Les loups se retirent, le Bélier arrive

L'armée odélianne venait de pénétrer en Oësgardie, quittant les terres d'Alonna et les compagnies des officiers qui les avaient escortés. La coopération de Hanegard Kastelord avait permis une avancée à un bon rythme, et seul quelques chariots du train peinèrent quelque peu lorsque les vallonnements ne deviennent de vraies pentes ardues. Jehan avait reçu les ordres d'Egmont par courrier, une jeune estafette qui attendait au poste frontière. Ainsi donc, les odélians devraient monter le camp près de la frontière qu'ils venaient de franchir et faire office de réserve pour le moment. Soit. L'Intendant prenait le temps de réfléchir à sa stratégie, qui pouvait vraiment l'en blâmer?

Jehan fit monter les tentes rapidement et instaura rapidement quelques patrouilles pour surveiller les environs. L'heure de la soupe allait sonné, et quelques feux vinrent chauffer des gamelles cabossées, qui accueillaient un ragoût bouillonnant et fumant. Le vieil ami du Gras croqua dans une pomme alors que les premiers éclaireurs faisaient leur rapport. Rien de bien important à signaler pour le moment. La masse de soldats laissaient échapper des rires et chants. L'insouciance et la bonne humeur était de mise, le temps des cris et de la douleur viendrait bien assez tôt.

Adossé au fortin frontalier, le campement odélian déployait son envergure en forme de lune. La nuit calme dans le campements, seuls quelques soldats jouant au dé s'étaient rassemblés autour des dernières braises ardentes jusque tard dans la nuit. Jehan se leva en même temps que le soleil qui perçait sans difficulté une brume éthérée. La journée s'annonçait belle alors que l'horizon s'emplissait d'un dégradé orangé presque poétique. Il fit sa toilette, se rasa avec application à la lueur du jour, entretenant sa moustache grisonnante qui faisait sa fierté, puis se saisit de pain et de viande séchée, et se restaura en écoutant le premier rapport des éclaireurs. Une patrouille avait rencontré une bande de bandits qui fut rapidement mis en fuite, aucune perte à déplorer, seul une jeune recrue avait été touché légèrement au bras. La jeunesse se forgeait, une première blessure fait de vous un homme.

Un petit détachement battant pavillon oësgardien fit son apparition alors que le soleil commençait à darder ses rayons bienveillants. Un jeune archer à qui il manquait une dent vint prévenir son général que le Capitaine Godal souhaitait le rencontrer. En signe de fraternité, Jehan partit à la rencontre de l'oësgardien. S'approchant d'un pas leste, il s'annonça à Godal.

Je suis Jehan d'Assar, Commandant de ces hommes.

Il effectua un salut tout militaire, avant d'empoigner virilement l'avant bras de son homologue, dans cette étreinte guerrière, symbole d'alliance. Il tendit le bras vers sa tente et poursuivit.

Venez Capitaine. Que vos hommes aillent vers l'office, ils y trouveront de quoi boire et se restaurer. Nous serons plus à l'aise pour discuter dans ma tente.

Les deux hommes se dirigèrent alors vers la tente sus-nommée et la discussion pu débuter, après que Jehan ai invité le capitaine à s'asseoir.

Un verre de vin? De quoi vous restaurer?

Jehan montrait les choses proposées alors qu'il s'asseyait face à son homologue, puis il en vint au fait.

Je vous écoute! De quoi souhaitez vous me parler?

Le capitaine Godal vit arriver à lui le commandant responsable des troupes d'Odélian. Les deux hommes étaient des vétérans d'expérience marqués par les âges et les combats. Le capitaine salua son homologue selon la coutume militaire avant de le suivre jusqu'à sa tente.
Derrière lui, les cavaliers mettaient pied à terre et se dirigeaient vers la cantine, répondant favorablement à l'offre de repos du contingent. On pouvait voir sur les armures et les boucliers les traces de coups de lame, parfois une blessure datant de quelques jours à peine, les soldats d'Oësgard ne connaissaient pas vraiment le repos, surtout dans cette région. Ils s'autorisaient donc un court repos pour se restaurer, ils savaient pourquoi le capitaine étant venu voir le contingent du Bélier, ils repartiraient certainement aussi vite qu'ils n'étaient venus.
Il restait beaucoup à faire et, à quelques lieux de là, un gros morceau attendait d'être intercepté. Les Soldats Odélians risquaient de connaître le combat très tôt mais pas contre l'ennemi habituel auquel ils pensaient.

Godal suivit Jehan d'Assar,jusqu'à sa tente située au milieu du campement. Poliment, le vieux soldat refusa une coupe de vin qui lui était adressée. Il était du genre à ne pas prendre de repos tant que sa mission n'était pas terminée. Il accepta néanmoins une miche de pain afin de couper court à sa faim.
Assis face à son homologue, il commença à énoncer les raisons de sa venue.

Tout d'abord .. Le Régent d'Oësgard apprécie votre venue pour nous aider à pacifier la province. Votre arrivée soulage l'esprit des troupes Oësgardiennes qui luttent seules depuis des mois pour rétablir l'ordre.
Votre lieu d'affectation final est situé non loin de ce lieu, parmi la zone de Nebelheim.

Mais je suis surtout venu demander à vos hommes un premier effort. A quelques lieues de là, une importante bande de pillards a été signalée. Elle est un peu particulière .. Ils s'agit de nains conduits par un humain. Ils sont au nombre de deux cents et se cachent dans la forêt d'Uberwald. Nos éclaireurs les surveillent depuis plusieurs jours. Il s'est avéré que ces nains sont venus pour amasser richesses et butins en combattants les autres bandes de pillards. Cette situation est intolérable.

Votre contingent est la force la plus proche de ces brigands. Vos huit cents hommes ne seront pas de trop pour mater ces nains et les renvoyer dans leur pays.
Je suis donc venu vous demander la mobilisation de vos soldats contre ces pillards.
Ah .. une dernière chose .. ces nains semblent être dirigés par le chevalier Aetius d'Yvrey, celui qui a remporté le tournoi de Diantra. Voir un individu récompensé par le Roi s'amuser à célébrer sa victoire en pillant les terres royales .. il mérite d'être capturé et jugé.

Le vétéran odélian écouta attentivement les paroles de l'oësgardien, sans jamais l'interrompre, posant son index sur ses lèvres, comme pour s'interdire inconsciemment d'interrompre son interlocuteur.

Tout d'abord .. Le Régent d'Oësgard apprécie votre venue pour nous aider à pacifier la province. Votre arrivée soulage l'esprit des troupes Oësgardiennes qui luttent seules depuis des mois pour rétablir l'ordre.
Votre lieu d'affectation final est situé non loin de ce lieu, parmi la zone de Nebelheim.

Mais je suis surtout venu demander à vos hommes un premier effort. A quelques lieues de là, une importante bande de pillards a été signalée. Elle est un peu particulière .. Ils s'agit de nains conduits par un humain. Ils sont au nombre de deux cents et se cachent dans la forêt d'Uberwald. Nos éclaireurs les surveillent depuis plusieurs jours. Il s'est avéré que ces nains sont venus pour amasser richesses et butins en combattants les autres bandes de pillards. Cette situation est intolérable.

Votre contingent est la force la plus proche de ces brigands. Vos huit cents hommes ne seront pas de trop pour mater ces nains et les renvoyer dans leur pays.
Je suis donc venu vous demander la mobilisation de vos soldats contre ces pillards.
Ah .. une dernière chose .. ces nains semblent être dirigés par le chevalier Aetius d'Yvrey, celui qui a remporté le tournoi de Diantra. Voir un individu récompensé par le Roi s'amuser à célébrer sa victoire en pillant les terres royales .. il mérite d'être capturé et jugé.

Alors que Goral parlait, Jehan avait déroulé une carte de la région, prêté par un officier au poste frontière. Nebelheim donc. Il inspecta rapidement le parchemin, puis rétorqua.

J'avoue ne pas tout comprendre ... Le vainqueur du Grand Tournoi, à la tête d'une bande de pillards nains? ... Que fait-il en Oësgard, si loin de Scylla?

Il lissa sa moustache du bout des doigts, pensif. Cette première intervention semblait être une réflexion à voix haute, plus que de véritables questions. Il poursuivit néanmoins, faisant une moue sceptique.

Ce qui est très inquiétant, c'est que si cette bande se cache dans la forêt, nous pouvons les chercher pendant longtemps. Ont-ils un camp? Un lieu où ils se regroupent? Nous sommes certes nombreux et couvrir plus de terrain, mais Uberwald semble bien vaste.

Il marqua une petite pause, puis reprit, le regard intéressé.

Mais, à propos ... Qu'ont-ils pillés?

En effet c'est bien lui et il n'a manqué de signaler son nom auprès des habitants. Son armure est des plus reconnaissables. Cela dit .. le voir avec des nains et faire irruption dans la province sans même s'annoncer au régent dénote un esprit désireux de faire ce qu'il souhaite au mépris des autres.
Scylla attend pourtant son régent et ne doit pas s'attendre à le voir venir profiter de la situation en Oësgard pour son propre compte. Un tel scélérat ne mérite pas l'honneur que lui a accordé le Roi.

L’officier odélian en restait pantois. Aetius d’Ivrey se vantait d’être à la tête d’une bande de pillards nains ? Le comportement du vainqueur du Tournoi était des plus étrange. A peine mis à la tête d’un comté, il se déshonorait dans une quête à l’autre bout du royaume … Etrange. Godal poursuivit, répondant aux questions de Jehan avec simplicité.

La forêt est vaste en effet mais manoeuvrer une telle bande de nains n'est pas une partie de plaisir. Rares sont les endroits où cette troupe pourra bivouaquer tout en tentant de se prémunir des attaques. De plus ils sont surveillés constamment par nos éclaireurs, nous pourrons guider les troupes de manière efficace contrairement à eux qui vont en aveugle et doivent faire passer de lourdes charrettes parmi les arbres.
Il existe certains forts abandonnés dans la forêt, tombés en ruines depuis longtemps, il est fort à parier que l'Yvrey se dirige dessus.

L’odélian écarquilla quelque peu les yeux. La confiance dont faisait preuve l’oësgardien était assez déconcertante, tout cela semblait si simple, il le laissa enquiller sur le pillage en soit.

Visiblement la bande de l'Yvrey a décidée de s'en prendre aux bandes de pillards circulant en Oësgard. Ils se sont actuellement attaqués à un convoi de la Meute, une puissante bande de rebelles terrorisant la région depuis la fin de la guerre civile.
Le pseudo-régent de Scylla a semble t-il l'intention de s'accaparer le butin que ces bandits ont amassés. Hors ce butin appartient à Oësgard en premier lieu !
Je ne vous fais aucune confidence que je suis furieux de voir ce pillage par ricochet.
Si cette bande de bandits s'était annoncée au régent de manière officielle les choses auraient pu se passer autrement mais visiblement ils ont l'intention de faire main basse sur les ressources d'Oësgard volées et de s'enfuir par la suite.

Les pillards pillés, coquace morale de l’histoire qui troublait la campagne oësgardienne. Les traits du seigneur d’Assar se détendirent légèrement alors qu’il rétorquait.

C’est un crime d’opportunisme ! … Je suis quelque peu rassuré. Je pensais qu’il s’en était pris au peuple d’Oësgard. Voyons le bon côté des choses, ils ont détruit cette Meute de brigands.

Il sourit légèrement, tentant de détendre un peu son interlocuteur, visiblement agacé par l’idée de voir Oêsgard soulagé de quelques pièces d’or. Il imagina une seconde la réaction de son gras suzerain qui serait bien pire et il reprit.

Si vous êtes sûr de leur position, nous pouvons tenter un encerclement et engager des pourparlers. Je ne peux croire totalement, qu’un homme, à qui le Roi a confié un comté, soit assez fou pour bafouer les anciennes alliances, et il en va de mêmes pour les Nains. Notre déploiement risque d’être long, il faut être certain de leur immobilité.

Il avait peut-être une idée …