Je n'ai besoin que de toi | Hanegard

Oulah, aurait-elle pété une soudure, notre Jena adorée ? De quoi diable parle-t-elle ? Que viennent faire les Jefferson au beau milieu de notre histoire ? Pour rappel aux lecteurs un peu distraits, les Jefferson sont les gens qui vivaient dans la cabane ou Ilinsar a retenu Jena. Inutile donc de vous faire un dessin sur leur sort, vous pouvez assez aisément imaginer la scène… du sang, de la viande charcutée, de la tripaille collée aux murs partout ! Bref un carnage.

Donc Hanegard ne comprenait vraiment pas pourquoi sa femme ressentait le besoin d’en reparler. Une vague histoire de chiffre apparemment, un doute sur un nombre. A cet instant, le régent eut un véritable et profond doute sur la santé mentale de son épouse. Les tortures endurées lui avaient-elles fait perdre l’esprit ? Refusant cette idée, il la ficha hors de son esprit à grands coups de pompe dans le derrière et répondit à la question de Jena.

Euh… quatre.. oui, ils étaient quatre. Les deux parents, les deux petites filles. Personne d’autre.

A vrai dire Hanegard n’avait guère fait attention lorsque les corps reposaient dehors, prêts à être enterrés. Surtout préoccupé par sa femme (exclusivement même), le sort des morts ne le préoccupait pas, d‘où un manque d‘attention flagrant de sa part. Jusque là les morts daignaient bien vouloir reposer en paix, et lorsque tel n’était plus le cas, on appelait ca de a nécromancie. Mais peu probable que Jena fasse référence à cela.

Tentant de suivre le flux décousu de paroles, le régent compris que Jena revivait la scène, mais sans penser à Ilinsar. Non, elle voyait autre chose dans cette scène, un détail illogique, une incohérence. Incroyable n’est-ce pas comme on se souvient de tout lorsque l’on pense devoir s’apprêter à mourir ? Hanegard aurait pu décrire par le détail la tenue d’Orsk lorsqu’ils s’étaient affrontés dans ce duel à mort. Par contre, impossible de se souvenir ce qu’il avait fait la veille de ce jour fatidique.

Attirant Jena contre lui et la fixant bien dans les yeux, il la regarda. Non, ce n’était pas de la folie qu’il voyait. Du désespoir sans doute, mais pas de la folie. L’esprit embrumé de la jeune femme tentait de mettre le doigt (ce qui n’est pas chose aisée pour un esprit) sur quelque chose d’important.

Jena, que se passe-t-il ? Que veux tu dire ? Que crois-tu qu’il y a sous le tapis ?

Ne pas parler au conditionnel, ne pas remettre en cause ses dires. Peut être affabulait-elle, peut être son esprit inventait-il des histoires hystériques, mais peut être avait-elle réellement vu un détail que personne d’autre n’avait remarqué. Et Hanegard ne pouvait ni ne voulait faire moins que lui laisser le bénéfice du doute. Alors il la croyait…

Les mains de son époux venaient de se poser sur elle. Hanegard s’était levé et l’avait prit dans ses bras. Peut-être pour la secouer un bon coup et la ramener à la raison…Mais ses mots furent tout autre. Il lui répondait, toujours avec le plus grand sérieux. Il ne se moquait pas d’elle, il ne cherchait pas à lui faire entendre raison. Il voulait juste savoir où elle voulait en venir. Mais comment expliquer le pressentiment qu’elle avait… C’était quelque chose d’indéfinissable… une sorte d’instinct maternel…

Jena trouva du réconfort dans le regard de son époux, elle avait moins peur, mais cela n’annulait en rien son sentiment d’urgence, comme si le temps était subitement devenu son ennemi. Il fallait faire vite, si ce qu’elle pensait été vrai… mais depuis tant de jour…. Et la maison avait été brûlée depuis….

- Je suis…je suis sure qu’ils étaient cinq…

Maintenant qu’elle l’avait dit pour de bon, cette pensée devint une certitude. C’était cela qu’elle avait vu, qu’elle n’avait pas trouvé normal lorsqu’elle avait regardé la pièce sur toute ses coutures. Des vêtements d’enfant bien trop petit pour une fillette de six ans… les couvertures défaites dans le petit berceau… Qui conserverait à portée de main des vêtements dans lesquels aucun de vos enfants de peuvent entrer ? Qui s’embarrasserait d’un petit lit à barreaux…. Pourquoi les couvertures avaient été ainsi retourné, si ce n’est pas un moment de précipitation.

- Si je t’entendais hurler à la mort dans la pièce à côté ….. je ferais tout pour mettre à l’abri Liliana… Je suis sûre qu’il y avait un autre enfant… Sous les lattes….

Mais après tout ce temps l’enfant devait sûrement être mort lui aussi. De faim… de soif… quelle horreur. A moins… A moins qu’il n’y ait eu un passage. Ces lattes dissimulaient peut-être un petit tunnel comme les paysans aimaient à en construire sous leur maison. Il suffisait de marcher quelques mètres et on ressortait de l’autre côté de la maison, près d’une grange ou dans les bois. Mais cela aurait signifié que l’enfant savait marché… Peut-être était-il âgé de trois ou quatre ans…

S’agrippant aux bras d’Hanegard, Jena ferma quelques secondes les yeux. Tout allait trop vite dans son esprit, elle n’arrivait plus à suivre sa propre réflexion.

- Un passage… Peut-être qu’il a pu s’enfuir… Peut-être que des villageois l’ont retrouvés…

Fol espoir, mais espoir tout de même et pour l’heure elle en avait terriblement besoin…

Ce blottissant dans les bras de son époux, Jena tenta vainement d’étouffer un sanglot. Elle tremblait des pieds à la tête. Peut-être était-ce ça le nœud du problème. C’était ce morceau de tapis…. C’était cette trappe et ce lit à barreaux qui l’empêchaient de dormir… C’était le plus infime détail qui la hantait… parce que c’était sur ce détail là qu’elle s’était concentrée même lorsque la drow lui lacérait le dos

- Par Néera…. Je suis complètement folle….

Peu à peu, les pensées de Jena devenaient suffisamment claires pour que son époux arrive à en trouver le fil directeur. Donc reprenons : un petit lit à barreaux où les fillettes n’auraient pu tenir, une couverture défaite, un tapis mal mis… pas de quoi requérir la perpétuité, hein votre Honneur ? Objection ! Jena n’est pas folle, son analyse peut se tenir ! Et de toute façon dire « non » à Jena risquait de le faire vraiment basculer dans la folie par contre.

Une cache sous le plancher ? Cela arrive en effet, j’ai déjà vu de tels systèmes.

D’habitude cela servait surtout à y emmagasiner des denrées alimentaires afin de ne pas permettre aux officiers de la taxe ou aux bandits (pléonasme) de les trouver. Ou tout simplement à cacher les maigres économies que les petites gens pouvaient réaliser. Une armoire est la première cible d’un intrus, alors qu’une cache sous le plancher se révèle souvent bien plus malaisée à déceler. Bien sur, de là à supposer que les déductions de Jena se révéleraient exactes…

Et quand bien même il y aurait une trappe sous le tapis, rien ne leur confirmait qu’un bébé y avait été placé à l’arrivée d’Ilinsar. Et encore moins qu’il ait survécu. Non pas à cause de l’incendie mais il aurait alors passé plus d’une semaine sans boire ni manger. Hypothèse de toute façon irréaliste, car ses pleurs auraient attiré l’attention de la drow. Non, si un bébé se trouvait dans une cache de ce type, alors il avait pu en sortir par un autre endroit.

Mais après tout pourquoi pas ? La terre meuble de la région se prêtait bien à un tunnel pour peu que la voute en soit solidifiée. Cela demanderait un travail soigneux mais les Jefferson n’étaient-ils pas des bucherons . Travailler le bois afin de consolider un tunnel, sans doute savaient-ils le faire. Quoi qu’il en soit, et que Jena affabule ou pas, Hanegard ne voulait pas rejeter sa demande. Il doutait que l’on trouve quiconque dans une telle cachette, tout au plus récupéreraient-ils des réserves de nourriture, mais si cela pouvait apaiser son épouse…

Déposant un tendre baiser sur les boucles brunes de sa douce moitié, il murmura :

Je vais envoyer immédiatement une patrouille afin d’enquêter.

Deux cavaliers rapides pourraient revenir avec des informations fraîches en moins de deux jours. Un pisteur et un garde, oui, ils feraient parfaitement l’affaire. Vu ce qu’il restait de la cabane, mener une fouille ne serait sans doute guère aisée, mais un tunnel aurait probablement résisté. Les flammes manquaient d’intensité pour réellement réduire en cendre tout la zone… ce qui n’était d’ailleurs pas le but. Satisfait, Hanegard s’apprêta à se lever pour aller donner des ordres et…

Et…

Mais… que voulait dire ce regard décidé ? Jena ne comptait tout de même y aller elle-même non ?

Evidemment qu’une cache était possible, c’était même la première chose qu’installaient les commerçants chez eux. Les Jefferson étaient d’honnêtes bûcherons, ils vendaient leur bois et retiraient quelques bénéfices, donc ils devaient avoir les mêmes idées qu les autres. Une planque ! Un endroit pour mettre en sûreté leurs biens les plus précieux lorsqu’ils quittaient la maison, ou un endroit dans lequel se cachait lorsque le besoin s’en faisait sentir.
Jena se souvenait parfaitement de la petite trappe dans la cuisine de la maison dans laquelle elle avait grandit. Avec une petite échelle, on descendait dans la cave, mais c’était loin d’être tout, au fond de la cave il y avait une large planche sur laquelle son père avait fixé ses outils. Il suffisait de pousser ce panneau pour faire apparaître une petite ouverture. Parfois lorsque avec son frère et sa sœur, ils jouaient longtemps dehors, ils évitaient de passer par l’avant de la maison et se faufilait par cette ouverture. Leur père ne les voyait pas et pensait qu’ils jouaient bien sagement à l’intérieur.

Hanegard la croyait ou du moins il accordait de l’intérêt à ses paroles. Peut-être qu’elle disait n’importe quoi, peut-être que les Jefferson étaient tous morts tués par la drow, peut-être qu’elle avait complètement perdu la raison. Pourtant elle avait la certitude que quelque part il y avait un enfant qui avait perdu toute sa famille à cause d’Ilinsar… L’enfant avait peut-être fui sous les ordres de sa mère, peut-être qu’il était sorti du tunnel et qu’il avait trouvé une cachette dans la forêt. Mais là encore…il aurait passé trop de jours seuls pour être encore vivant. A moins que quelqu’un l’ait trouvé et recueillit. Quelqu’un ignorant d’où il venait.
Son époux proposa d’envoyer des soldats à Jersada pour vérifier ces dires, mais cela ne lui convenait pas, elle ne pouvait rester ici et attendre. Et puis prendre l’air loin d’Alonna et de tous ces gens qui lui tournaient autour dans l’attente d’un geste de sa part….

- Je pars avec eux.

Devant le regard d’Hanegard, Jena se redressa. Elle l’observait avec détermination. Hors de question qu’elle reste ici à attendre de savoir si elle était folle ou non. S’il avait trop de travail pour l’accompagner elle le comprendrait parfaitement.
Et puis, elle sentait qu’elle avait besoin de revenir là bas. Tout c’était achevé trop vite, elle avait quitté la ville sans même avoir le temps de comprendre qu’elle était libérée des mains de la drow.

- Je dois y aller…. Je ne suis d’aucune utilité ici. Et puis j’ai besoin d’y retourner, cela peut sembler idiot mais…si j’ai raison…s’il y a un enfant…. Tes soldats ne feront que revenir en nous disant qu’il y en avait bien un… moi je pourrais peut-être essayé de faire quelque chose pour lui…

Faire quoi ? Pour le moment elle n’en avait aucune idée, et puis de toute façon elle ignorait si elle avait raison.
Mais il y avait Liliana…pouvait-elle une fois de plus abandonner sa fille ? Non cela lui déchirerait le cœur, pourtant elle avait la sensation qu’elle ne supporterait pas davantage de devoir rester ici à attendre. Que faire ? Sa fille était bien trop petite pour voyage….devrait-elle donc se résigner à rester ici même si cela lui fendait le cœur.
Et puis….après tout….cela ne durerait pas plus de deux ou trois jours…si elle montait à cheval et qu’elle tenait un bon rythme il serait là bas en une demie journée. Et si ce voyage lui permettait de se retrouver, de redevenir la Jena qu’elle avait été … Liliana retrouverait sa mère, ça la changerait du fantôme ambulant et sans vie qu’elle avait pour le moment.

Hanegard supplia, argumenta, menaça, râla (mode toulousain), tempêta, joua sur les sentiments, tenta vraiment tout ce qui était possible pour ôter à sa femme cette folle envie de retourner là-bas.

Ou ca ?

Mais là-bas voyons ! Dans la cabane au creux de la clairière, près de la petite rivière où coule un torrent de montagne à l’eau pure et cristalline. Souvent, l’été, des amoureux se retrouvent le long de ses berges, cachés dans les herbes hautes. Seul un renard en chasse ou un héron hautain sont les témoins muets de leurs ébats passionnés. Et lorsque l’hiver drape de son triste manteau neigeux les bois touffus, la vie semble s’arrêter comme pour mieux permettre à un peintre de saisir toute l’intensité de la scène. La marmotte comme la musaraigne se terrent alors dans leurs profonds terriers afin de ne pas geler, et seule la biquette solitaire qui passe comme une ombre menaçante issue d’un ancien âge du monde trouble encore ce tableau. Mais ce n’est pas la fin, non… car aux premiers rayons de soleil printanier, sous les arbres renaissant, maints animaux sortent de leur tanière, affaiblis et plein d’un nouvel espoir. L’ours amaigri par son hibernation marche pesamment jusqu’au torrent que remontent les saumons à la chair gouteuse. Le renard retrouve sa parure de bronze et le lapin traverse en bondissant joyeusement les champs de primevères.
Bon sang, il faut que j’arrête de fumer les tapisseries moi.

Où en étions-nous déjà ? Ah oui, Jena qui désirait retourner à Jersada. Rien de ce que pu lui dire son mari ne réussit à la faire changer d’avis. Aucun argument ne réussit à percer l’armure de certitude dont elle venait de s’entourer. Alors que depuis des jours elle se laissait aller à un abattement complet, d’un coup elle reprenait du poil de la bête, saisissait le taureau par les cornes et fonçait vers l’en-but adverse afin de marquer l’essai. Toulousaine un jour, toulousaine toujours !

Bref, comprenant finalement que rien n’y faisait, le régent baissait les bras. Ordonnant de maintenir une garde étroite autour de la chambre de Liliana, confiée aux bons soins de Clarys, il descendit aux écuries afin de demander qu’un carrosse soit apprêté et qu’une vingtaine de gardes se tiennent prêts à les escorter. Passe encore que Jena veuille y retourner, mais au moins elle ferait le trajet jusqu’à Jersada confortablement installée sur des sièges moelleux.

Sargril, prévenu lui aussi, tenta de démontrer à son seigneur l’inutilité de tels efforts, ce en quoi les deux hommes se trouvèrent en plein accord. Mais Jena ayant décidé qu’ils devaient retourner à la cabane des Jefferson, son époux ne pouvait que s’incliner.

Vous avez encore des doutes sur qui dirige le monde ?

Alors qu’il l’avait écouté, qu’il lui avait laissé croire qu’il la soutenait, voilà que tout d’un coup son cher et tendre époux usait de tous les stratagèmes possibles et imaginables pour lui faire changer d’avis. Pourquoi ? Il l’avait pourtant encouragé à pousser ses réflexions jusqu’à ce point précis. S’il ne la croyait pas, s’il doutait de ses dires, pourquoi l’avoir laissé ainsi affabuler… ? Mais rien n’y fit, sa détermination était ancrée profondément en elle, elle ne pouvait imaginer rester ici dans l’attente d’une réponse. Elle devait retourner là bas, et pas seulement pour cet enfant, c’était aussi pour elle. Il ne voulait pas le comprendre, il la prenait par les sentiments, haussait le ton…mais elle ne lâcha rien, jusqu’à ce qu’il finisse par céder. Cependant elle dut lui concéder le voyage en carrosse. Visiblement il ne voulait pas qu’elle monte à cheval et cela ne la mit pas dans la meilleure humeur du monde. Bon d’accord, elle lui menait un peu la vie dure ces temps-ci mais ne pouvait-il pas lui lâcher la bride ? Une toulousaine aime vivre au grand air, suivre le bruit agréable de la Garonne, galoper dans les champs sous le soleil automnal…. Au lieu de quoi elle doit supporter le cahot agaçant d’un carrosse avec pour seule compagnie son époux à l’humeur renfrognée.

- Je sais que tu penses que je divague, tu dois même trouver ce voyage stupide, mais tu n’es pas obligé de faire ta mauvaise tête. Que j’ai raison ou non à propos de cet enfant ne change rien… j’ai…besoin d’y retourner.

Mais là non plus il n’arrivait pas à la comprendre. Etait-ci si étrange qu’elle veuille retourner là bas ? Lorsqu’elle y avait été retenue contre son gré elle n’avait désiré qu’une chose, fuir très loin. Dès qu’elle avait été secouru par Hanegard, il s’était empressé de l’emmener loin de cet endroit, et elle aurait du l’en remercier. Pourtant, plusieurs jours après, elle éprouvait le besoin de voir l’endroit dans lequel elle avait hurlé à chaque coup qu’elle recevait. Elle n’avait rien vu de la clairière, rien vu de la maison à part la petite chambre et la cheminée…
C’était devenu une nécessité pour elle. De toute façon elle ne craignait rien, Hanegard était avec elle, et elle se doutait que son époux avait fait prévenir les responsables en charge de l’autorité à Jersada. Hors de question que ce genre d’évènement se reproduise.

Jena avait juste eut le temps d’embrasser sa fille et de la bercer quelques minutes avant qu’on l’avertisse du départ imminent. Cela lui crevait le cœur de devoir la laisser là, mais elle n’avait pas d’autre choix. Si elle restait ici et qu’elle abandonnait son idée pour faire plaisir à Hanegard, elle savait que cette pensée la rongerait nuit et jour, jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus supporter d’être enfermée et que l’orage éclate.

– Je te promets que ce ne sera pas long. Une demie journée tout au plus. Tes soldats n’auront qu’à interroger les villageois. Si un enfant errant a été retrouvé, l’information à du circuler. Je ne tiens pas à rester longtemps là bas.

Elle savait que le moment où elle se tiendrait devant les restes de la maison calcinée lui serait pénible. De ce fait, elle n’y resterait pas longtemps. Mais elle voulait en avoir le cœur net, savoir si elle n’avait pas tout bonnement hallucinée à propose de cet enfant. Peut-être que son esprit avait tout inventé… Mais au fond d’elle, elle savait qu’elle avait raison, elle en avait eut la certitude lorsqu’elle avait été attaché à la chaise, couchée sur le plancher de la chambre, et elle l’avait toujours maintenant qu’elle était assise dans le carrosse frappé des armoiries d’Alonna.

Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Mar 1 Mar 2011 - 9:45

Tagada tagada voilà les daltons ! Ou tout du moins un carrosse aux armes d’Alonna entouré par une importante troupe de gardes pouvant laisser croire qu’il contenait le trésor de la baronnie. Ce qui en un sens est vrai, car Jena est notre trésor ! Et en plus du trésor, le carrosse contenait aussi un époux bougon et renfrogné façon Gabin (sur la fin de carrière bien sur, les « t’as d’beaux yeux, Jena, tu sais » ne sont pas de circonstances pour le moment). Notre trésor… ou notre précieux, comme vous voulez… voulant à tout prix retourner à Jersada, Hanegard n’avait pu que céder.

Est-ce une raison pour faire la mauvaise tête ? Bah un peu oui, abandonner le confort douillet de son chez soi pour aller cavaler au fin fond d’une forêt humide et se balader dans des ruines, merci du cadeau ! Tu ne préférerais que Jena et Hanegard aillent se dorer au soleil sur une plage de sable blanc ? Redevenons sérieux et retournant à la grisaille de l’automne… le régent eut un petit sourire contrit à l’adresse de sa mie en entendant ses reproches.

Je ne suis pas de bonne compagnie n’est-ce pas ? Excuses moi, retourner à Jersada ne me plait guère, mais si tu en ressens le besoin, si cela peut t’aider, alors oui il nous y aller. Mais je crains fort que nous ne trouverons rien.

Une cache vide, voilà ce qu’ils allaient trouver, Hanegard aurait parié son caleçon là-dessus. Bien qu’au fond, cela importait peu à ses yeux car une seule chose comptait : que Jena se remette, qu’elle réussisse à tourner la page. Si revoir la cabane des Jefferson lui permettait d’oublier le souvenir d’Ilinsar, ou tout du moins de mieux vivre avec, alors le jeu en valait la chandelle. Que pesaient deux jours contre un esprit apaisé ?

De toute façon, cette fois-ci Jena ne risquerait rien, pas même de trébucher. Le régent ne comptait pas la lâcher d’une semelle et les gardes étaient tous en tenue de guerre, carreaux enclenchés dans les gorges de leurs arbalètes et regards suspicieux fouillant les alentours à la recherche de la moindre menace. Un plaisantin qui aurait tenté une mauvaise blague contre le carrosse se serait probablement vu transformé instantanément en pelote d’épingles.

La petite moue de son épouse fit fondre Hanegard, qui se félicita d’être assis car elle avait le chic pour lui mettre les genoux en compote lorsqu’elle le désirait. Dieux, qu’il l’aimait, qu’elle était adorable. Si près, il était passé si près de la perdre. Se penchant, il déposa un baiser sur le bout du nez de sa belle, puis, tant qu’il y était, un deuxième sur ses douces lèvres.

A ce moment, le carrosse ralentit et les premières maisons de Jersada apparurent. Ils venaient d’arriver à destination.

Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Mar 1 Mar 2011 - 12:55

Diable ! Et s’il avait raison… S’il n’y avait rien à trouver… Elle n’avait même pas envisager cette hypothèse tant elle avait été persuadé de ce qu’elle avançait. Certes elle avait imaginé retrouver un enfant…vivant ou… mort mais pas de ne rien retrouver. S’enfonçant un peu plus dans son fauteuil, Jena laissa son regard glisser sur le paysage qui défilait par la petite fenêtre du carrosse. Avait-elle besoin de trouver quelque chose ? Plus elle y pensait plus elle trouvait cela nécessaire pour elle…s’il y avait un survivant dans cette famille, quelqu’un qui avait perdu tout ce qu’il possédait à cause de la drow…elle aurait pu se raccrocher à cette personne. Mais si elle était la seule à avoir échappé aux griffes de Ilinsar, personne ne pourrait jamais vraiment la comprendre, personne ne pourrait réellement partager sa douleur, ni même imaginer les cauchemars qui l’habitaient.

Ce fut un baiser déposé sur son nez qui la tira de ses sombres pensées. D’abord surprise, elle resta figée, les yeux dans ceux de son époux. Puis, lorsque le second baiser vint se poser sur ses lèvres, elle sentit son sourire s’étirer. Cette douceur était un pur délice pour elle, et plus les jours passaient, plus elle appréciait ces contacts. Les premiers jours avaient été difficiles et il fallait louer la patience d’Hanegard, qui notons-le, est le seul à pouvoir approcher la régente dans un périmètre proche sans que cela ne la dérange !

- Tu as peut-être raison, concéda-t-elle à contre cœur

A l’instant où elle prononça cette phrase elle se sentit vidée de toute joie. Ses yeux retournèrent regarder les maisons qui défilées lentement. Bientôt ce fichu carrosse s’arrêta et elle poussa un long soupir de soulagement lorsque le cocher vint ouvrir la porte pour lui tendre le bras. Enfin un peu d’air frais !
Le carrosse s’était arrêté devant la taverne du Lion d’Or, celle là même où ils étaient descendus quelques jours plus tôt lorsqu’ils voyageaient incognito. L’aubergiste sortit accompagnée de sa femme, sa fille et son fils, tous vêtus le mieux possible. Apparemment l’annonce de leur venue avait fait le tour de la ville. L’homme au front dégarni s’empressa aussitôt qu’elle eut mis pied à terre pour la faire entrer dans son établissement en lui vantant le délicieux repas qu’il avait préparé pour Hanegard et elle.

- Je serais ravie de manger tous les plats que vous m’annoncez mais ce sera à mon retour, pour l’heure je préfère faire ce pour quoi je suis venue. Mais vous pouvez déjà nous réserver une table pour plus tard.

Un sourire en plus et hop l’aubergiste était dans la poche. Il s’inclina devant elle et ordonna à son fils d’aller préparer les chevaux du régent et de la régente. La perspective de monter à cheval pour rejoindre les restes brûlés de la maison des Jefferson était sûrement la seule chose qui l’enchantait réellement. Elle se tourna vers Hanegard, et lui adressa un petit sourire victorieux. Mais l’heure n’était pas à se réjouir pour rien, elle n’était pas là pour ça. Se tournant vers l’aubergiste elle lui fit signe de s’approcher.

- Je vais m’absenter quelques heures, mais puis-je vous demander un service ?
- Tout ce que vous voudrez ma Dame.
- J’aimerais savoir si un enfant, d’environ trois ou quatre ans a été retrouvé dans la région. Il se serait égaré voilà près de deux semaines. Peut-être qu’en interrogeant vos clients vous pourrez me renseigner.
- Si un enfant si jeune a été retrouvé seul, l’information ne sera pas longue à dénicher. Dès votre retour je pense être capable de vous répondre, vous pouvez compter sur moi.

Jena lui adressa un nouveau sourire et dès que le cheval fut près, elle monta en selle avec agilité malgré la robe qu’elle portait. Certes on voyait ses chevilles mais on allait pas lui casser les pieds pour si peu non ? ! Elle partit donc avec son époux et une petite escorte….composée tout de même d’une vingtaine de soldats armés jusqu’aux dents.

Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Mar 1 Mar 2011 - 13:56

[edit : c'était le 500eme message, pour Jena bien sur I love you

]

Le régent descendit du carrosse à la suite de sa femme qui déjà prenait les choses en main avec l’aubergiste. En tout cas cela faisait plaisir de la voir ainsi reprendre du poil de la bête. Contrairement à ces derniers jours passés dans la morosité, Jena semblait, sinon d’attaque, du moins fermement décidée à atteindre son but. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, le gaillard allait s’occuper de leur préparer un bon repas tandis que son fils leur amenait des chevaux.

Jena ayant sauté victorieusement en selle, son mari fit de même. Jolies chevilles qu’a la régente soi dit en passant, quelques soldats les regardèrent avec intérêt puis fixèrent avec une grande insistance leurs pieds lorsqu’ils se rendirent compte qu’Hanegard les fusillaient du regard. Oui, évitez de vous rincer l’œil, Jena a un mari fort jaloux et adepte d’une méthode assez directe dans ce genre de cas. Talonnant leurs montures, les cavaliers quittèrent Jersada et s’enfoncèrent dans la forêt.

Le voyage se fit en silence, comme si les frondaisons qui occultaient en bonne partie la lueur du jour faisaient peser une sourde menace sur eux. Hanegard se revoyait quelques jours plus tôt prendre cette même route en priant les dieux de retrouver sa femme en vie. Quand à Jena, impossible de deviner ce à quoi elle pensait. A Ilinsar ? A ce qu’ils allaient trouver dans la cabane ? Son visage ne reflétait rien de ses pensées en tout cas.

Lorsqu’enfin ils arrivèrent dans la petite clairière, le régent embrassa la scène d’un rapide coup d’œil. La cabane des Jefferson avait brulée, et même bien brulée. Les poutres noircies pointaient vers le ciel comme la cage thoracique d’un gigantesque animal mort. Certes s’étaient effondrées et il leur faudrait les dégager avant de pouvoir s’avancer dans l’ancienne salle commune. Plus loin de petits monticules indiquaient les tombes des Jefferson.

Sautant à terre, Hanegard ordonna à la moitié de ses hommes d’établir un périmètre de sécurité tandis que l’autre moitié allait les aider dans leurs recherches. Le couple s’approcha de la porte, désormais complètement carbonisée, pour constater qu’une massive poutre de bois leur en barrait l’entrée.

Dégagez-moi tout cela.

Deux robustes gaillards pesèrent de tout leur poids sur la poutre, leurs muscles se raidissant sous l’effort. Grommelant et grognant, ils arrivèrent peu à peu à la faire basculer en arrière et finalement à la faire tomber au sol dans un bruit de tonnerre. Un nuage épais de cendres fines se leva sous le choc, les faisant tousser et crachoter. Se protégeant la bouche et le nez avec un chiffon, Hanegard en tendit un autre à Jena et s’avança dans la demeure.

Difficile de s’y repérer, et ce d’autant plus qu’il n’y était pas resté bien longtemps, mais le foyer de la cheminée, une des rares parties en pierre de l’édifice, restait reconnaissable. A partir de là, retrouver où pouvait se trouver le tapis… pas facile… deux pas en arrière ? Non, trois peut être ? D’ailleurs, vers la gauche ou la droite ? Ou dans l’axe ? Se rendant compte qu’il ne s’y retrouvait pas et désireux d’éviter à ses hommes de déblayer l’ensemble des ruines, le régent demanda à son épouse :

Jena, où se trouvait le tapis ?

Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Mar 1 Mar 2011 - 18:13

Le trajet fut plus court qu’elle ne l’aurait imaginé, c’était sûrement parce que la dernière fois qu’elle était passée par là, elle avait le dos meurtri et que chaque mouvement de la chaise à porteur lui avait arraché un gémissement de douleur. Cette fois c’était une autre forme de souffrance, plus profonde, plus intime. Lorsqu’ils s’arrêtèrent devant les restes de la maison, Jena resta un moment en retrait à regarder les poutres noircies et les petits monticules de terre. Les soldats s’affairaient à droite et à gauche pour sécuriser l’endroit, et Hanegard fonçait déjà vers la maison, mais elle resta une minute devant ces simples tombes. Nulle part il n’y avait indiqué qui gisaient là….pas une fleur…rien à part de la terre retournée. Après un léger soupir, Jena suivit le reste du groupe composé de son époux et d’une poignée de soldats. Ceux-ci étaient en train de forcer sur une poutre qui barrer la porte d’entrée. La jeune femme attendit en retrait, essayant de faire le tri de ses émotions en silence.
Elle sentait déjà ses mains trembler à l’idée de retourner dans cette maison, mais tout était différent, le feu avait effacé les traces de son passage ainsi que celui de la drow. Lorsqu’enfin la porte fut dégagée, Hanegard entra et commença à regarder le sol. Elle, elle était restée figée dans l’entrée. Comme si un mur invisible l’empêchait d’entrer. La peur sûrement. Elle faillit tourner les talons et partir à toutes jambes lorsqu’elle vit la cheminée en face d’elle… Elle sentit presque les ongles d’Ilinsar griffer son dos…Le mouchoir appuyé contre sa bouche et son nez, elle resta là, à fixer la pièce sans bouger.

Ce fut la voix de son époux qui la ramena à la réalité. Même si la maison était méconnaissable, elle était capable de se souvenir de tous les détails. La table, les ustensiles de cuisines sortis sur le grand meuble…la poupée près de la cheminée à côté du panier à bois… Bien sur il n’y avait plus rien de cela, la table était affaissée et noircie, la poupée en cendre et le grand meuble ne ressemblait plus à grand-chose. Sans répondre à Hanegard, elle traversa la pièce, enjamba les débris jusqu’à se trouvait devant la cheminée. Ses yeux trouvèrent immédiatement ce qu’elle cherchait, le petit nœud dans le bois. Même le noir de la fumé et les flammes ne l’avaient pas effacé…il était toujours là…Son doigt le caressa un seconde, elle ferma les yeux et laissa couler les larmes qu’elle sentait monter en elle depuis qu’ils étaient arrivés.

- Dans la pièce à côté, finit-elle par murmurer.

Quittant la cheminée, elle traversa la pièce et entra dans la pièce qui servait de chambre. La moitié du toit s’était effondré sur ce qui avait été le lit, le tapis n’existait plus et une épaisse couche de cendre recouvrait le sol mais elle savait parfaitement où regarder et où aller. Avec ses deux mains elle tira la chaise couchait qui masquait la trappe, elle sentit son cœur se serrait lorsqu’elle se rendit compte que c’était sur cette même chaise qu’elle avait patienté des heures. Sans plus d’hésitation Jena se baissa et balaya le sol de la main jusqu’à trouver un écart plus large entre les lattes du parquet. Minutieusement elle suivit la ligne, jusqu’à ce que son doigt trouve une petite encoche où glisser le doigt un peu plus profondément. Tirant un coup sec, elle fut surprise par la légèreté du panneau en bois. Celui-ci pivotant et tomba près de ses pieds dans un épais nuage de cendres. Toussotant, Jena se recula et attendit que la cendre retombe pour poser son regard vers le trou dessiné dans le sol. Il était assez grand pour laisser entrer un homme fort corpulent et presque aussitôt, elle sentit un léger courant d’air agiter le bas de sa robe.
Voilà un point qu’elle n’avait donc pas totalement inventé ! Elle avait eut raison à propose de la trappe, maintenant la suite était moins certaine.

Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Mer 2 Mar 2011 - 13:57

Ni Hanegard ni les soldats ne troublèrent Jena tandis qu’elle cherchait la fameuse trappe. Réussir à retrouver un endroit précis sous cette épaisse couche de cendres n’était guère aisé. L’incendie avait complètement détruit tout repère, et la régente devait rester concentrée pour arriver à son but. Ils la suivirent donc en silence dans la chambre, veillant juste à ce qu’aucune poutre ne risque de s’effondrer. Ces bâtisses en ruines pouvaient se révéler de dangereux pièges.

Se penchant, Jena écarta les cendres, semblant savoir où elle se trouvait. Pas de doute, elle avait eu plus que le temps de bien observer les lieux durant sa captivité, car sa main n’hésita pas et trouva assez aisément la rainure trop profonde, signe d’une incohérence dans la texture du sol. Après quelques hésitations, son doigt s’enfonça dans un trou percé à même le sol qui se révéla être la prise pour soulever un pan du plancher.

A l’instant où la trappe basculait, dévoilant une cavité obscure, le régent sut que sa femme n’était en aucun cas folle. S’il avait pu connaître le doute et la crainte à cette seule idée, désormais il pouvait la balayer. La trappe existait bel et bien, pile à l’endroit attendu. Un grand soulagement envahi Hanegard, qui craignait plus que tout de voir sa douce et tendre sombrer dans les abîmes de la folie. Non, malgré ses souffrances, malgré les tortures endurées, Jena était bel et bien saine d’esprit.

Rassurant n’est-ce pas ?

[Court… désolé mais je ne peux pas dire ce qui se trouve en dessous ^^]

Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Mer 2 Mar 2011 - 18:17

Le nuage de cendre retombé, Jena se pencha légèrement pour voir ce que pouvait bien cacher ce trou noir dans le plancher. Presque aussitôt l’un des soldats qui les accompagna sortit de la pièce en hurlant qu’il avait besoin de lumière. Jena se redressa et épousseta sa robe d’un geste presque mécanique. Bizarrement elle était étonnée d’avoir ainsi eut raison. Ce n’était pas qu’elle avait douté de ses paroles, mais cela impliquait tant de chose. Et si elle avait également raison pour l’enfant…ce serait une découverte bien plus grave que ce passage. Tournant son regard vers Hanegard, elle n’essaya même pas de masquer sa surprise, les bras ballants elle attendit que quelque chose se passe. Bien qu’elle ait tenu à venir ici, elle n’en était pas encore arrivée au point de vouloir se jeter dans le premier trou obscur qu’elle voyait. Un peu de tenu tout de même, qu’aurait pensé les soldats en la voyant crapahuter dans un tunnel et ressortir couverte de terre à l’autre bous de la clairière hein ? Oh …Sûrement la même chose que lorsqu’elle s’était enfoncée dans une mine inondée avec la certitude que son époux avait des branchies pour respirer sous l’eau, ou lorsqu’elle avait été retrouvé pendu à une cheminée le dos lacéré et sanguinolent…bref cela n’aurait pas vraiment changé de d’habitude. Et ce n’était pas tellement le comportement que l’on attendait d’une régente…

Quelques minutes s’écoulèrent dans le silence le plus total, jusqu’à ce que le soldat revienne avec une torche de fortune à la main. Un bout de bois, un bout de tissu et hop un coup d’amadou ! Sans hésitation l’homme se glissa dans le passage.

- Ce n’est pas très profond, il faut se baisser pour avancer, commenta-t-il en s’enfonçant davantage. Il y a quelques objets entassés là, et….ça….

Sortant la tête du trou, il tendit à Jena une chose informe et sale, lorsqu’elle le prit dans les mains elle constata avec effarement qu’il s’agissait d’une peluche en tissu…certes très abimée…mais une peluche tout de même.
Cette fois elle baissa le mouchoir qui masquait sa bouche entrouverte. Ses yeux glissèrent presque automatiquement vers l’endroit où se trouvait le lit à barreaux, elle fit quelques pas dans la direction et regarda les restes du petit meuble. Son cœur se mit à battre à tout rompre, elle ne s’était pas trompée, encore une fois elle avait vu juste. Comme une poupée de chiffon aurait pu se retrouver là-dessous ? L’enfant avait du le laisser tomber en partant en courant.

- Pouvez-vous continuer d’avancer où s’agit-il seulement d’une sorte de cave ?
- Je crois que je peux avancer par là… il y a une sorte de courant d’air. Vous voulez que je suive le tunnel ?
- Si cela ne craint rien allez-y. Nous devrions retourner dehors et attendre de voir où cela le mène.

Cette fois c’était à Hanegard qu’elle parlait. Il n’avait pas bougé, pas dit un mot mais elle était persuadée que maintenant il ne doutait plus d’elle. Revenant sur ses pas, elle lui prit le bras avec plus de tendresse qu’elle ne lui en avait témoigné depuis dès jours. Ils quittèrent la maison et se postèrent près de leurs chevaux en attendant un signe du soldat. Sortirait-il dans les bois ? Juste derrière la maison ? Non le passage devait être suffisamment long pour avoir désorienté un enfant trop jeune. A moins que les cris de ses parents et de ses sœurs l’aient tant effrayé qu’il se soit enfui à toutes jambes.

- Peut-être….peut-être que tu devrais ordonner à tes hommes de chercher autour de la maison et dans les bois…

Le cadavre d’un enfant ne serait sûrement pas long à retrouver s’il y en avait un…Quittant le bras de son époux, la jeune femme retourna près des quatre tombes creusaient à la va-vite. Si les recherches devaient prendre un certain tant, alors elle pouvait en profiter pour se recueillir près d’eux et leur offrir une sépulture un peu plus décente avec quelques fleurs et quelques prières.

Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Sam 5 Mar 2011 - 10:42

Hanegard ne dit rien tandis que sa femme voyait avec le soldat la possibilité d’explorer le tunnel. Se retournant, le régent ordonna à plusieurs patrouilles de commencer à explorer les environs, bien que l’espoir de trouver un survivant dans les parages paraissait faible. Mais à défaut de trouver quelqu’un, des indices pouvaient les mettre sur une piste. Certes le tavernier du Lion d’Or tenterait aussi d’en apprendre plus à Jersada même, toutefois deux études valent mieux qu’une.

Jena en profita pendant ces recherches pour aller prier auprès des tombes des premières victimes d’Ilinsar, la famille Jefferson. Sans doute se trouvait-elle proche, psychologiquement du moins, de ces gens massacrés par pure sauvagerie, juste pour assouvir la soif de sang et de haine de la drow. Un pas en arrière, le régent murmura lui aussi une petite prière, recommandant les âmes des malheureux à la garde de Tyra.

Soudain, un cri derrière eux les tira de leurs pensées.

Le passage ressort par ici.

Se retournant, Hanegard et Jena virent le soldat parti explorer le tunnel apparaitre derrière un petit appentis où se trouvait la réserve de bois de chauffage des Jefferson. Ainsi donc ce n’était pas une simple cache mais une porte de sortie, comme la régente s‘en doutait depuis quelques temps déjà.

S’extrayant difficilement, le gaillard revint au rapport, tentant en vain d’épousseter la saleté qui maculait son uniforme, pensant sans doute aux efforts de nettoyage qu’il lui faudrait faire à Alonna avant de pouvoir se présenter au rapport sans risquer de se retrouver de corvée de chiottes pour tenue débraillée.

Des traces récentes ?
La terre est retournée, comme si quelqu’un avait fui par ici. Je pense que ce tunnel a été utilisé quelques jours avant l’incendie.

Acquiesçant, Hanegard ne remit pas en doute l’analyse. Il connaissait de vue ce soldat et savait par ses états de service qu’il s’agissait d’un ancien braconnier, devenu le pisteur de son unité. Ainsi donc quelqu’un avait fuit la cabane des Jefferson approximativement lors de l’arrivée d’Ilinsar… mais où était donc allé cette personne après avoir quitté cet enfer ?

Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Sam 5 Mar 2011 - 18:50

Jena finissait d’adresser sa prière aux âmes des Jefferson tués par Ilinsar quand le cri du soldat la fit se retourner. A quelques mètres de la maison, sous l’abri à bois, la tête de l’homme apparut. Elle avait donc dit vrai. Encore une fois. Mais c’était peut être cela qui était le plus tragique. Si tous les Jefferson étaient morts, elle n’aurait pas eu à s’inquiéter pour l’un d’entre eux et encore moins pour un enfant. Jena se releva et s’approcha de l’endroit, mais ce n’était pas pour observer elle-même les traces ou pour donner un ordre quelconque. Elle avait soudain eut besoin de prendre la main de son époux. L’idée d’avoir encore eut raison concernant l’enfant la terrifiait. Etait-il mort dans les bois, perdu, affamé, transit de froid… Avait-il était retrouvé ? Elle ne pouvait savoir et ce doute là était encore plus inquiétant que le reste. L’atmosphère autour de cette maison lui devenait pénible, oppressante… Elle avait besoin de partir loin de cet endroit.

- Chéri, retournons à Jersada…

Quelques hommes pouvaient rester sur place pour continuer à chercher, elle, elle avait besoin de réponse, et pour l’instant elle misait tout sur le tavernier du Lion d’Or…. Elle avait besoin de retourner dans un endroit habitait, rempli d’âme. Cette maison lui rappelait trop ce qu’elle avait vécu quelques jours plus tôt. Visiblement la bulle dans laquelle elle s’était enfermée avait enfin explosée et elle se retrouvait à nouveau immergée par ses sentiments. Cet endroit lui avait remis les idées en place. Plus que tout le reste, elle voulait retrouver sa fille… elle voulait la prendre dans ses bras, détruire ce mur qu’elle avait elle-même bâtie entre la petite et elle.

- Je ne peux plus rester ici…

Posant sa tête contre l’épaule de son époux, la régente se laissa aller dans ses bras. Heureusement qu’il était là, qu’il restait près d’elle… Sans lui elle aurait sûrement déjà sombrée dans la folie.
Mais il était avec elle, et il la soutenait comme à chaque fois et elle l’aimait pour ça.
Un soldat s’approcha d’eux et leur tendit les rênes de leurs chevaux.

- Je souhaite mener les recherches ici Monseigneur, si nous trouvons quelque chose, nous vous informerons immédiatement.

Jena s’approcha de son cheval sans un regard vers la maison, elle monta en selle et donna un léger coup de talon pour s’éloigner de cet endroit. Le trajet fut plus rapide qu’à l’aller, peut-être parce que tout le monde s’évertuait à mettre le plus de distance possible avec cette maison. Le retour à la taverne du Lion d’Or fut loin de passer inaperçu, plusieurs badauds s’étaient rassemblés devant mais ils eurent tous le reflexe de s’écarter et de saluer les nobles arrivants. Attiré par les murmures et le bruit des sabots, le tavernier sortie de l’auberge et, ordonna une nouvelle fois à son fils de s’occuper des chevaux.

- Oh Ma Dame… Il est ici…

Devant l’air complètement abasourdie de la jeune femme, le tavernier se tourna vers le régent pour expliquer rapidement ce qui s’était passé durant leur absence.

- C’est un ébéniste de la région qui la retrouvait. Le petit était tout seul en train de pleurer dans les bois. Il dit qu’il la prit avec lui pour le mettre en sécurité. Il devait venir cette semaine au marché pour vendre ses marchandises, il pensait qu’il entendrait parler d’un enfant disparu. Il est ici depuis trois jours… et il était sur le point de partir…Venez… Ils sont à l’intérieur.

Jena se sentit vaciller, elle qui avait imaginé l’enfant mort dans les bois…. attaqué par une meute de loup… noyé dans une rivière… l’aubergiste lui disait qu’il était là assis sur une chaise dans sa taverne….et ses jambes…ne pouvaient-elles arrêter de trembler ainsi ?

Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Lun 7 Mar 2011 - 9:01

Pas plus de survivant que de beurre en broche dans le coin. Donc acte ! Les patrouilles revenaient les unes après les autres, bredouilles. Rien de véritablement étonnant, en général personne ne s’attarde près d’une chaumière en train d’être mise à sac par les drows, non ? Quand bien même cette chaumière est la sienne, l’instinct de survie propre à chacun dicte un rapide éloignement salutaire. Pour vous donner une comparaison poétique, c’est un peu comme une biquette qui verrait un nain la lorgner d’un regard gourmand…

Jena semblait être arrivée à la même conclusion que son mari (la biquette en moins), aussi donna-t-elle le signal du retour. Le régent ayant donné son accord pour que les recherches soient continuées, fussent-elles quasi-vaines, le couple reprit la route de Jersada. A tout le moins Jena aurait-elle pu se recueillir sur les tombes des Jefferson et savait-elle désormais qu’elle n’était pas folle. Le tapis, la trappe… tout cela était réel, il ne s’agissait pas d’élucubrations issues d’un esprit fragilisé par les mauvais traitements.

Puisque nos deux héros traversent la forêt et qu’il n’y a rien à raconter sur ce voyage, apprenons en un peu plus sur le vulpes vulpes, ou renard roux. Cet animal, fort répandue dans les forêts d’Alonna, est un mammifère au pelage roux, au museau pointu, aux oreilles droites et à la queue touffue. Omnivore, son alimentation est essentiellement basée sur de petits mammifères, mais aussi d’oiseaux, de grenouilles, d’insectes, de fruits voire même de charognes. Le renard roux atteint sa maturité sexuelle vers l'âge de 10 mois, et les femelles mettent bas des portées pouvant atteindre dix renardeaux qui seront sevrés au bout de 4 ou 5 semaines. Symbole de ruse et d’habilité, le renard est un emblème assez classique en héraldique.

Voilà, désormais vous êtes un peu plus savant. Chouette non ? Mais je vois que notre couple est désormais loin, aussi dépêchons nous de les rattraper au moment où ils arrivent près de l’auberge du Lion d’Or. A noter d’ailleurs que l’enseigne de l’auberge venait d’être enlevée et reposait contre l’un des battants de l’écurie. Bizarre cela… un changement de nom ? Mais le régent n’eut guère le temps de se poser plus de questions car l’aubergiste arriva en braillant que l’enfant se trouvait là.

L’enfant ? Celui du souterrain et tout ? Ça pour une surprise, c’était une surprise. Enfin pour Jena encore plus, vu la manière dont ses jambes flageolaient. Son époux dut la soutenir pour l’aider à venir s’asseoir à une table. Trop de tension nerveuse, trop de fatigue, et au final apprendre qu’un autre survivant du massacre était lui aussi dans l’auberge. Un bras autour des épaules de sa femme, le régent demanda à l’aubergiste :

L’enfant a-t-il de la famille dans la région ?

Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Lun 7 Mar 2011 - 12:19

Hého ! Y’a quelqu’un là dedans ? Où est la lumière ? Hé quelqu’un pourrait allumer siouplait ?... Je suis désolée je me suis un peu perdue quand mon mari s'est cru obligé de nous faire un résumé de chasse et tradition....Ah ben voilà c’est beaucoup mieux là, merci !

Assise sur un banc, voilà où elle se trouvait maintenant. Sa main droite crispait sur le bois de la table, l’autre au bras de son époux…Une seule pensée raisonnait dans son esprit embrumé… il était vivant… lui aussi avait survécu… Ses yeux fouillèrent la grande pièce à la recherche d’une petite tête, mais ce fut un géant qui se présenta à la suite de l’aubergiste. D’après ces paroles, il s’agissait du fameux ébéniste… euh quel ébéniste…attendez c’est un peu long à se remettre en marche là…. Ah oui, l’ébéniste !
Il n’avait pas l’air très à l’aise devant le couple régent comme s’il avait peur qu’on lui reproche quoi que ce soit. Sauf qu’au contraire, Jena avait plus envie de lui sauter au cou pour le remercier que de le faire monter sur la potence la plus proche. La jeune femme se tourna vers son mari comme pour s’assurer que c’était bien lui qui avait parlé…Visiblement oui car l’aubergiste lui répondit directement.

- Les Jefferson se sont installés ici y’a d’ça trois ans…mais je pense pas qu’il soit venu avec de la famille. Je crois que Karl et sa femme venaient de Langelack…

L’aubergiste continuait à discourir mais quelque chose attira le regard de Jena. Ce fut une petite tête blonde qui s’écarta de l’immense ébéniste. A côté il paraissait minuscule, debout sur ses petites jambes. Ses grands yeux verts la regardaient, il semblait si triste, si craintif…. Il lui rappelait tant les deux fillettes qu’elle avait vu dans la cabane… Les mêmes boucles blondes, les mêmes yeux légèrement en amande…Presque aussitôt, Jena sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle ne s’était pas attendue à le voir…en vie… elle ne s’était pas attendue à avoir raison et maintenant qu’il était là sous ses yeux elle se rendait compte à quel point la situation était tragique. Il avait perdu toute sa famille à cause d’Ilinsar…
Ignorant totalement la conversation « d’adulte » qui avait lieu entre Hanegard et le tavernier, Jena tendit instinctivement la main vers le petit garçon. Celui-ci retourna presque aussitôt se cacher derrière l’ébéniste... qui avouons-le, avec une taille pareille et une carrure aussi impressionnante pourrait parfaitement convenir comme joueur du Stade Toulousain.

- Allons ne te cache pas, tu n’as rien à craindre avec moi.

Malgré les larmes qui commençaient déjà à couler le long de ses joues, Jena lui adressa un sourire pour le convaincre de sortir de sa « cachette ». Le petit garçon se pencha, visiblement curieux. Il était maigre et flottait dans les vêtements qu’il portait, sûrement pas les siens d’ailleurs. Mais cette maigreur ne devait pas résulter d’un manque de soin de la part de l’ébéniste, sûrement le contre coup des évènements qu’il avait vécu.

- Tu veux bien me dire ton prénom ?

Cette fois l’enfant quitta sa cachette mais ne s’approcha pas pour autant. Voyant qu’il ne dirait sûrement pas un mot, ce fut l’ébéniste qui se pencha légèrement pour lui parler.

- Il a dit qu’il s’appelait Merwan, vous savez j’ai fait com’ j’ai pu pour m’occuper d’lui moi. J’ai pas d’enfant alors j’sais pas trop, j’devais venir au marché de Jersada cette semaine…alors j’me suis dit qu’j’entendrais sûrement parlé d’un gosse qui se serait perdu. J’savais pas qu’c’était le vôtre M’Dame.

- Il n’est pas… enfin ce n’est pas…mon fils…je vous remercie de vous être occupé de lui, vous serez dédommagé cela va de soi.

Un peu gêné l’ébéniste se recula et poussa légèrement l’enfant devant lui. Le petit baissait les yeux, prêt à fondre en larmes. Il ne devait vraiment rien comprendre à tout ça, après ce qu’il avait du vivre…les cris de sa famille, perdu dans les bois…il ne devait pas apprécier davantage ce qui se passait là.

- Veux-tu venir t’asseoir avec moi, regarde, il y a pleins de bonnes choses à manger .

Bingo ! Tous les enfants sont pareils ! Agitez leur un truc à manger lorsqu’ils ont faim et ils perdent toute timidité. Jena avait eut l’habitude avec son frère et sa sœur. L’enfant courut alors vers la table et attrapa sa robe pour qu’elle le fasse monter sur le banc. D’abord surprise, Jena finit par le soulever et l’asseoir près d’elle. Elle lui tendit un morceau de pain pour commencer avec un bout de fromage.

- S’il n’a pas d’autre famille ici… nous pourrions le ramener à Alonna… murmura-t-elle à l’adresse de son époux.

Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Lun 7 Mar 2011 - 14:03

L’ébénisterie est l’art de fabriquer des meubles et panneaux en bois à partir d’un bâti sur lequel sont appliquées des feuilles de bois précieux et…

Hmm, après chasse et tradition, évitons le reportage sur l’ébénisterie et la menuiserie à travers les âges. Sinon ma chère et tendre complice de rédaction va vraiment me croire fou à lier. Non pas que le sujet soit inintéressant mais en soi il peut apparaître comme légèrement hors de propos. Certes nous avons un ébéniste dans l’assistance mais son métier dans le cadre de l’histoire engendre une importance similaire à celle de la hausse d’un point du prix du chocolat à la bourse de Shangaï sur la consommation de bière d’un retraité bavarois.

Tout cela pour dire qu’on s’en fiche. Le narrateur se reconcentre donc sur l’histoire et Hanegard sur les propos de l’aubergiste. Jena, elle, a déjà entrepris la conquête du bambin, son instinct maternel éveillé et même bien éveillé. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, Merwan se retrouva assis à côté d’elle en train de manger une bonne tartine au fromage. Le pauvre petiot devait encore être sous le choc de ces derniers jours et ne réalisait sans doute pas bien ce qui lui arrivait. Lorsqu’il comprendrait que sa famille était morte et enterrée...

Mais pour l’instant il mangeait de bon appétit, sous le regard attendri de la régente. Le régent lui, posa un regard attendri sur sa femme, ravi de voir qu’elle sortait vraiment de sa torpeur et de sa mélancolie où l’avait plongé l’attaque d’Ilinsar. Un objectif, voilà ce qu’il lui fallait… et l’avenir de Merwan pourrait lui servir d’objectif.

Ayant donné une bourse bien rondie à l’ébéniste pour le remercier de ses peines (et accessoirement récupérer quelqu’un qui chanterait ses louanges dans la région… chassez le politique, il revient au galop), Hanegard se mit lui aussi à table, rejoignant ainsi Jena et son jeune protégé. Bon sang, on cavale, on fouille, on creuse, on médite, mais on ne mange pas beaucoup dans cette histoire !

Miam mourph glup bafre ! [Les effets spéciaux irp ne me permettent pas de mieux réaliser les bruitages]

Alors que son époux s’envoyait une choppe de clairet dans le gosier, Jena lui posa la question du sort de Merwan. Si le gamin n’avait pas de famille dans le coin, pourrait-on le garder à Alonna ?

Euh…

Le ramener à Alonna ? La question tombe un peu abruptement non ? Certes l’ébéniste ne pouvait que difficilement s’occuper d’un enfant, et l’absence de toute famille dans les environs risquait de laisser Merwan seul. De là à ce qu’il finisse dans de mauvaises mains, que ce soit des voleurs ou pire, le pas pouvait se franchir assez aisément. Et Hanegard savait qu’il ne pourrait plus regarder sa femme en face s’il restait indifférent à la situation.

Oui bien sur chérie, Merwan pourra rester à la citadelle.

A voix basse pour que le petit garçon ne l’entende pas, le régent ajouta :

Je demanderai à la chancellerie de vérifier la présence ou non d’autres membres de sa famille dans la baronnie.

Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Lun 7 Mar 2011 - 20:13

Le petit Merwan mangeait avec appétit…un peu comme…et bien comme ce morfale de régent à vrai dire ! Mais en même temps après avoir chevauché plusieurs heures c’est normal d’avoir un petit creux non ? Et puis Jena n’était pas innocente non plus, elle venait de vider son assiette ce qui ne lui était pas arrivée depuis des jours. A côté d’elle, l’enfant ne disait pas un mot, il se contentait de se remplir le ventre et de lui adresser quelques regards en biais. A force de lui sourire, il finit même par étirer les lèvres. La ressemblance la choquait toujours mais elle s’y faisait petit à petit. Avoir côtoyé les cadavres des deux sœurs de Merwan l’avait plus perturbé qu’elle ne l’aurait cru, et lorsqu’elle le regardait, elle voyait encore leurs visages déformés par l’horreur, figés dans leurs derniers cris de douleur. Mais lui il était bien vivant, et il n’avait plus personne à Jersada pour s’occuper de lui.
Jena avait proposé de le ramener à Alonna, cependant elle redoutait un peu la réponse de son époux. Serait-il d’accord ? Accepterait-il qu’elle le ramène ? Elle ne pouvait imaginer ce à quoi il pensait pourtant elle s’attendait au pire, elle l’entendait lui dire des choses qu’elle n’aurait pas supporté d’entendre… peut-être était-ce sa manière de s’y préparer. Mais les paroles d’Hanegard furent toutes autres. Surprise elle tourna son regard vers lui.

- Tu es sérieux ?

La suite lui confirma qu’il acceptait la présence de l’enfant, mais pas forcément à leur côté. Il voulait bien le ramener mais sûrement pour le confier à une famille, le temps de retrouver d’hypothétique parent… Mais après tout, à le confier à une famille…pourquoi pas à la leur ?
Certes ils avaient Liliana et la petite fille était très jeune, mais cela n’empêchait rien. Liliana serait toujours leur fille à eux, la première enfant du couple régent. Merwan ne changerait rien à cela, seulement elle ne pouvait imaginer l’enlever des mains de l’homme qui l’avait retrouvé pour le confier à d’autres. Cela lui était trop pénible, déchirant même.

- Maman ?

La petite voix du garçon lui fit tourner la tête. Il regardait autour de lui, visiblement à la recherche du visage familier de sa mère. Le cœur de Jena se serra, elle ne voulait pas lui mentir, cela n’aurait servit à rien à part à lui faire du mal dans quelques années.

- Elle est avec Néera trésor… Ne t’inquiète pas pour elle, elle est heureuse avec elle ….Tu n’as plus faim ? Tu sais le voyage va être long tu devrais t’emporter l’une de ses délicieuses brioches qu’en penses-tu ?

L’enfant prit le gâteau des mains de Jena et le posa presque cérémonieusement devant lui sur la table. Retournant son attention vers Hanegard, la jeune femme se sentit sourire. C’était une sensation étrange, ses traits avaient été trop longtemps figés, elle avait l’impression de ne plus avoir sourit depuis des années.

- Quand je te demande si l’on peut le ramener à Alonna … je veux dire…le ramener avec nous. Je ne compte pas l’abandonner en arrivant…

Sa voix n’était qu’un murmure pour que lui seul l’entende, après tout pas la peine que toute la taverne soit au courant de leurs histoires de couple. La vie privée du couple régent ne regardait personne d’autre alors les paparazzis du balai ! COMPRIS ?

- Je sais que m’occuper de Liliana me prend déjà beaucoup de temps et je reconnais que je n’ai pas assumé mes fonctions …. d’épouse et de régente de mon mieux ces derniers temps, mais je sais que je pourrais m’occuper de lui…

Autant dire la vérité, elle n’avait été que l’ombre d’elle-même depuis son retour, elle ne s’était plus occupée de la citadelle et encore moins de sa fille. C’était un manquement qu’elle jugeait elle-même de grave même si personne ne lui en avait tenu rigueur jusqu’ici. Mais cet enfant, elle avait envie de l’aider, de lui offrir ce qu’il y aurait de mieux pour lui. De le faire dormir dans un lit chaud, de lui donner une instruction et un avenir… Au moment où elle allait reprendre la parole pour fournir d’autres arguments, Merwan se coucha sur le côté, s’allongeant à moitié sur ses genoux. Baissant les yeux, Jena posa sa main sur la petite épaule du garçon.

Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Mar 8 Mar 2011 - 11:23

Un peu trop enthousiaste peut être notre régente adorée, non ? Si Merwan avait de la famille dans la baronnie, et si sa famille le réclamait, alors Hanegard devrait le leur remettre… autrement on appelait ça un enlèvement. Certes, peut être cette famille hypothétique n’existait-elle même pas, et peut être sinon Jena saurait-elle les persuader que l’enfant serait mieux à Alonna qu’avec eux, mais il fallait garder ces problématiques à l’esprit pour éviter les problèmes.

Bon, de toute façon, en attendant le retour de Merwan avec eux semblait acquis. Voire sa femme manger de bon appétit et sourire de nouveau suffisait à faire gagner au jeune garçon son ticket d’entrée à la citadelle. Peut-être un jour deviendrait-il un fier écuyer ou un sage clerc ? Mais en attendant, ce n’était qu’un enfant apeuré et perdu… qui sait, peut être veiller sur lui aiderait-il Jena à tourner la page « Ilinsar » ? Le régent ne pouvait que l’espérer.

Bon, Jena devait sentir les réticences de son époux au sujet de Merwan. Plus que tout, Hanegard craignait une désaffection de sa fille, de sa chère petite Liliana, et ne voulait pas introduire le ver, fusse involontairement, dans le fruit. Voyait-elle Merwan comme un membre éloigné de sa famille, une sorte de neveu ou de jeune cousin ? Ou bien, et là se cachait les craintes du régent, le voyait-elle comme un fils ? Devait-il refuser de se poser cette inquiétante question ?

Oui, il lui fallait croire en sa femme. Pourquoi remettre en doute ses paroles alors même que ses craintes n’avaient pas le début d’une exécution ? Il faisait preuve d’une grande injustice en prêtant à Jena des sentiments ne se basant pas sur des faits mais uniquement sur des inquiétudes que lui-même pouvait ressentir. Sa femme aimait Liliana plus que tout, cela il le savait et cela elle l’avait maintes fois prouvé. Chassant ses mauvaises pensées, il déposa un baiser sur la joue de sa douce. Allez hop, on le garde le Merwan !

Reposant son verre, Hanegard répondit, lui aussi à voix basse pour éviter que les paparazzis trop curieux ne les entendent :

Très bien, je te fais confiance. Mais sois bien consciente chérie que je ne suis pas au dessus de la loi. Si un parent de cet enfant venait le réclamer et refusait de le laisser à nos soins, légalement je ne pourrais pas m’y opposer.

Il n’était pas inutile de rappeler de temps en temps que derrière l’époux se tenait aussi le régent… et détenir le pouvoir absolu ne veut absolument pas dire que l’on fait ce que l’on veut. Sans même avoir à faire des recherches, on pouvait compter sur le tavernier pour raconter l’histoire à tous ses clients, car voilà qui changerait de la dernière moisson ou de la brebis malade du père Duchesne. C’est un fait… évitez de vous arrêter dans les auberges trop calmes si vous voulez rester discret.

Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Mar 8 Mar 2011 - 20:30

Oui effectivement, l’hypothèse d’un parent lointain venant réclamer Merwan lui avait traversé l’esprit et elle savait bien qu’en pareille circonstance elle ne pourrait l’empêcher de partir. Peut-être avait-elle cru l’espace d’un instant qu’avoir passé les heures les plus sombres de sa vie en compagnie des cadavres de sa famille, l’avait rapprochée de lui, au point qu’elle se voit presque comme un membre de cette même famille. Cette réalité là était totalement fausse et elle le savait parfaitement. Jamais elle ne lui mentirait s’il venait un jour à lui poser des questions, jamais elle ne se considérerait comme sa mère mais temps qu’il aurait besoin de l’affection et des soins que sa mère lui aurait donné, elle serait là. Du moins elle espérait ne pas avoir à le regarder partir. Les paroles d’Hanegard confirmèrent ses craintes. Il ne pourrait pas ignorer la demande d’une vieille tante ou d’un homme bourru attestant qu’il avait besoin de son neveu de quatre ans pour labourer les champs au prochain cycle…Bien que cela soit extrêmement injuste, elle ne s’opposerait pas à la loi, et en conséquence, à son époux.

- Je sais, murmura-t-elle en caressant doucement les boucles blondes.

Les yeux fixés sur le visage couché sur ses genoux, Jena resta un moment silencieuse. Ils n’avaient aucune raison de rester là maintenant que l’affaire était réglée. Elle ne se sentait pas forcément mieux que dans la matinée, mais elle sentait déjà que tout irait en s’améliorant. Elle avait retrouvé les gestes que seul son instinct maternel lui avait appris, elle se sentait plus détendue, moins renfermée et plus que tout elle sentait le besoin de parler à son époux.

- Allons-y il commence déjà à s’endormir, nous réglerons les détails à Alonna. Je suis pressée de rentrer.

Non pas qu’elle n’aimait pas Jersada, mais maintenant qu’elle se sentait à nouveau elle-même, elle avait besoin de retrouver sa fille. De la serrer dans ses bras, de passer des heures à la bercer, à lui parler et à lui chanter les chansons qu’elle apprenait durant son enfance.
Tirant Merwan de sa petite sieste, Jena se leva. L’enfant eut une petite moue toute mignonne comme s’il allait fondre en larmes… une sorte de chat potté vous voyez le genre ! Lui adressant un sourire, Jena lui tendit la main et lui murmura pleins de paroles pour le rassurer. Elle lui parlait de ce qu’il verrait à Alonna, des grands couloirs, de la petite chambre qu’elle arrangerait avec lui s’il le souhaitait, des jardins et des cuisines remplies de bonnes choses. La régente salua chaleureusement le tavernier et quitta son établissement pour s’engouffrer dans le carrosse qui attendait déjà devant la porte. Une fois assise, elle demanda une couverture pour Merwan et s’occupa de l’installer le mieux possible sur la banquette en face de la sienne. Là il pourrait dormir tranquillement le temps du trajet et il resterait bien au chaud.

Après quelques dernières paroles, Hanegard finit par rejoindre sa femme et presque aussitôt elle l’enlaça et l’embrassa tendrement. L’amour qu’elle ressentait pour lui était si fort qu’elle n’avait aucun mot de suffisamment fort pour le lui dire. Seuls les gestes semblaient refléter à peu près ce qu’elle éprouvait. Le carrosse se mit en route et Jena faillit perdre l’équilibre , elle manqua de s’étaler par terre mais les bras d’Hanegard volèrent à nouveau à son secours et elle laissa échapper un éclat de rire. Ce fut si agréable à son oreille qu’elle se laissa rire quelques secondes de plus pour en profiter. Lorsqu’elle retrouva son sérieux, son regard se posa sur la petite tête blonde qui dépassait des couvertures en face d’elle.

- Il ressemble tellement à ses sœurs.

Pas de douleur dans sa voix, juste une constatation. Son sourire n’avait pas disparu et même si les mots qu’elle prononçait n’étaient pas les plus gais du moment, elle avait besoin d’en parler avec Hanegard.

- Je suis restée allongée près d’elles des heures. J’essayais de me défaire des cordes qui me retenaient…mais pas pour m’échapper... Juste pour tendre la main et leur fermer les yeux. Quand je me suis rendue compte de cela, je n’ai plus supporté de les regarder…j’ai fait tomber la chaise sur laquelle j’étais attachée pour ne plus pouvoir les voir.

Elle ne voulait pas gêner son époux avec des détails qu’il préférait peut-être ne pas connaitre, peut-être se considérait-il toujours fautif, responsable de ce qu’elle avait vécu. Mais son but n’était pas de le torturer loin de là.

Sujet: Re: Je n'ai besoin que de toi | Hanegard Mer 9 Mar 2011 - 9:15

Retourner chez eux ne leur ferait pas de mal en effet. Certes Jersada est une charmante bourgade mais trop de souvenir douloureux s’y attachaient. Le besoin que ressentait Jena de revenir vérifier la validité de son intuition s’était tari, la survie de Merwan ayant apporté un peu de baume au cœur de la régente. Cela n’effaçait pas les actes atroces commis par Ilinsar mais à tout le moins un petit rayon de soleil pouvait revenir éclairer ce sinistre épisode.

Tandis que Jena installait confortablement Merwan dans le carrosse, le régent salua le tavernier, dotn les yeux brillaient à l’idée des histoires qu’il pourrait bientôt raconter dans son auberge. « Oui monsieur, j’ai rencontré le couple régent ! Ils ont même passé une nuit chez moi ! ». Comme publicité, le gaillard ne pouvait espérer mieux et nul doute qu’il saurait utiliser cette aubaine. Allons, Ilinsar peut faire des heureux… ne le lui dites pas, elle en serait fort chagrine d’ailleurs.

Sa femme enlacée au creux de ses bras, Hanegard regarda les maisons de Jersada disparaître. En quelques jours ce lieu était devenu d’une grande importance pour eux et il sentait que cette fois une page se tournait. Alors qu’il commençait à se perdre dans ses pensées, la voix de Jena l’en tira. La vue de Merwan endormie réveillait le souvenir des deux sœurs du petit garçon, dont la jeune femme avait longuement du contempler les cadavres.

Lentement, elle se mit à parler. A parler de son calvaire, de ce qu’elle avait vécu, de ce qu’elle avait ressenti alors qu’elle se trouvait entre les mains de sa tortionnaire. S’adressait-elle spécifiquement à son époux ou revivait-elle simplement ses souvenirs ? Difficile à dire, toutefois Hanegard ne ressentait plus dans le ton de la voix de Jena la douleur et le désespoir dans lequel elle vivait encore quelques heures plus tôt.

Cela apaisait-il la culpabilité de son époux ? Certes non, que Jena réussisse à reprendre le dessus ne l’innocentait pas de ses erreurs. Si Ilinsar avait réussi à enlever sa femme, il ne pouvait accuser la malchance ou un mauvais concours de circonstances… il ne pouvait que s’accuser lui-même. Jena pouvait lui pardonner, leur amour pouvait se montrer plus fort que la drow, cela ne changerait rien au fait que le régent porterait le poids de sa culpabilité jusqu’à sa mort.

Le reste du voyage se passa dans le calme, la fatigue pesant sur les épaules de chacun. Malgré un galop soutenu, le carrosse n’arriva à la citadelle qu’à la nuit tombée, et ce fut à la lueur des flambeaux qu’il s’arrêta dans la cour d’honneur. Déposant un baiser sur les lèvres de sa chère et tendre, le régent murmura :

Je te laisse t’occuper de l’installation de Merwan ? Je passe à mon bureau vérifier les dépêches urgentes et je te rejoins.

La veille, le couple était reparti pour Jersada a une telle vitesse qu’Hanegard n’avait même pas eu le temps de lire la missive fraichement arrivée de Diantra… certes, le roi passait après sa femme dans l’ordre de ses priorités, mais maintenant il lui fallait quand même le replacer en haut de liste.

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