Des elfes au palais!!!! (PV Dragan)

Sujet: Des elfes au palais!!!! (PV Dragan) Ven 26 Nov 2010 - 18:00

Nakor se posait beaucoup de questions ces derniers temps. En plus de ce maudit voile inconnu, venant d'on ne sait où, le vieux fou avait l'impression que quelque chose n'allait pas. Mais il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Et quand il se posait la question clairement, se demandant à lui même ce qui n'allait pas, il se disait étrangement que ... c'était comme si quelque chose était en train de lui échapper! Et Nakor n'aimait pas ça, mais alors pas du tout. Depuis l'apparition de ce voile, Nakor avait fait quelques petits tests magiques et, même s'il y avait plus de danger à faire de la magie en ce moment, obligeant les mages à un contrôle encore plus grand, une concentration sans faille et un épuisement plus grand, ce n'était pas ça! C'était autre chose, mais Nakor n'arrivait pas à trouver ce que c'était. Il avait même pensé à la menace d'une guerre imminente, mais, fouillant le monde avec sa boule de cristal, il ne trouva rien d'inquiétant. C'était donc autre chose, quelque chose de plus prés, beaucoup plus prés de lui, presque tangible. Cela finit par énerver le vieux bougon qui partit de sa tour et décida d'aller prendre l'air dans les jardins du château. Il descendit en trombe dans les escaliers de sa tour, salua à peine les soldats qu'il croisa et avança d'un pas hâtif vers l'extérieur. Nakor marchait alors, perdu dans ses idées les plus profondes, ne pouvant se départir de ce problème qu'il avait en tête.

Et c'est ainsi que Nakor marcha, la tête baissé en direction du sol, son bâton à la main droite, d'un pas décidé ... décidé à quoi? A rien du tout, si ce n'est de prendre l'air pour essayer d'oublier tout cela. Mais au fur et à mesure qu'il avançait dans le palais, ses idées se faisaient un peu plus claires, son esprit ouvert à la magie environnante, commença à percevoir quelque chose d'incroyable ... comme quelque chose qui était pourtant évident, mais qu'il n'avait pas vu. Il releva alors la tête et claqua dans ses doigts en disant haut et fort

"Un elfe! C'est un elfe ...!"

Mais, au moment où il disait cela, Nakor ouvra vraiment les yeux, revenant sur terre et sortant des limbes de son esprit perdu! Et il remarqua enfin qu'il venait de s'arrêter devant ... un elfe!!!!!! Nakor ouvrit grand les yeux et dit simplement, un brin surpris

"Dragan!?!?!? Mais, par tous les poils de ma foutu barbe blanche, que diable faite vous là? ... Enfin, je veux dire ... euuuu ... Bonjour Dragan!"

Et Nakor ne put alors se retenir, il explosa de rire en tendant la main en direction de l'elfe, voulant simplement le saluer en lui serrant la main. Nakor avait conscience de ce qu'il venait de faire et en rit de bon cœur! En tout cas une chose était sur, le hasard faisait les choses, mais il avait trouvé ce qui clochait : la présence d'un elfe interférait avec quelque chose qui était proche de Nakor.

Sujet: Re: Des elfes au palais!!!! (PV Dragan) Dim 28 Nov 2010 - 21:16

Depuis leur arrivée, Dragan n'avait que peu côtoyé ses semblables, ceux-ci étant occupés avec le roi, ou à discuter entre eux du Voile. Heureusement que les vieux elfes étaient là pour se faire mémoire du monde, mais de mémoire d'elfe, jamais Voile n'avait duré si longtemps. Cela n'était le tout que de quelques heures en temps normal et marquait la fin d'un cycle et le début d'un autre. Sauf que cette fois, les choses semblaient aller de travers... Les dieux se manifestaient un peu partout et de façon erratique. Ici, c'était Elenwë. Il avait apprit par courrier que Kyria avait étendu son influence en Anaëh. Dés lors, il était raisonnable de penser que Calymentar devait être chez les nains... Quant à Tyra et Arcam, c'était difficile à dire... Mais ils devaient eux aussi, se manifester.

Le monde en tournait plus rond et personne ne savait comment empêcher cela. Les vieux érudits avaient beau observer les astres et tester la magie, ils n'avaient aucune réponse. Et Dragan n'était pas du genre à attendre, les écouter parler. Il était l'un des seuls membres de l'escorte à ne pas pratiquer la magie, avec les gardes. S'il allait de temps en temps voir ses hommes, il ne passait pas la majorité de son temps avec eux.

Quant à Elya... Elle était occupée avec le roi, et il ne la voyait que quelques heures par jour, quand il avait de la chance. Elle qui avait commencé à s'ouvrir, elle s'était refermée comme une huitre avec le Voile.

En fait, il se sentait seul. Désespérément seul. Depuis la disparition de Révérie, c'était ainsi, même entouré de ses sœurs et de ses fils. Il lui manquait une part de lui même. Il avançait machinalement dans ce monde où il avait l'impression de ne plus avoir sa place. Ses discussions avec Elya lui avaient fait oublier cette solitude, mais elle revenait au galop l'assaillir.

Perdu dans ses pensées, et arpentant le palais, il ne fit tout d'abord pas attention à l'humain qui arrivait dans l'autre sens et marmonnait. Il finit par tendre l'oreille et reconnue avec stupéfaction le vieux mage du Roi. Qui avait été conseiller d'une Guilde aujourd'hui éteinte. Il e souvenait avoir rencontré oniriquement le roi nain Garmin et ce vieux mage grâce aux pouvoirs de celui-ci. Il sourit faiblement quand Nakor jura, avant de se reprendre et de le saluer. L'elfe s'inclina légèrement, solennel.

- "Seigneur Nakor, c'est un plaisir que de vous revoir."

Si le vieux mage n'avait pas changé, le jeune elfe, lui, en revanche, avait mûri. Un voile semblait ternir son regard et il respirait la mélancolie propre au peuple éternel.

- "Je suis ici en tant que protecteur de la princesse d'Alëandir, Elya de Lanthaloran."

Sujet: Re: Des elfes au palais!!!! (PV Dragan) Lun 29 Nov 2010 - 13:57

C'était bien lui, l'elfe avec qui Nakor avait échangé, par transmission de pensée et contact mental, avec le roi des nains, depuis le bureau de l'orphelinat dont il était lui même le directeur. Nakor sourit ouvertement, car il était vraiment content de revoir ce jeune elfe, grand et fier, mais à l'esprit ouvert. C'est donc un grand sourire et une chaleur sans faille qui firent réponse à la salutation de l'elfe. Celui ci, beaucoup plus protocolaire que Nakor, s'inclina pour saluer le vieux fou. Voyant, cela, et la main encore tendu en l'air, Nakor gloussa et donna une petite tape sur le bras gauche de Dragan en confirmant, dans un souffle de vieux papy gâteau

"Moi aussi je suis heureux de vous revoir seigneur Dragan!"

Mais tout en disant cela, Nakor pointa son vieux regard d'humain multi centenaire dans celui de l'elfe. Et il ne put s'empêcher de faire une petite moue qui arqua son sourire tranquille. Il reconnut trop vite, ce qu'il avait lu dans bien des yeux d'elfes : la tristesse qui suit la perte d'un être cher, de l'être aimé pour plus de précision. Nakor resta donc comme cela, la main toujours sur le bras de Dragan. Puis se rendant compte de ce contact qui était peut être gênant pour l'elfe, il retira sa main et inclina la tête, son visage laissant clairement transparaitre, toute la peine qu'il avait pour Dragan et toutes les condoléances silencieuses qu'il lui offrait de bon cœur. Puis l'elfe ajouta quelque chose qui mit une petite seconde à monter jusqu'au cerveau du vieux cinglé. Au début, se contentant d'hocher la tête de bas en haut, comme pour confirmer une sorte d'évidence, le mouvement de tête se ralenti et Nakor ouvrit d'un seul coup grand les yeux! Il parla d'une voix forte

"Quoiiiiiiiiiiii? Comment! Elya de Lanthaloran ... vous voulez dire de Lanthaloran comme ... Lanthaloran ... ho foutu nondidiou Dragan, ne me dites pas que vous accompagnez au palais la fille de Dyarque, le seigneur protecteur des elfes, ce ... magicien!?!?!?"

Puis Nakor ouvrit encore plus grand les yeux avant de subitement les froncer, comme s'il venait de comprendre quelque chose et en même d'apprendre une mauvaise nouvelle! Nakor se recroquevilla presque un peu, tellement ses sourcils étaient arqués. Et d'un air d'inquisiteur, le vieux fou demanda, d'une voix blanche et charriant des glaçons

"Que diable, fait la fille de Dyarque dans le palais du roi Trystan ... ho par tous les dieux de notre monde, ne me dites pas que c'est pour ce que je pense! Non Dragan ne me le dites pas! Ho et puis si, dite le moi, elle est venu pour me voler mon élève!"

Puis Nakor se tendit comme une corde et donna un puissant coup de son bâton sur le sol, qui manqua de se fissurer sous l'impact. Nakor se mit alors à parler pour lui même en vociférant

"Ho alors ça ... non mais tu vas voir! Quel culot! C'était donc ça que je sentais, depuis quelques temps, une sorte d'intrusion, un esprit étranger venu me prendre quelque chose, venu rompre un lien entre moi et quelqu'un ... quelle audace, ho ça, elle ne me connait pas encore, mais elle va entendre parler de moi ... hoooooo oui!"

Puis Nakor commença à sourire à et se frotter les mains devant le jeune elfe! Nakor se mit même à ricaner avant tout simplement d'hurler de rire avec toutes les idées qui lui passaient par la tête. Semblant revenir sur terre, il balaya devant lui, d'un geste nonchalant, l'air qui se trouvait devant son visage, comme s'il voulait chasser cela de sa tête.

"Mais ne laissons pas cela ternir notre excellente relation mon cher Dragan! Je suis content que ce soit vous plutôt qu'un autre qui ait accompagné cette Elya ... au moins nous pouvons discuter un peu ensemble! Les magiciens de votre race sont ... comment dire ... enfin vous m'avez sans doute compris! Ils ne m'aiment pas trop!"

Nakor se mit à glousser et passa habilement son bras sous celui du fier guerrier avant de dire, d'une voix tremblotante

"Vous ne refuserez pas son appuie à un vieillard Dragan? N'est-ce pas! Allons prendre un peu l'air, mes vieilles jambes en ont bien besoin!"

Puis Nakor entraina un peu de force ce haut dignitaire elfe. Décidément, aucun protocole ce vieux barbu! Nakor voulu voir s'il pouvait apporter une petite pierre à l'édifice et une fois dans les jardins royaux, reprit la parole

"Alors, soyez honnête Seigneur Dragan ... comment trouvez vous le palais du roi?"

La question était posée sur un ton suffisamment clair et malicieux pour que Dragan comprenne que Nakor parlait autant de l'architecture que des gens qui y résidaient! Il voulait simplement l'écouter un peu parler et rebondir sur ses propos, afin de lui faire cracher le venin qu'il avait au fond de lui! Les elfes pouvaient mourir de tristesse, gardant en eux trop de peine, la vivant avec beaucoup plus de puissance que les humains. Et voilà que Nakor avait suffisamment parlé et que maintenant il se mêlait de tout, voulant autant savoir ce qu'il ressentait que ce qu'il pensait de cette maudite voleuse d'Elya! Nakor pensa pour lui même qu'un jour, il devrait rendre visite à ce Dyarque et que ce jour se rapprochait de plus en plus!

Sujet: Re: Des elfes au palais!!!! (PV Dragan) Lun 29 Nov 2010 - 20:02

Il savait que le vieil homme n'était pas adepte des simagrées de la noblesse, mais les elfes n'avaient pas l'enthousiasme débordant des humains dans leurs réactions. Si Dragan connaissait bien le protocole régissant les relations entre nobles, il ne l'appliquait pas avec tous et surtout pas avec le vieux magicien qui se fichait bien de tout cela. En témoignait sa façon d'éclater de rire et de poser sa main sur le bras de l'elfe, qui ne broncha pas, mais ne lui rendit pourtant pas son accolade. Démonstratif, il ne l'avait jamais été, comme beaucoup de ceux de sa race. Certains trouvaient les elfes froids et hautains à cause de cela, alors que ce n'était qu'un mode de vie.

Pourtant, le vieil homme cessa ses singeries l'espace d'un instant, posant un regard aigu et horriblement perspicace sur son jeune vis à vis, pourtant issu d'un peuple éternel. Il vit la compréhension dans le regard du magicien, et la compassion. Il ne lui expliqua pas ce qui le rendait si mélancolique, mais le regard glacial de l'elfe se teinta un instant de reconnaissance, avant de retrouver sa froide neutralité. Des pertes, il en avait subi, et des lourdes. Son meilleur ami, presque son frère, Illydril, son amie, Deluwen... Rima-Marcil... Révérie. Cette perte là était celle de trop.

Nakor était surpris de voir l'elfe ici et s'enquit de la raison de sa présence au palais de Diantra. Tout naturellement, l'elfe lui répondit qu'il accompagnait la princesse d'Alëandir. La réaction de vieil homme surprit l'elfe. Pourtant, il savait devoir s'attendre à tout. Mais là. Il ouvrit la bouche pour répondre, que si, effectivement, c'était bien cette Elya là, mais le changement d'expression de Nakor le coupa dans son élan. De vieil homme enthousiaste et chaleureux, il devint froid et son ton indiquait que la nouvelle ne le ravissait pas le moins du monde. Il se mit alors en colère, mécontent qu'Elya lui prenne son élève. La surprise se peignit sur les traits de l'elfe devant cette réaction... infantile.

- "La princesse va en effet enseigner au roi. Il est doté de dons puissants, mais dangereux s'ils ne sont pas maitrisés et Elya est la plus à même de le guider. Sans vouloir vous offenser."

Nakor sembla redescendre sur terre et s'excusa auprès de l'elfe, arguant que cela ne devait pas ternir leur relation. Relation pas encore bien définie d'ailleurs. Ils s'étaient rencontrés à l'occasion d'une décision d'envergure. C'était de la politique. Cependant, un sourire recourba les lèvres de l'elfe quand Nakor parla des magiciens de son peuples. Oui ils étaient assez spéciaux et n'appréciaient pas vraiment Nakor, pour diverses raisons. Mais ils étaient encore plus hautains que le commun des elfes, c'était peu dire.

- "Avec plaisir, je n'ai que peu de goût pour les discussion magiques interminables. Cela n'a pas été faute de tenter de me former, mais je suis resté hermétique. La magie n'était pas ma voie."

Non, lui, il avait préféré la voie des armes et de la diplomatie. Le vieil homme glissa son bras sous le sien et feignit une fragilité qu'il était loin d'avoir, amusant de nouveau l'elfe.

- "Quel vilain menteur vous faites Nakor. Vous êtes en pleine forme. Votre santé insolente est une insulte à Tari."

Il avait largement fait son temps, mais il semblait échapper à la déesse. Il avait dit cela d'une voix amusée et sur le ton de l'humour, nullement de la condamnation mais il était loin de se douter d'avoir touché un point sensible et juste. Nakor l'emmena alors dans les jardins. L'elfe jeta un coup d'oeil autour de lui. C'était beau, c'était propre, c'était ordonné. Les jardiniers royaux ne laissaient pas de place aux folies de la nature, taillant, recoupant. Sans relâche. La question de Nakor l'arracha à ses pensées.

- "Majestueux. Fastueux. Artificiel."

Il parlait aussi bien du palais que des gens qui y gravitaient. Oui tout était beau, mais codé, pensé, il n'y avait nul naturel. Tout était calculé.

- "Cela est très différent du palais d'Alëandir. Vous autres, humains, vous accordez tellement d'importance aux titres et à la naissance... Chez nous, les Protecteurs servent leur peuple. Vos... Comtes, Barons, Ducs, pensent que tout leur est du et que le travail acharné des gens moins fortunés leur revient de droit... C'est un concept que j'ai eu du mal à assimiler et que beaucoup des miens ne comprennent pas."

Ils approchèrent des plantes et des fleurs. Dragan se saisit délicatement d'une des fleurs, caressant les pétales avec douceur.

- "Ici, vous ne laissez pas la nature reprendre ses droits. Nous façonnons la nature selon nos désirs, mais vous, vous la détruisez. Ce jardin est beau, mais sans âme."

Nakor lui avait demandé son avis, il le lui donnait. Ce n'étaient que ses propres interrogations et il doutait fortement que le vieil homme en prenne ombrage. Au contraire, ce n'étaient que les prémices d'une discussion bien plus profonde.

Sujet: Re: Des elfes au palais!!!! (PV Dragan) Mar 30 Nov 2010 - 19:44

Nakor bougonnait, comme à son habitude et il parvint même à étonner un elfe. C'était une chose peu commune pour un être humain, mais voila que le caractère plus que versatile du vieux fou revint au galop, si ce n'est au triple, voir au quadruple galop. Et il reçu la maudite et fichu confirmation de ce qu'il craignait, de ce qu'il ressentait dans les flux de magies autours du palais depuis peu. Dyarque! Il faudra qu'une rencontre ait lieu, et foi de Nakor, elle aura lieu! Mais Nakor revint vers Dragan et, entendant la réponse de l'elfe, se mit à sourire ouvertement en continuant sa phrase

"Ha bon ... et moi qu'est ce que je suis hein, une vieille barrique sans cervelle bonne à mettre au placard! Non mais alors ça!"

Puis Nakor se mit tout simplement à rire, ouvertement, à pleine dents et ajouta

"Si on m'avait dit que vous aviez un sens de l'humour aussi développé, mon cher Dragan, je serai venu vous voir plus souvent en Alëandir!"

Et Nakor explosa de nouveau de rire. Personne ne pouvait dire, dans Miradelphia tout entier, pourquoi Nakor riait. Seul lui le savait et actuellement il riait de la surprise qu'aurait la petite gourgandine qui venait au palais en pensant qu'elle était la seule assez puissante pour enseigner au roi Trystan. Ho oui, elle aurait une belle surprise et Nakor ne lui passerait rien, strictement rien du tout. Il s'en frottait déjà les mains avec conviction, et termina de rire en entrainant Dragan dans les jardins. L'elfe prit la parole, annonçant qu'il avait quitté la voie de la magie depuis bien longtemps. Nakor, à son bras, ajouta, sur un air badin au possible

"Ho vous savez mon enfant, personne n'est parfait!"

Et il continua de glousser juvénilement. Nakor n'avait pas même fait attention à la tournure de sa phrase et à ses mots. En effet, nommer mon enfant, un elfe d'une bonne centaine d'année pouvait paraitre fou, mais Nakor avait plus de six cents ans tout de même, et donc à son âge, tout le monde était son enfant! Non mais ho! En réponse à cela, et avec beaucoup d'espièglerie, Dragan ajouta une petite phrase assassine. Nakor fut profondément content de voir qu'il pouvait donc sourire! Le vieux magicien se dit même intérieurement, qu'il avait au moins réussi à faire sourire un elfe triste. C'était déjà une réussite en soit qui illuminerait sa journée de vieux fou. Et, avec un clin d'œil entendu, et tout en riant, Nakor marmonna, comme un petit cachotier

"Hoooo voyons ... moi mentir! Jamaiiiiiiiiiiiis!"

Puis Nakor continua de glousser un peu, maudissant toujours un peu plus la déesse de la mort! Mais n'en disant pas plus, afin de garder à jamais son réel secret, il attira l'elfe dans les jardins et posa une question simple. Une question simple à laquelle Nakor eut un beau début de réponse. Le magicien avança avec douceur, sa main libre, en direction d'un bosquet et déploya sa magie en toute tranquillité. Soudain, le bosquet se mit à pousser, dans tous les sens, de tous les côtés, paré d'une multitude de couleurs folles et variées, toutes issues de la nature évidemment. Nakor se tourna alors vers Dragan et hotta son bras de dessous celui de l'elfe. Il eut un geste brusque qui fit cesser le développement de la plante. Nakor prit alors la parole, sur un ton très sérieux

"Je n'en attendais pas moins de la vision éclairé d'un elfe ouvert et intelligent. Et vous avez raison, les êtres humains ne vivent pas au même niveau de communication avec la nature qui les entoure, que vous. Vous avez une longue vie, et donc, tout comme la nature, vous pouvez prendre le temps de vivre, de vous développer, et de communiquer avec la nature, longuement, doucement, afin qu'elle vous entende et que vous puissiez y vivre, en son sein même. Une parfaite communion. Nous, ici, nous ne vivons pas assez longtemps ... nous mettons tout notre cœur à l'ouvrage pour vivre pleinement ce court temps qui nous est accordé ici! Alors nous sommes tourné vers nous même et tout part dans tous les sens, comme ce bosquet si nous le laissons pousser naturellement! Nous créons alors les choses à notre image : courte, vive et éphémère. Si nous nous risquions à donner une âme aux choses qui nous entourent, comment pourrions nous nous regarder dans un miroir, avec cette idée claire dans la tête : le jour où nous ne serons plus là, et ce jour est proche, qui prendra la relève pour s'occuper de ce qui a été crée. La réponse est simple pour les hommes : personne!"

Nakor passa sa main devant lui, comme s'il balayait doucement les airs devant lui! Le bosquet fana partiellement, les fleurs et les herbages qui avait magiquement poussés se ternirent avant de mourir et de disparaitre à jamais

"Et alors, en plus de mourir, notre création mourra avec nous, comme ce bosquet! Croyez moi Dragan, les hommes ne sont pas si superficiels, bien au contraire, ils ont une grande conscience de leur nature propre, de leur réalité, ils s'y sont simplement adapté pour limiter les dégâts, lorsque le jugement dernier arrive. Que préfèreriez vous voir mon ami, un jardin bien tenu, qui vit, même si ce n'est pas tout à fait naturel, ou une terre stérile, ou plus rien ne pousse à force que tout meurt ou soit détruit. Nos créations humaines manquent d'âme certes et sont superficiels à vos yeux ... mais si vous plongez plus en profondeur, vous y reconnaitrez simplement le cri de détresse de ceux qui ont compris une chose : le temps passe et nous n'en avons pas beaucoup à notre disposition ... alors autant profiter au maximum du peu qui nous est octroyé."

Nakor avait débité tout son discours, en continuant à marcher aux côtés de Dragan. Il cessa son avancée quelques instants pour ajouter une dernière chose

"Finalement, ne pensez vous pas que, si vous êtes plus en accord avec notre mère la nature, vous vous connaissez moins que nous! Lorsqu'un humain subit la perte d'un être cher, il en souffre, violement, mais il sait que cela n'arrangera rien, ni pour celui ou celle qui est partit, ni pour lui même! Alors il épuise son chagrin en compagnie de gens qu'il connait et passe à autre chose, sans jamais oublier ni perdre dans son cœur, l'être disparu! Alors que vous, vous vous connaissez si peu, vous communiquez si peu entre vous, que vous ne trouvez pas le moyen d'évacuer votre chagrin, au point bien souvent ... d'en mourir à votre tour et de gaspiller le cadeau de la vie qui vous a été fait et qui a été supprimé à l'être aimé! En réalité, je plains les elfes d'être des éternellement seuls et je me pose la question : qui est le plus superficiel, celui qui manipule les choses autours de lui pour donner une simple impression de beauté, ou celui qui n’est pas capable de discuter avec ses semblables ?"

Nakor n'avait pas encore parlé des nobles, des liens entre les gens, il ouvrait simplement la porte à une longue discussion. Cela faisait longtemps en effet qu'il avait envie de parler de ce genre de choses avec un elfe. Et l'occasion était triplement présente.

L'elfe esquissa un petit sourire quand Nakor loua son sens de l'humour. Il n'avait pourtant pas un sens de l'humour débordant, mais Nakor était étrange, il ne valait mieux pas chercher à comprendre. Le vieil homme riait et c'était bien ainsi. Au moins ne semblait-il plus en colère contre le fait qu'Elya ai prit sa place auprès du roi. Nakor était un magicien connu et reconnu, mais Elya maitrisait la magie de l'esprit et spécialement celle que manipulait le roi. Les elfes étaient venus pour enseigner à ce jeune roi qui détenait un pouvoir trop puissant. Une façon de le brider, oui, davantage que d'honorer une alliance. Dyarque n'était pas pro-humains, mais reconnaissait avoir besoin d'eux, même si cela le rendait malade. Vioron et Dragan s'étaient souvent opposés à lui pour ces raisons, mais ils avaient su passer outre pour en faire leur Guide.

Ils arrivèrent au jardin et Dragan confia son peu de goût pour la magie. Nakor n'en prit pas ombrage, fort heureusement. Inexplicablement, le vieil humain lui rappelait Beren. Elfe sage, magicien puissant, mentor intraitable... Et pourtant, sa disparition avait causé une réelle douleur à son élève indiscipliné. Cela notait aussi la fin d'une époque : l'enfance, insouciante.

- "Jamais, bien sur..."

Nakor n'était pas un vieil homme courbé par les ans, sa magie l'empêchait de souffrir de la vieillesse. Aussi l'elfe n'était-il pas dupe, mais qu'importe, cela permettait d'échanger quelques paroles. Dragan n'était pas un sauvage, même s'il avait tendance à s'isoler depuis... Il repoussa l'image de Révérie, se concentrant sur la question de Nakor et y répondant, comme cela lui venait. Et Nakor se fit un malin plaisir de donner sa propre vision des choses.

- "Les homme ont une vie éphémère et l'immortalité leur est interdite, mais ils transmettent leurs noms, leurs biens, leurs savoirs à leurs enfants et aux enfants de leurs enfants. Vous êtes une race très prolifique, peut-être pour contrebalancer votre mortalité. Nous autres, elfes, il est rare d'avoir plus de deux enfants... Je pense que les dieux le veulent ainsi, pour maintenir un équilibre, mais le fait est que les hommes s'accroissent, apprennent, construisent, développent et s'étendent, alors que les elfes restent tournés vers le passé et n'évoluent plus."

Il parlait de vie éphémère, de peur du néant, mais jamais il n'y aura de néant chez les humains. Dragan n'en aurait pas dit autant des elfes. Ils ne savaient pas s'adapter à l'évolution et leurs voisins humains risquaient bien un jour de les détruire, même sans le vouloir. Dragan observait le mage jouer de ses pouvoirs pour faire accroitre la végétation, avant de la faire mourir. Le regard glacial était songeur, toujours mélancolique.

- "Il y a aussi la superficialité dans vos rapports... Les puissants qui ne le sont que par naissance et oppriment les faibles au lieu de leur venir en aide... Il n'y a pas de pauvreté chez nous. Les Seigneurs Protecteurs et Protecteurs sont au service du peuple et pas le contraire... Alors? Vos Puissants font-ils cela parce qu'ils ont conscience que leur vie est éphémère et cherchent à en profiter au maximum en écrasant les plus humbles?"

Pas d'agressivité dans la voix de l'elfe, juste une interrogation sur ce précepte humain qui consistait à dire que la vie d'un homme valait davantage que celle d'un autre, simplement parce qu'il avait un titre, des terres et des richesses. Concept étrange pour un elfe, même si Dragan l'avait assimilé désormais. Cependant, le Seigneur elfe se figea quand Nakor parla de chagrin qui étouffait, au point d'en mourir. Il jeta un regard acéré au vieil homme :

- "Pensez-vous que d'étaler sa peine la rende plus supportable, l'amoindrisse? Que pleurer et hurler sa rage à la face des dieux permette d'évacuer ce chagrin? Non, je ne le pense pas. J'ai perdu beaucoup d'être chers, trop et chaque deuil est une lame acérée qui se plante dans mon cœur et refuse de s'en déloger. Anàrion, Illydril, Beren... Mon frère, mon amie, mon mentor... Et aujourd'hui, c'est mon coeur que l'on m'a arraché. Mes enfants grandiront sans se souvenir de leur mère... Je suis heureux d'avoir connu cet amour intense, sans concession, sans raison même... Mais je pleure chaque jour sans elle, je pleure de devoir vivre encore des centaines d'années avec cette plaie."

Aucune rage dans sa voix alors que l'on aurait pu penser les mots agressifs. Non, juste un constat, amer, terrible. Le Seigneur Protecteur détourna le regard du vieil homme et soupira, regrettant déjà de s'être laissé aller à ce genre de confidence avec un inconnu.

- "Je suis navré, je ne voulais pas vous parler de cela."

Nakor écouta les propos de l'elfe en réponse au sien. Voila qui était intéressant un point de vue développé, qui poussait un peu sa réflexion. Nakor se frottait mentalement les mains tant il était heureux de pouvoir tenir une discussion aussi élevé avec une personne intelligente. Dragan parla des hommes, des naissances en grands nombre, du passé, et du futur. Nakor referma un peu son œil gauche, comme s'il venait de soulever une chose importante, qui l'amusait en même temps!

"Les hommes se reproduisent en effet pour s'assurer que leur sang et que ce qu'ils ont gagné à la sueur de leur front, dans le court laps de temps qui leur est offert sur Miradelphia, ne soit pas perdu complètement. Mais rien vous m'entendez Dragan, rien ne peut assurer à un humain, que son enfant prendra la relève de ce qu'il a fait. Ce que je disais pour les créations, la nature est les plantes est toujours valide ... un homme, jardinier expert, ne donnera pas forcément la vie à un jardinier! L'enfant pourra prendre une autre voie, la peur que tout s'écroule, que plus rien ne continu après nous est une vérité, elle existe au plus profond de chaque humain come un glas qui sonnerait la fin d'un long et difficile sacrifice ... nous n'avons pas été doté par la nature du don d'entrer en communion avec elle ... nous ne pouvons donc pas donner une âme à ces jardins tout en modelant les choses à notre image ... sinon nous tenterions de lier l'immortalité à la mort elle même ... et si nous sommes idiots, nous ne le sommes pas à ce point là!"

Nakor se mit à glousser et donc laissa une petite pause dans ses propos avant de continuer un peu là dessus

"Mais vous soulevez un point très important Monseigneur ... est-ce que c'est nous qui sommes trop prolifique ou est-ce vous, qui n'avez pas su vous adapter au monde dans lequel vous vivez : un monde en constante mutation, un monde en guerre, qui se détruit lui même et qui tend à disparaitre. En agissant comme vous le faite, ne pensez vous pas qu'en réalité, vous faite un affront à la vie Dragan? Vous avez le don de créer, vous avez le don d'assurer la continuité du monde et pourtant ... vous ne le faite pas, vous vivez dans un rêve de passé, en souvenance d'un monde qui n'est plus ... vous vous opposez à la vie même, à son concept d'évolution ... les elfes seraient-ils finalement les moins connectés à notre mère la nature?"

Nakor employé volontairement des termes crus, mais sur un ton serein, sans atteinte, sans manque de respect, sans sous entendu. Il avait simplement l'opportunité d'élargir à la fois son champ de vision et celui d'un elfe qu'il appréciait un peu plus à chaque seconde qui passe. En tout cas une chose était claire, Nakor ne cherchait pas à faire gagner les humains contre les elfes ou inversement, simplement à réfléchir avec quelqu'un. Dragan souleva ensuite un concept propre aux humains selon lui. Nakor se mit à sourire et continua

"Haaaaaha? Parce que les seigneurs protecteurs ne sont pas un peu au dessus des autres, Seigneur Dragan? Je ne suis pas certains que les elfes du commun des mortels, ceux qui ne sont pas des protecteurs ou des seigneurs protecteurs ne se sentent pas un peu en dessous de ces fameux seigneurs ... il y a un profond respect, envers ces seigneurs elfes ... tout comme chez les humains. Alors peut-être que vos seigneurs ne pensent pas une seule seconde qu'ils sont au dessus des autres elfes, mais je pense qu'en sens inverse, c'est faux ... le peu d'elfe avec qui j'ai pu parler, au parler de ces seigneurs comme les humains parlent des nobles. Ensuite évidemment, il y a chez les humaines des nobles qui abusent de leur rangs, mais malheureusement nous avons en nous une part bien plus grande de cruauté que vous, ça c'est une vérité. Quoi que ... finalement ... une fois de plus, dans la nature Dragan, il y a des créatures plus fortes que d'autres, qui dominent le reste. Hoooo mais dites moi tout Dragan, je vais finir par croire qu'en fait, ceux sont les hommes qui sont le plus en accord avec la nature et pas vous!"

Nakor se mit à rire et redevint tout de même un brin sérieux pour terminer là dessus

"La noblesse humain est un concept qui a permit de canaliser notre propre folie ... sans personne pour guider le reste du troupeau, les humains auraient disparu depuis bien longtemps ... alors pour ne pas disparaitre, pour ne pas s'entretuer par jalousie, par folie et par simple cruauté ou haine de son prochain, les hommes ont d'un commun accord, décidé qu'ils leur faillaient un chef, ils ont donc donné plus de pouvoir à un homme et ont décidé de le suivre. Dans l'ombre de ce pouvoir, les hommes ont put étrangement se développer de façon correcte, se déployer, apprendre, grandir et progresser. Avec l'agrandissement de notre peuple, un seul chef ne suffit plus! Il a donc fallu que ce chef délègue un peu de ses pouvoirs à un autre et ainsi de suite. Nous voila donc dans un monde ou certains hommes ont un petit peu plus de pouvoir que les autres, afin que notre monde ne sombre pas dans la folie et la destruction ... déjà que nous n'en sommes pas loin! Nos puissants comme vous les nommez, ne font donc pas cela pour le plaisir ou par peur d'une vie éphémère et sans joie ... mais savez vous qu'au cœur du monde noble, il y a des principes fort et qu'un noble doit avant toute chose, protéger les gens qui vivent sur les terres dont il a domination et gérance! Et oui, dans les préceptes des nobles, il y a très fortement ancré, l'idée que les nobles sont les protecteurs de la population humaine! Bon, il y a des déviances ... mais nous n'avons jamais prétendu être parfait vous savez!"

Puis Nakor continua de glousser comme un enfant. Tout était bon enfant, de bon ton et pas trop ironique, Nakor développait encore cette idée étrange que le monde humain noble n'était pas si pourri que ça, mais que, comme pour toutes les majorités, elle était minée par une minorité de profiteur, de fourbe et de cruel. Mais ainsi était le monde des hommes! Enfin vint le moment où un semblant d'émotion frappa l'elfe, où il développa son idée et son mécontentement de la vie, de sa difficulté et des souffrances que cela procure. Il laissa l'elfe terminer ses mots, puis entendit la demande de pardon. Nakor s'approcha de Dragan et sans le toucher, planta un regard profond dans celui de l'elfe

"Ne soyez pas désolé d'exprimer vos pensées! Imaginez simplement que nous sommes deux amis, qui parlent de choses compliqués. En tout cas, je peux vous répondre oui Dragan! Parler de ses sentiments permets d'évacuer de notre corps le poison que cela produit. Je ne parle pas d'étalage, je parle simplement d'un échange avec des amis sincères ou simplement des gens en qui on a un peu de confiance. Crier sa rage au monde entier n'a que peu d'effet, mais parler avec le cœur a quelqu'un qui vous prête, avec bon cœur et sincérité, toute son attention ... cela a un véritable effet! Rien d'autre que le temps n'enlèvera les couteaux qui ont perforé votre cœur rien! Mais ce temps de guérison, vous pouvez l'amoindrir en évacuant ce poison destructeur ... en mettant des mots, en rendant intelligible votre souffrance et en la prononçant, vous l'évacuerez plus vite! Ensuite votre cœur pourra se panser. Ce n'est pas pour autant que vous oublierez, mais vous pourrez au moins de nouveau vous ouvrir au monde et à la vie. J'ai vécu six cent vingt quatre ans sur cette terre mon enfant. En tout ce laps de temps, j'ai élevé un grand nombre d'enfant. Ils m'appelaient tous grand père et j'ai fais d'eux des hommes et des femmes, nous étions très proche, je les aimais comme s'ils avaient été mes propres enfant, le fruit de mes propres entrailles ... et je les ai enterré de mes mains, de mes propres mains Dragan! Et tout en creusant leurs tombes, j'ai à chaque fois versé plus de larme que mon cœur ne pouvait en contenir, au point que plus jamais la terre ne sera sèche au point où j'ai mis mes enfants dans le sol! Vous n'avez pas idée du déchirement que cela a provoqué en moi ... à chaque fois et à un peu plus de vingt reprises ... vingt sept enfants, j'ai élevé vingt sept enfants, et mon cœur s'est brisé vingt sept fois de suite au fil des siècles ... j'aurai préféré mourir que de vivre ça ... mais la vie continue, et en mémoire d'eux, je me dois de ne pas gâcher ma vie en étant moribond. En effet, si j'étais resté seul et enfermé dans mon coin, à souffrir en silence, je n'aurai plus vécu ... et donc, en plus de m'avoir perdu mon enfant, j'aurai gaspillé la chance que j'avais de vivre! Comment aurai-je pu alors me regarder dans un miroir, comment aurai-je pu penser à mon enfant, me dire qu'il était mort et que je ne vivais pas. Quand une mort nous frappe nous n'avons pas le droit, ne serait-ce que par respect pour l'être disparu, que de nous morfondre ... au contraire, en l'honneur de l'être aimé, nous devons vivre pleinement, au point de vivre pour deux!"

Nakor souffla longuement et abaissa la tête quelque secondes. En effet, Nakor avait un passé difficile, et quand il repensait à la mise en tombe de ses enfants, il ne pouvait faire autrement que de revivre la scène et de raviver une vieille plait douloureuse. Il continua néanmoins, en replongeant un regard vivace dans celui de Dragan

"Oui Dragan, parler de sa souffrance permet de la diminuer ... le temps fait le reste, mais à la seule condition que le poison ait été évacué du corps! Que l'on soit elfe, nain ou homme, que l'on ai perdu femme, frère ou enfant"

Nakor était très sérieux et son ton invitait Dragan à poursuivre. Décidément une discussion sur des sujets profonds et complexe, c'était plus qu'intéressant, agréable dans un sens!

- "C'est là la notion même de libre arbitre. Qu'importe que nos enfants ne suivent pas notre voie, tant qu'ils accomplissent leurs propres exploits, leurs propres œuvres? Les humains ne risquent pas de voir leur civilisation s'écrouler... Trop d'individus, trop de soif de découverte, de progrès... Nos Anciens les ont vu émerger... De tribus dépenaillés, ils sont devenus une civilisation puissante. De centaines, ils sont devenus millions... Et cela ne fait que nous renvoyer à notre propre condition..."

Une tension palpable se devinait dans la voix grave et mélodieuse de l'elfe. Oui, cela les renvoyait à leur propre sort. Dragan était convaincu que l'avenir de Miradelphia était les humains. Les elfes étaient trop lents, trop conservateurs, incapables de s'adapter au changement... Ils finiraient par disparaître, ce n'était qu'une question de temps. Son regard se perdit dans la nature artificielle de ce jardin humain, avant qu'il ne regarde Nakor, sensible à ses paroles, si proches de ce qu'il pensait lui-même. Il eut un sourire, teinté de tristesse.

- "Vous avez raison. Nous sommes voués à disparaître avec une telle attitude. Mais je doute que nous puissions y changer quoique ce soit. Nos anciens sont trop ancrés dans ce qui a été et ne veulent pas que ce qui sera soit différent. Pourtant, ce qui est a déjà changé. Nous avons perdu beaucoup de nos talents Nakor."

La main de l'elfe se porta de nouveau sur une fleur, la caressant avec délicatesse.

- "Autrefois, nous étions capable de bâtir des édifices à nulle autre pareil... Les humains sont de grands bâtisseurs, mais les elfes étaient des artistes... Vous êtes déjà venu chez nous, Nakor, vous savez de quoi je parle. Aujourd'hui, nous sommes incapables d'allier ce savoir faire avec notre magie. Jadis, nous étions en osmose avec la nature... J'ai rencontré la Gardienne de Kyrïa et j'ai entendu ce que mes ancêtres ont entendu... Et j'ai pleuré de ne plus jamais pouvoir goûter à cela..."

Constat amer. Leur civilisation, aussi belle, aussi délicate, aussi sage soit-elle, n'était que le pâle reflet de ce qui avait été. Certains s'acharnaient à retrouver ce qui avait été perdu, mais c'était un effort vain. Et au lieu de se tourner vers l'avenir, vers la nouveauté, les elfes stagnaient. Nakor releva alors son point de vue concernant les nobles humains et tourna un regard incertain vers le vieil homme. Non, les Seigneurs Protecteurs n'étaient pas aussi craints et respectés. C'était différent. Pourtant, il n'avait pas tort, sur certains points.

- "Les humains seraient-ils donc semblables aux prédateurs? Doivent-ils se débarrasser des faibles pour être forts? Peut-être avez-vous raison, peut-être que les elfes nous considèrent comme supérieurs, mais en aucun cas nous n'exigeons d'eux cette déférence si importante à vos yeux. Jamais nous n'enfermerions un elfe qui ne s'est pas aplati devant nous... Certains de vos nobles sont chatouilleux sur cette notion de respect et certains sont prompts à s'enflammer pour un rien. Beaucoup ne nous comprennent pas et prennent notre attitude pour de l'arrogance, sans chercher à étudier nos propres mœurs. J'ai côtoyé quelques nobles de votre race Nakor et peu m'ont fait bonne impression. C'est aussi pour cela que j'accompagne Elya. De ce point de vue, la laisser seule revient à mettre une enfant avec des chiens enragés. Les notions de protocole, d'étiquette, lui sont étrangères... J'ai bien remarqué l'indignation de tous quand elle s'est approchée du roi et l'a touché sans sa permission. Un grave manque à vos lois. Elle aurait pu être punie pour cela..."

Alors qu'il n'y avait là nulle malice. Mais si il lui prenait de faire cela avec quelqu'un de moins tolérant, les ennuis seraient assurés.

- "J'ai entendu parler de vos principes... Comme ceux des chevaliers..."

Un pli un brin méprisant se forma sur les lèvres de l'elfe. Peu avaient autant d'honneur qu'on voulait le faire penser. Non, vraiment, peu d'humains trouvaient grâce à ses yeux, mais il ne les méprisait pas tous pour autant. Certains individus méritaient d'être connus et l'ensemble de ce qu'ils savaient faire forçait l'admiration du jeune elfe. Mais voilà que Nakor l'orienta vers une conversation plus intime. L'elfe se laissa piéger, exprimant sa douleur, avant de se refermer et de s'excuser de cela. Mais Nakor balaya ses excuses et développa son propos. C'était censé, mais, touché par ses paroles, l'elfe glissa plutôt une note d'ironie :

- "Sommes nous amis? Ai-je confiance en vous et vous en moi, alors que nous ne connaissons pas?"

Et pourtant... Derrière cette ironie se dissimulait quelque chose d'autre, quelque chose que l'elfe ne voulait pas laisser voir, pas maintenant. Il compatit sincèrement au chagrin du vieil homme alors qu'il parlait de sa propre expérience, de ces enfants qu'il avait aimé, chéri et enterré. Des crève cœurs à chaque fois, mais cela ne l'avait pas empêcher de continuer, encore et encore.

- "A votre place, beaucoup auraient été tenté de se couper du monde et de ne plus se lier à quiconque qui ne serait pas immortel..."

N'était-ce pas ce que Dragan était en train de faire? Se couper du monde... des autres... vivre dans un brouillard, faire son devoir, sans s'impliquer personnellement. Une logique elfique... Pas humaine.

- "J'admire cette façon que vous avez de privilégier les instants de bonheur, éphémères, à la douleur, éternelle."

Nakor écouta les propos du seigneur Dragan, voila un elfe qui réfléchissait vraiment et qui était conscient de la réalité de ce monde, de la tristesse du sort des elfes et du sort des humains. Mais quelque chose lui échappait, Nakor ne parvenait pas à comprendre pourquoi les jeunes elfes, ainsi ouvert au problème de leur race, ne font rien pour y remédier, tout du moins en partie. Nakor ajouta donc, de manière énigmatique, à la suite des premiers propos de Dragan

"Comme quoi, de quelque chose de mauvais, de chaotique, peut naitre la force de la vie Dragan!"

Ce que Nakor voulait dire était peut-être trop subtil pour un humain mais pas pour un elfe. Le seigneur Dragan comprendrait clairement que le magicien ne voulait qu'une seule chose très claire : ce n'est pas parce que les elfes sont restés stagnant pendant des générations, qu'ils ne peuvent plus évoluer. Et que cette attitude chaotique qui risque de les détruire, peut très bien évoluer, tout comme les hommes ont su dépasser leur nature bestiale et stupide. Et puis une chose était importante pour Nakor : Dragan expérimentait des sensations, sa voix en était modifié, et ça, c'était le début de ce que cherchait Nakor. Ressentir des émotions n'est pas une caractéristique humaine, les elfes le peuvent aussi, mais bien souvent ils sont élevés pour étouffer la haine et la colère. En donnant libre court à leurs émotions, ils trouveraient pourtant la force de changer leur monde et de sauver leur race de la mort lente qui les attendait. Dragan parla ensuite de la perte des savoirs que le monde avait subit. Le vieux mage hocha gravement la tête et se permit de prendre la parole

"Oui, je sais très précisément ce que vous voulez dire, j'ai longuement côtoyé l'académie de magie elfique, il y a plusieurs siècles, je sais tout ce que vous avez perdu, dans votre lien avec la nature et votre capacité justement, pas à plier la nature à votre volonté comme vous le faite maintenant, mais plutôt vous lier à la nature, pour qu'elle épouse votre façon de penser. Même aujourd'hui, les elfes s'opposent légèrement à la mère nature. Mais ... et il y a un très grand mais ... toutes les civilisations de notre monde ont perdu des savoirs qui n'auraient jamais dû être oublié, j'en veux pour preuve les ruines de Nisetia, des ruines humaines, clairement, mais d'une civilisation dont j'appréhende à peine les connaissances après avoir vécu des siècles dans les ruines ... puisque ma vrai maison, celle que j'ai fabriqué moi même est perdu au beau milieu de ces ruines, je sais donc de quoi je parle. Vous n'êtes pas les seuls à pouvoir pleurer en pensant au passé ... par contre, tout comme les humains, vous avait tout simplement la possibilité folle de pouvoir inventer votre propre monde! Il faut savoir croquer dans la pomme nouvellement poussé sans avoir à se dire "et si celle de l'an dernier était meilleure?" Cette question est obsolète, sans but et sans avenir aucun! Il faut cesser de se la poser, arrêter de chercher à retrouver les savoirs passés, il faut simplement en créer de nouveau!"

Nakor était un eternel convaincue, il pensait vraiment que c'était à chaque génération, au fil du temps, de se réinventer, de se construire et d'avancer dans la direction de son choix, pas de celle de ses parents. Dragan en vint à parler des nobles. Nakor écouta et c'est presque avec amusement qu'il répondit

"Mais bien sur que nous sommes des animaux Dragan, des prédateurs, tout à fait, mais nous ne nous en cachons pas ... comme je vous l'ai dit, l'origine d'une différence de niveau remonter à la nuit des temps et est un mal nécessaire. Voila pour la vision d'ensemble et si les nobles ne sévissent pas lorsque les lois qui permettent à notre monde de fonctionner sont bafoués, alors ce sera le début de la fin. Ensuite, soyons clair mon enfant, je connais beaucoup de noble et je n'en apprécie que très peu ... tout ce protocole, toutes ces règles, entre gens intelligents, n'est pas nécessaire ... mais, quand bien même ... justement, des gens intelligents devraient comprendre que lorsque des règles sont mises en place, personne ne peut se permettre de les violer! Personne Dragan! Alors pourquoi les elfes se permettraient de ne pas obéir à ces lois ... c'est parce que vous ne comprenez pas pourquoi nous imposons ces règles que vous ne les respectez pas totalement. Et ce manque de respect des règles amène cette façon que nous avons de vous voir : arrogant. Lorsque des humains, et ils sont rares, vont chez les elfes, le protocole se doit là aussi d'être respecté à la règle, et nous les respectons ... même si nous ne les comprenons pas! C'est en effet, finalement une qualité que de pouvoir appliquer des choses que l'on ne comprend pas ... ça aide d'être un peu idiot parfois!"

Nakor se mit à rire avec joie et fraicheur. Il utilisait l'ironie évidemment, mais n'était pas trop loin de la vérité, ou en tout cas de sa vérité, celle qu'il avait découvert en six cent vingt quatre ans de vie humaine. Après ces longs échanges, Nakor entendit la question de Dragan un brin venimeuse, un brin ironique et qui aurait put être blessante ... mais Nakor n'était pas comme tout le monde. Le mage se mit à sourire, croisa les bras sur sa poitrine et dit simplement

"Mais savez vous seulement ce que c'est que d'être des amis Dragan? Les elfes ne montrent pas leurs émotions, et ne les expriment jamais! Tout est gardé, conservé, rien n'est ... échangé. Pour moi, vous ne savez pas ce que c'est que d'avoir des amis, et je pleure pour vous de cela. Un ami, c'est tout simplement quelqu'un qui nous prête son oreille, l'espace d'un instant, quelqu'un qu'on reconnait dans la rue, que l'on est un brin heureux de voir, le mot ami peut avoir des significations variés ... il n'est nullement besoin d'être les plus grands amis du monde, intimes au possible pour pouvoir bénéficier de ce qualificatif d'ami Dragan! Hooo et puis avouez le ... vous m'aimez bien!"

Nakor lança alors un regard de petit garçon à Dragan, avant de glousser comme un jeune garçon! Décidément, parler avec Nakor devait être plus que déstabilisant. Mais le mage fut amené à parler de ses enfants et des épreuves de la vie. L'elfe souligna une capacité particulière de Nakor, ce qui fit arquer les sourcils au magicien, avant que ce dernier ne reprenne, d'un ton interrogatif

"Mais le bonheur ne vaut-il pas toutes les peines du monde? Celui qui a connut le bonheur, l'amour, d'une femme, d’un homme ou d'un parent, d'un enfant sait très bien que cela vaut tout l'or du monde. Cette capacité que vous semblez m'envier sans parvenir à la posséder ... ce n'est absolument pas un trait humain! C'est un trait de caractère de tout être vivant, elfe, nain, drow, chien, chat ... il ne tient qu'à vous de la développer en accordant plus d'importance à vos souvenirs de bien être et de bonheur, plutôt qu'à vos souvenir de malheur, de perte et de souffrance! Quiconque veut se couper du monde pour souffrir seul est un fou! Et même si toute la cour royale vous dit le contraire, soyez bien conscient d'une chose mon enfant, je ne suis pas fou!"

Nakor se mit à sourire et tendit la main en direction d'une branche : pas de magie, pas d'illusion, juste une émotion! Un petit animal vivant dans les arbres descendit de la branche et vint jusqu'à la main de Nakor, pour la respirer, la grignoter, puis repartir avec une sorte de sourire sur les lèvres, aussi grand chez l'animal que chez le vieillard.

Malheureusement, ce n'était pas si simple. Même si la nouvelle génération d'elfe était plus encline à évolue,r à emprunter aux hommes certaines choses, les anciens restaient puissants et s'opposer à eux n'avait rien d'aisé. Surtout que le Guide des elfes était l'un de ces conservateurs qui ne s'alliait aux humains qu'avec répugnance. Et s'il envoyait sa fille au roi humain, ce n'était pas pour l'aider, mais simplement pour l'empêcher de devenir dangereux. Peut-être pour avoir un ascendant sur lui? Ça, Dragan n'aurait pu le jurer.

Il parla alors de ses regrets de voir tout leur savoir perdu, tout ce que leurs ancêtres avaient connu, aux oubliettes. Les merveilles architecturales, la symphonies des arbres. C'était tellement triste! Mais Nakor avait raison, il valait mieux inventer de nouvelles choses que de chercher à recréer les anciennes.

- "J'ai été l'élève de Beren Telpërien. Si vous avez côtoyé l'académie de magie, alors vous devez avoir entendu parler de lui ou même l'avoir déjà rencontré. Il était un maître sage et patient, même si je n'étais pas à la hauteur de ses attentes, contrairement à Anàrion et Illydril qui étaient doués pour les arcanes."

Un mince sourire ourla les lèvres de l'elfe, illuminant un instant son regard froid. Ces souvenirs, il les chérissait. La perte du vieux mage avait été un rude coup pour lui. Il l'avait pensé immuable. Il s'était trompé.

- "Aller de l'avant est difficile Nakor... Les Anciens sont des conservateurs chevronnés et s'opposer à eux n'est pas aisé... Je le sais, je l'ai déjà expérimenté, tout comme mon cousin, Vioron."

Deux jeunes Seigneurs protecteurs, qui ne faisaient guère le poids face aux autres, plus âgés, plus expérimentés... En étaient-ils plus sages? Dragan n'en était pas convaincu. La sagesse n'était pas l'autarcie ou la recherche de ce qui avait été. Mais sa voix, ou celle de son cousin, étaient dérisoires. L'elfe s'amusa alors des propos du vieil homme et compara les hommes à des prédateurs. La réaction du magicien ne se fit pas attendre. Son argumentation tenait la route, même si Dragan ne trouvait pas que les elfes avaient instauré beaucoup de règles aussi drastiques que les humains. C'était plus facile pour un humain d'aller chez un elfe sans l'offusquer que le contraire... Selon lui. Peut-être manquait-il du recul nécessaire pour analyser ça objectivement. Le vieil homme parla alors du bienfait qu'était de parler à quelqu'un en qui on avait confiance, à un ami et le jeune elfe fit remarquer, narquois qu'ils n'étaient pas amis. Se faisaient-ils seulement confiance? Là encore, le vieil homme ne s'offusqua pas. C'était agréable de ne pas parler à un mur. Pourtant ces paroles blessèrent l'elfe plus qu'il ne pouvait l'avouer et son regard se voila.

- "Mes amis, je les ai perdu et de la plus horrible des façons. Alors ne présumez pas de mes connaissances à ce sujet."

Il s'était quelque peu raidi, mais il était difficile d'en vouloir longtemps à ce vieil humain farfelu et sage à la fois, aussi eut-il un petit sourire, accompagné d'un soupir quand il continua en lui disant d'avouer que l'elfe l'aimait bien.

- "D'accord, je l'avoue, je vous aime bien. Mais n'en faites pas tout un plat."

La conversation dériva, encore. Sur les enfants, sur la perte des êtres chers... Sur cette capacité à aimer sans concessions, en sachant pertinemment que l'on souffrira ensuite d'un intense chagrin. Il écouta cependant attentivement la réponse du vieil homme, acquiesçant songeusement à ses paroles, empreintes de sagesse. La fin le fit de nouveau sourire.

- "Les elfes aussi vous prennent pour un fou, désolé de vous décevoir."

Sans doute que cela allait le faire glousser. Difficile à dire, mais il doutait fort que cet aveu blesse le vieil homme. Il le regarda apprivoiser un petit animal, en toute simplicité. Laurëa lui manquait, mais la vie de château n"était pas faite pour convenir à la louve.

Voila que Dragan rappela à Nakor un vieux souvenir, une connaissance commune qui fit longuement sourire le vieux fou. C'est avec ce sourire sans faille que Nakor hocha de la tête plusieurs fois avant de prendre la parole, à la suite de l'elfe

"Beren ouiiiiiiiiiiiiiiiiii, ho cette vieille barbe, c'est fou ce que l'on a pu se crêper le chignon tous les deux ... des vraies harpies!"

Nakor se tapa sur le genou et explosa de rire. Un rire jeune, jovial et sincère au souvenir de toutes ces heures qu'il avait passé à échanger avec le vieux mage de l'académie des elfes, de tous ces cris échangés aussi et de toutes ses fois ou Nakor s'était frotté les mains de rendre fou un être de son acabit. Il continua alors

"Oui, on se connaissait bien tous les deux ... évidemment il ne partageait pas du tout et ma vision de la magie et surtout ma vision de l'enseignement de la magie, mais au fond nous nous aimions bien! Et puis quel souvenir que de voir vociférer comme un démon, un mage de ce style, c'était succulent!"

Nakor, sans que son sourire ne s'efface laissa échapper, de plein grés une dernière phrase

"Bien sur, il n'est plus de ce monde aujourd'hui ... sacré Beren!"

Et une moue s'afficha, comme si le sourire de Nakor s'arquait, ne gardant donc dans son cœur que les bons moments, et pas uniquement la vision de la mort du magicien de l'académie. Une connaissance de plus qui s'était éteint, que Nakor regrettait mais qui ne l'empêchait pas d'aller de l'avant, par respect pour tous ces morts qui au fil des siècles se sont accumulés dans le cœur de Nakor, qui aimeraient tant vivre encore mais qui n'en n'ont plus la chance. Puis Nakor arqua un sourcil et souligna un dernier fait

"Mais vous savez Dragan, je ne suis pas certains que Beren ne vous accordait pas autant de considération que les autres ... généralement les enseignants s'éprennent plus des mauvais élèves que des bons, parce que l'on est plus proche d'eux, qu'on essaie plus de choses et que finalement un lien un peu plus ténu subsistent entre le mauvais élève et l'enseignant qui désespère d'en faire quelque chose! Je suis sur qu'il ne vous appréciait pas moins que les autres!"

Puis Nakor écouta la suite des propos de l'elfe. En effet, le conservationnisme était ardu chez le peuple éternel, mais le vieux fou eut comme un petit hoquet de surprise, ouvrant un peu plus grand les yeux tout en sursautant un peu

"Et parce que c'est difficile, il faut abandonner immédiatement Dragan? J'ai passé les cinq cent dernières années à mettre mon nez partout dans les affaires du monde, à pousser les elfes au changement en allant à leur rencontre et en les repoussant dans leurs derniers retranchements, en allant chez les nains pour tisser des liens vrais avec ces êtres au grand cœur mais refermés sur eux même au fond de leur montagne! Et surtout en me comportant comme le dernier des paysans, au plus proche des nobles du monde humains. Partout où il y a une tache difficile et presque impossible à réaliser, et bien justement, il faut s'y atteler de façon encore plus grande, au corps à corps et ne rien lâcher ... vous vivez assez longtemps pour pouvoir entreprendre ce genre de choses à grande échelle alors que diable, du nerf, de l'espoir ... et si la mort vient frapper à notre porte alors nous la repousserons et nous lui rirons au nez à cette vieille garce à la robe noire! Huuuuuuuuum!"

Nakor eut, pour finir son discours, une moue du tonnerre, comme celle d'un grand père qui force sur ses lèvres en émettant un bruit de gorge, censé donner de l'énergie et de l'entrain à toute la troupe ... même si elle n'était composée que de deux personnes. Nakor diffusait là un message d'espoir sans fin, qui ne devait jamais se perdre! Nakor parla ensuite d'amitié, il avait touché une corde sensible et c'est sans même planter son regard dans celui de l'elfe, mais en gardant son regard fixé sur un arbre proche de lui même que Nakor prit la parole à son tour. Le mage sentait que c'était quelque chose de difficile pour l'elfe, qui brisait son cœur en morceau sans parvenir à se reconstruire nullement

"Je ne parlais pas forcément de vous, mais plutôt des elfes en général. Mais une chose est maintenant certaine, il semblerait que vous saviez bien ce qu'était la signification du mot ami ... mais vous y associez l'idée d'un acte terrible ... seriez vous le meurtrier volontaire de vos amis Dragan?"

C'est en posant sa question qu'il planta son regard dans celui de l'elfe, un regard direct, dure et sans âge, attendant une réponse ou tout du moins l'espérant. Nakor voulait que Dragan parle, qu'il exprime ses sentiments, ses ressentis et ses émotions passées. Puis vint ce moment de détente ou Dragan retrouva le sourire et avoua. Nakor s'exclama alors, même si l'elfe lui avait demandé le contraire et frappa dans ses mains

"Haaaaaaa vous voyez, personne ne me résiste longtemps! Vous progressez Dragan ... à vue d'œil!"

Puis Nakor se mit à rire, tout fier de lui et même à danser un peu sur place, décidément, rien d'autre qu'un fou! D'ailleurs cela fut confirmé et fit sourire énormément le vieillard. Nakor prit alors un air de conspirateur et termina là dessus

"C'est là mon cher, tout l'art de manipuler les esprits à sa guise : plus on me prend pour un fou, plus j'ai de chance de surprendre ... et un homme surprenant et un homme à la fois respecté et écouté! Et puis vous avouerez mon enfant, que réussir à faire croire ce que l'on veut, à la fois à des elfes, des nains et des hommes ainsi que des drows, c'est un tour de force plutôt impressionnant non?"

Nakor se frotta le revers de sa robe, avec son poing, comme un véritable parangon de fierté puis attira à lui l'animal. Le petit rongeur courut sur la main puis sur le bras de Nakor, avant de pousser un petit gloussement et de repartir. C'est tout sourire que Nakor termina

"Vous voyez Dragan ... les humains peuvent se lier à la nature ... de façon éphémère, mais ils peuvent y parvenir aussi, nous ne sommes pas si différent et détestable que certains le pense ... mais, finalement, c'est aussi à nous de le prouver!"

Nakor pensa alors subitement à la fille de Dyarque qui était venu ici pour voler son élève, et mettre la main sur le roi des hommes! Cela ne plaisait pas du tout à Nakor et bientôt, les elfes le sauraient!

Sujet: Re: Des elfes au palais!!!! (PV Dragan) Dim 9 Jan 2011 - 23:07

L'elfe dissimula à peine un fin sourire alors que Nakor s'exclamait concernant Beren. Bizarrement, cela ne l'étonnait pas qu'ils se disputaient. Ils n'avaient pas la même façon d'appréhender la magie. Et Nakor était un peu trop... spécial. Pourtant, ils se ressemblaient. Peut-être était-ce la chevelure et la longue barbe blanches. Ou cet air paternel. Il s'amusait de ses souvenirs et ne sembla pas affecté par sa disparition. l'elfe restait prudemment muet à ce sujet. Parler de Beren éveillait de la mélancolie en lui, des regrets aussi. Ceux de ne pas lui avoir dit qu'il l'aimait bien, malgré ses inaptitudes en magie et ses tours pendables. Difficile d'imaginer en l'elfe taciturne un enfant jovial et vif. Il haussa simplement les épaules quand le vieil homme lui assura que même s'il n'était pas à la hauteur des attentes du mage, il n'en avait pas pour autant été moins apprécié.

- "Vous parlez d'expérience, je suppose."

Mais là n'était pas le sujet. Le sujet était leurs différences de société de mœurs, l'incompréhension qui en découlait. Dragan faisait part de ses interrogations au vieux mage. Et voilà que celui-ci lui faisait la leçon sur la façon d'influencer la façon de penser de tout un peuple à force de ténacité et d'espoir. L'elfe balaya ses paroles d'un geste de la main.

- "Je n'ai plus le courage de me battre pour cela pour le moment."

Non, il avait demandé à ce que Dyarque prenne les rênes de leur peuple, sachant pertinemment ses positions quant aux autres races, mais il restait le seul elfe capable d'assumer cette charge. Et Dragan ne se sentait plus le courage d'imposer sa vision des choses, plus moderne.

Il parla alors d'amitié, se heurtant au ton moqueur de l'elfe. Et par là même, ils abordèrent des sujets douloureux pour l'elfe. Ses amis d'enfance se réduisaient à peau de chagrin, même ceux d'aujourd'hui. Il n'était attaché à personne réellement, sauf à ses sœurs et ses fils. La question du vieil homme le surprit et il répondit un peu trop vivement :

- "Non, bien sûr que non."

Même s'il n'avait pas été leur meurtrier, il n'avait rien pu empêcher, fort malheureusement. Le vieil homme semblait attendre davantage de lui, mais il n'était pas elfe à s'épancher facilement. Finalement, il consentit à dire qu'il appréciait le vieil homme, ce qui ravit le magicien. Magicien un peu fou quand même alors qu'il sautillait sur place comme un dément. Il lui fit d'ailleurs remarquer que les elfes le prenaient pour un fou. Ce que Nakor savait parfaitement, forçant l'elfe à admettre que c'était bien joué de passer pour un autre auprès de toutes les races.

- "Mais faites-vous vraiment semblant?"

Ne se perdait-il pas lui-même dans les méandres de la folie? Son esprit était vieux, trop pour sa race et en avait trop vu. Il pensait leurrer les autres avec cette fausse folie, mais ne se leurrait-il pas lui-même en pensant tout contrôler? Il observa son manège avec le petit animal, souriant doucement aux paroles de l'humain.

- "Vous charmez cet animal par magie. Est-ce naturel?"

Il reprit, d'une voix mélodieuse et grave :

- "Tous les humains ne sont pas détestables comme tous les elfes ne sont pas arrogants... ou les nains alcooliques. Quoique sur ce dernier point, je ne puis rien affirmer."

Sujet: Re: Des elfes au palais!!!! (PV Dragan) Mar 11 Jan 2011 - 18:58

Dragan supposa que Nakor parlait en tant que grand professeur plein d'expérience avec ses mauvais élèves comme ses bons élèves. Le vieillard, un sourire plus que malicieux sur les lèvres, confirma les soupçons du seigneur elfe.

"Absolument, alors vous devez me croire quand je vous le dis, les forbans qui ont volé mon cœur le plus fortement, il y a des lustres, n'étaient autre que ceux qui tentaient le plus de me faire tourner en bourrique, ou ceux qui avaient le plus de difficultés à recevoir mon enseignement un brin décalé il faut bien le dire!"

Nakor, une lueur dans les yeux, repensa en regardant le ciel, à tous ces petits magiciens à qui il avait un jour enseigné quelque chose. Des bons, des très bons, des experts, mais aussi des fou, des imbéciles heureux ou alors, pire que tout, des non-mages! Le seigneur elfe montra des signes de fatigues morales, comme s'il avait longuement tenté de faire avancer les choses tout en se heurtant contre un mur toujours plus grand et plus haut. Le vieux fou hocha la tête tout en fermant les yeux et en soufflant. C'est d'un ton un brin taciturne et éteinte, presque vibrante, comme celle d'un très vieil homme, chevrotante même

"Les forces manquent toujours à celui qui se bat pour la plus juste des causes! Mais au fil du temps, le ciel pluvieux laisse place à un soleil radieux!"

Puis sa voix se renforça et il reprit

"Mais vous précisez dans votre discours que pour le moment vous n'êtes plus capable de vous battre au sein de votre peuple ... nous avons tous des moments d'abandon et de découragement, c'est plus que normal. Dyarque votre seigneur elfe est un grand et puissant magicien, il est malheureusement conservateur et je sais qu'à sa tête, les elfes jamais n'évolueront ... mais je reste optimiste, assez pour tout un peuple s'il le faut! Les elfes s'adapteront par la force des choses, ou avec l'aide de leurs amis!"

Nakor se mit à sourire, chaleureusement et avec respect, avec sincérité. Après tout, Dragan ne devait pas être le seul à vouloir ce changement et à sentir sa nécessité. Actuellement, Dyarque était au pouvoir car il était le seul capable d'assumer ce rôle. Ainsi les elfes survivaient. Et c'était tant mieux. Par contre, pour les progressistes, c'était un fardeau lourd à porter, forçant au recul et au repli sur soit. Nakor parla alors d'amitié, posa sa question de la façon la plus cru qui soit et obtint une réponse très vive. Nakor, un brin espiègle expliqua alors ce qu'il pensait au jeune Dragan souffrant d'une plaie profonde au cœur

"Alors pourquoi dites vous que vous les avez perdu de la plus horrible des façons Dragan! Vous n'êtes pas la main qui leur a ôté la vie. Alors non, ce n'est pas de la plus horrible des façons que vous avez perdu vos amis ... vous les avez perdu, cela fait mal, on se sent coupable de bien des choses, voir de tout! Mais finalement, un jour, avec le temps qui passe et l'esprit qui reprend ses droits sur le cœur, on se rend compte qu'en effet, ce n'est en aucun cas notre faute, et au contraire, nous devons vivre pour rattraper le temps perdu en lamentation et faire honneur à ceux qui n'ont plus le don de vie et qui nous manquent tant. Et lorsque la fin viendra pour nous aussi, derrière les grands rideaux de lumière, au delà du monde des vivants, nous retrouverons dans la joie, des amis qui de loin veillaient sur nous. Et fier et heureux de les revoir enfin, nous pourrons le dire, les yeux dans les yeux Dragan, que nous avons mené une belle vie en pensant à eux, sous leur œil protecteur!"

Nakor pensait vraiment ce qu'il disait, et en plus de cela il essayait de ranimer la flamme du cœur de Dragan, qui tendait à s'éteindre lentement. Il fallait lui remettre du baume au cœur et à l'esprit et avec le temps, l'elfe retrouverait tous ses esprits. Ils finirent alors par parler de la folie qui semblait toucher Nakor. Et c'est pour une fois très sérieux, que Nakor répondit

"J'ai déjà été fou, il y a très longtemps, ho oui, très longtemps mon cher Dragan, et j'en suis revenu. Je sais avec précision ce que c'est que de perdre l'esprit, ne plus savoir ni dans quel monde on se trouve, ni dans quel univers nous évoluons ... je sais ce que c'est que de ne plus rien savoir. Et croyais moi, je suis plus qu'ancré sur la terre ferme. Effectivement, je suis un vieux bougon qui râle autant qu'il ne rit et qui rit à plein poumon. Mais une chose est certaines, tout cela est toujours mesuré et maitrisé, car face à un fou, on ne sait jamais sur quel pied danser. Et en étonnant mes adversaires, je gagne à chaque fois la première partie du combat mon enfant!"

Et pour montrer qu'il n'était pas fou, que fit donc Nakor? Il se mit à rire comme une foutu baleine. Cela renforcerait follement son discours! Une fois calmé, Nakor s'amusa avec l'animal qu'il connaissait bien depuis un petit moment déjà. Dragan posa une question et Nakor y répondit sans détour

"Il n'y a rien de magique là dedans, ce n'est qu'un bon tour! En fait, si vous voulez tout savoir, cela fait longtemps que je viens dans ce jardin et j'ai mis du temps à apprivoiser cet animal, à grand renfort de petite nourriture pour lui! Maintenant, nous sommes amis. Par de charme, pas de magie, juste le temps, l'acharnement et la confiance mutuelle."

Nakor glissa un clin d'œil à Dragan avant de se mettre à glousser. Il finit par entendre la dernière phrase de l'elfe avant de simplement exploser de rire comme un dément. Il se frappa même les genoux tant il riait tout en glissant dans son fou rire

"Ho nondidiou Dragan, celle là elle est très bonne ... vous progressez, pour sur vous progressez mon ami!"

Puis il continua de rire un peu. Une fois calmé, Nakor ajouta, encore un peu caustique

"Vous avez raison, pour trouver un nain qui échappe aux généralités des nains et bien ... il faut fouiller très loin sous la terre! Mais pour le reste, évidemment, nous ne faisons que faire subit à la majorité, ce que nous pensons d'une minorité, de ce qui pour nous fait la vérité, ce que seul nos yeux voient et connaissent ... et nous nous trompons, tous, vivant dans notre monde, celui dans lequel nous croyons vivre réellement. Or, comme nous ne savons pas tout, et bien nous vivons dans une grande et longue illusion. Parfois, certains événements viennent percer la bulle illusoire et nous découvrons un nouveau monde, fait d'elfe sympathique et évolutifs, de vieux magicien sérieux et de nain sobres!"

Nakor se mit à rire, il appréciait vraiment sa discussion avec le seigneur Dragan et espérait que petit à petit, la blessure de son cœur se refermerait.

Sujet: Re: Des elfes au palais!!!! (PV Dragan) Ven 21 Jan 2011 - 15:06

- "Je l'imagine sans peine."

La bonne humeur de ce vieil homme farfelu était communicative, à n'en point douter. Il arrivait à dérider l'elfe et ce n'était pas un mince exploit en ce moment! Oui Beren avait eu de l'affection pour ce garnement réfractaire à la magie et peu attentif. Parce que le gamin qu'il avait été en avait eu pour le vieux mage elfique. Parce qu'il avait aimé ce vieux professeur et l'avait respecté en devenant adulte. Mais cela appartenait au passé désormais.

Comme sa volonté de faire évoluer les elfes. Il s'était heurté à trop de murs et n'avait plus la force de se battre. Pas en ce moment, pas quand sa propre vie s'était effondrée. Les elfes devraient apprendre seuls. D'ailleurs, se battait-il vraiment pour une juste cause? Ouvrir les elfes au monde, les faire évoluer avec leur temps, au mépris des traditions et de toutes les beautés qu'ils avaient connu, était-ce réellement un bien? Quand il voyait la société des hommes, il se disait que jamais les elfes ne devraient leur ressembler. Mais peut-être en tirer leçon pour avancer, sans faire les mêmes erreurs ou tomber dans les mêmes travers...

- "Dyarque est en effet, un conservateur acharné, mais il agit pour le bien de notre peuple et dans le respect de nos valeurs. Peut-être verra-t-il de la sagesse dans les propos des plus jeunes et finira-t-il par nous écouter. Il n'est pas un tyran, juste un Guide. Il n'appartient qu'à nous de changer les choses, à notre échelle. Il ne peut dompter la liberté de pensée de ses sujets et jamais l'un d'eux n'aura à craindre sa colère."

La monarchie elfique n'était pas celle des humains. Là où un roi, un duc, un comte ou un baron pouvait tuer celui qui le dérangeait, l'elfe écoutait et était ensuite libre de suivre ou pas. Il fut question d'amitié et le vieil homme poussa l'elfe dans ses retranchements, avant de le rassurer. Pourtant, il ne se départit pas de son sourire amer.

- "Ils ont été enlevés par les drows. La reine a été violée et assassinée. Anàrion et Illydril... J'ai grandit avec eux, Anàrion était comme mon frère... Vous étiez là quand nous avons apprit leur disparition. Vous savez comme moi ce qu'ils ont subi au Puy... J'aurais aimé une mort rapide et digne pour eux et imaginer leurs souffrances me soulève le cœur. Ils étaient promis à un si bel avenir... Ensemble, ils aurait régné sur les elfes, leur apportant espoir et ouverture. Anàrion était demi elfe, c'était un pas vers la tolérance. Mais tout cela s'est évaporé, est parti en fumée."

Il sourit néanmoins à la suite de son discours et l'elfe leva le nez vers le ciel, reprenant d'une voix douce :

- "C'est très poétique ce que vous dites. Et réconfortant. Je ne sais s'ils veillent sur nous de là où ils sont et si nous nous retrouverons une fois de l'autre côté, mais c'est une idée plaisante."

Vint alors le sujet de la folie de Nakor. Folie qu'il disait imiter, alors que l'elfe était persuadé qu'il était effectivement fou. Pas fou furieux, ou fou dangereux non, mais de cette folie qui faisait les génies. Incompris de leurs contemporains. Nakor lui répliqua mesure toutes ses réactions, tous ses gestes, pour décontenancer ses interlocuteurs.

- "Vous ne m'enlèverez pas de l'idée que vous avez une part de folie en vous Nakor. Une douce folie, que d'autres appelleraient génie s'ils pouvaient vous comprendre."

Dragan fit alors remarquer au vieil homme qu'il n'y avait rien de naturel à apprivoiser un écureuil par magie et celui-ci lui répliqua l'avoir fait à force de patience et de gâteries, ce qui fit sourire le seigneur elfe.

- "Les animaux sont parfois des compagnons plus compréhensifs que nos semblables... J'ai adopté une louve ainsi savez-vous? Elle est attachée à moi et moi à elle. Elle me suit selon ses envies et je ne l'entrave en rien. Sa présence me manque, mais Diantra n'est pas une ville pour elle."

Non, Laurëa était restée dans les forêts, là où aurait du être sa vie. Elle n'était pas un chien, ni un animal de compagnie. A Ardamir ou Alëandir, elle le suivait souvent, mais ici, c'était différent. Il parla alors des préjugés, avant de finir sur une petite note d'humour concernant les nains, ce qui fit exploser de rire le vieux mage qui trouva la plaisanterie excellente.

- "Notre vie n'est faite que de notre perception du monde. Et comme aucun de nos sens n'est fiable, notre façon de voir le monde est forcément erronée. Le tout est de se détacher de cette représentation que nous avons de notre entourage pour voir la vie telle qu'elle est réellement. Pour voir les gens et leur façon d'agir. Pour les comprendre et ne pas les juger selon nos propres codes moraux. Vous avez raison, nous vivons dans une illusion. Notre illusion. Et il est agréable de retrouver la réalité et de découvrir que nous nous sommes trompés. Qu'il existe des elfes sympathiques, de vieux mages sérieux et des nains sobres..."

D'une voix plus basse, il reprit, plus sombrement :

- "Et peut-être mêmes des drows honorables..."

Même si sa haine envers eux restait grande. Et s'il émettait des doutes à ce sujet. Mais là encore, tout un peuple ne pouvait pas avoir le même mode de pensée et les mêmes idéaux de carnage et de guerre.

Sujet: Re: Des elfes au palais!!!! (PV Dragan) Lun 24 Jan 2011 - 16:38

Le seigneur Dragan parvenait déjà à sourire, c'était véritablement une bonne chose et un progrès incroyable comparait au début de la discussion. Ils en arrivèrent à parler du seigneur actuel des elfes. Au fond de lui, avec sa vision humaine des choses, Nakor trouvait que les elfes se voilaient la face en se disant que leur système de gouvernance était profondément différent de celui humain, nain ou drow! Dans chacun des cas, il y avait un être au dessus des autres, un être qui ne pouvait certes pas obliger les gens à penser comme lui mais qui avait la force d'imposer tout de même certaines choses, de prendre de grandes décisions comme de participer à une guerre ou non. Et même si aucun elfe n'avait prétendument à craindre le courroux de Dyarque, Nakor se demandait bien comment réagirait le seigneur elfe si un de ses ... confrère, se mettait à prendre un peu trop d'initiative de mauvais gout. Mais Nakor décida de ne pas insister plus sur la vision partiellement erronée que devait avoir un notable elfe comparé à un simple elfe du peuple. Il prit tout de même la suite de la discussion

"Je ne prétends pas que Dyarque est un mauvais guide, bien au contraire, je suis certain qu'il œuvre au mieux pour que les elfes soient préservés, mais je crois qu'il pense trouver ce salut dans l'isolement et le repli ... en effet dans le profond respect des valeurs de votre peuple. Je déplore simplement le fait que ce n'est peut-être pas vraiment là dedans qu'est la solution. En même temps je ne prétends pas avoir sa sagesse et sa connaissance des elfes, soyons bien clair, je ne fais que voir, au travers de mes yeux d'humain, très âgé certes, mais d'humain quand même, la façon d'agir des elfes. Et si cela vous donne un peu à réfléchir, c'est déjà, en soit, une bonne chose!"

Nakor garda alors son sourire tranquille et la discussion poursuivit son cours. Ils en arrivèrent à la perte des êtres chers au cœur de Dragan et l'elfe se livra un peu plus. En effet, Nakor avait assisté à cette importante réunion, il y a de ça quelques temps déjà. Le vieux mage inclina la tête comme pour confirmer et se permit alors de glisser, vieux fou qu'il était

"Oui, j'étais présent, mais j'ai cru, l'espace d'un instant que vous, vous l'aviez oublié. En quoi cela peut-il reposer sur vos épaules. Ils ont été horriblement ôté de ce monde, nous aurions tous voulu une fin meilleure, plus digne, moins souffreteuse, moins difficile. Mais ça n'est pas le cas et ce n'est en aucun cas la faute de qui que se soit à part la faute des bourreaux qui ont agit. Alors apaisez au moins votre cœur de cette souffrance : vous ne les avez pas tué, vous les regrettez, vous regrettez leur amitié, leur beauté, tout ce qu'ils représentaient et cela prouve à quel point vous les aimiez et donc à quel point eux vous aimaient aussi. Et croyez vous alors qu'ils seraient heureux de vous voir dans cet état là, prostré, vidé de vos forces et affligez comme si vous veniez d'apprendre leur mort il y a une minute seulement? Et bien personnellement je crois que non, et si c'était moi que vous pleuriez, croyais moi, je viendrai personnellement vous donner un grand coup de pied dans les fesses en vous ordonnant de vous réveillez Seigneur Dragan ... si je puis me permettre!"

Il y avait tellement d'ironie dans les derniers mots de Nakor, qu'il se permit même de glousser. Le vieux mage parla alors de l'après mort, et du fait que les gens que l'ont perdait, veillaient sur nous à jamais et jusqu'à ce qu'on les rejoigne. Une idée qui plut à l'elfe, ce sur quoi Nakor ajouta

"Alors tant que personne ne vous a prouvé le contraire, croyez-y Dragan, croyez en cette idée!"

Nakor glissa un clin d'œil à l'elfe, comme si le vieux mage était au courant d'un grand secret des dieux et de l'après mort. Bien évidemment, il n'en était rien, mais c'est ce que Nakor croyait et ce qu'il pensait au plus profond de son être, une idée qui en effet le réconfortait, mais une idée qui pour lui était une évidence et d'une clarté inaltérable. Dragan parla alors de la folie de Nakor, la comparant à ... à du génie!!!!!! Entendant cela, Nakor s'inclina et ajouta sur un ton flatteur

"Seigneur Dragan ... c'est trop, vraiment!"

Puis évidemment, qu'imaginez vous qu'il se passa? Nakor se mit à rire pour changer. Une fois calmé, c'est le petit tour avec le rongeur qui interpella Dragan. Nakor lui révéla comment il avait fait et l'elfe parla alors de sa louve. Un brin surpris, autant que Nakor peut l'être, le mage ajouta

"Ha non, je ne savais pas cela! Une louve ... est-ce simplement un animal avec qui vous avez développé une attente réciproque ou est-ce bien plus que cela ... un familier? En tout cas, que cela soit un familier ou un animal attaché à vous, ce n'est pas un symbole anodin Dragan. Une louve, pas un loup, pas un chien, pas un chat, non une louve! C'est très significatif et je me dis finalement et maintenant que je vous connais un peu mieux ... que c'est un symbole qui vous va à ravir savez-vous?"

Puis Nakor se mit à glousser en hochant la tête comme pour confirmer ce qu'il venait de dire en ajoutant de temps en temps quelques petites confirmations orales de l'ordre du "ho oui" que Nakor aimait tant. Nakor n'avait cependant pas développé la symbolique de la louve et la garda pour lui. Un sujet plus sérieux fut alors abordé, l'illusion des sens et de la vérité personnelle de chacun. Dragan parla même de drow honorable, ce à quoi Nakor répondit d'un vif hochement de tête en pensant au jeune drow Berg’inyon

"En effet, la réalité parfois recèle bien des bonnes surprises et quand les épreuves et les événements arrivent à faire sauter le verrou de nos illusions il est parfois agréable de se rendre compte que notre monde ne va pas si mal que ça quand même. Il m'est arrivé de rencontrer des drows au sens de l'honneur respectable ... un, peut-être deux! Et encore vivant. Pas forcément respectable avec tout le monde, mais tout de même capable de voir au delà des liens du sang et de la race et qui savent à leur manière, dire merci sans vous planter un couteau dans le dos quand vous vous retournerez. Et depuis que le monde est monde, la minorité des êtres d'un même peuple, fait subir sa mauvaise réputation à l'écrasante majorité des gens ... parfois c'est l'inverse aussi. C'est là que le monde a besoin de gens prêts à se battre, à faire évoluer les idées et à mettre en oeuvre de nouveaux idéaux. Mais ainsi va le monde depuis bien longtemps déjà mon ami ... ou dois-je me contenter de dire : Seigneur Dragan?"

Nakor, un sourire désarmant et charmeur, avait piégé Dragan : l'elfe lui avait dit ne pas savoir s'ils étaient amis, qu'ils ne l'étaient pas de toutes les façons, mais petit à petit, Nakor lui avait fait avouer bien des choses et maintenant Nakor attaquait de nouveau le côté lien et sentiment de l'elfe et il attendit de voir ce que le seigneur elfique allait faire face à ce vieux fou, proche de lui, un bon sourire franc et un brin espiègle sur les lèvres. La discussion toucherait sans doute bientôt à sa fin et il était temps de créer un lien un peu plus fort entre lui et l’elfe, parce que finalement, ce bougre de Dragan était quelqu’un que Nakor aimait bien.

Sujet: Re: Des elfes au palais!!!! (PV Dragan) Lun 31 Jan 2011 - 21:02

Dragan acquiesça pour toute réponse concernant Dyarque. Il ne pouvait pas dire s'il appréciait ou pas l'elfe, mais il avait proposé son nom comme Guide en toute connaissance de cause. Ses sentiments importaient peu dans l'état présent, seul comptait le fait qu'il était le plus à même de veiller sur le peuple éternel. Dragan et Vioron étaient trop jeunes et n'aspiraient certes pas à ce genre de fardeau. Il en était allé de même de Dolce. Et les Protectorats de la Quatrième Saison et d'Holimion n'étant pas encore pourvus en elfes pour les guider, la décision s'était prise sans eux. Non, Dyarque restait un bon choix, même s'il était intolérant vis à vis des humains. Voire méprisant. Mais pas haineux et c'était déjà ça.

Le sujet d'Anàrion et Illydril restait une plaie à vif pour le jeune elfe, plaie que Nakor se plaisait à raviver pour mieux la cicatriser, de façon un peu brutale. Dragan s'emporta quelque peu en rappelant au vieux mage comment ils étaient morts, lui qui avait assisté à l'annonce de leur enlèvement. Nakor n'avait pas tort en rappelant qu'il n'avait pas à se lamenter pour eux toute sa vie, qu'il devait continuer à vivre. Il sourit même quand le vieux fou parla de lui botter les fesses pour le remuer. Il avait raison, mais ce n'était pas facile de les laisser s'en aller ainsi. Leur souvenir était tout ce qui lui restait d'eux.

- "Vous pouvez vous permettre."

Le vieil homme parla des êtres chers qui veillaient sur les vivants depuis un autre monde, idée qui séduisait l'elfe. Il acquiesça de nouveau silencieusement quand le vieux mage l'incita à y croire si cela lui plaisait. Oui, à qui cela pouvait-il bien nuire? Un nouveau sourire dansa sur les lèvres du Seigneur Protecteur quand il flatta Nakor en parlant de génie et que celui-ci en joua. Et éclata de rire ensuite, retrouvant son sérieux pour jouer avec un écureuil, arrachant une nouvelle confidence à l'elfe, qui sembla surprendre le mage. Et qui trouva cela logique en même temps. Cette fois, l'elfe rit. Légèrement, mais c'était un rire tout de même, alors qu'il répliquait, malicieux :

- "Vous êtes un vieux fripon, savez-vous? Vous me parlez de symbole, mais vous ne développez pas, attendant que je vous pose la question... Alors dites-moi en quoi cela me correspond et ce que cela signifie, je suis curieux de l'entendre."

Laurëa était-elle un simple animal de compagnie? Non, cela lui semblait hérésie que de songer à elle ainsi. Elle était une compagne, elle le suivait partout. L'avait suivi partout, quand il avait parcouru la forêt, reléguant son rôle de Seigneur Protecteur pour préférer la liberté. Aujourd'hui, les choses étaient différentes et en terre humaine, elle n'avait pas sa place. Ils parlèrent de la réalité et des illusions, Dragan livrant sa vision des choses et Nakor abondant dans son sens, avant de terminer par une question qui fit soupirer l'elfe, conscient du piège. Un soupir plus amusé qu'agacé et il montra ses paumes en signe de rédition.

- "D'accord, d'accord, vous avez gagné. Je cesse de m'entêter. Et je suis fier de vous compter parmi mes amis Nakor."

Un sourire flotta de nouveau sur ses lèvres, avant qu'une idée ne s'implante dans son esprit et qu'il demande, soudain sérieux :

- "Pourquoi? Pourquoi avez-vous choisi de vivre au delà des espérances de vie de votre race?"

Question étrange, puisque venue sans que le sujet ne soit amené, mais elle trottait dans la tête de l'elfe depuis un moment déjà et il lui semblait important de la poser maintenant.

Dragan montrait qu'il pouvait sourire, s'ouvrir, réfléchir et commencer à prendre du recul sur la disparition de ses amis et de ses proches. Le vieillard, sans rien dire était plus que satisfait de cette rencontre. D'une parce qu'il avait fait plus ample connaissance avec le seigneur protecteur sympathique qu'était Dragan et aussi parce qu'il avait aidé un elfe à faire un début de deuil, à passer autre chose et ça n'était pas une mince affaire. Le vieux fou aimait servir à quelque chose, il aimait aider les gens et se sentir utile. Finir seul et oublié ne l'intéressait pas, et ce depuis un bon moment déjà. Il finit même par recevoir la permission de botter les fesses de l'elfe lorsqu'il serait mort et que celui ci pleurerait sa disparition. Le vieillard en fut satisfait et ajouta un simple

"C'est bien aimable à vous!"

Un petit sourire, une petite moue et Nakor passa à la suite. Au rire, au sérieux, aux propos d'après la mort, au génie, à l'écureuil et pour finir, Dragan se confia, précisa qu'il était depuis un bon moment accompagné d'une louve. Le grand elfe se mit même à rire. Nakor ouvrit de grands yeux et un sourire qui allait au moins d'une oreille à l'autre, si ce n'est le double ou le triple. Dragan parla alors avec malice et chaleur, insultant tendrement le vieux fou. Voilà bien une grande preuve d'affectation que celle ci! Le mage gardant son sourire d'enfant, prit la parole, en fermant l'œil gauche et en levant l'index droit, tout en l'agitant

"La louve Seigneur Dragan, la louve est le symbole de la maternité absolue. Oui de la maternité, c'est à dire de l'envie folle de protéger les gens qui nous sont chers. De cette caractéristique profonde qui consiste à se donner corps et âmes pour participer plus que pleinement au développement des gens qui nous sont proches. La louve, élève, nourrit à son sein, peu importe si elle manque de force, de nourriture, elle fait tout, prête à se sacrifier pour ses enfants. Elle n'hésite pas à mordre, à tuer, pour défendre ses enfants et elle va même plus loin! La louve sait où se trouve le bien de ses enfants, elle est capable de leur apprendre à leur tour à mordre et à tuer ... pas parce qu'elle aime voir ses enfants être mauvais ou faire le mal, mais parce qu'elle sait qu'un jour, elle n'aura plus la force de les protéger, alors elle les initie au côté sombre de leur nature. Elle espère de tout son cœur, qu'ils ne le développeront pas plus que nécessaire, mais enfin sûre que ses enfants sauront affronter le monde cruel dans lequel ils vivent, elle part un jour, le cœur plus léger en surface, mais lourd au fond ... oui, lourd parce qu'elle sait au combien il y a de chance que plus jamais elle ne les revoit!"

Nakor laissa un petit silence prendre la place entre eux puis il termina ainsi

"La louve ... un sacré symbole, qui traine sur son chemin, la souffrance et la douleur, tout cela, toujours emballé dans une grande quantité d'amour!"

Puis Nakor se remit à sourire d'un sourire gauche, presque mélancolique en pensant à toutes ces souffrances qu'une louve subissait, ou en tout cas à tout ce qu'elle était capable de subir, le cœur haut et la tête droite, sans jamais faiblir, tout simplement pour ceux qu'elle aimait. Ce moment passa et Nakor tenta de faire dire quelque chose à Dragan. Ce dernier, tout de même content de le dire, leva les mains en signe de reddition et avoua qu'il était fier d'avoir Nakor pour ami. Le vieil homme se mit à glousser, ouvrit les bras et dit simplement

"Haaaaaaaa enfin, vous voyez Dragan, peu de monde me résiste!"

Puis Nakor fit frapper ses mains l'une dans l'autre et rajouta

"Hooooo nondidiou de nondidiou ce que vous me faite plaisir!"

Puis il se mit à rire tranquillement, en sautillant presque sur place. Un vrai enfant à qui on venait de promettre un bonbon. Le sérieux revint sur le visage de Dragan et Nakor écouta la question avec attention. Il fronça alors les sourcils et marcha en s'aidant de son bâton, soudain paraissant plus vieux et beaucoup plus fatigué qu'il ne l'était. Il vint se placer aux côtés du seigneur protecteur et se lança

"Avez-vous une idée du nombre de significations que peut prendre votre question mon enfant? Et par conséquent du nombre gigantesque de réponse que je pourrai vous donner. Mais voici la réponse que j'ai envie de vous donner. Mon peuple est un peuple éphémère, qui n'est pas fait pour durer quand on le compare à la nature, au monde dans lequel nous vivons et grandissons. Un peuple qui ne développe que peu d'espoir, qui ne pense bien souvent qu'à lui même et son propre bien. C'est parce que nous savons que nous allons bientôt mourir que nous agissons ainsi, égocentrique et égocentré. Mais c'est une fois de plus faire une généralité! Je déteste cette idée qui consiste à ne penser qu'à soit même. Si ma mort pouvait rendre le monde meilleur, je n'hésiterai pas. Pas une seule seconde. J'ai foi en l'avenir, foi en une amélioration possible de la vie et des humains. Il m'a été donné la chance, par un incroyable concours de circonstance, de vivre plus que de raison. J'y ai peut-être perdu une partie de mon esprit en devenant fou, mais j'y ai aussi gagné la possibilité de voir un peu plus loin que le bout de mon nez. Je ne désespère pas de voir un jour notre monde plonger dans une paix durable. Et c'est justement parce que je n'ai pas encore vu ce monde dont je rêve, prendre vie, que je persiste, que j'espère pour tout un monde s'il le faut et que je déploie toute la force qu'il est nécessaire de déployer pour améliorer un peu le monde!"

Nakor se tut, en effet il avait développé une longue réponse, mais peut-être que Dragan ne parlait pas de cela au départ et qu'il parlait simplement de cette incroyable longévité dont Nakor jouissait. Le vieux fou se tut donc quelques instants et termina là dessus

"Cela parait puéril et présomptueux n'est-ce pas? Peu importe, tout ce qui compte pour moi, c'est de croire en mes propres convictions!"

Nakor attendit alors que Dragan lui réponde, lui donne son avis ou se taise simplement. Pour finir, Nakor leva alors la tête vers le ciel et il ajouta, de nouveau avec un sourire plein de malice et de friponnerie

"Le temps s'écoule bien vite quand on passe un moment agréable avec un ami Seigneur Dragan. Et malheureusement, mon poste de conseiller royale en magie m'oblige à certaines responsabilités ... des responsabilités qui vont m'obliger à vous quitter et à aller rendre une petite visite à cette princesse elfe qui est au palais puis à Dyarque lui même un peu plus tard! En tout cas, je suis content d'avoir put lier quelque chose avec vous et j'espère de tout cœur que vous l'aurez enfin compris : votre vie est un don précieux Dragan, alors ne la gâchez pas plus longtemps en pleurs. Gardez vos souvenirs, faite les vivre en vous, mais dans la joie, pas dans la tristesse et la douleur. Pensez un peu à la louve!"

Nakor glissa un clin d'œil à Dragan et attendit de voir comment le seigneur elfe allait le saluer, s'il avait encore des choses à dire ou non, s'il voulait encore développer certains points de vue, car Nakor pouvait bien attendre encore quelques minutes afin de s'assurer que la discussion était clause pour les deux protagonistes de cette histoire.

C'est avec intérêt que l'elfe écouta le vieux mage lui faire part de ce qu'il pensait de son lien avec une louve. Il ne put s'empêcher de sourire, mi amusé, mi incrédule, en l'entendant brosser un tel portrait de l'animal et en y associant l'elfe. Nul doute que le vieil homme pensait que c'était également un trait de caractère chez le Seigneur Protecteur. En était-ce un d'ailleurs? S'il y prenait le temps d'y réflechir deux minutes, il devait admettre qu'il avait un instinct de protection assez développé, bien que pas autant à outrance qu'une louve. D'ailleurs, il n'était pas très doué pour protéger ceux qu'il aimait... Il avait perdu sa soeur, Révérie, Anàrion, Illydril. Il avait failli perdre Serindë et n'avait pas abandonné son envie de la venger. Ils avaient acceuilli cette elfe et elle les avait trahi. Elle souffrirait mille morts s'il la retrouvait. Il se mettrait en route dés qu'il rentrerait de Diantra. Il avait abandonné ses enfants à ses sœurs. Pour leur bien, certes, mais cela ne l'empêchait pas de se sentir père indigne.

- "Sacré symbole en effet. Et pas forcément très joyeux..."

Subir pertes et souffrances encore et encore mais se laisser porter par l'amour qu'on éprouvait pour ses proches. Il n'était pas certain de supporter la comparaison, mais il ne contraria pas le vieil homme, se contentant de méditer ces paroles pleines de sagesse. Et c'est avec un sourire qu'il consentit à nommer le vieux mage ami, ce qui eut le don de ravir Nakor qui le montra de façon ostensible, sous le regard amusé de l'elfe. Regad amusé teinté d'indulgence, comme un parent avec un enfant turbulent, alors que ce drôle d'humain était plus âgé que lui. Pourtant, sa façon de raisonner était loin d'être celle d'un elfe, malgré ses six siècles. L'elfe calma d'ailleurs le vieil homme d'un simple question et il hocha gravement la tête à celle du magicien :

- "J'en ai conscience."

Et il savait que le magicien répondrait à la signification qu'il désirait. Il l'écouta avec attention, avant de simplement esquisser un petit sourire et d'acquiescer.

- "Je comprends."

Sa tâche sur terre n'était pas achevée et il ne pouvait trouver le repos tant qu'il n'aurait pas assisté à ce qu'il désirait tant voir. Il lui faudrait encore vivre bien longtemps dans ce cas et ses ressources étaient-elles seulement assez grandes pour cela? il restait une énigme, un mystère. Que l'elfe ne cherchait pas à percer. Chacun ses secrets et le vieillard n'était pas un nuisible, même s'il semblait avoir prit Elya en grippe. Elya et Dyarque. Parce qu'ils s'immisçaient dans la vie du roi, le protégé du vieil homme. L'entretien touchait à sa fin et l'elfe inclina gracieusement la tête pour saluer le vieux mage.

- "Elya n'est pas votre ennemie, ni celle de votre roi Nakor. Je peux vous le garantir."

Il sentait la défiance dans les propos du Conseiller et il craignait déjà la rencontre entre la princesse elfe et le vieil excentrique. Il renonça pourtant à en dire davantage et se contenta simplement de le remercier :

- "Merci pour cette discussion Nakor, elle risque de me tenir éveillé bien des heures au creux de la nuit, tant il y a matière à y réflechir."

Cet échange de point de vue était terminé, mais comme il l'avait dit, Dragan n'était pas prêt d'oublier. Il abandonna le Mage à ses devoirs et retourna à ses propres préoccupations.

[Terminé! A bientôt vieille branche :p]

Dragan écouta avec attention, et il sembla même plonger dans une sorte d'introspection pendant que Nakor décrivait avec précision le symbole de la louve dans le monde des hommes et des sages. L'elfe prit le temps de digérer ces informations et émit une hypothèse. Le vieil homme hocha douloureusement la tête en terminant là-dessus

"Tout comme l'est la vie mon cher!"

Ils continuèrent à échanger et à parler de tout et de rien en plongeant au plus profond des sujets qu'ils abordaient, vu d'un point de vu humain puis elfique. Nakor avait grandement apprécié cette discussion, car voilà bien longtemps qu'il n'avait put tenir de tels propos et surtout à un tel niveau de réflexion. Le seigneur Dragan avait évolué durant cette séance, il avait prit conscience de l'importance de la vie, de sa vie plus précisément et cela rendait Nakor le cœur gonflait de fierté. Pas de fierté mal placé, non, plutôt fier de cet elfe, qui, au début de cette discussion était presque prêt à ne plus avoir aucun gout pour rien et qui maintenant réfléchissait au sens profond de la vie, le sourire aux lèvres. Il promit à Nakor une chose étrange, et le mage compléta à la suite de fringuant elfe qui se tenait devant lui

"Je vous fais confiance Dragan, mais il n'est nul besoin d'être un ennemi pour causer un quelconque tord!"

Nakor glissa un clin d'œil et inclina la tête comme pour saluer, sur ces mystérieuses paroles, le seigneur elfe. Pour se dire au revoir, Dragan remercia même le vieux mage de lui avoir donné tant de matière à réflexion, lui promettant ainsi quelques nuits blanches. Dans un petit rire et tout en se retournant pour se diriger vers la salle du trône, Nakor lâcha en direction de Dragan sans même le regarder

"Non mon ami, c'est moi qui vous remercie ... vous venez de me prouver que je ne suis pas encore bon à mettre au placard! Et au cas où vous passeriez trop de temps sans dormir, souvenez-vous plutôt de ceci!"

Nakor se retourna, les deux mains proches du visage, le pouce de la main gauche sur le nez, la main complètement déployé et le pouce de la main droite sur l'auriculaire de la main gauche, elle aussi totalement déployée. Il se mit à agiter ses petits doigts gourds tout en tirant la langue. Puis bien évidemment, il explosa de rire avant de partir en courant, son rire résonnant dans les murs du palais et laissant ainsi à Dragan une image capable de le détourner de pensées trop sombres afin qu'il puisse tout de même trouver le sommeil! Pauvre Dragan, à moins qu'il ne vaille mieux dire pauvre vieux fou.

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