Anseric de la Rochepont - Comte d'Arétria

Nom/Prénom : Anseric, de la maisonnée de Rochepont et de Viorel, dit le Goupillon
Âge : 37 ans
Sexe : Mâle
Race : Humain
Particularité : Malgré son éducation chevaleresque, Anseric a un style de combat brutal que l'on imputerait aisément à un guerrier errant, et non un damelot.


Alignement : Neutre
Métier : Comte d'Artéria
Classe d'arme : Corps à corps


Équipement : Il n'est nul besoin de s'appesantir sur les vestements que revêt le comte, lorsque celui-ci ne porte pas son armure de plates ; discutailler sur les tuniques et les cottes pouvant durer en effet trop longtemps pour pas grand chose, on préfèrera s'intéresser à l'habit guerrier.
Faite d'acier de qualité des plus émérite, dont on dit que les pièces viennent des fontes de Kahark, l'armure de plates est devenu comme une seconde peau pour le Comte, qui se plait à dire qu'il la porte pour dormir. Ce sont bien entendu des fadaises, mais dans certaines tavernes, les gueux, impressionnés par cette masse rutilante d'acier, qu'ils ont vu ce-tantôt dans la matinée, se laissent aller à dire que leur maître revêt le fer sans gambeson, tant il lui épouse la peau. Là encore, ce ne sont que des racontars, mais cela permet de donner une idée à propos de l'armure d'Anseric

Échappant à l'implacable code classique de l'armement chevaleresque, le Comte n'utilise plus depuis de nombreuses années ni l'épée à une main, ni l'écu, qui fait la renommée des nobles, lors de leurs vigoureuses charges.
Il ne manie point non plus la lance, bien qu'il sache le faire ; il ne mène plus vraiment les grandes chevauchée dans les rangs ennemis, comme le veut l'école traditionaliste, en fait.
Vient en premier lieu une longue espée à deux mains, dont la taille s'approche de celle d'une lourde flamberge. L'objet, qui n'a certes pas un tranchant aussi acéré qu'une épée de cour, n'est néanmoins pas à sous-estimer ; Anseric n'est point homme à finasser, ni à faire quartier, une fois que l'ardeur de la bataille le prend. Le Sombre qui aura la malchance de laisser trainer son bras sur la courbe de la lame, ou tout autre membre, cela dit, se le verra coupé incontinent, d'une large taillade peu nette, mais terriblement efficace. On raconterait même, dans la piétaille, que d'un vigoureux coup, la comte a un jour tranché en deux la monture d'un cavalier qui le chargeait.

Puis, suit l'arme qui a fait la renommée et le surnom d'Anseric : il s'agit là de son imposant goupillon, qu'il a pompeusement renommé "Gueule d'amour". Cet objet de mort, d'un poids considérable (On en plaisante aisément au sein de l'Ost, et on dit souvent que l'esquyer du comte sera un jour plus fort que ce dernier, à force de porter son lourd attirail), est composé d'une courte hampe, en chêne massif, dont le bois est maintenant d'une teinte patinée fort belle, mais aussi lardé de nombre d'entailles. À ce manche tout cerclé de fer sont adjoint plusieurs têtes d'acier, toutes émanchées de picots, reliés par un ensemble de chaîne. Ainsi plus ravageur qu'un simple fléau, le goupillon est également plus instable ; il arrive que les chaînes s'emmêlent en plein combat, aussi en ces moments là Anseric entre-il dans une fureur noire, à en faire fuir des ennemis de ses cris véhéments.


Description physique : On lit sans peine sur ce visage, que l'on qualifierait pas de beau, mais point pour autant de laid, la dureté et la rigueur du personnage ; ses traits secs, sa mine fermée, sa peau tendue sur des os saillants, tout cela donne fort à penser sur la nature du comte, pour quiconque pose son regard sur ce dernier.

Toutefois, ces traits et ces courbes fortement sculptées -et certaines resculptées à la force des coups- s'il confèrent une apparence guerrière, voire presque rustaude, au personnage, n'en altèrent point le port altier de l'homme. Il est de ceux dont la gueusaille peut sentir quelqu'un au sang bleu (l'armure aide aussi fortement à cela, certes), et ayant l'attitude attenante. Même durant la campagne, lorsqu'une vilaine barbe vient grignoter le visage du comte, il garde une certaine aura, celle des décideurs et des commandeurs.
Somme toute, on s'accorde à dire, au sein des bannerets d'Anseric, que lorsque le regard du comte se darde sur votre personne, il vous vaut mieux que ce soit pour une raison heureuse.

Sa carcasse, si elle accuse certes le poids de son âge, l'homme n'étant pas tout jeune, de ses 37 ans, garde néanmoins une complexion épaisse, robuste. De haute sature, faisant plus de 6 pieds, le colosse a le physique noueux, et les muscles puissants. Le port quotidien de l'armure, s'il lui assène des maux de dos, par temps lourd, a tout de même l'heureuse conséquence de maintenir le corps d'Anseric en une forme optimale.


Description mentale : Se sentant volé, et ayant été élevé par son chastelain de grand-père dans cette optique là, Anseric demeure quelqu'un de très dur, sec, et intransigeant. D'aucuns disent qu'ils est aigri, et rongé par la rancune, à tel point qu'il vendrait femmes et enfants pour recruter ne serait-ce trois bélitres, et partir en croisade contre ses ennemis de toujours. Cette idée est bien entendu exagérée ; il serait malavisé d'ainsi peindre un tel portrait au vitriol du Comte. S'il est vrai que l'homme a de l'ambition, et ne se cache pas de cet état de fait, il en reste néanmoins quelqu'un de réfléchis, et non un belliqueux seigneur de la guerre, qui irait à la mortaille pour un ridicule lopin de terre.
La vérité est qu'Anseric souhaite plus que tout assurer la pérennité de son sang et de sa lignée, qui a été récemment malmenée. On lui impute de se venger de n'avoir pu hériter du comté d'Arteria que très tard, et il y a sûrement un peu de vrai là dedans.

D'un éducation que l'on pourrait aisément qualifier de spartiate, l'homme abhorre la faiblesse -je ne parle même pas de la couardise- et se refuse tout échec. "Plustost désirer cent mil fois la mort", déclare crânement Anseric, de temps à autre. Voila ce qui dépeint le caractère hardi et intransigeant de l'homme.
Fier et conscient de sa sature de noble, il goûte aisément de cette situation, point à outrance, comme cela peut se voir parmi certains de ses confrères au sang bleu ; nul mépris à outrance pour les purotins, dit le comte, car ces hommes sont les poumons du pays !Il est toutefois fort aise de ne point être né parmi eux...


Histoire : Dans les temps où la vie vaut moins que l'or, il est de notoriété générale que l'on peut aisément épousailler une femme pour son bien, et une fois celui-ci acquis, on n'a cure de sa vie.
C'est ainsi que Théodéric, héritier de la châstelainerie de Rochepont, fut fort enclins par son père à se marier non pas à une femme, mais à une dot. "L'amour viendra avec les nuits !", assénait le paternel !

Le paternel, parlons en, justement. Il n'est jamais malvenu de connaître ses origines. L'aïeul d'Anseric était frère de feue Taye de Serramire. Bien qu'usuellement, on héritait de père en fils, les aléas de la politique firent autrement ; sa sœur ainé, se mariant à son cousin, Lyon, devint duchesse, et l'animal duc. De ce riche pays qu'était Serramire, Eudes (c'était son nom) n'obtint qu'une maigre chastelainerie, que son duc de père lui bailla chichement, en apanage. Ces terres, Rochepont de leur nom, n'avaient rien de particulier, mais les posséder grisa l'aïeul d'Anseric ; il désirait étendre son territoire, en somme. Sa chastelainerie plutôt réduite le frustrait quelque peu, et il prévoyait de grands desseins pour son fils, Théodéric.

Son appartenance à la famille ducale, en ce époque où la lignée Séraphin n'était point déchue, était en quelque sorte un "argument de vente". Cet argument fit mouche du côté de la lignée des Viorel, en Artéria. Le comte de l'époque, futur grand père maternel d'Anseric, voyait en la personne de Théodéric un homme à faire rentrer dans son giron ; il lui maria sa fille ainée, Jehanne de Viorel, pourvue d'une riche dot, afin que le noble de Serramire se féode à Artéria.

Chose qui, hélas, n'arriva point. Au grand dam de son père, Théodéric fit une chose qui n'arrive que très rarement : il tomba amoureux de son épouse ! En rapidement, de surcroit !
Quelle ne fut le désespoir du père, lorsqu'il vit son fils s'amollir lentement, rendu amorphe d'amour par sa "succube de femme" -tels furent ses mots- ! Aigri et rancunier, l'homme ruminait son ambition, et sa rage contre son fils. Il s'attela si bien à ruminer, qu'il n'en mourut point, et s'accrocha à la vie comme une sangsue, dans le but de préparer son petit fils à reprendre le flambeau.

Conçu avec entrain trois nuit après les noces, le gosse n'eut pas la vie facile ; à défaut d'un gentil pépé, s'amusant à faire sauter ses petits enfants sur ses genoux, Anseric eut un aïeul terriblement sec, et intransigeant. Prodiguant une éducation rustaude fort dure, certes plus évoluée que le simple fait de battre sa progéniture à tour de bras, le grand père imposa un régime composé d'un style de vie on ne peut plus spartiate, d'entrainements brutaux, ainsi que de cours de stratégie, et de scolastique fortement orientée guerrière.

S'il est de commune mesure pour les nobles et les chevaliers d'avoir une éducation violente, la force et la rage mise dans notre cas dépassait néanmoins l'entendement, si bien qu'au bout d'une dizaine d'années ainsi menées, Anseric était au bord d'être brisé.
Fort heureusement, et ce après un adoubement des plus martial, l'aïeul passa de vie à trépas, victime d'une violente dysenterie. Le chevalier fraichement promu profita de cette accalmie pour se reposer ; un an durant, il ne toucha que peu l'épée, mais passa la plupart de son temps dans la bibliothèque de la seigneurie, à éplucher l'ensemble des ouvrages la composant.

Une fois qu'il fut ressourcé et instruit, l'appel des armes se fit sentir ; Anseric se découvrit un amour pour ce qui l'avait tué à l'usure, du vivant de son grand père, à savoir la guerre et le combat. Il quitta son père, et s'en alla pour Artéria. Accueillis par son oncle, le Comte Raphael de Viorel, Anseric entra dans la vrai vie de noble. Il fut chevalier au service du comté, et œuvra pour la beauté de celui-ci durant de nombreuses années. Théodéric voyait cela d'un bon œil, car il avait dans son esprit l'idée que son fils puisse hériter de la terre, une fois que Raphael serait allé à la tombe, car on le disait stérile ; il n'avait point de fils, du moins.

Cependant, ce ne fut point Anseric qui hérita du comté, mais un certain Gilrad D'Islaïl. Ce dernier, fils d'Asla de Viorel, l'autre sœur Raphael, et d'un riche noble de la lignée des Islaïl, avait supplanté le Chevalier de Rochepont, et pris les rennes du comté. Cette histoire de succession rendit Anseric aigri et rancunier, à l'instar de son feu grand père paternel ; il ne pouvait ouvertement prendre parti contre son cousin Gilrad, et se devait de le servir, alors même qu'il le considérât larcineur et félon.

Tandis que le comte d'Islaïl exerçait sa fonction, tout en partageant ses heures avec le gérance de la Marine Royale, ce qui exulta Anseric, ce dernier s'attelait à servir le comté : il guerroyait pour l'ordre, allait à la mortaille contre toute sorte de brigands, ou dans le pire des cas, des Sombres infiltrés en terre humaine. Le peuple lui était redevant, et dans les villes on parlait avec admiration du "Chevalier au Goupillon".

La mort de Théodéric survint au début des hostilités dites de "la guerre civile" ; des barons se firent fêlons, et assiégèrent Diantra, la ville du Roy. Ils profitèrent de la trahison du chef du Librium pour mettre la cité à sac, mais passèrent tous de vie à trépas durant cet horrible événement. Lorsque Merwyn de Serramire s'en alla reprendre Oesgard des mains des séditieux, Anseric, fraichement seigneur de Rochepont, dut le suivre, en tant que vassal. Il ne prit toutefois pas part aux combats directs, mais s'assurer de pacifier l'arrière pays, et de le sécuriser. Il tenta tant bien que mal d'éteindre le feu allumé par la guerre civile, mais n'obtint qu'un résultat en demi-teinte. Avec le levée du siège d'Oesgard, Anseric rentra également en son domaine de Rochepont. Il s'en chargea quelques mois, jusqu'à la rébellion du duc de Serramire et du marquis de Sainte Berthilde. Fidèle au Roy, le seigneur de Rochepont ne rejoignit pas la coalition, et dut essuyer plusieurs maraudages sur ses terres. Toutefois, l'axe félon fut une fois de plus défait, et notre homme put jouir d'une nouvelle réputation de loyaliste, et de preux.

Dès le début de la guerre civile, on avait cessé d'entendre parler du comte d'Islaïl ; d'aucuns pensaient qu'il était retenu auprès de la Corporation Marchande, d'autres clamaient tout haut qu'il avait rejoint l'ennemi Drow, et y était mort. On ne put savoir où était la vérité, au même titre que de savoir où était le comte, d'ailleurs. Anseric ne se fit pas prier, et, jouant de sa réputation auprès du peuple, et de son ascendance, se plaça en tant qu'héritier légitime du comté. Il s'arrangea pour que le récit de sa résistance face à Serramire parvienne aux oreilles de Diantra, s'attirant l'aval de la capitale, et, au début du Printemps de 999e année, prit la tête d'Artéria.

Ses fils étaient déjà hauts sur pattes, et son épouse endeuillée depuis fort longtemps. Pareille situation avait rendu son père mollasson, mais Anseric, lui, n'était pas de glaise, il était de pierre, durcie depuis sa tendre enfance. C'était désormais le moment de s'affirmer, et mener cette terre verre les hautes sphères, en même temps que son ego s'enorgueillirait, et son bien fructifierait.

Et alors que le trône de pierre fraichement taillé recevait pour la première fois le séant de son hôte, le Goupillon, lui, semblait vouloir reprendre du service.


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Telle une insulte faite à l'architecture si savante des petits autochtones, le campement - véritable ville - de Sârdar avait été édifié de bric et de broc. Non loin de Thanor, cette accumulation spontanée d'aventuriers venus d'outre-eris s'était concrétisée dans la fondation d'un surprenant bidonville. Au cœur de cet imbroglio de taudis trônait les comptoirs de la compagnie du ponant, laquelle avait longtemps profité de son monopole sur les expéditions en nanie. Il flottait sur ce spectacle le parfum suave d'un nouvel eldorado. Les entreprises soltariies avaient drainé dans leur sillage une horde innombrable de courtiers, d'artisans, et d'aventuriers en tout genre, attirés dans ce bout du monde par la mère de toutes les motivations : auri sacra fames.

Ainsi, à des rythmes réguliers, sortaient des bureaux de la compagnie des files de commis, lesquels prenaient la direction de quartiers moins recommandables. Quelques jours plus tard, on les voyait quitter le bourg entourés de truands, et deux semaines après cela, revenir trainant des chariots remplis d'or. L'exploitation institutionnalisée des ruines naines désertes semblait intarissable. La rentabilité d'une pareille opération n'avait d'égal que ses risques, mais il semblait alors que l'imprévu, s'il roidissait les créanciers, galvanisait les chasseurs de trésor. Après tout, c'était chose convenue : on ne s'embarquait pour Sârdar uniquement pour le danger et le profit. Aux deux extrémités du spectre étaient le courtier et le matamore, le premier évitant le danger comme la peste, et le second se défaussant de sa monnaie au profit d'un danger suivant. Entre ces deux archétypes s’étalait l'ensemble du bon peuple, avec sa médiocrité populaire et sa masse proverbiale. Du haut des montagnes septentrionales, le port-aux-sous ressemblait ainsi à une termitière démesurée.

C'est dans ce contexte, plein d'opportunité pour l'homme qui sait s'en saisir, qu'évoluait un jeune seigneur, de nous bien familier : Rémy de Brissac, que l'on connaissait plus que tout sous le nom du Haudoin. Parti trop tôt de cet environnement si bien adapté aux bâtards de son espèce, il s'était précipité d'y retourner, accompagné d'officiers de feu son père. Chaque jour passant, notre jeune homme découvrait ainsi des vertus à ses âmes damnées, en même temps que celles-ci se découvraient des vices. L’inénarrable Rédemptistre, autrefois bouffon de son honneur, semblait avoir pour ainsi dire su compter dès qu'il eut goûté à la teigne rouge, et son habileté à faire proliférer l'or ne se modérait que par les quantités débordantes du nectar olysséan qu'il engloutissait. À contrario, le bon chapelain de feu le comte, autrefois si affable et prompt aux largesses, s'était affublé d'une pingrerie sans réserve, à mesure qu'il assimilait, en homme d'érudition, les arcanes de la nanie. Lui qui singeait sans peine les idiomes d'ydril, de soltari et de scylla put après quelques semaines se targuer de maîtriser le kuzdhul. Le mulâtre Bokok, personnage énigmatique s'il en est, échappait seul à cette progression en flèche des qualités et des défauts. Semblable à la statue de bronze dont les dieux s'étaient inspirés pour façonner cet étrange être, il avait passé son temps aux côtés des arétans en affectant un mutisme irrémédiable. Fort heureusement, cette présence incommodante cessait d'écraser les roués dès le lever du jouer, jusqu'aux heures les plus tardives. Chacun n'avait pas manqué d'interroger le Haudoin quand à sa persistance, mais même l'ancienne âme damnée du feu comte restait coi face à cette énigme insolvable.

Plusieurs semaines auparavant, tous avaient espéré le rétablissement de leur maître le comte. Aux mains de l'étrange sorcier zurthan, Anseric avait oscillé de nombreux jours durant entre la vie et la mort. Les couleurs le reprenant, il avait ainsi été entrainé par son protecteur au teint basané sur des chemins tous plus hasardeux les uns que les autres, et personne ne pouvait dire, si au retour des ces aventures éphémères, il reviendrait fortifié ou meurtri. Cette ronde de visites obscurantistes avait été mise à terme par le Haudoin, qui décréta le départ pour des terres plus hospitalière, et entreprit de traverser les Wandres. La volatilisation du comte Anseric, au cœur du pays hortles, avait meurtri l'équipée dans son moral, si bien que tout le périple durant, Rémy vit déserter un à un ses partisans, pour n'en garder seulement trois. Il interpréta cela par la suite comme la punition pour n'avoir pas fait le deuil de son père.

S'il avait été cruellement tourmenté par ce voyage, le jeune homme avait aperçu les feux de Thanor comme une délivrance : aujourd'hui il s'épanouissait dans la médiocrité entrepreneuriale. Ses journées étaient dédiées au labeur, pour le compte de la compagnie du ponant. Il musardait, renardait, flairait les pistes, mobilisait les fonds, montait l'entreprise, et récoltait les bénéfices. Le sens de l'affaire tant vanté au sujet des bâtards par feu son géniteur se manifestait dans sa plus belle forme. Quelques semaines après son établissement dans les comptoirs de Sârdar, le Haudoin prospérait.

Nom/Prénom : Anseric de la Rochepont, dit "Hans" ou "D'Argoth"
Âge : 43 ans
Sexe : Masculin
Race : Humain
Particularité : La mort lui va si bien

Alignement : Loyal mauvais
Métier : Maître de la Confrérie de la Soupière & conseiller royal
Classe d'arme : Corps à corps & Magie (magie noire)

Équipement :

Une rapière effilée, de bien belles bottes en cuir robuste, une cape théâtralement longue, et un chapeau aussi seyant que jalousé composent l'habit le plus commun du sémillant Anseric. L'homme a toutefois plus d'un corde à son arc, et sait se grimer de mille manières. Il sera tour à tour porteur de brette, endossant une demi-armure finement forgée de bon acier oesgardien, ou vulgaire tire-laine, à la broigne crasseuse et au vicieux surin. Aussi riche de biens que d'identités, il demeure tâche impossible que de recenser ses myriades de costumes.

Description physique :

Meurtrie au plus profond de sa chair, la robuste complexion qu'arborait feu le comte s'est sacrifiée pour que l'homme survive. La longue convalescence qu'endura Anseric, et les curieuses péripétie qu'on lui connait ont changé ce corps musculeux et rubicond en une carcasse nerveuse et svelte, dont la peau diaphane a prodigieusement blêmi. Interrompue par la magie nécrotique, la nécrose lézarde artistiquement le flanc de cet homme singulier. Seuls vestiges de son état passé, les yeux de notre héros ont conservé toute la flamme d'autrefois.

Description mentale :

Autrefois sanguines et colériques, les humeurs du bon Hans se sont refroidies. Devenu lymphatique, volontiers atrabilaire, feu le comte est une personne retorse et secrète. Jamais dévoilés au grand jour, ses motivations premières ne sont connues de lui seul, et bien malin saurait dire pour quelles raisons l'homme est revenu des Enfers. À sa propre surprise, il s'est découvert tout récemment un sentiment de mélancolie, qui n'a eut dès lors de cesse de nourrir ses desseins les plus sombres.

Histoire :

(les textes en annexes sont des rps ayant été transposés ici)

Ce qu'il advint du corps d'Anseric:

Alors que son univers tout entier s'effondrait, soufflé comme poussière par un vent d'automne, Anseric expérimenta la douloureuse sensation d'être extirpé des Enfers. Alors que dans le séjour aqueux de Tari son corps s’immergeait, la magie sombre et mystérieuse de l'antique cité de Zoltan s'en saisit par le dernier doigt encore sec, rendit un souffle de vie à ce cadavre qu'était Hans. Chaque lever de soleil sembla dès lors un pied-de-nez à la laide et velue déesse des abysses. Mené par l'étrange mulâtre aux yeux laiteux, comme il en aurait été d'un infirme, notre héros évolua ainsi dans un brouillard continu, qui par tant s'éclaircissait, ou devenait opaque plus encore, jusqu'à ce qu'il crève enfin, déchiré par la magie noire des nécromanciens Hortles.

Ce qu'il advint bâtard d'Anseric:

C'est initié aux mystères nécrotiques qu'Anseric quitta peu après le curieux pays, pour gagner le septentrion. Revenu d'entre les morts, il démultiplia ses entreprises avec un zèle nouveau, se cachant à son bâtard même, tout en faisant profit secrètement de ses menées. C'est cette prodigieuse industrie qui le mènerait, quelques temps plus tard, dans le but d'approcher le régent lors de son voyage en nanie, à revêtir les oripeaux de D'Argoth, lequel deviendrait une des apparences récurrentes qu'endosserait feu le comte. Ayant déjà par le passé gagné son amitié, notre héros ne s'y trompa pas, et renoua sous sa nouvelle identité l'amitié qui avait pu le lier à l'Ivrey. Lorsque ce dernier regagna la Péninsule, Anseric quitta lui aussi la nanie.

Revêtant les oripeaux de l'anonymat, Hans prit le chemin de la Dross, décidé à y trouver là l'armée de réserve pour assurer ses basses besognes ; il lui était alors évident qu'un retour au royaume s'imposait, aussi souhaitait il s'y préparer avec application. Il ne put guère mieux s'y prendre, quand s'attirant à lui une coterie aussi populeuse que roublarde il refonda la Confrérie de la Soupière, guilde millénaire dont les maîtres en touts temps s'étaient targués d'être les rois des bandits. L'argent qui lui provenait du juteux commerce septentrional alimenta ainsi la plus basse des organisations, qui fort de cette richesse délaissa son repaire forestier d'Aduram pour se tourner vers la Péninsule.

Les menées d'Anseric furent parachevées lorsqu'il pénétra la capitale, et, faisant jouer tant son amitié que ses menus talents, se fit asseoir à la table du conseil du Roy. Il s'introduisit ainsi à l'insu de tous à la cour de ses ennemis les plus mortels, lesquels n'avaient su lire au travers de ce nouveau visage. Peu après, le régent s'évanouissait dans un panache de magiefumée, emportant avec lui le jeune Roy et la Princesse, offrant à qui saurait s'en saisir un boulevard littéralement royal.