[Parvis] Arrivée devant la cathédrale...

Après avoir marché pendant longtemps à travers les étroites rues sinueuses des quartiers les moins riches de Diantra, Vaëniniel s’engagea dans les allées plus spacieuses et plus propres des hauteurs. De chaque cotés, de hauts murs l’entouraient, gardiens de riches demeures de bourgeois fortunés. Parfois, à la faveur d’un portail ouvragé, elle pouvait apercevoir de beaux jardins ombragés, ou d’imposantes maisons aux murs ensoleillés.
Malgré le fait qu’elle se trouvait dans un quartier résidentiel, la rumeur de la ville – pas de chevaux, roues de fiacres et charrettes, bourdonnement de millier de voix – résonnait à ses oreilles, et le son de ses talons martelant le sol pavé venait s’ajouter au bruit de la cité.
Elle finit par déboucher sur une place ronde encombrée d’échoppes aux mille couleurs chatoyantes. C’était jour de marché, et l’endroit grouillait de toute sorte de personnes. La plupart étaient bien entendu des humains, mais elle repéra vite un petit groupe composé de trois nains à l’air peu aimable, qui arpentaient les allées de l’agora.

*Je ne suis pas pressée… Je peux bien jeter un œil sur ce bric-à-brac. En plus, je trouverais certainement de quoi manger.*

Elle s’avança entre les stands, ses yeux alertes observant tantôt les marchandises innombrables exposées au soleil tantôt les passants qui se pressaient autour d’elle. Elle remarqua rapidement que les gens se retournaient sur son passage, et que les regards la suivaient. La jeune femme en fut gênée, d’autant qu’elle n’aimait pas être remarquée. En hiver, elle aurait pu cacher ses oreilles pointues sous une capuche. Mais par cette chaleur, elle ne pouvait se résoudre à mettre sa cape, qu’elle portait à ce moment sur son bras. De toute façon, elle n’aurait pas moins attiré l’attention entour-bichonnée dans des mètres de tissus alors que le thermomètre avoisinait les 30°.
Elle s’arrêta devant un stand sur lequel s’étalaient des kilos de fruits et de légumes et acheta quelques pêches. Un peu plus loin, elle stoppa de nouveau devant un étal de pâtisseries fort alléchantes et acheta trois petites brioches dorées et encore chaudes.
Se frayant un chemin, jouant parfois des coudes pour fendre la foule dense, elle parvint de l’autre coté de la place non sans avoir croisé par deux fois les nains revêches qu’elle avait déjà aperçus.
Vaëniniel s’engagea ensuite dans d’autres rues. Cependant, depuis qu’elle avait quitté l’agora, elle se sentait suivie, et tout en mordant à belles dents dans sa deuxième brioche, elle accéléra le pas. Ses poursuivants ne lâchaient pas prise. C’est alors qu’elle s’arrêta net et fis volte face. Sur le visage des deux enfants qui la talonnaient, poussés par la curiosité, une expression de surprise apeurée se dessina à l’instant où elle les regarda.
Un sourire aux coins des lèvres, Vaëniniel leur dit :

« Aller oust ! Je vous remercie messieurs, mais je n’ai guère besoin de gardes du corps ! Rentrez donc chez vous. A votre âge, il n’est pas bon de trainer dans les rues… »

Les yeux des enfants s’écarquillèrent dans un regard mêlant l’étonnement et l’appréhension. Ils reculèrent de quelques pas puis se retournèrent et s’enfuirent en courant à travers les rues encombrées.
Continuant sa route, la jeune sang-mêlé fini par arriver là où elle comptait se rendre. Devant ses yeux s’élevaient les hautes tours de la cathédrale de Diantra. Elle avait déjà vu beaucoup de choses au cours de ses pérégrinations, mais il lui fallait bien avouer que l’édifice était somptueux, et dégageait quelque chose d’envoutant avec son immense rosace. Elle s’apprêtait à monter les marches de pierre du parvis lorsqu’une voix l’interpella…