Ce qu'on cherche est parfois juste devant le bout de son nez

Après s'être réveillée un peu dans le vague suite à ce géant aux oreilles pointues qui l'avait envoyée au tapis, la petite fée maugréa quelques paroles jurant qu'elle se vengerait de ce sale coup. Elle n'aimait pas recevoir ce qu'elle faisait aux autres mais cela est dans son caractère...
Un cri strident avait retenti dans les airs et un faucon était apparu. Oh non! Des ennuis en pleine perspective pour la petite créature que le volatile prend en chasse comme une vulgaire libellule dans le but dans faire son repas. La vie est trop injuste...

Après maintes et maintes battements d'ailes et de zig zag dans un sens ou un autre, Lyne réussit enfin à se sortir de ce mauvais pas. Ce n'était pas trop tôt car voler aussi rapidement et aussi longtemps avait épuisée notre petite fée qui s'écroula au milieu de la végétation. La fatigue venait d'emporter la petite créature au pays des rêves.
Epuisée par sa folle course, elle dormit durant de nombreux jours. Quand elle rouvrit les yeux, ce fut à cause de la lumière du soleil. Les troubles étaient dissipés et bien des choses avaient changé tout autour d'elle. Elle était à présent perdue dans cette immensité verte sans savoir où elle se trouvait.

Le soleil était revenu mais elle ne reconnaissait pas ce qui l'entourait. Où était elle? Elle l'ignorait. Voletant vers un gros rocher, elle se posa dessus et s'accroupit. Repliant ses petites jambes contre sa poitrine, Lyne se mit à pleurer sur son sort. Elle avait tout perdu en quittant son village de la sorte. Comment y retourner? Impossible dans son petit esprit.
Les sanglots de la petite fée étaient audibles pour ceux qui étaient dans les parages et qui savaient ouvrir leurs oreilles. Par contre, il en fallait plus pour la voir. Car dans cette densité végétale, elle était plus comparable à une fleur sauvage qu'autre chose. Attention où vous mettez vos pieds les géants!

Je suis perdue et j'ai faim...

Il était arrivé beaucoup de choses à Iözynn depuis qu’il était parti d’Alëandir. Tout d’abord, en se dirigeant vers Eraïson, il avait retrouvé sa vieille amie d’enfance Glinaina. Il avait passé un bout de temps avec elle, guéri un patient qui habitait ce protectorat, avant de la quitter avec regret – et une certaine inquiétude, car elle était affligée d’un mal mystérieux. Par lui suite, le guérisseur avait reprit la direction de la capitale elfe, mais le destin avait décidé que son chemin croiserait celui de Gwenlinanel, un jeune archère de la même race que le jeune homme. Décidant finalement de prendre la direction d’Alëandir en sa compagnie, il l’avait perdue, avait rencontré un peloton nain entre-temps, plus l’avait retrouvé un peu plus tard. Ce changement soudain de destination lui avait au moins permis de refaire son plein de provisions et de produits médicinaux. Le mage avait laissé la fille à la ville humaine, avant de se diriger pour de bon vers la cité de son enfance. Il s’était juré que plus rien de le départirait de objectif… jusqu’à ce jour…

Cela faisait quelques nuits que le thaumaturge avait passées en plein cœur de la forêt dense des elfes. Il atteindrait bientôt son but. La seule pensée de retrouver son chez-soi lui donnait l’énergie nécessaire pour continuer à avancer.

Iözynn s’était accordé un court moment de répit avant de poursuivre sa route. Ses habits commençaient à perdre leur éclat et prenaient une teinte de plus en plus brune. Le sol levant un petit nuage de poussière derrière lui alors qu’il marchait, ce n’était pas étonnant ! Le guérisseur passa une main dans ses longs cheveux qui lui arrivaient un peu plus bas que les épaules. Il était très fatigué. Avant de partir pour aller soigner une nouvelle personne malade ou atteinte d’un mal dans un quelconque village éloigné, il devait prendre un bon moment de repos. Il profiterait de ce relâchement pour confectionner des potions aux effets curatifs qui lui seraient certainement utiles par la suite.

Alors qu’il se commémorait avec nostalgie les instants marquants qu’il avait passé avec son maître avant que celui-ci ne sombre dans le trépas, un très faible écho parvint à ses oreilles, le tirant de ses pensées. Le son était à peine perceptible, mais ayant les sens aiguisés, le mage avait réussi à le capter. Il ressemblait vaguement à celui d’une plainte aiguë. Peut-être qu’un enfant – ou un tout autre individu, mais le cas d’un petit étant plus fréquent- s’était perdu ? Le thaumaturge regarda tout autour de lui. La végétation dense l’empêchait de discerner où se trouvait la personne qui avait émis le gémissement. Il se leva donc et, chassant les branches qui menaçaient de lui fouetter la figure et faisant bien attention de ne pas trébucher dans les racines noueuses des baliveaux environnants, se mit à la recherche de la source de lamentation.

Le bruit devenait de plus en plus audible pour Iözynn. Il comprit que sans aucun doute, quelqu’un était en train de pleurer non loin de l’endroit où il se trouvait. Pourtant, il ne voyait rien autour de lui.? Le guérisseur avait vu de nombreux cas de personnes entendant des voix que les autres ne discernaient pas. Peut-être était-il en train de devenir fou ? Non, c’était impossible, lui qui avait toujours eux les pensées claires et raisonnées… Pour être certain qu'il ne devenait pas gaga, il s'écria:

-Hé! Il y a quelqu'un?

Sans s’en rendre compte, au même moment, il passa tout près de marcher sur la petite fée Lyne.

Assise tranquillement sur son rocher à pleurnicher, la petite fée ne pensait pas avoir été entendue par qui que ce soit. Malheureusement sa voix aussi faible soit il avait réussi à parvenir jusqu'aux oreilles d'un de ces géants. Il approchait. Elle le sentait et surtout elle l'entendait demander s'il y avait quelqu'un.
Visiblement il ne l'avait pas vu à en voir son gros pied frôler dangereusement l'une des ailes de Lyne qui effrayée de se faire écraser comme une vulgaire libellule poussa un petit cri strident et aigüe. Mince elle aurait mieux fait de se taire pour une fois car son cri indiquait avec précision sa position. Elle n'allait pas tarder à se faire découvrir.

Prenant son courage à deux mains, elle sécha ses petites larmes avec le revers de sa main et se moucha dans une feuille avant de se mettre debout sur le rocher. Quitte à être découverte autant le faire en beauté non? Narcissisme quand tu nous tiens... Mais elle n'allait pas s'arrêter là.
Une fois debout sur son rocher, on entendit un raclement de gorge, la petite fée allait prendre la parole et elle n'allait pas se montrer très gentille. Après tout il avait failli l'écrabouiller, elle avait le droit d'être en colère.

Regarde donc où tu mets les pieds Oreilles Pointues! Tu m'as décoiffée... Maintenant, il va me falloir des heures pour refaire mon brushing!

Superficielle vous dîtes? A peine... En même temps, la prochaine fois, il regardera où il met ses grands pieds. Elle, elle manque d'écraser personne quand elle marche... Il devrait en faire autant!

Un petit cri perçant parvint aux oreilles de Iözynn. Le son venait de tout près de lui, et pourtant il ne voyait ni rien ni personne. Il s’arrêta et balaya les alentours du regard. Un petit scintillement au sol capta son attention. À ses pieds, une minuscule jeune femme nue avec des ailes semblables à celles d’un papillon s’était dressé du haut de ses quelques centimètres et regardait le guérisseur avec colère. Si la surprise du mage n’avait pas été aussi grande – il n’avait vu un individu de son espère encore – il aurait pu trouver la situation comique, mais ce n’était pas le cas. Il dévisageait la fée. Ses yeux étant rouges, elle avait donc certainement pleuré il y avait de cela peu de temps. C’était donc elle qui avait poussé le cri qu’il avait être celui d’un enfant perdu !

La fille ailée maugréa de sa voix aiguë :

-Regarde donc où tu mets les pieds Oreilles Pointues! Tu m'as décoiffée... Maintenant, il va me falloir des heures pour refaire mon brushing!

Par «Oreilles Pointues», elle avait certainement voulu dire «elfe», comprit le thaumaturge. Décontenancé, il balbutia :

-Je… je suis désolé. Je ne t’avais pas vue… Je m’en excuse…

Il demanda alors :

-Pourquoi pleurais-tu ? Tu es perdue ? Nous sommes tout près d’Alëandir. Veux-tu que je t’y conduise ?

Au son de la voix de la petite fée qui était en colère d'avoir été ainsi ébouriffée, le géant aux oreilles pointues se stoppa net. Cette fois, il pouvait être sûr d'une chose, c'est qu'il n'était pas seul dans ce lieu qui avait encore ses caractéristiques hostiles suite à l'accroissement massif de la végétation d'il y a peu.
Donc le géant s'était arrêté dans ses mouvements et cherchait du regard la provenance de cette petite voix qui l'avait hélée. Ce ne fut qu'au bout de quelques secondes qu'il en repéra enfin la source. Et là ce fut la surprise car se tenait debout sur son rocher la jolie petite fée Lyne.

Le géant aux oreilles pointues ne trouva pas ses mots pour commencer. Il balbutia quelques pronoms personnels avant de finalement s'excuser et dire qu'il l'avait pas vu. Evidement qu'il ne l'avait pas vu car sinon il n'aurait pas manqué de l'écrabouiller comme un vulgaire moucheron. Ses petits poings fermés et posés sur ses hanches, la petite fée se mit à battre des ailes pour se retrouver à hauteur du géant.

Vous les géants, ne pensez jamais à ce qu'il y a sous vos pieds. Vous n'êtes pas seuls sur cette terre et dans cette forêt. Il y a plein d'autres créatures qui sont pas comme vous et qui se retrouvent tous les jours écrasées par votre faute.
Si ce n'est pas pour nous collectionner ou nous attraper, c'est pour nous tuer. Pas étonnant après cela qu'on se cache de vous les géants. Vous êtes des égoïstes!

Et c'est elle qui dit ça... Le monde tourne à l'envers dans ce cas... Enfin quoi qu'il en soit le géant semblait réellement regretter sa mégarde et demanda à la fée si c'était elle qui pleurait et s'il pouvait lui venir en aide pour quoi que ce soit, il proposait même de l'amener dans la citée proche du nom d'Alëandir.
La petite fée le regarda en fronçant ses sourcils avant de faire un grand sourire et de se poser sur son épaule, assise confortablement. De la où elle se trouvait, elle pouvait facilement lui souffler à l'oreille ses réponses sans avoir besoin de crier pour se faire entendre.

Oui c'était moi qui pleurait. Je me suis perdue et je sais plus par où il faut que j'aille pour aller voir le roi des oreilles pointues... De plus, je commence à avoir faim. Dis, tu aurais pas de quoi manger avec toi?

La jeune femme ailée bougonna

-Vous les géants, ne pensez jamais à ce qu'il y a sous vos pieds. Vous n'êtes pas seuls sur cette terre et dans cette forêt. Il y a plein d'autres créatures qui sont pas comme vous et qui se retrouvent tous les jours écrasées par votre faute. Si ce n'est pas pour nous collectionner ou nous attraper, c'est pour nous tuer. Pas étonnant après cela qu'on se cache de vous les géants. Vous êtes des égoïstes!

-Hé ! Mais...

En y songeant bien, le guérisseur trouva une part de vérité dans les dires de la fée, donc il se garda de répliquer. De toute façon, il ne voulait pas entrer dans un débat sur l’évolution de la vie en Miradelphia... Après qu’il eût demandé à la fille si elle voulait qu’il la conduise à Alëandir, son expression bougonne se changea brusquement en une mine réjouie. Un sourire s’étira sur ses livres. Elle grimpa sur le bras du mage – celui-ci ne put réprimer un rire, la demoiselle ailée le chatouillant malgré elle – et vint s’installer sur son épaule, tout près de son oreille. De cet endroit, le thaumaturge l’entendait beaucoup mieux que lorsqu’elle était au sol. Elle répondit :

-Oui, c'était moi qui pleurais. Je me suis perdue et je sais plus par où il faut que j'aille pour aller voir le roi des oreilles pointues... De plus, je commence à avoir faim. Dis, tu aurais pas de quoi manger avec toi?

Aussitôt, Iözynn tira un morceau de pain de la besace qui pendait à sa ceinture et en arracha un petit bout, le présentant à la fée. Celle-ci avait de la chance, il venait tout juste de renouveler ses provisions de nourriture dans un village voisin.

-J’ai aussi des petits fruits. Aimerais-tu mieux manger des baies sauvages ? Des mûres ? Que manges-tu, d’habitude ? Hein, … ? Ah, je ne t’ai pas encore demandé ton nom… Comment t’appelles-tu ?

En terminant cette phrase, le guérisseur, lui-même affamé, avala tout rond le reste de la mie qu’il avait partagé avec la dame ailée.

-Tu as certainement très soif… Veux-tu que je verse une goutte d’eau sur une feuille pour que tu puisses t’y abreuver ? Je ne veux pas te noyer en te présentant ma gourde… ,fit-il en souriant. Quand tu seras repue et que tu auras étancher ta soif, je pourrai te mener à Alëandir...

Aux engueulades de la petite fée, le géant allait répliquer mais finalement il ne dit rien comme si la petite créature avait parfaitement raison dans ses propos. Il se laissa même escalader et servir de perchoir. Lyne était décidément une petite demoiselle très têtue et elle allait finalement obtenir ce qu'elle voulait...
Sa requête concernant sa faim fut entendue et acceptée par le géant qui sortit quelque chose de son sac. Découpant un morceau de pain, elle le regarda faire avec curiosité. Elle ignorait ce que c'était car les fées ne mangeaient pas ce genre d'aliments.

Lui tendant le petit morceau qu'il avait découpé juste pour elle, Lyne le prit dans ses mains et regarda avec attention cet étrange met. Le portant à son nez, elle en huma l'odeur avant de demander ce que c'était.

Ca se mange? Qu'est ce que c'est?

Le géant aux oreilles pointues lui proposa également des fruits, lui demandant également si elle ne préférerait pas quelques baies. Il la questionna même sur ses habitudes alimentaires.

Des fruits oui... J'adore les mûres...

Quant à la question du nom, elle répliqua.

Je te le dirai seulement si tu me dis comment tu t'appelles avant.

Continuant sur sa lancée alimentaire, le géant demanda à la petite créature si elle avait soif. Il se moqua même d'elle avec le fait qu'elle pourrait se noyer dans sa gourde, chose qu'elle n'apprécia pas du tout. Lyne était susceptible... Croisant les bras alors sur sa poitrine, elle fit une moue boudeuse.

À sa grande surprise, la fée renifla le morceau de pain que l’elfe lui tenait en demandant :

-Ça se mange? Qu'est ce que c'est?

Le guérisseur lui fit signe qu’elle n’était pas obligée de manger la mie en lui offrant plutôt des petits fruits.

-Des fruits oui... J'adore les mûres...

Il lui en donna donc une (étant donné que la jeune femme ailée était relativement petite, il lui serait certainement difficile d’en tenir plusieurs à la fois. Le mage demanda le nom à la fille, mais celle-ci fit résolument :

-Je te le dirai seulement si tu me dis comment tu t'appelles avant.

Iözynn lui offrit alors de l’eau. La fée ne sembla pas apprécier sa blague et, résignée, croisa les bras et fit une moue.

-Je m’excuse, fit le thaumaturge, c’est juste que tu ne pourrais pas vraiment boire directement dans ma gourde…

Il versa une goutte du liquide sur la feuille d’une arbre qui se trouvait à proximité de lui, après l’avoir arraché avec précaution de l’arbre à lequel elle était attaché – ainsi, il ne risquerait pas de blesser le baliveau – et la présenta à la fille ailée.

[J'avais oublié que tu pouvais voler, donc j'ai dit que tu m'avais grimpé... ^^]

Le géant parut surpris en voyant la petite créature renifler le morceau de pain. Si pour lui, c'était quelque chose de normal à manger, ce n'était pas le cas pour la fée qui ignorait ce que c'était. Normal dans ce cas qu'elle observe sous toutes les coutures l'aliment inconnu.
Finalement ce ne fut pas avec le pain que Lyne se restaura mais avec une mûre bien noire que le géant lui cueillit. Lui tendant la baie juteuse, la petite demoiselle la prise entre ses deux mains. Le fruit devait faire un peu moins que la moitié de sa taille aussi, elle n'aurait pas besoin d'autre chose pour son repas.

A la blague au sens douteux que fit le géant, il s'excusa et essaya de se rattraper. D'ailleurs il lui tendit une feuille sur laquelle il versa une goutte d'eau pour la tendre à la petite fée. Ne pouvant et avoir la mûre dans ses mains et la feuille, elle dut décliner la feuille. C'est un coup à ce qu'il y ait une catastrophe...

Ne t'inquiète pas, je suis assez grande pour pouvoir boire dans ta gourde. De plus, comment veux tu que je fasse avec la mûre et la feuille? Y a pas comme un manque de mains dans ce cas?

Lui dit elle en levant les yeux au ciel. Non décidément, ils avaient beau être grands mais leur cervelle était aussi petite que celle d'un moineau. L'intelligence n'a rien avoir avec la taille de l'individu vissiblement.

La fée refusa de voir dans la feuille, s’entêtant à voir dans la gourde du guérisseur. Or, le fruit qu’elle était en train de manger contenait beaucoup d’eau, donc elle risquerait de n’avoir plus soif après l’avoir avalé. Perspicace, elle dit :

-Ne t'inquiète pas, je suis assez grande pour pouvoir boire dans ta gourde. De plus, comment veux tu que je fasse avec la mûre et la feuille? Y a pas comme un manque de mains dans ce cas?

Une personne de taille conventionnelle aurait pu tenir à la fois une mûre et une feuille, mais pas la fille ailée, détail que Iözynn avait omis. Il attendit donc qu’elle se fut rassasiée, avant de lui tendre sa gourde – celle-ci faisait au moins deux fois sa grosseur et certainement plusieurs fois sa lourdeur. Maladroitement, le mage l’aida à faire basculer le récipient pour que l’eau tombe directement dans sa bouche. Lorsque sa soif fut étanchée, il remit la bouteille à sa ceinture.

-Maintenant, avant que je t’amène à Alëandir, j’aimerais savoir ton nom. Pour ton information, moi c’est Iözynn Yfenn. Je suis guérisseur dans la capitale elfe. Et toi ?

La petite fée mangea sa mûre bien gentiment posée sur l'épaule du géant. Elle ne finit d'ailleurs pas le fruit, bien trop copieux pour elle. Une fois son repas fini, elle avait de belles traces violettes plein les mains et le visage. Elle n'avait plus faim mais soif à présent.
Demandant au géant qu'il tienne la gourde à l'horizontale, la petite fée se pencha dans l'embouchure. Il faisait noir dedans mais elle pouvait sentir et entendre le bruit de l'eau juste devant elle. Tendant ses mains, elle les remplit d'eau et les porta à ses lèvres pour s'abreuver.

Une fois sa soif étanchée, elle voulut sortir de la gourde sauf que malheureusement elle fut prise au piège. Se pencher dedans était bien plus simple que de vouloir en ressortir. L'une de ses mèches de cheveux s'était coincée la rendant prisonnière de ce puits artificiel. Se débattant pour sortir, le géant ne put louper que la petite fée avait besoin d'aide.
Après l'aide du géant pour la sortir de là, les présentations furent enfin faite. Il se présenta donc en premier sous le nom de Iözynn Yfenn, guérisseur à Alëandir. La petite créature qui s'essorait les cheveux après cette douche improvisée qui avait failli la noyer se redressa.

L''eau qu'elle avait dans ses mains qui provenait de ses cheveux allait lui servir pour se présenter. Elle était fée après tout, donc autant faire cela dans les bonnes et dûes formes. Soufflant sur le liquide au creux de sa main, celui ci s'éparpilla dans les airs pour former des lettres. On put alors lire Lyne.

Je suis la petite et divine fée Lyne.

Soufflant ensuite sur les lettres d'eau qui flottaient dans l'air, celles ci tombèrent sur le sol. La petite fée eut alors un grand sourire. Levant le regard vers le géant, elle se mit à battre des ailes et à s'envoler pour finalement se poser sur le sommet de sa tête. Prenant alors place allongée sur le ventre, Lyne croisa ses mains sous son menton pour observer de haut tout ce qu'elle verrait.

Direction Alëandir! Alëandir, nous voilà...

La fée avait failli se noyer dans la gourde du guérisseur. Ce dernier n’avait pu réprimer un sourire : il avait eu raison en lui affirmant le risque qu’elle courait. La fille était maintenant toute mouillée. Iözynn s’était présenté. La jeune femme ailée avait prit de l’eau venant de l’essorage de ses cheveux et soufflant dessus, le liquide en suspension avait clairement formé les lettres L-Y-N-E dans les airs.

-Je suis la petite et divine fée Lyne.

Le jeune homme avait été un peu surpris de réaliser qu’elle était une bonne magicienne, mais il avait déjà vu des choses plus étranges au cour de sa carrière de thaumaturge. La dénommée Lyne avait soufflé de nouveau sur les symboles flottant, qui étaient tombés au sol. Par lui suite, elle avait prit son envol – le battement de ses ailes, quoique plus rapide, était semblable à celui d’un papillon – et était venue se poser sur la tête de l’elfe. Sans se gêner, elle s’était alors allongée sur le ventre, puis avait déclaré :

-Direction Alëandir! Alëandir, nous voilà...

Le mage songea à la réaction des gens qu’il croiserait en se dirigeant vers la capitale elfe en le voyant avec une fée sur la tête. Ils seraient sans doute étonnés. «Mais pourquoi pas ?» se dit le guérisseur dont les lèvres s’étaient étirées en un sourire en coin.

-En route!

Il se mit à marcher en direction de la chaussée menant la cité, faisant bien attention à ne pas faire tomber la jeune femme ailée. La forêt était assez dense à cet endroit, et quelques fois, une branche venait effleurer sa tête. Iözynn se baissait juste à temps pour ne pas que Lyne se fassa mal. À un moment donné, la racine noueuse d’un arbre vint à la rencontre de sa botte ; le guérisseur bascula maladroitement pour s’affaler au sol.

[i]Les voilà en route sur le chemin qui mène à Alëandir. Pour la première fois de son existence, la petite fée allait pénétrer à dos de géant dans une cité à eux. Si on lui avait dit cela un jour, elle se serait moqué... Mais là, on peu dire qu'elle était plutôt râvie de cette escapade.
Bon la chevauchée du géant ne fut pas aussi tranquille que ce qu'elle aurait cru. Non seulement, il se baissait un peu au dernier moment, lui filant une frousse de taille mais en plus il ne regardait pas où il mettait ses pieds.

Lyne eut alors envie de lui jouer un petit tour à sa façon. Son regard se porta sur une belle racine qui sortait à peine de terre. Fixant sa cible du regard, doucement mais surement la racine se soulevait de terre. Finalement, Iözynn se prit les pieds dedans comme elle l'avait espéré.
Mais chose à laquelle, elle n'avait pas pensé en faisant cela, c'était la chute... Basculant dangereusement vers l'avant, le géant était en train de tomber. Finalement, les deux tombèrent. Lyne avait à peine eut le temps d'user de ses ailes pour amortir sa chute mais cela ne l'avait pas empêcher de tomber dans la gadoue.

Assise dans la boue, elle croisa les bras sur sa poitrine, l'air pas contente du tout. Les sourcils froncés, elle fixait de ses yeux mordorés Iözynn toujours allongé par terre. Poussant un soupire exaspéré qui fait se soulever une mèche de cheveux qui lui tombait devant les yeux, elle attendait qu'il s'excuse.
Sa colère montante, Lyne ne fit nullement attention qu'elle usait de ses pouvoirs. La boue se mit à faire des bulles. Petites au début mais de plus en plus grosses par la suite. Et assez rapidement, il y en eut une qui éclata et l'aspergea encore plus de boue. La petite fée tapa du poing dans la gadoue en piquant sa crise.

Tout ça c'est de ta faute! Si tu regardais où tu mettais tes pieds, je serai pas toute sale à l'heure qu'il est... Tu n'es qu'un méchant!

Comme il s’y attendait, Iözynn tomba face première dans la gadoue, et la fée de même. L’habit du guérisseur était tout sale. La jeune femme ailée s’assit dans la bout et croisa les bras, toisant le mage avait colère. Puis alors, la l’eau terreuse qui était resté collée sur son corps se mit à faire des bulles de plus en plus grosses jusqu’à-ce que l’une d’elle éclate, l’aspergeant de plus belle. Lyne semblait vraiment fâchée.

-Tout ça c'est de ta faute! maugréa-t-elle. Si tu regardais où tu mettais tes pieds, je serai pas toute sale à l'heure qu'il est... Tu n'es qu'un méchant!

L’elfe mordilla légèrement sa lèvre inférieure. Se levant tant bien que mal, il secoua sa toge qui était couverte de saleté, mais rien à faire, elle restait brune. «Tu essaieras de regarder au sol lorsque tu as quelqu’un sur la tête, petite fée !» voulut dire le thaumaturge, mais aucun son ne sortit de sa bouche.

-Je suis… vraiment désolé, balbutia-t-il finalement. Je faisais pourtant bien attention ou je marchais… Une racine est comme… sortie de nulle part et je me suis enfargé dedans…

Il eut alors une idée.

-Veux-tu que… j’utilise l’eau de ma gourde pour te nettoyer un peu ? Je n’ai que la faire tomber au-dessus de toi…

[i]Le géant se releva de terre après la chute qui les avait fait tous les deux tomber. La toge de ce dernier était sale et couverte de terre. Lyne, elle demeurait assise dans la gadoue les bras croisés sur sa poitrine, l'air mécontente. Heureusement que l'oreille pointue s'excusa et expliqua qu'il ne comprenait pas comment il avait pu se prendre les pieds dans cette racine alors qu'il faisait attention.
La petite fée savait très bien cela... La racine c'était elle, c'était son oeuvre. Pourtant pour lui, cela paraissait n'être qu'un simple accident alors que c'était le contraire. En toute logique ce serait à elle de faire des excuses mais n'y pensez même pas...

Finalement, le Iözynn trouva une solution ou du moins essaya. Il proposa à la petite créature un moyen pour qu'elle puisse faire un brin de toilette. Faisant une petite moue, Lyne poussa un soupire tout en se relevant. Regardant le géant, elle finit par accepter.

C'est d'accord mais n'essaie pas de me noyer! Compris?

La fée accepta finalement l’offre du guérisseur de la nettoyer un peu :

-C'est d'accord mais n'essaie pas de me noyer! Compris?

-Je vais essayer, répondit-il en s’exclaffant, mais voyant la mine mécontente de Lyne, il ajouta : c’est une blague…

Malheureusement, cette application de marcherait pas sur lui, vu sa taille, sauf si un géant avec une gourde de sa proportion décidait de lui verser de l’eau sur la tête, ce qui était impossible. Iözynn enleva le bouchon de son récipient et, faisant signe à la fille de replier ses ailes sur son corps, il en vida une bonne partie sur elle, en inclinant la bouteille de manière à ce que l’eau ne tombe pas avec trop de force sur la petite créature.

Lorsqu’il eut achevé sa besogne, il fit signe à Lune qu’elle pouvait remonter sur sa tête – le seul endroit qui n’était pas éclaboussé de boue, heureusement.

-Bon, maintenant, en route vers Alëandir, et je vais essayer de ne pas trébucher de nouveau dans la gadoue.

Il parvint à retrouver son chemin jusqu’à la chaussé et avança sur la route terreuse, jusqu’à ce qu’il atteigne la capitale elfe. Il y avait plus de mouvement ici. La plupart des gens qu’il croisait le regardaient avec incrédulité, mais le jeune homme n’y portait pas attention. Lorsqu’il fut en vue du palais des « Oreilles Pointues », comme le disait si bien la fée, il le signala à cette dernière :

-Nous y voilà… Tu voulais donc t’entretenir avec notre… hum… notre roi ?

Volant en direction d'une branche pour être à hauteur convenable pour Iözynn, la petite fée arracha une grand feuille et tendit la tige au géant. La feuille de grande taille allait servir de paravent à la petite créature. Elle ne voulait pas qu'il la voit en train de se laver. Un peu d'intimité, non mais oh....

Tiens ça devant moi et tu ne regardes pas! On ne regarde pas les jeunes filles pendant qu'elles font leur toilette. Compris?

Une fois les recommandations faites, Lyne attendit que le géant verse l'eau sur elle. Chantonnant alors que l'eau tombait sur elle, la petite demoiselle aux belles ailes orangées se frottait tête, bras, corps, jambes et ailes pour en déloger la boue. Un dernier rinçage et la voilà toute propre.
Une fois la toilette de la fée finie, ils purent reprendre leur chemin. Invitant la petite créature sur sa tête, elle ne se fit pas prier pour aller reprendre sa place ainsi perchée en hauteur. Lyne avait une vue imprenable sur ce qui s'offrait à ses yeux.

Après un certain temps de marche, ils arrivèrent enfin. Le palais se trouvait devant eux. Lyne répondit à Iözynn par une simple affirmation. Puis elle ajouta comme d'habitude osn petit commentaire.

Oui! C'est gentil de ta part d'avoir marché à ma place. Tu fais une bonne monture même si tu es maladroit. En tout cas, je suis contente de t'avoir rencontré car l'autre oreille pointue qui se transforme en tigre blanc, il a pas été gentil avec moi.

Prenant son envol, Lyne battit des ailes pour se poser debout sur l'épaule du géant. Ainsi elle était presque à hauteur de sa joue. Se mettant sur la pointe des pieds, elle lui fit un bisous sur la joue avant de reprendre son envol pour se diriger vers le palais du roi des oreilles pointues. Se retournant, la fée fit un signe de la main à Iözynn en guise d'au revoir. Leurs routes s'étaient croisées et se recroiseront sans doute un jour futur.

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