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| Je n'ai besoin que de toi | Hanegard | |
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Auteur | Message |
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Jena Kastelord
Ancien
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| Sujet: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Ven 18 Fév 2011 - 19:40 | |
| Les portes de la citadelle étaient enfin derrière eux, dans quelques minutes elle descendrait de ce maudit carrosse, elle monterait dans sa chambre et y resterait autant de temps qu’elle le souhaiterait. Pour le moment elle ne pouvait pas supporter les regards compatissants que tournaient vers elle tous les gens qu’elle croisait. Même la présence constante de Clarys durant le trajet avait fini par la gêner. Sentir ses yeux posaient sur elle l’agaçait autant que ça la peinait. Elle était au petit soin avec elle, parfois un peu trop. Dès qu’elle faisait un mouvement elle se tournait vers elle en sursautant pour l’aider ou prévenir la moindre douleur. C’était usant, fatiguant, énervant même. Heureusement le voyage touchait à sa fin. Elle avait besoin de revoir Hanegard, besoin de lui parler, de répondre aux paroles qu’il avait prononcé quelques heures plus tôt. Lorsqu’il lui avait dit qu’il l’aimait. Elle, elle était restée bêtement silencieuse, comme si elle ne connaissait plus la signification de ce mot. Ce fut plus tard qu’elle se rendit compte qu’il avait du prendre son silence pour une réponse. Mais pas forcément la réponse qu’elle aurait voulu lui donner.
La porte s’ouvrit et le même soldat qu’à Jersada vint l’aider à descendre. Il fallait louer sa patiente et sa discrétion car il ne fit aucun commentaire lorsqu’il entendit la régente gémir de douleur dans ses bras. Avec respect il lâcha ses mains et s’inclina légèrement pour la saluer. Clarys fut près d’elle une seconde après et s’empressa de lui prendre le bras pour l’aider mais Jena se dégagea. Un peu trop brusquement peut-être. Mais elle n’avait pas supporté d’être touchée… D’abord surprise, Clarys finit par laisser tranquille sa maîtresse et elle se contenta de la suivre, sans toutefois s’éloigner trop.
Les pieds à Alonna, une seule pensée vint remplacer toutes les autres. Liliana. Elle était là, à quelques mètres d’elle. Celle qui lui avait fait tenir bon pendant les multiples tortures que lui infligeait Ilinsar, celle qu’elle n’avait plus vu depuis des jours….combien ? Quatre ? Cinq ? Elle avait perdu le compte depuis longtemps. La seule chose qui comptait c’était qu’elle allait à nouveau tenir son bébé dans ses bras, la serrer contre elle. Le trajet fut plus long que prévu, surtout dans les escaliers qu’elle avait à gravir. Il lui fallut faire une pause et reprendre son souffle. Elle sentait dans son dos que certaines plaies s’étaient rouvertes, mais elle s’en fichait, cela pourrait attendre. Pas sa fille. Une fois dans le couloir qui menait à sa chambre, Jena fut surprise de voir le nombre de soldat qui s’y trouvait. Deux à chaque escalier, un soldat à intervalle régulier et deux de chaque côté de la porte. Jena passa devant tout ce petit monde et apprécia qu’aucun ne dise le moindre mot. Lorsqu’elle ouvrit la porte, deux soldats et trois servantes tournèrent la tête vers elle. Les femmes se levèrent d’un bond, prêtent à faire éclater leur joie mais Jena entendit vaguement Clarys donnait derrière elle des ordres à tout ce petit monde.
Elle, elle n’avait d’yeux que pour la petite fille que tenait dans ses bras la nourrice. Les soldats quittèrent la chambre les premiers et les servantes les suivirent de près. La nourrice s’avança lentement et tendit le bébé emmailloté dans une couverture beige. A partir de cet instant, Jena n’entendit, ni ne vit plus rien d’autre que sa fille. Elle la serra contre elle et plongea son regard dans les yeux turquoise de la petite. Elle avait déjà tant grandie ! Ses yeux grands et entourés de cils noirs, sa petite touffe de cheveux sombres s’étaient épaissie, ses joues étaient toutes roses et son petit nez légèrement retroussé était à croquer. D’autant plus qu’elle souriait en tendant les bras pour attraper une longue mèche de cheveux qui pendait par-dessus son épaule.
- Ma chérie, si tu savais comme tu m’as manqué… je ne te quitterais plus jamais.
Jena s’assit sur son lit, sa fille dans les bras et regarda autour d’elle. Il n’y avait plus personne, même Clarys l’avait laissé profiter seule de sa fille. Il faudrait qu’elle remercie son amie, elle s’était occupée d’elle avec tant de patience durant le voyage, et sans qu’elle ait eu besoin de le demander, elle l’avait laissé savoir ses retrouvailles avec Liliana.
Après de longues minutes à jouer avec les petites mains de sa fille, Jena se souvint qu’elle avait un mari quelque part dans cette citadelle et que la discussion qu’elle n’avait pas la moindre envie d’avoir avec lui, allait être bientôt nécessaire pour crever l’abcès qui les empoisonnait tous les deux. Peut-être avait-il regagnait son bureau, juste à côté de leur chambre ? Quelle bonne idée d’avoir fait mettre une porte entre ce bureau et leur chambre ! Plus besoin de passer par le couloir. Sans bruit elle traversa la pièce avec sa fille calait dans ses bras et ouvrit la porte qui menait au petit vestibule. A l’intérieur du bureau elle entendait des voix, mais peut-être qu’Hanegard ne se trouvait pas encore là. Bon après tout, la seule manière de le savoir c’était d’entrée non ? Et bien c’est ce qu’elle fit, et elle se passa même du luxe de frapper, cependant elle veilla bien à ne pas faire plus de bruit qu’une petite souris au cas où elle tomberait à un mauvais moment et qu’elle devrait repartir ni vue ni connue.
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| | | Hanegard Kastelord
Ancien
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| Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Sam 19 Fév 2011 - 21:56 | |
| Le régent ne put s’empêcher de lâcher un soupir de soulagement en voyant les murailles d’Alonna. Ici, en ce lieu fortifié, Ilinsar ne pourrait menacer ceux à qui il tenait. La puissante forteresse destinée à préserver l’inviolabilité de la frontière humaine constituerait un obstacle insurmontable pour une drow. Avec un peu de chance, plus jamais Hanegard et Jena n’entendraient parler de ses infâmes méfaits… avec un peu de chance, oui. Tandis que Jena se rendait immédiatement dans leur chambre afin de revoir sa fille, le régent convoqua Sargril dans le cabinet de travail attenant. Son fidèle second rayonnait lorsque quelques minutes plus tôt il avait vu les deux époux revenir indemnes… enfin pas vraiment en ce qui concernait Jena… disons plutôt « en un seul morceau ». Toutefois, son sourire disparut face au regard morose d’Hanegard. Se laissant tomber dans son fauteuil, le régent demanda d’un ton sec : Des nouvelles de la ravisseuse ? Les patrouilles ont perdu sa trace lorsqu’elle a passé la frontière. Une cavalière seule est toujours plus rapide qu’une troupe, aussi le sergent Kevern a-t’il décidé d’arrêter la poursuite. Ainsi donc Ilinsar rôde toujours dans la nature ? C’est à craindre monseigneur. Je ne peux permettre qu’elle menace de nouveau ma famille. Préparez les ordres pour que la garde palatiale soit doublée. Je compte sur vous pour recruter des vétérans d’une fidélité à tout épreuve. La garde palatiale, en charge de la protection rapprochée des seigneurs d’Alonna, n’avait pu cette fois-ci accomplir sa mission du fait du départ discret des époux quelques jours plus tôt. Suite à l’attentat manqué mené par Tarkel, le régent avait ordonné que les soldats de la garnison ne soient plus autorisés à approcher de ses appartements privés, dont la protection revenait exclusivement à la garde palatiale. Ce corps d’élite permettait également de s’assurer que tous les gardes en faction se connaissent les uns les autres. Ainsi, même un assassin ayant l’un de leurs uniformes ne pourrait passer sans être appréhendé. A vos ordres. Peut être des anciens du bataillon d’escorte de votre état-major du temps des légions noires ? Plusieurs d’entre eux vous ont suivi à Alonna pour s’engager, ils vous sont loyaux et ont une grande expérience du combat. Je vous laisse gérer cela, mais je tiens à les rencontrer un par un avant de les incorporer dans la garde. Vous pouvez disposer, Sargril. Envoyez également un messager au temple de Néera afin de demander au Grand Prêtre de bien vouloir venir apporter ses soins à mon épouse. Saluant, le capitaine tourna les talons. La porte se referma sur lui au moment où celle de la chambre s’ouvrait pour laisser place à Jena. |
| | | Jena Kastelord
Ancien
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| Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Sam 19 Fév 2011 - 22:56 | |
| Alors qu’elle passait la tête par l’entrebâille de la porte, Jena reconnut la silhouette de Sargril qui saluait le régent avant de tourner les talons et de quitter la pièce. Voyant qu’il n’y avait plus personne à part Hanegard, la jeune femme finit d’entrer dans le bureau de son époux. Tenant toujours tendrement dans ses bras sa fille, elle s’avança vers le bureau et s’installa sur l’un des fauteuils destinés aux gens que recevait Hanegard. Après tout c’était un peu ça pour le moment. Alors que le silence s’installait, attristant un peu plus à chaque seconde la jeune femme, la petite Liliana trouva le moment bien choisit pour faire quelques vocalises de babillement. Jena qui jusqu’alors avait les yeux fixés sur son époux, les reporta sur sa fille à qui elle adressa son premier sourire. Mais elle n’était pas là pour s’extasier sur son bébé. Non elle devait avoir une discussion avec son époux, peut-être pas la plus agréable mais il était nécessaire qu’ils échangent plus de deux mots. La situation était des plus épouvantables, et après ce qu’elle avait vécu entre les mains de la drow, Jena n’avait nul besoin de problème de couple. Bien que pour l’heure, elle y soit en plein dedans. Berçant doucement Liliana, Jena la regarda un instant alors qu’elle s’endormait doucement. Il aurait été dommage de la réveiller aussi Jena se releva-t-elle.
- Elle s’endort.
En trois enjambées, elle avait regagné la porte menant à la chambre. Le petit berceau de sa fille était près de leur lit, elle l’y déposa doucement et rabattit la petite couverture. Lorsqu’elle revint dans le bureau de son époux, elle veilla à laisser les portes entrouvertes. Maintenant qu’elle se retrouvait plantée comme un piquet devant Hanegard, elle se sentait presque stupide. C’était elle qui jugeait une conversation nécessaire. Mais peut-être que lui n’avait aucune envie de parler. Devait-elle alors le forcer à dire un mot. Non. Dans ce cas, ce serait elle qui parlerait. Elle avait besoin de vider son sac, de dire ce qu’elle avait sur le cœur. Elle avait l’impression que si elle ne le faisait pas, elle ne pourrait plus jamais le regarder dans les yeux. Jena fit deux pas vers le bureau et resta debout. Sa posture trahissait une légère raideur, son dos était toujours très douloureux, et la montée des escaliers avaient été plus difficile que prévue. Elle sentait son dos à vif, certaines plaies avaient même du se rouvrir.
- Je n’arrive pas à ne pas t’en vouloir… Quand je te regarde, ça me fait mal parce qu’elle a abimé l’image que j’avais de toi.
Faisant une pause autant pour reprendre son souffle que pour calmer les émotions qui s’éveillaient à ses mots, Jena fit un léger signe de la main à son époux pour qu’il ne l’interrompe pas. Elle devait aller jusqu’au bout. S’il n’avait rien à lui répondre, elle retournerait dans leur chambre.
- Mais en même temps….je sais que tu n’as pas voulu ce qui c’est passé. Il y a une partie de ta vie que j’ignore et jusqu’ici cela ne me dérangeait pas. Je me fichais de savoir combien de femmes étaient passées dans ton lit, ou combien d’ennemi susceptible de m’enlever et de me torturer tu avais. Mais aujourd’hui je me demande si je n’aurais pas du te poser ces questions là avant, parce je ne sais plus à quoi m’attendre. Est-ce qu’un enfant va se présenter en affirmant que tu es son père ? Est-ce qu’Elle va revenir ?
Est-ce qu’un nain accroc à la biquette va vouloir la séquestrer et la saouler à la bière naine ? S’il n’avait été question que d’elle, elle aurait peut-être mieux gérer, mais le danger la menaçait tout autant que sa fille. Jena baissa alors les yeux, ne pouvant plus supporter de croiser le regard d’Hanegard. Elle sentait sa gorge se serrer à mesure que les larmes montaient à ses yeux.
- Pour le moment c’est un peu chaotique… la seule chose que je sais c’est que je t’aime, de tout mon cœur, j’ai besoin que tu sois là, près de moi. Mais te voir ainsi me fait tellement mal….c’est presque aussi insupportable que ce qu’elle m’a fait.
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| | | Hanegard Kastelord
Ancien
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| Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Lun 21 Fév 2011 - 8:53 | |
| Peut-on aimer quelqu’un qui vous a caché toute une partie de sa vie ? Une partie de sa vie qui peut revenir un jour vous hanter ou vous menacer ? L’amour supporte-t-il le mensonge, fusse par omission ? Jusqu’à ce qu’Ilinsar débarque dans leur existence, Hanegard et Jena pouvaient se permettre de laisser de côté certains faits d’armes du régent. Cette aisance mentale ne leur était plus autorisée désormais, et il leur fallait affronter certaines réalités peu ragoutantes. Je ne t’ai jamais parlé de ma vie du temps où je servais le duc Merwyn lors de la guerre civile, c’est exact. Tu sais ce que j’ai vécu avant, tu sais ce que j’ai vécu depuis mon départ de Serramire, mais entre les deux… sans doute n’est-ce pas la période de ma vie dont je suis le plus fier. Car si aucune partie de la vie de Jena ne constituait plus un secret pour son époux, même la tragique vérité sur son « frère », Hanegard faisait preuve de moins de franchise. En partie par volonté d’épargner certains récits à Jena, en partie par volonté de tenter de les oublier, le régent évitait en général d’en parler. Cette époque pas si lointaine durant laquelle il commandait les armées de Serramire, alors que le deuil de sa première épouse pesait encore lourdement sur ses épaules, restait comme un goût amer dans sa bouche. Des actes qu’il avait alors accomplis pouvaient révolter ceux n’ayant pas connu la folie de ces temps troublés. La guerre civile battait son plein, les seigneurs se déchiraient, le frère se levait contre le frère… et au milieu de tout cela chacun tentait de survivre. Mais tu as le droit de savoir Jena. Je… je te demande juste d'essayer de ne pas me juger trop sévèrement. Son épouse savait bien quel était son poste d’alors, mais quelle réalité mettait-elle derrière cela ? Un commandant dur mais juste, une sorte de paladin des temps modernes ? Difficile de savoir ce que la jeune femme connaissait des réalités du commandement opérationnel, n’ayant jamais vécue dans des zones de conflits ouverts. Les comptes-rendus des crieurs publics et les récits des bardes cachaient soigneusement certains faits. Un sourire mental naquit dans l’esprit du régent qui se dit que les vainqueurs aimaient ainsi à édulcorer leurs actes afin de n’en garder que le meilleur. Le vainqueur écrit l’histoire, dit-on... et force était d’admettre que tous les grands conquérants peuvent se targuer d’être bardés de vertus chevaleresques et de n’avoir jamais eu recours à des méthodes honteuses. Enfin il parait… L’amour que Jena lui portait résisterait-il à ce qu’Hanegard allait lui révéler de son passé ? Rien n’était moins sur, mais même cela restait préférable à laisser cette zone d’ombre envahir peu à peu leurs vies. Oui, Jena avait le droit de savoir ce que son mari pouvait faire, fussent des actes répréhensibles. La vérité, toute la vérité… ensuite elle le jugerait. Afin de savoir quelles parties de sa vie étaient déjà connues et acceptées, le régent lui demanda : Que sais-tu de mes actions au service du duc Merwyn ?
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| | | Jena Kastelord
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| Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Lun 21 Fév 2011 - 18:54 | |
| Oh miracle ! Elle qui s’était attendue à devoir quitter la pièce faute de réponse, elle fut presque surprise de l’entendre parler autant. Visiblement lui aussi avait des choses à lui dire, et même si elle ne se sentait pas totalement prête à tout encaisser, elle ne pouvait lui tourner le dos et le laisser seul avec ses remords. Non, ce n’était pas comme cela qu’elle voyait le mariage, elle avait accepté de l’épouser devant Néera et tout Alonna, elle avait prononcé des mots qu’elle jugeait sacré…elle avait juré de l’aimer et cela dans la joie comme dans la douleur. Elle aurait, certes, préféré que tout se fasse dans la joie et la bonne humeur, mais la vie est ainsi faite, il arrive parfois que l’on soit amené à douter… de tout. Mais les mots prononcés reviennent alors en mémoire et ils rappellent les sentiments et l’amour partageaient du temps où ils furent dits. C’est peut-être pour cela qu’elle resta là, face à lui, l’écoutant et acceptant dans entendre davantage. Il avait le droit de s’expliquer, elle s’installa donc sur le fauteuil, bien droite pour éviter les tiraillements douloureux dans son dos. Mais malgré toutes ses précautions elle sentait des gouttes de sueur glisser sur ses plaies à vif et sur son front.
- Ce que je sais de tes actions ? .
La stupeur qui se lisait sur son visage n’était pas feinte. Elle ne s’était pas attendue à pareille question et elle ne put retenir une réponse peut-être un peu trop acerbe.
- Rien, c’est un sujet que tu n’as jamais abordé avec moi.
Regrettant presque aussitôt le ton tranchant qu’elle avait employé, Jena baissa la tête et fixa un instant ses doigts pour calmer la colère qui montait à nouveau en elle. C’était tellement le bazar dans son esprit, qu’elle se raccrochait à tous les sentiments qui lui prouvaient encore qu’elle était en vie. Et pour l’heure c’était la colère qui s’imposait le plus souvent à elle, bien que ce soit le sentiment qu’elle supportait le moins éprouver.
- La seule chose que je sais c’est que tu commandais les légions noires de Serramire. Ce que toi tu faisais je n’en ai jamais rien su, en revanche il y avait toutes sortes de rumeurs qui circulaient sur ces fameuses légions. Dame Camelia aimait en parler lorsqu’elle recevait des personnes de haute autorité.
Devoir prononcer le nom de son ancienne maîtresse lui écorcha la bouche. Elle n’avait pas besoin de se remémorer ce genre de souvenir, surtout pas maintenant. Jena releva les yeux pour croiser le regard de son époux. Il lui avait demandé de ne pas le juger trop sévèrement et depuis qu’elle le connaissait c’est ce qu’elle avait fait. Elle savait ce qui se disait sur les terribles légions noires de Serramire, ses soldats étaient craints et respectés, ce qui la ramenait aux rumeurs qui circulaient alors à l’époque. Jusqu’à présent elle avait tenté de ne pas assimiler ces rumeurs à son ancien commandant, Hanegard. Elle avait préféré fermer les yeux et ne rien lui demander, après tout elle considérait que toute personne pouvait racheter ses fautes en faisant le bien, et c’est ce qu’il faisait depuis qu’elle le connaissait.
- Que tu sois celui qui ait ordonné et fait toutes ses choses que l’on murmurait dans tous les duchés …. je m’en fichais et aujourd’hui encore tu n’es pas obligé de me les dire. Je n’ai pas besoin de savoir.
Pouvait-il réellement vouloir enfoncer davantage le couteau dans la plaie en lui racontant tout ce qu’il avait fait lorsqu’il dirigeait les légions de Serramire ?
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| | | Hanegard Kastelord
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| Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Mar 22 Fév 2011 - 9:05 | |
| Ainsi donc sa femme ne connaissait de sa vie à Serramire que ce qu’en rapportaient les rumeurs. Les croyait-elle ? Sans doute en partie, et peut être tentait-elle de ne pas en tenir compte, d’ignorer cette partie de la vie de l’homme qu’elle aimait… tout du moins Hanegard espérait qu’elle l’aimait encore car Ilinsar avait mis leur amour à rude épreuve et cette discussion ne simplifierait pas les choses. Cette maudite drow savait admirablement instiller les germes de la haine dans le cœur des autres. Il fallait crever l’abcès sinon les sous-entendus de la drow alliés aux rumeurs empoisonneraient leur vie. Un jour, demain ou dans un an, Jena se demanderait si l’homme qu’elle avait épousé était bien celui qu’elle croyait aimer. Le doute peut constituer un agent de destruction plus puissant et plus tenace que ce que l’on pense couramment. Hanegard ne voulait pas qu’un mur se créé dans leur couple à cause de son passé. Je crois que si, Jena. J’espère que tu comprendras ce que j’ai fait, mais je ne veux pas que tu me pardonnes sur des bases de rumeurs ou d’on-dit. J’ai eu tort de te cacher cette partie de ma vie… peut être ai-je eu peur que l’apprendre ne t’éloigne de moi. Croisant les bras sur son bureau, le régent se replongea dans ses souvenirs. Lorsque le roi l’avait nommé régent d’Alonna, une porte se ferma dans son esprit, porte menant à ses anciens souvenirs liés à Serramire. Cette porte, il n’aimait guère l’ouvrir, acceptant l’oubli comme une déesse fort commode. Les événements de ces derniers jours fragilisaient déjà cette porte, alors autant boire le calice jusqu’à la lie. La réputation des légions noires était en grande partie de la propagande voulue par le duc Merwyn. Il lui fallait une troupe d’élite crainte à travers tout le royaume, aussi laissa-t-il allégrement se diffuser les rumeurs sur les exactions des légions. Oh, je ne dis pas que les légionnaires étaient des paladins de vertu, loin s’en fallait et nous avons mené de dures répressions contre les opposants au duc… mais nous n’étions pas ces violeurs assassins qui rasaient les villages et empalaient tous les habitants. En tout cas pas du temps où je les commandais. Pourquoi parler de cela ? Peut être parce que le régent voulait vraiment que Jena comprenne ce qu’avait été sa vie avant qu’il ne la rencontre. Peu lui importait l’avis des autres sur ses actions, sa conscience pouvait parfaitement s’accorder de désaccords. Mais l’avis de la femme qui partageait son lit chaque nuit comptait énormément par contre. Aimer implique aussi de pouvoir faire confiance. Il lui fallait faire confiance à l’amour que Jena ressentait pour lui, croire en cet amour. Elle le connaissait, elle savait quel homme il était au fond de son cœur. On ne partage pas la vie de quelqu’un sans en percer les défenses les plus intimes. Oui, il devait croire en elle… ne s’étaient-ils pas juré fidélité et amour devant Néera ? J’étais entré au service du duc Merwyn à l’époque du siège d’Oësgard. Il désirait se débarrasser de ses alliés nains mercenaires devenus trop encombrants. Je commandais le détachement qui soi-disant leur apporta leur paiement… pendant que des troupes prenaient position de part et d’autres du campement. Une attaque en traître parfaitement organisée et menée tambour battant. Ils se sont bien battus mais nous les avons tous tué. Ce coup de main réussit amena le duc à me faire monter à grande vitesse dans la hiérarchie des légions, et à me confier la responsabilité d’assurer la sécurité de Serramire vis-à-vis des drows qui commençaient à s’infiltrer en nombre à l’époque. Nous l’ignorions à l’époque, mais l’ost noir que j’ai affronté à Beremas des mois plus tard commençait à se constituer et le Puy envoyait des assassins et des espions afin de nous affaiblir. Une époque particulièrement troublée qui avait au final entrainé le ravage d’Oësgard pendant des semaines par l’ost noir avant que les légions noires ne remportent une victoire sur les drows. Victoire certes plus tactique que stratégique, car seule l’arrière garde de l’ost drow fut défait. Mais une victoire tout de même, qui appartenait à une autre histoire et n’était au final qu’assez peu liée à l’enlèvement et aux sévices que venait de subir Jena. Car après tout là se trouvait le véritable nœud gordien du problème. La Némésis du régent allait hanter les nuits de Jena, alors que la jeune femme ne savait quasiment rien d’elle. En bonne tortionnaire, Ilinsar avait laissé tomber des informations décousues permettant à sa victime de reconstituer une histoire en bonne partie faussée. Bien conscient que ses prochains mots allaient faire monter la tension d’un cran, il reprit : C’est alors que ma route a croisé celle d’Ilinsar.
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| | | Jena Kastelord
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| Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Mar 22 Fév 2011 - 12:08 | |
| Ecoutant les paroles de Hanegard, Jena sentit peu à peu son sang se glacer. Bien qu’elle sache précisément ce qu’impliquait les fonctions d’un soldat, elle avait toujours fait abstraction des dizaines, voire même des centaines de morts qui étaient tombés sous les coups d’épée d’Hanegard. Certes elle ne l’avait pas pris non plus pour un enfant de cœur, elle était très au courant du sort qu’il avait réservé au chef de son ancien village. Mais être l’assassin d’un homme, et le meurtrier de centaines d’autres étaient deux choses très différentes. Bien sûr, depuis qu’ils étaient ensembles, elle doutait fortement que son époux eut un jour besoin de passer la lame de son épée en travers du corps d’un ennemi, du moins ne le lui avait-il pas dit. Il continuait inlassablement son récit et elle l’écoutait avec patience, même si par moment elle avait envie de lui dire d’aller droit au but, elle restait silencieuse. Son dos la faisait souffrir, et rester droite comme un i devenait de plus en plus douloureux, mais elle souffrait en silence. Après tout, cela devait lui en coûter de déballer ainsi cette partie de sa vie qu’il s’était jusqu’ici efforcé d’oublier, elle ne devait pas le presser, et encore moins lui donner à croire qu’elle se fichait pas bien mal de ses petits problèmes de culpabilité.
Cependant, son visage jusqu’ici impassible se crispa légèrement. Elle fronça les sourcils et détourna le regard vers la fenêtre du bureau. Le ciel avait beau être radieux mais elle était loin de pouvoir l’apprécier à sa juste valeur. C’était la première fois qu’elle entendait le prénom de la drow de la bouche de son époux, ça lui était presque insupportable. Comme un cri strident et aigu. Elle n’aimait pas ça, qu’il prononce son prénom, comme Ilinsar lorsqu’elle s’était amusée, tel un chat avec une petite souris, à prononcer le sien… La comparaison la fit frissonner, tant de dégoût que de crainte.
- Je ne supporte pas de t’entendre dire son prénom….
C’était à la fois une constatation pure et simple, mais également une sorte d’avertissement, comme lorsque la météo vous dit qu’il risque d’y avoir quelques averses et que vous vous retrouvez avec un orage du feu de dieu, sans parapluie et avec vos escarpins tout neufs…. Mais je m’éloigne du sujet. En clair cette phrase prononçait d’un ton glacial était là pour l’avertir qu’elle ne pourrait sûrement pas supporter une nouvelle fois d’entendre ce prénom dans sa bouche. Et bien oui, faut pas non plus s’attendre à trouver une jeune femme totalement stable et saine d’esprit après tout ce qu’elle vient de traverser. Il y a des choses qu’elle n’est pas encore prête à entendre, et le prénom de la drow en fait partie.
Baissant la tête, Jena tenta de retrouver le calme qui l’avait habité jusqu’alors, mais rien n’y fit, elle était agitée, dans son esprit sa colère bouillait, ses mains s’étaient mises à trembler mais elle tenta de le cacher en croisant les bras sur sa poitrine.
- Je ne…. Je ne veux pas entendre la suite…. Je ne veux plus l’entendre….
Combien de fois la drow lui avait dit ce qui s’était passé dans les cachots de Serramire entre elle et Hanegard ? Trop de fois. Elle avait d’abord nié, l’avait traité de menteuse, mais à chaque coup elle avait cédé un peu plus, et elle avait finit par la croire parce qu’après tout, elle n’avait aucune raison de lui mentir, son but était de la faire souffrir et cela rien ne valait mieux la vérité qu’un mensonge.
- Je la connais déjà…
Jena se tenait maintenant la tête, subitement submergée par le désespoir et la colère. Ce simple prénom avait éveillé tant de souffrance et les souvenirs des mots qu’elle lui avait murmurés avec un plaisir non dissimulé lui revenaient en mémoire avec autant de netteté que si elle s’était trouvée près d’elle en cet instant.
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| | | Hanegard Kastelord
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| Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Mar 22 Fév 2011 - 13:51 | |
| Entendre le nom de sa tortionnaire entraina immédiatement un raidissement dans le corps de Jena, comme si elle avait soudainement aperçu un scorpion. Se renfrognant avec une moue boudeuse (Jena est adorable quand elle boude), elle affirma ne pas vouloir entendre la suite. Selon elle, la vérité lui était déjà connue quand aux raisons de la haine entre son époux et Ilinsar. D’une voix saccadée, le régent l’interrompit : Vraiment ? La vérité ? Tu crois connaître la vérité ? Mais laquelle ? Celle de la drow je suppose ? Pas fou au point de redire le nom d’Ilinsar tout de même, mais bien décidé à ne pas laisser Jena sortir de la pièce sans avoir entendu la vérité. En tout cas pas celle déformée et utilisée comme arme psychologique que son épouse connaissait. Choquée et furieuse sans doute de savoir qu’elle avait souffert du fait des tortures infligées à Ilinsar par Hanegard longtemps auparavant, elle ne cherchait même plus à savoir le pourquoi de cette sombre affaire. Non, pas de doute, les effets mentaux de cette séquestration ne se dissiperaient pas aisément. Se levant, le régent vint se placer devant sa femme, une main sur chaque accoudoir du fauteuil. Hors de question que Jena puisse se lever et partir avant qu’ils n’en aient finis. Elle allait l’écouter, que cela lui plaise ou non. Après elle pourrait hurler, le gifler et claquer la porte, mais au moins elle saurait la vérité… il l’aimait trop pour continuer les mensonges. T’a-t-elle parlé des dizaines de morts dont elle s’est rendue responsable avant que je ne réussisse à la capturer ? T’a-t-elle dit que depuis des années elle rôdait dans le royaume, s’attaquant à des fermes isolées pour en massacrer les occupants ? T’a-t-elle dit combien de morts elle a sur la conscience ? Hommes, femmes, enfants, ils sont tombés nombreux sous sa lame ou ses flèches. Sais-tu combien de souffrances elle a causé ? Combien de familles la maudissent ? Le régent sentait lui aussi la colère monter. Pas contre Jena, non, de cela il était bien incapable, mais contre Ilinsar qui empoisonnait l’esprit de son épouse au point qu’elle refusait quasiment de l’écouter lorsqu’il voulait lui expliquer la véritable histoire entre la drow et lui. Ils ne pouvaient arrêter les choses désormais, ou décider de repousser cette explication une fois encore… il leur fallait aller jusqu’au bout. S’il ne désirait qu’une chose, à savoir serrer tendrement Jena dans ses bras et lui murmurer que tout irait bien, Hanegard se força à continuer. Pas par amusement ni par désir de faire souffrir sa femme, non, car il aimait plus Jena qu’un nain n’aime une biquette imbibée de bière (métaphore nanesque fort célèbre à Lante et indiquant que l’on aime une personne au-delà de toute raison). Non, il ne voulait pas la faire souffrir mais se refusait à la laisser croire ce qu’Ilinsar racontait sans réagir. T’a-t-elle dit qu’elle a craqué cette nuit là, dans les cachots de Versmillia, et bien plus facilement que moi ou Merwyn ne l’aurions cru ? T’a-t-elle dit que j’ai eu pitié d’elle au point de faire venir un prêtre afin de la soigner ? Je l’ai vu faible, misérable, et j’ai eu pitié d’elle… pitié ! Voilà pourquoi elle veut se venger ! Voilà ce qu’elle n’a pas supporté ! Ma pitié ! Non Jena, je ne regrette rien de ce que j’ai fait ! Rien ! Ma seule erreur a été de ne pas la tuer comme la chienne enragée qu’elle est, de ne pas avoir rendu moi-même la justice.
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| | | Jena Kastelord
Ancien
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| Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Mar 22 Fév 2011 - 14:42 | |
| - Oh et c’est aussi ta pitié qui l’a violée peut-être ? Le ton sec de sa voix l’avait surprise mais elle n’en changea pas alors qu’elle continuaitQue tu es pu faire une chose pareille à une femme me dégoûte déjà assez, mais que tu l’ais fait à une drow…un monstre de cruauté comme elle… ça me rend malade.
Voilà, là je pense que l’abcès est relativement bien crevé. Mais au lieu de permettre une guérison plus rapide et quasiment indispensable, cela ne fit que faire remonter sa colère. Elle n’aimait pas la façon dont il venait de lui parler, comme si elle ignorait tout, comme si elle n’avait été qu’une enfant ignorante de tout ce qui entoure une guerre. Certes Ilinsar avait tué de nombreuses personnes, peut-être même plus que les autres membres de sa race, mais les hommes en avaient fait tout autant en temps de guerre. Nulle créature ne pouvait se targuer d’avoir remporté une guerre sans avoir fait couler le sang.
Il était si près d’elle qu’elle aurait pu le gifler, le griffer, lui hurler dessus…et Néera sait combien cela la démangeait, mais elle restait stoïque, plantant son regard noir dans les yeux de son époux. Elle aurait tellement préférée oublier ce qui c’était passé, retrouver la sécurité de ses bras, retrouver leur complicité d’avant. Mais une drow était passée par là, semant avec habilité le doute dans l’esprit de Jena. Ce qu’elle avait sur le cœur c’était cette image qu’elle avait maintenant d’Hanegard. Un homme capable d’assouvir des pulsions aussi bestiales et dégoûtante sur une drow…
–Crois-tu que j’ignore le sort qu’elle réserve à ses victimes ? Elle a prit plaisir à me laisser des heures avec pour seule compagnie le cadavre des deux fillettes. Je ne pourrais jamais oublier leurs visages… leurs grands yeux ouverts, effrayés…
La colère s’éteignit petit à petit dans sa voix, elle était loin de se sentir mieux, c’était même plutôt l’inverse. Lorsqu’il y avait cet abcès entre eux, elle avait toujours le silence comme refuge, il n’avait pas cherché à lui parler à ce moment là. Mais maintenant qu’ils avaient décidé de faire un grand déballage général, elle ne pouvait faire qu’encaisser et hélas, ses nerfs n’étaient pas assez solides pour cela. Ils avaient trop soufferts lorsqu’elle était entre les mains de Ilinsar.
– Elle ne m’a peut-être pas dit toutes ses choses, mais elle n’attendait pas de moi que je pleure sur son sort. Elle a juste dit ce qu’il suffisait et ces mots ont frappés exactement où ça pouvait me faire le plus de mal. Le reste ne change rien… Que tu es eu pitié d’elle prouve seulement que tu avais un cœur…Ce que tu lui as fait ensuite…. Ce n’est pas humain…
Plus de colère dans sa voix, juste une terrible déception et une douleur plus profonde que toutes les autres. Même les blessures de son dos semblaient n’être qu’une comédie à côté de ce que son cœur endurait. |
| | | Hanegard Kastelord
Ancien
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| Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Mar 22 Fév 2011 - 16:30 | |
| Non, elle ne le comprenait pas… ou peut être n’arrivait-il pas à se faire comprendre. Jena continuait à juger identiquement ses actes et ceux d’Ilinsar, de continuer à juger selon les mêmes critères un humain et une drow. Qu’y avait-il de choquant à violer une drow ? Certes on pourrait parler de désirs bestiaux et pervers à satisfaire, mais ces maudits sombres ne méritent rien d’autre qu’une mort rapide pour expier leurs crimes… alors de là à utiliser les grands mots. Je ne pense pas devoir te rappeler que le viol est un outil assez commun en matière de torture psychologique. Je voulais voir la honte dans son regard, je voulais me venger. Elle avait le jour même tué près d’une dizaine de mes hommes. Sargril, que tu connais, était gravement blessé. Cette raideur dans l’épaule, c’est à elle qu’il la doit. Tu n’as jamais connu ces moments où un sentiment de pure haine te donne envie de détruire tout ce qui t’entoure. A tête reposée, on peut estimer que le viol d’Ilinsar était honteux et indigne… mais ce soir là je ne désirais qu’une chose : la vengeance. Après… après, je me suis senti souillé, et j’ai voulu oublier. En vain. Hanegard se rappela son état d’esprit ce soir là lorsqu’il était descendu dans les cachots sur ordre du duc. Les gardes lui avaient demandé de ne pas garder son épée, autant par sécurité pour Merwyn lui-même que pour éviter de tuer la prisonnière dans un mouvement de rage. Une fois la drow humiliée, violée et en sang, la colère de l’ancien capitaine des légions avait pu se calmer, raison pour laquelle un prêtre fut appelé sur son ordre afin de soigner la suppliciée. En fait, ce n’était pas le fait d’avoir torturé Ilinsar que Jena lui reprochait… non, elle n’admettait tout simplement pas que son époux ait eu recours au viol. Cette seule fois où sa colère avait pris le pas sur sa raison lui coûtait cher aujourd’hui, car sa femme omettait tout le reste pour focaliser son ressentiment sur un unique acte. Et difficile en plus de lui rappeler l’injustice de ce jugement au vu de ce qu’elle venait de subir. Regardes moi dans les yeux, Jena. Crois tu vraiment que je sois le genre d’homme qui prenne plaisir à violer les prisonnières ? Avant de me juger sur cette unique nuit à Versmillia, va donc demander à Sargril combien de jeunes femmes j’ai violé durant tout le temps passé dans les légions. Et combien de viols ou de meurtres j’ai empêché. Non, le régent se refusait à admettre ce jugement trop rapide. Tout homme, toute femme, à ses démons, une région de son cœur où bouillonnent les plus sombres sentiments de l’humanité. Chez certains cette région se réveille fréquemment, mais Jena pourrait-elle accepter qu’un jour son époux n’avait pu contrôler sa haine ? Qu’un jour la tension et la colère avaient débordé et qu’il n’avait pu la contenir ? Au contraire d’Ilinsar qui jouissait de la souffrance de ses victimes et s’en accommodait fort aisément, Hanegard devait porter sur la conscience le poids de ses actes. Peut être un jour Jena admettrait-elle que le viol d’Ilinsar, commis sous le coup de la colère, ne correspondait pas avec la mentalité de son époux. Ou peut être ses propres souffrances l’empêcheraient-elles définitivement d’y arriver, auquel cas plus rien entre eux ne serait jamais comme avant. Se détournant, le régent marcha jusqu’à la fenêtre et s’appuya des deux mains au rebord. Et si elle avait raison ? S’il ne faisait depuis si longtemps que se mentir à lui-même ? Après tout, ce n’était pas sa première crise de colère. La mort d’Orsk déjà constituait un acte extrême causé par sa haine, et les siens en avaient bien jugés ainsi en l’exilant loin de son clan. Mais vivre sans Jena… voir le ressentiment et cette accusation dans son regard… d’une voix lourde, le régent murmura : Jena… je ne suis pas le monstre que tu décris. J’ai parfois mal agi dans ma vie… et que tu ais du souffrir à cause de cela me déchire le cœur. Je t’aime plus que tout au monde et je me sens impuissant à t’aider. Je… j’ai l’impression d’être en train de te perdre et de ne pouvoir qu’assister à la scène.
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| | | Jena Kastelord
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| Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Mar 22 Fév 2011 - 17:15 | |
| Les mots qu’elle venait de prononcer firent réagir Hanegard, mais pas de la façon dont elle s’y étendait. Au lieu de nier, de lui dire que ce n’était pas vrai, ce qu’elle aurait cru même s’il lui avait menti, il s’enfonçait, la dégoûtant un peu plus à chaque mot. Etait-ce parce que le viol était monnaie courante en matière de torture qu’il fallait l’appliquer ? A une drow de surcroît ? Alors qu’elle baissait la tête, qu’elle voulait éviter de le regarder pour ne pas se mettre davantage en colère, il prononça à nouveau son prénom. Relevant brusquement les yeux pour croiser son regard, elle resta silencieuse, faisant le plus d’effort possible pour ne pas lui sauter à la gorge. Comment pouvait-il parler ainsi ? Jusqu’à preuve du contraire pour violer une femme, il faut bien en avoir un minimum envie non ? La mécanique masculine est ainsi faite, certes elle ne serait pas allée jusqu’à l’accuser d’y avoir pris du plaisir mais tout de même il ne fallait pas pousser. Elle se sentait bouillir de rage, pourquoi continuait-il ? Cherchait-il à la faire hurler ? C’était ça, ça façon de lui faire oublier les jours qu’elle venait de vivre ?
- Je ne veux plus attendre son prénom dans ta bouche, murmura-t-elle la voix pleine de rage alors qu’il continuait à débiter son flot de parole.
Il eut la bonne idée de se reculer et de s’éloigner d’elle. Pour le moment elle en avait encore plus besoin qu’une bouffée d’air frais. Elle était sur le point d’exploser, elle avait envie de hurler, de pleurer, de partir en courant…. De s’éloigner de lui. Pourtant elle ne pouvait se résoudre à le quitter. Elle l’aimait trop pour cela. Mais parviendrait-elle à oublier ce qu’il venait de lui dire ? L’entendre parler si crûment d’un viol ? Elle était certaine qu’il n’avait fait cela qu’une fois mais c’était une fois de trop….elle ne pouvait imaginer son époux faire une chose pareille…Surtout lorsqu’elle pensait à sa fille, sagement endormie dans la pièce à côté.
– J’aurais tant préféré un mensonge…Cette vérité là me fait plus de mal que tu ne sembles le penser. Je sais que tu n’es pas un monstre, j’ai épousé un homme bon mais j’ai tellement de mal à admettre que tu te sois un jour rendu coupable des mêmes tortures qu’elle m’a infligées…
Se levant à son tour, Jena grimaça en sentant les plaies de son dos la tirailler. Elle se sentit vaciller mais se rattrapa au bureau pour ne pas tomber lamentablement. Elle avait encore un minimum de fierté même après avoir supplié une drow de lui laisser la vie sauve.
– Elle me disait que je devais m’estimer heureuse qu’elle soit une femme….parce qu’on savait toutes deux ce que j’aurais enduré si j’avais été entre les mains d’un homme. Tu as eu ce rôle là un jour et même si tu avais les meilleures raisons du monde, même si j’ai été torturé deux longs jours, même si je t’aime de tout mon cœur, c’est ça qui m’est le plus difficile à oublier. Parce que j’aurais pu subir la vengeance d’un homme … et que dans un élan de haine et de colère je savais que tu avais déjà été cet homme là.
Poussant un soupir à fendre l’âme, Jena resta un moment silencieuse. Sa peine était bien plus profonde qu’elle ne l’avait cru jusqu’alors. C’était d’autant plus douloureux qu’elle avait l’impression de ne pouvoir rien faire pour améliorer la situation. D’autant plus douloureuse qu’il ne semblait pas la comprendre.
– Je t’aime. Mais pour le moment je suis incapable de plus
Sous entendu de lui pardonner… Là ça allait être un long long long travail sur elle-même. Mais déjà un autre problème se posait, elle était également incapable de faire un pas tant son dos la faisait souffrir, et même si elle aurait largement préférer quitter la pièce, elle dut se résoudre à se rasseoir, sans même chercher à dissimuler sa douleur et le petit gémissement qui allait avec.
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| | | Hanegard Kastelord
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| Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Mar 22 Fév 2011 - 22:36 | |
| La tension montait peu à peu dans la pièce, et on pouvait légitimement commencer à se demander si cela n’allait pas se terminer à l’arme blanche. En plus notre Jena sait manier la rapière désormais, ce qui rendrait le duel intéressant. Deux êtres qui s’aimaient profondément voyaient un fossé d’incompréhension se creuser entre eux, du fait d’une drow qu’ils auraient volontiers égorgé ! Ilinsar réussissait son coup à retardement, et pouvait se réjouir de son succès… du moins si elle avait pu assister à la scène. Un mensonge ? Oui, j’aurai pu te mentir, affirmer n’avoir jamais abusé d‘elle. Et dans quelques mois tu aurais eu des doutes. Tu aurais interrogé Sargril, ou l’un des soldats qui servaient sous mes ordres à l’époque. Beaucoup n’auraient rien pu te dire mais en recoupant morceaux par morceaux tu aurais bien fini par comprendre que je te mentais. Préfères-tu une réalité, fut-elle blessante, ou découvrir que je t’ai menti ? A elle de répondre seule à cette question. Apprendre que son époux avait violé une drow ne devait pas être plaisant… mais apprendre que son époux lui avait menti sur ce sujet risquait d’être encore pire. Sur le coup, un mensonge la soulagerait certes grandement, mais Hanegard restait persuadé qu’un tel mensonge aurait définitivement brisé leur couple à moyen terme. Les doutes implantés par Ilinsar durant ces deux jours ne pouvaient pas être arrachés. Non… il fallait les affronter en face. Dire que seulement quelques jours plus tôt, une profonde union les liait, un amour si pur et si intense qu’ils le croyait presque irréel. Le militaire blanchi sous le harnois et la jeune damoiselle manipulée par une maîtresse arriviste ne semblaient pas fait l’un pour l’autre… et cependant… l’alchimie de l’amour frappait sans prévenir. Un mariage heureux, une fille adorable, rien ne semblait pouvoir troubler une histoire idyllique. Quel gâchis, quel horrible gâchis ! En deux jours Ilinsar venait de mettre à bas un édifice si beau, si parfait. La confiance perdue, l’amour chancelant, le ressentiment qui se développe… oui, un vrai gâchis ! Un affreux gâchis que ni l’un ni l’autre ne parvenaient à endiguer. Mais lorsque Jena se rassit en gémissant de douleur, toutes ces analyses, ces méditations furent bien vite jetées à la poubelle. Revenant en hâte s’agenouiller à côté d’elle, son mari lui pris tendrement la main. Le grand prêtre est prévenu, il va venir te soigner. D’ailleurs il fiche quoi l’autre grand gusse truc ? J’ai une régente en sang sur les bras moi ! Bon, y’a du bruit dans le couloir, disons que ce sera lui. Mais si, mais si, ce sera lui. Quoi c’est facile ? Ecoutez, soit on fait intervenir le grand prêtre de Néera soit ce sera une escouade de nains naturistes, choisissez ! Le grand prêtre ? Ben tiens…. Je m’en doutais un peu. |
| | | Jena Kastelord
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| Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Mer 23 Fév 2011 - 6:38 | |
| Il avait raison, mais pas sur toute la ligne. Certes elle aurait appréciée un mensonge qui les aurait ménagées elle et ses nerfs, mais elle aurait finit par ne plus supporter l’idée que son époux lui cachait une part importante de sa vie. La seule chose sur laquelle il se trompait c’était sur l’attitude qu’elle aurait adoptée. Jamais elle ne se serait permise d’aller fouiller dans le passer d’Hanegard en interrogeant amis et anciens soldats des légions noires. Non, elle se serait sûrement rongées les sangs en silence jusqu’à ce qu’elle se sente obligée de savoir, au risque de détruire tout ce qu’ils auraient reconstruit. Mais pour l’heure, elle n’en était plus là. Sa douleur avait embrumée son esprit, et c’était en quelque sorte un mal pour un bien. Elle n’avait plus besoin de passer à toutes ses choses qui la faisaient souffrir. En moins d’une seconde Hanegard fut près d’elle, mais lorsqu’il lui prit la main elle eut d’abord un mouvement de recul, involontaire. Ce n’était pas parce qu’il s’agissait de son époux, pas non plus à cause de la discussion qu’ils venaient d’avoir, mais parce qu’elle ne supportait plus qu’on la touche. On lisait sa propre surprise sur son visage alors qu’elle gardait les yeux rivés sur cette main que tendait son époux. Même le contact de Clarys quelques minutes plus tôt lui avait été insupportable…mais là c’était Hanegard…. elle ne pouvait pas laisser cette nouvelle angoisse s’immiscer entre eux. Sans attendre de réfléchir davantage, Jena reprit la main de son époux et elle s’agrippa à son bas en baissant la tête pour que celle-ci vienne reposer contre son épaule. Elle était pourtant si bien dans ses bras. Pourquoi avait-il fallut qu’elle croise la route d’Ilinsar.
- Un prêtre n’était….pas nécessaire…. J’ai…. juste besoin d’un bain et de dormir…
Certes elle était persuadée que cela aurait été suffisant mais un infime mouvement lui rappela l’était de son dos et un faible cri de douleur s’échappa de ses lèvres. Cette fois elle était littéralement en nage, et ses tremblements ne faisaient rien pour améliorer son confort.
– Tu resteras avec moi n’est-ce pas ?
Elle aussi entendait les bruits de pas dans le couloir, et s’il le prêtre passait cette porte,n ce n’était pas pour qu’Hanegard en profite pour sortir. Néera sait quand elle aurait l’occasion de se retrouver si près de lui. Qu’il soit avec elle lui semblait presque vital. Peut-être était-ce justement parce qu’il était toujours là qu’elle arrivait à moins lui en vouloir. Peut-être que son absence n’aurait fait qu’agrandir le fossé qui s’était creusé entre eux en deux jours.
Elle n’avait pas envie de se retrouver seule avec ce prêtre, pire encore, elle se rendait compte qu’elle avait peur d’être seule. Car une fois les soins apportés, le prêtre ne s’attarderait pas plus longtemps. Et elle se retrouverait seule…. Cette perspective lui glaçait le sang. Il ferait peut-être appeler quelqu’un qu’elle connaissait, Clarys, Sargril, Valkor même pourquoi pas, mais cela aurait été la même chose. Clarys aurait voulu la faire parler, la toucher et elle n’aurait pas supportée. Sargril serait resté près d’elle, dans un silence poli tout comme Valkor, et elle n’était pas encore prêtre à regarder leur pitié. Et puis ce n’était pas plus simple que cela, elle avait besoin d’Hanegard, juste de lui, parce que malgré toute cette sordide histoire, elle n’avait confiance qu’en lui.
– J’ai besoin que tu sois avec moi…J’ai tellement peur de tout…Si toi aussi tu t’en vas….je ne le supporterai pas
Sa voix n’était qu’un murmure, s’il n’avait pas été si proche d’elle, il ne l’aurait probablement pas entendu mais si proche de lui, la tête posait contre lui, elle était sûre qu’il entendrait sa supplique.
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| | | Hanegard Kastelord
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| Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Mer 23 Fév 2011 - 8:31 | |
| La voix de Jena tendait presque vers la supplique en demandant à son époux de ne pas la quitter. La terreur de se retrouver seule avec ses cauchemars ne pouvait hélas que se constater. Déposant un baiser sur les cheveux de sa chère et tendre, le régent murmura : Je ne te quitterai pas, ma chérie. Lorsque le Grand Prêtre entra dans la pièce, sa déesse retint un hoquet de terreur, tant elle craignait qu’il n’aborde le sujet interdit, c’est-à-dire l’utilisation par le clergé de Néera de la divine sodomie comme méthode de soin. Heureusement, l’heure était trop grave pour que nous acceptions de nous abaisser à de tels procédés. Non, là le Grand Prêtre se contenta de saluer le couple régent. Son regard calme et apaisant se posa sur nos deux héros. Le capitaine Sargril m’a expliqué que vous auriez besoin de mes services. Levant les yeux, la tête de sa femme sur son épaule et sa main dans la sienne, le régent ne pu retenir un soupir de soulagement. Si la souffrance morale que ressentait Jena ne pourrait se soigner qu’au prix d’une longue reconstruction, à tout le moins sa souffrance physique pouvait elle se traiter sans plus tarder. Cela, associé à du repos, pourrait aider la jeune femme à se remettre… en partie du moins. Recouvrer son intégrité physique serait un premier pas fort important, la voir grimacer de souffrance à chaque mouvement constituait un vrai crève-cœur. Je vous remercie d’être venu. Pourrions-nous… rester seuls je vous prie ? Hochant la tête, le Grand Prêtre fit signe à ses adeptes de sortir. Sargril et les gardes qui les avaient accompagnés les suivirent, laissant les trois protagonistes seuls dans la pièce. Le régent ne tenait pas vraiment à ce que tout le monde assiste aux soins qui allaient être donné à Jena, cela de la sphère purement privée, vidiou ! S’approchant, le Grand Prêtre jeta un regard sur le dos raide de Jena et sur les tâches rouges qui teintaient la robe, signe de plaies se rouvrant. Plus par politesse qu’autre chose, car il devinait sans doute aisément la réponse, il demanda : Que dois-je soigner ? De multiples plaies dans le dos. Alors il faudrait allonger votre épouse pour que je puisse opérer. Hanegard remercia du regarde le Grand Prêtre de ne pas avoir posé de questions quand à l’origine de ces blessures. Se lancer dans des explications sur le comment du pourquoi du où du quand n’aurait pu que rappeler de terribles images à Jena. Autant que faire se pouvait, il valait mieux taire les détails de son « séjour » entre les mains d’Ilinsar. Le moins ils en diraient, le mieux cela serait, évoquer Ilinsar ou ce qu’elle lui avait fait subir serait fort mauvais pour ses nerfs à vif. Doucement, les doigts du régent effleurèrent la joue de son épouse, dont les yeux se rouvrirent légèrement à ce contact familier. Épuisée par la discussion assez animée qu’ils venaient d’avoir, elle paraissait à moitié endormie. Ou peut être à moitié évanouie, Hanegard ne savait pas trop. Jena. Je vais devoir te porter jusqu’au lit.
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| | | Jena Kastelord
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| Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Mer 23 Fév 2011 - 12:05 | |
| Rassurée de savoir que son époux resterait près d’elle, Jena se laissa lentement glisser dans un demi sommeil. En fin de compte c’était presque à se demander si elle n’était pas au bord de l’évanouissement. A tel point qu’elle ne remarqua la présence du prêtre que lorsque Hanegard lui murmura à l’oreille qu’il allait devoir la porter jusqu’à leur lit. Elle savait ce que cela impliquait. Il devrait la prendre dans ses bras et l’idée même d’une main posée dans son dos lui donnait la nausée. Se mordant la lèvre inférieure, Jena acquiesça d’un hochement de tête. De toute façon elle n’aurait pas pu se lever et marcher toute seule jusqu’à son lit, à la rigueur elle aurait préféré se vautrer sur le tapis du bureau mais bon, le lit serait sûrement un meilleur endroit, autant pour le prêtre que pour elle. Avec mille précautions Hanegard l’aida à se relever. Au moment où il passait un bras derrière son dos et un autre sous ses jambes Jena ferma les yeux et serra les dents. Elle bascula en une seconde dans les bras de son époux, elle crut alors que son dos se déchirait tant la douleur était intense, elle sentait le sang s’échapper de ses plaies et malgré le petit cri qu’elle poussa, elle subit le trajet jusqu’à son lit en silence. La tête collait contre le torse de son époux, elle sentait les larmes couler sur ses joues. Après un temps qui lui parut durer une éternité, elle se retrouva assise sur son lit. Loin de l’abandonner comme une vieille chaussette, Hanegard l’aida à s’allonger sur le ventre.
N’ayant pas prit le soin de se vêtir comme une femme de son rang l'aurait du, le prêtre n’eut à retirer qu’une chemise partiellement imbibée de sang. Lorsqu’elle vit le morceau de tissus tomber près du lit, elle se sentit pâlir… C’était tellement terrifiant de voir son propre sang étalé sur un bout de tissus… De sa main elle chercha celle d’Hanegard. Il dut voir son geste car presque aussitôt elle put serrer ses doigts. Le prêtre était penché sur son dos mis à nu, il palpait sa chair avec lenteur…c’était un vrai supplice… Mais à part quelques pitoyables gémissements, elle garda le silence. Lorsqu’elle sentit ses larmes redoubler, elle ramena son autre bras autour de sa tête et y enfouit son visage pour avoir un minimum d’intimité pendant qu’elle pleurait aussi lamentable qu’une gamine qui vient de s’écorcher le genou… bien que là ce soit un peu plus sérieux qu’une égratignure.
Son calvaire dura de longues minutes, et ce n’était pas tant la souffrance physique qui lui faisait mal, c’était aussi le souvenir des heures qu’elle avait passé à se faire lacérer le dos. Chaque geste du prêtre réveillait ses blessures, et avec une netteté qui l’étonna, elle parvint à se souvenir dans quel ordre et avec quoi Ilinsar lui avait strié le dos. Le prêtre descendit jusqu’à ses reins, il fut obligé de découvrir une partie de ses fesses pour pouvoir soigner toutes les blessures qui parcouraient son corps. Et puis bientôt, ce fut le noir total, elle ne sentit plus rien, elle était totalement ailleurs, loin de son corps douloureux, loin de son esprit tourmenté, et elle se sentait bien. Son évanouissement ne dura qu’une heure, le temps que le prêtre mit pour soigner et panser ses blessures, le temps qu’il eut besoin pour réciter tout un tas d’incantations et de formules. Lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle entendit la voix du prêtre saluer Hanegard. Il avait finit son travail, la douleur était bien moins présente, juste quelques tiraillements dans son dos par endroit mais ce n’était rien en comparaison de ce qu’elle avait subit jusqu’alors.
Malgré son désir de se lever et d’aller prendre un bain, elle était trop épuisée pour faire un geste. Elle trouva juste la force de tourner son visage vers Hanegard dont elle serrait toujours la main. Il était resté là près d’elle et étonnamment elle s’en voulait. Il avait du regarder les marques sur son dos parce qu’elle lui avait demandé de rester près d’elle…
– Je suis désolée murmura-t-elle en fixant ses yeux dans les siens. Je n’aurais pas du te demander de regarder ça…
Malgré son épuisement, Jena avait bien trop peur de s’endormir, et elle se sentait en plus coupable d’avoir fait subir ça à Hanegard. Visiblement, s’être fait charcuter le dos l’avait quelque peu radoucit. Elle ne voulait surtout pas qu’il croit qu’elle avait voulu le punir en l’obligeant à voir l’état de son dos et à la regarder souffrir pendant que le prêtre la soignait.
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| | | Hanegard Kastelord
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| Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Mer 23 Fév 2011 - 13:48 | |
| Le trajet jusqu’au lit fut un supplice. Pour Jena bien sur… car pour Hanegard ce fut surtout une obligation de grande attention afin d’éviter de toucher les plaies ou de forcer sur la chair déchirée. Bien évidement, au vu de l’étendu des dégâts, certaines se rouvrirent et le régent sentit le sang de Jena commencer à goutter sur ses mains et ses bras. Ce fut une jeune femme en pleurs qu’il assit doucement sur le lit et aida à s’allonger sur le ventre. Même le Grand Prêtre leva un sourcil en voyant la chemise tachée de vermeille. Bon, vu que la chemise était de toute façon fichue, Hanegard ne prit pas de gants et la découpa sur toute la longueur afin de la faire glisser sans difficulté. Le linge taché de sang tomba au sol tandis que le soigneur se penchait et de commençait son œuvre. Posant un doigt sur une plaie, il le laissa glisser le long de la chair ouverte, arrachant un nouveau gémissement de douleur à la régente. Recommençant sur la plaie suivante, puis encore sur une autre, le Grand Prêtre semblait décider à passer sur toute la carte des blessures. Le régent tenait toujours la main de son épouse dans la sienne, et il sentit brusquement un relâchement musculaire, signe que Jena venait de s’évanouir. Et pourtant le prêtre continuait, passant d’une plaie à l’autre tout en marmonnant des incantations. Alors que le régent, qui sentait la colère monter à voir son épouse ainsi maltraitée, s’apprêtait à expliquer au soigneur sa façon de penser, une douce lueur bleutée commença à naître sur les plaies sanguinolentes. Aussi faible que l’aube au début, la lueur devint de seconde en seconde plus vive, plus puissante, obligeant le régent à détourner le regard. Le Grand Prêtre lui ne semblait pas souffrir de la clarté et continuait à incanter à voix basse. La main de Jena dans celle d’Hanegard se mit à chauffer légèrement, comme si la jeune femme contenait un trop-plein d’énergie. Inquiet, mais conscient que la magie de soin ne faisait pas partie de son domaine de compétences, le régent resta muet. Puis, aussi brutalement qu’elle était apparue, la lueur s’affaiblit jusqu’à disparaître. Épongeant son front ruisselant de sueur, le Grand Prêtre se recula et murmura d’une voix fatiguée : Voilà qui est fait. Un peu incrédule tout de même, Hanegard posa les yeux sur le dos de Jena et… surprise… pas une trace, pas une goutte de sang, pas même une cicatrice. Rien ! Que dalle ! Une peau de bébé, rose et douce, à croire que toute cette histoire n’avait été qu’un mauvais rêve. La peau de Jena était redevenue semblable à celle qu’il aimait couvrir de baisers. Souriant pour la première fois depuis des jours, le régent tourna son regard vers le Grand Prêtre. Le don de la déesse m’a permis de soigner votre épouse, mais elle ressentira encore des douleurs durant quelques jours. L’esprit est moins rapide que le corps à admettre la disparition des blessures. Je… merci. Ce n’est pas moi qu’il faut remercier, mais la déesse. La paix soit avec vous monseigneur, je vais maintenant vous laisser. Votre femme a grand besoin de repos… et moi aussi, la magie de guérison est épuisante. Alors merci Néera. Le régent raccompagna le Grand Prêtre jusqu’à la porte de ses appartements, ordonnant à Sargril de quérir une chaise à porteurs afin de lui épargner de marcher jusqu’au temple, puis revint s’agenouiller à côté du lit. Les yeux de Jena s’ouvrirent et ils échangèrent un regard où cette fois aucune suspicion ni aucune accusation n’apparaissait. Pendant quelques minutes à tout le moins, l’ombre d’Ilinsar sembla s’éloigner. D’une voix faible (mais après un bon cassoulet elle ira mieux, vous verrez), la régente s’excusa de lui avoir demandé de rester durant les soins. Quel mari serais-je si je n’étais pas à tes côtés dans ces moments là ? Attrapant une couverture, le régent la posa sur les épaules de son épouse. A rester ainsi à moitié nue elle allait finir par attraper froid. Admettez que commencer par une séance de torture et finir par un gros rhume abaisse sacrément l’intensité dramatique. Vous avez pu frissonner lorsque Jena s’est fait flageller, mais je doute que nous pourrions vous arracher plus qu’un soupir si elle se mouche. L’embrassant sur le front, Hanegard sourit tendrement. Je t’aime Jena.
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| | | Jena Kastelord
Ancien
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| Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Mer 23 Fév 2011 - 18:06 | |
| Le temps que son cerveau se réinitialiser tout seul, Jena eut le bon sens de ne pas répliquer une pique bien mesquine à Hanegard. Après tout la seule pensée d’une dispute l’épuisée et puis de toute façon elle préférait largement sauver son couple que l’enfoncer davantage. D’autant plus que son époux avait les meilleures idées du monde, elle commençait à grelotter que déjà il la recouvrait d’une couverture. Elle crut sentir quelques picotements dans son dos lorsque le tissu se posa sur sa peau mais ce n’était rien d’insurmontable. L’heure qui venait de s’écouler avait été autrement plus douloureuse. Mais maintenant c’était son cœur qui lui faisait mal, c’était une souffrance à la faire à nouveau pleurer. Les simples mots remplis d’amour que venait de prononcer Hanegard lui faisaient tant de bien et pourtant elle s’entendait encore lui parler avec dégoût lorsqu’ils avaient décidé de crever l’abcès.
Elle l’aimait tellement qu’il lui était difficile de lui pardonner, et plus elle se rendait compte qu’elle l’aimait, plus la difficulté augmentait. Finalement, sans un mot elle glissa de quelques centimètres vers l’intérieur du lit et elle tira légèrement le bras de son époux. Elle voulait être dans ses bras. Pas la peine de mot pour cela, il avait visiblement très bien compris. Une poignée de seconde plus tard elle était lovée contre lui, la tête reposant sur sa poitrine. S’il restait près d’elle, elle n’aurait pas peur de s’endormir, et tant pis s’il avait du travail qui l’entendait, la paperasse pouvait bien attendre une heure ou deux, d’autant plus que Liliana semblait parfaitement accepter l’idée de laisser dormir sa mère un petit peu.
- Moi aussi je t’aime.
Malgré les bras d’Hanegard, malgré son souffle régulier sous elle et le son de son cœur battant contre son oreille, les quelques minutes durant lesquelles elle put fermer l’œil la replongèrent dans son cauchemar. Elle se sentait frissonner, pourtant elle était loin d’avoir froid. Une petite demi-heure à peine s’était écoulée quand elle poussa un soupir presque exaspérer. C’était tellement irritant d’être épuisée au point de pouvoir dormir des jours mais d’être dans l’impossibilité de fermer l’œil…
- J’ai besoin de prendre un bain, murmura-t-elle en fronçant le nez en sentant sa propre odeur.
Deux jours qu’elle n’avait pas côtoyés ne serait-ce qu’une bassine d’eau pour se laver. Maintenant que la douleur avait quasiment disparut et que son esprit n’était plus envahi de pensées monstrueuses et répugnantes, elle ressentait le profond besoin de se laver. Mais encore une fois elle avait l’impression de ne pas pouvoir le faire si Hanegard ne l’accompagnait pas. Certes elle ressemblait sûrement à une petite fille peureuse de tout, mais en quelque sorte c’était le cas. Elle ne voulait voir personne d’autre, elle n’aurait pas supporté leur regard. Avec lui c’était différent, c’était son époux, la seule personne sur qui elle pouvait vraiment compter. Mais elle ne pouvait pas l’obliger à passer des heures entières à la materner. Il avait lui aussi besoin de se remettre de ce qu’ils venaient de vivre. Que se soit en allant se saouler avec Sargril ou en s’enfermant dans son bureau tout le reste de la journée.
- Et j’ai faim aussi
Etonnant comme tous ses besoins lui sautaient à présent au visage. Le matin elle s’était très légèrement restaurée en quittant le camp et à l’auberge de Jersada, mais deux morceaux de pain constituent-ils un repas suffisant pour quelqu’un qui a le ventre vide depuis deux jours ?
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| | | Hanegard Kastelord
Ancien
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| Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Jeu 24 Fév 2011 - 9:57 | |
| Certains gestes sont plus clairs que de longs discours, et parlent d’eux-mêmes. Lorsque Jena se recula un peu dans le lit sans lâcher la main de son époux, cela faisait pleinement partie de ces gestes. S’allongeant à côté d’elle, le régent la prit dans ses bras où elle s’assoupit rapidement. Sans bouger, écoutant la respiration de sa chère et tendre, Hanegard remercia les dieux de la lui avoir rendue. A quelques heures près, il aurait risqué de la retrouver morte. A cette seule idée il ne put retenir un frisson. Ilinsar était passée tout près de le priver de ce qu’il avait de plus cher en ce monde. Cette maudite drow connaissait son adversaire et savait trouver admirablement bien les failles de la cuirasse. Faire peser une menace sur sa tête… bah, le régent ne craignait guère cela et une telle menace ne le troublerait guère… mais une menace pesant sur Jena et Liliana le terrifiait littéralement. La prime pour les drows allait augmenter à Alonna, pour sûr… morts ou vifs, mais vifs de préférence, ces maudits sombres devaient devenir des cibles suffisamment attractives pour ne pouvoir espérer traverser, fusse discrètement, les terres de la baronnie. Ajoutez à cela une garde rapprochée désormais dédiée à sa femme et à sa fille, et Hanegard pourrait se sentir un peu plus à l’abri des machinations de sa Némésis. Un jour Ilinsar finirait par commettre une faute… et ce jour là il l’attendrait. Remuant légèrement, Jena ouvrit les yeux. D’une voix faible, elle demanda… un bain… à manger… eh bien une douche dans les vestiaires du stade toulousain après un match et un bon confit de canard, ca ira ? Déposant un baiser sur le front de sa femme, le régent se redressa. Je m’en occupe ma chérie. Se levant, le régent sortit de la chambre, traversant le salon et passa la tête dans le couloir. Les gardes en faction étaient bien plus nombreux qu’auparavant. Là où autrefois il n’y en aurait eu qu’un devant les appartements et un autre au fond du couloir, pas moins de six soldats étaient désormais en vue. Allons, Sargril savait faire le boulot, et il comprenait ce que son chef entendait par « sécurisation accrue du périmètre ». Hélant un serviteur qui passait avec des serviettes sous le bras, le régent ordonna : Préparez un bain pour ma femme. Et prévenez les cuisines, qu’elles envoient un repas copieux. Tant pis pour les autres tâches qui l’attendaient, Hanegard ne comptait pas quitter sa femme. Depuis près d’une semaine il délaissait les dossiers, alors à quelques heures près il n’allait pas non plus faire le difficile. Jena passait avant et même bien avant son boulot. Alonna n’allait pas sombrer dans le chaos parce qu’il ne serait pas à son bureau. Par contre son épouse avait vraiment besoin de ne pas se retrouver seule, de rester auprès de quelqu’un qu’elle aimait. Alors il restait ! Pendant ce temps, Milla, qui rôdait dans l’appartement, profita de la porte entrouverte pour se faufiler dans la chambre. Sa maîtresse lui manquait à lui aussi. Sautant agilement sur le lit, le chaton vint rejoindre Jena. De ses grands yeux dorés se posèrent sur la jeune femme qui tentait péniblement de se lever. Et quand je dis péniblement… déjà qu’elle n’est pas du matin notre toulousaine adorée, là on tournait autour de l’exploit olympique. Ayant analysé la situation, le chaton eut cette puissante réflexion : Maouw ?
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| | | Jena Kastelord
Ancien
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| Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Jeu 24 Fév 2011 - 12:02 | |
| Alors que son époux s’empressait de subvenir à l’assemble de ses besoins, Jena se redressa sur le lit. Ce simple geste, que l’on fait tous les matins en se levant, était devenu si difficile pour la jeune femme, qu’elle faillit se laisser tomber sur le matelas. Mais que diable ! Elle pouvait tout de même s’asseoir sans l’aide de personne non ? Serrant autour de sa poitrine la couverture dont l’avait drapé Hanegard, elle parvint à retrouver une position assise sans émettre le moins gémissement de douleur. Juste une horrible grimace qui déforma son visage. Ce fut un miaulement profond et réfléchi qui lui fit tourner la tête. Son regard se posa sur la petite boule de poil qui commençait déjà à prendre du volume ! Lui adressant un large sourire, Jena attrapa le petit animal qu’elle posa sur ses genoux pour lui prodiguer mille caresses. Milla roula sur le côté et présenta son ventre pour se faire gratouiller. Jena émit un faible rire devant son petit manège, d’autant qu’il resta quelques secondes sur le dos puis il quitta ses genoux pour s’installer sur l’oreiller encore chaud.
Hanegard revint quelques secondes après. Le silence était revenu dans la pièce, mais ce n’était pas le même qu’avant. Il n’était pas aussi lourd et pesant que le précédent. Ce silence là était surtout du à la fatigue de Jena et à son étonnant besoin de ne rien dire ! Comme quoi même une toulousaine sait se taire ! Se levant péniblement, Jena avait presque l’impression d’être redevenue une enfant en train d’apprendre à marcher. Il lui fallut quelques secondes pour que l’engourdissement de ses jambes disparaisse, mais elle ne patienta pas plus pour s’approcher du berceau de sa fille.
Liliana dormait paisiblement, son petit ventre se soulevait lentement et par moment elle bougeait ses doigts ou son pied. Jena aurait pu rester des heures à la regarder mais on frappa à la porte. Le son, si brutal en comparaison du silence la fit sursauter. Elle resserra la couverture autour d’elle et se tourna vers la porte juste à temps pour voir entrer une série de serviteur chargé de seaux d’eau fumante. Ils s’éclipsèrent dans la salle de bain et ressortirent sans même un regard vers elle. Soit ils avaient peur de la regarder, soit on leur avait bien dit de ne regarder rien d’autre que leurs pieds.
- Chéri ?
Elle n’avait pas envie de faire de longues phrases inutiles et épuisantes. Juste un mot pour l’appeler près d’elle, ensuite il saurait exactement quoi faire elle n’en doutait pas. Après tout il avait été le plus merveilleux des époux les jours qui avaient suivis son accouchement. Là se serait pareil…ou presque.
Comment elle se retrouva dans la salle d’eau ? Aucune idée ! Peut-être qu’elle avait finit par s’évanouir en fin de compte. Après tout elle avait eut des étoiles pleins les yeux et pas au sens romantique du terme ! Et puis elle avait légèrement mal au bras droit… Pas de doute elle avait du s’étaler comme une crêpe, mais comme une crêpe bretonne s’il vous plait ! Sans doute Hanegard avait-il pensé qu’un bain était nécessaire que ce soit évanouie ou pas, aussi ne fut-elle que faiblement étonné de le voir penché près d’elle à retirer ce qu’il restait de ses vêtements.
Bon maintenant qu’elle était revenue à elle, elle n’allait quand même pas le laisser galérer en le regardant ! Elle avait retrouvé l’usage de ses bras et de ses jambes, aussi elle n’entendit pas d’avoir retrouvé tous ses esprits pour l’aider à enlever sa jupe et entrer dans le bain chaud. Le moment où elle mit le pied dedans fut sûrement le plus agréable qu’elle ait vécu depuis des jours… Une sensation de douceur et de chaleur, mêlait à une agréable odeur parfumée… Le pied total ! (si vous me permettez l’expression ! D’ailleurs il parait que l’expression vient de là !)
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| | | Hanegard Kastelord
Ancien
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| Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Jeu 24 Fév 2011 - 19:02 | |
| Oui, c’est agréable un bon bain chaud hein ? Si Milla ronronnait sur l’oreiller dans la chambre, Jena ronronnait dans la baignoire. Grand confort de leurs appartements que cette salle d’eau dont ils usaient et abusaient. Laissant Jena faire trempette, Hanegard attrapa un tabouret et s’assit non loin d’elle. Quoi, il en profite pour se rincer l’œil ? Eh oh, c’est sa femme tout de même, il l’a assez souvent vue en tenue d’Ève, alors pas de pudibonderie mal placée. Vous espériez qu’Hanegard allait rejoindre sa femme dans le bain ? Voyons, voyons, pas de grivoiseries, ils ont pour l’instant trop de problèmes pour penser à la bagatelle. Non, le régent se contenta de rester en silence à côté d’elle. Pour l’instant, ce dont elle avait besoin, c’était de confort et d’une présence rassurante. Et ensuite d’une bonne nuit de sommeil, en espérant qu’elle ne serait pas troublée par des cauchemars. Un coup toqué discrètement à la porte fit tourner la tête à Hanegard. Se levant et allant l’entrouvrir, il vit que le repas demandé venait d’arriver. Enfin parler de repas… les cuisines croyaient-elles que Jena recevait du monde ? Ou bien elles avaient tout simplement fait un peu trop de zèle, conscientes que les circonstances sortaient de l’ordinaire. La table était littéralement recouverte de plats, charcuteries, volailles, plateaux de fromages, vins et spiritueux… même à deux ils n’allaient jamais réussir à en manger la moitié. Une troupe de nains aurait fort apprécié pareil festin, même si là en l’occurrence ils auraient risqué de le trouver « un peu léger peut être ». Revenant vers la baignoire, le régent se saisit d’une serviette, et s’inclina devant Jena avec une révérence digne d’un courtisan de la cour de Diantra. Si ma dame le désire, le repas est servi. |
| | | Jena Kastelord
Ancien
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| Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Ven 25 Fév 2011 - 11:59 | |
| On pourrait penser que toutes les attentions, tous les soins et tout l’amour de son époux allaient guérir la régente d’Alonna, pourtant trois jours après avoir retrouvé le confort de sa chambre, Jena ne présentait aucun signe d’amélioration. C’était même le contraire. Ses nuits étaient courtes et peuplées de cauchemars, elle se réfugiait dans le silence, et n’accordait ses sourires qu’à sa fille ou à Milla. Mais ceux-ci se faisaient de plus en plus rare. Les deux premiers jours elle avait refusé de quitter ses appartements, elle n’avait nulle envie de voir du monde, même les visites de Clarys l’indifféraient. Pourtant sa demoiselle de compagnie se donnait un mal fou pour la divertir un peu, ou pour lui raconter les derniers potins, mais rien n’y faisait, Jena restait silencieuse. Le matin du troisième jour, elle avait surprise son amie en lui demandant d’un murmure à l’aider à s’habiller. Pensant qu’il s’agissait là d’un regain d’énergie et d’envie, Clarys l’avait aidé du mieux qu’elle put, d’autant que Jena ne s’était même pas opposée à ce qu’elle s’occupe de coiffer sa tignasse de sauvageonne. Moins d’une demie heure plus tard, les deux femmes sortaient des appartements du couple régent, laissant la petite Liliana aux soins de sa nourrice.
Jena ne supportait toujours pas qu’on se presse près d’elle aussi Clarys gardait-elle une distance raisonnable entres elles. La régente marcha lentement mais sans hésitation vers le petit jardin près de la grande salle. Certes il n’avait rien à voir avec les jardins de Diantra, mais c’était un coin de verdure fort reposant et très agréable. Assises sur un banc, Jena fixait l’horizon et Clarys se penchait sur sa broderie. Une heure passa ainsi dans le plus grand silence, une heure de torture pour la pauvre demoiselle de compagnie.- Je vais m’absenter quelques minutes, veux-tu que je demande qu’on t’amène du thé ?Aucune réponse, mais Clarys y était habituée. Pas un signe de tête, rien, à croire que Jena s’était changée en statue. D’ailleurs elle en conservait encore la raideur…et la froideur hélas. Tournant les talons, Clarys passa d’abord par les cuisines pour demander qu’un plateau avec du thé et des gâteaux soit servi dans le jardin. Lorsque ce fut fait, elle monta les marches du grand escalier et frappa à la porte du bureau d’Hanegard. La réponse ne tarda pas et sans plus de cérémonie elle se faufila dans la pièce. Le régent était seul, visiblement débordé par tout un tas de papier à traiter mais il lui avait demandé de veiller sur sa femme, c’est ce qu’elle faisait.- Excusez-moi de vous déranger, je ne vous embêterai pas longtempsPonctuant sa phrase d’une légère révérence, Clarys fit quelques pas en plus en direction du bureau. - Vous serez certainement ravi d’apprendre que Jena s’est enfin décidée à mettre le nez dehors. Elle est dans les jardins… mais… je commence vraiment à m’inquiéter pour elle. Elle ne dit rien, elle reste silencieuse. Parfois j’ai presque l’impression d’être seule, même en sa compagnie. Certes elle avait vu la jeune femme réagir lorsqu’il était question de la petite Liliana, mais même là, c’était totalement différent des premiers jours qui avaient précédé son accouchement. - Je ne sais plus quoi faire…je sens qu’elle a besoin de dire quelque chose, mais j’ai beau l’implorer de le faire, elle reste muette… *** Pendant ce temps, dans les jardins, Jena gardait les yeux rivés devant elle. Les heures qu’elle avait passé avec la drow avait été les plus horribles de sa vie, et plus elle essayait d’oublier plus les détails lui revenaient avec tant de netteté qu’elle en avait presque la nausée. Tout. Chaque mot. Chaque image. Chaque bruit. Elle avait l’impression de replonger dans son cauchemar un peu plus chaque jour. Parfois l’image de Liliana s’imposait à elle et elle essayait de lutter un peu plus, alors elle prenait sa fille dans ses bras et elle sentait son courage lui revenir…Elle savait que son silence n’était pas la meilleure solution pour oublier, mais elle n’avait trouvé rien d’autre…. Après tout si elle se mettait subitement à hurler on la prendrait pour une folle… si elle pleurait du matin au soir au l’enverrait voir un médecin…Alors autant se taire et attendre.
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| | | Hanegard Kastelord
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| Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Ven 25 Fév 2011 - 13:02 | |
| Depuis trois jours, le régent tentait d’abattre la masse de boulot laissée en friche depuis sa « fuite » nocturne en compagnie de Jena. Si Sargril et ses autres conseillers géraient autant que faire se pouvait les affaires courantes de la baronnie, bien des décisions ne pouvaient être tranchées ou validées que par lui. Ajoutez à cela qu’il tentait de passer du temps auprès de son épouse et vous comprendrez pourquoi son visage se creusait un peu plus chaque jour. Car l’état de Jena ne s’améliorait pas. La jeune femme sombrait dans une sinistre morosité et répondait à peine aux mots doux de son époux. La journée, elle restait affalée dans un fauteuil ou enroulée dans les couvertures, la nuit elle n’arrivait guère à trouver le repos, des cauchemars la réveillant en sursaut. L’herboriste du château tentait bien de le préparer des décoctions afin d’apaiser ses nuits, mais les résultats ne se révélaient guère concluants pour le moment. Les racines du mal s’ancraient profondément en elle. En deux jours Ilinsar avait réussi à briser la joie de vivre de la régente, son optimisme et son amour de la vie. Hanegard avait même par sécurité fait discrètement enlever les objets tranchants de leurs appartements, tant il commençait à craindre que la dépression de sa femme ne l’amène à commettre l’irréparable. Non, vraiment, la vie à Alonna tournait au plus que morose… pour un peu on se serait cru en période de deuil. Le régent commençait à envisager l’idée de faire de nouveau appel au temple de Néera afin d’effacer de l’esprit de Jena ses souvenirs relatifs à son enlèvement. Guère au fait de la magie cléricale, il se souvenait juste d’une histoire selon laquelle les prêtres de Néera pouvaient apaiser les esprits troublés. Mais cela aurait-il des effets secondaires ? Et Jena accepterait-elle que l’on manipule, que l’on viole, ainsi son esprit ? Cette intrusion ne risquait-elle pas de la faire basculer dans la folie ? Pour l’instant, Hanegard n’osait donc aller plus loin dans cette voie. Alors que le régent s’apprêtait à ouvrir ses dernières missives… le sceau sur l’une d’elle indiquait qu’elle venait de Diantra et donc devait être de première importance… Clarys entra dans la pièce. La meilleure amie de Jena tirait elle aussi une tête longue d’une aune, tant la tristesse de la régente rejaillissait sur ses proches. Reposant la missive royale sur son bureau, Hanegard écouta attentivement les inquiétudes de Clarys. Les mêmes que les siennes en fait… l’impression que Jena s’enfermait en elle-même, refusait tout contact avec l’extérieur… et pourtant la certitude qu’elle désirait parler, s’épancher… sans oser le faire. Mais comment l’aider ? Si elle ne désirait ou n’arrivait pas à en parler, qui pouvait l’y obliger ? La souffrance de Jena était si intime que même son époux ne s’en voyait pas ouvrir l’accès. Se levant, Hanegard jeta un coup d’œil par la fenêtre… oui, sa femme se trouvait bien dans le petit jardin, seule, prostrée. La vue de cette silhouette solitaire, assise sur un banc dans un jardin automnal balayé par le vent et couvert par de sombres nuages faillit lui arracher un sanglot. Sa femme souffrait et il ne pouvait l’aider. Contrôlant difficilement les tremblements dans sa voix, il murmura à l’attention de Clarys. Je vais aller la voir. Prévenez Sargril que la réunion est repoussée à demain. Descendant d’un pas lourd les escaliers, le régent se demanda comment obliger la souffrance morale de Jena à s’exprimer. Il sentait que tant qu’elle resterait cachée profondément en elle comme une ombre maléfique, la jeune femme ne pourrait croire de nouveau en l’avenir. Tournant en rond quand aux solutions pour l’instant inexistantes, Hanegard sortit à son tour dans le jardin. Son épouse ne tourna même pas le regard lorsque le bruit des pas du régent se rapprocha. Elle faisait preuve d’une indifférence totale envers son environnement, tant ses souvenirs devaient la hanter. Le thé et les gâteaux que Clarys avait commandé étaient intacts. S’asseyant aux cotés de sa femme, le régent attrapa un gâteau (car lui par contre avait faim) et passa son bras autour des épaules de sa belle éplorée, l’attirant doucement contre son épaule. Que faire ? Lui parler ? Lui demander de se confier ? L’implorer de ne pas ainsi se renfermer sur elle-même ? Cela ne servirait pas à grand-chose, Jena refusait obstinément de lui répondre autrement que par des monosyllabes, et les dieux savaient pourtant s’il essayait ces derniers jours de la sortir de son cauchemar. Alors, au lieu de troubler le silence, Hanegard ne dit rien. Une présence réconfortante et aimante, voilà tout ce qu’il pouvait offrir à sa femme pour l’instant.
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| | | Jena Kastelord
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| Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Ven 25 Fév 2011 - 15:41 | |
| L’esprit était ailleurs, loin de ce jardin, loin de ce corps, mais pas trop loin non plus. A vol d’oiseau la ville de Jersada ne devait être qu’à une petite heure environ. Enfin pour un pigeon de combat formé à voler sur de courte distance. Enfin bref là n’est pas la question. A quelques lieux d’Alonna, il y avait cette ville près de laquelle Jena avait vécu un vrai calvaire. C’était si près, et pourtant si loin dès qu’on décidait de passer d’un pigeon de combat à un cheval tout ce qu’il y a de plus…de plus cheval en fait ! Une longue crinière, une selle…bref un cheval quoi ! Vous voyez de quoi je veux parler ? Bon, on peut continuer alors ! J’ai du boulot à terminer moi ! Je disais donc : Jena était loin d’être totalement parmi nous. Même si elle était bien assise sur un banc, serrée dans sa cape, son esprit était ailleurs. Si loin qu’elle ne remarqua même pas l’arrivée de son époux. Pourtant… Hanegard n’est pas le genre d’homme à passer inaperçu n’est-ce pas ? Surtout dans un magasin de porcelaine ! Ce fut seulement lorsqu’il passa un bras autour de ses épaules et qu’il l’attira contre lui, qu’elle le remarqua. Lorsqu’il la touchait, elle ne se dérobait pas comme avec les autres personnes qui s’approchaient d’elle. Elle avait besoin d’être dans ses bras, même s’ils n’échangeaient aucun mot.
Quelques semaines avant ils auraient sûrement apprécié ensemble les couleurs automnales du jardin, elle aurait fait remarqué que le jardinier aurait pu balayer les allées recouvertes de feuilles mortes, elle serait sûrement descendu prendre l’air avec sa fille. Sa fille qu’elle prenait dans ses bras de moins en moins souvent, sa fille qu’elle abandonnait chaque jour un peu plus à mesure qu’elle s’enfermait dans ses cauchemars. Fermant les yeux, elle savoura la douce chaleur qui émanait d’Hanegard, elle se concentra pour entendre battre son cœur, en espérant entendre le sien y faire écho. Battait-il seulement ? Probablement puisqu’elle respirait toujours…
- Je ne les supporte plus
Oh ! Elle parle. Et bien que sa voix ressemblait plus à un murmure, elle avait reconnu ses intonations. C’était si rare ces derniers temps. Elle en était elle-même surprise. Maintenant qu’elle avait parlé, les souvenirs se faisaient plus présent dans son esprit. Les images qui la tourmentaient, plus nettes. Une subite envie de marcher la fit se lever. Elle fit quelques pas dans l’allée, s’arrêta, respira une longue bouffée d’air frais…Le flot d’image et de souvenir l’avait quelque peu étourdie, à moins que ce soit la quantité d’oxygène qu’elle venait d’aspirer. Après une petite minute, elle revint sur ses pas et s’arrêta devant le banc. Son regard était tourné vers la fontaine sur sa droite. Elle l’avait trouvé si jolie…et maintenant elle lui paraissait bien fade.
- Elles sont partout…Dès que je ferme les yeux elles sont là…. Quand je regarde cette fontaine je les vois…
Sur le point de devenir folle dites-vous ? Sûrement un peu oui. Mais tant qu’on ne comprend pas pleinement les paroles d’une personne dans le besoin, doit-on nécessairement le prendre pour un fou ? Elle avait besoin d’en parler, de l’expliquer à voix haute et à quelqu’un. Mais elle ne trouvait pas les mots. C’était tellement horrible de se sentir si impuissant…
- Chéri….je ne sais pas quoi faire pour ne plus les voir…
Cette fois, Jena venait de se tourner vers lui, elle plongeait son regard perdu et désespéré dans celui de son époux. Peut-être que lui il pourrait l’aider, peut-être qu’il saurait chasser ses images qui la hantaient.
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| | | Hanegard Kastelord
Ancien
Nombre de messages : 2168 Date d'inscription : 22/10/2009
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 49 ans Taille : 1m90 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Sam 26 Fév 2011 - 15:30 | |
| Et pourtant elle parle ! D’une voix fatiguée et désespérée. Mais elle parle. Enfin Jena tentait d’ouvrir les vannes de sa souffrance, d’expliquer à son mari ce qu’elle ressentait. Difficile à décrire n’est-ce pas ? Comment parler de ce que l’on a subi entre les mains d’une drow ? Même envers quelqu’un d’aussi proche qu’Hanegard l’était pour elle, cela devait relever du domaine de l’impossible. Les pensées n’arrivaient pas à se traduire en mots.
D’ailleurs quelles pensées ? De la peur ? De la colère ? De la honte ? Sans doute un peu de tout. Sans doute dans l’esprit troublée de la régente se mêlait tous ces sentiments. Sans doute revoyait-elle en boucle chaque seconde, chaque coup. Sans doute réentendait-elle chaque mot, chaque petite intonation de la vie de son bourreau. Ayant lui-même connu une situation assez similaire, le régent pouvait en partie la comprendre.
En partie uniquement…
Car deux personnes ne réagissent pas identiquement face à une même situation. Lorsqu’il était tombé entre les mains d’Ilinsar, Hanegard n’avait eu qu’un but : se libérer. Par n’importe quel moyen, par n’importe quel abaissement. Peu importait que ses efforts amusent la drow, seul le résultat comptait. Mais un guerrier habitué à tuer et conscient qu’un jour il risque de tomber au combat face à plus que lui disposait d’armes dont Jena ne pouvait user.
Je ne sais pas Jena. Dans une situation similaire à la tienne, je me suis barricadé derrière ma colère et me suis forcé à me tuer au travail au point de ne plus réussir à aligner deux pensées cohérentes. Mais je t’avouerai que je n’ai réussi à chasser mes propres démons que le jour où je t’ai rencontré.
Vrai… l’amour lui fut d‘un immense secours. Mais les démons du régent ne ressemblaient pas vraiment à ceux de sa femme. Là où chez lui se mêlaient haine et culpabilité, chez elle la peur et le désespoir devaient l’emporter. Pourquoi moi ? Voilà une question à laquelle elle aurait bien du mal à répondre de manière satisfaisante.
Remplacer la peur du bourreau par la haine du bourreau… un moyen comme un autre. Aux yeux de Jena, Ilinsar devait apparaître comme une ombre terrifiante et malfaisante prête à chaque seconde à s’abattre sur elle. Logique, ce résultat correspondait exactement aux attentes de la drow. Il fallait dégonfler cette ombre, lui trouver des failles, des points faibles. Surtout ne pas admettre la simple idée de la fatalité.
Le pire est que te hanter est exactement son but. Sans cela, elle n’est qu‘une coquille vide.
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| | | Jena Kastelord
Ancien
Nombre de messages : 958 Âge : 36 Date d'inscription : 23/03/2010
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 30 Taille : Niveau Magique : Religieux.
| Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Sam 26 Fév 2011 - 16:21 | |
| Hanegard tentait de l’aider, et le simple fait de l’entendre la prendre au sérieux était déjà un énorme soulagement pour elle. D’un claquement de doigts il aurait pu la faire enfermer dans une pièce le temps jusqu’à ce qu’elle oublie ses démons, il aurait pu l’empêcher de voir sa fille tant qu’elle continuerait à avoir ce genre d’hallucinations inquiétantes… Mais non, il était juste là, près d’elle à l’écouter et à lui répondre comme si elle était une personne totalement saine d’esprit… Ce dont elle doutait de plus en plus chaque jour. Sa première phrase lui arracha un demi sourire, un vrai…comme elle n’en avait pas adressé depuis des jours. Mais la suite la bloqua. Brusquement elle tourna la tête sur le côté, pour regarder dans une autre direction. Elle n’avait pas voulu parler d’Elle… Non… Il avait peut-être compris cela…mais à aucun moment elle n’avait voulu l’évoquer. Les images de la drow fusèrent dans son esprit et Jena dut plaquer une main sur ses yeux pour ne plus les voir. Non….jamais plus….elle ne voulait plus penser à la drow…. Elle voulait l’oublier…
- Je ne parlais pas d’Elle….ce n’est pas Elle qui me hante…
Sa voix était devenue glaciale et elle regretta presque aussitôt d’avoir parlé avec tant d’agressivité. Elle s’en voulait de céder ainsi, aussi vite, à ces peurs. Hanegard n’avait pas à supporter cela. Sa souffrance était ailleurs, quelque chose qu’elle n’arrivait pas à s’expliquer. Comme si toute cette histoire n’était pas entièrement terminée. Il manquait un élément, quelque chose qui lui avait sauté aux yeux alors qu’elle était attachée sur cette chaise… Quelque chose qu’elle avait vu, et qu’elle avait taché d’oublier pour ne pas que ça lui échappe durant les séances de torture… Mais maintenant qu’elle était libre, loin d’Ilinsar, ces images là lui revenaient en mémoire.
- Combien étaient-ils ?
Sa question avait de quoi surprendre. Elle était immobile, comme l’une des statues du jardin, sa main masquant ses yeux, pourtant c’était bien elle qui venait de parler. Et après quelques secondes de silence, elle se rendit compte que sa question était trop vague pour qu’il puisse la comprendre.
- Les Jefferson…. Combien étaient-ils …. quand vous les avez enterré ?
Folle ! Elle était folle ! Pourtant plus elle réfléchissait, plus ses souvenirs devenaient limpides. Jena se tourna vers son époux et sans le regarder, elle imagina autour d’elle la pièce dans laquelle elle avait patienté des heures.
- Là… il y avait le lit, juste derrière moi… Il y avait …. deux fillettes, d’environ six et sept ans… De ce côté…. La porte. Et là un coffre en bois…. Lorsque je suis tombée avec la chaise, je suis restée longtemps à fixer une chose… j’ai tenté de ramper mais j’étais trop bien attachée…
Les mots sortaient tout seul au fur et à mesure qu’elle revoyait la scène. C’était sûrement étrange de la voir gesticuler ainsi, désignant des objets que seule elle pouvait voir.
- Le tapis… il y avait quelque chose avec le tapis… il n’était pas normal…un coin du tapis disparaissait sous les lattes…sous les lattes du plancher…Et là…. Là il y avait un petit lit à barreaux…Mais les deux fillettes…. Elles étaient trop grandes….pour y dormir dedans…
Le cheminement de ses pensées devenait parfaitement clair. Elle l’avait compris lorsqu’elle avait été seule dans la maison, et elle avait voulu l’oublier quand la drow était revenue.
- Combien ?
Cette fois elle s’était tournée vers son époux et le fixait d’un regard paniqué… elle était complètement terrifiée par ce qu’elle venait de revivre, à bout de nerf elle se sentit vaciller. Elle était au bord de l’évanouissement, pourtant cette question laissait en suspend la tenait éveillée.
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