’avait pas d’ancêtres elfiques. A moins peut être que la lignée des Adamantine qui régnait autrefois sur Odélian, ne se soit aventurée dans l’Aduram, hypothèse somme toute peu probable. Faisant un délicat baisemain à la maître d’arme, Harnyll se présenta :

Dame Tarja, vous rencontrer illumine cette soirée. Je suis le baron Harnyll de Hetalia. Nous nous sommes vus ce matin lors de la… présentation des jouteurs.

Harnyll avait hésité sur le dernier mot, le poignard de la honte et de la colère venant à nouveau de remuer dans sa chair. Tarja ne pouvait pas avoir manqué l’humiliation qu’il avait subi le matin même. Mais nulle moquerie, nulle dérision ne se lisait dans les yeux de l’elfe, Harnyll cru même y voir… de la compréhension ? Quoiqu’il en soit, le baron s’aperçut soudain qu’il était affamé, car en effet il n’avait pas mangé depuis le lever du soleil. Or justement, la perspective de dîner en aussi charmante compagnie constituait sa première heureuse pensée dans cette triste journée.

Fouillant la salle du regard, Harnyll hésita. Quelques instants plus tôt, manger ici ou ailleurs lui paraissait d’une importance négligeable, tant la nourriture lui aurait de toute façon semblée insipide. Mais Tarja n’avait pas à supporter les problèmes personnels du baron et elle méritait mieux qu’une table de seconde zone. Se tournant de nouveau vers l’elfe, le baron demanda :

Dînerez-vous avec moi ? Je connais non loin d’ici une auberge réputée pour l’excellente qualité de sa cuisine.

Lorsqu'il entendit ma voix, le baron sursauta, apparemment, il ne s'attendait pas à ça. Il devait être perdu dans ses pensées, et je connais ça. Toujours est-il qu'il se tourna vers moi, au début, il ne semblait pas m'avoir reconnu mais, il ne mit pas beaucoup de temps. Même si, il avait l'air en colère, et quelque chose me disait que sa femme et le chevalier d'Adamantine n'y était pas pour rien, il devait se rappeler m'avoir vu ce matin. Et c'est d'ailleurs à ce moment là que je me rappelais, je l'avais déjà vu, avant le tournoi, mais ce pan de ma mémoire, je n'y pensais pas. On s'était vu, à un conseil de guerre, il était d'ailleurs l'un des seuls qui ne m'avait pas regardé d'un mauvais œil, j'étais arrivée il n'y a pas si longtemps que ça, mais je m'étais assez bien illustrée. Je vis alors son regard m'inspecter, me regardant dans les moindres détails, certains détails plus que d'autres, jusqu'à ce que nos yeux se croisent, vert émeraude contre un doux marron. C'est dès ce regard que je vis cette homme différemment, je crois que quelque chose m'attirait en lui, et ça me troublais au plus haut point. Je cherchais quoi, mais je ne trouvais pas quoi. Ah, moi qui représentait la déesse du choix du bien etc.. Voilà que je tombais sous le charme d'un homme marié !

Le tavernier arriva avec les verres, et servit, contre toute attente, du vin. Un vin de qualité, qui plus est. Il avait du remarquer que les clients, nous, à qui il avait à faire n'étaient pas anodins mais, moi, je n'étais qu'une elfe maître d'arme, lui, était un baron. Il méritait plus le vin que moi mais, moi qui était venue me changer les idées, une bonne bière ne m'aurait pas fait de mal. Alors que je m'apprêtais à en commander une au tavernier, Harnyll me baisa la main et me dit :

Dame Tarja, vous rencontrer illumine cette soirée. Je suis le baron Harnyll de Hetalia. Nous nous sommes vus ce matin lors de la… présentation des jouteurs.

Un baisemain, un "Dame". Finalement, je devais m'habituer à tout ces élans de politesse, depuis l'annonce du tournoi, c'était le deuxième homme à me considérer comme ce que je ne suis pas. Je ne voulais pas d'une courtoisie comme celle là, mais je devais m'y faire, car je pense que ce n'est pas le dernier qui me traitera comme ça...malheureusement. Oh, je savais bien qui il était, je l'avais reconnu bien avant que lui ne me reconnaisse mais, la présentation devait être aussi une norme de politesse, et je pense que mon tour y viendra.
Il eut une difficulté à s'exprimer par rapport à la présentation des jouteurs, je pense que l'évènement de ce matin, sûrement responsable de sa colère, resterait pour lui un mauvais souvenir, c'est dommage car, ce tournoi avait été organisé pour redonner le sourire aux gens, mais cette Lucrèce avait réussi à produire un effet contraire sur son époux. Je ne la connaissais pas et elle me semblait déjà assez gaffeuse, surtout que, selon les rumeurs, ce n'était pas la première fois qu'elle agissait comme ça avec son époux et ce chevalier. Toutefois, le baron semblait un homme bien et il devait y avoir quelque chose de bien en elle pour qu'il se marie avec.
Je comprenais bien qu'il puisse se mettre en colère pour ça, et je compatissais, mais nullement je n'aurais pitié de lui, tout homme se doit d'avoir sa fierté et avoir pitié de lui empirerait son état s'il s'en rendrait compte.
De ma voix la plus douce possible, mais, je ne put enlever trop la dureté, chose que je ne voulais pas mais que les entraînements m'avaient donnés, je lui répondis :

Enchantée baron, Tarja Hietala, comme vous le savez déjà, et maître d'armes à la cour de Diantra. Ma présence est si bien pour vous qu'elle illumine votre soirée? Vous m'en voyez flattée.

Je vis alors mon interlocuteur scruter la salle entière du regard avant de se retourner vers moi et de me dire :

Dînerez-vous avec moi ? Je connais non loin d’ici une auberge réputée pour l’excellente qualité de sa cuisine.

Un diner? Avec lui? Oh, alors qu'on se connaissait depuis si peu, une partie en moi était ravie qu'il propose ça et voulait accepter, tandis qu'une autre, plus faible disait que c'était à l'encontre du culte que je représentais au tournoi. Mais, la faim me tiraillait et, cette proposition de dîner arrivait à pic. Je ne pouvais refuser, et puis la curiosité voulait connaître la qualité de la cuisine de l'auberge dont il vantait les mérites.

Oh, bien sûr, j'accepte avec plaisir, je commence à avoir faim, et puis, je ne pense pas pouvoir trouver, ce soir, meilleure compagnie que la vôtre.

Le baron d’Ysari eut un grand sourire lorsque la belle elfe accepta son offre. Il n’aurait pas pu expliquer précisément pourquoi, mais depuis que Tarja était avec lui, il se sentait mieux, plus calme, plus détendu. La trahison de Lucrèce paraissait d’un coup assez éloignée dans son esprit, chose surprenante surtout en présence d’une personne qui avait assisté à la scène le matin même. Était-ce du au fait qu’il se trouvait avec quelqu’un qui ne jugeait pas son comportement, qui ne cherchait pas à lire en lui la douleur qu’il ressentait ? Tarja respectait sa douleur, ne cherchant ni à se moquer ni à le prendre en pitié. Elle était là, lui offrait sa présence réconfortante, mais ne s’immisçait pas dans le combat que le baron devait mener contre ses démons intérieurs.

Une fois qu’ils eurent fini leurs verres, Harnyll paya leurs consommations et ils sortirent dans la rue. Le seigneur d’Ysari ne pouvait pas se mentir à lui-même, l’attirance physique qu’il éprouvait pour Tarja jouait bien évidement aussi un rôle dans le bien être qu’il ressentait. L’elfe était une femme d’une très grande beauté qui devait faire tourner bien des têtes à la cour, et plusieurs passants se retournèrent d’ailleurs pour admirer ouvertement sa compagne. La nuit était bien fraîche pour la tenue légère que portait la maître d’armes. La voyant quelque peu frissonner, Harnyll ôta sa cape et la posa doucement sur les épaules de l’elfe. S'ils croisaient une de leur connaissance, les rumeurs sur leur liaison iraient bon train.

Le baron d’Ysari n’était pourtant pas un homme qui habituellement trompait sa femme, contrairement à certains de ses pairs qui couraient après toutes les jolies filles qu’ils croisaient, essaimant les bâtards à travers leurs terres. Sa réputation de mari fidèle et aimant était fort bien connue à la cour, ce qui n’en rendait la trahison de Lucrèce que plus choquante et cruelle. A Ysari même, la fidélité adamantine qu’il avait montrée envers son épouse depuis leur mariage avait fait le désespoir de bien des soubrettes du château.

Mais après tout, seul un imbécile collet monté oserait ce soir là y trouver à redire. Bien qu’elle défendit au tournoi le culte de Néera, Tarja n’était pas mariée, quand à Harnyll… et bien, la situation actuelle ne se prêtait vraiment pas à une quelconque notion de fidélité conjugale. Non, décidément, quand bien même Harnyll et Tarja auraient été vus ensemble, nul ne pourrait s’en offusquer.

Après quelques minutes de marche, les deux compagnons débouchèrent sur une grande place de Diantra, où se trouvait la fort renommée auberge du « lion d’or ». L’aubergiste se rua vers eux un grand sourire aux lèvres lorsqu’il comprit avoir à faire à de nobles visiteurs.

Monseigneur… c’est un honneur que de vous recevoir.

Un salon privé pour cette dame et moi

S’inclinant, l’aubergiste les conduisit à l’étage, ou les nobles de passage et les riches marchands pouvaient disposer d’une certaine intimité introuvable dans la salle commune. Dans un long couloir dominant la salle se trouvait une petite dizaine de portes. Ce système avait été conçu pour permettre aux gardes du corps des invités de surveiller aisément la seule entrée des salons. Ouvrant l’une des portes, l’aubergiste les invita à entrer. Au centre du salon privé se trouvait une grande table, entourée de lourds fauteuils molletonnés. Aux murs pendaient de riches tapisseries représentant des scènes de chasses. Tandis qu’Harnyll et Tarja s’installaient, l’aubergiste demanda :

Que désirez-vous manger ? Je vous conseille de petites cailles dorées qui vous fondront sur les papilles. Agrémenté d’un vin des coteaux de Hautval, cela sera divin.

A peine avais-je accepté mon offre qu'un grand sourire s'afficha sur le visage du baron. Je ne sais pas pourquoi.. Même si, plus le temps passe avec cet homme, plus j'ai un doute sur ce qui m'arrive; mais de voir ce sourire me fit chaud au coeur. J'avais l'impression que, depuis que je l'avais rencontré dans cette taverne, son visage s'était adoucit, et que la colère disparaîssait. Oh, je ne pense pas qu'elle n'était plus là, non, mais il ne semblait plus y penser, et, de remonter le moral à une personne comme cet homme, me remplissait d'une joie immense. Il n'a pas un visage qu'on aime à avoir en colère, enfin, du peu que j'ai vu, ce sourire lui allait tellement mieux que le visage fermé qui le précedait. Il fallait qu'il pense à autre chose, maintenant, il aura bien le temps de régler cette histoire, mais, je voulais le voir, si j'en avais l'occasion, combattre avec une mine enjouie tout comme ce sourire, qu'il venait de m'offrir.

Ce que je voulais lui offrir d'ailleurs, c'était la boisson, mais, après avoir fini nos verres, il ne me laissa pas le temps de sortir des pièces qu'il avait déjà payé. On sortit alors et il m'emmena dans cette fameuse auberge. Sur le chemin, je ne pouvais m'empêcher de le regarder et d'être de plus en plus attirée par cet homme. Ce soir, ce n'était pas le chevalier de Néera qui était là, mais l'elfe qui avait grandement besoin d'une présence masculine, et Harnyll remplissait bien ce rôle.
Une brise me fit frissoner, je n'aurais pas dû sortir avec une tenue si légère, d'ailleurs, je pouvais voir le regard des passant se tourner vers moi quand nous passions devant eux. C'est alors que je sentis quelque chose se poser délicatement sur mes épaules et recouvrir mon corps peu couvert. Le jeune humain, enfin, jeune comparé à moi, avait ôté sa cape pour me couvrir et me réchauffer, ce qui fonctionnait. J'étais seule avec lui, plus rien ne m'intéressait, tout ce qui était autour n'existait plus pour moi. Je me sentais bien, et, ni ma cicatrice à la jambe, ni la pensée de Jukka ne me vint à l'esprit, ces deux choses qui me faisaient souffrir avant n'étaient plus là et, autant que ma présence pouvait être bonne pour lui, la sienne l'était aussi pour moi.

Nous arrivions, peu après avoir quitté la taverne, à une grande place où l'auber "Le Lion D'or", auberge dont j'avais déjà entendu parler et dont l'avis de Harnyll n'était pas le seul à vanter la bonne cuisine, j'étais assurée de passer une bonne soirée, peut être la meilleure depuis mon arrivée en ces contrées. A peine entrés, l'aubergiste était déjà vers nous :

Monseigneur… c’est un honneur que de vous recevoir.

La réponse ne se fit pas attendre :

Un salon privé pour cette dame et moi.

L'aubergiste nous conduisit alors à l'étage, un salon privé, un endroit où nous pourrions discuter dans un calme que nous ne trouverions pas en bas, là où j'entendais déjà les discussions de tout les clients. Nous étions alors dans un couloir, un long couloir où je pouvais voir une dizaine de portes, comme dans un couloir d'auberge mais, après que l'aubergiste nous ai fait rentrer dans par l'une de ces portes, je pouvais trouver juste un salon, comme Harnyll l'avait demandé, alors que je m'attendais à une chambre. Au centre il y avait une table décorée. Grande, elle n'était pas entourée de chaises mais de fauteuil, qui, après s'être assise dessus, je trouvais des plus confortables. Alors que je contemplais les tableaux aux murs, représentant des scènes de chasses, l'aubergiste nous demanda :

Que désirez-vous manger ? Je vous conseille de petites cailles dorées qui vous fondront sur les papilles. Agrémenté d’un vin des coteaux de Hautval, cela sera divin.

J'étais sûre que sans cette rencontre, je n'aurais pas eu l'occasion de venir manger ici, mais, je ne comptais pas profiter de cette rencontre de cette façon, déjà, de le voir si heureux me suffisait, mais, je comptais profiter d'une autre façon...

Oh, je vais suivre votre conseil, rien que de l'entendre, mes papilles ne demandent qu'à goûter ce plat, je vais donc prendre cela.

J'étais pressée de pouvoir parler avec lui, de tout et de rien, je m'en fichais...

Harnyll et Tarja s’assirent dans deux fauteuils contigus, tandis que leur hôte appelait une servante afin de venir préparer la table. Cela fut fait avec la force de l’habitude, et une discrétion parfaitement adaptée à la situation quelque peu inhabituelle. De par le fait, l’aubergiste connaissait déjà Harnyll de vue pour l’avoir reçu quelques jours plus tôt, et il devait probablement être conscient que l’elfe à ses côtés ne pouvait pas être la femme du baron d’Ysari. Un noble du royaume ayant épousé une elfe aurait fait sensation, et nul à Diantra n’aurait dès lors pu l’ignorer.

A aucun moment toutefois l’aubergiste ou la servante ne fixèrent leurs clients, adeptes qu’ils étaient de la devise du « je n’ai rien vu, je n’étais pas là, ou si j’étais là je devais être très occupé en cuisine… ». En effet, personne ne peut espérer tenir une des meilleures auberges de Diantra, disposant de ces fort pratiques petits salons privés, tout en se mettant à raconter à tort et à travers qui y a dîné, et surtout avec qui. La discrétion du personnel constituait la meilleure garantie de la pérennité de ce genre d’auberge où se rencontraient souvent des hommes et des femmes d’influence. Un mot de travers et une bande de brutes risquait de débarquer un soir afin de faire vivement et douloureusement ressentir le profond mécontentement de leur maître.

Sous la table, les genoux d’Harnyll et de Tarja se frôlaient légèrement, comme de furtives promesses, et ni l’un ni l’autre ne semblaient avoir envie de les replier…. En attendant que le plat principal soit prêt, l’aubergiste leur amena de petites tourtes fourrées au porc, délicieusement dorées qui embaumèrent agréablement l’atmosphère. Tandis que la servante déposait le plateau sur la table, l’hôte passa ses pouces massifs dans sa ceinture et déclara en souriant.

Une spécialité de la maison dont vous me direz des nouvelles

Une fois le bonhomme sortit pour aller dans sa cave chercher le vin, Harnyll goûta l’une des tourtes et du admettre qu’il ne s’agissait pas d’une vantardise, car elles étaient réellement délicieuses. L’espace d’un instant, il nota de penser à obtenir la recette pour son propre cuisiner à Ysari. Le baron se targuait d’être un gourmet et sa table comptait parmi les meilleures des terres du Sud. Un murmure appréciateur à ses côtés lui indiqua que Tarja se régalait elle aussi.

Doucement, les deux compagnons commencèrent à manger, s’échangeant de furtifs regards comme s’ils cherchaient à se doser l’un l’autre. Une attirance mutuelle s’établissait entre eux, cela leur semblait désormais incontestable. Toutefois, il y avait encore quelque chose en plus qu’un simple désir physique naissant. Harnyll ignorait si l’elfe ressentait la même chose que lui, mais pour le baron, la situation paraissait si délicieuse et si agréable qu’il avait l’impression que Tarja remplissait un vide dans son cœur, un vide qui n’attendait qu’elle depuis toujours. Saisissant doucement la main de sa compagne, Harnyll déposa un furtif baiser sur le poignet, effleurant à peine de ses lèvres la petite veine qui palpitait.

Nous sommes tous les deux en train de dîner ensemble, et pourtant je vous connais encore si peu. Une elfe devenir maître d’armes de Diantra, voilà un exploit exceptionnel. Je vous en prie, ma chère, parlez moi de vous.

Nos deux fauteuils étaient accolés. Le silence régnait. L'aubergiste avait fait appeler une servante qui préparât la table avec un professionnalisme, elle devait effectuer la même ne tâche je ne sais combien de fois par jour et en était habituée. Aucune des deux personnes présentes ne nous fixait alors, qu'il y avait de quoi. Déjà, un homme et une elfe qui dînent dans un salon privé, ça ne devait pas être courant, mais quand cet homme était un baron connu et, de plus, marié. Je présumais alors que ces salons avaient dû abriter bien des secrets de ce genre et que, le personnel devait s'être habitué à devoir garder ces secrets...secrets. Et puis, vu les salons, l'argent devait rentrer et il devait y avoir des nobles qui passaient ici, et les nobles n'aiment pas, à ce que j'ai compris, que leurs secrets soient divulgués. Mais, ça ne reste que des suppositions, je ne suis pas une connaisseuse de ce genre d'endroits.

Assis, nos genoux se sont frôlés, cette sensation me plaisait énormément et je ne voulais pas que ça s'arrête. Les siens, ne bougeant pas non plus, j'en conclus qu'il pensait la même chose...je l'espérais. Il m'attirait de plus en plus, je ne pouvais plus le cacher, me le cacher.
Une entrée arriva, en attendant le plat que l'on avait commandé. Des petites tourtes, dorées, dont l'odeur, arrivant jusqu'à mes narines me donnait l'eau à la bouche.

Une spécialité de la maison dont vous me direz des nouvelles.

J'en goûtai une et, hmm.. Cette saveur qui envahissait ma bouche, c'était délicieux, je ne m'étonnais pas que c'était une spécialité et, je savourais autant la nourriture, que l'instant et la présence du baron. Baron qui, à l'expression de son visage, semblait autant se régaler que moi. Je présageais vraiment une bonne soirée ! Je ne pouvais plus m'empêcher de manger, mes papilles dégustaient chaque bouchée et mes regards se plongèrent dans ceux de Harnyll, réchauffant mon coeur, remplissant ce vide que seul Jukka avait réussi à remplir, mais c'était trop lointain maintenant. Et ce vide s'était agrandi de jour en jour, mais, la présence de cet homme l'avait rempli si rapidement... Je ne savais plus quoi penser mais il m'attirait, et, je ne savais pas si il ressentait la même chose que moi mais, je l'espérais. Il saisit alors mon poignet, y déposant un léger baiser, le contact de ses lèvres contre ma peau me fit frissonner, de plaisir. Il l'avait fait comme pour me montrer quelque chose, comme pour me faire passer un message. Mais, je ne savais pas si c'était mon attirance pour lui qui me le faisais croire ou bien...
Il rompit alors le silence, de sa belle voix :

Nous sommes tous les deux en train de dîner ensemble, et pourtant je vous connais encore si peu. Une elfe devenir maître d’armes de Diantra, voilà un exploit exceptionnel. Je vous en prie, ma chère, parlez moi de vous.

Ah, on dirait que j'étais destinée à raconter mon histoire à tout homme que je rencontrerais mais, je ne pouvais rien lui refuser, qu'il m'aurait demandé la lune, je serais allé lui décrocher, cette soirée allait me faire découvrir bien de choses, sur lui, comme sur moi.

Oh, pour devenir maître d'armes, à Diantra, il ne suffisait que d'un exploit, un acte montrant mes capacité, ce que je fis lors d'une embuscade, en plein campagne contre les Drows. Lors de cette attaque, je fus blessée à la jambe, une blessure qui est restée et qui restera, me rappelant ce jour. A cause de cette blessure, je ne pouvais plus exercer mon poste chez les elfes, un poste important et cette blessure m'handicapait pour bien des missions.. Chez les Aigles, il faut les meilleurs et en meilleure santé possible. Je ne voulais pas en rester là, j'avais ce goût pour le combat, que j'ai toujours d'ailleurs, qui voulait que j'exerce toujours un métier en rapport et, c'est là que ce poste de maître d'armes me fut proposé, et je l'accepta avec joie. Mais, vous, parlez-moi de vous, je ne vous connais pas tant que ça et, je voudrais tant savoir !

Je ne voulais pas parler de moi en fait, même si, en me le demandant, je lui raconterais, je n'aimais pas, et je voulais en savoir plus sur lui.
Mais je voulais aussi et surtout en finir avec ce dîner et ces paroles pour passer à des choses plus sérieuses...

Harnyll buvait des yeux l’elfe tandis qu’elle lui parlait de sa vie. Ses beaux yeux d’émeraude, ses charmantes oreilles pointues, la douce courbe de son visage, la naissance de ses seins que laissait entrevoir la tunique courte qu’elle portait… tout en Tarja enflammait les sens et le désir du baron. Il eut presque du mal à réussir à se concentrer de nouveau lorsque sa compagne lui demanda de parler de lui.

Ysari n’est qu’une petite baronnie du Sud, ni une puissance militaire ni une puissance économique. Notre fierté est d’avoir toujours pu survivre au milieu de nos puissants voisins, tâche souvent difficile. Mon père est mort lorsque j’étais très jeune, et ce fut ma mère qui du assumer la régence. Ce furent des temps agités, mais le calme est désormais revenu. Je me plais à penser que les habitants d’Ysari ne sont pas les plus malheureux du royaume, qu’ils savent que la justice est la même pour tous et que les finances servent également à tenter d’améliorer leur vie quotidienne. Trop de nobles veulent rentrer dans l’histoire du royaume en bouleversant les équilibres établis. Je n’ai pas cette ambition… si mon peuple pleure lors de mes funérailles, alors j’aurai accompli ma tâche au mieux.

Harnyll n’avait pas lâché le bras de la belle et il déposa un second baiser à la saignée du coude. Peut être serait-il allé plus loin si un coup frappé à la porte ne l’avait pas brusquement ramené à la réalité. Heureusement, leur hôte savait qu’il ne faut jamais rentrer dans ces petits salons sans s’être au préalable annoncé.

Entrez

L’aubergiste entra, une bouteille à la main, précédant la servante qui portait le plat principal du repas.

Voici les cailles, monseigneur, et une bonne bouteille de vin de Hautval, la meilleure de ma cave.

Débouchant la bouteille, l’aubergiste fit le service puis il salua et sortit. Enfin tranquilles, l’humain et l’elfe mangèrent en silence, se contentant de petits gestes en apparence anodins mais plein de promesses. Le doux frôlement des genoux, les mains qui s’effleurent, un regard empli de désir… Bien que le lion d’or soit une grande auberge, les petits salons disposaient d’une excellente isolation, et aucun bruit en provenance de la salle commune ne risquait de venir les troubler. Ils pouvaitn se croire seul au monde, seuls avec leur amour.

Lorsque les cailles ne furent plus que de petits squelettes dans leurs assiettes, Harnyll tourna son fauteuil pour faire face à sa compagne. L’un comme l’autre voulait passer à la suite, mais l’attente était une torture si délicieuse qu’ils ne voulaient pas tout gâcher en brusquant les choses. S’agenouillant devant la belle elfe, le baron lui saisit doucement la jambe gauche, cette jambe où elle avait été gravement blessée, et demanda d’une voix douce :

Puis-je ?

Délaçant la longue botte en cuir que portait Tarja, Harnyll la lui ôta. Une large cicatrice courrait le long du tibia. Harnyll estima que ce jour là Tarja avait eu de la chance dans son malheur. Si le coup avait été porté avec un peu plus de force, les nerfs auraient été tranchés net, rendant cette jambe définitivement inopérante. En tout cas, se sortir de cette embuscade avec une telle blessure avait du être un supplice pour la maître d’armes. Les lèvres baron effleurèrent la cicatrice, son souffle caressant la peau nue de l’elfe. Doucement, lentement, ses lèvres remontèrent le long de la jambe de sa compagne.

Tandis que je lui racontais mon histoire, nous nous regardions tendrement. Il me détaillait encore et j'aimais ça, et, le regarder, oh, il m'attirait, tout en lui m'attirait, non seulement physiquement, mais aussi moralement... Je l'aimais.
Alors qu'il semblait envoûté, il se reprit quand je lui en demandai plus sur lui :

Ysari n’est qu’une petite baronnie du Sud, ni une puissance militaire ni une puissance économique. Notre fierté est d’avoir toujours pu survivre au milieu de nos puissants voisins, tâche souvent difficile. Mon père est mort lorsque j’étais très jeune, et ce fut ma mère qui du assumer la régence. Ce furent des temps agités, mais le calme est désormais revenu. Je me plais à penser que les habitants d’Ysari ne sont pas les plus malheureux du royaume, qu’ils savent que la justice est la même pour tous et que les finances servent également à tenter d’améliorer leur vie quotidienne. Trop de nobles veulent rentrer dans l’histoire du royaume en bouleversant les équilibres établis. Je n’ai pas cette ambition… si mon peuple pleure lors de mes funérailles, alors j’aurai accompli ma tâche au mieux.

Oh..

J'aime bien votre façon de penser, c'est très sage. Je.. Je crois que je ferais parti de ceux qui pleureront lors de vos funérailles, mais je souhaite qu'elles arrivent le plus tard possible, on se connaît depuis si peu.. Et on a pas assez fait de choses ensemble. Alors, qu'en cette nuit, il y a tant qu'on puisse faire..

Il déposa alors un second baiser à la saignée de mon coude. Les choses évoluaient de plus en plus... Jusqu'à ce que quelqu'un frappe à la porte, nous ramenant alors comme des gens qui ne s'apprêtaient pas à faire quelque chose..

Entrez.

Après cet ordre, ou cette commande, enfin, après l'autorisation que donna Harnyll, l'aubergiste rentra, une bouteille à la main, le vin qu'il avait prévu, et, la servante, portant le plat principal que j'attendais tant, en partie parce que rien que d'y penser, j'en avais l'eau à la bouche, mais surtout parce que plus vite on avait mangé, plus vite on pouvait se libérer, ne plus être dérangé par l'aubergiste et enfin, pouvoir aller là où le baron allait aller...

Voici les cailles, monseigneur, et une bonne bouteille de vin de Hautval, la meilleure de ma cave.

L'aubergiste déboucha la bouteille puis salua et enfin, partit du salon, nous laissant seuls, tranquille, pour un moment qui me paraîtrait des plus longs, mais des plus enivrants. Nous mangions en silence, se contentant de nos petits regards, de l'effleurement de nos genoux, et de nos mains, toutes ces petites choses que feraient de jeunes amoureux timides.. Et c'était peut être le cas.
Lorsque nous avions fini les cailles, que les squelettes formaient les seuls restes dans les assiettes, Harnyll tourna le fauteuil de façon à ce qu'il soit en face de moi. Ce repas était enfin fini et les choses sérieuses allaient enfin commencer. Je comptais quand même sur lui pour ne pas être trop brusque, autant cela faisait un moment que j'attendais qu'on en arrive là, autant j'étais une adoratrice des longues caresses qui précédaient l'inévitable.. Il s'agenouilla devant moi, et saisit ma jambe gauche. Le contact entre ces doigts et ma peau, sur cette jambe qui représentait mon handicap physique, me fit frissonner, la dernière personne à l'avoir touché, à part moi n'était que le guérisseur, et j'avais, à ce moment, préféré qu'il la laisse mais, sans lui, je n'aurait peut être pas pu exercer ce métier. Il me demanda d'une voix douce :

Puis-je ?

Mon regard voulait dire oui, et il l'avait compris. L'excitation me contrôllait et je ne pouvais penser à rien d'autres que lui, que ses actions. Il délassa ma botte et la retira tout doucement. Il fixait ma cicatrice, et il était le premier, outre le guérisseur et mon père, à la voir. Après, un petit silence, je senti ses lèvres se poser délicatement sur ma cicatrice, son souffle chaud et doux contre ma peau. La sensation que je ressentais était alors étrange, un mélange d'une faible douleur, d'excitation.. ça me faisait du bien, j'adorais ça alors que c'était l'endroit qui me faisait le plus mal. Ses lèvres remontèrent doucement, et je ne pus m'empêcher de lâcher un petit gémissement, un gémissement de bien être, et le baron, celui que j'aimais, l'avait compris. Rompant le silence, je lui fit l'invitation qu'il devait attendre...

...Continue...

Je n'avais même pas réussi à le vouvoyer.. On était trop proche maintenant pour ça...

Sujet: Re: Rencontre nocturne [Tarja] Lun 1 Mar 2010 - 10:06

Doucement, les lèvres du baron remontèrent sur la cuisse de l’elfe, qui ne put retenir un petit gémissement de bien être, de plénitude. Harnyll désirait plus que tout qu’elle puisse oublier les tourments que lui avait causé sa blessure, qu’elle ne se souvienne après cette nuit que de ses baisers sur sa peau et non pas de la froideur de la lame qui la lui avait si cruellement entaillée.

Les grands artistes affirment tous que leurs meilleures œuvres se doivent de posséder une imperfection, au risque sinon de paraîtres inhumaines. Et tel était le cas pour cette cicatrice, seul défaut du corps parfait de l’elfe, qui la rendait encore plus belle et désirable aux yeux de son amant.

...Continue...

Ces quelques mots murmurés d’une voix douce enflammèrent le baron. A genoux devant sa belle, toujours alanguie dans son fauteuil, il lui ôta la légère tunique qu’elle portait, dévoilant son ventre plat, sa poitrine ronde et ferme.

Si belle… murmura-t-il.

Avec douceur, il continua ses légères caresses du bout des lèvres, effleurant à peine la peau de son amante. Malgré l’ardeur qu’il ressentait, il ne voulait pas brusquer les choses, il ne voulait pas se jeter sur elle et la pénétrer brutalement. Non, Tarja tout comme lui-même avait un grand besoin de douceur et de tendresse.

Sans cesser ses baisers, il remonta peu à peu du ventre vers la poitrine rondie de l’elfe. Les yeux fermés, Tarja s’abandonnait à ses caresses, lâchant un petit gémissement lorsqu’il embrassa un mamelon durci par le plaisir. En cet instant, plus rien au monde n’existait pour eux, ni le tournoi, ni l’auberge, ni Diantra, ni même leurs anciens amours perdus. Quelques heures plus tôt, Harnyll aurait juré que rien en ce bas-monde ne pourrait le sortir de sa mélancolie, mais il se trompait, et jamais il n’avait connu autant de bonheur à s’être trompé. La maître d’armes pouvait le guérir, et il ne s’agissait pas uniquement du désir physique qu’ils ressentaient l’un pour l’autre. C’était comme si chacun venait soigner les cruelles et profondes blessures du cœur de l’autre, blessures causées par l’abandon ou la trahison.

Harnyll s’apprêtait à enlever sa propre tunique lorsqu’il se rappela brusquement où ils étaient. Bien que l’hôte soit discret et habitué à frapper avant d’entrer, la porte n’avait pas de verrou. N’importe qui risquait d’entrer par erreur et de les trouver à demi-nus, situation pour le moins inconvenante. Non, décidément, désormais qu’ils s’étaient restaurés, l’auberge n’était plus le lieu où continuer cette soirée. Il leurs fallait cette nuit être vraiment seuls pour pouvoir donner libre cours à leur passion, pour pouvoir s’offrir sans retenue et ne plus faire qu’un.

Se reculant légèrement, le baron dit d’une voix pleine de désir :

Ce salon n’est peut être pas l’endroit idéal pour la suite ? Si nous trouvions un lieu plus adapté ?

Harnyll ne pouvait pas proposer à l’elfe de venir à son hôtel, car après tout sa femme y était enfermée et trop de ragots risquaient alors de courir parmi la domesticité. Non, les convenances imposaient un minimum de discrétion aux deux amants. Mais Tarja devait bien avoir un logement en ville, ou à tout le moins connaître un hôtel discret dans lequel ils pourraient s’aimer sans retenue.

Sujet: Re: Rencontre nocturne [Tarja] Lun 1 Mar 2010 - 22:00

Ses lèvres remontèrent le long de ma cuisse, je gémis, et ça ne serait pas la dernière fois, je le sentais. Il enleva le maigre bout de tissus qui couvrait mon corps, dévoilant mon torse, ma poitrine, mon nombril..

Si belle...

Furent les mots qui s'échappèrent de sa bouche par un murmure. Il continua, caressant ma peau du bout de ses lèvres, légèrement, le désir brûlait en moi et ses caresses l'amplifiait, quel bonheur que ces caresses, mon péché mignon, même si les seules avant étaient Jukka et..moi. Il continuait ses baisers et tout ce dont je rêvais, c'était qu'il vienne jusqu'à ma bouche, mais, il devait passer par mes seins tout d'abord. Je fermais les yeux abandonnant mon corps à cet homme qui savait où aller pour me faire plaisir, plaisir qui durcit le bout de mes seins, qu'il embrassa. Ce qui me fit lâcher un gémissement, encore un, de plaisir. Je n'étais plus consciente de ce qui m'entourait outre cet homme et ses caresses, il n'y avait plus rien qui ne comptait, excepté lui. Dans mon esprit, l'image de Jukka s'effaçait peu à peu, laissant la place à Harnyll, il avait réussi, cela faisait si peu de temps que l'on se connaissait et il avait réussi à me faire oublier pour la première fois Jukka et ma cicatrice, ils n'étaient plus rien pour moi, l'un, un amour oublié, l'autre un malheur qui, sous ses baisers, s'était transformé en bonheur. Outre qu'il m'attirait, il avait réussi à me faire me sentir bien, un bien que le combat ne me procurait pas, même si je l'avais longtemps espéré.

Les baisers s'était arrêtés, j'ouvris les yeux, revenant à la réalité, le torse nu, assise sur mon fauteuil, enfin, assise, à moitié couchée plutôt.. Il s'était apprêté à se déshabiller...
Quand il me dit, après avoir reculé et d'une voix pleine de désir :

Ce salon n’est peut être pas l’endroit idéal pour la suite ? Si nous trouvions un lieu plus adapté ?

Oui, il avait raison, même si j'étais prête à le faire n'importe où, que tant qu'il me faisait du bien, l'endroit n'aurait pas été quelque chose dont je me serais souciée, mais, je pensais à cet aubergiste qui, ça ne m'étonnerais pas, pourrait débarquer à tout moment, non sans avoir frappé mais nus et dans des positions où il aurait été difficile de se rhabiller en quatrième vitesse, à n'aurait pas été la meilleure chose. De plus, un lit serait tout de même plus confortable que ces fauteuils et surtout, un endroit où je pourrais totalement, même si je ne m'en éloignais pas tellement, me livre à lui, et où on pourrait vivre notre amour.

Oui, vous avez raison, chez moi, ça serait peut être mieux ?

Je me rhabillais alors, prête à rentrer le plus vite chez moi, avec lui, car, pleine de ce désir brûlant, excitée comme jamais, je ne pourrais pas résister longtemps sans me jeter sur lui. Mes pensées s'égaraient vers une imagination de ce qui pourrait se passer, m'excitant de plus en plus, nous devions rentrer..

Et vite !

Sujet: Re: Rencontre nocturne [Tarja] Mar 2 Mar 2010 - 9:58

Oui, la maison de Tarja serait l’endroit parfait pour une nuit de passion. L’elfe se rhabilla rapidement, au grand regret du baron qui se retenait de plus en plus difficilement. Cet avant gout des délices qu’ils avaient goûtés n’en rendait que l’attente plus insupportable encore. Et au vu du regard brillant et des paroles de l’elfe, Tarja semblait endurer les mêmes tourments que lui.

Galamment, Harnyll présenta sa cape à l’elfe pour qu’elle s’en vête et puisse affronter le froid de la nuit de Diantra. Sortant du petit salon privé où ils avaient dinés, l’humain et l’elfe descendirent dans la salle commune où de nombreux marchands, colporteurs et artisans dînaient avec bon appétit des spécialités de l’auberge. L’ambiance était bruyante et festive, et le baron dut de nouveau reconnaître la qualité de l’isolation phonique du lion d’or. A aucun moment ils n’avaient été dérangés par cette joyeuse pagaille.

Faisant signe à l’un des marmitons, il lui fourra une pièce dans la main et lui ordonna de se rendre à son hôtel et de prévenir le capitaine de sa garde qu’il se rendrait directement au tournoi le lendemain matin. Après tout, Harnyll ne devait à l’origine sortir que pour sa changer les idées, aussi ses serviteurs risquaient de s’inquiéter de ne pas le voir revenir dormir à son hôtel. Sans être réellement des coupes gorges, les rues de Diantra n’étaient pas toujours sures la nuit. Mieux valait leur épargner une nuit de recherche inutile, car il était en de bonnes mains.

Cela fait, le baron paya la note pour le repas, et les deux amants purent enfin sortir du lion d’or. Laissant l’agitation de la taverne derrière eux, ils se retrouvèrent dans le calme nocturne des rues de Diantra. Ils marchaient tous les deux d’un bon pas, Tarja guidant Harnyll vers leur nid d’amour, le bras du baron enlaçant la taille fine de sa compagne. Ils se seraient bien permis de petites privautés en chemin si la crainte de ne pouvoir tenir jusque chez l’elfe n’avait pas été présente. L’attente peut être un délice mais là, elle en devenait presque une torture, chacun ne désirant qu’une chose, pouvoir ôter ses vêtements et jouir du corps dénudé de son partenaire.

Le baron remarqua qu’ils quittaient le quartier du marché pour se rapprocher du château. Logique, au vu de son poste, Tarja devait pouvoir répondre rapidement à une convocation urgente à la cour. Ils s’arrêtèrent devant une petite maison à deux étages qui présentait l’avantage de ne se trouver qu’à moins d’une centaine de mètres du château. Cela permettait à la maître d’armes d’être toujours à proximité de son lieu de travail tout en disposant de l’intimité dont elle avait besoin, comme cette nuit.

Ouvrant la porte, la belle l’invita à rentrer puis referma la serrure derrière eux. Tandis qu’elle déposait la cape couvrant ses épaules sur un porte manteau, le baron observait les lieux. Le logement n’était pas grand, mais il était fonctionnel. A gauche de l’entrée ou il se trouvait s’ouvrait ne porte donnant sur un petit salon, le baron apercevant du coin de l’œil une autre porte qui devait donner sur le bureau de la maître d’armes. A droite, la cuisine, la salle d’eau et la porte vers le cellier et la cave.

Et au milieu, un escalier menant vers le jardin des délices, vers le palais de l’extase, vers… enfin vers les chambres, pour dire les choses plus prosaïquement. Qu’y avait-il donc au deuxième étage ? Sans doute Tarja y avait-elle installé une salle d’armes se dit Harnyll, afin de pouvoir y ranger son équipement voire pour s’y entrainer avec un partenaire. Une pensée fugitive passa dans l’esprit du baron qui dit qu’il aimerait bien croiser le fer avec la belle à l’occasion. Voilà longtemps qu’il n’avait pu affronter un bretteur de grand talent, ce que Tarja devait sans nul doute être.

Mais l’heure était à un autre type de combat, bien plus tendre. Taquine, l’elfe monta les premières marches et fit signe du doigt à son amant de la suivre à l’étage. Oui, sa chambre, vite ! La passion du baron ne pouvait plus être contenue et ils grimpèrent l’escalier quatre à quatre. Harnyll eut à peine le temps de voir qu’une porte s’ouvrait de chaque côté du palier que la belle le poussait vers la porte de droite, vers sa chambre. Refermant la porte derrière le baron, Tarja se jeta à son cou et posa ses lèvres douces et chaudes sur les siennes.

Après m'avoir gentiment proposé sa cape pour que je puisse supporter le froid de dehors, froid qui pouvait aisément toucher ma peau avec le peau d'habits qui me couvraient, nous sortîmes de notre petit salon privé et descendîmes dans la salle commune où, à ma surprise, l'ambiance était festive, et le bruit était lourd.. Alors que je n'avais rien entendu depuis notre salon. L'isolation sonore avait été parfaite même si, il fallait l'avouer, ma concentration de ce qui se passait aux alentours s'était perdue au milieu des baisers et caresses de l'homme de ma nuit. Homme qui, alors que je m'étais, une fois de plus, perdue dans mes pensées, avait demandé à un marmiton de faire passer le message qu'il irait directement au tournoi demain.. Ce qui présageait une nuit entière avec lui. Même si je le savais, je ne m'étais pas encore faite à l'idée que demain, à mon réveil, cet homme sera dans mon lit. Le baron paya la note de notre repas et nous étions bien vite partis loin du Lion D'Or, dans les ruelles de Diantra. Le guidant jusqu'à ma demeure, cet endroit qui prenait encore plus d'importance quand je laissais libre cours à mon imagination et rêvais de cette nuit de plaisirs que j'allais passer. Enlaçant ma taille, je restais concentrée sur la direction à prendre, de peur qu'au moindre regard échangé...

Nous arrivions devant ma maison, j'avais eu de la chance de trouver cet endroit, si près du château, je n'avais jamais imaginé que je pouvais ramener quelqu'un dans cet endroit, encore moins un homme. Je n'avais pas arrêté de penser à Jukka à chaque fois que je m'étais trouvée trop seule ici, pourtant, il n'aurait jamais pu être ici.. Mais, ce baron qu'est mon homme de cette nuit, avait toute les qualités pour le remplacer et même, l'avait surement déjà fait. J'ouvris la porte, le laissa entrer et refermait derrière aussitôt, personne ne pourra nous déranger cette nuit et, c'est moi qui avait la clé..
Je déposai la cape sur le porte manteau et je parcourrai la salle d'un rapide coup d'oeil, comme pour m'assurer que tout était en ordre. Et tout était à la place à laquelle je l'avais laissé quand j'étais partie ce matin, même si, en y repensant, le plus inquiétant aurait été ma salle d'entraînement.. et à cette idée, l'image d'un duel avec Harnyll vint à mon esprit et me semblait assez amusante. Quelle chose à faire, un jour, pas ce soir en tout cas, ou bien un duel d'un tout autre type. Je me dirigeais vers le petit escalier qui menait à la chambre et mon désir se resserra autour de moi, me dictant de me dépêcher avant de ne plus avoir le temps d'y aller ! Je montais alors les premières marches, faisant signe du doigt au baron de me suivre, un sourire coquin au lèvres. Le reste se passa trop vite, je l'emmenais jusqu'à ma chambre, referma la porte derrière moi et me jeta littéralement sur lui, l'embrassant fougueusement, notre désir était tel que, je ne savais pas si il était encore temps de s'abandonner aux petites caresses préliminaires de tout à l'heure. Le poussant sur le lit, j'hésitais entre me déshabiller directement ou le laisser faire.. Je n'avais plus trop de temps tant je désirais de le voir aussi nu que moi..

On reprend où nous en étions ou tu préfères recommencer depuis le début ? Décide toi vite avant que le choix se fasse tout seul...

Attirant Tarja, Harnyll la serra contre lui tandis que leurs lèvres se joignirent, goutant le contact de cette chair chaude et douce, juste séparée de lui par une fine épaisseur de tissu… fine… si fine. Mais une épaisseur de trop, une épaisseur insupportable pour les deux amants qui voulaient ne plus faire qu’un, qui ne désiraient qu’une chose, s’abandonner à leur passion pour oublier leur propres douleurs.

Le tournoi, l'infamante trahison de Lucrèce, tout était bien loin, plus rien ne comptait que Tarja, plus rien ne comptait que cette chambre, ce lit… Ôtant la tunique de sa belle, le baron déposa une myriade de petits baisers sur son ventre ferme et sa poitrine rondie. Se relevant, il lui ôta d’une main preste ses bottes de cuir et sa courte jupe, dévoilant son intimité qu’il effleura un court instant de sa langue. Effleura juste, pour faire monter le désir dans le corps de Tarja, jouant avec son plaisir sans la satisfaire trop rapidement.

Une délicieuse torture que cette attente quasi-insupportable de la suite du programme… Lui écartant largement les cuisses, il recommença ses petites taquineries, sourd aux gémissements de sa partenaire qui en exigeait davantage. Qu’elle se languisse un peu, qu’elle le supplie, la revanche qu’il lui accorderait ensuite n’en serait que plus délicieuse pour elle. La douce vengeance de Tarja se mangerait froide… euh chaude… le proverbe ne fonctionnerait pas cette nuit là.

L’elfette, nue comme au jour de sa naissance, l’attira au creux de ses bras et ils échangèrent un long baiser passionné. Les sens bouillonnants du désir qu’il ressentait pour elle, le baron se déshabilla rapidement, aidé par Tarja, et jeta au sol ses (couteux) vêtements. Enfin... rapidement… le doux frôlement des doigts et des seins de l’elfe contre lui ne facilitaient guère sa tâche, mais Harnyll finit par parvenir à ses fins, sa tunique et son pantalon rejoignant ceux de Tarja au pied du lit.

Cette nuit il s’abandonnerait entièrement à la belle maître d’armes, la laissant jouir de son corps. Il serait à elle, prisonnier de la plus douce prison que ce monde pouvait proposer. Un grand sourire aux lèvres, Harnyll écarta les bras et s’allongea sur le lit.

Fais de moi ce que tu veux, ma belle.

Harnyll m'attira contre lui, nos lèvres se touchèrent, un goût magique, je savourais ses lèvres, mon désir s'agrandissait, je voulais plus. Nos corps n'étaient séparés que de peu de chose.. Mais c'était trop, je n'en pouvais plus, je ne voulais plus ne faire qu'un avec lui, que nos deux corps s'entremêlent et que la nuit commence vraiment et ne finisse jamais. Je voulais oublier, qu'il était humain, que j'étais elfe. Je voulais oublier que je m'étais engagée à Néera quelques jours plus tôt et qu'il était marié.. Je voulais oublier ce tournoi, ces joutes, je ne voulais plus que lui, son corps, sa peau, ses lèvres, tout en lui...

Il commença, ôtant mon habit, ses lèvres n'étaient plus contre les miennes mais baisaient mon ventre et embrassaient ma poitrine, puis en se relevant, il me débarrassa rapidement de mes bottes et de ma jupe, me redonnant l'habit de ma naissance mais dévoilant surtout cette partie de moi qui avait été interdite à tant de personnes... Partie qu'il effleura de sa langue, laissant mon désir monter à une vitesse folle, le laissant atteindre des sommets que je pensais depuis quelques temps déjà atteints. Il jouait, jouait avec moi, mon plaisir mais ne le satisfaisait pas. Même si je n'en pouvais plus, même si j'allais bientôt exploser, ne pouvant me retenir plus longtemps; j'adorais sa façon de faire.. Je ne voulais pas qu'il soit trop rude et il ne l'était pas. J'avais besoin de temps... Mais, maintenant, je souffrais de la longueur de ce temps !

Écartant mes cuisses, le baron recommençait avec sa langue, à jouer avec mon plaisir et je n'en pouvais plus.. Gémissant, réclamant "plus", je le suppliait bientôt de me donner plus que ce qu'il me faisait. Je me languissais et le désir en moi avait atteint sa limite. Je n'en pouvais plus, mes lèvres se séchaient et je l'amena au creux de mes bras alors, échangeant un long, doux et passionné baiser, ré-humidifiant mes lèvres, qui ne seront plus sèches longtemps, et pas forcément grâce à la salive de mon amant.. Après un court instant, l'ayant aidé à se déshabiller, nous étions là, tout les deux, aussi nus l'un que l'autre, la nuit commenceait enfin et le matin s'annonçait loin dans le programme..
Je vis un grand sourire sur le visage de cet homme et, écartant les bras, il se laissa tomber sur le lit, me donnant ces mots comme seule réponse à mes désirs :

Fais de moi ce que tu veux, ma belle.

C'était une chose qu'il n'aura pas besoin de répéter deux fois ! Je me couchais alors sur lui, l'embrassant fougueusement, laissant ma poitrine se coller sur son torse. Fougueusement, mais surtout très rapidement, je ne lui laissa pas savourer le baiser que déjà nos lèvres n'étaient plus collées. De ma langue, je fis un jeu que Jukka m'avait apprise et c'était la première fois que je le faisais, sur un autre homme que lui, l'image de son visage était venue dans ma tête, mais une demi seconde et ne m'avais fait aucun effet. Ma langue parcourait son cou, puis son torse, je descendais toujours, m'arrêtant au dessus de son intimité, le regardant, d'un air coquin, puis, continuant de toucher de ma langue ses jambes, ses pieds...

Ce que je veux hein ? Je connais des jeux elfiques que tu ne serais pas près d'oublier...

Je retournais à sa bouche, l'embrassant, et le laissant savourer ce baiser comme pour le satisfaire, mes doigts effleurant son torse puis, du bout de mes doigts fin d'elfe, caressant son bas ventre, et le touchant quelques fois.. A chaque fois que je sentais une réaction au toucher, j'arrêtais, jouant puisqu'il ça réagissait toujours...

Même si j'ai vécu plus que toi, je pense que tu es plus doué dans ces choses là que moi.. Apprends moi !

Les lèvres et la langue de Tarja parcouraient son corps, jouaient avec sa virilité, s’arrêtaient lorsqu’il n’en pouvait plus, le laissant languir, puis recommençaient… Se relevant, la belle elfe lui demanda de « s’occuper » d’elle. Mais ce serait un plaisir ! Un sourire aux lèvres, le baron embrassa son amante et lui murmura à l’oreille « je reviens tout de suite ». Descendant en hâte au rez-de-chaussée de la demeure, il fouilla rapidement dans les tiroirs à la recherche de ce qu’il cherchait. Pas là… là non plus… ah voilà ! Le reste maintenant… ici peut être ? Ou bien là ? Oui c’était là… bon il avait tout.

Remontant quatre à quatre les escaliers, il trouva son elfette étendue sur le lit, une lueur d’impatience dans le regard. Lueur d’impatience qui s’éteignit bien vite, remplacée par une lueur de désir lorsqu’Harnyll posa les cordes et le bandeau à côté d’elle. Saisissant doucement un poignet de Tarja, il l’attacha aux barreaux du lit… passa de l’autre côté… un autre poignet… les pieds ensuite… le pied droit d'abord… le pied gauche ensuite… puis enfin le bandeau sur les yeux pour finir… parfait. Nue et offerte, la maître d’armes de Diantra était le plus bel objet de désir qu’il lui eut été donné de contempler.

Tarja s’était laissé faire, attendant avec impatience que son amant humain commence ses bons offices. S’allongeant à ses côtés, le baron déposa une myriade de petits baisers sur la poitrine rondie, glissa sa langue dans le nombril de son amante puis descendit… plus bas. La respiration de la maitre d’armes s’accéléra sous les agiles coups de langues de son partenaire, elle se tordit dans ses liens… en vain, le baron avait veillé à ne pas laisser de jeu dans ses nœuds. Pas question qu’elle lui échappe si facilement.

Ils échangèrent leurs places durant la nuit, chacun laissant l’autre profiter de son corps. Tarja se révéla une maîtresse particulièrement douée, sachant admirablement jouer avec le désir de son partenaire pour le faire hurler de plaisir jusqu’à ce qu’il la supplie de le libérer… ce qu’elle lui refusa bien sur, un grand sourire moqueur aux lèvres avant de continuer ses délicates attention sur le corps du baron. Plus de tournoi, plus de trahisons, plus de souffrances, ils n’étaient plus qu’amour et bonheur.

Le lendemain matin, ils se réveillèrent dans les bras l’un de l’autre. Le premier, Harnyll réalisa la situation :

Par les Cinq ! Le deuxième tour des joutes va commencer et c’est moi qui doit combattre en premier.

Déposant un baiser sur les lèvres de son amante, le baron sauta hors du lit et s’habilla en hâte. En ce jour, il aurait les faveurs d’une dame, même s’il ne pouvait pas le montrer ouvertement. Et en plus de Nicolaï KalonErc’h, le baron d’Ysari pourrait soutenir quelqu’un d’autre. Décidément, le culte de Néera n’avait jamais eu de paladine plus charmante… ni plus désirable. Se levant à son tour, la maître d’armes vint se coller à son amant pour qu’ils échangent un dernier baiser avant de se séparer… jusqu’au soir en tout cas.

Se séparant à regret d’elle, le baron d’Ysari sortit de la petite maison et se rendit à son pavillon pour se préparer à sa joute.

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