Chasse au Drow dans la ville d'Etherna

Je sors de l’auberge, les mains dans les poches, avec un air satisfait aux lèvres.

Aucune information ne nous résiste.

En fermant la porte du Sanglier Enchanté qui donne sur la grande place, je cherche Jil’ des yeux. J’espère qu’il n’est pas partis trop loin. Il faut toujours que je garde un œil sur lui si je ne veux pas qu’il ne fasse de bêtises.


Je n’ai pas réussis à trouver un travail très rapidement, il me fallait le temps de récupérer mes contacts. Ce qui ne plaisait pas beaucoup à Jil’.
Cependant, il y a une semaine, j’ai entendu par l’intermédiaire d’un garde du coin, qu’un noble du nom de Cyril Hole avait mis à prix la tête d’un certain Demoras. Ce dernier est un espion demi-Drow, et j'ai appris qu’il pouvait se trouver ici, à Etherna. Le contrat demande de le ramener vivant au point de rendez-vous fixé.


Aujourd’hui, c’est jour de marché, et toute la ville se retrouve agglutinée sur la grande place. On y trouve de tout, des légumes, à l'artefact magique, en passant par des vêtements. Tout le monde se pousse, et c’est la fête pour les voleurs à la tire. Des gardes sont d'ailleurs présent pour attraper les moins discrets.


Je retrouve Jil’ adossé à un mur, en train de lancer aux passants des regards mauvais. Tandis que je m’approche de lui avec une bonne nouvelle, un sourire commence à se former sur son visage.

- Apparemment, Demo ne serait pas loin et il est bien de passage ici. j'ai entendu que c’est un habitué d'une taverne sur cette place, à la Bière à Flot, dis-je en lui montrant du doigt. On a juste besoin d’attendre qu’il en sorte, puis on le suivra.

Jil se frottait frénétiquement le haut du crâne. Il avait mis une belle pagaille dans ses cheveux de jais et s'était attiré le regard de quelques passants qui s'étaient très certainement posé des questions quant à sa santé mentale. Le demi-elfe en revanche se posait des questions sur un tout autre sujet. Qui l'irritait.
Il lança un regard noir à un gamin qui s'était caché derrière une bonne femme un peu plus large que lui. Saleté de mioche, songeait-il en lâchant soudainement sa chevelure réduite à l'état de sac de nœuds, saleté de gamin qui n'avait pas à se préoccuper de la vie adulte.
Jil tâta ses poches d'un coup de main rapide. Il ne lui restait plus grand chose. Et l'autre idiote, l'autre mollusque, l'autre abrutie de pelote de Laine qui ne lui avait pas trouvé le moindre travail à se mettre sous la patte. Enfin, jusqu'à maintenant.
Elle ne s'était réveillée qu'il y avait une petite semaine pour lui ramener un coup qui ne rapporterait certainement pas assez pour le trouble qu'il allait apporter. Capturer un espion. Il fallait le localiser, l'identifier, le capturer -et vivant en plus- pour le ramener Laine savait où. Jil' ne savait pas vraiment quelle partie du travail il détesterait le plus. Sûrement le fait de devoir se balader avec un type en ville, l'air de rien, et s'arranger pour qu'il ne s'échappe pas.

Le demi-elfe s'arrêta et regarda le ciel en s'adossant à un mur. La nuit ne tomberait pas tout de suite, le ciel était encore favorable et la température douce. Autrement dit il y avait encore tout un tas de bourses qui se baladaient en ville et qui n'attendaient que d'être libérées de leur poids. L'idée lui parut alléchante, c'était un moyen rapide de se faire un peu d'argent de poche en attendant de recevoir leur paie.
Jil jeta un regard mauvais à une gamine qui passait avec ses parents, portant un tas de friandises dans un sac. Il aperçut une tablette de chocolat sur le haut du paquet.
Fronçant les sourcils, il se mordit la lèvre inférieure. Ce n'était pas vraiment la grande classe, songeait-il, de voler du chocolat à une gamine. Autant voler une sucette à un bébé. Mais la situation était franchement différente. Pour lui, le chocolat restait une denrée vitale, et sa crétine de servante ne lui en avait pas procuré depuis quelques jours. Alors là, sous son nez...
Le voleur s'apprêtait à faire un pas en avant... quand il vit Laine s'approcher de lui avec la mimique caractéristique des bonnes nouvelles. Des infos sur leur espion, sourit Jil en la suivant du regard. Enfin quelque chose à se mettre sous la dent !

- Apparemment, Demo ne serait pas loin et il est bien de passage ici. j'ai entendu que c’est un habitué d'une taverne sur cette place, à la Bière à Flot, lui annonça-t-elle en montrant du doigt un bâtiment un bâtiment qui ne lui semblait pas très recommandable. On a juste besoin d’attendre qu’il en sorte, puis on le suivra.

En écoutant sa comparse, son sourire diminua jusqu'à former une moue passablement agacée. Il tenta d'être calme, à peu près deux secondes. Puis décida que finalement, ce n'était pas la peine.

- Encore attendre ? protesta le demi-elfe. Mais j'en ai marre d'attendre, ça fait j'sais pas combien de temps que j'attends ! T'aurais pas pu trouver un job encore plus minable non ?
Il secoua la tête d'un air presque désespéré.
- Ma pauvre pelote, t'as intérêt à ce que la paie soit bonne, sinon je te jure que je vais te briser les dents, puis te vendre pour compenser ton manque d'utilité. Ou peut-être que je te louerai, si tu vois ce que je veux dire. Mais ça me retirerait le plaisir de te refaire la mâchoire.

Il n'était pas tout à fait sérieux en disant ça. Il fallait qu'il trouve une remplaçante avant de se débarrasser de la pelote de Laine. Ce qui pourrait se révéler difficile parce qu'il faudrait trouver un moyen de pression, et puis éduquer, tout ça. Il n'en avait pas le courage dans l'immédiat, mais Laine ne le savait pas.
Il regarda la taverne d'un air courroucé. La pelote voulait qu'ils attendent que leur proie sorte.

- J'espère qu'il passera pas la nuit collé au bar, au moins. Sinon tu vas aller le rejoindre et faire usage de tes charmes.
Le demi-elfe regarda sa servante en haussant un sourcil, puis lui lança un sourire narquois.
- Non en fait, non. Oublie. J'vais le surveiller à l'intérieur, continua-t-il en faisant en sorte que sa voix ne saut audible que pour Laine. Toi, la proie facile, tu trouves un endroit où te planquer pour l'attendre discrètement. Dans le meilleur des cas j'arrive à droguer sa boisson s'il est bien là-dedans. Si il sort avant, tu t'arranges pour le mener à un endroit qui nous arrangera. Une ruelle, ou un truc comme ça. Je serai sur tes talons et j'essayerai de l'approcher par derrière.

Ce que j’aime chez ce Jil’, c’est sa façon si gentille et affectueuse de dire ce qu’il pense haut et fort de toi, sans aucune hypocrisie.

Il me parait ceci-dit un peu à cran ces jours-ci. Un job minable ? On a même pas besoin de s’occuper du cadavre, ce Hole s’en occupe pour nous. C’est une vraie plaie de s’occuper d’un cadavre.
Il serait peut-être temps que je le trouve du chocolat. Ça fait quelques jours qu’il n’a pas eu sa dose.
Allez. Après la mission, promis, je lui donnerai une petite pièce pour qu’il aille s’en acheter un peu.

- Tu sais, si jamais tu veux me vendre, je te conseille de me garder intacte, dis-je en me cassant la mâchoire. Mon prix va salement baisser si je suis trop abîmée.

Il fait comme s’il ne m’avait pas entendu, et m’explique alors son plan pour récupérer ce Demoras.

- La proie facile ? Je suis la plus redoutable des guerrières, tu sais bien ce dont je suis capable. J’ai fais fuir plus d’un manant ! Et d’abord, je ne te permets pas de douter de mon charme dévastateur, dis-je en fronçant les sourcils - les poings sur les hanches. Je peux avoir tout de ce que je veux d’un sourire et d’un regard de braise.

Il me lance un regard sceptique, haussant de nouveau son fameux sourcil.

- Si si. Je t’assure, dis-je en dodelinant la tête de bas en haut. La dernière fois, j’étais avec cet humain, le riche dont je t’avais parlé, là. Il avait cru que je voulais bien me marier avec lui ! Bon, évidemment, je l’ai ruiné en le laissant penser que j’avais accepté. Mais ça reste un bon souvenir. Euh. Jil ?

Je m’arrête alors que Jilniaim me tourne le dos sans un mot et se dirige vers la porte de la taverne.

Toujours à l’écoute des autres, il est tellement si attentionné. Décidément, je peux le dire sans hésitation : c’est un grand homme.

Jil’ entrant dans la taverne, je cherche des yeux un endroit où me planquer comme il me l’a demandé. En espérant qu’il ne soit pas trop long dans la récupération de notre ami, je m’approche des stands du marché.
Des vêtements, de la literie, des légumes, des céréales, des artefacts (je pencherai pour des faux), des armes… On trouve de tout, vraiment. Ce n’est pas comme au marché de ma ville natale. Dire que papa et maman n’ont jamais voulu la quitter.
Je fais semblant de m’intéresser au stand et discute avec la vendeuse. Elle essaie de me refourguer des robes assez moches et bon marché.
Oh, par contre il est joli ce haut.
Arf, et je ne sais pas si j’ai assez d’argent sur moi pour acheter ce chainse et cette jupe.