Le mercenaire, le guerrier et l'archère. (Casoair et Unyril)

Enfin libre !!! Glinaina était heureuse de pouvoir enfin partir de cette maison de soins et de ses fastidieuses odeurs d'herbes ! Normalement elle aurait pu partir quelques jours plutôt, mais se sentant encore de santé fragile, elle avait préféré suivre le conseil du médecin qui s'occupait de son cas : rester encore quelques jours. Et puis, il fallait dire, sa charmante voisine de chambre était rentrée chez elle ! Donc tout s'était déroulé pour le mieux !

La jeune elfe remonta la longue rue menant chez l'armurier, où elle avait commandé un nouvel équipement. Le nouveau ressemblait beaucoup à l'ancien, ce qui avait failli ne pas être le cas, mais lui avait coûté comment dire... Toutes ses économies ? Bref, il ne lui restait pratiquement pas d'argent. Heureusement qu'elle partait pour aller travailler ! Arrivée à la boutique, elle retrouva la bonne humeur du chef de ce lieu, qui lui présenta rapidement sa commande. Elle enfila l'armure pour être sûre qu'elle lui allait et fut surprise de constater qu'elle lui allait comme un gant ! Décidément, elle allait de surprise en surprise ces temps-ci : la voisine, l'équipement, le soleil qui était revenu la veille (oh, elle avait failli l'oublier celui-là !)... Bref, que de bonnes choses !

Elle gratifia l'elfe aux cheveux bruns du regard et approuva une fois de plus sa gentillesse (et son habileté). Malheureusement, depuis l'épreuve qu'elle avait passé avec Iozynn, il y a de cela une semaine, elle n'arrivait plus à exprimer ses émotions comme avant, surtout la joie. Elle était devenue plus secrète, réservée. Plus sérieuse aussi. Mais au moins cette histoire de souvenirs endiablés était totalement résolue (à moins que quelqu'un ait la mauvaise idée de la remettre sur le tapis) et elle se sentait désormais nettement mieux ! Comment pourrait-elle rendre la pareille à son ami d'enfance ? Soupira-t-elle intérieurement.
Il en fut de même avec les armes. Ils étaient comme elle les aimait ! Si bien qu'elle pu reprendre sa route pour le Fort, de nouveau habillée en archère.

L'elfe marcha pendant plus d'une heure avant de s'arrêter, essoufflée à cause de son manque d'entraînement. Eh oui... On ne peut pas marcher et être clouée au lit à la fois ! Après quelques minutes elle repris sa route (sur un chemin tracé cette fois, être sûre d'être dans la bonne direction) silencieuse, vers le sud. Cela lui rappela quelques instants les dernières semaines passées, surtout le voyage pour aller jusqu'à Eraïson. Elle regarda d'un air ennuyé son bras droit, qu'elle avait soigneusement bandé pour éviter de gêner les gens. Les autres allaient certainement lui poser des questions là-dessus...

Ce n'est qu'un peu plus tard qu'elle rencontra la sixième personne depuis son départ, un elfe habillé en tenue de voyage. Même si elle était toujours prête à dégainer ses armes, elle ne se méfia pas outre mesure de ce personnage. Au contraire, elle le salua même de la tête. Il y avait pas mal de voyageurs en ce moment !

Après avoir campé pendant plusieurs jours dans une petite clairière isolée, Unyril s'était remis en route. Il n'avait plus rencontré personne depuis près d'une semaine, mais maintenant qu'il approchait d'un village, la fréquentation de la route augmentait au fur et à mesure que la distance entre l'elfe et le village diminuait. Le mur d'arbres bordant la route commençait à s'éclaircir, laissant le soleil inonder la route de sa douce lumière. Cela faisait du bien de savoir que le Voile avait enfin disparu.

Toujours sur ses gardes, Unyril scrutait les environs, il se méfiait de tous le monde. Sa peur le rongeant en permanence. Il évite tout contact superflu avec les étrangers. Les seules attaches qui lui restent sont sa famille et les quelques amis qu'il s'était fait avant la mort de sa sœur. Et comme il avance, la tension monte dans son esprit, il était prêt à sortir les armes au moindre signe de danger.

Unyril pensait à sa sœur quand soudainement il aperçut son visage devant lui, ce qui le fit s'arrêter net. C'était le souvenir de la dernière fois où il l'avait vue vivante. Il secoua vivement la tête comme pour en chasser l'image, et au lieu de sa sœur, il vit une jeune elfe marchant à contre sens. Malgré lui, son cœur se serra à l'idée que cette elfe n'était pas sa sœur Il se demanda tout d'abord comment le visage de sa sœur avait pu lui apparaitre de la sorte. Puis la jeune femme lui fit un signe de la tête pour lui dire bonjour.

C'était une jeune elfe blonde, elle portait un équipement d'archer et aussi un bandage à l'épaule. Son regard amicale apaisa directement Unyril qui se détendit. Ça faisait bien longtemps qu'il n'avait plus rencontré une personne comme elle, une personne envers qui il n'éprouvait pas une méfiance maladive. Il décida donc de lui rendre son bonjour par un mouvement de la tête et un sourire aussi amical et chaleureux que possible. Et se sentant vraiment en confiance avec cette jeune personne, il tenta de l'aborder.

« Veuillez pardonner mon audace, mais que fait une jeune elfe blessée, seule sur les routes? Et où allez vous? »

L'armée de mercenaires comptait désormais 75 hommes, prêt à donner leur vie pour le moindre paiement ou sous n'importe quel ordre du glorieux chef. La troupe était constitué de 74 archers longs, un seul d'entre eux échappait à la règle et créait ainsi l'exception, cet homme était Gloral. Bien des fois, Harkan, lieutenant de Casoair et chef des archers longs, avait essayé à l'initier à l'arc. Rien que l'arc court avait dégoûté le mercenaire qui préférait largement les couteaux de lancer plutôt que cette arme incertaine. Il craignait sans cesse que la corde de l'arc ne se coupe entre ses doigts malgré les multiples mises en confiance du lieutenant. Casoair ne progressait donc pas ni dans l'art de l'arc ni dans celui de la chasse qui lui était intimement lié. Harkan n'avait jamais abandonné son idée et assaillait continuellement le chef de la troupe. Celui-ci se plierait forcément à l'apprentissage de Harkan, l'usure le forcerait! En tout cas, pour le moment Casoair demeurait impassible et ignorait les assauts de son lieutenant au maniement de l'arc qu'il soit court ou long.

La troupe, bien décidée à renforcer son effectif, avait parcouru maints villages et avait recruté jusqu'à parvenir à ce nombre plutôt terrifiant. Alors que les hommes étaient en ville, s'éparpillant et passant le temps comme ils le pouvaient ou désiraient, Harkan et Talmak avaient prié Casoair de les suivre pour parler "affaire". Le chef-mercenaire se rendit alors à la taverne avec eux où une dizaine de ses soldats étaient déjà en salle, consommant avec énergie bière et vignasse. Le propriétaire ne se plaignit donc pas de voir entrer encore trois de ces personnes qu'il semblait apprécier. Là, Talmak choisit une table à trois pieds et commença son récit:

"Chef, Harkan et moi avons raison de penser que cela fait bien trop longtemps que nous nous trouvons à Scylla. Il est vrai que nous ne courons pas grands risques mais qu'en est-il de l'or? Vous allez me dire, bien entendu, que cela fait deux semaines que nous bénéficions de quelques contrats assez juteux. Cependant, cela va sans dire que notre ambition est plus grande et que nous ne voyons certainement pas assez loin. J'ai moi même pensé que notre troupe devrait s'agrandir encore. J'anticipe les craintes que vous pourriez avoir avec une si grande armée à votre disposition. Mais, permettez-moi de vous proposer des solutions qui me paraissent, ma foi, brillantes."

C'est alors que le tavernier vint demander ce que les trois hommes désiraient boire. Ils furent contraints de commander. Ils prirent donc du rhum pour se requinquer comme avait si bien dit Harkan. L'aubergiste revint expressement et tedit les trois verres aux chefs-mercenaires de plus en plus connus dans la région. D'un grand sourire, Casoair but une gorgée et pria à son lieutenant de poursuivre. Talmak se pressa donc:

"Très aimable à vous de nous offrir ce verre, chef. Je disais donc que pour régler notre problème d'effectif trop important, nous pourrions diviser notre armée. J'ose croire que vous avez confiance en nous deux. Ainsi, nous pourrions nous déplacer plus aisément et remplir plus de contrats ne nécéssitant pas autant de mercenaires que ce que nous disposons. Pour les contrats un peu plus ambitieux, nous nous rallierions sous votre bannière, chef, car nous vous sommes fidèles. Néanmoins, il va sans dire que nous avons écumé la région à la recherche de mercenaires ayant la capacité d'être archer long. Et puis, tout le monde sait qu'il n'y a qu'à Scylla où il y a les meilleurs de notre espèce! C'est d'ailleurs sur cette phrase que Harkan eut la magnifique idée que de partir pour le royaume elfique. En effet, leurs archers sont classés parmi les meilleurs et leur vue est bien plus développée que celle qui nous a été attribuée. Bref, nous avons à l'idée de recruter des elfes."

Casoair fut alors très étonné des plans de ses lieutenants. Pourtant, digérant les informations, il ne put qu'accepter ce qu'ils lui proposaient. Un timide sourire, il épia les faits et gestes de ses lieutenants. Ils allaient diviser leur troupe s'ils allaient recruter encore du monde. Il leur faisait conficance mais l'idée de les perdre sans avoir pu être à leurs côtés et le savoir une semaine après n'était pas vraiment son but premier. Ses idées en place, il les fit savoir expressément:

"Talmak, il y a une chose que je ne pourrais jamais souffrir: c'est votre perte sans que je ne vous ais défendu. J'aime vous savoir à mes côtés et jamais je ne diviserais la troupe. Soit, vous voulez agrandir notre effecitf, c'est ce que nous ferons. Néanmoins, je préfère prendre le risque d'être facilement perçu plutôt que de vous savoir éloigné et en proie à une armée bien trop conséquente pour vous. Plutôt mourir à vos côtés qu'avoir à l'esprit que vous êtes partis de ce monde sans compagnie. "

Ce discours enflammé prononcé, Casoair se leva et mit la main sur son coeur, ses deux lieutenants l'imitant solennellement, le regard vide. Ayant fini le breuvage, Gloral sortit du bâtiment, suivi de près par Talmak et Harkan. En marchant, ils décidèrent de rejoindre le royaume elfique et de faire comme Talmak l'avait envisagé mis à part la séparation. Les deux sous-chefs avaient pourtant étaient flattés par l'aveux du chef-mercenaire. Cette entreprise avait l'air audacieuse voir même exagérée! Pourquoi avaient-ils eu un tel projet en tête? Le pays elfique leur semblait-il si proche? Casoair et ses hommes semblaient confiants et ne craignaient pas de voyager si longuement, serait-ce même pour bénéficier de l'aide d'une dizaine d'aide du moment qu'ils seraient fidèles. Recruter devenait au fil du temps le but principal de la troupe de mercenaires. Le trajet était long et sûrement éprouvant. De ce fait, les mercenaires prirent des provisions et beaucoup d'argent et d'or afin de se réapprovisionner en cours de route.

Le voyage dura des semaines. L'armée n'engagea même pas une personne. En effet après avoir quitté Scylla, les quelques archers longs rencontrés ne daignèrent pas rejoindre les bûcherons barbus. Ainsi, pour éviter tout ennui, Casoair trouva cela judicieux de contourner Missède, ce qui lui valut en somme deux journées de plus. N'entrant pas non plus dans la capitale et évitant les grandes villes, la troupe ne fit escale seulement que dans les villages où la présence d'une telle armée ne sucitait que la crainte voir l'affolement. Cependant personne ne vint entraver la progression de Casoair. Les patrouilles étaient soigneusement évitées ou prises au dépourvu dans une volée meurtrière. Il n'y eut néanmoins très peu de ce genre d'attaques et chaque fois les mercenaires quittaient les lieux le plus rapidement possible. Talmak souleva un problème épineux lorsqu'ils parvinrent aux environs d'Odelian. Celui-ci fut réglé en un rien de temps: des flèches furent achetées et des provisions "réquisitionnées". Cette contrée était assez plate et les élevages abondaient. Ce fut une étape difficile, d'autant plus que les bûcherons barbus devenaient repérables. La troupe passa au Sud du chef lieu de cette région.

Enfin, Casoair parvint à la forêt d'Aduram. Une périlleuse chose en soi! La troupe de 75 archers longs entrèrent à l'intérieur. Suivant le sentier pour parvenir en territoire elfe, ils firent énormément de mauvaises rencontres, ce qui mit sur les gardes toute l'armée. Premièrement, ils furent victimes d'une embuscade téméraire. Hélas, les bandits furent impitoyablement massacrés et les bucerons barbus pressrent le pas après avoir pleuré leurs morts. Deux archers longs périrent ainsi. Après ce mauvais coup, Harkan décida d'envoyer au devant de la troupe les plus expérimentés dont lui-même. Ainsi, Talmak était à l'arrire, Casoair et Harkan menant les hommes. L'atmosphère était pesant et le morale devenait vacillant. Tenant bon, ils furent à nouveau attaqués mais plus sauvagement cette fois-ci. Malheureusemet pour les Drows, Harkan vit un de leur congénères et alerta les humains qui ne firent qu'une bouchée des Drows bien peu nomreux mais sûrement avides de sang. Balayés encore une fois, les ennemis des mercenaires firent quelques morts et bien des blessés. Le bilan était que 4 autres étaient tombés et que 7 étaient blessés dont Harkan qui reçut une flche en pleine jambe. Attristé de voir son compagnon dans un si triste état, Casoair commanda que l'on sorte de cette épouvantable forêt le plus vite possible. Ainsi, il arriva avec ses hommes chez les elfes. Evitant les routes, ils avançaient plus lentement mais plus sûrement, s'assurant que les blessés se rétablissent. Ils passèrent Wyslena, désirant trouver plus que tout un lieu de paix où les blessés pourraient guérir.

La troupe parvint à la frontière d'Eraison où ils se sentirent un peu plus en sécurité. Les elfes dénichèrent à nombreuses reprises le groupe qui plaida pour sa cause et tentait de prouver autant qu'il le pouvait l'aide précieuse que les archers longs pouvaient fournir.

Casoair, marchant à la tête de l'armée, en tant que guerrier à la solde du plus offrant, semblait effrayé la population mais paraissait les rassurer lorsqu'il demeurait pacifiste. Ses hommes gardèrent leurs arcs et épées et n'en firent guère usage, impressionnant à peine les elfes. Les huains furent cependant trs étonnés de rencontrer un peuple si paisible et si pointu... Ce détail pouvait paraitre insignifiant aux yeux des elfes mais Casoair s'étonna à contempler avec horreur les oreilles elfes. Talmak était en bone santé tandis que Harkan boitait malgré sa mine réjouie et quelque peu émerveillée. Celui-ci était persuadé qu'il se perfectionnerait en tant qu'archer et pisteur. Des rêves pleins la tête, la troupe marcha le long d'un sentier sinueux où nombre de voyageurs passaient. Néanmoins, Casoair fut attiré du regard par deux elfes discutant l'un avec l'autre. Dé sirant se mêler au peuple, il lui sembla bon de se tenir au courant des rumeurs ou informations capitales. Peut-être y aurait-il quelqu'un désirant rejoindre la troupe ou bien donnant un contrat généreux par sa sa récompense? Le chef-mercenaire fit alors un signe à ses hommes et ceux-ci s'assirent sur le côté, certains dévorant leur repas, d'autres admirant le pasage.

Casoair s'approcha des deux elfes et constata qu'il y avait là un elfe et une elfe. Casoair connaissait nombre de rumeurs sur les elfes, notamment le fait que leur beauté était grande et possédaient un charme inégalé. Assez épouvanté à l'idée de tomber sous la grâce de l'elfe, il s'avança hache à portée de main. Il n'était pas menaçant mais prévoyant. Il s'adressa alors à tous deux ignorant s'il était réellement écouté.

"Salutations, elfes. Votre pays m'est bien agréable et vos gens fort aimables. Je m'incline devant votre ouverture d'esprit devant la nature et la protection que vous offrez à la forêt. Moi-même suis-je un fervant défenseur des bois et la forêt est... ma maison dit-il en souriant. Bien, je suis Gloral, Casoair Gloral, commandant en chef des bûcherons barbus, mercenaire sans pitié contre ses ennemis, honnête et dévoué envers ses compagnons d'armes."

Casoair ne put s'empêcher de faire un signe de tête afin de montrer la troupe qui s'installait à quelques mètres de là. Ces hommes étaient la fierté de Gloral et son bien le plus précieux. Examinant ses interlocuteurs, Casoair n'entendit pas Harkan s'approchait en boitant. Celui-ci avait entendu la fin de sa phrase.

"Mon chef est un très bon combattant au corps à corps. Hélas, il ne comprend pas l'intérêt qu'à le combat à distance et de ce fait l'arc long. J'ai bien essayé maintes fois de le raisonner, ria t-il."

Gloral lui lança dès lors un regard amusé et sourit, le regard ailleurs. Les deux personnes qui faisaient face aux elfes semblaient extrêmement liés. Ils étaient deux frères!

« Veuillez pardonner mon audace, mais que fait une jeune elfe blessée, seule sur les routes ? Et où allez-vous ?

Glinaina regarda le fin visage de l'elfe qui venait de lui parler. Elle ne s'était pas attendue à ce qu'il l'accoste ! Elle le regarda bien un instant et puis laissa un sourire se dessiner quelque peu difficilement sur son visage. Elle ne voulait aucunement paraître menaçante, mais préférait plutôt se montrer amicale. Déjà qu'elle ne croisait pas grand monde, alors si en plus elle faisait fuir les gens...

-Votre audace vous est largement pardonnée, messire... ?

Le jeune homme se présenta sous le nom d'Unyril. Un beau prénom, mais qui ne disait rien à la jeune femme !

-Enchantée de faire votre connaissance, Unyril. Mon nom est Glinaina. Pour tout vous dire, je m'en vais à la frontière Sud d'Eraïson, rejoindre les rangs de l'armée. Et pour le fait que je sois seule, c'est une longue histoire... Disons que j'ai dû être séparée du groupe dans lequel j'étais. Et vous, allez-vous jusqu'à la cité ?

Pour le coup, elle n'avait aucune envie de raconter à qui va ce qui s'était réellement passé. Et elle n'avait aucune raison de le faire, surtout. Mais elle mit vite ses pensées de côté et écouta d'une oreille attentive la réponse de l'elfe. Ils commencèrent donc à discuter de la sorte, jusqu'à ce qu'un tapage se fasse entendre à plusieurs mètres d'eux. Elle regarda dans cette direction, alerte. Qu'est-ce que c'était encore ?

Quelques secondes plus tard, un homme -un humain !- s'avança à leur rencontre, l'air jovial, mais tout de même visiblement prêt à dégainer sa hache, d'après ce qu'elle pu remarquer. Elle perdit alors un peu de son sourire, de nouveau méfiante à l'égard des inconnus -en trop grand nombre. Cependant elle ne laissa rien paraître de ses pesées et reprit ce qui était de venu l'éternel visage dénué d'expression mais pourtant aucunement dur. Celui de quelqu'un de renfermé sur lui-même, certainement. Mais elle prêta tout de même attention à ce que disait l'homme, au moins par politesse.

Il vint se présenter comme étant Casoair Gloral, chef des « bûcherons barbus ». Drôle de nom pour un groupe. Il commença tout d'abord par féliciter les Elfes pour un tas de choses qui lui paraissaient tellement habituels qu'elle vint encore plus à se méfier de cette personne. Ce n'était pas qu'elle avait peur, loin de là, mais c'était qu'elle ne se sentait pas en confiance avec autant d'hommes auprès d'elle. Et ce qu'il dit ne la rassura encore moins : « mercenaire sans pitié devant ses ennemis, honnête et dévoué envers ses compagnons ». Ne valait mieux ne pas le chercher alors. Puis il montra d'un geste sa troupe qui s'installait silencieusement, avec une telle fierté (dans le bon sens du terme) ! Glinaina se calma alors un peu. Il avait bien l'air d'être ce qu'il disait. Elle sourit donc une nouvelle fois et profita de ce petit laps de temps pour les évaluer, avant de regarder un instant Unyril, pour savoir ce qu'il pensait de tout cela : une bonne cinquantaine, tous des archers longs et... pas une seule femme. Et des mercenaires en plus. Elle se demanda un instant qui pouvaient bien être « ses ennemis » dont il venait de parler ? Mais elle fit attention à ne pas montrer ses sentiments, coûte que coûte.

Un autre des leurs arriva à ce moment jusqu'à eux en boitant, tout sourire. Il s'était approché silencieusement du trio, arrivant même à faire sursauter son chef lorsqu'il prit la parole !

-Mon chef est un très bon combattant au corps à corps. Hélas, il ne comprend pas l'intérêt qu'à le combat à distance et de ce fait l'arc long. J'ai bien essayé maintes fois de le raisonner, ria t-il.

Initier un guerrier au combat... Elle aussi avait déjà essayé, même si ce n'était pas pour les même raisons que le nouvel arrivant. Lui parce qu'il trouvait l'arc des plus pratiques, elle plus pour remercier Caranna de sa patience lors des entraînements. Inutile de dire que cela s'était avéré catastrophique ! Bizarrement, le fait que ces deux personnes se montrent si proches l'incita un peu à parler. Elle ne savait pourtant toujours pas si elle pouvait leur faire confiance ou non.

-En effet, il est vrai que le combat à distance porte une certaine utilité, non sans intérêt, mais je comprends également l'appréhension que porte votre chef quant à cet instrument. Il n'est pas donné à tout le monde d'être polyvalent ! Au fait, je ne me suis pas présentée. Glinaina Wylenaryn. »

-Enchantée de faire votre connaissance, Unyril. Mon nom est Glinaina. Pour tout vous dire, je m'en vais à la frontière Sud d'Eraïson, rejoindre les rangs de l'armée. Et pour le fait que je sois seule, c'est une longue histoire... Disons que j'ai dû être séparée du groupe dans lequel j'étais. Et vous, allez-vous jusqu'à la cité ?

«Moi de même. A l'origine, je n'ai pas de destination prédéterminée, je voyage à travers le pays sans véritable but. Mais j'ai l'impression qu'une petite escorte pour vous éviter de mauvaises rencontres ne serait pas de refus. N'est-ce pas?»

Sur ces dernier mots, Unyril entendit un vacarme assourdissant se rapprocher. Il se tourna vers l'origine du bruit et aperçut un important groupe d'hommes entrain de s'installer pour une halte. A l'avant du groupe, un homme paraissant être le chef, s'avançait vers eux. Une fois à leur hauteur, il commença à vanter le peuple elfique et fini par se présenter. Unyril l'écouta calmement, bien qu'il resta constamment sur ses gardes. L'arrivée d'un deuxième homme le rendit encore plus méfient. Il posa doucement la main sur la garde de son arme.

Unyril perçut le regard que lui lança Glinaina, il lui répondit par un signe de tête calme et posé tout en lui montrant qu'il était, lui aussi, prêt à combattre en cas de besoin.

-En effet, il est vrai que le combat à distance porte une certaine utilité, non sans intérêt, mais je comprends également l'appréhension que porte votre chef quant à cet instrument. Il n'est pas donné à tout le monde d'être polyvalent ! Au fait, je ne me suis pas présentée. Glinaina Wylenaryn. »

«Et moi c'est Unyril Cirirlan. Et vous? Qu'est ce qui vous amène par chez nous? »

Mercenaire galant et attentionné, Casoair prit le temps d'écouter les paroles émises par la bouche de l'elfe. Pendant ce temps, il sautait d'un pied sur l'autre, quelque peu nerveux. Visiblement ailleurs, Harkan le lui fit remarquer d'un signe de tête. Gloral revint petit à petit à lui et chassa ses pensées inutiles à l'instant même. Il valait mieux répondre à ces... créatures, enfin elfes. Evitant de s'attarder sur les oreilles bien trop visibles de ses interlocuteurs, le mercenaire approcha d'un pas le jeune elfe (en toute relativité). Celui-ci semblait bien trop méfiant et il fallait lui faire sentir qu'il ne craignait pas grand chose s'il ne se montrait pas dérangeant. L'ayant vu poser une main sur son épée, Casoair, amusé ne pit s'empêcher de lui faire une reflexion:

"Que comptiez-vous diable faire? Essaieriez-vous de me trancher la gorge si par malheur je me montrais agressif? Ce ne serait pas un choix judicieux...(Puis, son regard se durcit et il devint le commandant qu'il était.) A moins que vous ne soyez un soldat elfique croyant à une invasion? Si tel est le cas, j'ai pitié de vous et vous laisse quelques instants pour vous éclipser avant que je ne change d'avis. Je ne suis pas d'humeur sanguinaire aujourd'hui et ce serait mal de tuer le premier elfe que je vois, n'est-ce pas? Rangez-moi cette épée ou j'appelle mes hommes. Soyez sûr que nous nous chargerons de votre amie si vous pensez pouvoir nous vaincre."

Ceci fait, le lieutenant souligna les propos de son chef en dégainant sauvagement une lame. Tout sourire, Casoair ne daigna même plus croiser le regard de l'impudent. Talmak, s'apercevant de l'absence de ses deux compagnons, se précipita vers eux, arc et flèches à portée de main. Gloral vit alors son deuxième lieutenant approcher. Innocent, il fit la présentation des deux seconds, insistant sur le fait que les deux feraient tout pour leur bienheureux chef, comblé. Talmak se calma mais Harkan, sauvage et hostile à toute autre communication, restait menaçant, épée hors du fourreau. Bien sûr, Casoair savourait le spectacle qui s'offrait à ses yeux, cherchant la peur et la haine dans les yeux de l'elfe lui faisant face. Ceci dura quelques instants et le chef-mercenaire décida alors de briser le silence pour s'adresser à la femme plus que délicieuse:

"Dame elfique, permettez-moi de vous emmener afin que nous soyons ensemble... un petit moment."

Sur ces mots, Talmak sortit son arc et banda une flèche, visant l'elfe mâle. Au même instant, Harkan grogna un ordre à ces hommes, faisant intervenir deux grands gaillards. Ceux-ci sautèrent sur la femme lui faisant lâcher simultanément une éventuelle arme. Casoair contempla, empli d'une certaine fierté bien visible. Pourtant autour de lui, le chaos régnait: la foule criait et les mercenaires avaient tous pris part au conflit, empêchant quiconque avait assisté à la scène de fuir. Talmak et trois autres hommes pointaient le guerrier elfe de leur pointe. Casoair était contraint à agir pareillement, lui qui ne voulait pas exécuter un pareil jour.

"Vous me voyez navré d'agir ainsi mais il le fallait." Fit-il.

Parallèlement, deux autres mercenaires vinrent désarmer et fouiller l'elfe mâle, l'obligeant à se soumettre à la volonté de Casoair. Il est évident que si l'elfe tentait quoi que ce soit, il serait irrémédiablement tué, une flèche en pleine gorge. Après ceci, les deux elfes se firent bander les yeux et attacher les mains dans les dos à l'aide de corde. Des heures durant, ils furent contraints à une marche forcée. Casoair marchait côte à côte de la femme-elfe , tandis que le guerrier était en queue de file toujours sous la garde de Talmak. Enfin, ils arrivèrent tous ensemble à une clairière, les elfes étant déboussolés. Sans qu'ils ne s'en attendent, ils récoltèrent un coup de poing chacun en plien figure, les étalant par terre. Ensuite, le guerrier étant robuste, fut doné à Harkan et sa garde personnelle dans le but de le rendre... coopératif. Dans une tente, il subissait tant de sévices. Il fut attaché à un poteau en bois et fut sauvagement, impitoyablement tabassé. Il saigna allègrement. Pour ce qui est de l'archère, elle eut un traitement digne d'une princesse, mis à part le premier coup qu'elle subît. Elle fut gentiment transportée jusqu'à la colossale tente du chef. Laissée là et assomée, elle dormit un long moment. Lorsqu'elle se réveilla et reprit connaissance, Casoair se trouvait en face d'elle, torse nu. Remarquant qu'elle se réveillait, il lui adressa un sourire malin.

"Vous avez de la chance d'être avec moi, je peux vous l'assurer. Être ma compagne est bien plus agréable qu'être leur jouet."

Aux yeux de Glinaina, tout se retourna, d'un seul coup, sans prévenir. Le chef des « Bûcherons barbus » avait visiblement remarqué qu'Unyril avait porté la main à son épée et avait très mal réagit : il n'hésita pas à menacer le guerrier elfe, l'incluant même elle-même dans cette histoire ! Après, tout avait été très vite. Un ordre du dénommé Harkan, elle qui tire son épée pour être aussitôt immobilisée par deux humains. Des cris, aussi. Ceux de gens cheminant jusque alors paisiblement sur ce sentier, ceux des mercenaires et le sien, lorsqu'on lui tordit le bras -le mauvais.

La jeune femme regarda leur chef dans les yeux et y vit une certaine fierté, différente de la première. Il avait l'air d'apprécier... En regardant un peu mieux autour d'elle, elle pu remarquer que l'autre elfe avait facilement trois épées braquées sur lui et était ainsi obligé de se rendre. On le désarma, tout comme elle. C'était désagréable de savoir maintenant inoffensive devant tous ces barbares. Tous les regardaient, passants comme combattants, ces derniers les ayant totalement encerclés. Il fallait dire que c'était impressionnant... Puis, amusé qu'il était, Casoair s'avança de quelques pas et proféra des « excuses » qui sonnaient encore plus creuses que le tronc d'un arbre mort et desséché depuis des centaines d'années ! Aussitôt après, on lui banda ses yeux et lui attacha les mains derrière le dos, avec ce qui devait certainement être une corde. Là, elle était incapable de savoir si Unyril subissait le même sort qu'elle, ou même encore pire... Cependant, elle n'entendit aucun son suspect concernant ce sujet, ce qui la rassura... Enfin un peu.

Une main ferme et puissante vint la tirer par le bras pour la faire avancer, la faisant ainsi quitter la route. Se fiant à son ouïe, Glinaina comprit vite que toute la troupe se mettait en marche, une marche fort soutenue qu'elle réussit tout de même à suivre. Tout ce capharnaüm dura un long moment : une heure. Peut-être plus ?! Impossible de le dire. Entre le fait de devoir se baser uniquement sur son ouïe et son toucher pour ne pas s'emmêler les pieds ou se heurter à tout bout de champ était déjà difficile et elle n'avait pas été habituée à ce genre d'entraînement, si bien que pouvoir dire combien de temps ils avaient marché était comme dire dans quelle direction ils étaient partis, c'est-à-dire impossible.

Enfin, ils s'arrêtèrent. L'elfe dû attendre quelques temps avant de sentir quelques personnes arriver, l'un d'entre eux s'arrêtant assez près d'elle. Elle voulut savoir si c'était bien Unyril, s'il allait bien (elle se rendit alors compte qu'elle se faisait du soucis pour lui alors même qu'elle ne le connaissait pas. Sans doute dû au fait qu'il est embarqué dans la même misère qu'elle...), mais elle n'eut même pas le temps de tourner la tête qu'elle ressentit une violente douleur à la tête, la faisant sombrer dans l'inconscience.

« Man sad me ? (Où suis-je ?)

Quand la femme elfe se réveilla, la question fusa d'elle-même, résonnant dans sa tête comme horrible gong lancinant. Au fait, pourquoi avait-elle posé la question ? Les yeux toujours fermés, elle se massa le front d'une main afin de tenter d'apaiser ses maux, ce qui n'eut malheureusement que peu de succès. Qu'est-ce qu'elle avait encore fait pour se retrouver dans un état pareil ? Elle ne s'était tout de même pas amusée à participer à un concours d'ivrognes ! En tout cas, elle ne s'en souvenait plus... Elle devait certainement être à la maison. Son père devait l'attendre pour l'entraînement, il fallait qu'elle se lève avant que ça ne barde. Il n'aimait qu'on soit en retard !

-Vous avez de la chance d'être avec moi, je peux vous l'assurer. Être ma compagne est bien plus agréable qu'être leur jouet.

A cette remarque, l'elfe ouvrit subitement les yeux. Que... Quoi ?! Pourquoi lui parlait-on dans la langue des humains ? Et c'était quoi cette histoire ? Elle fit de sérieux efforts pour se mettre en position assise malgré ses maux de tête et se retrouva en face d'un homme qui lui disait quelque chose, certes, mais qui ne la regardait pas de la bonne façon ! Tout lui revint alors en mémoire : l'elfe, les mercenaires -dont lui devait être leur chef. Comment s'appelait-il, déjà ? Ah oui, Casoair...-, le dialogue qui se transforma en embuscade, l'enlèvement... Bref, rien de joyeux se profilant à l'horizon ! Qu'avait-elle fait aux Cinq pour se retrouver dans des situations pareilles ?!
Glinaina prit un instant avant de répondre, temps pour sa pauvre tête de comprendre ce que le mercenaire venait de dire. Quand les paroles prirent enfin un sens dans son esprit, elle sentit ses yeux s'agrandir et un froid intense lui parcourir l'échine. Elle regarda Casoair, incrédule.

-Que... Pardon ? Vous plaisantez ?! Vous... Vous vous trompez de personne.

Elle regarda rapidement si elle n'avait pas son équipement, ce qui n'était évidemment pas le cas. Elle était juste recouverte de son chemisier blanc ainsi que de sa jupe, ce qui était déjà pas mal, lorsqu'on comprenait ce qui risquait fort de nous arriver. Elle posa ensuite son regard sur son bras droit : ils n'avaient heureusement pas enlevé les bandelettes qui l'entouraient entièrement ! Elle n'avait aucune envie qu'on découvre ses marques... Casoair, par contre, était carrément torse-nu, ce qui n'était pas pour lui plaire. Il fallait qu'elle se sorte de ce pétrin, sans quoi elle aurait droit à l'homme barbu ! Tout en reculant discrètement, elle réfléchit vivement à une solution, à quelque chose... Ce ne furent que des paroles désagréables qui lui vinrent en tête, ne lui fournissant aucune échappatoire. Lorsqu'elle heurta le poteau qui se trouvait derrière elle, elle était encore à court d'idées, si bien qu'elle tenta le tout pour le tout : faire passer le temps.

-Vous... Que vouliez-vous dire par « leur jouet » ? Et où est Unyril, que lui avez-vous fait ? »

Le mercenaire, affichant toujours son sourire malin, pris le temps de se mettre à sa hauteur avant de lui répondre, la faisant bien entendu attendre. L'elfe ferma les yeux, en plus d'avoir la respiration lourde. Elle avait peur, cette fois-ci.

"Que comptiez-vous diable faire? Essaieriez-vous de me trancher la gorge si par malheur je me montrais agressif? Ce ne serait pas un choix judicieux...(Puis, son regard se durcit et il devint le commandant qu'il était.) A moins que vous ne soyez un soldat elfique croyant à une invasion? Si tel est le cas, j'ai pitié de vous et vous laisse quelques instants pour vous éclipser avant que je ne change d'avis. Je ne suis pas d'humeur sanguinaire aujourd'hui et ce serait mal de tuer le premier elfe que je vois, n'est-ce pas? Rangez-moi cette épée ou j'appelle mes hommes. Soyez sûr que nous nous chargerons de votre amie si vous pensez pouvoir nous vaincre."

Unyril s'apprêtait à relâcher quelque peu sa garde pour montrer sa bonne volonté envers les étrangers, quand tout à coup, les évènements prirent une tourne plus qu'inattendue. Tout se précipita autours de lui. Les hommes du mercenaire commencèrent à sortir leurs armes et à les menacer avec. Le guerrier elfe n'eut d'autre choix que de déposer les armes et de se soumettre aux conditions des intrus.

Il se retrouva rapidement désarmé et les yeux bandés. Glinaina et lui furent embarqués dans une marche forcée qui dura plusieurs heures. Au terme de cette épreuve, ils s'arrêtèrent et Unyril reçut un violent coup à la tête. Quand il se réveilla, le jeune elfe était attaché à un poteau les mains dans le dos. Il pouvait à peine bouger pour tenter d'adopter une posture plus confortable. Quand cela fut fait, il aperçut un des hommes de Casoair.

« Que me voulez-vous? Pourquoi nous avoir enlevés de la sorte? Où est Glinaina? Et comment va-t-...? » L'elfe n'eut pas le terminer sa phrase qu'il reçut un puissant coup en plein visage. Le premier d'une longue série. Il encaissa chaque coup sans rien dire malgré le fait qu'il senti par moment une côte ou l autre se briser. Son sang coula rapidment, surtout au niveau du visage. Il fut ainsi tabassé pendant de longues heures. La douleur finit par devenir insupportable, et Unyril tomba inconscient.

Tout était calme dans le campement improvisé des mercenaires. A présent les coups contre le jeune elfe avaient cessé et on s'empressait même à le voir inconscient. Harkan, devant sa victime, se vantait d'avoir lui-même oeuvré à un tel résultat. Bien entendu, tous les archers longs admirèrent leur lieutenant et purent à nouveau bénéficier d'une démonstration de leur supérieur. Les hommes semblaient confus car ils n'avaient pas envisagé que Casoair ait l'audace d'enrôler de force une elfe. Il était courant de capturer une femme et d'en faire ce que bon semblait aux hommes, cependant, là, aucun bucheron barbu autre que Gloral n'avait le droit de s'approcher de la "protégée". Ceci intriguaient les mercenaires qui, pour autant, espéraient une explication de leur suprême chef.

Au bout d'un moment, Harkan congédia ses plus fervants guerriers afin qu'on le laisse seul avec le jeune elfe. Le sang maculait abondamment son visage et l'elfe paraissait dans un triste état. Le lieutenant se tâta le poignet et constata qu'il n'y était pas allé de main morte avec leur proie. C'était déjà un exploit s'il était encore vivant. Puis, Harkan prit une souche d'arbre dans le tas de bois que les bucherons barbus avaient coupé, méritant ainsi leur surnom. Patient, il ne montra aucun signe et fixa l'elfe du regard. Il attendit une heure ainsi, en évitant de bouger. La vision que lui offrait le guerrier n'était qu'un pur régal. En effet, si tous les elfes étaient si prévisibles et si faibles, la troupe pourrait s'attaquer à un royaume, qui sait? C'est alors qu'un elfe entra, précédé de Casoair. L'elfe avait les yeux bleus et des cheveux en cascade blonde. Arc en bandoulière, il fut terriblement contrarié et indigné par ce qu'il distinguait. Un moment après, il s'irrita et jura qu'il quitterait les bucherons si cet elfe n'était pas trs vite relâché et soigné. Gêné, le chef-mercenaire congédia Harkan non sans lui jeter un regard de déception. Lorsqu'il passa devant lui, Casoair lui murmura:

"J'ai recruté une vingtaine d'elfes des environs pendant que tu t'occupais des prisonniers, de façon lamentable. Pourquoi l'as-tu défiguré? Tu aurais pu y aller molo tout de même! Je peux te jurer que si nous perdons cette escadron d'elfes, la sanction sera terrible!"

Empourpré à cause de la situation, Casoair s'empressa de porter secours à l'elfe. Le chef-elfe se contenta de s'asseoir sur une souche, trouvant la chose amusante. Tandis que le chef suprême désinfectait les blessures avec des herbes aux effets thérapeutiques, l'elfe se présenta et se nomma Aendel. Motivé par le discours critique de l'elfe, Casoair poursuivit sa tâche en tentant de réveiller le guerrier dans les pommes. Sous l'oeil impartiale du chef elfe, le mercenaire ranima le malheureux puis lui tendit une infusion ayant la vertue d'apaiser les douleurs. Il est évident que Gloral avait préalablement détaché la victime d'Harkan. Perdu et sensément furieux contre le traitement infligé, le jeune elfe eut l'air étonné d'apercevoir un autre elfe. Casoair profita de l'occasion pour s'expliquer au mieux:

"Vous me voyez désolé de vous avoir ainsi traité. Je suis sûr que ce fut l'un des pires moments de votre existence et je jure evant cet elfe que jamais plus je ne réitèrerais de telles choses sur un elfe innocent ou sans valeur."

Trop solennellement, Casoair leva la main droite pour poser le regard sur son nouveau lieutenant elfique. Enfin, il raccompagna le guerrier maltraité en-dehors du camp dans une marche quelque peu forcée. Ils passèrent tous deux devant Talmak qui rendit l'équipement elfique. Ceci fait, ils laissrent le camp pour s'en aller une cinquantaine de mètres plus loin. Là, Casoair murmura à l'elfe de partir d'ici le plus vite possible sans se retourner ou penser à l'autre elfe. Si, par malheur, il révélait la présence du camp, le chef-mercenaire lui rendit compte que ce serait une tentative inutile. En effet, il lui expliqua qu'il aurait déjà quitté les lieux et qu'à la pochaine rencontre, il le réduirait au silence. Aussi, serrant la main à l'elfe, il lui confia:

"Partez vite à présent! Mes éclaireurs sont allés au sud de notre position et m'ont assuré quelque chose d'effroyable! Il paraitrait que des monstres vivent en ces lieux... On dit qu'ils s'attaquent à de pauvres voyageurs. Ils vous tranchent la gorge et entreprennent de vous enterrer. Une fois votre cadavre dissimulé, ils disparaissent sous terre, mangent et essayent de se reproduire."

Il avait parlé d'une voix menaçante et avait soigneusement souligné chacun de ses propos par des gestes. Une fois qu'il s'était assuré que l'elfe avait disparu dans la forêt, Casoair retourna au camp, un sourire malin sur le visage. Aendel s'était mis en retrait avec ses hommes, le temps de s'accoutumer aux humains et à leurs étranges manières. Soulagé qu'il n'est pas remarqué la présence d'une autre prisonnière, il se pressa de se rendre dans sa tente. Là, il vit l'elfe effrayée et visiblement apeurée. S'approchant d'elle, il sentit la frustration la gagner. Néanmoins, il poursuivit et s'agenouilla pour se mettre à sa hauteur. Ne lui adressant même pas la parole, il l'embrassa fougueusement et s'en tint seulemet à ceci et à un toucher affectueux de la jambe de la détenue. Se relevant, il lui dit:

"Je sais que vous devez penser ne pas mériter ce que je vous fais. Sachez seulement qe je n'attendrais pas plus e la part d'une elfe sans son consentement. Si vous me le donnez, il ne sera pas étonant que je me précipite sur vous et vos jolies formes. Maintenant que nous sommes étroitement liés, je peux vous dire plusieurs choses. Premièrement, on se trouve en ce moment même à l'ouest de Wyslena dans la forêt d'Aduram. Deuxièmement, votre compagnon a quitté le camp il y a peu. Attendez ici, je vais vous ramener de la nourriture..."

Glinaina regardait depuis déjà un certain moment les étoiles, allongée par terre. Généralement, ce passe temps qui, en fait, prenait des heures entières, lui permettait d'oublier ce qui se tramait autour d'elle : les guerres incessantes, l'anxiété de ne plus jamais revoir un proche, le passé... Contempler les astres et se sentir tellement petite dans cette immensité l'aidaient à réfléchir et à mettre de côté tous ses soucis. Mais là, c'était autre chose. Les étoiles pourtant si brillantes cette nuit là ne lui apportaient aucune réponse et ne l'aidait encore moins à sortir de ce mutisme dans lequel elle s'était enfermée depuis l'après-midi. Pour une énième fois, elle se concentra pour faire le point sur ce qu'elle avait pu voir, entendre,...

« Je sais que vous devez penser ne pas mériter ce que je vous fais. Sachez seulement qe je n'attendrais pas plus e la part d'une elfe sans son consentement. Si vous me le donnez, il ne sera pas étonant que je me précipite sur vous et vos jolies formes. Maintenant que nous sommes étroitement liés, je peux vous dire plusieurs choses. Premièrement, on se trouve en ce moment même à l'ouest de Wyslena dans la forêt d'Aduram. Deuxièmement, votre compagnon a quitté le camp il y a peu. Attendez ici, je vais vous ramener de la nourriture..."

La jeune elfe regardait le mercenaire, le souffle coupé. Encore et toujours, cet homme souriait ; et pour cause, il savait qu'il avait gagné. Par ce baiser si langoureusement donné et tout à la fois aussi répugnant, il avait su se faire respecter. Il venait de lui assurer qu'il n'en demanderait pas plus à l'elfe. Mais avait-il donné la fréquence de ces baisers volés ? Sans dire un mot de plus, il partit. Malgré tout, il devait avoir un minimum d'honneur et de respect pour les femmes... C'était déjà ça. La jeune elfe se recroquevilla sur elle-même et se rendit compte avec effarement qu'elle tremblait comme une feuille lors d'une bourrasque ! Etant désormais seule, elle en profita pour couper les liens qu'elle avait avec la réalité. Ses muscles se tendirent imperceptiblement et elle resta là un long moment recroquevillée, enfermée dans les profondeurs de son âme.

Comme dit, Casoair revint quelques temps plus tard avec à manger. Mais il ne trouva qu'une statue au lieu d'un être proprement dit et qui fixait des yeux le sol sur lequel étaient posés ses pieds. Voyant qu'il n'arriverait à obtenir aucun mot de sa prisonnière, ou ne serais-ce même qu'un seul geste, il la laissa donc seule.
Ce ne fut que lorsque le soleil se couchait à l'horizon que Glinaina sortit de sa torpeur. Regardant autour d'elle, elle se rendit compte qu'elle se trouvait toujours dans la tente du chef mercenaire et qu'il y avait de posé près d'elle un peu de nourriture. Son regard s'arrêta là-dessus : visiblement, elle ne comprenait pas. Elle se demandait en ce moment qu'elle était la nature de l'être, qu'il soit humain ou elfe. Elle qui s'était d'abord vue violée puis retrouvée au fond d'un fossé égorgée, voilà qu'on prenait soin d'elle, comme si elle avait une quelconque valeur. C'était faut, bien sur ; elle l'avait compris : sa vie n'avait aucune valeur, du moins plus à ses yeux. Et pourtant, elle avait quand même peur pour elle, pour son corps. Là non plus, elle ne comprenait plus. Pourquoi résonnait-elle comme ça maintenant ?! Remise de sa torpeur mais bouleversée au plus profond d'elle-même, elle se permis enfin quelque larmes silencieuses.

Peut-être plusieurs heures plus tard, elle se décida enfin à sortir, toujours mutée dans ce silence presque oppressant. Personne ne surveillait la tente, semblait-il, et Casoair n'était pas dans les environs. Elle se glissa donc loin de ses « hôtes » et de leurs feux. Elle n'avança pas bien loin, mais s'était assez écartée du campement pour ne plus être gênée par le chahut qu'ils causaient. Elle se dit alors qu'elle pourrait partir, retourner chez elle ou bien aller jusqu'au Fort. Mais elle ne s'en sentait ni la force ni le courage ; si elle partait, elle serait immédiatement prise en chasse pour être réduite à néant. Non, elle avait juste « envie » de rester là, jusqu'à un moment donné qu'elle ne connaissait pas encore. Sur ce, elle s'allongea sur l'herbe et contempla les étoiles et essaya de repérer les différentes constellations, comme le lui apprenait son père pour essayer de l'endormir lorsqu'elle était petite. Mais elle ne s'endormit pas.

Glinaina rouvrit les yeux : elle se souvenait de ce baiser volé et de sa torpeur. Elle détestait ce premier souvenir. Il avait réussit à se faire respecter, sans aucun problème, mais elle détestait se laisser dominer par quelqu'un qu'elle ne connaissait pas, à moins que ce soit par sa fonction. Là, ce n'était pas le cas. Et le pire était certainement de se dire que ce jeu allait devoir continuer, et pour le simple plaisir de Monsieur ! Visiblement, elle était condamnée à rencontrer des obstacles tout au long de sa vie, l'emportant dans des torrents incontrôlables.

L'elfe se retourna pour se mettre dans une position fœtale. Des cheveux longs et bouclés vinrent glisser sur son visage, lui donnant ainsi l'indication qu'il y avait de l'humidité dans l'air. En regardant attentivement l'herbe qui se trouvait en face d'elle, elle se rendit compte qu'il y avait de fines gouttes d'eau qui perlaient de ces fines plantes : la rosée était déjà tombée ! Ses sens se réveillèrent alors et elle ressentit un froid propre à celui causé par l'humidité. Ses vêtements étaient aussi humidifiés que ses cheveux... Comme si elle avait en plus besoin de cela !

Glinina s'efforça donc de se relever, histoire de rentrer avant que tout le monde ne se réveille. Au niveau de la cime des arbres, le ciel commençait à s'éclaircir et les étoiles s'y trouvant s'effaçaient petit à petit, laissant leur place à l'astre du jour. Mais il lui faudrait encore un certain temps avant d'arriver. Elle prit donc la direction du camp et entra doucement dans la tente de Casoair. Ce n'était pas qu'elle avait envie de le revoir, mais elle ne savait pas ou aller. Là, sans faire attention à lui (si il était bien là), elle alla s'assoir dans un coin de la tente. Il lui avait dit qu'ils se trouvaient à l'ouest de Wyslena, et donc près de la frontière. Maintenant, il n'y aurait plus d'issue. A ce train là, ils seraient ce soir dans le territoire des Hommes. Et elle doutait fortement qu'ils attendent encore une journée à ne rien faire ici, sachant qu'ils devaient être recherchés par les Elfes, ou plutôt surveillés. Ils partiraient le matin même.

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