[Maison des plaisirs] Une fournaise au Puy | jiv, Isabelle

L'été était tombé et cela se sentait car les entrailles du Puy n'étaient plus aussi fraiche qu'à l'accoutumée. Cette chaleur presque étouffante la maquerelle n'aimait pas. De plus elle était agacée par le fait qu'un autre l'avait devancée lors d'une vente d'esclaves. Elle rageait même car elle aurait bien voulu acquérir cette humaine mais ce n'était que partie remise, elle réussirait bien à en trouver une autre. Après tous les esclaves ce n'était pas ce qu'il manquait au Puy.
Passant derrière le comptoir, elle se servit un verre de cette liqueur qu'elle gardait en réserve pour le client les plus fortunés. Il faut dire que la liqueur Zat'kyr avec son petit goût d'acidité et son fort taux d'alcool avait de quoi ravir le palais par cette chaleur. Se servant donc un verre de celle liqueur, elle laissa les filles se détendre entre elles dans la grande salle car ce n'était pas encore l'heure de l'arrivée des premiers habitués.

Vel'bol morn'lo!
Quelle chaleur !

Un bruit de pas se fit entendre. Felynda était devant son commerce adossée contre le mur à tremper ses lèvres dans son verre. Tournant la tête, elle vit la silhouette d'un homme. Simple passant ou futur client ? Elle le saurait bien vite car elle lui adressa la parole.

Vel'bol xun dos talinth d' nindol Morn'lo?
Que pensez vous de cette chaleur ?

Oui , oui c'était bien à cet homme à l'allure repoussante qu'elle posait la question. Un coup de folie ou un coup calculé ? Aucune idée mais elle en avait plus que mare de parler avec sa marchandise qui ne disait jamais rien pour la contrarier. Tout cela donnait une image beaucoup trop lisse au commerce du plaisirs. D'autant plus que maintenant, elle avait réussi à écarter la majeure partie de la concurrence. Il restait certes encore des filles de joies mais la plus part des maisons de passe du Puy étaient à présent closes donnant plus de clientèle à la maquerelle avide de reconnaissance et de richesse.
Felynda avala d'un trait son verre de liqueur et le posa sur le rebord d'une fenêtre avant de s'étirer un peu sous le regard de cet inconnu. N'attendant pas sa réponse, elle retourna à l'intérieur de la maison en laissant le verre sur le rebord. La porte resta ouverte après son passage. C'était sa façon d'inciter le promeneur à entrer.

Sa rencontre avec Dame Jamais avait été des plus concluantes, ah ça ! Messes basses satisfaisantes annonciatrices de désirs inattendus. Ses projets s’étendaient, comme l’été grandissant. Petit drow devenait grand, immense, titanesque. Grand, il l’était déjà, le prochain objectif : devenir immense. Mais pas demain, demain il allait répondre aux désirs de sa chair, s’accorder un petit luxe, manifestation de son influence grandissante. Mais, encore fallait-il convaincre. Son charme avait l’air d’être naturel, les choses iraient donc dans le chemin prédit, il n’y avait qu’à favoriser la réalisation des évènements. Le sommeil apporterait ses conseils.

Le lendemain matin, baignant dans une chaleur étouffante, le haut prêtre était heureux. Il s’occuperait des problèmes de son temple plus tard. L’heure était aux plaisirs. En attendant que ce soit l’heure de son petit luxe, Jivvin se divertit avec ses deux esclaves, qui n’avaient pas pour habitude de jouer à un jeu de réflexion avec un maitre de bonne humeur, autour d’un breuvage sanguin. Mais s’y acclimater n’était jamais difficile, si bien qu’ils s’amusèrent, plaisantèrent, comme s’ils étaient amis. Les rôles retrouvèrent leur place lorsque le soir pointa le bout de son nez et que le repas ne laissa que des reliefs. Jivvin sortit, habillé de ses vêtements habituels, ceux âgés de quelques siècles, et pourtant de très grande valeur.
Il se rendit aux niveaux des habitations, lieux qu’il n’avait pas pour habitude de fréquenter, mais c’était dans cet endroit que se trouvait la tanière de son petit luxe. Il arrivait plutôt tôt. Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, comme on dit. Et bien, Jivvin arrivait tôt, pour obtenir plus aisément son petit luxe. Premier arrivé, premier à attirer l’attention.
Il avait une assez bonne vision de l’aspect physique de la maquerelle du lieu et n’eu pas de mal à la reconnaitre, à l’entrée de son commerce de plaisirs charnels, un verre à la main. Une somptueuse odeur de liqueur en émanait, portée par la lourde atmosphère de l’été. Avant qu’elle ne lui adressa la parole, il l’entendit se plaindre de la chaleur, et bien, il l’aiderait à être vêtue moins chaudement. La question qui lui était adressée concernait justement le sujet qui lui traçait le chemin vers son petit luxe. Le chemin était prédit, il l’avait bien pensé. Le chemin lui-même était bien pensé, car elle entra directement, sans laisser le temps de répondre, invitant à rentrer à l’abri des regards. Cela facilitait les choses. De plus elle laissait son verre sur le rebord de la fenêtre. Il alla récupérer le verre, le prenant entre son pouce et son index de la main droite et entra, restant toutefois proche de l’entrebâillement, attendant une proposition plus concrète.

« Vous avez oublié quelque chose. Je me permets d’y goûter. »

Il porta le verre à ses lèvres et bu la dernière goutte qui avait réussit à échapper aux lèvres de la maquerelle.

« Votre liqueur est exquise, mais pas autant que l’effluve de vos lèvres. »

Tout en faisant tourner le verre entre ses doigts, Jivvin continua.

« Je n’ai pas répondu à votre question. Et bien, je pense que vous êtes bien trop habillée pour une telle chaleur, vous devriez vous dévêtir si vous ne voulez pas avoir un malaise. Allons à l’écart, je vous y aiderai… Ah ! J’oublis de me présenter, Jivvin Xuil Lil’Elghinn, haut prêtre, aux bourses bien pleines, de la déesse des nuisances. »

Finalement il s’approcha de la maquerelle, sans attendre de proposition concrète, mais attendant qu’elle réponde.

« Je sais donner de ma personne, et vous ? »

Comme la maquerelle l'avait prévu, ce passant entra dans la maison. Le fait d'avoir laisser la porte ouverte et son verre dehors avaient eu l'effet escompté. Tout d'abord il dit qu'elle avait oublié quelque chose dehors. Elle savait n'avoir rien oublié, c'était volontaire. Il se permit de gouter les dernières gouttes de la liqueur qui avaient fuit les lèvres de Felynda.
Il dit que la liqueur était exquise. Ce fait était normal, le Zat'kyr est une liqueur très appréciée de nombreux drow. La suite fut plus surprenante. Car il la compara avec le goût que ses lèvres avaient laissé sur le verre. Cela fit sourire la maquerelle. Les filles regardaient la scène en se demandant laquelle d'elles devrait satisfaire les besoins physiques de cet homme.

Cet homme proposa à la maquerelle de la dévêtir pour cause de chaleur oppressante et étouffante. Un fin rictus se dessina sur les lèvres de Felynda qui passant derrière le comptoir se servit un nouveau verre de Zat'kyr. Elle avait laissé la bouteille cette fois de sortie et un second verre se trouvait sur le comptoir, vide celui là.
Revenant devant elle s'adossa au comptoir en écoutant le drow se présenter. Ainsi donc il se nommait Jivvin Xuil Lil'Elghinn. Haut prêtre de Leetha de son état et visiblement ce qui intéressa le plus la maquerelle fut sa richesse. Lui parler d'argent était la prendre par les sentiments... La cupidité est un bien vilain défaut.

Felynda le fixait, son rictus toujours présent sur ses lèvres qui trempaient dans son verre de liqueur. Jivvin s'avança vers elle sans qu'elle ne bouge. Elle fut amusée par sa phrase quand il lui demanda si elle savait donner de sa personne. Elle lui répondit alors avec un ton amusé.

Usstan tlun naut saph nindolen ligrren. Usstan tlun izil ulu yaith xuil ussta khel drill ol 'udtila mzil or'a. Uss d' nindolen shlu'ta sae'etha dos z'lonzic.
Je ne suis pas comme ces filles. Je suis capable de payer de ma personne mais cela est très cher. L'une d'elle pourrait pourtant vous contenter.

D'un main, elle montra son parterre de filles comme on montrerait un bibelot sur une étagère. Elle lui demanda alors son style de fille.

Vel'bol valyrin d' ligrr xun dos ssinssrin? Natha rivvil? Biu darthirii? Natha ilythiiri?
Quel genre de fille aimez vous ? Une humaine ? Une elfe ? Une drow ?

Il n'avait plus qu'à faire son choix parmis la large gamme de la lanterne noire. Une seule était pourtant intouchable, Felynda elle même. Il faudrait la soumettre avant qu'elle n'aille dans le lit d'un client. Après tout c'était elle la tenancière et non une de ces marchandises. Elle avait réussit à s'affranchir de tous les hommes de sa vie,ce n'était pas pour retomber dans les mains d'un aussi facilement que cela. Mais l'assurance que ce haut prêtre avait plaisait beaucoup à la maquerelle.

Le fin rictus qui s’était dessiné sur les lèvres de Felynda après sa réponse indiquait qu’il avançait dans la relation. A priori, il l’avait abordé de la bonne manière. Le naturel payait toujours.
Tandis qu’elle passait derrière le comptoir pour se désaltérer de nouveau, Jivvin remarqua le deuxième verre vide, une invitation à la consommation qu’il ne refusait pas. Pendant que Felynda s’adossait au comptoir, Jivvin s’approcha et saisi la bouteille dont il ne savait pas ce qu’elle contenait. Il pencha la bouteille avec la main droite au dessus de son verre qu’il maintenait de la main gauche, remplissant le verre presque à ras-bord. Il reposa la bouteille qui fit un bruit sourd sur la table, tandis qu’il portait le verre à ses lèvres et le bu cul sec, ce qui eu pour effet de provoquer une vague de chaleur dans le corps de Jivvin qui en tressaillit tout en ouvrant la bouche pour essayer de limiter l’attaque du goût acide de la boisson. Vraiment très agréable comme breuvage. Il le reposa sur le comptoir et maintint le regard de Felynda, qui restait fixé sur lui.
L’argent avait l’air de l’appâter, car il lui sembla qu’elle avait eu un regain d’intérêt lorsqu’il avait fait allusion à ses bourses.
Il s’accouda sur son coude gauche au comptoir, tout en continuant à la regarder et lui répondit à sa première réplique.

« C’est bien parce que vous êtes différente de ces filles, que je vous désire. Aucune d’elles ne saurait me contenter autant que vous. Je sais y mettre le prix, n’en doutez pas. »

Lorsqu’elle lui montra son parterre de filles, il ne prit même pas la peine de se retourner.

« J’aime les femmes comme vous voyons. Ne faites pas l’innocente. Toutes ces jeunes filles recevront leurs visites habituelles je suppose, et je n’en fais pas parti. Avez-vous un lieu où nous pourrions boire dans plus d’intimité ? »

Sur ce, il saisit à nouveau la bouteille de la main droite, prit son verre de la gauche, se resservit et bu la moitié du verre qu’il reposa, tandis qu’il remplissait celui de Felynda avec un petit sourire, même s’il n’était pas vide.

Le verre de la maquerelle était plein. Elle y trempait d'ailleurs ses lèvres tout en étant adossée contre le comptoir. Sur celui ci reposait un verre vide et la bouteille de cette fameuse liqueur qui invitaient Jivvin à la consommation. Il ne fallut pas longtemps pour que le drow s'avance et remplisse à son tour ce verre laissé vide à son attention.
Felynda le fixa de son regard perçant alors qu'il but cul sec la liqueur de Zat'kyr. Lui la buvait d'un seul tenant alors que la jeune femme prenait bien son temps pour s'enivrer de son goût et de son parfum inégalable. La conversation s'engagea à nouveau.

Jivvin était nullement intéressé par les filles de la maquerelle mais par la tenancière elle même. Il est vrai que Felynda était pour ainsi dire appétissante. C'était elle qui l'intéressait et aucune autre. Il le lui fit d'ailleurs clairement comprendre en titillant un de ses points faibles : l'argent. Il était prêt à y mettre le prix. Mais quel prix ? La maquerelle n'avait jamais pensé monnayer ses charmes.
Il lui demanda alors un lieu plus intimiste où il pourrait discuter ensemble. Il en profita d'ailleurs pour se resservir, boire la moitié de son verre avant de remplir celui de Felynda qui n'était même pas vide. Tentait il de la saouler pour qu'elle s'abandonne entre ses bras ? Cela y ressemblerait. C'est donc avec un sourire non dissimulé et amusé qu'elle lui répondit. [i]

Doer xuil uns'aa!
Suivez moi!

[i]Elle lui fit alors dos et l'entraina dans un salon privé. Elle laissa sur place la bouteille mais conserva dans ses mains son verre. S'il voulait la faire boire,il devrait donc amener le Zat'kyr avec lui. Elle fit entrer alors le haut prêtre dans ce salon et referma la porte derrière lui avant de s'adosser à celle ci.
Le salon n'était pas vraiment un salon, ou plutôt si mais il comportait un lit. Les couleurs de la pièce était sombre dans les teintes violacées. Les chandelles éclairaient le salon donnant une atmosphère intimiste quoique peu romantique. Deux canapés se faisant face séparées par une table basse.

Felynda cassa alors le silence en engageant la discussion toujours en fixant le drow avec un sourire intéressé et avide.

Lu' ka udos telanth bauth l' or'a nindel dos shlu'ta yaith whol uns'aa?
Et si nous reparlions de ce prix que vous êtes prêt à débourser pour m'avoir?

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