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| Quand Armand gagne Scylla | |
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Armand de Sacrepon
Humain
Nombre de messages : 15 Âge : 424 Date d'inscription : 29/07/2010
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 47 ans (Y a longtemps) Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Quand Armand gagne Scylla Sam 21 Aoû 2010 - 19:45 | |
| Armand naviguait sur l'océan herbu de l'arrière-pays Scylléen depuis force jours déjà. Il écumait, guilleret, les auberges qui jalonnaient les voies défoncées de l'aimable sud et s'y épanchait de son butin en gnôle ; lequel lui venait d'un audacieux coup de main exécuté avec maestria avant même que les forces démoniaques n'aient l'outrecuidance d'occulter le soleil. Malgré la satisfaction saine du travail accompli, les ténèbres qui gagnaient le monde n'avaient pas manqué d'obscurcir le cœur du héros, aussi avait-il décidé de gagner Pharembourg, dont on disait qu'elle était lieu de jeu et de joies faciles, pour peu qu'on y mette quelques pistoles. Impatient de dissiper les ombres de son âme, Armand le Malebretteur talonna vigoureusement sa monture et aborda d'un trot fougueux les faubourgs de la capitale ! La croupe de son mulet dansait dans le brasier de la hâte, et le brave bougre suait et ahanait dans cet ultime effort avant un repos bien mérité.
Si la campagne était calme - cette nuit inopinément prolongée faisant darder le glaive de la superstition sur la poltronnerie proverbiale des paysans - la ville l'était moins. Apparemment insouciants, les citadins vivaient au gré des bagarres et des petits scandales qui rendent la promiscuité des métropoles supportable. Ne perdant pas son sang-froid, et trop heureux d'humecter son gosier, Armand héla des voyous armés de gourdins et poinçons et leur demanda civilement une liste des bonnes adresses de Pharembourg. Les ladres énumérèrent de bonne grâce des établissements qu'ils aimaient à fréquenter mais, une fois fait, le plus grand toisa le malebretteur et fit la plus piètre erreur de sa misérable existence, que nous pouvons retranscrire fort aisément :
" - L'ami, nous avons été généreux, à toi maintenant de l'être et de payer la taxe ! - Allons mon ami, une taxe pour si petit renseignement ? - Nous autres méritons juste salaire ! " et l'imbécile s'esclaffa, et aux autres de le singer !
Il n'en fallait pas plus pour mettre hors de ses gonds le spadassin. Ces manières lui faisaient horreur, et imaginer que son apparence laisse croire qu'il était homme à se laisser détrousser fit monter le rouge à sa figure ! Ses moustaches frétillaient de la hâte qu'elles avaient de goûter le sang des malandrins, et Armand renâclait à la seule idée de ne pas exaucer ses fidèles amies. Vif comme l'éclair, il dégaina et au passage fit un méchant moignon à son interlocuteur principal. Stupéfaits, ses fiers-à-bras de compagnons eurent un instant d'hésitation, vite éventé par la langue agile et provocante de Sacrepon.
" - Hardi coqueberts, venez que je vous rosse et vous soulage du poids de vos têtes creuses ! Jean-foutres ! "
N'y tenant plus de laisser ainsi souiller leur honneur de coupe-jarrets, ils furent dix à bondir sur notre héros, et dix à en pâtir lourdement. Cependant qu'il les chargeait de noms d'oiseaux peu exotiques, ce diable d'Armand les délestait de sang et tripes. Sa rapière était l'aiguillon d'un scorpion géant, noir et luisant de sang, qui fondait sur les infortunés. Le malebretteur n'avait décidément pas volé sa réputation ! Apparemment satisfait de sa triste besogne, il essuya son arme à la soif étanchée en décochant une conclusion de circonstances pour cette comédie : Onques ne vit plus piètres couillards !
Sans que personne ne fasse particulièrement attention à ce coup d'éclat, il gagna une rue mieux éclairée, préférant épargner son corps las, et se mit en quête d'un des estaminets qu'on lui avait conseillés. A la faveur des feux éblouissants du phare de Pharembourg, il aperçut l'enseigne du Griffon Sans Mors. Estimant que l'animal dépourvu d'entraves correspondait bien à son flamboyant caractère, Armand laissa sa monture et investit les lieux. Ils étaient emplis d'une fumée âcre et d'hommes saouls. Armand se fit immédiatement servir de quoi contrecarrer la fatigue du voyage. Les effets de l'alcool conjugués avec l'humeur badine d'Armand lui firent faire connaissance de Dommio Borbogante, un gabier habile aux dés qui se ruinait en jeux et putains ; de Golgotho Malatesta, un armateur qui aimait à passer son temps dans l'aimable taverne et, enfin, Ibrahim Niarr'ly, mystérieux capitaine levantin à la barbe huileuse et au teint mat.
Nul parmi cette bonne coterie ne se souciait de l'éclipse, mais tous se préoccupaient avec sincérité d'œnologie. Excité par le feu de la discussion et, il faut le dire, un peu ivre, Armand en vint à se lever brusquement et à crier " Ah l'Hautvalois ! Meilleur vin de la péninsule assurément, et je suis prêt à jouer du sabre pour le prouver ! " Il balaya de son regard acéré l'assemblée éberluée de tant d'audace, prêt à en découdre avec le moindre foutriquet qui aurait le malheur d'avoir mauvais goût. |
| | | Abryel Lösgar d'Ambelrash
Humain
Nombre de messages : 8 Âge : 37 Date d'inscription : 14/08/2010
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| Sujet: Re: Quand Armand gagne Scylla Sam 21 Aoû 2010 - 21:59 | |
| - Jamais la même couche, toujours la même course. Le Maraudeur avait quitté sa chambrée, exhalant encore la fleur âcre de la sueur et du tabac froid. Ou exhalant encore la sueur de la fleur, le cadran de ce jeune Baroudeur ne risquait pas de perdre le nord. Poursuivi dans les escaliers par des échos rampants, ceux de jurons, il parvint rapidement à captiver l'auditoire. Il tâcha de couvrir les éclats de cette coureuse de remparts par une tirade, chargée de cynisme.
" Quand la fleur bleue s'est laissée tâtonner pistil ... Elle s'attaque au dard de l'ouvrier. "
- Tapotant le godet de sa bouffarde sur le dos de sa main, il s'en était alors allé, offrant son ardoise a sa chère amante, satisfait d'avoir couché aux frais de la "princesse". Il venait de quitter l'Hostellerie De la Pourprempyrée pour se rendre à Pharembourg, où "l'animation" disait-on, ne manquait pas. Réputée pour accueillir en son sein, les soiffards et les soudards les plus légendaires. Ou le calice quand il ne portait pas le vin, dissimulait la boulette. Ou la matrice quand elle n'avait pas porté la vie, elle, ne dissimulait rien. Progressant donc le long d'une allée, arrivé à bon port, il vit une dizaine de maroufles border le caniveau, en irriguant généreusement les dallages de leur sang. Pipe suspendue aux lèvres, il s'approcha alors des pauvres bougres en haussant un sourcil. Voyant que l'un d'eux, soufflant comme un bœuf et gémissant comme une âme en peine, tentait de parler, il se contenta de s'enquérir sur les meilleurs étapes de cette belle halte. Il n'eut le droit qu'a une indication brève de son interlocuteur. Oui, son dialecte appuyé par des borborygmes et la gargarisation de son bon rouge, était assez ardu a déchiffrer. C'est donc avec une amabilité particulière que le mourant vint pointer une ruelle du bout du doigt avant de s'éteindre. Saluant la performance, le Dernier d'Ambelrash s'y engouffra, avant de s'arrêter a une enseigne pleine de promesses. Au Griffon Sans Mors. Qu'à cela ne tienne ! Il poussa la porte de l'échoppe avant de gagner une table.
Le Baroudeur qui avait alors pris le monde pour terrain de jeu, constata avec amusement, que la garnison de Taverne était la même dans chaque royaume, duché ou continent. Du pilier de comptoir standard, a l'alpha mâle enhardi par l'alcool ... Il passa donc commande, optant pour un ballon de rouge d'Erdhleim. Avant qu'un emplumé ne vienne se donner en spectacle ... Un spécimen tout particulier. Le rougeaud se mis alors a brailler " Ah l'Hautvalois ! Meilleur vin de la péninsule assurément, et je suis prêt à jouer du sabre pour le prouver ! " Son teint rubicon ne mentait guère. Mais amusé par la situation, le Baladin eu l'audace de briser le silence en se prêtant a la raillerie.
" Avec autant de bouteille mon gaillard et avec une lame aussi émoussée, je ne me risquerais pas à jouer. Tu t'engages à faire couler plus de vin sur tes plumes que de sang, va donc dormir dans l'abreuvoir des chevaux ..."
- Prenant bien évidemment le Malebretteur pour un vulgaire soulard, Abryel venait de lever les ricanements de l'assemblée. Il ne poussa pas l'imprudence trop loin cependant, puisqu'il venait d'ôter Furvlandas de son écrin ... L'espadon bordait sa tablée. La bouffarde au bec, il fixait la fine lame avec détermination ... Généralement une œillade dissuasive suffisait a calmer bien des ardeurs. Surtout des victimes du syndrome du crocodile ... Une bien grande gueule, pour de petites pattes. |
| | | Armand de Sacrepon
Humain
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| Sujet: Re: Quand Armand gagne Scylla Sam 21 Aoû 2010 - 23:05 | |
| Interpelé, Armand se figea dans une posture peu engageante. Il avait les poings serrés et la mine bouillante. Récurrentes annonciatrices de massacre, ses moustaches sautillaient au rythme d'un lai guerrier qui trottait dans la tête du malebretteur ! Pharembourg ne manquait certes pas de cuistres, et Sacrepon avait tout le loisir d'y exercer son art. D'un bond souple il gagna la table à laquelle il jouait quelques instants plus tôt et, dominant maintenant la salle de toute sa stature plus celle d'un meuble fort haut, il fut pris d'un certain vertige. L'homme avait bu de l'Hautvalois délicieux, et voilà que le vin, finaud, buvait à présent l'homme. Mais il tint bon, et observa que le loqueteux était d'une tenue épouvantable en ces mots
" J'ai peur que le sang ne soit un peu voyant sur mes plumes ! Mais sur ta cotte assurément il passerait inaperçu ! Jamais je ne vis plus misérable pelure que dans les fosses à purin ! " et pour ponctuer cette saillie venimeuse, Sacrepon retira prestement l'un de ses gants et, avec vigueur, le projeta dans la face du rodomont, l'invitant par là à jouer de son inquiétant espadon. La puissance que son bras déploya força moult rires lâches et grinçants parmi l'assemblée, peu curieux de souffrir la connaissance approfondie des phalanges du terrible aventurier. Ce-dernier descendit de son piédestal et, recouvrant son regard de gentilhomme, avisa la foule d'objets fragiles qui encombraient le champ de bataille " Si ta laide figure cache une âme un tant soit peu noble, rejoins-moi dehors ! Je ne souffrirai pas de saccager si aimable établissement ! "
Alors qu'il quittait la grand'salle pour gagner l'air rudement iodé du dehors, il songea que son palmarès à Pharembourg s'étoffait prestement, et qu'il y ferait peut-être un séjour prolongé ! Si sûr qu'il était de défaire le pendard, il comptait déjà douze têtes à son tableau de chasse. Un vent frais et chargé d'odeurs pestilentielles courait au-dessus des pavés déchaussés, de bien sinistre augure. Une foule surgit alors de la taverne ! A dire vrai, il y avait là tout le monde que contenait le Griffon Sans Mors quelques instants plus tôt. Tous trépignaient à l'idée d'une rixe devant leur débit privilégié, et, se sachant en présence de guerriers si notables, ils se mordraient les doigts en ne loupant ne serait-ce qu'une miette du spectacle. Aussi se furent des bancs, des tables, des torches et des tonneaux de bière insipide qui se trouvèrent installés dans la rue. Cahin-caha, toute la grand'salle pris possession de la venelle.
Ibrahim, le bon levantin, était présent et se tenait droit derrière Armand, lui glissant quelques mots comiques quant à son futur adversaire ! Tous deux rirent de bon cœur et Sacrepon confia son magnifique chapeau au marin. Il sembla que ce fut un cygne toutes ailes déployées qui passa entre leurs mains, majestueux, digne, immaculé. L'oiseau parti, le prédateur put pleinement s'exprimer ! Tous crocs dehors, le malefauve du nord fit une démonstration de son talent aux badauds en furie. Ce ne furent pas moins de dix pommes qui gagnèrent les airs, et dix qui furent embrochées par la rapière du lion. " Donnez m'en vingt, et je les fendrai toutes en quatre parts ! Voyez donc" Et le brave s'exécuta. Enhardi par les ovations délurées de la foule, Armand s'offrit le plaisir d'un lazzi - gourmandise douce-amère- à l'adresse de son adversaire qui tardait à gagner sa place.
" Voilà que la poire voyant ses amies les pommes tranchées craint le sort qui lui sera fait ?! " Les brocards pernicieux fusaient de toutes parts ! Les rires aussi ! Chacun allait de sa petite intuition quant au vainqueur, et ce furent des livres d'or fin entières qui sonnèrent sur les tables rustiques du Griffon Sans Mors. |
| | | Abryel Lösgar d'Ambelrash
Humain
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| Sujet: Re: Quand Armand gagne Scylla Dim 22 Aoû 2010 - 12:58 | |
| - Le Baroudeur constata à l'envie, que le coq fanfaronnant espérait qu'on lui vole dans les plumes. Déjà campé sur son 'perchoir', il se mis a caqueter. Abryel ne quittait pas le Malebretteur du regard, il laissait ce sottard nourrir son ego démesuré, non sans lui offrir un petit rictus sardonique.
" Jamais sous des toilettes si féminines, je ne vis de carcasse plus flasque et avariée. Comme quoi, l'enrobage ne fait pas tout. Votre ramage vous sert peut-être à dissimuler vos boisseaux ... Tonnelet de vin que vous êtes. "
- La réponse vive et tout aussi corrosive d'Abryel avait nourri les espoirs de la foule. En effet, leurs rires grinçants, devinrent plus gutturaux et gras que jamais. Le gant du Seigneur Sacrepon vint s'écraser sur la cuirasse du Maraudeur avant de s'étaler mollement sur sa table. Un sourcil haussé, Abryel tâcha de contenir son courroux. Luxe qu'il pouvait encore s'offrir, car l'alcool ne lui était pas monté aux oreilles. Il se redressa alors, exposant face a ce misérable matassin sur échasses, sa stature imposante. La mâchoire crispée, il se saisit alors de l'emmanchure de sa gargantuesque lame avant de progresser vers Armand. Il poussait l'intimidation autant que la provocation, tâchant de voir si ce vieillard sénile allait perdre le contrôle et adopter une posture défensive.
" Va t'en donc dehors et tâches de dompter ta dégénérescence grise, je te laisse quelques secondes de répit, si je te vois en sortant d'ici pauvre couillon, je te laisserais des estafilades si profondes que tes aïeuls et ta progéniture en garderont des cicatrices. "
- Alors que le Malebretteur gagnait l'entrebâillement de la porte, Abryel mesurait déjà les éventuelles forces et faiblesses de son adversaire. Le plus important était de trouver la faille de son "plastron". Il jouissait d'une meilleure liberté de mouvement, son arme était plus légère et maniable ... Mais le Maraudeur lui, avait la puissance de frappe, assurément. Que cet histrion tente de parer la force de deux puissants bras avec son aiguille de couturière. Ayant ébauché son plan, Abryel emboita donc le pas au Malebretteur, une poignée de secondes plus tard. A sa sortie, constatant que cet inconscient était toujours là, il se permis de pousser la raillerie, en laissant fuser d'entre ses lèvres ténues, un rire. Il vit ce vilain s'essayer a un numéro d'esbroufe en pourfendant ... Des pommes. Hochant vigoureusement la tête, il vint briser en cet instant, l'exhortation des badauds en effectuant un puissant et habile couronné. On entendit alors un puissant et vrombissant sifflement, la tranche hélicoïdale de l'espadon vint frôler nombre de frimousses, soulevant des toisons ... Humectant des chausses d'urine. Le silence revint ... Plus que rapidement. Et le dernier d'Amblerash leva le menton.
" Cesses donc d'éroder tes os calleux avec des pommes. Elles ne te rendront pas les coups. Jusqu'ici je n'ai entendu que ta voix criarde, et pas le heurt de nos fers. Jusqu'ici je ne sent que ton haleine pestilentielle et non pas l'âcre parfum de ton sang. Approches donc que je te corrige, fot-au-cul ! "
- Adoptant une garde basse, muscles des bras bandés, le féroce baladin offrait l'initiative au Malebretteur, lui laissant bien évidemment croire, qu'il lui offrait l'offensive. |
| | | Armand de Sacrepon
Humain
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| Sujet: Re: Quand Armand gagne Scylla Dim 22 Aoû 2010 - 20:41 | |
| " Et moi je te dis bran, vil gourgandin ! "
Quel matamore que ce va-nu-pieds ! Voilà qu'il avait chauffé notre vertueux Sacrepon à blanc, non content de l'avoir fait sortir de ses gonds. Armand se faisait fort de mettre fin à pareils méfaits. Icelui, enivré par la foule électrisée aussi bien que par ces quelques litrons d'Hautvalois qu'il avait dégusté, il lui vint un cri de guerre à la teneur étrange. " Mon âme pour un Hautval ! Montjoie ! " Et définitivement les succubes malignes de la bataille s'emparèrent de son esprit et de son bras impétueux. Elles teintaient de rouge ses yeux -à moins que ce ne fut là l'œuvre de sire Éthyle- et donnaient aux gestes du bretteur une vivacité surnaturelle.
Celui-là était une tornade, un acrobate de cauchemar qui exécutait des pirouettes inconcevables par un esprit purement humain ! En des pas dont nul, jusqu'alors, n'avait percé le secret, il fondit sur son adversaire déguenillé. " Ma foi je supporte bien mon haleine, peigne-cul, mais ce fumet que tu exhales m'insupporte ! " il posa la pierre angulaire de la botte qu'il avait spécialement imaginée pour faire face à l'engin féroce d'Abryel " Je gage qu'il s'agit là de celui de la peur ! ". Le mur impavide et glacé de la mort s'érigeait tranquillement, cependant que le sémillant malebretteur s'esquivait souplement, ainsi qu'une anguille, devant l'espadon.
Puis vint la faille dans laquelle il escomptait tant s'engouffrer. L'arme du chenapan s'était par trop approchée du sol, et il n'en fallut pas plus pour que, tel un fauve souple du levant, Armand en revendique le plat. Sa manœuvre était ébaudissante à bien des égards : il marchait sur l'espadon, avec la tranquille assurance du canard barbotant dans son étang. Sacrepon amorça un estoc d'une vélocité étourdissante, tout droit adressé au crâne du maroufle ; mais loin d'accuser réception d'un pareil colis, ledit maroufle sauvegarda sa vie d'un soubresaut brutal.
Ce petit instant d'éternité était brisé, et, déséquilibré, Armand ne put que couper une mèche d'Abryel. Dans un saut périlleux dont l'explication serait par trop fastidieuse à donner ici, il se réceptionna sur un tonnelet qui traînait par là. Ce socle était fourbe, et manqua de mettre à bas l'auguste Armand. Quelques hommes rirent de pareille statue sur ce piédestal d'un genre nouveau, faisant franchir une borne dangereuse à la colère du spadassin " SILENCE MARAUDS ! OU JE VOUS ETRILLERAI ! ".
Enfin, il parvint à dompter le fût qui ruaitt sous ses bottes, et il entreprit de rouler à tombeaux ouverts en direction d'Abryel. Le fantasque escrimeur, quoique d'une allure pitresque, avançait sans coup férir vers son ennemi. Celui-là se voyait forcé de reculer, au risque de faire quelque rencontre douloureuse avec l'estoc du malebretteur. |
| | | Abryel Lösgar d'Ambelrash
Humain
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| Sujet: Re: Quand Armand gagne Scylla Lun 23 Aoû 2010 - 10:12 | |
| - Les clapiers avaient ouvert leur gueules d'acier béantes, vomissant sur les sols fangeux, deux chiens de fosse enragés. A la vue du Malebretteur bondissant comme un diable, il ne fit pas écho non. Abryel vint couvrir les chapelets de jurons et les cris de guerre de son assaillant, par un rugissement bestial, puissant. L'onde de rage qui ampoulait bien des chairs, ferait pâlir les harpies les plus avides de sang. La rixe pris enfin forme. Pour faire prendre mesure au Malebretteur de son erreur, le Maraudeur se prêta a une de ses danses favorites. Bien que ce vieux bouc fit preuve de vigueur avec ses cabotineries, le 'Loqueteux' savait fort bien jouer les hachoir à viande. Se faisant moulin à moudre le tourment, ce colosse laissait ses ailes effilées, portées par les vent de la fureur, effleurer les toilettes d'Armand. De tracés hasardeux aux puissantes mouvances de l'hélice, le cyclone qu'était devenu le dernier d'Ambelrash, menaçait bien le Malebretteur de finir en ragoût. Mais la finesse l'emporta sur la puissance, constatant que l'emplumé avait pris son espadon pour perchoir, Abryel n'eut le temps que d'esquiver le fil de la rapière du spadassin, non sans y laisser une mèche. D'un geste rageur, rompant le contact et protégeant sa zone d'espace contrôlé, il venait d'offrir a ce Sacripan, une nouvelle opportunité de se faire remarquer. Le voilà qui progressait vers lui, avec un tonneau pour monture. Abryel escomptait bien mettre l'orgueil du Malebretteur à profit. Contre toute attente il chargea son adversaire, attendant l'estoc, déjà accommodé aux feintes du Sir de Sacrepon, il se contenta d'accueillir la fente par une dérobade extérieure à la menotte directrice de son adversaire, son seul flanc accessible protégée par une garde haute, n'offrait aucune alternative. Et toujours campé sur son pieds de pivot, il rabattit le plat de son autre main sur le crâne de ce vieillard roulant, qui lui offrait alors son dos. Parlons de cette mornifle, de façon imagée, Armand ne venait pas de recevoir une petite tartelette maison ... Non, mais bien la grosse quiche rustique du chef. De quoi mettre fin, sans doute, à ses bouffonneries et de l'envoyer, de surcroit, asseoir son noble fessier, sur les parterres poussiéreux. Soucieux de garder son avantage, soit l'allonge de son espadon, le bon élève de l'école des demi-épées se mis a reculer de quelques pas avant de lâcher au Malebretteur.
" Eh bien, femme à barbe ! Tu tailles les toisons, tu tentes de repriser les cuirasses avec ton aiguille et tu nous divertis par tes pitreries ... As tu d'autres talents cachés ? Tu ne devrais pas te donner autant de mal, vilaine comme tu es, tu as bien assez d'arguments pour ramasser choux et tomates au marché. "
- Riant une nouvelle fois au nez et à la barbe d'Armand, Abryel fit tournoyer sa plus fidèle alliée avant d'inviter le Malebretteur à revenir chercher un autre taquet. Bien qu'il fusse jeune, ce gaillard promettait de donner plus de fil a retordre, que les dix gueux qui avaient eu la sottise de jouer les 'Coupe-jarret'. |
| | | Armand de Sacrepon
Humain
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| Sujet: Re: Quand Armand gagne Scylla Mar 24 Aoû 2010 - 12:31 | |
| Et Armand chut sans coup férir sur le sol fangeux de Pharembourg. La gueule dans la mouscaille, l'oeil mauvais jeté sur cette rosse rétive qui roulait jusqu'en bas de la venelle. Que le bourricot se noie dans la rade ! songea notre malebretteur alors qu'il avisait sa posture dégradante. Le soufflet de grande intensité dont s'était rendu coupable Abryel avait au moins eu le mérite de faire sortir un peu de vin de la caboche de Sacrepon, et lui offrait le luxe d'un regard amer sur sa propre personne. Sa contenance perdue laissait ses bacchantes penaudes, abreuvées seulement d'eau croupie et d'un peu de sueur. Le purotin, lui, était encore plein de sang et tout ragaillardi par ses sinistres exploits - immonde de méchanceté.
Foutrée pantoufle ! Les mille duels du malebretteur n'étaient pas roupie de sansonnet ; et pourtant le voilà qui se laissait malmener par le premier gros gibier croisé en Scylla. Fait d'un métal qui ne se laisse guère plier, Armand sentait gonfler en son âme meurtrie quelque appétit de vengeance. Et alors dans un élan digne des héros passés, faisant fi des cloches qui battaient sous son crâne, ce fringuant démon se releva, prêt à ajouter quelques alexandrins à la geste qui nous intéresse.
Armand adopta une posture idoine et posa ses yeux au tranchant proverbial sur Abryel. L'hautvalois n'attisait plus le feu de sa colère, mais l'humiliation avait pris sa place et redoublait d'ardeur pour faire de la flammèche un brasier ! Signor Silence s'avachit commodément entre les deux hommes, durant des secondes qui semblaient mille kalpas. Puis comme un serpent, le malebretteur détendit son corps entier et fit quelques nouveaux pas d'une valse de son cru. Ce mauvais bougre d'Abryel lui fit bien quelques soucis par l'entremise maléfique de son espadon, mais jamais il ne fendit autre chose que pourpoint ou air chargé d'embruns. On ne discernait plus de l'homme du nord qu'un spectre malicieux à l'estoc menaçant, tristement insaisissable par l'acier.
" A la réflexion, je vais peut-être te laisser le poil pour qu'il éponge ton sang " Sacrepon virevolta comme un espinguier et traça l'esquisse d'une botte " Car loin de tes soufflets de mégère, je frappe du fer et tue pour de bon ! " joignant comme à son habitude le geste à la parole -car Armand n'était pas fait aux usages de la fanfaronnade, comme chacun sait- il posa le pied bien en avant et, profitant de ce qu'Abryel ait son épais poitrail exposé, projeta sa personne et sa lame dans la brèche. Il y avait là matière à percer Abryel de part en part, et à faire du taureau une fontaine ruisselante du fluide rubicond. |
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