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| Enfin seule (LIBRE) | |
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Noémie Amaranth
En attente de validation.. Nombre de messages : 141 Âge : 33 Date d'inscription : 24/09/2008 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Eveillé / Néophyte | Sujet: Enfin seule (LIBRE) Jeu 24 Juin 2010 - 17:25 | |
| DRAME 1 : Acculé
Le sieur Malicelste se dandina sur le fauteuil de chêne au coussin de velours. De son front perlaient de grosses gouttes de sueur. Dégoulinant le long de son visage porcin, celles-ci venaient se perdre dans les plis de son double-menton graisseux, achevant de faire du marchand obèse une véritable fontaine de gras.
Ses doigts sertis de multiples bagues essuyèrent avec un pale tissu brodé d’or le flot ininterrompu qui suintait de son crane dégarni, maladroitement vissé sous un chapeau de soie rouge et au liseré doré. Le gros se tortilla encore tandis qu’il relisait avec attention, par delà ses bésicles, les termes du contrat qu’il s’apprêtait à signer.
« Sieur Malicelste, prenez ma plume je vous prie. »
La voix mielleuse de son interlocutrice fit sursauter le marchand. Une plume d’oie fut placée entre ses mains, pleine d’une encre carmin. Tremblant comme une feuille morte, le pauvre Gontran Malicelste ne pouvait que s’en remettre à l’évidence : son commerce était ruiné. La Corporation Marchande avait été un véritable fiasco après le départ de son fondateur. Déchéances, pertes de profits et compagnies coulées furent le lot de ces marchands et autres trésoriers qui avaient suivi le mouvement de la Corporation.
Malicelste s’était jeté dans la gueule du loup, et même s’il avait réussi à sauver quelques billes de cette affaire, son commerce d’importation/exportation de produits de luxe avait inexorablement été mené à la ruine. Si seulement la guerre civile n’était pas passée par là. Dans ces évènements, il avait perdu la plupart de ses commerces et surtout de ses clients. Tout était allé trop vite pour le marchand aux plis graisseux, trop vite enrichit, trop vite dépouillé.
Comble de sa disgrâce, ce n’était pas une autre compagnie commerciale qui lui proposait le rachat de ses commerces au bord de la ruine et le renflouement de ses caisses, mais bel et bien une flopée de saltimbanques et d’artisans. Le Clair-Obscur, une de ces guildes qui avait émergé de tout ce chaos, plus influente que jamais dans la cité. Cette immonde organisation qui avait phagocyté la plupart des commerces du quartier des Passiflores, grandissant telle une maladie contagieuse, se répandant dans les rues telle une trainée de poudre. Et c’était cette même congrégation qui venait aujourd’hui frapper à la porte de la « Compagnie Carmin » pour absorber ce qui pouvait encore l’être. Malicelste, un des derniers premiers conjurés d’Aldénor, se retrouvait aujourd’hui dans une position difficile. Et quel ne fut pas son trouble quand il vit pour la première fois la dirigeante de toute cette nuée qui pénétrait dans son commerce.
Noémie Amaranth, une parvenue, une mécréante qui sous son vernis de bonnes manières et de charme cachait un monstre encore plus féroce que ceux des mythes et des légendes. L’appétit de cette femme n’avait aucune limite, Malicelste en était parfaitement conscient. Le marchand avait eu vent que la plupart de ses anciens concurrents avaient connu des sorts funestes pour s’être opposés à elle. Son regard croisa celui de la femme au sourire carnassier qui se trouvait devant son bureau, confortablement installée, sa victoire assurée. Il déglutit difficilement. Le regard de la dame était sans aucune ambigüité : « acceptez ou la postérité fera de vous un fait divers à la criée. » La femme se redressa et croisa les doigts.
« Les termes du contrat vous semblent justes messire Malicelste.
-C’était une question, s’enquit-il ?
-Pas le moins du monde… »
Malicelste roula des yeux fous. Il était pris au piège. La faible lueur des candélabres accentuait les ténèbres de la pièce. Seuls les yeux de la femme brillaient d’un éclat malsain. Observé, acculé, encerclé par les ténèbres qui s’amassaient autour de lui, il sursauta quand une des bougies s’éteignit. La plume tremblait toujours dans ses mains, l’encre gouttant sur le bois de son bureau et tachant les lettres de créances qui étaient désormais son quotidien. Il fallait en finir vite, même si ce papier signifiait la perte de tout ce qu’il avait bâti pendant des années. Une marionnette, cette femme prenait ses semblables comme des marionnettes. A cet instant, Malicelste comprit qu’il n’était plus rien. C’était ça où finir avec la plèbe, à mendier pour assurer sa maigre subsistance. Sa femme ne le supporterait pas. Ses filles encore moins. S’il avait pris la peine de les marier plus tôt, il n’aurait pas eu à traiter avec cette démone…
Ses forces l’abandonnèrent. Seul dans la pénombre, observé par les yeux maléfiques de la femme, il était impuissant. Sa main se mit à se mouvoir et apposa sa griffe sur le papier avant même qu’il prenne conscience de son acte. A cet instant, la lumière sembla revenir dans le bureau de Gontran Malicelste. Les candélabres diffusaient à nouveau cette lueur agréable. La sueur qui coulait sur le menton du marchand se logea dans les plis de sa fraise et y resta.
« Affaire conclue messire…mes collaborateurs viendront prendre possession des lieux demain. Bien entendu, il est inutile de vous inquiéter. Tout sera exactement comme avant, comme si de rien n’était. »
Les mots de perdirent dans le gosier asséché du commerçant obèse tandis que la dame récupérait son dû. Un de ses serviteurs sortit des ombres de la pièce. Caché durant toute la discussion, il escortait silencieusement sa maîtresse, marchant sur ses pas, ne la quittant jamais.
« Brume, veuillez remettre ceci dans mes appartements. Quant à vous messire Malicelste, je vous souhaite une excellente fin de soirée. Mes amitiés à vos filles et à votre femme. »
_____________________________________________________________________ DRAME 2 : La place des Lilas
« Tu peux disposer Brume, je rentrerai seule.
-Bien madame… »
Le serviteur longiligne, partenaire sexuel occasionel de Noémie, s’éclipsa sans plus dire un mot. Il ne restait sur la place des Lilas, qu’un silence de mort, et la clarté de la lune. La place des Lilas était une composition du paysager Hédelbert Janeret. Un grand arbre dominait le centre de la petite place, les pavés formant une succession de cercles concentriques autour de celui-ci. La place des Lilas tirait son nom de ces fleurs qui poussaient au pied de cet arbre, telles des champignons. Les histoires les plus belles circulaient sur cette particularité. Noémie n’en avait pas encore percé le mystère. La jeune femme finit par s’asseoir sur l’un des bancs en pierre qui donnaient sur la place. Tout y était si reposant. L’influence du Clair-Obscur ne s’étendait pas dans cette partie de la ville, pour l’instant. Les endroits aussi calmes que ceux-ci allaient devenir bien rares durant les prochains mois. Le Clair-Obscur avait des projets pour Diantra : fêtes essentiellement.
Noémie prit le temps de souffler, du moins pour quelques minutes. Les dernières semaines avaient été épuisantes. Non contente de devoir prendre le contrôle des restes de la Corporation Marchande, elle devait en plus s’occuper du projet d’enclave à Sybrondil. Tout semblait indiquer que le Clair-Obscur contrôlait la situation, mais on était jamais trop prudent. Limier rendait compte directement à l’Arlequin en charge du projet, qui lui-même envoyait des missives régulières à la femme. Le baron n’avait pour l’instant posé aucune résistance. Tout allait pour le mieux. Un voyage en Sybrondil allait devoir néanmoins s’imposer. Une feuille de l’arbre tomba sur son épaule. L’aura malsaine de Noémie commençait à altérer l’arbre. Elle n’avait pas pris soin de museler le dégagement magique suite à son entretien avec Malicelste. Déjà les lilas se fanaient à côté de son banc et la pierre se craquelait. La jeune femme se leva et s’écarta de l’arbre, tout en reprenant le contrôle des énergies néfastes. Sitôt qu’elle se fut éloignée, les fleurs reprirent leur éclat et la pierre se reforma.
Noémie se pinça les lèvres. Personne ne semblait l’avoir vu. Il n’y avait pas un chat dans la rue. Muselant son aura magique, elle fermait la porte à ses perceptions magiques. Elle finit par se rasseoir sur le banc et défit la fermeture de sa robe. Le tissu pourpre et noir relâcha instantanément la pression sur sa poitrine, lui permettant de respirer un peu et laissant la fraicheur de la soirée se glisser sur son dos. Elle défit les boucles de ses talons noirs et les laissa choir sous le banc. Puis, ses mains défirent d’un geste habile les ornements dans ses cheveux, les laissant tomber en cascade sur ses épaules.
Enfin, elle respirait l’air si doux de Diantra, loin des fêtes, de la populace. Un silence de cimetière, la quiétude dans la solitude. Elle ferma les yeux.
Enfin seule. |
| | | Tinfar Solinar
Humain
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| Sujet: Re: Enfin seule (LIBRE) Dim 4 Juil 2010 - 12:38 | |
| Un petit sourire satisfait flottant sur ses lèvres, Tinfar tira le lourd battant de chêne derrière lui. La clochette de la porte d’entrée tintinnabula joyeusement comme pour saluer la sortie du sorcier. Il ne s’était pas éloigné de plus d’un mètre, que déjà le déclic d’un verrou que l’on fermait se faisait entendre. Quelques secondes plus tard, le bruit sourd d’une barre qui tombait dans son logement résonna dans la nuit. Se retournant, le sorcier regarda une dernière fois le bâtiment qu’il venait de quitter. A l’étage, la lueur d’une lampe à huile éclaira une fenêtre et une silhouette féminine lui adressa un petit signe de la main. D’un geste, Tinfar y répondit avant de se détourner et de s’engager dans une rue perpendiculaire. Dans son dos, une soudaine bourrasque fit osciller l’enseigne en fer forgé de l’échoppe qu’il venait de quitter. Sur cette dernière on pouvait lire : « Maison Gaerath – joaillerie et pierres précieuses ».
En dépit de son enseigne, cette échoppe ne payait vraiment pas de mine. Ses murs étaient de pierre nue. Sa façade ne jouissait d’aucune ornementation particulière sinon une étroite fenêtre qui ne laissait rien entrevoir de l’intérieur de l’échoppe. Quelques marches menaient à la rébarbative porte en bois qui barrait l’entrée. Sise dans un quartier tranquille de la capitale, elle n’était connue que de quelques clients qui préféraient sa discrétion aux fastes des bijouteries plus huppées. Ouverte depuis plusieurs générations, ses propriétaires successifs s’étaient toujours fait un devoir de proposer des articles de qualité pour des prix somme toute corrects. La réputation de sérieux dont jouissaient les Gaerath n’était plus à faire auprès des connaisseurs. Néanmoins, les troubles récents qui avaient agité la péninsule n’avaient pas épargné leurs affaires : la guerre civile avait déstabilisé tout le commerce de Diantra et les articles de luxe n’avaient pas fait exception. Pour ne rien arranger, le dernier propriétaire en date, Malvoy Gaerath, venait de succomber après une longue maladie et laissait derrière lui une veuve encombrée de deux enfants en bas-âge. Cette triste histoire avait attisé les appétits de Tinfar sitôt qu’il en avait eu vent. Récemment installé dans la capitale après ses déboires en Alonna, l’arnaqueur avait passé quelques jours à arpenter la ville à la recherche d’un coup fumeux. Vivant au jour le jour sur ses maigres économies, le sorcier commençait à désespérer de trouver une arnaque facile et lucrative pour se refaire. Diantra ne manquait pourtant pas de pigeons à plumer. Capitale du royaume humain, elle rassemblait les plus riches marchands et négociants de la péninsule. Malheureusement, ces derniers étaient tous installés de longue date et constituaient des cibles délicates à manipuler : leurs réseaux étaient trop bien structurés et trop efficaces pour qu’ils se risquent à traiter avec le premier venu. Bien sûr avec suffisamment de temps et une grosse réserve d’espèces sonnantes et trébuchantes, Tinfar aurait pu trouver sa place dans cet univers. Cependant, ses poches étaient presque vides et le temps commençait à lui manquer. Aussi avait-il adressé une courte prière à Néera quand il avait entendu parler de la délicate situation que traversait Belinda Gaerath. Une jeune veuve propulsée à la tête d’une bijouterie, l’occasion était trop belle ! Il s’était présenté à elle par une plaisante matinée, après avoir investi la presque totalité de ses fonds dans une tenue appropriée : un ensemble bien coupé qui le mettait en valeur sans pour autant le faire paraitre trop apprêté. Cette première rencontre s’était passée à merveille. D’abord sur la défensive, la jeune veuve avait fini par se laisser convaincre et avait accepté un futur rendez-vous pour décider d’une possible collaboration. Tinfar n’en demandait pas davantage ; il savait d’expérience que plus il passait de temps avec ses victimes, meilleures étaient ses chances. Au cours des visites suivantes, Tinfar s’était appliqué à dissiper les craintes de la jeune femme. De fil en aiguille, elle en était venue à rechercher les conseils de celui qu’elle tenait de plus en plus pour un partenaire financier aux reins solides. A la décharge de la jeune veuve, le discours du sorcier était bien rôdé et frappé du coin du bon sens. Dès leur première rencontre, il n’avait pas caché son intention de tirer profit de la délicate situation que traversait la maison Gaerath. Ce faisant, il avait désamorcé les doutes de la jeune femme et était apparu digne de confiance. D’autant qu’il l’avait assurée qu’ils pourraient assurément trouver un terrain d’attente susceptible de les satisfaire tous deux. Par la suite, Tinfar avait joué de son intelligence et de ses pouvoirs pour achever de convaincre Belinda. Ainsi, un peu plus tôt dans la soirée, il venait d’obtenir ce qu’il convoitait depuis de si nombreux jours : en échange d’un contrat d’apparence rien moins qu’officielle, il s’était vu remettre une véritable petite fortune en joyaux.
Tapotant la boursouflure qui déformait la poche intérieure de son pourpoint, Tinfar laissa échapper un gloussement de satisfaction. Il était arrivé à Alonna avec le peu d’argent qu’il avait réussi à sauver du fiasco des d’Amaury, et voilà qu’à présent il possédait les fonds indispensables pour relancer ses affaires. Par les Cinq, il faisait vraiment le plus beau métier du monde ! Glissant ses mains dans ses poches, il se détendit jusqu’à siffloter un petit air entrainant qu’il lança à la face de la lune. Diantra était décidemment une cité d’avenir. Enivré par son succès et la douceur de l’air estival, Tinfar envisageait son futur avec un optimisme frisant l’insolence. S’il fermait les yeux, il pouvait presque s’imaginer évoluant dans les plus hautes sphères de la capitale où ses dons feraient assurément des ravages. Mais les échos d’une cavalcade dans son dos suffirent à le ramener à une réalité plus prosaïque. Se promener comme il le faisait, sans même s’acquitter de la plus élémentaire prudence, était pure folie. Le roi Trystan avait beau régner d’une main de fer sur sa capitale, les rues n’étaient pas sûres au point de s’y laisser aller à rêvasser. Et il n’avait pas passé des semaines à courtiser Belinda Gaerath pour abandonner sa récente fortune au premier vide-gousset venu. S’engouffrant sous un porche, Tinfar tira sa capuche sur ses yeux et s’entoura d’un champ de distraction sensorielle. A l’abri d’éventuels suiveurs, il tendit l’oreille. Au bout de quelques minutes, comme rien ne venait troubler la quiétude des lieux, il se remit en route mais sans se départir de son sortilège. Avancer en n’ayant pour seuls repères que les flux d’Energie n’était pas une mince affaire, mais mieux valait pécher par prudence que finir avec une dague plantée dans le dos.
Tinfar évoluait à présent dans un univers étrange fait de lignes argentées. Sous ses yeux, les flux d’Energie pulsaient lentement le long des rues, pouls invisible d’une cité endormie. De temps en temps, il croisait des formes reconnaissables pour son œil exercé : là une forme humaine qui se hâtait de rentrer chez elle, ici l’Energie inerte contenue dans un arbre. Le sorcier était obligé d’avancer lentement. Incapable de voir les éléments dénués d’une aura magique, il lui fallait prendre garde à ne pas trébucher sur une marche invisible ou rentrer dans un mur qu’il n’aurait pu déceler. Paradoxalement, il lui était plus difficile de progresser dans ces rues vides qu’au sein d’une salle bondée. Au fil des ans, il était passé maître dans l’art de se mouvoir en ne se fiant qu’aux auras magiques des gens qui l’entouraient.
Mais ici, point de foule nombreuse à laquelle se fier et le sorcier était presque aveugle. Tinfar avançait, solitaire, dans un quartier tranquille de la capitale. Seul l’écho de ses pas qui se répercutaient le long des façades proches venait troubler la paix nocturne. Il était sur le point de dissiper son sortilège lorsqu’il aperçut, distant d’une dizaine de mètres, un spectacle étonnant. Il distinguait clairement l’Energie d’un grand arbre et, s’il en croyait ses yeux, des plantes qui poussaient entre ses racines. Mais ce n’était pas cela qui avait attiré son attention. Tout près de l’arbre se trouvait une aura comme il n’en avait encore jamais vue. Elle n’était pas argentée comme les flux qu’il connaissait, mais sombre comme la nuit. Elle pulsait doucement et se répandait lentement. A son contact, les flux argentés ternissaient. Et l’aura fuligineuse les englobait avant de les corroder. Tinfar n’avait encore jamais rencontré pareille manifestation de l’Art et, malgré le danger, il désirait ardemment en apprendre davantage. Mais avant même qu’il ne se décide, la sombre Energie se dissipa. Presque immédiatement, le sorcier constata que les flux alentours retrouvaient leur vigueur. En quelques secondes, il n’y eut plus nulle trace du pouvoir qui avait été à l’œuvre un peu plus tôt, sinon une faible réminiscence, tâche grisée au cœur de flux argentés.
Sous le coup de la surprise, le sorcier agit sans réfléchir. Il dissipa son sortilège de camouflage et, sitôt que ses sens se furent réhabitués à la lumière de la lune, il s’engagea dans une ruelle qui, il l’espérait, devait le conduire plus près du mystérieux phénomène. Après un ultime tournant, il déboucha sur la place des Lilas et la vit. Elle était installée sur un banc près d’un arbre majestueux. Ses cheveux de jais cascadaient librement sur ses épaules, son corsage entrouvert laissait entrevoir la naissance de sa gorge et de ses pieds délicats elle foulait l’herbe sous le banc. Eclairée par un rayon de lune qui mettait sa peau d’albâtre en valeur, elle était d’une beauté à couper le souffle. Une splendeur rare qui faillit faire oublier à Tinfar la raison de sa venue sur cette place. Détachant ses yeux de la jeune femme, le sorcier engloba d’un regard l’espace qui lui faisait face mais ne trouva nulle part l’origine de la sombre aura. Il était sur le point de s’enquérir d’un quelconque visiteur auprès de la jeune femme, mais il se ravisa au dernier instant. Combien de fois avait-il lui-même abusé ses proies en jouant sur son physique avenant ? Se fendant d’une profonde révérence il salua l’inconnue puis, comme s’il s’en voulait de troubler la quiétude des lieux, il s’installa sur un banc voisin de celui de la femme. Avec des gestes lents, il défit les attaches de sa veste et la posa près de lui. Poussant un soupir d’aise, il écarta légèrement les bras pour profiter de la bise nocturne. Renversant la tête Tinfar passa quelques minutes à observer le ciel étoilé. Puis, sans s’adresser à personne en particulier, il lança :
Quelle nuit magnifique ! Alors, il se tourna vers la jeune femme et ajouta : Le lieu est splendide, l’air enivrant et la rencontre envoutante. Que demander de plus à la vie ?
Tinfar n’était pas certain que la femme ait noté l’adjectif qu’il avait employé pour la qualifier mais il préférait avancer prudemment. Le peu qu’il avait vu de ses capacités, l’incitait à demeurer sur ses gardes et à en révéler le moins possible de ce qu’il pensait avoir découvert. Le plus sage aurait sûrement été de prendre ses jambes à son cou, mais la jeune personne qui reposait près de lui dégageait quelque chose d’hypnotique. En outre, il désirait vraiment en découvrir plus long à propos de la sombre aura qu’il avait aperçu. |
| | | Noémie Amaranth
En attente de validation.. Nombre de messages : 141 Âge : 33 Date d'inscription : 24/09/2008 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Eveillé / Néophyte | Sujet: Re: Enfin seule (LIBRE) Sam 10 Juil 2010 - 19:12 | |
| « Sans hésiter, je dirai votre silence, afin que vos mièvreries n’entachent point la beauté de ces lieux. »
Que de chahut pour des paroles aussi mièvres. Logorrhée cyclique, diarrhée verbale dont la reproduction continuelle entrainait à force chez la sorcière une perte momentanée de l’ouïe et un accroissement de l’irritation. Tels étaient les paroles de cet homme qui venait à lui seul gâcher l’un de ses rares plaisirs solitaires. Comprenez dans solitaire l’absence de Brume, l’absence de vie humaine et par-dessus tout l’absence de courtisans.
Noémie ne pouvait supporter ce babillage incessant d’inutilités. Les mots, rien que des mots. Des paroles qui peuvent être utilisées contre ou pour vous. Un silence valait toute cette vomissure de palabres, en particulier lorsque ce rejet guttural provenait d’un être aussi « bien de sa personne » que l’interlocuteur de Noémie, qui ne s’était pas dérangé pour troubler son espace vital, l’espace en question comprenant l’ensemble de la place, cela va de soi.
Noémie secoua la tête et plongea la partie supérieure de son corps vers l’arrière, afin de distinguer correctement l’importun. Un bel homme…du genre bourgeois qui s’assume, ou bien noble dilettante. Rien à dire de plus, si ce n’est ses traits très bien dessinés. L’homme était un bellâtre, ou du moins le laissait-il croire. Vêtu comme s’il allait à un mariage, il avait juste daigné déposer sa veste à côté de lui. La première impression était généralement la bonne. Un type argenté, bellâtre, sûrement amateur de jolies dames, bref, Noémie ne pouvait que détester ce type d’homme.
Ses pouvoirs magiques étaient bridés, mais elle était encore tout à fait capable de les relacher si jamais l’homme se montrait menaçant. Noémie se prépara à cette éventualité. Les rues de Diantra n’étaient plus très sûres depuis la fin de la Guerre Civile. Les brigands de toutes les espèces se pressaient dans les ruelles les plus sombres afin de glaner les maigres écus rescapés d’une soirée agitée à la taverne, ou les bourses bien remplies d’un badaud mal protégé.
Elle garda le silence un moment, se contentant de dévisager de ses yeux verts cet être. Elle se tira finalement de sa contemplation pour entreprendre un semblant de conversation, et surtout pour qu’il déguerpisse rapidement. Noémie était d’humeur conciliante. Elle n’avait aucune raison de le tuer tout de suite pour l’avoir importuné.
« D’ordinaire, les gens bien élevés se présentent devant une dame… , lacha-t-elle d’une voix lassée. » |
| | | Tinfar Solinar
Humain
Nombre de messages : 123 Âge : 41 Date d'inscription : 15/03/2010
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 35 Taille : Niveau Magique : Arcaniste
| Sujet: Re: Enfin seule (LIBRE) Mar 13 Juil 2010 - 19:12 | |
| La réplique cinglante de la jeune femme avait manqué faire perdre sa contenance à Tinfar. Pas une seconde il n’avait envisagé pareil accueil. Au contraire, misant sur la douceur de l’air et la beauté idyllique du lieu, il s’était imaginé captiver l’attention de cette jolie inconnue par un sourire et des airs mystérieux. Visiblement, il s’était trompé sur toute la ligne. Le moins que l’on pouvait dire, était que les atours dont il avait paré son personnage de négociant ne lui faisait pas forte impression. Loin de paraitre charmée, la belle semblait plutôt agacée par la simple présence du sorcier. C’était à peine si elle avait daigné lui jeter un regard avant de lui répondre. Et, à présent qu’elle s’était retournée dans sa direction, elle détaillait sa mise sans aucune pudeur, le dévisageant ouvertement de ses yeux verts. Le contraste entre les manières glaciales de la jeune femme et sa beauté délicate était surprenant. Au premier abord, Tinfar aurait parié avoir à faire à une jeune fille de noble maison : bien éduquée, versée dans l’art et la musique, toujours bien apprêtée et ne vivant que dans l’optique d’un bon mariage. Maintenant il n’en était plus aussi sûr. Sous ses airs de grande dame distinguée, la belle faisait froid dans le dos. Même sans avoir été témoin de l’étrange manifestation d’Energie survenue quelques minutes plus tôt, Tinfar se serait méfié. Il n’était pas normal pour une femme restée seule sur une place déserte de se comporter de la sorte ; pas alors que la nuit était tombée et qu’elle se trouvait en présence d’un parfait inconnu. Pour parler si librement, il fallait qu’elle soit sûre de ses forces, persuadée de n’avoir rien à craindre de l’homme qui lui faisait face. Décidemment, cette inconnue était pleine de surprises ! Et, si la prudence aurait voulu que Tinfar quitte sans tarder la place ; le sorcier, lui, était curieux d’en apprendre davantage.
Après une légère toux pour simuler son trouble supposé, l’arnaqueur se leva et inclina légèrement la tête en direction de la mystérieuse inconnue.
Ebrunel Villeroy, négociant en pierres précieuses. Pour vous servir, ma dame.
Tout en parlant, Tinfar avait posé sa main droite sur sa poitrine et esquissé une révérence. Relevant la tête, il ajouta avec un sourire contrit.
En temps normal, je me serais risqué à vous dire, qu’hypnotisé par votre beauté, j’en avais perdu mes moyens. Mais, je crains à présent que de votre bouche délicate vous ne me vouiez au pilori. Je préfère donc vous laisser profiter tout à votre aise de cette nuit magnifique et ne pas vous importuner davantage.
Récupérant sa veste, Tinfar la jeta d’un geste élégant sur son épaule. Il s’éloigna de quelques pas avant de sembler se raviser. Le sorcier se tourna alors et dit :
Croyez bien que je m’en veux de vous interrompre à nouveau, mais je ne me sens pas tranquille à l’idée de vous laisser seule en ce lieu. En dépit de l’apparente quiétude de cette place, les nuits ne sont pas sûres, et je m’en voudrais s’il devait vous arriver quelque chose. Levant une main impérieuse comme pour couper court à toute discussion, Tinfar enchaîna : Je ne vous demande pas de me dire votre nom. Et, si c’est ce que vous souhaitez, je ne vous adresserai même pas la parole. Mais permettez-moi, je vous prie, de vous raccompagner auprès de votre époux. Je ne me sentirais pas tranquille autrement.
Le subterfuge était grossier mais guère plus que les platitudes qu’il avait déjà entendues de la part de nobles énamourés. Tinfar espérait cependant qu’il suffirait à tirer les vers du nez de son interlocutrice. Avec un peu de chance il en apprendrait plus sur elle ou, à tout le moins, son ton lui en révélerait davantage de sa personnalité. |
| | | Noémie Amaranth
En attente de validation.. Nombre de messages : 141 Âge : 33 Date d'inscription : 24/09/2008 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Eveillé / Néophyte | Sujet: Re: Enfin seule (LIBRE) Ven 23 Juil 2010 - 16:59 | |
| La jeune femme sourit à l’évocation du nom de son interlocuteur, mais faillit éclater de rire quand il fit sa révérence. C’était tellement convenu, ce jeu éternel des bienséances. Noémie daigna se retourner complètement pour mieux assister à la scène. C’était…plutôt intéressant. L’appel du Drâme se fit sentir dans son être. Fallait-il qu’elle joue ce soir même ou couperait-elle court à la conversation ? Le plaisir de se jouer du bourgeois était plus fort que la fatigue, aussi se mit-elle à se choisir un rôle à sa mesure. Qui serait-elle ce soir pour le spectateur ?
Elle fit défiler ses différents personnages dans son esprit, comme autant de robes dans une armoire. Il y en avait tellement. Noémie avait passé tellement de temps à revêtir les personnalités de multiples personnages qu’elle oubliait d’en faire le tri dans sa mémoire. Il y avait de tout : Sophie l’humble servante, Capucine la demoiselle d’honneur, l’intrigante Camélia, la sulfureuse Francesca, …
Le passage en revue lui prit seulement quelques secondes. Son choix finit par s’arrêter sur le rôle de Maria Rosaria, belle bourgeoise de la rue Carmin. Une jeune femme à la peau bronzée, à l’allure élégante et aux cheveux de jais tombant en boucles épaisses sur ses épaules. Le rôle de Maria était parfait pour cette soirée, à la fois séduisant, rebelle, avec de la prestance.
Noémie débrida une partie de son influence sur les flux magiques afin que son corps puisse s’accorder avec l’apparence de Maria. Les flux se modulèrent lentement le long de son corps, s’agrippant lentement à elle. A la faveur de la nuit, l’enchantement de Noémie allait prendre peu à peu place sur son être, la transformant en la personne de Maria. Un sortilège de métamorphose très réussi, quasiment imperceptible au vu de sa durée de mise en place.
La sorcière sentit les picotements de la lente métamorphose se propager dans son dos. Son épiderme devenait plus sombre, bronzé, par couches successives, de façon à tromper les sens de son interlocuteur. Les iris verts de la dame se tintèrent de marron, la couleur des yeux de Maria. Le peu de pouvoirs que Noémie avait libéré ne lui permettait pas encore de sentir les fluctuations des flux magiques autour d’Ebrunel Villeroy. Il était trop loin, et son champ de perception ne s’étendait à moins d’un mètre autour d’elle. De même, le dégagement magique qu’elle produisait était trop faible pour alerter un quelconque magicien…à moins que cet Ebrunel ne soit versé dans les arts magiques. L’éventualité n’était pas à négliger, mais Noémie doutait sincèrement que ce nobliau puisse lui faire le moindre mal.
Noémie adopta dans la seconde le comportement de son costume. Maria, la belle et douce Maria Rosaria se tenait devant le bourgeois. Dans ses pensées, Noémie exultait. Encore une magnifique soirée à se jouer des autres. Le dénouement promettait d’être intéressant si Ebrunel se montrait docile.
Maria se leva, ses pieds nus frissonnant sur le dallage tiède. Ses yeux désormais totalement marron se posèrent sur l’homme. Un léger sourire s’esquissa sur son visage.
« Et bien, messire Ebrunel, si tel est votre souhait, je serai ravie de l’exaucer. Pardonnez ma sècheresse de tantôt, je suis quelque peu fatiguée. Votre compagnie est une aubaine, les rues ne sont plus très sûres ces temps-ci, vous avez raison. »
La demoiselle passa une main dans ses cheveux. Elle sentit les premiers effets du sortilège de métamorphose débuter à la racine de ses cheveux. Ceux-ci commençaient à se boucler. Elle retira rapidement sa main et feignit la fatigue en s’asseyant sur le banc. Elle reprit bien vite la conversation.
« Messire Villeroy, aidez moi à me rhabiller je vous prie. Si je rentre pieds nus à moitié nue, je n’ose imaginer les réactions de mon époux. »
A ces mots, elle tourna le dos au bellâtre, révélant son dos à la peau cuivrée métamorphosé par son sortilège. L’apparence magique créée par Noémie prenait place, pratiquement indécelable. L’incitation à toucher le tissu et la peau chaude et douce était le meilleur atout de Maria pour appâter sa cible. Allait-il céder à cette invitation ? |
| | | Tinfar Solinar
Humain
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| Sujet: Re: Enfin seule (LIBRE) Ven 30 Juil 2010 - 17:08 | |
| Une délicate odeur de lilas embaumait les rues de Diantra. Le clair de lune, passant entre les branches du majestueux chêne qui ornait la Place des Lilas, dessinait d’étranges formes hypnotiques sur l’herbe verte et les bancs de pierre. Le vent nocturne dispensait une agréable fraicheur qui rendait supportable les chaleurs estivales. La place toute entière était une invitation au repos, une promesse faite au passant occasionnel, l’assurance de trouver là un cadre propice au repos et à l’abandon. Pourtant Tinfar Solinar, lui, était loin d’éprouver de tels sentiments. La jeune femme qui lui tournait désormais le dos le décontenançait comme jamais personne avant elle ne l’avait fait. En dépit de ses efforts et de son expérience en la matière, le sorcier était incapable de la cerner. Tour à tour cassante, distante ou enjôleuse, elle était une vivante énigme. Après l’avoir envoyé paître, voilà maintenant qu’elle l’aguichait. Et c’était à peine si elle prenait la peine d’y mettre les formes. Si jamais elle disait la vérité et qu’elle fut bel et bien mariée, Tinfar doutait que son mari s’offusque de la voir rentrer les pieds nus et le corsage entrebâillé. Le pauvre homme s’estimerait sûrement heureux qu’elle daigne lui revenir. Mais, déesse, qu’elle était belle ! Assise comme elle l’était, lui tournant légèrement le dos, il semblait au sorcier qu’elle fut l’œuvre d’un sculpteur de génie. Tout en elle n’était qu’harmonie, de son attitude jusqu’à sa tenue. Sa robe, justement, laissait entrevoir sa peau nue ; Tinfar n’avait nul besoin de la toucher pour deviner qu’elle était douce et chaude. Soudain, un léger souffle, écartant plus encore le léger tissu pourpre qui couvrait ses chairs désirables, en révéla davantage. De là où il se tenait, le sorcier eut, l’espace de quelques secondes, une vue imprenable sur la chute de reins de la jeune femme. Et une telle vision était loin de le laisser indifférent.
Bien qu’ayant encore en tête l’image de l’étrange aura noire qui l’avait guidé jusqu’ici, Tinfar se surprit à avancer la main pour répondre à l’invitation de la jeune femme. Du bout des doigts, il frôla la peau de Noémie avant de se rendre compte des risques inconsidérés qu’il prenait. Avant qu’il ne soit trop tard, il devait saisir l’opportunité qui lui était offerte et vérifier sans attendre ses hypothèses. La prudence et la raison l’exigeait ; et Tinfar n’avait pas survécu toutes ces années en n’écoutant pas ces fidèles conseillères.
Laissant sa main à quelques centimètres du dos de la jeune femme, il ouvrit ses sens à l’Energie. Comme toujours, il sentit son pouls s’accélérer et son corps tout entier se charger d’une puissance nouvelle. Passés les premiers instants, sa vue s’accommoda et il put très vite discerner les flux de magie. Ce qu’il découvrit le stupéfia. Jamais encore il n’avait été témoin d’un tel phénomène. De la pointe de ses cheveux jusqu'au bout de ses pieds, le corps de la jeune femme était recouvert d’un fin voile de magie. Le flux sombre épousait la moindre courbe de son corps, tout comme l’aurait fait un drap de soie de la meilleure qualité. Loin d’être immobile, cette seconde peau pulsait lentement en suivant les mouvements de sa maitresse. C’était un spectacle incroyable qui lui offrait, en outre, la chance de détailler l’anatomie de sa mystérieuse interlocutrice. Pourtant, malgré la nature envoutante du spectacle qui lui était offert, Tinfar s’inquiétait. Lorsqu’il avait pénétré sur la place, la sombre aura s’était déjà retirée. Son retour ne pouvait signifier qu’une seule chose, la femme qui lui tournait le dos se préparait à lancer un sortilège. Si ce n’était déjà fait. La prudence aurait voulu que Tinfar s’écarte et fasse son possible pour se préparer au pire. Précaution qu’il aurait prise si son regard n’avait été attiré par un détail inquiétant. Quoique préparait l’inconnue, c’était déjà à l’œuvre : autour de la main droite du sorcier, celle-là même qu’il comptait utiliser pour relacer la robe de Noémie, s’enroulaient de sombres serpentins magiques. N’ayant jamais été confronté à pareil sortilège, le sorcier réagit d’instinct sans prendre le temps de réfléchir. Puisant dans ses propres réserves d’Energie, il concentra tout son pouvoir dans sa main, espérant créer ainsi un barrage à l’aura fuligineuse qui menaçait de s’insinuer dans son être. Le résultat fut encourageant mais ne rassura Tinfar qu’à demi : son énergie ralentissait la progression de la sombre aura mais ne l’empêchait pas totalement. Quelque puisse être la décision qu’il allait prendre, il fallait qu’il se décide vite. Néera seule savait ce que cette femme était en train de préparer.
Toussotant comme pour s’excuser de son indécision, Tinfar se hâta de resserrer la robe de l’inconnue avant de reculer de quelques pas et de relâcher son contrôle sur son don. Sans même s’en rendre compte, il ne résista pas à la tentation d’essuyer sa main sur la jambe de son pantalon. Puis, sans rien laisser paraître de ses doutes et de ses craintes, il dit :
Ma dame, je ne sais pas quel genre d’homme est votre époux mais sachez que si j’étais à sa place, je ne quitterais pas des yeux un joyau tel que vous. Pas plus que je ne vous laisserais vous promener seule à une heure aussi indue. Marquant une courte pause, Tinfar ajouta d’une voix lourde de sous-entendus : On ne sait jamais où le danger se cache et il faut toujours demeurer à l’affut. Même la plus magnifique des fleurs peut se révéler mortelle.
Sans rien ajouter d’autre, il attendit que l’inconnue se retourne. |
| | | Noémie Amaranth
En attente de validation.. Nombre de messages : 141 Âge : 33 Date d'inscription : 24/09/2008 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Eveillé / Néophyte | Sujet: Re: Enfin seule (LIBRE) Mar 10 Aoû 2010 - 19:25 | |
| « Comme vous dites, même les plus belles roses ont des épines. »
Foutreciel, elle était démasquée. La ruse magique du gentilhomme était habile, mais esquissée trop vite pour qu’il puisse cacher l’utilisation de l’énergie ambiante. Noémie en sentit les fluctuations à quelques centimètres de son corps. La sensation de cette magie non corrompue par son aura délétère était tout à fait exquise. Comme un toucher tiède et doux, effleurant sa peau avec délicatesse et s’insinuant dans son être. Malheureusement, les caresses de la magie mettaient à jour l’odieuse vérité à propos du bellâtre qui lui tenait compagnie. Un sorcier ! Ou peut être un magicien ? La fluctuation avait été trop brève pour qu’elle puisse analyser la signature magique et découvrir sa provenance.
Etait-il nécessaire de maintenir le voile du mensonge, maintenant que son interlocuteur, plutôt bel homme, avait effleuré son aura ? Noémie soupira. Le rôle de Maria fondait comme neige au soleil. Quel dommage, un si beau rôle pour ce Drâme au magnifique potentiel. Le costume était gâché, quelle tristesse. La magicienne reprit sa prestance naturelle, son expression hautaine et son regard de glace. Une apparence de tous les jours, mais était-ce vraiment celle d’origine, ou le merveilleux costume de Dame Amaranth ?
Comment allait réagir la maîtresse du Clair-Obscur ? Bien sûr, messire Ebrunel ne connaissait pas sa véritable identité, mais il avait pris conscience de la corruption ambiante qui se dégageait de son corps. Autant ne plus jouer la comédie et continuer de servir les besoins du Drâme, à une autre échelle. Le metteur en scène de la vie de Noémie ne lui en voudrait absolument pas. Quand un artiste n’a plus de texte, il improvise. C’est une qualité que tout bon comédien doit avoir.
Noémie se pencha en avant et attrapa ses escarpins, qu’elle noua de ses mains expertes à ses pieds. Tournant toujours le dos à Ebrunel, elle se mit à murmurer les syllabes d’un sortilège, libérant du même coup l’énergie qu’elle avait muselé. La magie délétère se répandit rapidement dans la place des Lilas, relâchée par la conjuratrice, faisant faner les fleurs qui se trouvait dans son sillage. Les sentes corrompues de la magie de dame Amaranth attirèrent les ombres lunaires des bâtiments qui se tordirent selon des angles étranges. Se rassemblant autour de la place et s’agglomérant en des marres de ténèbres liquides, les ombres lunaires, d’une beauté mortelle, s’insinuaient au sein des pavés de la place, fondant sur Ebrunel comme des oiseaux prédateurs. Formes amorphes, quasi-liquides, les flaques d’ombres vomissaient d’étranges toiles mouvantes à la silhouette humanoïde, reliquats d’ombres véritables s’étant nourrie des émotions des passants de la journée. Les paroles des hommes et des femmes étant passées par la place des Lilas étaient restituées au travers de ces créatures ténébreuses sans consistance, recomposant la symphonie chaotique d’un passé ensoleillé. Dardant leurs doigts fantomatiques crochus vers Ebrunel, comme pour se nourrir de sa substance vitale, les ombres entouraient à présent le pauvre homme, lui coupant la retraite. Gémissant les paroles des mendiants, les ombres de dame Amaranth se tenaient à son entière disposition.
« Je suppose que ma petite farce se termine ici. Quel dommage, cette scénette promettait une belle escapade dans les méandres de mon Drâme ! Offrez moi quelque chose d’inattendu, de spectaculaire, de spontané, messire Ebrunel, ou dansez, dansez jusqu’à en crever ! »
La dame se retourna, faisant face au pauvre sorcier –magicien ?- et posa sa tête entre ses doigts croisés, les coudes sur les genoux. Son sourire était plus qu’une invitation à offrir le meilleur de soi-même, c’était une injonction. Si le spectacle n’était pas intéressant, elle devrait se débarrasser de lui. Ce serait du gaspillage de réduire en pièces un si bel homme. La jeune femme claqua des doigts, et les ombres se rapprochèrent, lentement... |
| | | Tinfar Solinar
Humain
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| Sujet: Re: Enfin seule (LIBRE) Mer 11 Aoû 2010 - 12:48 | |
| Tinfar, étant un sorcier, n’était guère à son aise pour contrer la magie des autres. Les magiciens apprenaient sûrement comment réagir aux sortilèges de leurs collègues, et nul doute qu’ils possédaient tous de vieux grimoires précisant quels contresorts employer et dans quels cas. Mais pour ce qui était des sorciers, l’apprentissage était d’une toute autre nature : seule l’expérience comptait. Et malheureusement, cette dernière était une maitresse capricieuse dont les leçons arrivaient souvent trop tard. Aussi, si Tinfar n’avait dans l’immédiat aucune idée de ce que venait de déclencher la femme qui lui faisait face, il était néanmoins certain d’une chose : il préférait ne plus être là pour découvrir le résultat de ses efforts. Esquissant un mouvement de recul, Tinfar fut, pour son malheur, rapidement contraint de s’immobiliser. La place des Lilas se remplissait d’ombres. Où que le regard du sorcier se porte, il voyait des flaques de ténèbres se former là où quelques instants plus tôt se distinguait encore la pure clarté de la lune. Lentement, ces ombres s’approchaient. Au fur et à mesure de leur lente reptation, elles se regroupaient, enflaient et bloquaient toutes les issues de la pace. En s’agglomérant les unes aux autres, elles semblaient gagner en réalité. Déjà, Tinfar parvenait sans peine à déceler d’étranges formes humanoïdes au sein des plus vastes. Des visages aux traits grossièrement esquissés l’observaient, des mains contrefaites se tendaient dans sa direction avec une avidité évidente. A la limite de l’audible s’entendaient une étrange litanie, les plaintes n’avaient aucun sens mais ce n’en était que plus inquiétant.
Obéissant à son instinct, Tinfar tendit la main en direction de sa jambe mais n’y trouva pas ce qu’il cherchait. Avec un temps de retard, il se souvint qu’il avait préféré ne pas se munir de sa dague de peur que l’arme ne colle pas avec l’image qu’il voulait donner d’Ebrunel. L’espace d’une seconde, l’arnaqueur se dit que cette erreur risquait de lui coûter cher, très cher. Et, si jamais il s’en sortait vivant, il se promit qu’à l’avenir il trouverait toujours un moyen de conserver une arme sur lui. C’est alors que résonna la voix de la jeune femme. Passant par-dessus les murmures des ombres, elle l’exhortait à se surpasser... sous peine de mort. Ainsi, il pouvait s’en tirer. On lui offrait cette chance. Bien qu’étant à la merci de l’inconnue, son sort n’était pas encore scellé. Un fol espoir envahit l’esprit du sorcier. Il était peut-être dos au mur, mais, au loin, une lumière était née et il avait bien l’intention de la suivre jusqu’au sortir des ténèbres. Il n’avait besoin que de quelques instants pour préparer son sortilège.
Oubliant les ombres et leur plainte, reléguant sa peur et ses doutes au plus profond de son être, Tinfar s’obligea à faire le vide dans son esprit. Laissant choir sa veste à terre, il adressa un large sourire à son bourreau avant de fermer les yeux et d’ouvrir ses sens à l’Energie. Les deux bras largement écartés, il chercha les flux de magie, désireux de gorger son être de cette puissance brute… mais quelque chose n’allait pas ! Ouvrant les yeux sur un monde qu’il croyait connaître, le sorcier découvrit avec stupeur que là encore, tout n’était que Ténèbres. Les flux étaient bien présents mais ils avaient perdu leur couleur argentée au profit d’un noir fuligineux. Partout à proximité régnait l’influence de la sombre aura. La corruption qui émanait de la jeune femme s’étendait jusqu’à l’essence même de la magie. En l’état, Tinfar décida qu’il était trop dangereux d’y puiser et préféra alimenter son sortilège avec son Energie personnelle. Le risque était grand mais guère plus que de puiser dans un pouvoir perverti.
Se focalisant sur son propre pouvoir, le sorcier le laissa enfler avant de le libérer dans tout son être. L’impression était moins enivrante que lorsqu’il faisait appel à l’Energie environnante, mais Tinfar savait que les risques n’en étaient pas moins décuplés. Aussi se força-t-il à façonner le sort qu’il avait en tête aussi vite que possible, avant que la douleur dans son bras gauche ne menace de briser sa concentration et qu’il n’épuise ses réserves de puissance. Si la belle voulait danser, il allait lui offrir exactement ce qu’elle désirait. Tinfar évoqua le souvenir d’un bal chez un nobliau de Langehack auquel il avait participé. Il l’enrichit de son mieux, ajoutant par petites touches des dorures sur les tableaux, de lourds velours carmin aux fenêtres, des candélabres pendant au plafond pour éclairer la piste et la musique envoutante d’un quintet entendu en Ydril. Pour faire bonne mesure, il gomma de l’image les autres danseurs pour ne laisser sur la piste que lui et sa cavalière. Il instilla dans ce souvenir tout le désir dont il était capable, toute la passion qui nait lorsque deux corps se frôlent sans jamais pouvoir s’abandonner. Lorsqu’il fut satisfait du résultat, il substitua aux traits de sa partenaire ceux de Noémie. Restait encore à implanter le souvenir ainsi créé dans l’esprit de la magicienne. En temps normal, Tinfar aurait simplement relâché son pouvoir en direction de la jeune femme, mais il craignait que les barrières mentales de cette dernière ne se montrent trop résistantes. Les gens qui pratiquaient la magie avaient souvent un esprit fort, habitué à se protéger contre l’attraction de l’Art. Aussi choisit-il un autre vecteur. Se concentrant sur l’Energie qui irradiait de l’inconnue, il lia son pouvoir au sien et le força à remonter le courant magique jusqu’à sa source. L’expérience n’était pas dénuée de risques, mais il espérait ainsi passer les barrières psychiques de la sorcière et pénétrer directement son esprit. Avec un peu de chance, sa puissance ralentirait la progression du pouvoir de la sorcière comme il l’avait fait quelques instants plus tôt et empêcherait le phénomène inverse de se produire. Tinfar espérait de tout cœur que sa maitrise du don était supérieure à celle de la jeune femme et qu’il aurait la haute main dans cette lutte invisible. Lorsque tout fut en place, il libéra l’Energie accumulée et attendit avant de se fermer au flux magiques.
Il n’était pas certain de la réussite de son plan, mais ça ne l’empêcha pas d’adresser un sourire charmeur à l’inconnue avant même que ses yeux se furent réhabitués à la lumière de la lune.
J’espère que vous avez apprécié ces quelques pas, ma dame. Si vous pouviez rappeler vos... chiens, je vous en serais gréé. |
| | | Noémie Amaranth
En attente de validation.. Nombre de messages : 141 Âge : 33 Date d'inscription : 24/09/2008 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Eveillé / Néophyte | Sujet: Re: Enfin seule (LIBRE) Sam 4 Sep 2010 - 16:05 | |
| Les ombres s’approchèrent et tendirent leurs appendices vers le pauvre hère. Tout semblait fini pour l’homme lorsqu’un claquement de doigt vint stopper leurs ardeurs.
« Il suffit mes chéries, j’en ai assez vu. »
Les ombres perdirent consistance. Les plaintes se firent plus sourdes, se muant peu à peu en des rires et des gloussements. Les marres de ténèbres encerclaient toujours messire Ebrunel, mais se retiraient peu à peu derrière la sorcière. Bientôt, le bellâtre fut libéré de l’étreinte malsaine de Noémie, libre de ses mouvements, mais toujours sous les yeux vigilants des ombres. Le silence emplissait l’air. L’expression de la sorcière restait la même qu’avant l’action de son opposant. Toujours cette attitude hautaine et méprisante.
« Ces chiens, comme vous les appelez sont mes protégés ! Méfiez-vous en sorcier, elles abhorrent votre vie comme moi votre impudence. »
Noémie finit par s’asseoir sur la banquette en pierre et secoua ses cheveux. Les ombres s’écartèrent, laissant un passage ouvert et sûr pour qu’Ebrunel puisse s’asseoir sans crainte. Elle ne lui fit aucun signe particulier, mais l’invitation n’était pas à refuser. Noémie détestait qu’on lui dise non. Non n’était pas dans son vocabulaire.
La magicienne était totalement conquise par l’illusion du sorcier. C’était tellement réel, presque palpable. Une idée s’imposa dans sa tête. Pourrait-elle en faire quelque chose ?
« Vos tours de passe-passe m’impressionnent sorcier. Ils sont bien au-delà des subterfuges grossiers de bien de vos congénères. Autant vous laisser la vie sauve, ça serait gâcher votre potentiel que de vous exécuter sur le champ. »
Les ombres ricanèrent comme un assentiment. L’arbre de la place se détériorait lentement mais sûrement, sous l’influence néfaste de la sorcière. Les feuilles pourrissaient sur place, tandis que le dallage se fissurait. Un sourire éclaira son visage.
« A quoi employez-vous vos talents messire Ebrunel, mis à part celui de faire rêver les jolies femmes ? »
PS : très court, mais je n'avais pas vraiment d'inspiration :( |
| | | Tinfar Solinar
Humain
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| Sujet: Re: Enfin seule (LIBRE) Sam 18 Sep 2010 - 10:37 | |
| Voyant les ombres se retirer et la magicienne s’asseoir, Tinfar se détendit. Visiblement il avait passé l’épreuve avec succès. Son instinct ne l’avait pas trompé : il était bel et bien possible d’atteindre l’esprit d’un mage en mêlant son pouvoir au sien. Les flux magiques pouvaient être remontés tel le courant d’une rivière. Il suffisait d’y employer suffisamment d’énergie. Pareille découverte valait bien les risques encourus plus tôt. Un tel savoir offrait des perspectives terriblement intéressantes même si l’heure était mal choisie pour en envisager les tenants et les aboutissants. Les ombres s’en étaient peut-être retournées derrière leur maitresse, mais cette dernière ne les avait pas révoquées pour autant. Elle était susceptible de les rappeler à tout instant. La menace, même implicite, était évidente aux yeux de Tinfar. Se baissant, le sorcier ramassa sa veste, qu’il épousseta d’un air distrait, avant de la jeter sur son épaule. Sans même penser à s’en cacher, il détailla la jeune femme de la tête aux pieds. De la belle inconnue qu’il avait aperçue en pénétrant sur la place, il ne restait plus aucune trace. A sa place, se tenait une femme froide à l’attitude méprisante. Deux personnalités habitant un même corps. Mais des deux, laquelle était la vraie ? Tinfar avait lui-même joué tant de rôles qu’il savait, mieux que quiconque, ô combien il pouvait être difficile de répondre à pareille question. Au fil des ans et des personnalités empruntées, l’essence d’un être pouvait se diluer peu à peu ; si bien qu’il devenait presque impossible de se rappeler qui il avait été. Coquille vide ballotée sur les flots du Destin, jouant en permanence la partition d’un autre parce qu’incapable de se rappeler la sienne propre. Quoiqu’il puisse en être de la jeune femme qui lui faisait face, le sorcier savait que l’heure n’était pas encore venue de tirer cette affaire au clair. Peut-être plus tard. Si leurs routes étaient amenées à se croiser à nouveau. Mais pour l’instant il lui fallait simplement avancer prudemment. Sa marge de manœuvre était étroite : il savait par expérience que pareilles situations requéraient un certain savoir faire. Il fallait inspirer du respect à son interlocuteur sans pour autant l’amener à vous craindre. Un exercice d’équilibriste périlleux et exécuté sans filet.
Tinfar, en réponse aux compliments de l’inconnue, inclina la tête. Lorsqu’il la releva, elle put voir que le visage du sorcier avait changé. Prises une à une, les différences étaient minimes. Mises bout à bout, elles offraient un contraste saisissant. Ses yeux, pour commencer, s’étaient faits plus durs. Ce n’étaient plus ceux d’un courtisan blasé, mais plutôt ceux d’un homme habitué à contempler les pires travers de la nature humaine. Le sourire radieux qu’il arborait tantôt s’était mué en un rictus sardonique. Jusqu’à sa posture qui avait changé : il donnait l’impression d’être plus vigilant, plus alerte. Lorsqu’il prit la parole, Noémie put constater que même sa voix était désormais différente : plus tranchante, elle avait perdu les accents fleuris d’un courtisan. Je vous en prie, ma Dame, pardonnez-moi si j’ai fait preuve d’impudence à votre égard. Ce n’était pas dans mes intentions, croyez-le bien. J’évite en général de mécontenter les jolies femmes.
Désignant d’une geste du bras les feuilles qui pourrissaient aux pieds de la belle, Tinfar ajouta.
Comprenez qu’il est des situations où la prudence l’emporte sur la bienséance. Vous avez eu, vous, un aperçu de l’étendue de mes dons. De mon côté, par contre, j’ignore encore si je peux me tenir près de vous sans risque. Mais, en signe de bonne volonté, je vais tout de même répondre à votre question concernant mes pouvoirs et l’usage que j’en fais… Tinfar fit mine de réfléchir pendant quelques seconde avant de reprendre : Disons, pour simplifier, qu’ils m’offrent un certain avantage dans mon métier. Ils me permettent de gagner du temps pour acquérir certains… biens… que je prise.
Sans rien ajouter, Tinfar passa sa veste. Avec des gestes rapides et sûrs, il ajusta son col et lissa quelques plis. Puis, comme s’il n’y avait rien de plus naturel, il offrit son bras à l’inconnue.
Que diriez-vous de continuer cette conversation dans une petite auberge de ma connaissance ? On y sert des liqueurs exquises. Et puis qui sait, peut-être alors consentirez-vous à me dire votre nom. |
| | | Noémie Amaranth
En attente de validation.. Nombre de messages : 141 Âge : 33 Date d'inscription : 24/09/2008 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Eveillé / Néophyte | Sujet: Re: Enfin seule (LIBRE) Dim 13 Mar 2011 - 21:25 | |
| La magicienne prit entre son pouce et son index une des feuilles racornies qui jonchait le sol. Celle-ci suffoqua sous les effluves néfastes et tomba en miettes en quelques secondes. Les ombres se tenaient toujours à l’écart, prêtes à jaillir et à ôter la vie si le besoin s’en faisait sentir. Noémie calma ses ardeurs et comprima son aura délétère jusqu’à ce qu’elle n’affecte plus les environs et ne constitue plus un danger pour quiconque. L’arbre avait passablement souffert. La magicienne sourit à l’idée que les citadins puissent prendre la flétrissure de l’arbre comme un mauvais présage.
L’homme se révélait à Noémie, et ce revirement soudain de personnalité lui plaisait. Elle aimait particulièrement les faux-semblants, les double-jeux, ces masques que l’on porte à toutes heures du jour, jusqu’à ne plus reconnaitre sa véritable identité, si identité il y eut autrefois.
Les ombres commencèrent à se dissiper. Elles regagnèrent peu à peu les ténèbres qui les avaient vu naître, jusqu’à ne plus constituer une menace pour le gentilhomme. Il avait éveillé son intérêt et l’avait tiré momentanément de son ennui. Enfin un homme sur cette terre qui avait un minimum d’attrait.
Noémie considéra quelques instants le bras que l’homme lui tendait. Réticente à l’idée de l’accompagner, elle se décida finalement à se laisser porter par les évènements. La magicienne était sûre d’elle et de ses compétences, trop sûre d’elle peut être. Quoiqu’il en soit, elle passa son bras sous celui de Messire Ebrunel sans dire un mot.
Son geste avait valeur d’assentiment. Elle ne souhaitait pas parler outre mesure. Ses actions étaient plus parlantes que les mots auraient pu l’être. Noémie glissa seulement un :
« Allons-y. »
|
| | | Tinfar Solinar
Humain
Nombre de messages : 123 Âge : 41 Date d'inscription : 15/03/2010
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 35 Taille : Niveau Magique : Arcaniste
| Sujet: Re: Enfin seule (LIBRE) Mar 3 Mai 2011 - 14:09 | |
| Tinfar tressaillit légèrement lorsque la jeune femme lui saisit le bras. Le souvenir des vrilles d’Energie viciées qu’il avait observées lorsque l’inconnue pratiquait son art était encore vivace dans son esprit. Les ombres qui l’avaient encerclé, tout comme le ton qu’avait employé la jeune femme l’étaient tout autant. L’arbre aux feuilles jaunies et à l’écorce pourrissante qu’il laissait derrière lui aurait suffi, si besoin, à lui rappeler à qui il avait à faire. Se savoir à la merci de pareil pouvoir n’avait rien de rassurant.
La plus élémentaire prudence aurait dès lors voulu qu’il abandonne-là cette sorcière. Néera savait qu’il avait bien d’autres sujets de préoccupation. A commencer par la bourse garnie de joyaux qui déformait actuellement son pourpoint et ne demandait qu’à trouver acquéreur dans un avenir proche. Mais la sorcière l’intriguait. A tort ou à raison, il avait le sentiment qu’ils partageaient quelque chose. Jamais encore il n’avait croisé de pratiquant des Arcanes pouvant, comme lui, projeter son aura et s’en servir comme arme. Sans compter la transformation physique dont il avait été le témoin : pareil sortilège était tout bonnement stupéfiant ! Percer les secrets d’un tel enchantement valait assurément qu’il prenne quelques risques. Il lui suffirait de faire preuve de prudence et de juger au mieux de ceux que le Destin mettrait sur sa route… Deux talents qu’il savait posséder et qui lui avaient permis de rester en vie depuis de nombreuses années. Sa volonté raffermie, Tinfar guida sa compagne jusqu’à une auberge qu’il connaissait bien et dans laquelle il savait pouvoir parler sans être dérangé.
* * *
Poussant la lourde porte en chêne massif du plat de sa main, Tinfar s’effaça après une légère inclinaison de la tête et laissa sa compagne le précéder dans l’auberge du Lys d’Argent.
Le sorcier connaissait bien cet établissement pour y avoir lui-même séjourné quelques années auparavant. Les lits y étaient confortables, les serviteurs diligents et discrets. Quant aux mets et aux alcools qui y étaient proposés, ils n’avaient rien à envier aux meilleures tables de la ville. Mais plus encore qu’en raison de ces qualités évidentes, Tinfar fréquentait ce lieu car il savait que le tenancier était homme à taire ce qui se passait dans son auberge. Les affaires menées au Lys d’Argent demeuraient au Lys d’Argent. Et pour peu qu’on y mette le prix, il était possible de s’y faire livrer des articles difficiles à trouver en d’autres lieux. Avisant une table restée libre dans un coin tranquille de la grand-salle, l’espion y guida sa compagne. Sous leurs pieds, le plancher aux lattes finement ajustées grinçait très légèrement. Juste assez en réalité pour que des clients scrupuleux interrompent une conversation à l’arrivée d’une serveuse ou au passage de nouveaux arrivants. Les murs de pierres nues étaient en partie recouverts de riches tapisseries qui figuraient des scènes de chasse, de bal ou quelque fameux épisode militaire de l’histoire de la Péninsule. Sur les tables brillaient faiblement des candélabres à cinq branches. La clarté qu’ils diffusaient donnait aux clients l’illusion d’une certaine intimité, repoussant les ténèbres environnantes aux limites des tables massives. Dans un coin de la pièce, une vaste cheminée abritait des braises rougissantes sur lesquelles une pièce de viande finissait de cuire, émettant de temps à autre de plaintifs grésillements. A l’opposé, perchés sur une estrade, des musiciens jouaient en sourdine des airs à la mode. De part et d’autre de la pièce, des arches laissaient les clients entrapercevoir les escaliers qui menaient aux étages. Un immense comptoir, tout en chêne sculpté et rehaussé de fleurs de lys recouvertes de feuilles d’argent, occupait enfin tout un pan de mur. Tirant une chaise à l’attention de sa compagne, Tinfar lui fit signe de prendre place. Dégrafant les aiguillettes de son pourpoint, il s’installa à son tour. D’un geste de la main, il fit signe à une serveuse de s’approcher. En attendant que la jeune femme les rejoigne, il demanda :
Je vous ai dit qui je suis et ce que je fais. Pourrais-je, à présent, savoir à qui j’ai à faire ?
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