Une rencontre dans la forêt

Pendant des jours, le Voile avait obscurci le ciel, et on aurait dit que quelqu'un avait mis en pause toute forme de vie dans la forêt. J'avais moi-même craint ne jamais entendre de nouveau le chant des oiseaux, ou le bruissement du vent dans les feuilles des arbres millénaires. J'avais à peine osé sortir de chez moi durant cette sombre période.
Mais depuis quelques jours, le Voile s'était levé et le soleil brillait de nouveau haut dans le ciel. Les oiseaux s'étaient remis à chanter, les arbres arboraient de nouveau des feuilles d'un vert éclatant, et toute vie semblait avoir repris son cours.
Après avoir réglé quelques affaires au château, j'avais décidé de sortir prendre un peu l'air. Le chef de ma garde avait décidé de m'accompagner, invoquant comme prétexte les Drows encore non loin des frontières elfiques, mais j'avais réussi à sortir en cachette. Oui, même la Dame Protectrice du Duché était obligée de sortir en cachette, telle une enfant que je n'étais pourtant plus...

Je partis en direction de la partie de la forêt où se trouvaient les arbres millénaires, dans le but de me ressourcer auprès d'eux.
D'un pas assuré, je parcourus le chemin en moins d'une demi-heure, connaissant la route par coeur. J'aurais pu y aller les yeux fermés, si je l'avais souhaité, mais à quoi bon priver mes yeux de la magie de la forêt et du spectacle des fleurs écloses et des insectes volant autour ?

J'arrivais enfin dans la partie de la forêt où étaient enracinés les arbres que je cherchais, et quelle ne fut pas ma surprise d'entendre derrière moi des bruits de pas qui approchaient...
Je décidai de ne pas me cacher, après tout j'étais sur mon territoire, et j'étais persuadée que ce ne pouvait être un Drow, il aurait été plus discret...

J'attendis donc l'arrivant tout en cueillant quelques fleurs pour les rapporter au château.

Les terres elfiques ... Quelles magnifiques étendues de vert, de vert, et encore de vert. Bien entendu, la coutume là-bas et de manger du vert, principalement de s'habiller en vert, et d'autres choses qui se rapprochent de près ou de loin à cette couleur. Une autre des coutumes, même si, dans un sens, les pauvres n'y étaient pas pour grand chose, était de posséder de longues oreilles bien pointues. Aaron n'avait rencontré que très peu d'elfes dans sa vie. A vrai dire, ceux-ci se comptaient sur les doigts d'une seule main, à laquelle il manquait deux doigts. Donc, si vous n'êtes pas mauvais en calcul, et que, vous avez le même genre de main que moi, trois elfes. Deux dans la troupe à laquelle il avait appartenu et, un qu'il combattit, au détour d'un chemin. L'artiste apprit par la suite, que l'elfe en question était un drow, ce qui lui fit comprendre pourquoi il ne portait pas de vert, et disposait d'une couleur de peau si étrange.
Peut être trouverez-vous ce jeune homme inculte, mais, sachez que, jusqu'à ces vingt ans, le sorcier vécu avec son maître isolé de tout, et n'apprit jamais que plusieurs races humanoïdes existaient. En y repensant, parmi les nombreuses personnes qui vinrent défier son maître qui était reconnu comme un grand combattant, il y avait des silhouettes étranges, comme des gens ridiculement petit, avec des poils qui recouvraient la hauteur entière de la personne, et qui étaient énormément baraqués. il y avait des autres bien plus grand que n'importe quel humain, et bien plus large aussi. Il y avait aussi des gens plus mince, mais, de là à discerner un elfe d'un humain, c'était très dur. De ce fait, peut être que plus de trois elfes furent vu par Aaron.

Mais, que fais t-il là ? Peut être vous demanderez vous. Et bien, la réponse est très simple, après avoir perdu de vue la belle et douce Elvira, qui était sa compagne de voyage, le jeune homme s'était tout simplement perdu. La logique imposait de trouver le premier village, puis de commencer des recherches après avoir loué une chambre. Cependant, les grandes forêts, niveau auberge, et ville, c'était plutôt tranquille hein. Fin, après, y'en avait sûrement dans les arbres, mais, ce n'était pas trop dans les habitudes du borgne que de grimper aux arbres, d'autant plus que ... Il avait le vertige.
Enfin passons.

Le jeune homme avait entendu parler de ce lieu par des membres de sa troupe. Comme quoi le duché de la Quatrième saison était un endroit magnifique, qui donnait l'inspiration à beaucoup. C'était d'ailleurs en quelques sortes un des buts de leur venue dans le coin. Donc, retrouver Elvira ne devrait pas être une tâche si difficile. L'orphelin était un artiste pour plusieurs raisons. Premièrement, sa spécialité était l'utilisation de bolas, une paire de chaîne auxquelles étaient solidement fixées deux têtes sphérique en métal. Le principe est donc de les faire tournoyer en faisant des figures, ceci accouplé, à sa magie du feu donnait un spectacle pyrotechnique envoûtant. Ensuite, dans la troupe dans laquelle le jeune homme resta assez longtemps, il apprit à jouer du Luth et de la guitare, ce qui faisait aussi de lui un artiste musical, même s'il chantait encore assez mal. Enfin, si l'on peut considérer ça comme un art, c'était sa façon de combattre mains nues, qui lui inculqua son maître, discipline qu'il nommait art martial. Enfin, ceci est aux goûts de chacun.

C'est donc pour toute ses raisons que le borgne s'était retrouvé seul - enfin, pas tout à fait puisque Bugle, son écureuil l'accompagnait, niché sur son épaule à contempler l'immensité de la forêt, qui représentait un immense terrain de jeu pour l'animal - dans cette forêt. Les chaînes de ses bolas pendait au niveau de ses fesses, bien que partiellement cachées par son long manteau brodé de motifs verts, celles-ci étaient visibles si le jeune homme était face à vous. Aaron, tout en marchant, parlait à Bugle qui, lui répondait plus ou moins, enfin, ou plutôt se faisait comprendre par des gestes, ou divers sons. Peut être trouverez vous cela étrange, mais, en échange de sa couardise, l'animal s'était vu affublé d'une grande intelligence, du point de vue de son maître, qui avait réussi à le dresser pour ramasser la monnaie pendant leur spectacles urbains, et ça, d'après lui, pas n'importe lequel des écureuils pourrait le faire. C'est sûr qu'à parler comme ça en marchant dans la forêt complètement perdu, pouvait sembler un acte d'idiotie, et le genre de personne qui allait se faire attaquer, mais, le jeune homme avait toujours entendu que les elfes était un peuple - potentiellement - pacifique, et que, en théorie, il risquait pas grand chose.

Après de longues heures de marches, les deux compagnons finirent par arriver dans un endroit étrange, où de nombreux arbres vieux comme le monde étaient rassemblés, "sans doute un lieu de culte elfique ou un truc comme ça" se dit l'artiste plus ou moins blasé, qui se foutait plus ou moins de ça. A vrai dire, il avait repéré un bon gros chêne non loin de là. Enfin, disons plutôt que Bugle l'avait repéré et lui avait fait comprendre en lui mordillant l'oreille avant de regarder dans la direction du trésor d'un air rêveur. Il en aurait presque bavé. Le saltimbanque comprit qu'il avait sans doute faim, cela faisait pratiquement un jour qu'aucun des deux n'avaient mangés. Il se dirigea donc vers l'arbre en question, trop concentré sur sa cible pour voir l'elfe qui cueillait non loin de là. Très jolie d'ailleurs, mais cela ne l'aurait pas aidé à se faire remarquer de la part de l'humain, qui ne s'était jamais trop intéressé aux femmes. N'allez pas pensez qu'il soit gay ou ce genre de choses, disons plutôt que ... On ne lui avait jamais rien trop expliqué, et puis, la première fois qu'il vit une femme il avait plus de vingt-deux ans. Même s'il aime contempler la beauté d'une femme - N'y voyez rien de pervers comme par exemple l'arrêt sur les formes, voyez plutôt la contemplation des traits de visages - cela ne lui cause pas les mêmes réactions qu'à un homme ordinaire.

Tout en s'approchant de l'arbre, le jeune homme enfila des gants en cuir cloutés, qui protégeaient énormément bien le poing lors de l'impact. Une fois devant l'arbre, il salua celui-ci en s'inclinant après avoir joint les mains, en le remerciant de la nourriture qu'il allait procurer à son compagnon tout en poils. Une fois de plus le geste était étrange, mais son maître lui avait apprit le respect de toutes choses, qu'elles soient humaines ou non, matérielle ou végétale, et tout le reste. L'artiste martial se mit finalement dans une pose de combat, aux 2/3 de profil avant de se concentrer, inspirer lourdement avant de déclencher un coup de poing fulgurant, qui fut le résultat d'une rotation du pied, du bassin, des épaules et du bras lui même. Suite à ce choc retentissant, quelques glands tombèrent au sol, et l'arbre ne fut pas un brin abîmé suite au coup, l'écorce était intacte. Le jeune homme se baissa pour ramasser la nourriture tant convoitée par son animal pour lui tendre un gland, et ranger les autres dans sa poche pour plus tard. Bugle le remercia par un frottement affectueux joue à joue, avant de commencer l'attaque de l'aliment. Tout joyeux, l'humain se retourna avant de voir - enfin - l'elfe qui regardait dans sa direction . Ce qui causa une mini-peur au borgne, laissant s'échapper un petit "Ah !". Il tenta ensuite de s'expliquer, sachant très bien que les elfes étaient les grands protecteurs de la forêt.

"Je heu ... J'ai ... J'ai rien fait de mal, le ... L'arbre est pas abîmé, je ... Devais nourrir mon compagnon, cela fait plus d'une journée que son ventre crie famine, ne ... Ne prenez pas mal ce geste s'il vous plaît. Je .. J'ai une preuve que je ne veux aucun mal à cette forêt ... Regardez ce que je suis capable de faire."

Aaron enleva ses deux gants qu'il rangea dans sa poche arrière, avant de joindre ses deux mains pour souffler à l'intérieur. Une fois les deux mains décollées, une flamme était présente dans chacune des deux, flammes qui disparurent bien vite des mains du jeune homme, qui retapa ses deux mains l'une contre l'autre. L'artiste reprit la parole, avec un peu plus d'assurance cette fois-ci, avançant vers la demoiselle tout en prenant son animal de compagnie dans sa main.

"L'on m'a dit que certains elfes pouvaient communiquer avec les animaux, je ... Vous pouvez lui demander. Allez Bugle, dis bonjour à la dame."

Sur ces mots, l'animal cessa de grignoter pour regarder quelques instants la sublime représentante de la race des bois, avant de lâcher le gland dans la main de son maître pour incliner sa tête dans un petit son très mignon. Suite à cela, il reprit son dû avant de reprendre sa place sur l'épaule de son maître, qui, de son côté le félicita d'une petite caresse sur le sommet du crâne. Le borgne reprit une dernière fois la parole.

"Cependant, faites attention à ne pas l'effrayer. Il est ... Énormément peureux, et, étrangement, lorsqu'il a peur, et qu'une femme est près de l'endroit où il se trouve, il aime se réfugier dans le décolleté de celle-ci. Je ... N'ai jamais compris pourquoi."

Aaron afficha un grand sourire à son interlocutrice, sourire légèrement crispé, en fait, il avait tout de même peur de ce qu'il pouvait se passer. Il était en territoire elfe, et avait frappé un arbre, même si c'était pour la bonne cause. Une des rares choses qu'il savait des elfes était leurs aptitudes martiales reconnues, que ce soit à l'épée ou à l'arc. En même temps, certains vivent de nombreux siècles, il y a de quoi devenir très bon. Enfin, ce dont il avait le plus peur, était la magie que certains possédaient, et la jeune femme en face, au vu de ses habits n'étaient pas une combattante, mais peut être une mage, voire une druide, et, un druide dans ce genre d'environnement, est complètement à son aise, ainsi, le combat serait gagné avant même qu'il commence.

Avant de cueillir les fleurs, aussi sacrées aux yeux de mon peuple que les arbres millénaires, je priai Dame Nature de pardonner mon geste. J'adorais le parfum des fleurs, et je savais que dans un vase elles étaient bien plus périssables que dans leur habitat naturel. J'avais cependant chez moi, dans une petite fiole, un précieux liquide de m fabrication qui permettait de garder les fleurs en vie plus longtemps.
Alors que je terminais ma cueillette, j'aperçus, du coin de l'oeil, celui dont j'avais entendu les pas. Il s'agissait d'un humain. Il n'était pas aussi grand qu'un elfe et un peu plus trapu. Je me dis que pour sa race, il devait être un asse joli garçon, mais il n'était pas vraiment mon type. Trop... Humain. N'y voyez aucune trace de racisme, au contraire j'appréciais la compagnie des humains. Mais je n'avais jamais été physiquement attirée par eux.
Enfin, là n'était pas le débat.

Je me remettais à ma cueillette lorsque j'entendis un grand bruit. Aux aguets, je me retournai vivement vers l'inconnu. Je compris avec horreur qu'il venait de frapper l'arbre. Choquée par ce geste, je m'approchai de lui pour le réprimander. Après tout, j'étais la maîtresse des lieux et je me devais de protéger ces terres et tout ce qui y vivait, elfique, animal et végétal. A ma tête, il dû comprendre qu'il avait fait une bêtise de taille et se confondit en mille excuses.

En silence, je m'approchai de l'arbre, en fis le tour avec lenteur, m'assurant qu'il était véritablement intact.
Alors que je revenais vers lui, il me montra ses talents magiques. Pourquoi faisait-il cela ? Je ne lui avais pourtant rien demandé...
L'humain m'assura qu'il avait bien traité l'arbre, et qu'il avait frappé celui-ci dans l'unique but de faire tomber de quoi nourrir son petit compagnon. Je me retournai alors vers lui au moment où il me montrait ce dernier. Il s'agissait d'un charmant petit écureuil, visiblement très bien élevé, qui me salua avant de remonter vivement sur l'épaule de son maître pour y grignoter tranquillement son dû. Je ne pus retenir un sourire, ma colère contre l'humain s'évanouissant comme neige au soleil.

"Qu'il est mignon !" lançai-je, approchant ma main du mammifère alors que son maître me demandait de ne pas l'effrayer.

L'écureuil, loin d'être inquiété par mon odeur, renifla mes doigts quelques secondes avant de pousser un couinement de contentement et de retourner à son gland. On dit que les elfes communiquent avec les animaux. Ce n'est pas entièrement vrai. S'il existe quelques elfes capables de véritablement converser avec eux, la plupart des gens de ma race ont plus simplement un... Bon feeling avec eux. Et en ce qui me concernait, je n'avais jamais parlé au sens littéral avec un animal. Ils m'aimaient bien, c'était tout.

Je reportai mon regard sur le jeune homme, qui me souriait maintenant. Je lui rendis son sourire avant de prendre la parole.

"Ça ira pour cette fois, mais dorénavant, si votre écureuil ou vous désirez manger, comptez plutôt sur l'hospitalité de mon peuple plutôt que de recommencer ce que vous venez de faire..."

Je lui tendis ma main libre - souvenez-vous que je tenais toujours mes fleurs dans l'autre - tout en me présentant.

"Mon nom est Myria Elthiryn. Et vous êtes... ?"

J'avais délibérément omis de lui dire que j'étais la Protectrice des Terres de la Quatrième Saison. Après tout, il ne semblait guère être une personne à s'embarrasser avec le protocole. Et puis, il était bon de rester simple, nous étions à mes yeux égaux, même s'il ressemblait plus à un artiste des rues qu'à un noble en visite de courtoisie.

"Que faites-vous donc par ici ? Vous êtes bien loin des terres humaines..." ajoutai-je, histoire d'engager la conversation.

La demoiselle, suite au bruit que provoqua la rencontre du poing de l'artiste et de l'écorce, et surtout après les excuses, ridicules, de l'accusé, fit un constat de l'accident, en faisant tout simplement un tour de l'arbre en question, avec sur le visage, ce qu'Aaron prenait pour un air inquiet, ce qui l'inquiéta lui aussi à vrai dire. Il n'aimait pas spécialement se savoir dans un environnement potentiellement hostile, mais, par chance, l'écureuil calma ce qu'Aaron prenait pour de la tension.

Alors que, pour le bien de ses explications, le jeune homme avait montré son compagnon, qui salua comme on lui avait apprit inconnue d'une race différente, celle-ci afficha un large sourire, faisant tout à coup disparaître toute trace de colère de son visage, ce qui rassura grandement le borgne, heureux de savoir qu'il prendrait au moins un dernier repas avant de rejoindre son maître dans l'au-delà. L'elfe tendit même la main vers le dénommé Bugle, qui, étonnamment, reniffla les doigts de l'être des bois avant de pousser une sorte de couinement, semblable à du contentement. Sans doutes que tout ce que l'on disait sur les elfes était bien réel. Bien qu'aucun mot ne fut prononcé, peut être qu'ils parlaient par la pensée ou quelque chose du genre. L'artiste n'y connaissait rien, il ne pouvait donc que supposer. Il finit cependant par prendre la parole.

"C'est étrange, il est très craintif des inconnus. Enfin, je n'ai jamais croisé d'elfes, peut être dégagez vous une odeur corporelle qui le rassure, et puis ... Je ne sais pas beaucoup, il aime bien les femmes, allez savoir. Enfin, même les femmes humaines, il lui faut généralement un temps d'adaptation. 'Faut dire, quand je l'ai recueillit, il était en train de se faire maltraiter par des gamins, mais bon, j'pense qu'il a une vie agréable maintenant, du moins, j'fais tout ce que je peux."

Le -plus ou moins- sorcier afficha un doux sourire sur ces mots, caressant de son index le sommet du crâne de son compagnon animal, ne voulant pas le déranger dans son repas longtemps attendu. Puis, l'animal semblait si heureux de pouvoir manger, que son maître ne permettrait nullement de le déranger pendant son repas. Lorsqu'il renifla les doigts de l'elfe, cela était différent bien entendu, puisque, c'était son choix personnel que d'arrêter quelques instants de grignoter pour s'intéresser à la main qui se montrait devant lui.
La fille des bois finit par porter son regard dans celui de l'artiste afin de lui rendre son sourire et lui dire quelques mots qui rassurèrent grandement l'homme perdu. Disant que ça allait pour cette fois, et que si, à l'avenir ils voulaient manger, il fallait plutôt compter sur l'hospitalité des elfes plutôt que de recommencer une telle chose. Le voyageur afficha une mine quelque peu triste.

"Je ... J'aimerai bien, cependant, je, enfin nous, n'avons pas de quoi payer pour nous nourrir, je sais pas comment ça marche chez vous, mais, chez moi, ne pas avoir un sou, signifie mourir de faim. Et, la forêt regorge de plantes, fruits en tout genre qui peuvent nourrir. Bien entendu, je ne me permettrai pas de chasser sur vos terres, je suppose que cela serait le pire des affronts. Mais, comme vous l'avez vu, je suis capable de récupérer des fruits sans causer le moindre dégât à l'arbre qui nous offrira de quoi nous restaurer. Vous savez, j'ai, durant de très longues années appris un art martial se basant sur le combat sans armes, ce genre de choses et la plus basique des attaques, soyez sûr qu'avec ce mouvement, je n'abîmerai jamais rien. Enfin, le petit a suffisamment souffert, je ne peux pas lui laisser son ventre crier famine, même si malheureusement, je dois me prendre une flèche ou un coup d'épée, et vous m'en verrez désolé."

Il s'inclina légèrement sur la fin, faisant attention que l'équilibre de Bugle ne soit nullement perturbé, mais celui-ci avait finalement trouvé refuge sur le haut de la tête de son maître, changeant rapidement de lieu selon l'inclinaison de celle-ci.
Cela fait, la demoiselle lui tendit la main pour se présenter sous le nom de Myria Elthiryn, lui demandant par la même occasion son nom. Le jeune homme avait enfin un nom à placer sur ce visage, même s'il n'était pas sûr de le retenir. Celui-ci se baissa en prenant avec douceur la main qui lui étai tendue, alors que, de son côté, Bugle recula en ne quittant pas son gland, une fois la main prise, et le visage à portée, le jeune humain la baisa, nous parlons toujours de la main, pour ceux ayant l'esprit mal tourné, suite à quoi, il prit la parole.

"Enchanté de faire votre connaissance Dame Myria, j'espère que vous me pardonnerez si je venais à oublier votre nom entier, je n'ai pas l'habitude des consonances elfiques. Je me nomme Aaron, Aaron Longhurst, certains m'ont surnommés Doigts de Poussières, mais, c'est un peu long lorsque l'on n'est pas "sur scène."

Il se redressa doucement pour que son écureuil retrouve une stabilité suffisante, tout en souriant et en lui grattouillant le haut du crâne. Myria finit par lui demander ce que tout deux faisaient ici, aussi loin des terres humaines. Le combattant prit quelques instants pour se caresser la cicatrice laissée sur sa joue, pour réfléchir à comment formuler au mieux la réponse.

"Et bien ... A la base, moi, Bugle, et Elvira, ma compagne de voyage, venions pour le duché des quatre saisons, on dit que c'est un endroit magnifique, et dont, les artistes viennent quelques fois pour trouver l'inspiration. Nous sommes une petite trouve d'artistes de rues, elle, est danseuse, moi, je joue d'un instrument, mais ... Mon art principal relève du pyrotechnique, donc je ne vous ferai pas une démonstration. Cependant, suite à une attaque de brigands, nous avons été séparés, mais, la logique voudrait que l'on se retrouve au duché en question, de l'endroit où les bardes vont puiser leur inspiration."

Aaron lui sourit de nouveau, espérant ne pas s'être trop embrouillé en expliquant.

Il sembla étonné que son petit compagnon ne soit pas effrayé par mon approche. C'était normal, les elfes et la nature dans son ensemble ne formaient qu'un tout, et même les animaux le sentaient.
Il me raconta dans quelles conditions il avait trouvé Bugle, et je fus peinée de savoir qu'il avait été battu par le passé, mais contente que le jeune humain l'ait recueilli.

Lorsque je lui parlai de l'hospitalité elfique, il me dit ne pas avoir un sou, et donc ne pouvoir payer. Il ajouta que chez les humains, ne pas avoir d'argent signifiait bien souvent la diète forcée. J'ouvrai grand mes yeux sous la surprise. Je n'étais guère sortie de mes Terres, excepté dans ma jeunesse pour mes études à l'Académie, mais je n'avais jamais eu l'occasion d'aller chez les humains. Aussi, la surprise sur mon visage n'était pas simulée.

"Ici, il faut bien sûr de l'argent également. Mais si vous êtes vraiment dans le besoin, même sans le sou, n'importe quelle porte vous sera ouverte, surtout si vous avez un animal à nourrir..."

Bon, bien sûr, certains elfes ne risqueraient pas de lui tendre la main, il faut de tout pour faire un monde, mais la plupart des miens étaient serviable et altruistes.
Lorsque je me présentai, il se baissa habilement sans faire tomber son compagnon de son épaule - à dire vrai je souris même en le voyant s'installer sur la tête de celui qui se présenta à moi sous le nom d'Aaron Longhurst - et me baisa la main dans un geste élégant.

"Je suis enchantée, Monsieur Longhurst, de faire votre connaissance ainsi que celle de Bugle."

Je ris doucement, puis il me raconta la raison de sa venue ici. Ainsi il voyageait avec une autre personne ? Je secouai la tête lorsqu'il évoqua une attaque de brigands. Le Mal était partout, hélas... J'espérai que sa compagne de voyage était saine et sauve.

"Je comprends. Mais avant tout, vous devez vous restaurer vous aussi. Je vous offre mon hospitalité, au moins le temps d'un repas et d'un bon bain chaud, vous devez avoir envie de vous détendre un peu après ces évènements. Ma demeure vous est ouverte, à vous ainsi qu'à Bugle."

Je souris de nouveau, espérant qu'il accepte ma proposition. Après tout il devait lui aussi mourir de faim, et je ne pouvais le laisser se contenter des quelques fruits qui poussaient dans cette forêt...

"Ensuite, si vous le désirez, nous irons ensemble chercher votre amie dans le Duché. De toute façon je n'ai rien de particulier à faire aujourd'hui..."

Je lui lançai un clin d'oeil, l'invitant à me suivre jusqu'à mon domicile.

En tant qu'elfe, la dénommée Myria, ne put qu'être peinée à l'écoute de la courte histoire sur la rencontre du maître et de l'animal. Après tout, n'importe quelle âme que l'on pourrait décrire comme "bonne", serait plus ou moins touché par cette histoire, si l'on est un elfe, il faut supposer que l'impact n'en est que plus grand, ce qui est normal. Eux ne font qu'un avec la nature, et si, un simple impact sur un arbre suffisait à s'attiser les foudres des oreilles pointues, je n'ose imaginer ce qu'il se passerait si l'on venait à nous surprendre en train de maltraiter un animal, d'autant plus s'il est si petit, et tant sans défenses que Bugle. En réponse à la tristesse affichée sur doux visage elfique, le borgne sourit avec tendresse avant de prononcer quelques mots.

"Allez, allez, une telle mine ne vous sied guère, souriez plutôt. Malgré cet évènement, comme je vous l'ai dit, je pense qu'il est heureux. Puis, je dois vous avouer que la couardise est un de ses principaux traits de personnalité est qu'il est un grand poltron. De ce fait, si je ne l'avais pas recueilli, j'ai bien peur qu'il n'aurait pas vécu bien vieux. Donc, puis je avoir un sourire maintenant ?"

Il la regardait d'un œil amusé, en souriant à son tour, espérant que celui-ci soit contagieux. Aaron était un artiste de rue, un marchand de joie et d'émerveillement, il avait l'habitude de voir des gens sourire, ou encore rester bouche bée devant ses actions, et ... Voir quelqu'un avec une telle mine après quelques mots, ne lui convenait pas du tout. Après tout, il était aussi quelqu'un de fondamentalement bon, et voir quelqu'un afficher de la peine sur son visage, le déplaisait, même s'il n'y était pour rien. D'autant plus quand cette tristesse venait entacher la beauté féminine.

Lorsque le borgne lui parla du fait d'être sans le sous, et avoir pour habitude de ne rien recevoir gratuitement dans le monde des humains, la demoiselle qui avait sans doute au moins l'âge d'être son arrière, arrière, arrière, arrière grand mère, fut quelque peu surprise par ses propos. peut être était elle comme lui ? Peut être n'avait elle jamais quittée les ses terres tribales. Malgré cet étonnement non dissimulé, l'elfe finit par parler. Disant que, comme de partout, ici, ça marchait aussi avec de l'argent, mais que s'il venait à être vraiment dans le besoin, il y aurait tout le temps une porte d'ouverte pour lui offrir de quoi se nourrir, d'autant plus s'il avait un animal à nourrir. De son côté, le saltimbanque prit une mine quelque peu gênée.

"Je ... J'apprécie l'hospitalité de votre peuple, mais ... Je ne peux décemment pas aller taper à diverses portes afin de chercher de la nourriture si je n'ai rien à offrir. Je vais vous avouer quelque chose. Comme je l'ai dit, je suis un artiste de rue, si je n'ai pas d'argent c'est entièrement ma faute, mon art n'est pas suffisant, et il ne donne pas envie aux passants de donner quoi que se soit."

Quelques instants plus tard, quand le jeune homme parla d'Elvira qui avait été séparée du reste du groupe - car oui deux personnes, cela reste tout de même un groupe- dame Myria lui proposa d'aller se restaurer chez elle, et de prendre un bon bain chaud ... Ah ... Un bain, cela devait faire bien trois semaines que l'artiste martial n'en avait prit, il faut avouer que cela lui ferait un bien fou. Elle rajouta qu'il avait sans doute besoin de se reposer et de se détendre après tout ses évènements, enfin, l'elfe rajouta que sa porte était ouverte à lui et son écureuil. Écureuil qui, tout en mangeant, releva la tête à l'entente de son nom, et de tout le reste pour lancer un couinement qui pouvait être prit pour joyeux. Aaron remarqua que celle qui avait les fleurs en main souriait, chose qui lui allait parfaitement. Le jeune homme le lui rendit, mais avant qu'il ne puisse répondre à cela, la si gentille elfe, lui proposa de l'aider ensuite à chercher sa compagne de voyage, prétextant qu'elle n'avait rien à faire en ce jour. Finissant sur un clin d'œil qui fit rougir le combattant. En fait, pour lui, ce genre de choses voulait dire qu'il lui plaisait, ou quelque chose qui allait dans ce sens, alors que, pas du tout. Celui-ci finit par se gratter la tête d'un air gêné et idiot avant de répondre à la proposition qui lui était faite.

"Et bien ... Comment formuler ça. Surtout ne le prenez pas mal, mais, je me dois de décliner votre offre. Je ne peux décemment pas me nourrir et encore moins prendre un bain tant que je ne sais pas ce qu'il en est d'Elvira. Vous savez, je peux jeûner pendant une semaine,. Pour Bugle, c'est différent, il ne comprend pas tout cela, puis Elvira est avec nous que depuis peu de temps, si l'on venait à accepter votre offre, et que je venais à ne pas manger, il ne mangerait pas aussi. Un gland c'est différent bien sûr. Enfin, je m'embrouille. Sachez cependant, qu'il est tout autant déterminé que moi à la retrouver, il l'adore, n'est-ce pas ?"

Il tendit un doigt à son compagnon animal, qui, suite à cette phrase jeta le gland au sol, et eut une sorte de couinement vaillant, en ayant une flamme dans les yeux. Bien entendu, tout ceci est imagé. Le borgne reprit alors ses paroles.

"Pour ce qui est de la recherche, je ne veux abuser de votre gentillesse, vous en faite énormément, il vous suffira de me dire où se situe ce fameux endroit où de nombreux bardes et peintres viennent se ressourcer pour trouver l'inspiration. La logique voudrait qu'Elvira se dirige là-bas elle aussi, je l'attendrait."

Il sourit avec attention à celle qui se proposait pour être son hôte, espérant qu'elle ne prendrait pas mal ce refus.

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