Coquillages et crustacés [Aurore]

Le comte était absent pour une certaine durée. Il était en déplacement pour rendre visite à la duchesse de Soltariel, sa suzeraine. Bien entendu Isabelle n'était pas du voyage. Elle était encore bien trop jeune et de plus ce n'était pas sa place que d'être aux côtés de son père lors de ses déplacements. La petite fille était donc restée en Ydril.
L'automne était apparu et doucement la chaleur déclinait tout comme le jour. La petite demoiselle décida de profiter de l'absence de son père pour aller voir la mère. Il ne lui avait guère interdit les sorties du palais tant qu'elle était sous bonne garde et que sa nourrice était là pour veiller sur elle. Aussi c'était décidé, demain, ils iraient voir l'océan.

La nuit fut assez courte en elle même car Isabelle avait veillé un temps. Se tenant debout devant la fenêtre de sa chambre dont elle avait entrouvert l'épais rideau de velours, elle était là à regarder la lune et les étoiles. D'une voix fine et enfantine, Isabelle prononça quelques paroles destinées à elle même.

Mère, demain je pourrai enfin vous revoir...

Le soleil pénétra dans la chambre au petit matin via les rideaux mal refermés. Isabelle dormait paisiblement dans son lit. Quelle était belle quand elle dormait, un véritable petit ange... Sa nourrice vint alors à l'éveiller doucement. La petite ouvrit des yeux fatigués par sa courte nuit mais ne dit rien de son manque de manque de sommeil.
Une fois lavée, coiffée, habillée et le petit déjeuner pris, il fut temps de partir. Le carrosse attendait là. Les chevaux piaffaient d'impatience, piétinant le pavé de leur épais sabot. Fouette cocher et les voilà partis. Avec le carrosse qui contenait la fille du comte et sa nourrice, une petite escorte composée de quatre gardes suivaient sur leur monture avec une certaine distance.

Fatiguée, Isabelle s'endormit, la tête reposant sur les genoux de sa nourrice. Elle ne vit donc rien des paysages qui s'offraient à perte de vue. Le voyage dura un peu plus de deux heures. On s'était éloigné de la ville pour s'enfoncer un peu plus dans la campagne ydrillaine s'assurant ainsi de la sécurité de la petite demoiselle.
Les chevaux furent mis à l'arrêt. La nourrice d'une main douce caressa le visage de la petite qui s'éveilla en douceur. La frontière avec Ysari se trouvait pas très loin, à quelques minutes tout au plus... Isabelle descendit du carrosse et découvrit cette vaste étendue d'eau qui s'offrait à elle. Fixant l'océan, elle murmura quelques mots.

C'est donc ici que vous vivez mère? Comme c'est beau!

Avançant sur la plage de galets, Isabelle se retrouva bien vite sur le rivage. Sa nourrice l'observait d'un oeil un peu distrait alors que la petite longeait la côte. Elle avait retiré ses chaussures les laissant sur place. Les vagues lui taquinaient les orteils mouillants le bas de sa robe.
L'odeur des embruns emplissait l'air de ce doux parfum de sel. Le regard d'Isabelle fut attiré par un animal qu'elle n'avait jamais vu auparavant et que l'océan avait rejeté. Prenant entre ses petites mains, l'animal qui ressemblait à un dragon miniature, elle voulut le remettre à l'eau.

Aurore était pour une rare fois dans son manoir à Sinlieh. Par habitude et surtout parce que les maux de cœur la tenaient de plus en plus, elle dormait peu, et regardait le lever du soleil. La baronnie était à quelques minutes près de se lever. Elle avait mis un châle sur ses épaules et prenait place devant le balcon central de la maison. Elle admirait le lever du soleil en buvant un breuvage préparé par sa nourrice.

Aujourd’hui aurait été l’anniversaire de sa mère. Elle était morte en lui donnant naissance, alors que son père revenait de mission pour le baron. Elle ne se rappelait de rien. Seulement des souvenirs que son père lui racontait. Sinon rien. Même pas la chaleur maternelle de son ventre.

Chaque année, lors de son anniversaire, Wilfrid se rendait sur la cote de l’océan. Il était originaire du comté d’Ydril, comme son frère, son oncle de la Roseraie. Il l’avait rencontré près de l’océan. Elle était originaire de la baronnie d’Ysari.

En rentrant, elle s’habilla d’une tenue de cavalière, loin des robes de bal et de toilettes que les derniers jours lui avaient offertes. Elle partir au galop, accompagnée par deux hommes du baron. Ayant trop peur de se retrouver confronté à de nouveau fanatiques, le baron d’Ysari avait renforcé quelques peu la garde de sa maitresse.

Le trajet fut plus long, mais Aurore ne s’en formalisa pas. Habituellement, elle franchissait la frontière de la baronnie. Du moins, l’endroit dont elle avait connaissance se trouvait du coté du comté. Prenant la direction des rochers à pieds, elle laissa ses deux gardes sur la plage.

Elle retira ses bottes et marcha sur les grosses pierres, avant d’y prendre place. Les vagues vinrent toucher ses pieds. L’eau était froide et vive. Rien de mieux que pour relaxer ce son si doux et spirituelle. Aurore pouvait méditer en toute tranquillité. Poser ses questions aux dieux …

Elle se revoyait encore courir contre la vague lorsque celle-ci se retirait et prendre le sens opposé quand elle revenait. Elle avait longtemps fait ce petit jeu, gamine.

Assise près de la partie profonde, elle se souvenait que son père disait que l’océan d’Eris était si clair, que l’on pouvait voir les animaux marins qui s’y trouvaient. Une richesse aquatique, la plus belle que la péninsule offrait.

Vous pouviez voir le poisson ou l’animal qui venait de frôler votre jambe. OU encore de voir les coquillages qui s’y trouvaient. Bref, rien n’était plus relaxant que le bruit d’une vague mourant sur un rocher.

Son regard au loin, rien n’était plus apaisant. Seule une jeune enfant s’y trouvait. La châtelaine était trop concentré pour s’en soucier dans l’immédiat.

Dans les mains de la fillette se trouvait un petit animal aquatique à la forme rappelant un cheval. Isabelle ne voulait pas voir la pauvre petite créature mourir, aussi elle prit la décision de la remettre à la mer. En échange peut être accepterait elle une de ses prières? La petite demoiselle était naïve et elle croyait que l'hippocampe pourrait porter un message à sa maman. Douce illusion enfantine...
S'approchant encore de l'onde marine, Isabelle n'avait plus seulement les pieds dans l'eau mais également une partie des jambes. L'eau lui montait jusqu'à mi cuisse. Elle marchait face à l'horizon dans regarder où elle posait les pieds, bien trop occupée à faire attention au petit cheval de mer.

Les vagues allaient et venaient, de plus en plus fortes mais cela la fillette ne le voyait guère. Sa nourrice était plus loin, assisse sur une couverture étendue à même le sol. Elle faisait quelques point de broderies sur l'un des mouchoirs de sa petite protégée. Isabelle était donc hors d'atteinte du fait de son éloignement.
Le petit pied de la fillette se posa sur un oursin. La douleur fut elle qu'elle chuta dans l'eau en poussant un cri. Malheureusement, elle lâcha l'hippocampe qui en profita pour regagner le large et les profondeurs maritimes.

Isabelle se mit à pleurer. Non pas par ce qu'elle avait mal au pied mais parce qu'elle n'avait pas eu le temps de faire part de son souhait à l'animal. C'est alors que survint une vague un peu plus grosse que les autres alors que la fillette se relevait péniblement à cause de ses vêtements mouillés qui lui entravaient les mouvements.
La vague fut telle que lorsqu'elle s'abattit sur la petite, celle ci perdit l'équilibre. Suffoquant, elle tenta de se relever mais en vain. Une autre vague arriva pour la pousser un peu plus au fond de l'eau. Isabelle avala de l'eau, elle suffoqua encore un peu plus. Elle allait se noyer si personne n'intervenait pour la secourir.

Ses appels à l'aide se perdaient dans le vent qui soufflait. Sa nourrice ne faisant guère attention à elle, ne put voir la détresse dans laquelle la fille du comte se trouvait et ce d'autant plus qu'elle était éloignée. Cependant une autre personne se trouvait non loin et qui aurait peut être entendu son cri.

Aurore méditait encore sur la probabilité de sa vie. Trop de chose arrivait subitement. Prenant le temps de respirer, elle ouvrit les yeux lorsqu’une voix ou plutôt un cri la sortit de ses rêveries. Rien à l’horizon, sauf la gamine.

Le deuxième coup, ce fut le garde qui regarda la châtelaine. Avait-il vu la même chose? Aurore regarda au loin et entendit bien le son de détresse. Elle s’était levée sur les rochers et le garde la regardait sévèrement,

Dame de Rosemont, pas dans votre condition.

Sa condition? Pfff. Elle sauta plongeant a travers l’océan. Elle voyait des bras remontés à la surface. Le garde mécontent savait qu’il se ferait parler. Il monta sur sa monture et galopa le plus près de la nourrice avant de mettre pied à terre et se départir de son arme. Aurore combattait avec aisance les vagues qui luttaient contre elle.

Le garde constata avec regret que les deux femmes étaient toujours entrainées plus loin. Arrivant près de la petite, Aurore attrapa de justesse la main de l’enfant. Elle tira jusqu’à un rocher ou elle força Isabelle à s’accrocher le temps de prendre une bonne respiration. Tenant la jeune enfant près d’elle, elle lui tapota le dos. La pauvre, elle devait avoir eu une sale frousse.

Elle ramena une mèche blonde de sa chevelure derrière l’oreille de la gamine et soupira.

Tout va bien

Elle se voulait rassurante, elle cherchait comment la ramener au rivage. Elle n’aurait pas la force, avec des vagues violentes, une chance qu’un garde avait prit l’initiative de prendre un bain froid.

Aurore regarda la jeune fille et lui sourit. Voyant une bonne vague arrivée, elle attira l’enfant vers elle et la tint fermement. La vague les frappa et la châtelaine tenta de s’agripper du mieux qu’elle pouvait. En voyant arrivé son garde, elle sourit de soulagement.

Tu vas t’agripper solidement au cou de sir Thomas. Tien fermement.

Aurore suivrait de près. Ne connaissant pas l’identité de la jeune enfant, elle s’autorisait le tutoiement. Le soi-disant garde approcha et présenta son dos. Le regard réprobateur de Sir Thomas lui fit ajouter.

Je vous suivrais.

Plus la petite était chavirée par les vagues et plus elle s'éloignait du rivage entrainée par les remous des vagues. Isabelle buvait la tasse à chacune, elle toussait, essayant de recracher l'eau qui s'infiltrait dans ses poumons tel un serpent sinueux au milieu des bois. La petite demoiselle battait des jambes pour tenter de garder la tête hors de l'eau mais en vain. Sa robe lui entravait les mouvements et lui collait à la peau. C'était peine perdu, elle fatiguait de plus en plus...
Sur la berge, la détresse de la fillette qui combattait les flots fut vue. Il ne fallut pas longtemps pour qu'on vienne lui porter secours. Alors qu'elle se débattait à la surface de l'eau, Isabelle fut rejointe par une jeune femme. Au moment même où une nouvelle vague allait l'entrainer sous l'eau, elle fut attrapée par la main.

Tirée par cette main qui venait d'être attrapée, la jeune femme aida Isabelle à s'agripper à la paroi d'un récif à semi immergé. La fillette toussait et recrachait une partie de l'eau qu'elle avait avalé. Elle avait du mal à respirer. Le tapotement de cette inconnue dans son dos l'aida à quelque peu. La main de la jeune femme ramena ensuite une mèche de cheveux de la fillette derrière son oreille alors que celle ci s'agrippait au rocher.
La voix de celle qui l'avait sauvée de la noyade se fit alors entendre. C'était une voix qui se voulait rassurante et douce. La jeune femme lui murmurait que tout allait bien se passer à présent. Un sourire de la jeune femme qu'Isabelle put néanmoins voir avec difficulté que déjà celle ci l'attirait fermement contre elle alors qu'une nouvelle vague arrivait.

Elles burent la tasse mais moins violemment que les autres fois. Un homme vint à les rejoindre assez rapidement. Sa sauveuse lui demanda alors de se tenir fermement à cet homme qui se nommait Thomas. Le « sir » qui avait été mentionné juste avant le nom de l'homme fut une indication sur le fait que ces personnes ne devaient pas être de simples gens.
Isabelle acquiesça d'un hochement de la tête avant d'enrouler ses petit bras autour du cou de l'homme. Elle se tenait fermement à lui pour ne pas le lâcher à la prochaine vague. Il fallut alors quelques minutes pour retourner sur le rivage. La jeune femme les suivait autant qu'elle le pouvait.

Sur la berge, la nourrice était arrivée et regardait la scène avec beaucoup d'angoisse. S'il arrivait quoique ce soit à la fille du comte, elle serait très sévèrement réprimandée. Elle savait déjà qu'elle ne couperait pas à un blâme. Portant la demoiselle dans ses bras, ils sortirent tous les trois de l'eau.
Que les Cinq soient loués car rien ne leur était arrivait. Ils étaient hors de danger à présent. La nourrice était soulagée de cela mais restait tout de même inquiète pour Isabelle. S'approchant d'eux, elle les remerciait encore et encore de leur geste.

Isabelle avait les yeux fermés, la fatigue avait eu raison d'elle à moins que ce ne soit l'océan. Cependant elle toussait toujours, recrachant toujours de l'eau. Au bout de quelques minutes, elle ouvrit les yeux et dit d'une voix à peine audible.

Maman...

Puis elle fondit en larmes contre le torse de cet homme d'âge mûr.

Le sir Thomas s’assura que la petite était bien accrochée à lui, avant de se lancer dans les vagues de l’Océan. La châtelaine de Sinlieh suivit le garde, restant plus aux aguets que la jeune rescapée ne lâche pas le cou de l’homme.

En arrivant près du rivage, elle toussa. Le deuxième garde lui offrit sa main qu’elle prit sans hésiter. Les robes mouillées étaient indignes et pesantes, mais la jeune femme se fichait bien de son apparence. Les vagues n’avaient pas emporté l’enfant, signe que les dieux les avaient aidés.

Aurore trouva que tout ce passa si vite.

Thomas avait ramené la jeune enfant près de sa nourrice. Le deuxième garde l’accompagnant prit des couvertures ,qui se trouvaient dans les sacoches des montures. La jeune châtelaine enveloppa d’abord l’enfant et en prit une pour cacher sa condition. Avec la robe qui lui collait au corps, elle ne pouvait pas laisser plus de suspicion.

Le garde ne sut comment réagir lorsque la jeune enfant se colla contre lui. Il avait une famille, des enfants, mais elle n’était pas sienne. Il la laissa faire et Aurore approcha de la jeune fillette.

Elle lui parla doucement :

C’est fini, tout va bien. Il n’y a plus de danger.

Elle se tourna vers le garde et lui demanda gentiment de la déposer. Aurore se mit à genoux et regarda la jeune fillette avant de la serrer, pauvre enfant.

Eris n’était pas le genre de plage ou l’on trouvait plaisant à se baigner. L’eau était froide et remplit de bestiole.

La tenue de l’enfant, bien que mouillée, ne laissait pas croire qu’elle était fille de petite noblesse : des broderies, la qualité des étoffes. Même châtelaine, elle ne se tenait pas dans cette gamme. Elle restait simple misant sur les broderies et autres que lors des événements organisés par le couple de Hetalia. Donc, elle était fille de comte ou de baron.

Dites-moi très chère, quel est votre nom et où est votre mère?

Aurore n’était pas folle. Elle avait bien entendu le mot « maman » de sa bouche. Et la femme qui se trouvait sur la rive ne ressemblait point à cette demande. Pourtant, elle était certaine d’avoir vu que la petite fille. Elle remit d’autres mèches blondes derrières l’oreille et la regardait avec tendresse.

Elle était certaine que la fillette était seule avec sa nourrice lorsqu’elle avait regardé. Et il n’y avait personne d’autre qu’elle dans l’océan. À moins qu’ils avaient oublié, mais Aurore était certaine, elle ne comprenait donc pas !

Affichant toujours ce sourire qui était destiné a apaiser la jeune enfant, elle soupira intérieurement de ne pas y être passé.

Hors de danger. Ils étaient hors de tout danger à présent. La jeune femme enveloppa Isabelle dans une couverture pour qu'elle ne prenne pas froid et seulement ensuite fit de même pour elle. La jeune demoiselle se mit à pleurer contre le torse du garde qui laissa la jeune femme prendre le relais. Pour le moment l'identité de ses sauveurs comme celle d'Isabelle n'étaient révélées.
La jeune femme lui dit alors toujours sur ce même ton doux qu'il n'y avait plus rien à craindre et que tout irait bien à présent. Le garde déposa alors sur ordre de cette dernière la petite sur le sol. Emmitouflée dans la couverture et grelotant de froid, la fillette était à présent assise sur les galets. Elle fut rejointe par sa sauveuse peu de temps après.

Après avoir observé la tenue de l'enfant, cela ne laissait nul doute sur la classe sociale de la petite. La jeune femme lui demanda alors comment elle se prénommait et où se trouvait sa mère. Isabelle n'avait pas fait attention du changement dans les paroles de la jeune femme. Elle n'avait pas remarqué que du tutoiement elle était passée au vouvoiement.
L'air triste la gamine leva le bras et pointant l'horizon d'une main tremblante, elle fixa l'horizon et l'onde marine. Elle désignait l'océan. Elle désignait sa mère. Le royaume dans lequel elle reposait à présent. Puis levant un regard rougi par les larmes qu'elle avait versé, elle répondit finalement sur la question de son identité.

Isabelle, madame...

La fillette ne pensa pas à donner son nom en entier. D'ailleurs la nourrice prit un air triste à l'évocation de la mère de la petite et fixant la jeune femme, elle lui fit non de la tête. Non, sa mère n'était point là bas. Elle était morte et enterrée. La nourrice prit alors la parole.

Je vous remercie madame d'être venue en aide à la fille du comte de Systolie. Hélas sa mère n'est plus depuis deux ans déjà...

A cette évocation, Isabelle se remit à pleurer. Sa mère lui manquait énormément. La nourrice prit alors l'initiative de proposer à la jeune femme la chaleur et le confort du carrosse et lui demanda alors son identité. Celle de la fillette étant révélée...

Tyra, Chaque enfant y trouvait un royaume. Aurore avait longtemps cru que sa mère vivait parmi les créatures de la forêt. Instinctivement, elle frotta le dos de la jeune fille. Elle était toute gelée et définitivement troublée.

C’est un joli prénom.

Aurore eut le cœur à moitié démoli où aucun ne put sortir de sa bouche. Elle était grande, mais elle ne supportait pas la perte de son père. Encore elle n’avait jamais connu sa mère. Alors une enfant si jeune ne pouvait pas se faire à l’idée que sa mère l’avait quitté.

Je … je suis désolée.

Elle avait quelques peu figé à la mention du comte, mais elle ne croyait pas que cette fois était pareil. Les deux familles, celle du comte et celle de la Roseraie, n’étaient pas en bon terme ses derniers temps. Mais Aurore faisait bien la distinction entre les problèmes politiques et le sauvetage d’un enfant.

Nous avons fait ce qui devait être fait.

Aurore voulut se présenter, mais les pleures de Isabelle l’empêchait de fait autrement, elle regarda la jolie petite demoiselle et lui sourit tristement.

Je sais ce que c’est. J’ai perdu mon père il y a quelques mois et je n’ai jamais connu ma mère. Ils seront toujours là pour veiller sur moi, comme elle veillera sur vous

La mort était cruelle. Elle tuait les innocents lorsque les coupables faisaient le mal, mais le pire, il prenait toujours l’être cher. Celui que vous vouliez garder une éternité.

La jeune châtelaine prit la main de l’enfant et l’amena jusqu’au carrosse ou elle la fit monter.

Je me prénomme Aurore de Rosemont. Fille de feu du châtelain de Sinlieh en Ysari. Mon père est le frère du châtelain de la Roseraie.

Moyennement intelligente, la nourrice comprit certainement pourquoi elle avait figé lorsqu’elle avait prononcée le nom de Systolie.

Isabelle venait de dire son prénom et la jeune femme trouva que celui ci était fort beau et lui en fit part alors qu'en même temps, elle lui frictionnait le dos pour tenter de la réchauffer un peu. Quand la nourrice informa la jeune femme que la mère de la petite avait péri il y a deux ans de cela, le silence se fit ne laissant entendre que les sanglots de la petite demoiselle. La jeune femme ne pouvait pas savoir mais elle exprima ses regrets de savoir cela.
Mais bien vite, elle fut comme figée. L'annonce de la réelle identité de la fillette ne la laissa pas de marbre et cela ne manqua pas à la nourrice. Cependant elle avait repris assez vite sa constance pour faire part que son geste était bien naturel. Les paroles qui suivirent furent à l'attention de la petite Isabelle. Ainsi elle aussi était orpheline de mère comme de père.

Suite à la proposition de la nourrice de prendre place dans le carrosse, la jeune femme prit l'une de ses petites mains et la nourrice fit de même en prenant l'autre. Montant dans l'intérieur douillet, la jeune femme se présenta. Elle était Aurore de Rosemont, nièce du seigneur de la Roseraie. A ce nom, la nourrice remercia la jeune femme d'autant plus.
Elle n'ignorait guère qu'il y avait un conflit entre le comte et le seigneur de la Roseraie sans en savoir plus. Il était donc tout à l'honneur d'Aurore d'avoir sauvé la fille du comte. Cela permettrait il peut être de désamorcer le conflit si le comte en avait cure.

La nourrice prit Isabelle par la main pour l'attirer vers elle. Elle poussa un soupire et retira la couverture des épaules de la fillette avant de s'attaquer à défaire les boutons dans le dos de la robe de l'enfant. La robe tomba sur la plancher du carrosse. L'eau gouttait aux pieds d'Isabelle provenant de sa chemise trempée. La nourrice enveloppa alors la petite dans la couverture avant de s'adresser à nouveau à Aurore.

Vous devriez faire de même madame, avant d'attraper un mauvais rhume. Cependant connaissez vous un lieu proche de cette plage où nous pourrions nous rendre? Je crains qu'Isabelle ne fasse de la fièvre et malheureusement Ydril est bien loin.

Isabelle leva alors un regard rougi par les larmes. Ses joues étaient roses, son teint assez pâle, quelques frissons parcourraient son corps. Elle toussa alors quelque peu. Sa nourrice avait vu juste, la petite allait tomber malade.

Aurore avait froid dans le dos. Elle savait une chose. La douleur était pire que celle d’enfanter, d’une blessure ou d’un amour perdu. Elle avait grandi sachant que sa mère ne lui avait même pas insufflé ce nom. Que son nom était l’aurore matinale. L’heure de la mort. Qui par deux fois tomba sur ses être cher.

La jeune châtelaine écouta la nourrice et enleva sa robe trempée. Par contre, elle fit attention pour que rien ne paraisse. Elle pouvait pas inventer mille raisons, elle était enceinte et non marié. Même son oncle ne le savait pas. Valait mieux ne pas entacher la réputation de Sinlieh.

Sinlieh est a moins d’une heure d’ici. Isabelle pourra se reposer a mon manoir. Pour éviter tout dilemme avec le comte, j’enverrai un de mes gardes prévenir la maison.

Elle offrit un sourire a la jeune enfant avant de sortit. Elle fit signe au deuxième garde et regarda sir Thomas avec un sourire.

Sir Thomas rentre avec nous à Sinlieh. La maison du comte est loin et la jeune enfant risque d’être malade si elle n’est pas mise au chaud le plus vite. Partez en direction d’Ydril et avertissez que la jeune enfant se trouvera à Sinlieh, expliquez la situation si l’on exige. .

Le garde s’inclina et parti en direction d’YdrilNous partons en direction de Sinlieh, lança-t-elle au cocher.

Refermant la porte, elle regarda Isabelle les yeux rougis par les pleurs. Marguerite trouverait surement des vêtements dignes de la jeune enfant dans les vêtements de la châtelaine. Aurore avait été choyée comme une princesse enfant.

Tu sais, je sais ce que tu peux ressentir au fond de toi. Je n’ai pas eu de frère ou de sœur. Ma mère est morte en me donnant la vie et est mort à l’aurore.

Elle offrit un triste sourire à Isabelle se rappelant que sa mère n’avait pas pu lui donner ce nom. Elle-même profiterait de chaque moment avec son enfant. Elle l’aimerait tendrement, et ne perdrait pas une seconde le temps avec.

Le voyage entre la plage et Sinlieh fut sans embuche. Isabelle fermait quelques fois les yeux, mais la journée avait été éprouvante. Une fois arrivée, elle laissa la jeune enfant et sa nourrice descendre et elle sortit. Ce fut la nourrice de la jeune femme qui sortit du manoir.

Avant que celle-ci ne puisse la réprimander, elle parla.

-Il faudrait trouver une robe à la taille de la jeune fille du comte.

-Aurore , s,indigna la vieille dame.

-Je te raconterai tout, promis, mais je ne veux pas qu’elle soit malade.

*Sinon le comte aura raison de tomber sur la famille une fois de plus*

Il doit y avoir encore de tes robes .

Merci Marguerite.

Si vous voulez suivre, dame Marguerite, elle offrira un bain chaud a Isabelle et des vetements secs.

Souriant à la jeune fille, il était inutile d’attendre. Le froid aurait raison de la petite.
Nous nous retrouverons au salon, très cher comtesse.

Une petite touche d’humour et les deux personnes rentrèrent. Aurore regarda sa nourrice

Oui la fille du comte d’Ydril.

» Le Crépuscule de l'Aurore.
» Fin d'été à Sinlieh | Aurore
» Aurore Lyn [ Cartographe/Danseuse]
» -Aurore- [Noble & Mercenaire]
» Le calme de l'aurore [Merwyn]

Rechercher

Résultats par : Messages Sujets
Recherche avancée