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| Coopération Marchande | |
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Eulalie Tranchepie
Humain
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| Sujet: Coopération Marchande Mar 25 Jan 2011 - 21:33 | |
| Eulalie n'appréciait pas les lénifiantes processions qui accompagnaient inévitablement les convois de nobles sang en d'hostiles contrées suderonnes. Les frais de porteurs, de chevaux, la suite et les reîtres qui rendent les routes sécures ne se trouvent pas sous le sabot d'un cheval, et le seigle avait grand besoin de liquidités en ces temps de disette commerciale. C'est ainsi qu'elle prit le parti de quitter ses exquises pénates mervalliennes afin de courir l'aventure sur les sentiers de Soltariel. Avec pour toute escorte un flutiste nu et deux gardes, elle ne risquait pas d'attirer l'attention sur elle.
Soltariel la pompeuse, pleine de morgue, un duché au visage de courtisane fardée comme une pucelle de 7 ans trop jeune pour consommer. (et les dieux savent qu'on consommait promptement)
La petite caravane franchit les lieues qui la séparaient de Solaria, tout en se gaussant vertement des noms puérils que ces bronzés donnaient à leurs territoires. Pouvait on décemment trouver nom moins éloquent?
Le flutiste fit merveille par les routes. On lui lança des pistoles, et ainsi encouragé, il partait en des airs endiablés, dansant la gigue aussi bien que la tarentelle devant des gueux ébaudis qui tapaient dans leurs mains et frappaient de vieux chaudrons contre les murs de leurs masures dans l'espoir d'en tirer quelque mélodie. Le résultat fut à la hauteur des goûts musicaux des petites gens.
l'architecture du cru, entre le baroque flamboyant et les arabesques dégueulasses ne manquait pas d'étonner. Il fallait une dose de mauvais goût assez prononcée pour qualifier les bâtiments de la capitale, qui ne manquait pourtant pas d'un certain cachet.
Elle parvint enfin devant le palais : demeure bacchique qui excitait les fantasmes les plus profonds chez ceux qui l'observaient. on se prenait à imaginer les orgies bestiales, les scènes de copulation entre des hommes et des lynx et autres bizarreries fréquentes dans les cours du midi. le flûtiste ne tarda pas à rejoindre un quatuor d'angelots qui répétaient à l'ombre d'une fontaine.
Un gros monsieur gardait les portes, lorsqu'on lui apprit l'identité du seigle, il haussa les épaules d'un air affligé, et escalada à grand peine l'escalier de marbre monumental qui devait le mener à des salles via lesquelles il aurait accès à sa maîtresse. Finalement après quelques temps, la baronne fut conviée à pénétrer dans les appartements de réception de Soltariel.
Eulalie remit de l'ordre dans ses cheveux et soupira avant d'entrer.
Elle fit quelque pas, observa son hôte et se plia en une courte révérence qui ne manquait ni de grâce ni de respect.
"Mes hommages, duchesse, et mille remerciement pour l'honneur que vous me faîtes en me recevant dans vos murs" |
| | | Inès de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Coopération Marchande Mer 26 Jan 2011 - 22:18 | |
| « Que les lares lui arrachent les yeux et m’en fassent un collier de perles ! » pesta la duchesse tandis qu’un eunuque venait lui susurrer, à l’oreille, la visite de la baronne de Merval. Cette diablesse la dérangeait alors qu’elle accomplissait son bain de lait hebdomadaire, en vue de préserver la fraîcheur de sa peau de miel – tout du moins, c’est ainsi que les apothicaires lui avaient présenté la chose –. Fallait-il qu’ils se liguent tous afin de la faire vieillir ? Emergeant du bassin telle Vénus sortant des flots, un regard meurtrier en plus, elle ordonna à ses gens, d’un sec claquement de doigts, de venir la vêtir. Tout de même, fallait-il qu’elle choisisse son moment…enfin, après tout, c’était ça d’avoir des responsabilités : être interrompue dans ses bains de lait.
…
« Et c’est pour moi un honneur que de vous recevoir en ces murs, baronne ! Votre nom a, à mes oreilles, toujours été rapporté en termes élogieux ! Sachez que vous êtes, ici, la bienvenue.» répondit Inès, tout sourire, avant d’ajouter « J’ose espérer que vous avez fait bonne route…mais, pour être honnête, je n’en doute pas ! Sécurisées et entretenues comme elles le sont...cela ne vaut même pas la peine d’en parler, d’ailleurs, n’en parlons même pas ! » elle ponctua cette phrase d’un air qui se voulait entendu, puis parut se souvenir de quelque chose « ho il serait triste, par une splendide journée comme celle-ci, de discourir enfermées, n’est-ce pas ? Passons dans les jardins où je gage que les arômes enivrants des jasmins et la vénusté des hibiscus ébaudiront vos sens à vous en faire fondre et soupirer ! » d’un pas aussi gracieux qu’un ondine fendant les flots, elle guida son invitée dans les dédales de couloirs, à vrai dire pas tous nécessaires, mais c’était une vieille tradition soltari que d’étaler ses biens devant ses hôtes. Ho ça ? Juste une œuvre d’un maître en vogue…il tenait « absolument » à réaliser une sculpture de ma personne…je n’ai pas eu le cœur de refuser, vous comprenez…
Dehors, outre les paons dressés – qui accueillirent les dames comme il doit, ou tout du moins du mieux que leur cerveau de phasianidé le permettait – les attendaient le quatuor d’angelots, ainsi que le flûtiste mervalois, qu’on avait vêtu avec pampres, chlamyde et, insigne honneur, laurier. Accompagnées des airs féeriques que ce petit groupe tirait de ses instruments, Inès et Eulalie prirent place sur des ottomanes où un échanson s’hâta de leur offrir une coupe de vin pétillant tandis que deux jeunes eunuques, aux corps huilés avec soin, leur assurait un air rafraichissant en usant, pour cela, des amples feuilles d’un végétal en guise d’éventail.
« Vos démêlés avec les comptoirs Noblegriffon ont hanté la conversation de tous les négociants suderons pendant deux larges semaines, au moins, baronne. Je m’interrogeais…avez-vous connu, par la suite, quelque fâcheuse conséquence ou vous en êtes vous sortie, chose admirable, sans une seule morsure ? » elle effectua, de la main, un geste d’excuse « qu’importe, je manque à tous mes devoirs : je n’ai guère pris le temps de vous demander ce qui vous amenait sous nos latitude... »
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| | | Eulalie Tranchepie
Humain
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| Sujet: Re: Coopération Marchande Jeu 27 Jan 2011 - 21:39 | |
| Pourquoi diantre la duchesse dégageait elle des effluves de lait caillé? Eulalie fit la moue lorsque ses délicats naseaux prirent contact avec les vapeurs d'Inès. Nul en Merval, n'ignorait le penchant des Soltaris pour les fromages corsés frottés sur la peau pour tonifier la circulation sanguine, mais il était pour le moins étrange de constater que la duchesse elle-même se livrait à d'aussi barbares sauvageries.
Croyant très à propos de flatter cet us déviant, le seigle montra ses dents en ce qui aurait pu ressembler en d'autres lieux à un sourire :
"Le fumet de votre from... parfum est rare par la succulence, très chère duchesse!"
La visite des murs, sculptures et autres oeuvres fut d'un profond ennui. Après tout, Merval recelait elle aussi de trésors artistiques! La baronne lui montrerait à cette mijaurée! Le buste mortuaire de Morgause, en étain poli valait à lui seul près de onze fois la cité de Solaria (mais il faut admettre que les cours de l'art sont très fluctuants sur Miradelphia).
La petite aubade donnée pour ces demoiselles était un délice de notes suaves. Les corps des musiciens se mouvaient en rythme, la musique semblant glisser sur leurs torses luisants, leurs cuisses viriles, leur sexe roide. l'un d'eux, plus velu et le plus viril à la fois émettait quelque grognements de sangliers qui teintaient le concerto d'un soupçon d'animalité qui en faisaient ressortir la profondeur.
Un laquais, modeste par la taille apporta à ces dames un plateau couvert de croutons de pain dur. Il était temps de nourrir les paons. Cette activité meublerait divinement les silences qui pourraient apparaître au fil de la conversation. Initimidée par l'apparat des lieux, Eulalie jeta négligeamment les croutes entières aux paons édentés qui, désemparés, roulaient des yeux afin de traduire leur malaise.
"Eh bien, très chère, la maison Noblegriffon se croyant un droit de résidence permanent sous pretexte que nous les tolérions sur notre sol, ont entrepris un brigandage odieux auprès de notre peuple... Celui-ci s'est defendu comme il le pouvait, et aujourd'hui nous sommes satisfait de dire que leur chantage n'effraye désormais que les étourneaux."
Les épouvantails humains, tradition séculaire dans l'orient humain, était une fierté baronniale, si bien que l'on ne savait traiter à l'étranger sans mentionner quelque hauts faits en lien avec la coutume.
"Ils n'ont pas demandé leur reste, et nous ne leur devons d'ailleurs plus rien..."
Elle hésita à lancer un crouton alors que le laquais semblait l'enjoindre de loin, à briser son morceau en petite miettes
"Nous ne saurions demeurer longtemps sans partenaire commercial fiable, et c'est la raison principale de ma venue... Or l'on raconte des choses à propos de vos compagnies, des choses qui ont su éveiller un intérêt certain à Merval..."
Elle hésitait à lui demander si elle l'avait dérangé, de toute évidence ce n'était pas le cas, et il eut été déplacé de s'enquérir d'une telle fadaise! Foin de modestie, il s'agissait de porter haut.
"Nos musiciens rivalisent de talent, dommage pourtant que bos angelots ne sachent pas tenir les cadences de mon Apollos" |
| | | Inès de Soltariel
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| Sujet: Re: Coopération Marchande Ven 28 Jan 2011 - 18:22 | |
| On prétend que, à Soltariel, quiconque commet l’erreur de s’arrêter ne serait-ce qu’un instant dans une ruelle, pour rajuster son couvre-chef ou tout autre activité du même acabit, est assuré de se retrouver, en moins de temps qu’il n’en faut pour le réaliser, à l’intérieur d’une échoppe, en train de déguster une infusion en compagnie d’un négociant plus qu’obséquieux, pour n’en ressortir qu’une fois la bourse plus légère et les bras encombrés de breloques et autres fifrelins dont personne ne parvient jamais à se souvenir la raison de l’achat.
Eulalie venait de s’arrêter dans une ruelle soltari. Qui plus est, en criant, à qui voulait l’entendre, qu’elle était bien nantie.
Inès sentit monter en elle le besoin impérieux de vendre un tapis à son interlocutrice. Ou une verroterie, voire une assiette commémorative. Quelque chose, quoi. Une histoire de gène.
« Ma chère, je suis ravie d’apprendre que ces aigrefins n’inquiètent plus vos gens et qu’ils n’ont guère cherché à se venger – il ne manquerait plus que ça ! – en surinant d’honnêtes Mervalois. Vous avez fait preuve de témérité et de clairvoyance ! »
Elle marqua une pause, un instant intriguée par la manustupration réciproque que se prodiguaient deux membres du quatuor d’adonis, avant de reprendre :
« Que l’Orient ouvre enfin les yeux sur le péril que représentent les opulents comptoirs Noblegriffon me comble de joie ! J’avais fini par croire que certains attendraient d’être leurs pantins, de vilaines choses dénuées de volonté, pour se rendre compte de leur erreur. Tant de pairs du royaume se révèlent décevants, aveugles aux agissements de ces usuriers ! Visiblement, il reste une once de bon sens ici et là et je… »
D’un geste qui manquait de volonté, Inès ordonna au jeune eunuque de décupler la cadence de ses mouvements de feuille, elle commençait à avoir un peu chaud tandis que les apollons entamaient ce qui s’apparentait, à s’y méprendre, à une « brouette sybrondiloise ».
« …j’ignorais qu’un corps pouvait être aussi soupl…vous expliquais donc que vous avez bien fait de venir à Soltariel. En effet, nos gens disposent d’une expérience colossale, étayée par des moyens pyramidaux, et peuvent, je le crois, assurer une vie en dehors de ces stryges de Noblegriffon, qui, si on n’intervenait pas, laisseraient les bourses de nos vassaux aussi vides que..que... » la duchesse s’octroya une gorgée de vin, le temps de se reconcentrer. La température se faisait tropicale « qu’il s’agisse de fonds, de transport, d’aide lors de démêlés avec les échevins ou autre renseignement : la Compagnie du Ponant peut y pourvoir et ce en échange d’une modeste contribution seulement. »
Son regard se perdit un instant sur une apis qui partait à l’assaut, comme un beau diable, d’une fleur de l’un des hibiscus, écartant sans ménagement les pétales pour forcer sa voie vers le nectar, qui occupait, à lui-seul l’entier de ses pensées. Inès se surprit à regretter de ne pas avoir l’âme d’une poétesse avant de reprendre :
« Associez-vous à la Compagnie du Ponant et nos domaines respectifs s’en trouveront renforcés! Qu’elle soit une arme contre ceux qui chercheraient à nous nuire ! » jura une duchesse au regard enflammé par la passion et l’acquisivité, qui, chez elle, faisaient bon ménage.
Un vent tiède, lourd d'humidité, passa, chose étonnante, en coup de vent sur la terrasse. A n’en pas douter, le sud de la Péninsule jouissait d’une fin de saison hors du commun...
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| | | Eulalie Tranchepie
Humain
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| Sujet: Re: Coopération Marchande Sam 29 Jan 2011 - 13:42 | |
| Le moins que l'on puisse dire, c'est que la sérénissime duchesse allait promptement en besogne, à l'image de ses musicastres qui se livraient aux débordements de concupiscences les plus inventifs qui soient. Le seigle matois n'appréciait guère la tournure que prenaient les choses et un frisson de malaise la parcourut. Elle fit signe à l'échanson de remplir sa coupe et une fois ses lèvres trempées dans le nectar, elle retrouva la vigueur d'esprit que les turpitudes dont cette cour était le théâtre lui avaient enlevé.
"Vous voilà donc l'âme bien enflammée, très chère! Je n'ai pas encore décidé de ce qu'il convient. Je ne saurais laisser les rênes du commerce Mervalois à une compagnie étrangère, vous comprenez que je défende farouchement mes intérêts... Nous n'avons point chassé ces pouacres Noblegriffons pour les remplacer par des vide-goussets du même acabit!"
Elle saisit l'âpreté de sa remarque et se hâta de corriger la sentence.
" Non point que je vous prisse pour une fripouille, mais comprenez que j'ai besoin d'assurances de votre part. Il m'est impossible de rien conclure qui soit de nature à aliéner mes possessions à une puissance d'outre-Langehack."
Les paons eurent beau jeu de s'offusquer devant l'outrecuidance de la baronne, elle ne s'en formalisa pas et se contenta de leur lancer un regard plein de roguerie.
Les hululements de son flûtiste, en plein milieu des arpèges de l'ôde aux allégresses agrestes l'empêchaient de se concentrer sur l'affaire. Elle n'osait pas baisser les yeux pour observer le drame qui se jouait contre la fontaine.
"Voilà ce que je puis vous proposer, en échange de vos services, je vous octroie le droit inaliénable de commercer avec toutes les compagnies Mervalloises, des comptoirs réservés en chacun des principaux ports et un impôt moindre pour tous les lieux que les ponantiers investiront."
Les racles-deniers de Soltariels devraient s'en contenter. Payer leurs services autrement qu'en nature eut été se déshonorer... Au risque de passer pour plus fesse-mathieu qu'on ne l'est. Eulalie fixait désormais les orbites de sa compagne alors que les amphions aux bites d'or fixaient son flutiste au moyens de cordage. la mélomanie s'accompagnait de rituels savoureux dans les contrées dégénérées. La bacchanale n'en finissait pas, qui sait à quel outrages se livreraient encore les musiciens!
Le coussin était moelleux cependant, et laissant là les considérations moraliste, la jeune baronne se laisa aller à bigler la scène, alors qu'un grain de raisin venait éclater sur sa langue après les assauts d'une canine véhémente.
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| | | Inès de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Coopération Marchande Sam 29 Jan 2011 - 17:45 | |
| Inusable, cette baronne…d’ordinaire, quand les trouvères entamaient la « géhenne scylléenne », l’invité en demeurait béant d’admiration et de stupéfaction, plus figé encore qu’une statue de sel, au point d’être prêts à souscrire à n’importe quel arrangement et ce sans barguigner. Cela menait Inès à postuler que, de deux choses l’une : ou cette femme était d’airain et pas même « les pétulants cavaliers eraciens et leurs indomptables bucéphales», le magnificient final des éphèbes, ne parviendrait à rompre ses résistances, ou elle avait été minutieusement entrainée à assister à pareilles salacités. Aux yeux des Suderons, le Langehack passait pour une terre d’atrabiles où tout plaisir paraissait suspect. Par conséquent, la duchesse penchait en faveur de la première hypothèse. Elle en fut chagrinée.
Notamment parce que cela signifiait qu’Eulalie ne se plierait pas à ses quatre volontés – qui étaient, d’ailleurs, bien plus nombreuses –.
« Dame voyons ! Ne vous méprenez pas, il ne s’agit pas, pour la Compagnie du Ponant, de faire main basse sur votre négoce mais, au contraire, de proposer une collaboration fructueuse pour tout le monde. La compagnie offre ses services, sa logistique et ne transforme guère ses associés en potiches. »
Tout en sirotant son verre, elle se laissa distraire un instant par les oiseaux de Junon qui se dandinaient, incertains, face à la scène contre-nature qui se déroulait sur et contre la fontaine.
« Néanmoins, je comprends votre appréhension, après pareil traumatisme – quels coquillards que ces Noblegriffon ! – on a sans doute tôt fait de voir de la friponnerie partout ! Aussi, votre proposition trouve-t-elle, auprès de moi, un écho favorable. Le temps consolidera notre confiance réciproque et nous aurons tout le loisir d’approfondir notre collaboration. Ainsi, la Compagnie du Ponant proposera-t-elle ses services en Merval, je ne doute pas que les facilités apportées à vos marchands ne tarderont pas à se répercuter, très positivement, dans vos caisses. Foin du commerce languissant ! L’heure est à la prestesse ! »
Dans une autre dimension, Inès aurait fait une excellente témoin de Jehova. Pour peu qu’on la laisse mettre un pied quelque part, elle trouvait toujours le moyen de faire suivre tout le reste. La baronne de ne participerait pas financièrement à l’aventure, tout du moins pour l’instant, mais, avec les facilités offertes, la compagnie pourrait bien plus aisément convaincre les grossistes mervalois de la rejoindre. En échange d’une participation personnelle modeste de la part ces derniers, les ponantiers étaient en mesure de leur faire miroiter des avantages substantiels.
Tout du moins, telles étaient les suppositions de la conjureuse au physique d’apsara dont les pensées se perdaient, peu à peu, profondément dans l’onirisme. Le climat alanguissait les corps mais les chants, eux, embrasaient les esprits. A cela, les gémissements du flûtiste Priape n’étaient pas innocents. Parfois, au milieu de cette luxuriance de chair et de vices, on croyait voire s’incarner Eros en personne, dont la passion animait, à n’en pas douter, les jeunes gens. D’un doigt aussi distrait que délicieusement fuselé, la duchesse jouait avec sa chevelure ébène, sur la cadence de l’hyporchème, au rythme de plus en plus saccadé, chanté par les hampions. S’emparant avec grâce d’une pâtisserie au miel, elle la croqua voluptueusement, prenant le temps de la savourer, les yeux mi-clos, avant de souffler, entre ses lèvres charnues :
« Me ferez-vous le plaisir de profiter de mon hospitalité ? »
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| | | Eulalie Tranchepie
Humain
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| Sujet: Re: Coopération Marchande Jeu 3 Fév 2011 - 13:37 | |
| Voilà une transaction qui s'était faite avec la prestesse qui sied aux délicats qui se sentent un sens de l'honneur commun. La glose de la duchesse alanguie avait fait le tour de l'esprit du seigle et y avait trouvé un accueil des plus favorables. La madrée demoiselle ne put réprimer un sourire satisfait, à demi tracé pourtant alors que l'impudeur environnante l'ébranlait.
Profiter de votre hospitalité?
Répéta la baronne en se relevant à demi de sa couche. Si cela signifiait vendre son corps et se traîner dans la luxure comme tous les porcs Soltaris, elle saurait se montrer inflexible comme elle l'avait toujours été face aux castrats de cour et aux emplumés de Merval au temps de son faste. il vint alors à l'esprit d'Eulalie les contes qu'on lui soufflait autrefois, des histoires de bambines qui se voyaient engeôler dans des gynécée opulents et pour qui le temps ne s'écoulait plus.
"Je suis très reconnaissante de l'accueil que vous avez daigné m'offrir, à moi, pourtant modeste baronne d'un orient que vous ignorez souvent, mais vous comprendrez que je ne puis m'attarder trop longtemps sur vos terres..."
Mais se ravisant, Eulalie saisit une des pâtisseries et l'avala en tentant de ne pas se laisser corrompre par son subtil goût sucré qui, n'en doutons pas, allait lui faire à nouveau prendre des cuisses.
"Ceci étant dit, je souhaiterais tout de même pouvoir visiter votre compagnie de margoulins du Ponant, pour m'assurer de leur professionalisme et de leur ataraxie, me ferez-vous l'honneur de me les montrer?"
La baronne appréciait beaucoup ce genre de petites visites, qui rabaissaient les visités à l'état d'animaux que l'on vient regarder avec émerveillement (tant qu'ils sont enfermés dans des cages de métal). la musique s'était arrêtée. Dans les faits, quelques sons montaient toujours aux oreilles des auditeurs mais il s'agissait là d'un air que mère nature fait jouer à la plupart de ses enfants en période d'amours. Merval observa un moment la scène, jusqu'à ce que l'un des séraphins mélomane se saisisse de l'un des paons... la baronne détourna le regard, les joues empourprées.
Le hardi zoolâtre lança à la cantonade à ses compagnons de jeu : "Et maintenant Allegro Majestuoso con spirito, les amis"
Comme un animal que l'on mène à l'abattoir, la crête roide, le volatile comprit soudain que son sort était scellé et que peu de ses pairs bénéficieraient d'une fin de vie aussi tragique. Il hurla quelques "HEOO" qui ne pénétrèrent aucune oreille. Il apprenait à ses dépends qu'Eros et Thanatos étaient intimement liés et que les amours ne finissaient jamais plus bellement que dans la mort.
La baronne se leva cette fois et s'éloigna quelque peu de la fontaine du vice. Elle marcha droit devant elle.
"Pardonnez ma hâte mais j'aimerais que nous partions sans plus de délai" fit-elle sans ciller et sans se retourner.
Elle s'en voulait presque de donner des ordres à une noble de plus haute extraction qu'elle, mais cette cour était un tombeau de la vertu et le seigle matois ne savait tolérer un tel étalage de dépravation abjecte. |
| | | Inès de Soltariel
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| Sujet: Re: Coopération Marchande Lun 7 Fév 2011 - 15:20 | |
| La tanagra leva un sourcil, désabusée, en découvrant le sort, funeste, réservé à Eustache, l’un de ses paons dressés. D’un air agacé, elle lança à l’adresse des amphions « Un peu de tenue, par la grâce des Cinq ! Cet animal a bien plus de valeur que vous tous réunis ! ». C’était le problème, avec les plébéiens : aucune limite. En les écrasant de taxes, la noblesse ne faisait que leur rendre, dans le fond, un fier service puisqu’elle leur évitait d’employer d’une bien mauvaise manière leurs deniers. Tout du moins, telle était l’opinion que la cour avait appris à se forger.
Après cette petite mercuriale, Inès reporta son attention sur la baronne qui fuyait à toutes jambes l’antre de la diablesse soltari. Les lèvres de cette dernière s’arquèrent en un sourire carnassier tandis qu’elle se glissait derrière Eulalie, en se gaussant « Vous voila plus brûlante que Mogar, ma chère ! Quelle prestesse ! Quelle fougue ! » puis, se ravisant, diplomatie oblige « mon palanquin n’attend que notre bon vouloir, si vous voulez bien me faire le plaisir de me suivre… ». En l’occurrence, le chemin jusqu’à la litière impliquait de passer à côté de la fontaine, guerre psychologique oblige.
Précédé par un héraut qui annonçait « Faites place à son altesse sérénissime, maîtresse de la sauge et du laurier, callipyge naïade du Tyrion, pythonisse des destinées soltari, papesse de l’abondance, grande protectrice de… » le palanquin, aidé par des pandours qui distribuaient de généreux coups de trique, fendait la masse grouillante qui habitait, plus que n’empruntait, les ruelles de la capitale suderonne. Bientôt, les narines du seigle matois furent flattées par des effluves de cuir, de bière et d’épices mais également agressées par celles des fientes et de la fange : à n’en pas douter, Soltariel était une cité vivante. De tous côtés, on entendait les marchands racoler les chalands « …huile la plus fine de toute la Péninsule, tout juste arrivée d’Ancenis » « Verroterie sybrondiloise ! Meilleurs prix du royaume ! » « Sublime étalons alezans, tout droit sortis des plus prestigieux haras d’Erac ! Montures princières cédées à prix de vilain ! Précipitez-vous ! » à en faire trembler les murs crottés des habitations. Parfois, il était même possible d’ouïr, d’une rue adjacente, une dispute entre les occupants de litières qui ne parvenaient pas à se croiser et peinaient à décider à qui revenait l’humiliation de s’écarter … « …par la grâce du trône ducal, ma parentèle occupa à onze reprises le titre de Pontus Primus et notre noblesse… » « Noblesse d’hétaïre ! Héritée de la cuisse légère de votre aïeule qui, comme mon grand-oncle, paix à son âme, ne cessa de le rappeler, avait davantage de galants que de sang bleu ! » le tout accompagné des rires en provenance des théâtres de rue, aux représentations égrillardes.
Comment la procession parvenait à s’orienter dans pareil dédale de venelles, cela relevait du mystère, toujours est-il qu’elle finit par s’arrêter face à un plaisant édifice, dépourvu d’enseigne, qui paraissait mieux entretenu que ses voisins. « Nous y sommes, très chère. » expliqua simplement Inès. Dans ce qui faisait office de cour intérieure, une petite fontaine ubérale – encore ! – arrosait gaiement un bassin décoré de mosaïques, représentant des monstruosités fantasmagoriques comme les fameuses Gorgones de l’îlet d’Itchall, autour duquel conféraient quelques sires à l’air chafouin, qui firent une bien belle révérence pour accueillir les dames.
La duchesse déclara « Messires, son honneur la baronne de Merval désire faire plus ample connaissance avec la Compagnie du Ponant, à laquelle elle propose d’ouvrir ses marchés de manière fort urbaine. » avant d’ajouter, à l’adresse d’Eulalie « ces messieurs sont bien au fait des activités de la compagnie et seront en mesure de répondre à vos interrogations. » se retournant vers ces derniers, elle demanda, quoique cela sonnait davantage comme un ordre que comme une question « Bartolomé ? ».
Le poil noir comme la suie, une barbichette taillée en pointe, de fines moustaches huilées avec soin et un air artificieux, le dénommé Bartolomé, que l’on ne qualifiait de sournois que lorsque l’on désirait donner un exemple de lapalissade, s’avança à pas feutré vers la baronne et entama d’une voix si mielleuse qu’elle aurait pu nourrir tout le royaume « Vénuste baronne ! C’est une grande joie que de vous recevoir en ces murs ! Permettez-moi de me présenter : Bartolomé de Porroco. J’ai l’insigne honneur d’être maître marchand de la Compagnie du Ponant. A mes côtés Ludovico de Basso et Matteo Mussetti » tous deux s’inclinèrent légèrement lorsque leur nom fut prononcé « qui exercent ici comme intendants. En quoi puis-je vous être utile ? Souhaitez-vous découvrir l’étendue de notre fière logistique, à en faire pâlir le plus méthodique des administrateurs, ou les produits d’exception dont nous alimentons les marchés, peut-être ? » d’un geste, il indiqua à Matteo d’aller lui quérir quelques parchemins qui, sans doute, présentaient l’organisation de manière plus que favorable.
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| | | Eulalie Tranchepie
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 29 Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Coopération Marchande Sam 12 Fév 2011 - 16:45 | |
| Le seigle n'aurait su rester plus longtemps de marbre devant les affres des amours intedits qui s'étalaient devant elle. Lorsqu'elle se rendit à l'évidence et qu'elle visualisa le trajet qui la séparait du palanquin, son corps d'albâtre se roidit et ses poings se sérrèrent. Elle s'avança sans presser le pas et fixa les acteurs d'une orgie déjà à son crépuscule. Elle foudroya de son regard le flûtiste, promesse d'un retour douloureux et s'avança vers lui. Elle racla sa gorge et saisit les rognons du si cavalier amphion avant de les presser si fort que le gougnafier en fut réduit à monter dans les octaves, emettant une note si cristalline que tous les coeurs furent brisés d'émotion. La matoise baronne sut toutefois contenir sa rage et repartit tête basse jusqu'à la litière.
Le périple fut pour le moins mouvementé. Les purotins du crû semblaient avoir pour us de lancer en l'air des excréments de toutes sortes et de toutes provenances tant les rideaux veloutés ressemblaient désormais à des draps souillés par une angine intestinale. Eulalie tenta de respirer par la bouche mais elle craignit un instant qu'on la soupçonna de prendre quelque plaisir dissimulé, trahie par ce halètement. Elle sentit sa tête tourner alors qu'autour d'elle les éternelles palabres des suderons résonnaient. Comment diable ces gens pouvaient-ils s'exprimer si haut et avoir encore besoin d'illustrer leurs propos par de grands gestes?
La baronne observa la duchesse de Soltariel avec un soupçon d'inquiétude, cette femme dénuée des plus essentielles valeurs morales était sans nul doute redoutable, il convenait de s'en méfier.
Le palanquin parvint enfin à destination. La baronne et la duchesse, telles des sultanes, s'approchèrent des trois préposés au commerce du Ponant. Devant les révérences, Merval inclina légèrement la tête. le dénommé Bartolomé avait fière allure et il fit impression, il avait l'air madré de ceux qui savent faire le mal sans même le vouloir. Il se révéla en sus un virtuose de la flagornerie.
La baronne était lasse, elle posa quelques questions à ce trio qui répondaient toujours par des gesticulations, joignant au mîme des grimaces éloquentes et débitant sans fin des jacasseries qui mirent au supplice la patience de la noble femme.
Elle ne s'attarda guère, faisant grand étalage de son admiration béate pour sa consoeur et ses infrastructures commerciale. Le traité fut paraphé, et l'on se quitta bons amis.
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