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 Comment le Comte Anseric, à la nuit tombée [...] | Terminé

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MessageSujet: Comment le Comte Anseric, à la nuit tombée [...] | Terminé   Comment le Comte Anseric, à la nuit tombée [...] | Terminé I_icon_minitimeSam 15 Mai 2010 - 0:16


    Comment le Comte Anseric, à la nuit tombée, fit une rencontre à laquelle il ne s'attendait pas, alors qu'il chassait un gibier bien étrange.


On avait fort sué, et longuement couru, durant cette harassante journée que le Comte Anseric avait dédié à la vénerie. Las, l'homme avait à quelques reprises sonné la halte, tant bien pour sa monture que pour sa propre personne. Partis désormais depuis plus d'un nycthémère, il faisait force d'admettre que la troupe de l'Arétrian avait avalé les lieues ; là demeuraient-ils, en pleine Oësgardie ! Si le gibier n'avait été qu'un cerfs, ou même un sanglier, cette déroute aurait sûrement été sujette aux railleries, cependant, nul bouffon n'aurait tenté un trait d'esprit, quand il s'agissait d'éradiquer la canaille gangrénant l'Arétrian.

C'est que c'était une de ses plus ardue, de tâche, que celle de bouter les coquins hors de son tendre et boueux terreau bien aimé, au bon Comte. Le chevalier au Goupillon s'y éreintait jours et nuits, dût-il se rendre aux portes de l'Enfer ardent, afin d'occire quelques butors qui auraient profané son domaine. Alors, que voulez vous, comparée aux portes de l'Enfer ardent, l'Oësgardie, elle, ne semble pas si loin.

Le maître Goupil tira une fois de plus sur les rênes de sa monture - l'auguste roussin Eracien, qui, malgré le temps maussade et le poids de son cavalier, se portait à merveille. Le cor de chasse au bout des lèvres, la halte fut sonnée, pour la quatrième fois, depuis que l'on avait diné (frugalement, hélas), et la petite troupe cessa son avancée. Avec certes grand peine, il fut force d'admettre au Comte Anseric que sa proie lui avait échappé, profitant du brouillard et du crépuscule. Une course après un spectre, voila en quoi s'était changé ce que c'était que la belle vènerie du Seigneur de l'Arétrian. Et, cela va sans dire, l'homme en était fort marri.

D'humeur aussi grondante que le ciel en ce moment, le Seigneur ordonna qu'on allumât prestement un feu, et que l'on repérât le logis le plus proche. Si la pluie était certes la maitresse éternelle de l'homme de l'Arétrian, ce n'était pas pour autant une raison pour forniquer sciemment avec elle. Pressés de repartir, les hommes boutèrent sans attendre le feu à quelques broussailles, qui avaient eut le malheur de se trouver là trop sèches, en ce temps pourtant si humide. Se réchauffant bonnement, à cette si belle flambée, l'assemblée en oublia d'envoyer quelques hommes sonder les lieux ; quand le Comte découvrit cette mauvaise négligence, il congédia quelques un de ses reitres - quatre crânequiniers, qui demeuraient bien gaillardement, un peu trop même, auprès de l'âtre. Mal leur en pris de si bien s'installer devant les flammes, car le Chevalier au Goupillon les renvoya céans, assénant un soufflet sur la nuque du plus haut d'entre eux - un grand dépendeur d'andouille, dirait-on, dans l'Arétrian.

Fort heureusement pour nos quatre compères, on entendit alors le bruit d'une autre compagnie, dont on ne su estimer au bruit - car la vue était alors bien mauvaise - si elle fut plus ou moins populeuse que celle du Comte. Néanmoins, les hommes prirent le soin de sortir à nu l'épée, et de bander l'arbalestrie. Le gonfalonier, lui leva bien haut la bannière de son maître.



Dernière édition par Anseric de la Rochepont le Dim 16 Mai 2010 - 16:30, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Comment le Comte Anseric, à la nuit tombée [...] | Terminé   Comment le Comte Anseric, à la nuit tombée [...] | Terminé I_icon_minitimeSam 15 Mai 2010 - 3:08

Emergeant d’un brouillard épaissi par le crépuscule, qui donnait aux ombres leurs rallongements les plus grands, les silhouettes d’une canaille autrement plus dangereuse apparurent aux Arétrians perdus. Certaines, familières semblées montées sur des chevaux, tandis que d’autres, petites et trapus, se mouvant d’arbre en arbre, disparaissaient et réapparaissaient, toujours plus grosses et pourtant toujours méconnaissables. Ces dernières faisaient penser aux esprits des forêts, à des farfadets s’égaillant autour du campement du chevalier au Goupillon. Un Arétrian digne de ce nom, qui avait déjà côtoyé la communauté naine sévissant dans son pays, aurait pu reconnaître la complexion du petit peuple, mais c’était sans compter sur la brume, et la lumière décroissante, et les racontars terrifiants qu’on échangeait autour du feu.

Et puis. « Holà ! » L’une des silhouettes brisa le silence et s’approcha, bientôt accompagnée d’un autre cavalier armé d’une bannière encore peu visible. Une fois à quelques dizaines de mètres du foyer de la troupe, on put distinguer le chevalier qui s’approchait. Vêtu d’un gambison et d’une cotte de maille, sans tabard, il portait un casque qu’on commençait à connaître vaguement à travers le royaume du fait de sa grande laideur. C’était un casque qui mêlait étrangement les formes de l’aigle et du Kerkand. C’était Aetius d’Ivrey. Il s’approchait sans bruit et les flammes du campement ne faisait pas briller son habillement, qui semblait avoir été terni volontairement. Les sabots de son cheval avaenit été recouverts d’un tissu épais. Se présentant à la suite du chevalier au Goupillon, il dit avoir reconnu les couleurs du nouveau comte d’Arétria et vouloir s’entretenir avec le chef de cette expédition, si ce dernier voulait bien lui accorder protection le temps de la discussion.
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MessageSujet: Re: Comment le Comte Anseric, à la nuit tombée [...] | Terminé   Comment le Comte Anseric, à la nuit tombée [...] | Terminé I_icon_minitimeSam 15 Mai 2010 - 12:26

La rumeur monta dans la troupe de l'Arétrian, faisant écho aux frémissements que les hommes entendaient au delà de la brume. D'hommes-loups, d'ogres, et de démons, voila comment étaient qualifiés ceux qui suivaient l'Ivrey. Les silhouettes courtaudes, aisément imputées en L'Arétrian aux gens ayant le malheur de naitre difforme, bossu, frappaient un instant de mutisme les hommes, qui croyaient déjà avoir affaire aux légions ardentes de l'Enfer, aux parias peuplant le Royaume des Dieux de la Mort. La seconde d'après, on se jetait des regards inquiet, tout en serrant avec hargne la poignée de son arme. Et puis, cédant à la prudence, les gaillards causaient, à mi-voix, certes, et se questionnaient furtivement.

Héraut de ces légions proscrites, un homme perça les lambeaux de brumes, et s'avança au beau milieu de la troupe, qui doutait désormais d'autant plus de la nature humaine de la personne, au vu d'un pareil heaume. C'est que peu de gens, hormis l'Ivrey, n'avaient l'audace de se montrer ainsi testonné. Le cimier au Kerkand et à l'aigle, figure toute chimérique, avait bien fait jaser, il y a plusieurs semaines, lors du grand tournoi de Diantra.

Las, le Comte Anseric ignorait tout bellement, quant à lui, qui était l'Ivrey. N'était entré en la lumière de son entendement que le blason de l'homme, soit le Kerkand et l'aigle, associé au nom du porteur du heaume. Ainsi, quand ces deux mots lui furent annoncés par son sergent d'armes, le Seigneur eut une forte appréhension. Malgré sa toute grande sature, son lignage, dont il se vantait d'être prestigieux, et la quarantaine d'hommes qui l'entourait, le Chevalier au Goupillon eut une sueur froide, quand il vit à son tour la spectrale figure qu'était l'Ivrey. Le temps d'un instant, seulement ! Si le Maitre de l'Arétrian avait pour blason un goupil, il n'en était pas moins brave comme un lion, et fort comme un ours ! Fi de peur !

D'un pas qui dénotait son ardeur, le grand Comte s'avança vers l'errant, et, malgré que l'autre soit sur sa monture, le toisa du regard le plus dur. Les yeux perçants du Goupillon dardait avec férocité leur rayons sur le heaume au Kerkand et à l'aigle, sentant que l'Arétrian tout entier avait là, par cette rencontre inespérée l'occasion de laver son honneur.

De sa belle voix de Stentor, l'homme parla en ces mots :

« Que je sois frappé de pâmoison, si je ne reconnais pas votre cimier, Seigneur. On m'a conté, en mon fief, vos exploits de Diantra, comment vous démontâtes mon petit neveu Wilfried, seigneur de Lourain, et j'espérai avoir l'heur que nos chemins se croisent. Puisque mon sergent m'a confirmé votre nom, Aetius d'Ivrey, je vous donne également le mien : je suis Anseric, Comte de l'Arétrian, et Seigneur des terres de Rochepont. Marquant un court arrêt, le Goupillon laissa à sa phrase le temps de faire son effet, et, d'une moue quelque peu satisfaite, poursuivit
« Comme ce bon Durand (tel était le nom du sergent d'armes) m'a également dit que vous vouliez causer, je vous serais gré de faire sortir vos hommes de l'ombre. Il me serait plaisant de voir des hommes de l'Ivrey autre chose qu'une silhouette brumeuse. »


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MessageSujet: Re: Comment le Comte Anseric, à la nuit tombée [...] | Terminé   Comment le Comte Anseric, à la nuit tombée [...] | Terminé I_icon_minitimeSam 15 Mai 2010 - 17:46

L’homme tout encasqué toisait le maître Goupil sans faire, naturellement, dépasser de réaction ou d’émotion. Il est difficile, en effet, de laisser transparaître quoi que ce soit quand notre visage est recouvert d’acier. Ne manquant cependant pas aux coutumes, la gueule de Kerkand et d’aigle salua comme le font les gens de bonne famille le comte de l’Arétrian et écouta ce que ce dernier avait à lui dire. Le cheval qui le soutenait, une capture faite lors du grand tournoi, était lui aussi un fougueux destrier éracien. Le jeune étalon, visiblement excité par quelque bataille passée ou à venir, piaffait et faisait virevolter sa crinière claire, maîtrisée d’une main sûre par son cavalier, Aetius d’Ivrey. On pouvait apercevoir sur son gambison terni et crotté des traces de sang séché (ou était-ce de la boue ?). Lorsque le comte eut dit ce qu’il avait sur le cœur, Aetius s’inclina légèrement, en signe de respect, et dit.

« Vous m’honorez en connaissant mon nom, qui est celui d’un chevalier étranger à vos terres et sans grande importance dans le royaume. Je me rappelle Wilfried, qui fut fort valeureux et je me rappelle encore ce combat, qui fut âpre. C’est un bon chevalier, messire, comme doivent l’être les gens de votre maisonnée.

Messire, je ferai venir mes hommes près de votre feu, mais d’abord, je me dois de vous informer de la rencontre que nous fîmes plus loin au nord, à l’orée du bois de l’Uberwald, avec une vingtaine de bons brigands, dont certains portaient vos armes sur leur tabard. Comme ils ne répondaient pas à mes salutations et tentèrent de m’attaquer, mes hommes les tuèrent, à part quelques-uns, qui se rendirent. Est-ce là votre avant-garde, seigneur ? Dans ce cas, je ferai amende honorable, car ce sont vos hommes et, bien qu’ils aient tenté de m’atteindre, ils portaient vos couleurs. »
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MessageSujet: Re: Comment le Comte Anseric, à la nuit tombée [...] | Terminé   Comment le Comte Anseric, à la nuit tombée [...] | Terminé I_icon_minitimeSam 15 Mai 2010 - 19:03

Un rude gaillard, doublé d'un fin matois, que cet Aetius. Non content de le surprendre au beau milieu de nulle part, le chevalier au Kerkand et à l'aigle pouvait maintenant se targuer d'avoir occis le gibier du Comte Arétrian. Au moins, et c'était là une maigre consolation pour le Maître Goupil, on pouvait espérer qu'hésitant, l'Ivrey avait, grâce à son doute, eut quelque remord à ainsi pourfendre la proie de son interlocuteur. Très maigre consolation, en vérité, pour l'Arétrian, qui mettait son point d'honneur à couronner de succès ses vèneries.

« Je ne me soucie point pour Wilfried ; il est dans sa prime jeunesse, et s'en remettra. Au mieux, la rossée que vous lui mîtes ne peut que l'endurcir. »

Ces futiles paroles, éminentes de platitudes, auraient aussi bien pu être celles d'un courtisan vénal que celles du Comte. Las, il fallait, en tout lieu et tout temps parler des choses heureuses, aussi insignifiantes qu'elles étaient. En effet, mais cela, l'Ivrey l'ignorait, le bon Wilfried était désormais le cadet des soucis de son suzerain ; à l'annonce de sa défaite, et ce dès le premier combat livré au Tournoi, le Chevalier au Goupillon lui avait tout bonnement repris son fief de Lourain, lui donnant en échange un village sordide, au Nord de l'Arétrian, arguant que cela "lui apprendrait, à ce fat".

Plus préoccupé par son gibier volé que par son vassal de petit neveu, le Comte Anseric voulu sans tarder s'expliquer avec le Chevalier au Kerkand et à l'aigle. Il n'aurait été nullement bon d'ainsi laisser croire que la troupe de l'Ivrey avait sciemment été attaquée par une force arétrianne.

« Las ! Ces hommes sont bien miens ! Du moins je le croyais ainsi, il y a un mois de cela. Je fus mis face à la réalité, ce tantôt, quand j'appris à quelles pilleries ils s'étaient adonnés, une fois qu'ils eurent désertés mes rangs. Aussi me dois-je de vous remercier, pour avoir mis fin à la vie de ces fieffées canailles. J'ai une dette envers vous, l'Ivrey, et si les coquins que vous pourfendirent vous causèrent quelques dommages, je m'en porte garant et suis prêt à payer réparation. »

En son fort intérieur, le Goupillon se sentait désormais doublement offensé, mais, diable, il lui était impossible d'avoir quelque rancune à l'égard du Chevalier au Kerkand et à l'aigle. Plus tard, il lui demanderai sûrement l'occasion de racheter son honneur, et dès lors, se sentirait fort aise avec l'Ivrey.

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MessageSujet: Re: Comment le Comte Anseric, à la nuit tombée [...] | Terminé   Comment le Comte Anseric, à la nuit tombée [...] | Terminé I_icon_minitimeSam 15 Mai 2010 - 19:43

« Cà, çà ! », répondit le chevalier au Kerkand, qui connaissait son rang et ne voulait pas se montrer mesquin. Il avait certes perdu un homme, qui avait été atteint par un carreau d’arbalète venu de nulle part (peut-être même de l’un de ses compagnons) dans le feu de l’escarmouche, mais rien de bien grave. Aucun cheval n’avait été atteint, et aucun chevalier oësgardien qui l’avait rejoint dans sa campagne militaire. Se rappelant maintenant de ces troupes embusquées, il fit un geste aux dites chevaliers, qui approchèrent à grand trot, rejoignant Aetius et son banneret. Ils étaient armés à la manière de l’Ivrey, déguisés également pour ne pas être vus. Certains portaient des éperons d’or, ne pouvant abandonner cette marque de chevalerie, mais ils leur avaient sacrifié leur brillant et ces nobles éléments de leur équipement luisait comme aurait pu luire un galet.

Bien que les chevaliers le rejoignirent, ils gardèrent leur casque et ne démontèrent pas, bien que leur épée était toujours au fourreau et leur lance dressée de manière aimable, sans agressivité. Les fantassins ne descendirent pas de leur position. Comme pour s’excuser, l’Ivrey expliqua qu’elle avait beaucoup d’ennemis dans le Nord et ne pouvait s’offrir le luxe de laisser les environs sans surveillance. Bien sûr, il se méfiait un peu du comte Anseric, qui l’était depuis peu et qu’il ne connaissait que par ses armes et les lointaines rumeurs qu’il avait pu entendre sur lui. Aetius, normalement insouciant, avait payé cher ce trait de caractère, qui s’affaiblissait à chaque rouerie. De plus, les embuscades l’avaient rendu plus prudent.

« Nul dommage, messire, sinon pour les marauds qui osèrent abandonner leur service à votre personne. Certains des prisonniers proposèrent de nous rejoindre, et je dois bien avouer qu’en ces temps durs, je ne crache jamais sur quelques bras. Mes hommes et moi assaillons les bandes de déserteurs qui traînent à Oësgard depuis quelques jours déjà. Oësgardien, Alonnien comme Serramirois, soldatesque comme valetaille, n’hésitent plus à délaisser leurs devoirs, et nous dûmes en abattre beaucoup non loin d’Uberwald, où ils trouvent refuge comme nous le fîmes. Pour renforcer nos effectifs ou combler les vides, nous prenons parfois avec nous quelques survivants. S’il vous plaît, je vous remets incontinent vos soldats pour qu’ils subissent leur juste punition. »
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MessageSujet: Re: Comment le Comte Anseric, à la nuit tombée [...] | Terminé   Comment le Comte Anseric, à la nuit tombée [...] | Terminé I_icon_minitimeSam 15 Mai 2010 - 23:59

Décidément, pouvait se dire bien clairvoyant celui qui aurait, au premier coup d'œil, compris la nature de cet étrange homme qu'était l'Ivrey. Faisant montre d'une puissance honorable l'instant d'avant, il se disait désormais prêt à accepter le choix du Comte, quand bien même fut-ce dans son droit de disposer à son gré des hommes qu'il avait fait prisonnier. Cette attitude versatile confirmait au Goupillon l'idée qu'il se faisait de son interlocuteur : un homme dont l'esprit, aux méandres tortueuses, restait insondable. Malgré cela, son récit était tout à son honneur, et le Comte fut ravi en admiration de voir qu'il perdurait quelques preux, capables d'établir d'eux même la loi, sans attendre le soutient de plus puissant.

« Oui-da ; Je serais bien aise de recevoir en mes geôles les coquins que vous capturâtes. J'aurais souhaité qu'ils fussent éconduits céans en l'Arétrian, où justice leur aurait été rendue. Las, tant de peines seraient superflues, et mieux vaut autant qu'ils soient jugés ici même. La sentence de mort est de rigueur, pour quiconque trahis son seigneur. »

D'un petit geste de son bras dextre, le Comte Anseric fit mander son sergent, Durand, dont nous avions déjà parlé. L'homme, un rubicond, quelque peu court sur patte, et fort trapu, pourvu d'un jaseran et d'une masse d'armes, se rendit prestement auprès de son suzerain. Là fut il envoyé par icelui chercher l'épée qui dormait dans le fourreau, à la selle du roussin Eracien, dont nous avons aussi tantôt parlé. L'homme tendit l'arme à son maître, qui troqua aussitôt son goupillon contre elle.

« Il ne sera pas dit qu'un seigneur Arétrian ait été injuste envers ses pairs ; j'ai force d'admiration pour votre besogne, l'Ivrey, vous qui, selon vos dires, lutâtes âprement contre la vermine et le chienlit qui gangrenait, et gangrène toujours cette terre. Vous faites honneur à votre sang, et, comme je vous l'ai dit, j'ai une dette envers vous. Le Haudoin, céans ! »

S'avança alors un homme sec, aux traits tirés, d'au moins dix ans l'ainé du Comte. Portant un haubergeon des plus banal, quoique de bonne facture, et un marteau à bec de corbin, on aurait pu le confondre avec le reste de la soldatesque, si n'était son air avenant, et ses traits presque beaux, qui dénotait la présence du sang bleu en ses veines. La Haudoin était l'âme damnée du Comte Anseric ; il était alors en ces temps bien malaisé d'avoir affaire à ce bras droit, car cela témoignait toujours la présence de la tête non loin.

« Je vous pourvoirais, pour chacun de ceux que vous pourfendîtes, ou me remettrez en main propres, du double d'homme, armés et rompus à l'art de la guerre. Avec pareille force, vous pourriez aisément remettre sur pied le duché entier. Ces gens que je vous confierait ne porterons plus mes armoiries ; considérez les vôtres, et puissiez vous les mener vers une fin heureuse. »

Car c'était ainsi que se formait la vraie noblesse, celle qu'était que les gens d'épée.

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MessageSujet: Re: Comment le Comte Anseric, à la nuit tombée [...] | Terminé   Comment le Comte Anseric, à la nuit tombée [...] | Terminé I_icon_minitimeDim 16 Mai 2010 - 0:24

Maîtrisant toujours son cheval excité de la bride fermement tenu par sa main de bouclier, le casque du kerkand et de l’aigle, écouta en silence les déclarations du comte. Bien que l’acier de son deuxième visage ne pouvait montrer sa reconnaissance, la voix de l’Ivrey ne tarda pas à réparer cette apathie ferreuse.

« Grand-merci, messire, les hommes de valeurs nous manquent en ces temps, et de bons soldats arétrians nous aideront grandement, j’en suis convaincu. Il reste beaucoup à faire dans le nord, vous devez le savoir. Croyez bien que si vos gens ne porteront plus vos couleurs, les bienfaits qu’ils procureront à ce pays vous seront dus à vous seul, messire. »

Tournant bride d’un coup sec, son cheval se retourna entièrement. Faisant un geste ample à un groupe de chevaliers, il demanda Erhart, qui s’approcha, et lui ordonna d’apporter les survivants de l’embuscade de cette après-midi. Ce dernier hocha de la tête et partit au galop vers le nord, où devait se trouver leur âtre. Aetius demanda alors s’il pouvait se joindre au feu, en attendant le retour des survivants, ce qu’on lui accorda. Il demanda à certains de ses hommes de venir l’accompagner et retira son casque, dévoila son visage jovial et quasi-juvénile. Il était très jeune et son faciès était tout à la courtoisie, à la joie et aux jeux. On n’aurait pu penser que l’homme était un guerrier si certaines cicatrices, notamment la trace d’une griffe longeant son cou pour dépasser son camail, ou encore une égratignure au niveau du sourcil, rappelaient à tous le style de vie qu’il avait choisi. Assis là, l’atmosphère se détendit un peu, bien que les silhouettes, au loin, continuaient leur manège, se dissimulant et épiant les environs comme c’était leur rôle. Là, les deux nobles discutèrent un peu, parlant de tout et de rien.

Après une demi-heure, le chevalier réapparut, accompagné d’une demi-douzaine de prisonniers et de deux autres hommes, ou plutôt nains, qui veillaient sur les malheureux aux mains liées. Lorsque ces derniers virent les couleurs de leur seigneur trahi, ils s’agitèrent, bientôt remis en place par le chevalier qui les escortait, bientôt rejoint par les cavaliers restés montés autour du campement du maître Goupil.
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MessageSujet: Re: Comment le Comte Anseric, à la nuit tombée [...] | Terminé   Comment le Comte Anseric, à la nuit tombée [...] | Terminé I_icon_minitimeDim 16 Mai 2010 - 1:11

Assis autour de plusieurs foyers, conversant ça et là, les hommes formèrent vite un tout, à l'image des grands et populeux Osts, qui apparaissent comme une masse grouillante de vie, plutôt qu'un ensemble de personnes distinctes. Ainsi se réchauffant, et partageant quelque menue chère, piétaille et cavaliers s'étaient instinctivement retrouvés, formant là un tableau qu'il aurait été fameux de mettre sur la toile, tant il dénotait bien la vie du guerrier.

Le Comte Anseric, quant à lui, causait avec L'Ivrey ; il s'avérât qu'une fois son heaume tombé, l'homme était prompt à la discussion, et d'un avenant appréciable. L'élan de la jeunesse, pouvait se dire le Goupillon, qui lui aussi avait été autrefois riant et joyeux. Il ne parlait plus qu'à demi mots, désormais, et les années, alors qu'il approchait respectablement la quarantaine, lui avaient donné le goût de la mesure.
La mesure dans les mots, du moins, puisqu'il allait être donné, dans quelques minutes, l'étendue de l'absolutisme de l'homme. En effet, on entendit les échos du retour des prisonniers tant attendus. L'épée, qui avait patiemment attendu dans son fourreau, depuis plus d'une demi-heure, réveilla en Anseric l'envie d'en finir.

Les quelques nains que l'Ivrey avait dépêché amenèrent enfin les renégats, non sans réticence de la part de ces derniers, quand ils virent les tabards frappés de la livrée Arétrianne. On jeta à terre les prisonniers, qui pouvaient être comptés au nombre de sept. La terreur les avait maintenant pris, à mesure qu'on les trainait, et que l'on appuyait leur tête sur le tronc couché d'un arbre mort. Hélas pour eux, ils avaient autant de chance de s'en sortir qu'un agneau face à un loup.
Alors que les ladres vivaient leurs dernières minutes, la figure du Comte Anseric se détacha de l'assemblée. Son visage rayonnait, à la lumière des flammes, d'une lueur rougeâtre toute funeste, égale à celle de son épée. Il clama alors : « Pour avoir sciemment trahis, le Comte Anseric, seigneur de l'Arétrian, maître du domaine de Rochepont, pour avoir renié votre service envers icelui, et pour enfin vous êtes adonné aux pilleries et au brigandement, il n'y a nulle expiation possible, sinon la mort. »

D'aucuns se débattaient sans espoirs, les autres pleuraient. Le Maître Goupil leva par sept fois le bras, et, de sa longue lame, frappa d'autant. Les cris se succédèrent, mais au final, le silence était revenu, et chacune des têtes avait roulé dans la pairie. Tout tâché de sang qu'il était, le seigneur se retourna vers l'Ivrey.

« Justice est rendue, et je n'ai plus aucune raison d'être ici. Je vous laisse le Haudoin, jusqu'à ce que les quarante hommes que je vous ai promis ne vous rejoignent. Maintenant, je nous suggère de nous en aller. Je regagne mon fief, et vous votre quête. Nous nous reverrons, l'Ivrey, vous me devez encore une joute. »

Ainsi s'acheva la rencontre en les deux hommes ; le Comte ordonna à ses ouailles de lever le camp, tout en congédiant le Haudoin. Il prit soin à ce que les sept têtes soient emmenées avec lui, en le boueux terreau Arétrian.




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MessageSujet: Re: Comment le Comte Anseric, à la nuit tombée [...] | Terminé   Comment le Comte Anseric, à la nuit tombée [...] | Terminé I_icon_minitimeDim 16 Mai 2010 - 3:54

A la remarque plaisante du sire Goupil à propos d’une joute dont il lui serait redevable, sorte de revanche prise par l’ensemble de l’Arétrian sur lui, Aetius ne put s’empêcher de sourire. Lui qui était tout crotté, couvert d’une armure salie pour les besoins des embuscades qu’il menait avec une répétition régulière qu’on ne lui connaissait pas (l’Ivrey avait souvent été un simple jouisseur incapable de s’astreindre à une quelconque discipline de vie), il fut heureux d’entendre ce dernier lui parler des choses de la chevalerie et de la courtoisie, choses qu’on abandonne facilement lorsqu’on se dissimule dans un bois et abat brigands et déserteurs passant près de ce dernier.

« Je suis votre débiteur, messire. » se contenta-t-il en s’appuyant sur le pommeau de son épée, geste de respect et de protection du chevalier envers son seigneur. Sur ce, il resta immobile, salua les autres convives dignes de l’être et observa la troupe reprendre son chemin. Avant que le seigneur ne s’en aille vraiment, il cria à l’adresse du Goupil, reprenant son rôle d’officier et assenant des indications clairement, de façon lapidaire.

« J’attendrai vos hommes avec le Haudoin dans quinze jours dans le village de G***, à l’est d’Hausseroi, à l’auberge de la Fleur du Pays, messire. » Et sur ce, il remonta à cheval, son banneret lui tendit son heaume hideux et il le rattacha à son armure. Une fois qu’il fut hors de vue, plongé dans la brume et l’obscurité du sous-bois, il se permit de frémir en repensant à ces sept têtes que le comte avait détachées de leur corps en sept coups, sept coups amples de flamberge. A ne pas se mettre à dos le comte au Goupillon, se conseilla l’Ivrey.
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