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 Un comte pour un comté [Libre]

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Louis d'Ydril
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MessageSujet: Un comte pour un comté [Libre]   Un comte pour un comté [Libre] I_icon_minitimeMar 22 Aoû 2023 - 18:47


9ème ennéade de Karfias, second mois de l'Été
An 21 du XIe Cycle
Cité Ydril


Le clairon sonnait depuis quelques minutes au-dessus de la porte principale, seule ouverture publique des grands murs qui encerclaient Ydril sous la chaleur du soleil, déjà étouffante malgré l’heure reculée de la matinée. Il était un peu plus de dix heures, et une garde réduite patrouillait aujourd’hui sur la muraille et dans les tours, car aujourd’hui n’était pas un jour comme les autres. On les avait remarqué depuis presque une heure, presque au même moment que les préparatifs fussent terminés. Au devant de la herse levée, quatre chevaliers attendaient, vêtus de leur armure complète et de leur casque, montés sur leurs destriers fidèles et forts, au sang pur. Au premier son du clairon, ils s’étaient élancés, et avaient guidé sur le dernier kilomètre le cortège qui avançait patiemment le long de la route sinueuse qui menait à Ydril.

Une foule dense accueillit les invités de la cour, retenue difficilement par les soldats qui auraient bien préféré ne pas être là. Oui, l’excitation et la joie étaient à leur comble. Pour la première fois depuis des années, le duc de Soltariel et sa suite visitaient la belle cité, confinée au sud ouest de la Péninsule et du duché, qui s’ouvrait sur l’océan d’Eris avec son port fortifié. Qu’elle était belle, cette ville portuaire, avec ses clochers d’argent, son palais et ses habitations à la pierre blanche, ses hautes murailles qui la cernaient, ses tourelles qui la protégeaient, ses toits en tuile rouge, sa haute-ville, ses marchés, ses ruelles sinueuses, ses quais toujours actifs. Ydril, qu’on pouvait observer des heures avant de l’atteindre lorsqu’on empruntait la Route d’Or qui longeait ses montagnes et son fleuve le Garnaad et descendait depuis Soltariel dans cette vallée reculée.

Des cris et des acclamations retentissaient au passage des invités dans leur longue procession. Le peuple les accueillait dignement. Des chapeaux et autres couvre-chefs volaient en tout sens ; çà-et-là, des demoiselles montraient leurs seins nus aux éminents voyageurs ; des éclats de rire se faisaient entendre… Tout cela tandis que le cortège suivait la rue principale qui menait droit au château d’Ydril, qui surplombait avec majesté la belle cité. Arrivant devant la porte du palais, encadrée par une vingtaine de gardes au visage sévère, les chevaliers mirent pied à terre et invitèrent les nouveaux-venus à faire de même. Ils les guidèrent ainsi dans la cour du château, tandis que des trompettes sonnaient à tue-tête l’hymne du duché. Les chevaliers retirèrent leur casque et vinrent se placer du côté des hôtes, qui observaient la scène, tandis que les invités, conformément à la coutume, patientaient qu’on les nomme.

Ces hôtes, justement, arboraient tous un sourire courtois ou heureux. Antioche d’Essenburg était au centre de cet accueil : il illuminait la scène de ses vêtements colorés et riches et de sa mine satisfaite, s’étant relevé de son siège. À sa droite, plusieurs seigneurs du comté et leurs famille proche, attendaient, debout. Quelques enfants en bas-âge papillonnaient d’excitation et leur mère les rouspétaient déjà, leurs joues rouges de honte. À la gauche d’Antioche, chevaliers et écuyers d’Ydril, tous en armure, l’épée au flanc et le casque sous le bras, observaient la scène, le visage impassible, avec un léger sourire. L’un d’eux blêmit en reconnaissant Adélina, et ne reprit contenance qu’après une longue minute. Si elle l’observait, elle pouvait facilement l’identifier comme le Grégoire qui accompagnait Louis, quelques ennéades plus tôt, lors d’une altercation à la taverne. Finalement, les instruments se turent, et le héraut appela enfin d’une voix forte :

« Son altesse Adriano Cortès di Alcacio, seigneur d’Alcacio, duc de Soltariel ! » Il continua rapidement après avoir vérifié qu’Adriano s’était avancé. « Dame Catarina Cortès di Alcacio, héritière du duché de Soltariel ! » Il enchaîna les noms des personnages qu’il identifiait, par ordre d’importance. « Dame Adélina Emmeline de Lourbier, baronne d’Alonna, promise au seigneur di Alcacio ! »

Antioche avança à la rencontre du duc et le prit dans ses bras, alors que le héraut continuait de crier les noms de barons et de chevaliers plus ou moins renommés.

« Mon ami, » lui chuchota-t-il à l'oreille discrètement, « nous sommes forts heureux de vous recevoir ici, en ce lieu, pour cette occasion si importante. Nous avons fort à faire, je vous propose de rencontrer immédiatement Norbert, qui sera officialisé cet après-midi, et qui vous prêtera serment. Je doute que nous ayons le temps une fois le festin prévu en votre honneur démarré. »

Du haut de sa chambre, Louis observait par la fenêtre la scène d’un air sombre. Il voyait son frère vérifier les plis de ses vêtements et s’encourager devant un miroir, répétant les noms des nobles qu’il devrait rencontrer très prochainement. Le cadet soupira de dépit. D’ici, impossible de reconnaître les traits de ces invités, et il doutait fort qu’il en connaisse aucun. Il n’était pas nerveux comme Norbert, mais plutôt épris d’une lassitude terrible. Cette rencontre, lui n’en tirerait rien, il en était convaincu.

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Adriano Cortès di Alcacio
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MessageSujet: Re: Un comte pour un comté [Libre]   Un comte pour un comté [Libre] I_icon_minitimeMer 23 Aoû 2023 - 10:56

Comme convenu, et comme promis par la réponse courte mais néanmoins directe et élogieuse d’Adriano à l’intention d’Antioche, le Régent d’Ydril, la cohorte ducale s’était mise en route. Lourdement gardée par plusieurs représentants de la Gardia Soltaari et des Sanguis Invertere d’Alonna, la colonne ducale avait traversé toute la fameuse Route d’Or.

Cette route commerciale, qui avait tant fait couler d’encres dans les débats internationaux depuis l’incident de Langehack et la tentative couarde mais néanmoins fructueuse de la couronne de ne point entrer en guerre contre les Nains, était une merveille architecturale. La route était assez large pour que plusieurs caravanes puissent s’y croiser de front ; assez entretenue pour que la pluie ne fasse point glisser les roues boisées renforcées d’acier ; assez connue pour que des bandits de grands chemins l’évitent copieusement ; et assez fréquentée pour qu’Adriano puisse entrevoir toute l’étendue des richesses qui y transitaient quotidiennement. Et cela plaisait au Duc.

Oh, bien-sûr, il eut quelques émotions de colère et de rancœurs à la vue des caravanes Naines… Ces dernières étaient facilement reconnaissables : pilotées par des Nains aux barbes aussi grandes que leurs jambes étaient courtes, engoncés dans des armures d’acier de la tête aux pieds, ils dirigeaient des attelages de Béliers… Là où les Humains, eux, utilisaient chevaux et bœufs. Leurs caravanes étaient également renforcées de plaques d’acier ça et là selon une organisation qui échappait totalement à Adriano… Mais ce qui n’échappait point au Duc, en tous les cas, c’était ce ressentiment face à cette population qu’il détestait au plus haut point… A peine moins que les Drows… C’est dire.

Enfin, ils arrivèrent à Ydril. La dernière fois qu’Adriano vit la cité, c’était pour battre le rappel de l’Armada Navale du Soltaar, dans la guerre contre Merval. Son statut de Prince Héritier et son grade d’Amiral de toute la flotte, l’avait grandement aidé à se distinguer et à recruter avec lui les marins prêts à tout pour la stabilité de la région la plus Suderonne de tout le Sud.

L’accueil, toutefois, était autrement plus protocolaire encore. Les héraults criaient sans hurler, les traditionnelles informations orales informant la population de laisser place à l’arrivée de tel ou tel invité. Les gardes de la ville faisaient vraisemblablement un superbe travail également, car si la liesse était générale, il ne semblait y avoir ni débordements, ni blessé insouciant.

Lorsqu’enfin, ils arrivèrent au château, Adriano fut le premier à descendre, conformément aux doctrines nobiliaires en vigueur. Duc de cette terre, Pair du Royaume, il était l’homme le plus puissant de ce château, et de toute la pointe Sud de Péninsule. Alors qu’on scandait son nom, Adriano se tint bien droit.

Son armure d’apparat était splendide. Faite d’un cuir savamment tanné et entretenu, elle était réhaussée de plaques d’aciers finement ciselées, gravées à la gloire d’une famille ducale encore bien jeune, et d’un Sud victorieux, glorieux, puissant et riche. L’or côtoyait l’argent, et sa cape d’un rouge profond était maintenue en place par deux fibules rondes faite d’or au milieu desquelles trônaient deux fabuleuses émeraudes. La fourrure était d’un blanc immaculé, encadrant la cape et le col de sa tunique avec grâce et volupté. Enfin, une épée au pommeau et au fourreau d’acier recouvert de feuilles d’or, gravées de reliefs et d’animaux et sertie d’un immense rubis au-devant de la garde, parachevait cet habit couteux et ô combien glorieux.
« Cher Antioche. » Dit-il, alors qu’il recevait l’accolade, et une confidence faite au creux de l’oreille par-dessus laquelle tombait de magnifiques boucles couleur claires. « Vous êtes l’hôte de ces lieux et le maître de cérémonie. Nous ferons comme bon vous semblera. Menez-moi donc à Norbert. »
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MessageSujet: Re: Un comte pour un comté [Libre]   Un comte pour un comté [Libre] I_icon_minitimeVen 25 Aoû 2023 - 17:22



Catarina était ravie.

Si se promener à Soltariel-la-Ville lui était familier, voyager hors de la cité l'était beaucoup moins pour la jeune héritière ; et plus encore en famille. Elle avait ainsi passé un charmant voyage en carrosse, profitant des paysages nouveaux auprès de sa chère Ginevra, sa dame de compagnie, mais surtout de sa future belle-mère, la Baronne Adélina de Lourbier, qu'elle ne connaissait absolument pas - malgré de fréquentes mais brèves visites dans sa chambre durant sa convalescence.

Bien que n'ayant que quatre ans de différence, il ne lui était pas difficile de concevoir à son encontre un profond respect à son encontre, de celui que l'on réservait aux ainés, car elle estimait les liens du mariage et de la filiation extrêmement important aux yeux des Dieux, aux yeux de la société toute entière. Ainsi n'était-elle pas choquée par la différence d'âge, ou par le fait qu'il s'agisse d'une union d'intérêt, comme il était souvent de mise dans la noblesse ; et la bienveillante était simplement que la Dame fut revenue à leurs côtés en sécurité, sauve et entière de sa terrible aventure. Elle était toute prête à lui laisser la place qu'elle avait doucement commencé à occuper au palais, en tant que seule Dame di Alcacio - et espérait, dans les élans ardents de son cœur naïf,  qu'elles deviendraient bonnes amies. Il fallait dire que l'absence de sa précédente belle-mère avait laissé un grand vide pour ce Souffle aimant et pur, que la prière ne réussissait pas à combler.

Elle était donc d'une humeur fort gaie tout le temps du voyage. La jeune fille ne manquait jamais d'admirer le ciel d'azur tout en profitant de broder et de faire la conversation, accueillait les haltes avec joie et curiosité.
Son expérience des auberges étant fort limitées, Catarina profitait de ses soirées pour les croquer dans un carnet de cuir gravé de pierres précieuses ; et ne put s'empêcher de se sentir un peu nerveuse, alors qu'ils établissaient leur dernière halte avant leur arrivée.

L’accueil à Ydril la rassura un peu. La ville semblait charmante, aux murs immaculés, à la population bavarde et gaie, dans lequel dominait les cris ravis des enfants, comme des pépiements d'oiseaux. L'escorte de chevaliers en armure la rassura, tout comme, à leur arrivée au château, le protocole et à l'étiquette, qu'elle trouvait agréable par leur familiarité. En descendant du carrosse, les joues roses et ses yeux noisette brillant comme des escarboucles à la lumière des flammes, elle détailla la foule avec attention, sans prêter grande attention au Hérault ; s'approcha enfin, en veillant à rester au même niveau que la fiancée de son père afin qu'elle ne se retrouve pas esseulée, à la suite de son redoutable géniteur, lissant sa robe de soie du plat de la main.
Les bras nus à la mode suderonne, elle était vêtue pour l'occasion d'une robe de soie d'un bleu profond, agrémentée de broderies d'argent, qui tranchait avec sa peau légèrement bronzée, dont la dentelle délicate virevoltait dans la brise tiédie du matin. Les cheveux relevés en un chignon strict mais dont l'austérité était tempéré par une attache de perles et de petits rubis taillés en forme de fleurs, à la valeur inestimable, elle paraissait sage et très jeune ; et inclina sa tête avec une perfection toute princière devant la noblesse locale rassemblée pour l'occasion.

Et tandis que son père semblait déjà en grande discussion avec celui qu'elle identifia comme le Régent du Comté, un seigneur se présenta tout aussitôt devant elles.
Le Bailli di Maldi était un homme affable et grassouillet, transpirant dans sa tunique de soie aux couleurs vives et dans son chaperon, dont les pans pendait jusque dans son dos. Il sembla un peu ridicule à la jeune fille, qui étouffa un rire en direction de sa future belle-mère, les yeux emplis d'un amusement enfantin.

Enfin, elles étaient désormais amenées au frais - et bien que Catarina aurait ardemment désiré suivre son père, il n'était nullement question de faire un esclandre. Elle verrait bien ce que le lendemain lui réserverait !


Dernière édition par Catarina di Alcacio le Ven 25 Aoû 2023 - 20:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Un comte pour un comté [Libre]   Un comte pour un comté [Libre] I_icon_minitimeVen 25 Aoû 2023 - 19:36





Le jour était finalement arrivé. Cela faisait un moment que la nordienne se préparait pour ce moment. Sa première sortie officielle en tant que futur Duchesse. L’immense cohorte était partie de Soltariel pour rejoindre Ydril, chemin qu’elle avait déjà fait, mais à cheval, il y a quelques ennéades plutôt. Gabriel, quant à lui, avait été laissé à Soltariel, sous bonne garde. Il fallait dire que le Duc avait une panoplie de gouvernantes et de nurses qui n’attendait qu’à prendre soin d’un poupon. Qui plus est, Aubry, ainsi que Norian était resté avec le futur baron d’Alonna pour assurer sa sécurité. Malgré cela, quelques Sanguis Invertebre avaient décidé de l’accompagner dans sa dernière visite officielle, portant leurs armures ornées de l’écarlate de la maison de Lourbier avec fierté. On aurait presque dit que les soldats tentaient de faire compétition à leurs confrères suderons. Puis, la suite du Duc arriva finalement à Ydril. La baronne ne put s’empêcher d’observer par la fenêtre du carosse. Les gens s’étaient attroupés près de leurs cortèges, saluant leur Suzerain. Certaines femmes offrant même une vue outrageuse à la suite de noble, d’autres lançant leur couvre-chef dans les airs. Adélina ne put s’empêcher de sourire en voyant ce spectacle hors du commun. C’était une célébration qui ne serait pas oubliée de sitôt. Le cortège s’arrêta finalement devant le château, au-delà, on pouvait voir les innombrables chevaliers Ydrilois, fièrement alignés autour de l’homme que la nordienne prit pour le Régent. D’ailleurs, Adriano descendit rapidement de son destrier pour aller le rejoindre. Un valet vint rapidement s’occuper des deux jeunes femmes, l’un ouvrant la porte avant de s’incliner devant les deux nobles, un autre tendant doucement sa main, prêt à les aider hors de la cabine. Adélina fit un sourire d’encouragement à sa future belle-fille, l’invitant silencieusement à sortir la première, suivit de sa dame de compagnie. Puis ce fut au tour de la baronne.



La jeune femme déposa doucement sa main sur celle du valet avant de descendre gracieusement du carrosse. Ses longs cheveux bouclés étaient impeccablement coiffés, sur sa tête, quelques bijoux ornés de perles, ressemblant à des fleurs se retrouvaient dans les vagues de ses cheveux. La baronne se retourna légèrement vers l’arrière, remerciant l’un des valets qui replaça la longue traîne de sa robe. D’ailleurs, cette dernière était particulièrement spectaculaire, le col bateau mettait ses épaules frêles en valeur, alors que le corset épousait joliment sa taille fine avant de reprendre de l’ampleur. Le brocart bleuté était magnifiquement tissé, semblant faire ressortir le bleu de ses yeux. Le collier de sa mère - une pièce assez simple, un saphir orné de plusieurs diamants, trônait fièrement à son coup. La baronne était vêtue à la hauteur de sa réputation. Une fois que le valet eut terminé, la nordienne se permit de s’avancer à son tour, suivant Catarina qui la devançait de quelques pas. C’était la première sortie officielle aux côtés des di Alcacio, et elle devait avouer que tout cela la rendit quelque peu inconfortable. Le héraut la présente comme une Dame, comme la promise d’Adriano sans réellement mentionner ces titres ou même utiliser son titre honorifique. La jeune femme eut l’impression de n’être que la “femme de…” Et non la baronne qui avait tant fait pour sa patrie. Cela n’aiderait définitivement pas les quolibets qui circulaient à son sujet, la présentant comme un oiseau avide de pouvoir qui avait séduit le Duc que pour améliorer sa position. Néanmoins, la nordienne ne montra guère son agacement, s’arrêtant derrière le Duc, comme la bienséance l’exigeait. Catarina quant à elle, se plaça à ses côtés, ses yeux noisette brillant d’excitation devant tant d’agitation. La belle attenda patiemment que l’un d’eux ne fasse les présentations. Un léger sourire avenant ornaient ses lèvres légèrement rosées, alors que son regard se déplaça vers les alentours, observant les innombrables chevaliers en armure d’apparat. L’un d’eux attira son attention, et la jeune femme plissa légèrement les yeux, avant de le reconnaître immédiatement. Gregoire. Rapidement, Adélina, retourna rapidement son regard vers le dénommé Antioche qui étreignait le Duc. Cela qui lui semblait être une bien curieuse façon de saluer son suzerain… Mais cela démontrait un certain côté d’Adriano dont elle n’avait jamais vu. Ses mains se rejoignirent sur son bas-ventre, alors qu’elle attendit qu’on ose lui adresser la parole, ou que son promis ne la présente à leur hôte.



Étrangement, ni l’un, ni l’autre sembla se préoccuper de la baronne et de l’héritière, préférant se retirer en tant qu’homme. Adélina haussa un sourcil, quelque peu surprise, avant qu’un homme se présentant comme Edouard Di Maldi, le bailli d’Ydril. Ce dernier les salua avant de les inviter à l’intérieur. Catarina tenta de réprimander un rire, ce qui fit malheureusement agrandir celui de sa future belle-mère. Cette dernière se reprit rapidement, lançant un chaleureux sourire au pauvre homme qui ne semblait pas supporter la chaleur de la journée. Elle tendit sa main pour que ce dernier la baise avant de lui adresser la parole ; « C’est un plaisir de vous rencontrer Messire Di Maldi. Nous vous accompagnerons avec plaisir. » Ce dernier s’inclina de nouveau, avant de les inviter à le suivre. Adélina lança un regard complice, amusée à Catarina avant de la suivre à l’intérieur du palais finement décoré.  


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MessageSujet: Re: Un comte pour un comté [Libre]   Un comte pour un comté [Libre] I_icon_minitimeMar 29 Aoû 2023 - 8:28



Un par un, donc, les illustres invités furent amenés à rejoindre leurs beaux appartements, au sein du château qui surveillait la ville de toute sa splendeur. Le départ précipité du duc et du régent obligea le vieux bailli à prendre ses responsabilités à cœur, lui qui s’endormait presque sous l’effet de la chaleur. Ainsi, le vieillard les guida tous vers les chambres qui leur avait été attitrées, soigneusement redécorées aux couleurs du duché pour certaines ; les appartements privés d’Adélina, eux, brillaient de celles de sa baronnie, légèrement et subtilement teintées de la maison Di Alcacio. Rien n’avait été laissé au hasard pour que les visiteurs se sentent le plus à l’aise possible, tout en apportant respect et dignité à leur statut. Une fois qu’ils furent tous installés, d’innombrables servants couraient à tout va afin de répondre aux demandes des uns et exigences des autres. Ils apportaient quelque en-cas ou boisson rafraîchissante à qui le voulait et proposaient leurs services pour aider à coiffer et habiller les nobles. Le temps pressait en effet, car bientôt, le banquet aurait lieu.

~~~~~~

C’est donc aux douze coups de midi que quatre valets se séparèrent pour aller chercher les convives, et les conduire par petits groupes vers la grande salle à manger qui les accueillerait pour les prochaines heures. Une table en demi-cercle trônait, surélevée, dans le fond opposé de la salle, surplombant deux grandes tablées rectangulaires le long desquelles étaient rangés des tabourets simples et autres chaises en bois. Celle du fond, elle, était entourée de fauteuils plus confortables, destinés aux quelques hôtes et invités d’honneur, qui pourraient ainsi faire face au reste de la salle. Une jolie nappe blanche protégeait son bois et sa pierre, sur laquelle on avait déposé quelques décorations, fleurs, fruits et verrerie. Le couvert avait déjà été mis, et on pouvait sentir un parfum enivrant provenant des cuisines, celui de la mer et du poisson frais. Quelques amuses bouches étaient déjà disponibles sur les tables, olives, viande séchée et arachides qui pourraient faire patienter les estomacs les plus impatients, accompagnés de vins moyennement prestigieux qui raviraient les palais de tous.

Beaucoup de sièges étaient déjà remplis lorsque les premiers invités arrivèrent. Chevaliers et nobles de moindre familles se mélangeaient et conversaient avec plaisir en attendant patiemment l’arrivée des invités d’honneur. Ainsi, Adriano di Alcacio, Adélina de Lourbier et Catarina di Alcacio ainsi qu’un quatrième noble de la suite furent rassemblés auprès d’Edouard di Maldi et d’Antioche d’Essenburg, qui ne manquaient pas de délivrer ses plus beaux sourires. Lorsqu’ils furent tous réunis, Antioche les guida vers leurs places respectives dans la table du fond. Edouard s’installa à l’extrémité gauche, Adélina à sa suite, une place libre les séparant, puis Antioche et le duc Adriano, tous deux au centre, puis une autre place libre, et vinrent ensuite Catarina et le noble de Soltariel. Le silence s’établit rapidement dès qu’ils firent leur entrée. À peine le dernier d’entre eux s’étaient-ils placés que le régent se releva et frappa dans ses mains.

« Très chers sires et dames, seigneurs, barons, preux chevaliers, je vous prie d’accueillir comme il se doit la famille Di Alcacio dans notre beau palais d’Ydril ! » Quelques exclamations vinrent se mêler aux applaudissements respectueux. La famille était appréciée de tous, ou presque, ici. Antioche leva la main pour rétablir le calme. « Certains ont pu entendre des rumeurs de leur présence ici, ce n’est pas une simple visite de courtoisie. Rien ne sert de vous faire attendre plus longtemps. Moi, Antioche d’Essenburg, Grand Régent assigné par décret royal à la gestion du comté, tire aujourd’hui ma révérence. » Des murmures s’échangèrent dans la salle basse. « Nous avons retrouvé la prestigieuse lignée d’Ydril, des descendants du père d’Altiom, qui avaient jusque là disparu. J’ai l’honneur de vous les présenter ici et maintenant ! »

La porte s’ouvrit alors, et toutes les têtes se tournèrent.

~~~~~~

Louis faisait les cent pas dans sa chambre. Il avait attendu presque deux heures, seul, se rongeant les ongles et vérifiant lui aussi les plis de ses vêtements. Il ne pouvait pas se permettre de paraître moins digne que son aîné qui mettait déjà en place ses pions auprès du duc, dans un salon plus loin. Le cadet n’arrivait pas à rester en place, et quand Grégoire lui demanda enfin de le suivre, il se sentit soulagé. Enfin, jusqu’à ce que le chevalier lui glisse à l’oreille que la femme qu’ils avaient rencontrée quelques ennéades plus tôt était bien la promise d’Adriano. C’est donc blême qu’il arrivait devant la porte de la grande salle, où Norbert l’attendait déjà.

« Eh bien, petit frère, tu as le trac ? » lui lança-t-il, narquois.

Louis ne répondit pas et se contenta de garder les yeux rivés sur cette porte fermée, sur laquelle Grégoire avait posé son oreille, attendant le signal, alors que le futur comte levait un sourcil circonspect avant de se tourner lui aussi vers cette entrée. Ils ne patientèrent pas longtemps. Le chevalier poussa les deux battants de l’entrée avec force, et une centaine de regards curieux les accueillirent alors. Ils avancèrent comme un seul homme, Grégoire ouvrant la marche, et les deux frères marchant côte-à-côte derrière lui. Certaines remarques ne leur échappèrent pas. « Ils sont si jeunes ! », « Lequel est le plus vieux ? », « C’est lui le fameux Norbert ? », « Je ne les pensais pas aussi beaux. ». Ils se contentèrent de les ignorer, comme Antioche le leur avait conseillé plus tôt, et rejoignirent leurs places à la table du fond, après avoir respectueusement salué la tablée. Antioche les regarda s’asseoir, le cadet aux côtés de la future duchesse, et son frère entre le duc et sa fille. Il sembla apprécier le sourire satisfait du futur comte, et ne manqua pas de remarquer la gêne qui semblait s’être installée chez Louis. Avait-il commis une erreur avec ce plan de table ? Non, il en était certain. Là où il était, Norbert pourrait s’attirer les faveurs du duc et se rapprocher de sa fille, et renforcer la relation qu’ils venaient d’initier quelques heures plus tôt. Louis, quant à lui, devrait savoir mettre en confiance la baronne pour la mettre de leur côté, il en avait les moyens.

Justement, le jeune homme n’avait pas osé quitter des yeux le visage du duc, ni voulu vérifier les dires de Grégoire. Une pointe d’admiration avait commencé à naître en lui, avant de se rappeler qu’il devait s’asseoir à côté de la future duchesse, anéantissant toute autre émotion qu’une gêne profonde, qu’il camoufla derrière un visage impassible. En s’asseyant, il arbora un sourire poli et attendit patiemment, comme tout le monde, qu’Antioche en finisse. Tous l’attendaient, et il dût cesser son flot de pensées en frappant de nouveau dans ses mains.

« Norbert vous parlera plus tard. Festoyons, messires, un avenir radieux nous attend ! »

Les portes s’ouvrirent de nouveau, et des dizaines de plats de poissons, crustacés, purées et légumes mijotés virevoltèrent entre les mains habiles des servants, accueillis par de nouvelles exclamations et applaudissements. Louis osa enfin un regard à sa gauche, et, reconnaissant son unique interlocutrice, souffla pour elle et elle seule, reprenant contenance très vite :

« Des erreurs du passé, nous apprenons tous les jours, votre honneur. » Il attrapa le pichet le plus proche et, avec un sourire timide, lui servit un vin blanc très sec, sortant tout droit des plus belles caves du comté. « Je suis ravi de vous rencontrer. »

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Adriano Cortès di Alcacio
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MessageSujet: Re: Un comte pour un comté [Libre]   Un comte pour un comté [Libre] I_icon_minitimeMar 29 Aoû 2023 - 10:16

La journée d’Adriano serait chargée à n’en point douter. A peine arrivé au cœur de la cité d’Ydril, il s’était entretenu avec le futur Comte, Norbert d’Ydril. Plusieurs heures durant, les deux nobliaux que rien ne liait pour l’instant – car le serment de vassalité n’avait point été prononcé – apprirent à se connaître, mais surtout, à déterminer la politique Comtale au regard des ordres ducaux ; Ducale, au regard des besoins Comtaux.

Avec tout cela, l’heure du repas arriva bien rapidement. Quittant la salle d’entretien un petit peu avant pour rejoindre ses appartements, Adriano changea son armure d’apparat pour une tenue de velours, de fourrures et de soies, réhaussée de fils d’or et d’argents, d’une fibule d’or incrustée d’améthystes et de bijoux faits d’or et de pierres précieuses.

Arrivé aux côtés de sa promise et de sa fille héritière, Adriano prit place au milieu de la partie la plus éloignée de la tablée, comme le dictaient les habitudes nobiliaires. Aux côtés d’Antioche, le Pair du Royaume prit place, profitant de cette vue imprenable sur les sieurs et dames du Sud qui prenaient place devant lui. Si Antioche était encore le maître de cérémonie, Adriano était le maître de ces terres… Aussi profitait-il d’une position de pouvoir assurée, qui pourrait aisément impressionner les grands comme les petits.

Une fois que tous furent installés, Antioche prit à nouveau le rôle de maître de cérémonie. Le futur Comte prendrait la parole plus tard : actuellement, l’heure était au dîner.

Le ballet des serviteurs, cuisiniers et autres valets, était réellement impressionnant. Tous connaissaient leurs rôles, places et importances dans le dispositif du service. Les crustacés se voyaient remplacés ensuite par les poissons, accompagnés de légumineux, purées et autres préparations aux couleurs chaudes typiques du Sud. Adriano, fin gourmet, appréciait chaque aspect de ce repas : les poissons étaient nacrés et parfaitement cuits ; les crustacés étaient pêchés du matin ; les accompagnements étaient parfaitement mixés, pressés, cuits, mijotés, assaisonnés… Tout était réellement agréable.

Un repas fort bien orchestré.
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Catarina di Alcacio
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Catarina di Alcacio


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MessageSujet: Re: Un comte pour un comté [Libre]   Un comte pour un comté [Libre] I_icon_minitimeLun 4 Sep 2023 - 13:52



Catarina était bien aise d'être ainsi acceuillie au banquet.

Bien qu'elle avait pu concevoir de la frustration de ne pas avoir été conviée à la discussion entre son père et son vassal, en tant que future suzeraine, elle savait qu'il y avait des propos qui ne pouvaient, parfois, sortir du cadre privé. Et bien qu'elle fut encore associée au duc Adriano comme l'héritière et son bras droit, elle savait également qu'il n'était plus qu'une question de temps avant que son statut ne change, suite à la naissance probable d'un autre fils qui lui ravirait sa place privilégiée.
Non qu'elle ne tint au pouvoir plus que cela ; mais parce qu'elle avait déjà conçu des projets qu'elle comptait bien soumettre à son géniteur, et qu'elle aurait aimé pouvoir répandre la Foi Penthienne, combattre les sectes draconiques et mener sa propre politique en faveur du peuple.

Mais rien n'était encore écrit. La jeune fille savait qu'il était nécessaire de savourer également l'instant présent, de profiter ce que la vie pouvait apporter de doux et de merveilleux, ne serais-ce que pour tenter d'en rendre au moins une partie à ceux qui en avait le plus besoin. De plus, n'était-il pas éminemment égoïste que de bouder ce qu'autrui vous offrait ?

Ainsi, elle profita de ces heures où, apprêtée comme la digne fille de duc qu'elle était, elle eut l'occasion de faire la connaissance du nouveau Comte d'Ydril, qui l'intriguait fortement, au terme d'une agréable conversation. Après tout, il pouvait, sans rougir, se montrer un candidat valable pour des noces communes, surtout si son si puissant géniteur l'appréciait ! Le cas échéant, elle avait à cœur de le jauger et de mieux le comprendre, car il serait peut-être un jour son vassal, sinon celui de son petit frère ou de son enfant.
Elle n'avait encore jamais assisté à un serment de vassalité, aussi se montrait-elle particulièrement atentive à l'attitude d'Adriano.
Elle se demandait également comment la populace et les subordonnés du Comte d'Ydril prendraient leur arrivée, dont l'arrivée récente et probablement inattendue avait dû faire basculer bien des plans. Et cela promettait d'être fort instructif, ce dont la naïve enfant se réjouissait.

Ainsi, elle profita avec joie des festivités, goûtant à chaque plat pour honorer son hôte, riant aux facéties et aux chansons des jongleurs et des troubadours - passa ainsi un excellent moment empreint de politique, de mondanité et de saveurs du sud.

Un banquet presque comme les autres !
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Adélina
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MessageSujet: Re: Un comte pour un comté [Libre]   Un comte pour un comté [Libre] I_icon_minitimeVen 15 Sep 2023 - 10:56





Le vieux bailli l’amena finalement dans ses appartements. Adélina ne manqua guère les innombrables clins d'œil à sa maison. Elle pouvait voir les références à l’écarlate, des teintes bleutées qui tentaient de se mélanger aux couleurs de son futur mari. Chose qui lui parut peu nécessaire, alors que bientôt, elle abandonnerait le nom de Lourbier. Les heures passèrent lentement, là où la baronne tenta de lire un peu, et de passer le temps. Mais l’ennui la retrouva rapidement, elle s’assit donc à la fenêtre, regardant l'activité qui se déroulait plus bas. Ce demandant comment deux jeunes hommes nobles avaient pu si aisément disparaître dans la nature. Puis, on vint rapidement la chercher, la conduisant dans la salle de réception au côté de Catarina et d’Adriano.



La baronne suivit doucement les suderons alors qu’ils se dirigeaient vers la table d’honneur. Elle salua quelques nobles qu’elle avait déjà rencontrées - voir ceux qui daignaient lui adresser la parole à travers tout ce brouhaha avant de rejoindre le Duc et sa fille qui se faisait accueillir par Antioche. C’était la première fois qu’elle participait à un événement officiel depuis son enlèvement, et si dans le passé elle avait été confortable de toute cette attention, de tous ces regards, il en était autrement aujourd’hui. Quiconque porterait le moindrement attention à la jeune femme pouvait voir cet éclair d’inconfort au travers des sourires, des regards bienveillant et des salutations qui lui semblait incroyablement fausses. On l’installa finalement à la table, au côté d’Antioche - loin d’Adriano et de Catarina, lui rappelant qu’elle ne faisait guère partie de cette famille encore, avant que le régent ne prenne la parole; présentant ces nouveaux protégés. Les portes s’ouvrirent et les deux jeunes hommes firent leur entrée dans la salle. L’air sérieux, confiant, toute l’attention de la cour Ydrilote se portèrent sur ces derniers, laissant la baronne devenir soudainement blême alors qu’elle reconnu l’un deux. Une expression qui ne dura que quelques secondes, avant que la jeune femme ne reprenne rapidement contenance. Elle fit une révérence à Norbert, alors que ce dernier la salua, puis s’assit rapidement à la tablée avant d’entreprendre une discussion avec celui qui se dénommait Louis. Les plats se succédant, tous plus raffinés les uns que les autres. C’était définitivement un spectacle qu’Antioche présentait, et ce dernier menait la musique avec une précision exquise.

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Louis d'Ydril
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MessageSujet: Re: Un comte pour un comté [Libre]   Un comte pour un comté [Libre] I_icon_minitimeSam 16 Sep 2023 - 12:34



Ce déjeuner tardif aux airs de fête avait été orchestré à la perfection pour charmer et satisfaire les invités d’Antioche. Les mets raffinés étaient accompagnés de vins choisis spécifiquement par le sommelier du château, du moins à la table du Régent et du Duc. Nombre de plats défilaient, frugaux pour pouvoir goûter à tout, sans rien laisser au hasard. Devant la table, un troubadour chantait des poèmes élogieux, les plus grandes histoires d’Ydril et de ses anciens comtes. Le nom d’Altiom avait été ainsi évoqué, celui de son père – et grand-père de nos deux frères – Sanche, et d’autres illustres patronymes, chevaliers, capitaines, amiraux, qui avaient façonné le comté d’aujourd’hui.

C’est au cours d’une discussion passionnante entre Adriano et Norbert, qui ne manquait pas de formules bien préparées pour faire bonne impression, que le regard de Louis croisa celui de l’héritière du duché de Soltariel. Il lui fit un sourire assuré, avant de reprendre sa conversation avec sa voisine de table, jetant parfois quelques coups d’œil discrets dans sa direction. Au beau milieu du repas, l’aîné éleva la voix.

« Bien sûr, très cher Duc, les prouesses de votre passé sont connues de tous, ici ! L’ami ! » adressa-t-il au barde. « Chante-nous donc l’histoire de la bataille de Merval ! »

Il se penchait ensuite à l’oreille de la fille à sa gauche pour lui glisser quelque mot qui la firent doucement glousser. Louis n’en perdit pas une miette, et écrasa discrètement sa miche de pain sous la table. Norbert avait tout pour lui, et tout semblait si simple. Il prenait ses aises si facilement autour de ces personnages illustres, son assurance et son charisme enchantaient la tablée. La présence de l’héritière à ses côtés le rendait plus lumineux encore. Tandis que le barde faisait l’éloge du courage et de la prouesse du Duc, on apportait les plateaux de fromages et de confitures, avec les vins associés. En contrebas, le festin allait bon train aussi. Les gens ne faisaient plus attention, l’alcool coulait à flots, et les quelques querelles qui éclataient étaient vite réglées par un regard sévère du Régent aux gardes, qui s’empressaient de calmer certaines ardeurs des convives.

Cette chanson fut la dernière du barde, qui se retira en s’inclinant bien bas, sous les applaudissements chaleureux de Norbert et de la tablée. Louis l’accompagnait, moins enthousiaste que lui. Il ne voulait pas le laisser briller seul, et avait échafaudé un plan. S’excusant auprès de la baronne, il se leva après avoir remarqué le petit groupe de musiciens qui s’installait un peu plus loin, devant un espace vide. Il était coutume qu’une danse précède et accompagne les desserts et autres sucreries qui clôtureraient le repas. Antioche ne pouvait pas espérer mieux, Norbert avait réussi mieux qu’il ne l’avait imaginé. Il aurait été naturel que le futur comte invite la fille du Duc pour la première danse. Son sourire satisfait disparut petit à petit en apercevant Louis qui s’était levé et marchait vers lui, le dépassait, s’inclinait respectueusement devant Catarina, et tendit son bras.

« Ma dame, m’accorderiez-vous cette danse ? »

Norbert le regarda en levant un sourcil mais ne pipa mot. Antioche non plus, d’ailleurs. Il resta calme, mais bouillonnait intérieurement. Poliment, la fille accepta. Sans un regard en arrière, Louis la conduisit devant les musiciens, qui finissaient tout juste leurs préparatifs, et jouèrent les premières notes d’une lente pavane. Il s’inclina de nouveau, l’empoigna doucement et se mit à danser, virevolter avec elle, sans quitter ses yeux du regard une seule seconde. Moins d’une minute plus tard, la piste était remplie de couples de fortune, et la pavane terminée, c’est la gigue, la ritournelle et la tarentelle qu’on dansait ensuite. Louis garda la belle une danse de plus, avant que père ne vienne la réclamer. En jetant un regard en arrière, cette fois, il vit Antioche qui dansait allègrement avec Adélina, et son frère qui avait trouvé une partenaire à la poitrine généreuse, et qui semblait bien amochée par l’alcool. Il quitta la piste de danse et retourna s’asseoir à sa place. Il chercha Grégoire, le trouva enfin et le vit faire un hochement de tête, son visage confiant souriant. Louis lui répondit d’un clin d’œil amusé avant de se servir une belle part de tarte aux pommes. Le banquet était bien réussi.



Dernière édition par Louis d'Ydril le Mar 3 Oct 2023 - 23:04, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Un comte pour un comté [Libre]   Un comte pour un comté [Libre] I_icon_minitimeVen 29 Sep 2023 - 9:23



くくくく Quelle liberté?


La baronne évita volontairement le regard du noble alors que ce dernier lui mentionnait de nouveau à quel point elle était ravissante, préférant éviter une réponse que de continuer sur un terrain qui ne lui plaisait guère. Depuis quelque temps, elle avait bien du mal à accepter les compliments, les faux-semblants… Elle avait du mal à supporter tout ce bruit, toutes ces personnes qui parlaient sans arrêt, ayant l’impression que ces gens étaient beaucoup trop imbus d’eux-mêmes. Étonnement, Louis était tout le contraire, et sa réponse attira rapidement son attention, les deux prunelles azurées se tournèrent vers le noble avant de reprendre ; « C’est faux… » Commença-t-elle, observant le jeune homme avant de continuer ; « Vous n’êtes peut-être pas comte. Mais vous porter le nom d’Ydril. Le nom est parfois plus révélateur que le titre. » La nordienne fixa le suderon, avant de reprendre ; « Il y a quelques années, je n’étais personne non plus. Que la fille d’un seigneur d’une petite bourgade, une famille détestée par l’ensemble du nord et maintenant… » Adélina reporta son regard vers l'assemblée. « Maintenant il n’y aura plus personne qui essayera de nous faire face. » La jeune femme attrapa de nouveau sa coupe, portant cette dernière à ses lèvres pour conclure ; « Vous l’apprendrez assez vite, Messire » Si l’incident avec Messire Di Maldi ne la fit guère broncher, elle ne put dire la même chose de la suite. Sans plus d’explication, Louis se leva pour demander une danse à Catarina. Voulant caché son sourire, la jeune femme attrapa rapidement sa coupe, avant de prendre une nouvelle gorgée de son breuvage. La scène était particulièrement amusante - mais aussi révélatrice. C’était certain que Louis et Norbert avait été préparé par Antioche, révélant que le nouveau comte devrait ouvrir traditionnellement la soirée dansante avec une partenaire. Partenaire parfaite qu’était Catarina Cortès Di Alcacio… Après tout, elle était le meilleur parti entre ses mûrs. La nordienne regarda le couple qui s’avançait au milieu de la salle, ne cachant guère son sourire. La scène était familière… Elle avait presque l’impression de revoir Théodoric lui demander de danser pour prendre les devants sur sa sœur à nouveau. Cette même danse qui avait été le début de quelque chose de particulièrement passionnel. Qui s’était terminé bien trop vite. Adélina avala difficilement sa salive, avant de se ressaisir, posant la coupe sur la table alors que le duo de danseur s’exécutait au son de la musique.



Quelques couples se joignirent au duo, et ce fut ensuite Antioche qui se retourna vers la baronne pour lui demander une danse. Ne pouvant réellement refuser, la jeune femme lui répondit par un léger sourire, avant de poser sa main dans la sienne. Il l’entraîna sur la piste, la faisant virevolter à travers les convives. Polie, la nordienne le laissa faire, mais lorsque d’une femme d’un certain âge les interrompis d’une façon assez singulière pour demander une danse au régent. Adélina ne put que lui laisser la place, non sans camoufler un sourire amusé - et pour quiconque la connaissait réellement - soulagée. La nordienne inclina légèrement la tête, saluant l’ancien régent alors que ce dernier se faisait entraîner par la noble Ydrilote. Adélina sortie rapidement de la piste de danse, saluant les nobles sur son chemin, avant de s’arrêter sur le côté de la piste, observant les danseurs. Adriano dansait maintenant avec sa fille, alors que le nouveau comte était occupé avec une jeune femme qui n’avait définitivement de yeux que pour lui - yeux quelque peu vitreux d’ailleurs… Adélina refusa une danse par un noble qu’elle ne connaissait pas, prétextant la fatigue, avant de se retourner pour aller à sa place.

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MessageSujet: Re: Un comte pour un comté [Libre]   Un comte pour un comté [Libre] I_icon_minitimeVen 29 Sep 2023 - 11:36



Le soleil brillait encore haut dans le ciel lorsque les nobles se réunirent dans la cour extérieure du palais. On avait relevé la herse de la grande porte et laissé entrer les gens de la ville. La populace s’était amassée dans un silence approximatif, recouvrant les deux tiers de la surface séparée par deux lignes de gardes armés jusqu’aux dents. Un vent frais du nord venait raviver les visages rougis des convives qui étaient encore à la danse et au dessert moins d’une heure plus tôt.

Le banquet était terminé. On les avait tous fait sortir et laissé debout à l’ombre d’un préau, ou au soleil pour les plus résistants. On avait invité le duc à s’asseoir sur un fauteuil orné qui pouvait à s’y méprendre ressembler fortement à un trône. À sa droite, la baronne et à sa gauche, sa fille étaient elles aussi pourvues d’un siège bien moins luxueux, mais tout de même confortable. Louis était au premier rang d’une rangée de nobles un peu à l’écart. Il attendait comme tous les autres l’arrivée des deux qui manquaient encore à l’appel.

Des trompettes sonnèrent alors et les portes du palais s’ouvrirent pour laisser apparaître Norbert et Antioche, marchant côte-à-côte le sourire aux lèvres. Le Haut-Régent était habillé outrageusement pour la saison : une robe allant jusqu’à ses pieds et un manteau de velours sur lequel on avait cousu le blason d’Ydril le faisaient déjà transpirer. Il tenait également devant lui, les bras levés à mi-hauteur, un coussin sur lequel reposait une couronne qui n’avait pas été portée depuis des années, et que beaucoup ici purent reconnaître comme celle qui sera posée sur la tête du futur comte d’Ydril. Ce dernier marchait nonchalamment, vêtu d’une armure d’apparat en or plaqué, et d’une écharpe rouge, couleur principale du comté.

À quelques mètres du duc, Antioche prit finalement la parole :

« Moi, Antioche d’Essenburg, Haut-Régent appointé par décret royal à la gestion du comté d’Ydril, reconnaît Norbert d’Ydril, descendant de la lignée d’Ydril, petit-fils de Sanche d’Ydril, comme l’héritier légitime du comté. Son sang est pur et son cœur juste. Par conséquent, par les pouvoirs qui me furent confiés en Karfïas de la onzième année, je déclare Norbert d’Ydril le nouvel Archonte d’Ydril. Vous pouvez vous relever, votre Grandeur. »

L’aîné s’exécuta, un sourire satisfait sur les lèvres, et inclina légèrement la tête alors qu’Antioche lui posait la couronne. Des éclats de joie et applaudissements retentirent. C’était donc fait. Norbert d’Ydril était désormais comte, ou archonte, d’Ydril. La cérémonie était terminée, ou presque. L’archonte se tourna vers le duc et s’inclina de nouveau pour parler d’une voix forte.

« Moi, Norbert d’Ydril, fils de Bruno d’Ydril, de la maison d'Ydril, Archonte d'Ydril, en présence de toute la noblesse ydrilote, me tiens devant vous afin de reconnaître fidélité à Adriano Cortes di Alcacio, Duc de Soltariel, Seigneur di Alcacio. À compter de ce jour, sur mon honneur, vous jure devant la Damedieu, fidélité à vous ainsi qu’à votre descendance. Je jure de défendre votre vie et les intérêts du duché. Je jure d’effectuer loyalement les fonctions qui m’ont été assignées. »

Il se pencha pour baiser la main du duc et se détourna finalement pour faire face aux centaines de visages qui le fixaient et l’acclamaient toujours. Il leva la main pour intimer le silence, qui mit une bonne dizaine de secondes à s’installer correctement, avant de crier à leur attention :

« Mon peuple ! Je vous vois en ce jour sous un nouveau regard. Je fus parmi vous toutes ces années, et me voici aujourd’hui devant vous. Ce jour mémorable marque la fin d’une absence, vous voilà de nouveau entre de bonnes mains. Vous ne me connaissez pas encore, mais moi, je vous connais, et je sais vos besoins. Je vous servirais, comme aucun de mes prédécesseurs ne l’a fait, Néera m’en soit témoin !  Vous n’aurez plus à souffrir de manque ou d’incertitude, je vous le garantis ! Gloire à Ydril ! Gloire à Ydril ! »

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