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 Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama]

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Lessryn Vesz'Talinth
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MessageSujet: Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama]   Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama] I_icon_minitimeDim 27 Fév 2011 - 18:54

~ Howard Shore - The Siege of Gondor ~





Les premiers cris d'alarme firent hurler l'air.



Aux échos des sabots frappant sans pitié le sol répondirent les chocs des volets que l'on claque, des trappes que l'on verrouille, des portes que l'on ferme à toute volée ; l'onde de panique se propagea comme une bourrasque dans les ruelles sales et tortueuses. Des corps se blottirent, des mains se vouèrent les unes aux autres, des gorges gémirent. Dans le secret des demeures, on murmura des prières et des malédictions.


Ils venaient.


Ils étaient la marée encre et sang montée hors des rivages des Terres Stériles, portant avec eux la fureur et la cruauté du Puy. Des étendards écarlates claquaient au bout des hallebardes. Les armures rutilaient comme de noires carapaces. Même leurs destriers, oui, ces bêtes puissantes et féroces, renâclant et mâchant leurs mors, semblaient impatientes de goûter à l'ivresse des carnages. Le bruit de leur galop gronda comme une tempête au seuil de la ville décrépite, et rien ne put faire obstacle à leur flot lorsqu'ils s'y engouffrèrent.

Quiconque se tenait sur leur passage fut piétiné. Quiconque osait se dresser contre eux fut balayé. Les hurlements et avertissements firent écho à l'acier qui sifflait dans l'air, et aux torches qui brasillaient dans des mains conquérantes. Aux éclats du soleil mourant au bord du monde répondirent les couleurs violentes d'incendies naissants.


Certains mirent alors pied à terre, pour s'engouffrer sans retenue dans les masures alentours. On arracha des enfants aux mains de leurs mères pour les lancer comme de la paille hurlante à la merci des flammes. On molesta, vola, tua quelques fois. Libérée, la violence de cette poignée de Sombres s'exprimait dans toute sa rage glorieuse, et Naelis, domptée, ne put que plier l'échine.

Fermant la cohorte des guerriers aux couleurs de Meingal, venait le Haut-Prêtre lui-même, Lessryn Vesz'Talinth Main-du-Balafré. Juché sur une monture aux proportions impressionnantes, il avait troqué le manteau cérémoniel pour une armure souple et commode, où les mailles légères se mêlaient au cuir et à l'étoffe épaisse. Celle-ci s'évasait comme une robe, au point de couvrir en partie la croupe de sa bête ; et dans ses noirs replis, quelques rubis lançaient des oeillades sanglantes. Enfin, un casque souple et raffiné venait couvrir le sommet de son crâne et s'allongeait en bec au-dessus du front, tel une visière d'acier, tandis qu'un col de fer se chargeait de protéger la gorge et la moitié inférieure du visage. Mais la chevelure de sang, longue et relâchée, battait l'air librement.

Allant au pas, le Haut-Prêtre observait la curée de haut, avec une sorte d'ennui distrait. S'il était vrai que le Culte appréciait les rafles, et que lui-même encourageait les raids de cette sorte - d'où la raison de sa présence - le fait était que nombre de Sombres préféraient se concentrer sur la jouissance de la curée, plutôt que d'instiller Vengeance dans le coeur de leurs victimes. Rêvant distraitement à cela, il fit avancer sa monture vers la place où s'étaient arrêtés les siens, foulant aux sabots sang, copeaux et scories.


Le calme revenait tant bien que mal. On étouffait les flammes, on pleurait discrètement ceux qui n'avaient eu la sagesse de plier l'échine face à la domination Sombre. Pelotonnés sur leur seuil, les autochtones contemplaient en silence le sinistre cortège. D'autres n'avaient pas la chance d'être simples spectateurs.

Car la rafle n'avait pas que la destruction pour but. Le prouvait cet alignement de jeunes hommes et femmes là où se dirigeait le Haut-Prêtre à présent, sur la place cernée par les drows. Tirés de leurs logis, traînés de force, ils n'avaient pour autre choix que de se tenir là, debout et frissonnant, attendant le bon vouloir des envahisseurs.

Un Sombre de bonne stature, mince et nerveux, se détacha de la cohorte. Auprès de Lessryn, déférent, il s'inclina, et ses yeux délavés fouillèrent les alentours avec intelligence. Cendre était son nom ; et de cendres se faisait le manteau de ses couleurs.


- Seigneur, murmura-t-il d'une voix où perçait la soumission autant que la satisfaction du devoir accompli. Voici les spécimens les plus prometteurs que nous ayions trouvé parmi le bétail. Ils n'attendent que votre jugement. »


Silencieux, Lessryn se contenta de hocher la tête et de presser les talons contre les flancs brûlants de sa monture. Le choc lent des sabots retentissait, régulier et sinistre, tandis qu'il passait les quelques prisonniers en revue.

Tous gardaient la tête baissée. Un ou deux pressaient des blessures dans leurs paumes, et retenaient, par peur, des gémissements entre leurs dents serrées. Une femme pleurait sans sangloter, comme un glacier dans le dégel. Terreur, respect, soumission. Peu de colère, ou rarement.


Agacé, le Haut-Prêtre fit claquer sa langue.


- Fais-la avancer », ordonna-t-il finalement à Cendre en désignant du menton la femme en larmes.


Tandis que le Sombre s'exécutait, l'oeil du Haut-Prêtre scrutait les autres prisonniers avec une vigilance acérée. En bout de ligne, un homme jeune eut un mouvement vite réprimé lorsque la malheureuse, violemment bousculée, tomba à genou dans la poussière.

Peut-être y avait-il là quelque chose d'intéressant, finalement.

L'imposante monture se remit lentement en marche. Encore, encore, jusqu'à ce que ses naseaux palpitants vinssent souffler leur haleine chaude au visage de l'homme sus-cité. Oui... La tension frémissante de ses muscles sous l'étoffe déchirée, le serrement de ses mâchoires et cet oeil perçant qu'il risquait parfois vers le Haut-Prêtre, ceci parut être un excellent terreau aux projets de Lessryn.


- Tu connais cette femme. N'est-ce pas ? fit l'éminent Sombre de sa voix grave et rauque, dans la langue gutturale du Puy - propos que Cendre traduisait patiemment au fur et à mesure. Peut-être une soeur, une amie, une amante. Aimée de ton sang ou de ton coeur, faiblesse à laquelle le bétail tend si souvent à céder. Plutôt gironde pour un sous-être ; je suis persuadé que certains de mes soldats la trouvent déjà leur goût. »


Les poings de l'interpellé se crispaient au fur et à mesure. Il eut, à tout le moins, la sagesse de ne rien répliquer.

Yeux mi-clos, Lessryn savoura un moment cette lutte silencieuse entre la rage rentrée et la crainte. Finalement, avec négligence, il fit volter sa monture de moitié, avisa de nouveau la jeune femme prostrée dans la poussière et Cendre qui, patient, attendait les ordres.


- Que ceux qui le désirent se servent. Quelques Sombres s'approchaient déjà de la jeune femme agenouillée, ronronnant de contentement. Enchaînez les autres, nous les emmenons. Tous. Sauf celui-ci. »


Et parmi les claquements des colliers de fer que l'on fermait sur la gorge des captifs, montèrent bientôt les cris stridents de la suppliciée.

Mais le seul spectacle que le Haut-Prêtre put consentir à savourer, dédaignant la chair martyrisée et l'étoffe rompue, fut celui de cet esprit bouillonnant de colère et de détresse, dans le regard du seul homme dont il avait décidé la grâce. Cet épargné qui ne l'était pas tant, forcé d'assister à l'emprisonnement des siens et à l'humiliation de celle qu'il avait trahie par faiblesse. Il la voulait vive, Lessryn, cette étincelle de haine pure surprise dans les yeux de sa victime. Il voulait qu'elle jaillisse et vrombisse comme une flamme.


Ainsi, tandis que, sous les plaintes de la malheureuse, les ongles de l'homme s'enfonçaient dans ses propres paumes à force de serrer les poings, le Haut-Prêtre se demandait, avec une délectation étonnée, à quel moment la colère prendrait le pas sur la crainte.

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MessageSujet: Re: Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama]   Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama] I_icon_minitimeDim 27 Fév 2011 - 23:27

Brusquement, elle releva la tête. Laissant choir les maigres victuailles glanées en ville, elle s’empressa de trouver un refuge. Elle n’avait aucun doute sur ce qui allait se passer. Une simple porte ne les arrêterait pas. Elle avisa rapidement la place du regard, jusqu’à trouver la cachette la plus sûre possible. Dans un élan de gentillesse, elle attrapa une gamine paniquée. Sèchement, elle lui ordonna de s’agripper à elle de toutes ses forces et grimpa agilement au mur d’une maison, s’aidant des briques et poutres apparentes. D’un claquement sec de la langue et d’un chuchotement, elle intima le silence à la pauvre gosse qui cessa de geindre, tétanisée de peur. Fjama la coucha sur le toit de la bicoque-asile, à l’opposé de la place. Le bâtiment accolé éviterait qu’on les surprenne depuis un autre point de vue. Quarante ans de survie dans les rues des différentes villes d’Ithri’Vaan lui procurait une chance accrue d’échapper aux rafles. On apprenait vite à connaître les endroits les plus en sécurité : Enfant, les recoins inaccessibles aux adultes ; Adulte, les toits que peu pouvaient atteindre. Elle ne doutait pas un instant que les Sombres en soient capables, loin de là. Généralement personne ne pensait à vérifier les hauteurs. Elle priait que ça soit le cas, une fois encore. Allongée près de l’enfant, la rassurant tant bien que mal de caresses tendres, elle attendit.

Le cortège s’avançait lentement. L’odeur de la chair brûlée pénétrait doucement dans ses narines. Les incendies étaient nombreux. La ville, déjà ruine, en sortirait encore une fois appauvrie et défigurée. Ses forces vives, les plus robustes, se tenaient en ligne sur la place. Fjama serra doucement le poing. A combien de ces raids avait-elle assisté ? Le compte en était perdu depuis des années, mais l’émotion toujours vive lui nouait le ventre. A genoux, la cheminée de la triste masure-abri comme seul rempart, elle se forçait à observer le jeu des Sombres.

Rapidement, elle identifia celui qui commandait sans se salir. De loin, comme si rien de tout cela n’avait de réelle importance. Distraitement elle porta une main à ses cheveux, entortilla une mèche pour la porter à ses lèvres et la mâchonner nerveusement. Quelque chose se passait. Quelque chose de primordial sans qu’elle n’arrive à mettre le doigt dessus. La distance ne lui permettait pas d’entendre le dialogue murmuré du Sombre en habit de cendre. Un instant, elle fut distraite par l’éclat d’un rubis dans la parure du meneur, jusqu’à s’en redresser légèrement.

- Fais-la avancer


L’ordre du Haut-Prêtre la ramena à la réalité. S’affaissant à nouveau, elle clôt les yeux une seconde, retenant un soupire, une bouffée de rage, tant bien que mal. Elle savait. L’histoire se répétait sans cesse, encore et toujours, dans un cercle infini et vicieux. Personne n’aiderait la jeune femme offerte à la cruauté des drows. Si elle y survivait, elle vivrait en proscrite toute sa vie, bien qu’elle fût aussi innocente que les autres. Les humains étaient ainsi faits. Fjama referma plusieurs fois la main sur sa dague perdue dans les étoffes de sa tenue. Oui, elle ne la laisserait pas vivre dans cet état. Personne ne méritait d’être hanter toute sa vie par de tels cauchemars. Quand elle ouvrit les yeux, elle arqua un sourcil de surprise. Le dirigeant s’était avancé vers un jeune homme qui retenait difficilement la colère de voir une personne chère bafouée.

- Tu connais cette femme. N'est-ce pas ? Peut-être une soeur, une amie, une amante. Aimée de ton sang ou de ton coeur, faiblesse à laquelle le bétail tend si souvent à céder. Plutôt gironde pour un sous-être ; je suis persuadé que certains de mes soldats la trouvent déjà leur goût.

Malgré tout, il était impuissant, soumis. De la colère enflamma les yeux de la danseuse. Pas seulement envers le Sombre qui livrait la jeune femme à ses hommes, pas seulement contre cet homme incapable de se dresser contre celui qui brisait l’être aimé, mais aussi contre elle-même de ne pouvoir agir. L’ambre devenu rubis dardait l’objet de son dégoût. A l’horreur de la scène, elle ne soustrayait pas son regard. Elle devait voir. Etre le témoin silencieux de cette horreur. Pas par empathie pour la suppliciée, pas par amour des humains ou haine des drows, ce tableau si semblable à un autre des décennies plus tôt nourrissait sa rancœur. De celle-ci, elle pouvait façonner sa vengeance petit à petit, s’y abandonner. Elle aurait pu sortir de sa cachette, se jeter dans un combat perdu d’avance. A quoi bon ? Elle ne sauverait personne. Pas comme ça. Le cycle ne saurait être brisé de cette manière. Même en présumant qu’elle arrive à rallier les hommes-moutons à sa cause, même en fantasmant de réussir à repousser les Sombres, ils reviendraient en force. Et ils ne se contenteraient pas de quelques petits feux et meurtres. Naelis subirait de plein fouet leur courroux. Non, rien de tout cela ne changerait la situation. Elle était véritablement impuissante.

La petite s’accrocha à elle, comme un marin s’attachait à un mât en pleine tempête. Incapable de mentir, Fjama ne put que tapoter la petite main crasseuse qui se crispait sur ses jupes. A aucun moment, elle ne lui interdit de regarder. Dans un souffle, Fjama lui murmura, se murmura « Sois forte ». Plus aucun mot ne fut échangé. Chacune à leur manière, elles observèrent. Les vêtements déchirés, les soupires d’aise des mâles fouraillant la chair de la jeune femme, ses pleurs, ses cris, ses supplications et le moment où son esprit sombra à jamais, tout fut noté. Rien ne serait oublié.

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Cyric
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MessageSujet: Re: Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama]   Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama] I_icon_minitimeDim 13 Mar 2011 - 16:02

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Masque de chaire éphémère du Walfen

Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama] Barre10copia

    Une odeur familière lui chatouillait le museau. Perdu dans les méandres d’une obscurité sempiternelle, ce parfum affligeant se fit alors plus oppressant, devenant quasi palpable. Des pensées se formèrent instinctivement avant de se focaliser sur ses effluves de moisissure, de maladie infectieuse et de crasse. Lui qui croyait avoir oublié ce qu’était le touché, le goût, voilà que son odorat animal surgissait des abysses pour le tourmenter. La pauvreté, ainsi appelait-on cette putrescence qui venait le rendre nauséeux au beau milieu de son évanouissement prolongé.
    "Maman ! Maman ! Il s’réveille !"
    Dame douleur sembla soudainement l’envahir de la tête aux pieds. Allongé sur un matelas de paille et sommier mort-bois, Cyric revenait à lui. Le maraud ouvrit lentement les yeux, il aurait alors voulu hurler cette horrible sensation de n’être qu’une frêle carcasse brisée en mille morceaux. Mais ouvrir la bouche s’avérait trop difficile. La lumière l’aveuglait tant que des rigoles de larme se tracèrent aussitôt, sillonnant ses joues creuses en silence. La respiration lourde comme l’érable et aussi raide que du frêne, le Walfen tentait désespérément de reprendre vie. "Va m’chercher d’l’eau Elios !" Cyric émit un grognement, puis sombra…

    Ses mains balafrées enlacèrent le bock emplit d’une soupe locale, peu engageante à l’instar des gens du coin disait-on. Pourtant, s’il était assis là à siroter son jus de navet et non en train de flotter dans le mauvais sens sur les rives d’Itrhi’Vaan, notre ribaud pouvait remercier l’un de ses habitants. Eloïs, une pute autochtone, avait extirpé son corps des eaux avant de le soigner huit lunes durant. Son fils Elios, possédait encore quelques dents de lait, et vivait avec sa génitrice dans ce taudis qu’ils nommaient logis, perdu au cœur de Naelis. Le regard noir, notre Walfen laissa échapper quelques marmonnements :
    « J’ai pas de quoi payer votre sauvetage vous l’savez ? Pas un écu. Rien. »
    Eloïs prit le temps d’allumer une longue et fine cibiche, puis lâcha un simple « Ouai j’l’avais remarquée ». Reniflement bruyant. « Alors c‘est tout ? J’vais pouvoir bouffer à volonté et me la toucher sans rien avoir à payer ? Merde, j’aurais dû me noyer plus tôt. » Eloïs ne daigna pas répondre, se contentant d’observer le cynique interlocuteur. Sous ce manque de réactivité, les poches noires suspendues aux yeux du Walfen semblèrent décupler. La mine affreuse, le dos courbés et la pilosité abondante, notre homme bête ne pu retenir un grognement de mécontentement. « J’ comprend pas. Pourquoi avoir fait tout ça pour moi ? Je n’suis rien pour vous, vous n’êtes rien pour moi. Et que ce soit dans un futur proche ou lointain, jamais j’serai en mesure de rembourser ma dette alors… Pourquoi ?» Le regard désabusé de la panturne se plongea dans celui, fuyard, du pendard. Ses mirettes, cerclées d’une brillantine bon marché et vulgaire, renfermaient une lueur envoûtante. Elle était de ces femmes fatiguées d’attendre le prince charmant et désillusionnées par une vie emplie de débauche. C’était cette mélancolie flegmatique qui enveloppait ce corps décharné d’un charme alliciant. Les sourcils froncés, Cyric tentait de maintenir un air méfiant malgré l’allèchement que lui procurait cette Eloïs. « Je n’veux pas de votre pitié» murmura-t-il. Celle-ci fit tomber ses cendres d’un geste nonchalant, puis rehaussa le grand morceau de toile qui lui servait de chemise sur son épaule dénudée. L’unique lumière du taudis, une bougie, éclairait de sa flamme insignifiante le sourire mâtin de la belle catin. « A-t-on besoin d’une raison pour aider quelqu’un ? » Cette nuit-là, le petit Elios eu du mal à trouver Sieur Sommeil, gêné par la vigueur qu’un homme récupérait dans les draps de sa mère...
    Les premiers cris d’alarme firent hurler l’air.
    Avant qu’il n’ait eu le temps de comprendre ce qui se passait, des elfes noirs pénétrèrent la cahute où dormait notre ribaud, beuglant barbaries d’une autre langue. Sans armure ni même vêtement ou plan, Cyric bondit sus le premier ennemi à portée de ses crocs. Surpris par cette aussi sauvage qu’insensée attaque, le monstre s’effondra au sol, frappant avec véhémence le Walfen qui n’en démordait point. Un liquide noirâtre fuyait la gorge du drow pour venir couler entre les dents du maraud. Finalement, une botte vint embrasser sa tête, l’assommant net. Lorsqu’il reprenait ses esprits, c’était pour fixer Elios nourrir l’ardeur du feu qui dévorait Naelis. Deux colosses, en armure plénière, le maintenaient fermement sur pieds. Tailladant ses joues de puissantes gifles à tour de rôle, ces derniers lâchaient des râles de jouissance par intermittence. L’un d’eux ne portait cependant pas de heaume, mais un foulard autour du cou. Ses yeux ne cessaient de dévisager l’homme coupable de sa blessure, rares étaient sans doute les mortels capables d’une telle prouesse. Le drow stoppa sa progression pour ramasser sur le cadavre recroquevillé d’un vieillard une longue toge brune. Sans ménagement, il la fit enfiler au ribaud qui n’avait cesse de se débattre comme un enragé. Quelques violents coups dans le creux de l’estomac lui imposèrent assagissement. Un silence mortuaire accabla lentement le cortège de prisonniers, en avance vers sa triste destinée. Cyric restait muet, le souffle coupé et les côtes fragilisées par ses assaillants. Le maraud ne comprenait pas la raison de ce massacre, et bien qu’il s’en moquait, la peur de ne pouvoir en réchapper commençait à l’accabler. On fit aligner les prisonniers. Sous le froid transcendant des pierres qui pavaient la place publique, les pieds nus de Cyric tentaient de rester immobiles. Les rafleurs accueillirent alors celui qui devait être leur chef, un elfe noir plus laid et plus effrayant que tous les autres. Le sombre, perché sur une monture démesurée, braya des ordres incompréhensibles, aussitôt exécutés. Une femme fut détachée de la ligne humaine. « Eloïs» ne put retenir le ribaud, qui se mordit la langue pour son manque de placidité. Le palefroi aux yeux infusés de sang fit volte face.
    Son cavalier noir, accompagné par l’un de ses sbires, s’avança lentement auprès du Walfen. "Tu connais cette femme. N'est-ce pas ? Peut-être une soeur, une amie, une amante. Aimée de ton sang ou de ton cœur, faiblesse à laquelle le bétail tend si souvent à céder. Plutôt gironde pour un sous-être ; je suis persuadé que certains de mes soldats la trouvent déjà leur goût."
    Cyric retroussait instinctivement les babines, fronçant les sourcils jusqu’à ne faire plus qu’un. Mais quelque chose l’empêchait d’agir, était-ce l’aura incommensurable de magie que dégageait le drow haut perché ? Oui, sans aucun doute. Passé maître ignare en matière de sorcellerie et cie, Cyric craignait cette facette de Miradelphia qu’il ne possédait pas. Pourtant, le spectacle que lui offrait son bourreau était en train de ronger son mors. Qu’avait-il à perdre ? Rien, si ce n’est la vie, une existence promise à un futur plus pauvre et pathétique que son passé. Eloïs s’était offerte sans contrepartie au gredin après l'avoir sauvé. Désormais il la regardait périr de la plus abjecte des façons, l'air toujours aussi impuissant. Un ultime cri d’agonie eut raison de lui. Doit-il la réussite de son acte au manque de méfiance des drows et leur arrogance ? Nul ne sait, mais lorsque Cyric tira la lame du fourreau suspendu au flanc du palefroi, personne ne fut assez rapide pour réagir. D’un puissant revers, le Walfen taillada l’encolure du cheval noir. Sa cabrade incontrôlée eut sitôt fait d’envoyer son cavalier au sol, décontenancé.
    « Fils de Naelis ! L’heure de la vengeance a sonné. Vengez-vous de ces foutus enculeurs de moineau ! » Mais l’héroïsme se fit une fois encore absente. Personne ne répondit au hurlement du loup, sidéré devant tant de soumission. C’était fini, aucune chance d’espérer. Ces monstres allaient pourfendre sa chaire de mille supplices. Eloïs restait au sol les yeux grand ouverts, obnubilée par le vide insondable, indolore. Il ne pouvait pas les laisser faire ça, non. Ni à lui, ni aux autres. Ces démons ne l’auraient pas vivant. Livrant sa dernière parcelle de raison à son amie la Haine, Cyric fonça tête baissée en direction de ses adversaires, le glaive haut levé et la gueule écumant de bave.

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Lessryn Vesz'Talinth
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MessageSujet: Re: Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama]   Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama] I_icon_minitimeVen 25 Mar 2011 - 17:24

~ BSG OST - Assault on the Colony ~






Le cercle des soldats Sombres se brisait lentement. Satisfaits de quitter leur rôle de simples spectateurs après la razzia, la plupart d'entre eux prenaient un plaisir minutieux à fermer les colliers de fer sur le cou de leurs proies, et à tirer ensuite sur les chaînes d'acier pour les traîner derrière eux. Une petite cohorte se formait. On attachait les maillons de métal aux crochets des chevaux, sur les flancs de leurs selles - les captifs allaient devoir courir s'ils désiraient survivre à la traversée jusqu'au Puy. Aux lueurs des derniers incendies mourant répondaient les cliquetis sinistres des armures. Bientôt, les drows s'en iraient tout à fait. Bientôt, Naelis serait rendue à sa peine et à sa honte, une fois de plus souillée, une fois de plus soumise. Tout enveloppée de suie et de cendres, comme une femme bafouée, elle fermerait sur son visage meurtri le voile grisâtre du deuil - sans se révolter. L'on ne pouvait espérer échapper au joug drow. Ne demeuraient ici que le silence et l'acceptation.

Mais à l'acceptation et au silence, une âme dans le troupeau décida de faire faux bond.


Une ou deux secondes seulement, l'oeil grenat du Haut-Prêtre avait quitté sa proie ; peut-être lassé de son petit jeu, peut-être distrait par les préparatifs annonçant le départ de la troupe ou bien encore par les hululements de la jeune femme offerte au plaisir des soldats. Le hennissement courroucé de sa bête, et la manière dont elle se cabra, le surprirent tout à fait. Déséquilibré - et entraîné par le poids de la lourde crosse attachée en travers de son dos, l'empêchant de retrouver une assise convenable - Lessryn lâcha les rênes, libéra les étriers, et s'en alla bien malgré lui rouler au sol dans un fracas de tissu et de mailles entrechoquées.

Une ombre grise jaillit aussitôt. Le temps d'un battement de cil, Cendre - jusque là posté à l'écart, veillant d'un oeil alerte sur la file de prisonniers - vola au secours de son seigneur et maître. La mante grise jetée sur son armure virevolta ; la poussière sous ses pieds dansa. Et au moment où l'humain rétif, toute conscience oubliée, s'élançait en hurlant vers les Sombres, il fut sur lui, et frappa.

Main en pointe, vive, précise. Au bout de ses doigts, le Dard. Cette petite épine pernicieuse, chérie des membres les plus fanatiques parmi le Culte, que l'on aiguisait chaque matin avant de la tremper dans un venin spécifique aux effets foudroyants. Il ne fallut à Cendre qu'une attaque pour percer la chair du jeune homme et y injecter son poison, à la manière de ces serpents des sables qui n'attendent que l'instant propice pour jaillir comme des éclairs jaunes hors de leurs terriers. Le Dard trouva la base de la nuque, mordit. Et l'élan fou et téméraire du brigand, tué dans l'oeuf, ne donna lieu comme fait d'éclat qu'à une chute brutale et lamentable dans la poussière et la suie.

Oh, il y avait bien eu quelques cris étouffés parmi les quelques autochtones suffisamment audacieux pour rester sur leurs paliers et contempler la meute drow ; quelques exclamations de surprise, à la vue de l'acte du rebelle et de la chute inattendue du Haut-Prêtre ; mais à présent, le silence était de plomb. Tous les regards, humains, bâtards ou drows, devaient s'être figés sur cet être en haillons qui avait osé défier l'autorité des Sombres. Incompréhension. Expectative. Frayeur. Et enfin Colère. Ce fou avait-il conscience des répercussions possibles de son acte ? Ignorait-il quelle implacable loi pesait sur Naelis, sur l'Ithri'Vaan tout entier ? Comment avait-il pu oser en appeler à la révolte, alors que chacun ici - du plus jeune enfant jusqu'au vieillard - tremblait rien qu'à imaginer les divers et cruels châtiments encourus pour un seul regard un peu trop fier ?

Ainsi, ce furent bien les habitants de Naelis qui, pour quelques uns, huèrent le malheureux. On cracha, même - mais de loin. Autant que faire se pouvait, ces âmes effrayées tâchaient, aux yeux de leurs bourreaux, de se désolidariser du geste de celui qui avait cherché à les venger. Tel était, ici, le prix de la bravoure et du courage.


Qu'en était-il des Sombres, cependant ?


Silencieuse et goguenarde, la Meute souriait. Même Cendre, debout auprès de l'homme qu'il venait de neutraliser - et qui devait se débattre, intérieurement, contre le puissant paralysant qui courait désormais dans ses veines. Seul Lessryn ne souriait pas. S'étant remis debout avec une vivacité étonnante pour un être de cette stature, il s'attachait, soigneusement, à lisser son manteau pour le débarrasser des immondices récoltées lors de la chute. Enfin, quand le résultat lui parut satisfaisant, le pas lent, sans hâte, il s'avança.

Chacun avait tendance à se taire en présence du Haut-Prêtre. Que ce fût par cause de cette majesté latente qu'il prenait soin d'entretenir ou bien du simple fait de son rang, il imposait parmi les Sombres de sa troupe autant la crainte que le respect. Mais rien n'était jamais totalement acquis, chez les drows ; ce respect et cette crainte, il lui fallait à tout prix veiller à ce qu'ils ne faiblissent pas. Sa chute à terre risquait d'avoir entraîné un accroc dans l'estime que lui vouaient les siens : plus qu'un affront à réparer, Lessryn avait une réputation à honorer. Afin que son prestige, à l'oeil du peuple drow, demeurât incontestable.

Les lourdes bottes noires s'arrêtèrent sous le nez de Cyric. A l'interrogation muette de Cendre, prêt à achever le malheureux si l'ordre lui en était donné, ne répondit qu'un geste de la main. Toujours aussi calme, l'expression neutre - presque douce - Lessryn Main-du-Balafré se pencha. Ses doigts se mêlèrent à la tignasse de l'homme, empoignèrent. Sous l'oeil aigu de ses hommes et sous celui, bien plus craintif, des quelques rares badauds, il le traîna au sol jusqu'à la jeune femme précédemment offerte à la troupe et qui gisait morte désormais, cuisses ouvertes, dans la plus pathétique des postures.


- Bel acte de bravoure, dit alors le Haut-Prêtre dans un commun que son accent et sa voix rauque rendaient guttural. Il est étonnant de voir comme les formes les plus primaires de la Vengeance savent se manifester dans les rangs du bétail. Qu'espérais-tu, en attaquant de la sorte ? Laver son honneur ? Naelis te félicitera et louera ton nom, lorsque nous reviendrons prendre le prix de notre rancune, lorsque ses filles seront humiliées et ses enfants lacérés sous le fer de nos chevaux. Nous sommes la Loi. Tout atteinte à la Loi doit être punie. Et tout ce sang versé pour quoi, dis-moi ? Pour une femelle que tu n'auras pas même pu sauver. »


Il parlait, d'une voix égale, détachée. Sur un ton assez haut pour que chaque oreille puisse le saisir, et pour que chaque âme autochtone se glace d'avance aux promesses de vengeance édictées par le Haut-Prêtre. Et tandis qu'il parlait, sa botte s'était posée sur le visage d'Eloïs et appuyait, appuyait, avec une lenteur délibérée, appuyait jusqu'à ce que les os craquent, que la chair s'effondre et se fende et que le sang teinte à nouveau le sol - le tout, bien sûr, sous l'oeil d'un Cyric pour l'heure impuissant, soulevé de moitié par la main fermée dans sa chevelure.

Lessryn émit une sorte de rire, doux et délicat.


- Il ne sera pas dit cependant, reprit-il après quelques secondes, que je laisse une aussi belle tentative n'avoir sa récompense. Cette femme te plaît, n'est-ce pas ? Aussi, dans ma grande bonté, vais-je te laisser en disposer. Profites-en bien. »


Et, dans la suite de ses paroles, il traîna un peu plus Cyric vers l'avant avant de le laisser choir, négligemment, sur le cadavre mutilé. Toujours sous l'emprise du paralysant, le malheureux ne put sans doute que s'affaler sur le corps inerte, le nez dans l'amas de chair broyée qui avait autrefois été le visage d'Eloïs. L'hilarité de la troupe devant cette parodie d'étreinte tira un bref sourire à Lessryn, avant qu'il ne tourne les talons pour s'en aller retrouver sa monture.


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MessageSujet: Re: Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama]   Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama] I_icon_minitimeDim 27 Mar 2011 - 16:52

Incrédule, Fjama observait l'homme s'avancer brusquement sur le Haut-prêtre. Avec une lenteur surnaturelle, elle vit le Sombre tomber de monture. Écarquillant les yeux, elle repoussa la gamine plus bas, derrière la cheminée. Mais quel crétin ! Il n'avait pas du tout réfléchi aux conséquences de ses actes ! Voilà que le fidèle dardait sur lui son ombre et lui injectait son venin. Si elle n'intervenait pas, il mourait. Aucun habitant ne le sortirait de son mauvais pas, même si, quelques mouvements de foule, un début de colère les gagnait peut-être. Ils savaient que le jeu n'en valait pas la chandelle. Réellement, le sort du jeune homme ne l'intéressait guère, celui de la cité par contre... Elle devait calmer le jeu, éviter à Naelis des représailles. Un autre jour, elle aurait ri de l'ironie de la situation. Elle, devoir apaiser une crise ? Il fallait avouer que cela rajoutait une couche croquante à la montagne d'ennuis à venir.

Prostrée du haut de son refuge, elle examina encore les possibilités qui s'offraient à elle. Elle ferma les yeux et porta les mains à ses oreilles lorsque le crâne d'Elois craqua sous le pied du sombre en rouge et noir. Quelque chose remuait au fond de ses tripes, une sensation vague de... satisfaction. Un poignard de sang sur un étendard de suie qui claquait au gré du faible courant captiva son attention : Meingal, un dieu drow de la justice si elle ne se trompait pas. Il réunissait de nombreux fanatiques, trop organisés pour que leur attention soit détournée par les subterfuges habituels. Aucune justice dans leur action, juste de la violence sadique et gratuite pour affirmer une supériorité que personne ne contestait. Encore une fois, elle se demanda pourquoi aider l'homme paralysé. Tsah, de toutes manières, elle n'avait pas le temps de tergiverser plus.

Glissant à hauteur de la gamine, elle retira le bandeau sur ses oreilles et le fourra dans les mains de la gosse. La prenant par les épaules, elle lui fit promettre de ne pas bouger jusqu'à ce que les humains reprennent possession de la place. Après l'avoir ébouriffée, elle lui adressa un petit sourire désolé et se laissa choir discrètement dans une rue annexe menant à la place. Dégageant ses oreilles, afin de les rendre visibles, elle se dirigea d'un pas assuré vers le centre de la place.

Elle singeait la démarche des femmes-drows qu'elle avait pu croisé : Calme, chaloupée, conquérante. Elle marcha jusqu'à l'homme allongé sur le cadavre de feu sa bien-aimée. A Cendre qui déjà se dirigea vers elle, elle adressa un signe de tête bref, relevant les mains pour signifier qu'elle n'était pas là pour se battre. Elle s'agenouilla à coté du pantin humain et empoigna ses cheveux afin de lui relever la tête. D'une main, elle débarbouilla le sang qui nimbait son visage et le tourna vers elle pour y couler un regard dur. Elle souffla aussi audible que possible :

- C'est lui.

Elle relâcha brutalement sa prise. La joue de Cyric heurta douloureusement le sol. La rotation légère lui permit d'échapper au sang de la suppliciée et de respirer un air plus sain. Se redressant, Fjama se dirigea aussi calmement que possible vers le Haut-Prêtre. Mettant un genou à terre, elle courba la nuque obséquieusement devant lui. Dans le langage des Sombres, elle susurra d'une voix où se mêlaient miel et pointe de de sadisme.

- Seigneur, je vous prie d'excuser mon ingérence. Cette créature a échappée à la garde de mon maitre en lui dérobant un objet important. Il m'a demandé de le traquer pour le ramener auprès du reste du troupeau. Me permettez-vous de m'acquitter de ma tâche ?


Gardant la tête basse, elle ne pouvait cependant pas complétement décrocher sur regard de celui du Sombre. Quelque chose clochait. Alors qu'il la jaugeait du regard, elle ne retint pas un sourire en coin. Quelle idée à la con de mentir à représentant d'un culte de la justice ! Il avait sans doute les moyens de sonder son âme et de discerner la vérité. Bien qu'elle s'efforçait de rester stoïque, elle se perdit dans la contemplation des yeux froids et calculateurs. Elle cherchait, non pas un échappatoire au cas où la situation tournerait encore plus mal, mais pourquoi elle ressentait ce quelque chose d'indescriptible. Le long de son échine s'instillait une chaude bouffée de colère. Elle la réprima tant bien que mal et, plus révérencieuse, elle fixa l'ourlet de la robe du sieur.

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MessageSujet: Re: Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama]   Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama] I_icon_minitimeMer 30 Mar 2011 - 21:06

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    De ses yeux glacés, Cyric ne pouvait qu’observer. Ces torturées ruelles inspiraient angoisse, infligeaient oppression, les masures mutilées par les rafles s’enchevêtraient à n'en plus pouvoir, la poussière accablante ternissait le verre des fenêtres rescapées. En tout point, l’endroit n'inspirait que tristesse et désolation. Naelis semblait attirer la pauvreté comme la mouscaille attire les mouches. Au dessus des toits à la chaume élimée, pas une étoile ne venait parsemer cette parcelle du ciel, qui chaque nuit recevait les hautes fumées noires annonciatrices de bacchanales et plaisirs malsains.
    Le regard des habitants ne renfermait plus aucune flamme. La vie paraissait s’être échappée de leurs corps décharnés, seulement recouverts par des haillons qu’on ne donnait même pas aux vagabonds de certaines citées lointaines.
    Les elfes noirs avaient su recouvrir Naelis d’un nuage assez épais pour ne laisser percer aucun rayon d’espoir…
    Sous sa joue, meurtrie par le sol qu’elle embrassait, notre maraud pouvait sentir une chaleur poisseuse et propre au sang. Le liquide rubicond s’évertuait à couler de la bouillie osseuse qui fut autrefois un attrayant visage. Ce même fluide vermeil avait laissé trace dans sa bouche et son nez, dont les narines aspiraient l’air avec peine.
    Cloîtré dans son mutisme, Cyric rageait. La mort d’Elois était oubliée, les lorgnades méprisantes des prisonniers se voyaient dédaignées, la douleur du poison et des coups venaient de s’évaporer. Ces êtres, à l’âme aussi sombre que leur peau, avaient piqué l’orgueil du ribaud, blessé plus profondément qu’aucun coup d’épée ne saurait égaler. Ces démons l’avaient réduit au silence avec une aisance déconcertante, lapidant, écrasant son ego. L’honneur était affaire de noble, et l’avenir des enfants qu’abritait Naelis le faisait rire. Sous des airs héroïques, Cyric avait attaqué pour éviter la torture et finir l’échine courbée, à l’instar de ces chiens qui restaient docilement immobiles, une chaine autour du cou. Ce qui ne le concernait pas, ne l’intéressait pas. Pourtant le résultat, affligeant, était là.
    Cyric ne releva point l’entrée salvatrice d’une de ces enfants du Puys, trop occupé à broyer la haine qui grondait en son sein. Qu’elle plaide en sa faveur, que les cochons d’Olyssea se mettent à voler.


Dernière édition par Cyric le Ven 15 Avr 2011 - 11:46, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama]   Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama] I_icon_minitimeDim 3 Avr 2011 - 7:02

~ Land - De Gris Figé ~






L'agacement gagnait Cendre.


Le fidèle serviteur, la loyale ombre du Haut-Prêtre, le garde-du-corps aux couleurs de spectre contenait à grand peine son irritation. Tout ceci n'était qu'une perte de temps. Ils auraient du depuis longtemps avoir quitté Naelis - qu'importât la désolation laissée à leur suite - ainsi qu'avoir emmené les prisonniers dans leur sillage, comme cela était prévu à l'origine. Si les choses avaient suivi leur cours normal, nul doute qu'ils seraient déjà tous en train de cheminer dans les Terres Stériles, vers la cité-mère. Peut-être même auraient-ils pu croiser une caravane zurthane, ou un campement, qu'ils auraient pillé et rasé pour faire bonne mesure. Et au lieu de cela ? Il fallait subir les assauts absurdes d'une loque plus proche de la bête que de l'humain et, maintenant, l'approche d'une misérable sang-mêlée. Tout ceci, bien entendu, sous l'oeil de la population locale. Chaque instant qui passait risquait d'altérer l'opinion que le bétail avait d'eux, Sombres - et qu'il devait garder d'eux.

Aussi, lorsque la métisse s'avança d'un pas qui lui faisait offense tant il semblait ne rien craindre, son premier geste à lui fut d'aller à sa rencontre, armes prêtes à servir. Mais elle leva les mains ; et Lessryn leva la sienne. Stoppé dans son élan, rongé de frustration, Cendre hocha brièvement la tête et se rabattit en arrière. Peste soit des lubies de son maître ! Toutefois, le Sombre garda ses réflexions pour lui et, s'immobilisant à nouveau, patienta, à l'instar de tout le reste de la troupe. Cendre n'avait rien à redire aux décisions du Haut-Prêtre. Cendre servait, Cendre obéissait. Pour le moment.


Bien des regards suivirent le petit manège de la danseuse auprès de Cyric. Il y eut quelques grondements lorsqu'elle lui souleva le visage, l'inspecta avant de le laisser retomber ; mais, d'une tenue remarquable, aucun drow de la troupe n'alla à elle pour lui faire payer son outrecuidance. En vérité, bien des Sombres étaient curieux de voir de quelle manière la sang-mêlée allait justifier son geste ainsi que la témérité dont elle venait de faire preuve. Lessryn le premier.


- Seigneur, je vous prie d'excuser mon ingérence. Cette créature a échappée à la garde de mon maitre en lui dérobant un objet important. Il m'a demandé de le traquer pour le ramener auprès du reste du troupeau. Me permettez-vous de m'acquitter de ma tâche ? »


Et sa tête, bien que penchée et voilée de rouge, ne pouvait se garder de quelques regards obliques qui s'en allaient alors rencontrer l'oeil grenat du Haut-Prêtre. Elle feignait mal l'obéissance. Elle n'était pas faite pour la servitude. Et cependant, oui, là où Lessryn n'aurait pas accordé grande importance à ce défaut de caractère chez d'autres êtres inférieurs, la flamme rentrée dans les yeux de la métisse piqua son intérêt. Il y avait là-dedans quelque chose de familier. Une note amère qu'il roulait sur sa langue, comme un goût indéfinissable sur lequel, pour l'heure, il était incapable de mettre un nom.

Toisant un long moment, métallique, l'impertinente autochtone, le Haut-Prêtre laissa finalement tomber sa réponse.


- Nomme-toi, sang impur, toi qui oses feindre l'assurance des femmes de notre race. Et nomme-moi ton maître. J'espère, pour toi comme pour ce sous-être que tu souhaites récupérer, qu'il s'agit de quelqu'un de suffisamment important pour que son ordre aille à l'encontre des miens. »


La voix avait été plus dure, traînante. Pas une fois les yeux de sang ne s'étaient défaits de la sang-mêlée. Pesants, perçants. Il allait falloir une bonne dose de sang-froid et d'aplomb à la métisse pour tenir une argumentation correcte. Ainsi, sans doute, que la capacité à mentir sans faillir.

Tout du moins son objectif était-il déjà en partie rempli. L'attention générale s'était détournée de Cyric - que le venin commençait sans doute, peu à peu, à libérer - pour se déporter vers elle, Fjama, et pour guetter avec une impatience affamée ses prochaines paroles.
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MessageSujet: Re: Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama]   Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama] I_icon_minitimeDim 3 Avr 2011 - 18:34

Pour une fois, elle patienta silencieusement. La situation traçait son sillon pesant aux creux de ses reins, le long de son échine et parsemait des éclats brusques de colères, de bouffées de haine. Elle ferma les yeux, écarta d'un geste large le marasme de sentiments aussi contradictoires les uns que les autres. Son histoire à deux écus devait s'étoffer de détails plausibles, réalistes. Amèrement, elle regretta que le flux de ses imbécilités habituelles se retrouvent paralysés par le surréalisme de la scène. Qu'est-ce qu'elle fichait ici à supplier pour une vie inconnue en risquant sa précieuse liberté ? Trop tôt, bien trop tôt, Lessryn prit la parole. Le flux des mensonges tarit. Il fallait répondre à présent, être convaincante.

- Je suis Fjama, mon Seigneur.

Elle courba l'échine plus pesamment, les mains agrippant le sol pour taire la honte de s'avouer vaincue face à la haute silhouette.

- Je doute que mon Maitre soit de taille à lutter avec la Main de Meingal, cependant le châtiment qu'il m'infligerait en cas d'échec comportent bien trop de risques pour que je reste sans rien faire. Il se nomme Drykar Trys'Tavilon, marchand d'esclaves fournissant le Puy. Malheureusement, je ne puis vous montrer sa marque sur mon corps. Il fut décidé qu'elle gâcherait le plaisir de mon futur acquéreur à me dresser.

Elle espérait ardemment ne pas s'être trompée dans ses déductions. Les couleurs, la stature, le respect des soldats pour le Sombre, il devait être quelque chose comme un haut-prêtre, ou grand-prêtre... Quant au Maitre factice, il était celui dont elle connaissait le plus de détails du fait de la main mise qu'il avait sur des nombreux endroits à Thaar. Il réunissait deux facteurs importants : être plausible et la connaissance de Fjama du fait des rumeurs courant sur lui. Concernant la marque, il demanderait tôt ou tard une confirmation de son appartenance, mieux valait expliquer son absence directement. Qui plus est, vu son comportement, les sombres se rendraient évidemment compte qu'elle manquait de déférence envers un propriétaire, évoquer son éducation à faire, flatter l'intelligence de son maitre à garder une brebis rétive pour satisfaire les potentiels acheteurs aimant à mater la rébellion au fond des yeux de leur victime... Cette possibilité devait plaire aux drows, non ? Elle appelait leur bas-instinct dominateurs et mâles à dresser une femelle selon leurs convenances... Cela devait fonctionner. De toute manière, elle n'avait pas prévu de plan de rechange.

Intérieurement, elle continuait à pester sur l'imbécile révolté. Après tout, s'il avait bien voulu rester sage comme les autres, Fjama aurait pu rester cacher, loin de tout ça. Une fois sortie du pétrin, elle lui botterait l'arrière-train si fort qu'on l'entendrait hurler jusqu'à Diantra. Par les Cinq, qu'est-ce qu'elle détestait être soumise ! Avec de plus en plus de difficulté, elle gardait son semblant de calme. Malgré elle, elle planta un regard bien éloigné du révérencieux dans celui du Haut-Prêtre, un bref instant, brûlant de colère, de soif de se venger d'être ainsi positionner plus bas qu'un insecte. Crispant les mains sur le sol, elle baissa complétement la tête, ravalant tant bien mal les images qui l'assaillaient. Mentalement, elle écarta d'un geste brusque le pinceau vermeille qui la tentait. Maudits soient les Sombres, maudit soit le feu couvant toujours en elle. Entre les dents serrées s'échappa un soupir silencieux tandis que les épaules s'affaissaient.
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MessageSujet: Re: Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama]   Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama] I_icon_minitimeLun 4 Avr 2011 - 22:45

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    Ses doigts engourdis se refermèrent lentement.
    Les yeux injectés de sang, les crocs serrés et le museau muselé, la bête faite taciturne pleurait son mal. Bien que toujours étendu sur les pavés fendus de la grand place, sa gorge avait décuplé, ici et là ressortaient des veines, gonflées par un trop plein de haine. –Démons !- Songeait-il, -Démons ! Vous me paierez cet affront ! Que les dieux m’en soient témoins ! Vous paierez !!-
    Comme pour le mettre au défi d’oser réaliser ses grandes prétentions, quelques légers picotements se firent ressentir à ses différentes extrémités. Les effets du poison s’estompaient tandis que son appétit vengeur redoublait. Il put finalement étendre les paupières sur ses prunelles asséchées. Des larmes coulèrent contre son gré. Contenant un reniflement, le Walfen augura que les prochaines à jaillir n’honniraient point ses joues, mais bien celles de son adversaire. Pour sûr, ces enfants de putain allaient le regretter, du moins l’espérait-il. Un réflexe instinctif lui intima de calmer ses ardeurs pour mieux contrôler sa respiration et rester silencieux. L’attention n’était peut-être plus rivée sur lui, il ne fallait cependant pas sous-estimer les capacités de ces non-humains.
    Le sang-froid ou un semblant retrouvé, l’ancien sicaire concentra dès lors le peu de vigilance dont il savait faire preuve sur son audition. Avec une aisance déconcertante, le ribaud laissa ses oreilles imager le spectacle qui se jouait dans son dos. Une vie vécue dans l’ombre et la nuit pouvait parfois se montrer bénéfique. Le gonze avait passé tellement de temps au cœur des ténèbres qu’il finit par se développer une ouïe aussi efficace que des yeux. Pour parer les mauvaises surprises, il dépeignait précisément la scène au creux de son esprit, plaçant les pièces de l’échiquier sur son bon damier. Après avoir repoussé une ultime vague d’énergie qui lui insinuait de se redresser sans plus penser, Cyric se mit à analyser chaque babil, chaque murmure, chaque souffle. Soudain, parmi le bruit des bottes raclant la pierre et celui des crachats gutturaux propres aux drows, une voix suave s’éleva. Cette femme, dont la peau était de cette noirceur qui fait l’apanage du peuple sombre. Sa bienfaitrice, sortie d’on sait où pour des raisons toutes aussi nébuleuses. Qui était-elle ? Pourquoi intervenait-elle ? Etait-elle de son côté ? L'idée n'était pas pour lui déplaire, tant qu’il s’en sortait, le reste suivait. Mais le maraud doutait de ces bonnes intentions.
    Les paroles qu’il captait n’étaient que flot de mots incompréhensibles, crachés avec hargne et arrogance. Il devait agir, vite, très vite. Ces guerriers possédaient une force faramineuse, ça, le Walfen l’avait découvert assez tard, mais rien n’était perdu. Il devait miser sur l’inattendu. Les elfes noirs n’étaient tout de même pas devins ?! Sinon par quel miracle la race humaine avait-elle survécu aux assauts venus des tréfonds d’Elda ?
    Le plus proche d’entre eux était situé à moins de trois pieds sur sa gauche. Dès cet instant, les évènements s’enchaînèrent en un éclair. Cyric n’était pas tout à fait redressé lorsque son pied décolla pour venir écraser les burettes du drow. Ce dernier lui tournait le dos, précision que n’avait pas envisagé notre ribaud. Faisant bonne figure, l'aigrefin usa de toute sa rage pour grimper tel un singe sur le dos recroquevillé de son adversaire. Les genoux fléchis et la pointe des pieds dansant sur la colonne vertébrale, Cyric affichait un sourire machiavélique. Sa main droite agrippa la poignée de l’épée ceinte au flanc du guerrier, l’autre empoigna la tignasse du malmené. Tirant la lame au clair du voile, il fit relever menton à son improvisé destrier, puis décrivit un large sourire. La gorge de son adversaire s’entrouvrit tandis que l’ancien sicaire se repliait dans une cabriole.
    Enchaînant son atterrissage par quelques roulades en retrait, afin de parer toute contre-attaque, Cyric se redressa finalement. Le regard noir plongé dans celui, flamboyant, du haut prêtre, il leva sa lame sanglante en guise de doigt accusateur. «Sale fils de pute.» Sa mine se renfrogna, des rides sillonnant son visage crasseux et déformé par la colère. « J’vous saignerai tous avant la fin de cette nuit sans étoile.»

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MessageSujet: Re: Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama]   Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama] I_icon_minitimeMer 6 Avr 2011 - 19:51

~ BSG OST - Helo Chase ~





Sitôt que la métisse eût de nouveau courbé la nuque, un poids lent et inéluctable se posa sur son crâne, appuyant légèrement comme s'il souhaitait lui faire embrasser le sol. La lourde botte du Haut-Prêtre, encore encrassée par la chair et le sang de la défunte Eloïs. Cette botte qu'il pouvait fort bien - si l'envie lui en prenait - abattre avec brutalité, et broyer le crâne de la danseuse comme il l'avait fait de celui de la malheureuse humaine.

Mais... Non. Lessryn se contenta simplement d'essuyer sa semelle souillée dans les cheveux de Fjama. Avec application, et à plusieurs reprises. Il savait exactement de quelle manière pousser sa colère jusqu'à l'incandescence - mais une colère qu'elle devrait contenir, pour sa propre survie. Car si l'envie de répliquer prenait le pas sur la soumission, nulle doute que tous les Sombres présents auraient tôt fait de lui en faire payer le prix.


- Drykars Trys'Tavilon, laissa finalement tomber le Haut-Prêtre après un temps de silence qui parut durer plus d'une éternité. Bien. Nous lui ferons confiance pour mater ton caractère, et t'apprendre de quelle manière il est préférable de s'adresser à l'un des nôtres. La voix doucereuse, il appuya un peu plus sur la nuque penchée de la métisse. Vois-tu : celle-ci, d'approche, convient déjà mieux. »


Que Fjama, au-delà de sa rancoeur, se réjouisse ! Sa feinte semblait suffisamment crédible pour avoir fonctionné. Bientôt, elle pourrait filer sans encombre avec celui qu'elle était venu récupérer. Peut-être même que la troupe oublierait ses promesses de vengeance quant à la ville. Peut-être que tout finirait bien.

Mais c'était sans compter sur l'impétueux Walfen, qui manifesta son retour à la vie en ôtant de manière bien cavalière celle de l'un des Sombres posté non loin.

Aussitôt, le concerto de métal produit par les lames tirées hors de leur fourreau fit vibrer l'air dans les rangs de la troupe ; mais, étonnamment, ce fut le Haut-Prêtre lui-même qui se montra plus rapide. Libérant Fjama de l'emprise de sa semelle, il pivota avec vivacité, défit du pouce les fermoirs des sangles qui maintenaient sa crosse fermement attachée dans son dos. Le manche d'os et de bois, épais, trouva ses paumes ; et la griffe de métal et d'obsidienne, redoutablement lourde, fendit l'espace qui séparait Cyric du Sombre. La masse rencontra sans pitié la lame et le bras qui la brandissait. Embrassa et brisa phalanges, poignet, coude peut-être même, dans son puissant élan, avant que le jeune homme n'ait le temps de songer à esquiver.

C'en était assez. Franchissant à quelques foulées les pas qui l'éloignaient de Cyric, le grand drow ne laissa pas à ce dernier l'occasion de se remettre de sa douleur. Il se pencha ; la main jaillit. Gainée dans le métal, elle attrapa, à pleine paume, le visage du téméraire, fermement, cruellement, au point que les écailles d'acier mordirent profondément dans les traits du jeune homme. Enfin, d'un ample revers permis par sa stature et sa force, Lessryn repoussa sa proie vers Fjama, l'envoyant rouler à terre sur ou auprès de la danseuse - et lui offrant l'occasion de pailleter de son propre sang le sol piétiné.


- Prends-le avec toi, emmène-le. Disparaissez. De nouveau métallique et froide, la voix du Haut-Prêtre résonna dans le confinement du heaume, sans appel. Informe ton maître qu'il me doit la vie d'un de mes hommes, et que Meingal reviendra prendre son dû. Levant la tête et parcourant les alentours des yeux, il reprit, en commun. Naelis paiera pour cela aussi. »


Il aurait été simple d'en finir en les tuant tous les deux. Moins d'ennuis, pour plus de satisfaction. Mais Lessryn était intéressé par l'opportunité que la danseuse lui offrait auprès de Drykars ; car au-delà du marchand d'esclave planait l'ombre de la Mère de la Luxure, et envers celle-ci le Haut-Prêtre prévoyait quelques requêtes. Nul doute que cette affaire lui offrirait un argument de choix dans de futures négociations.

Malgré ces perspectives, Lessryn ne put s'empêcher d'émettre un grondement contrarié. La tournure des événements ne lui plaisait guère. S'il lui fallait épargner ces deux insectes pour la bonne marche de ses plans, leur impertinence commençait à l'agacer plus que de raison. De plus en plus, la tentation le tiraillait d'en finir avec ces deux gêneurs - d'autant que sa troupe risquait fort de murmurer à son endroit s'il tolérait de plus amples débordements.

Claquant de la langue, le Haut-Prêtre secoua l'échine, crosse encore en main.


- Emportez-moi ça, lâcha-t-il aux siens en désignant d'un vague geste du menton le Sombre que Cyric était parvenu à tuer. Un enfant d'Uriz qui se laisse surprendre par un sous-être à demi paralysé ne vaut pas même le prix d'une vengeance pour l'affront subi. »
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MessageSujet: Re: Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama]   Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama] I_icon_minitimeJeu 7 Avr 2011 - 14:15

La botte pesait de tout son poids sur la nuque de la métisse. Ses ongles raclaient le sol à s'en meurtrir. La douleur repoussait petit à petit la haine pour l'oublier, pour ne pas s'y abandonner. Une fois, le Haut-prêtre essuya sa botte. Deux fois, trois... cinq... dix. Les larmes de honte poignaient aux coins de ses yeux furieux. Dix, cela sera le nombre de fois qu'elle le tuera. Peu lui importait le réalisable de la chose pour le moment, seul comptait le résultat : se contenir.

En entendant la sentence du Sombre, elle se consola avec la réussite de son mensonge. La joue s'écrasait au sol sous la pression de Lessryn. Une pointe de souffrance irradiait de la pommette jusqu'au bout des oreilles L'odeur du sang entêtante, celui d'Elois, celui qui battait à ses tempes, la position gênante, les pleurs au loin des habitants de Naelis craignant les représailles des sombres, l'instant immobile lui sembla durer une éternité. Brusquement, Lessryn libéra son emprise, sitôt elle se redressa, juste assez vite pour apercevoir l'humain imbécile se faire violemment désarmer, remettre à sa place.

La Main de Meingal le jeta vers elle. Sans attendre, elle empoigna la main valide du Walfen, le forçant à se remettre sur pied d'une torsade du poignet, le plaquant dans son dos.

- Prends-le avec toi, emmène-le. Disparaissez. Informe ton maître qu'il me doit la vie d'un de mes hommes, et que Meingal reviendra prendre son dû....
Naelis paiera pour cela aussi.


- Il en sera fait selon votre volonté.


Rapidement courbée en deux, pour une révérence obséquieuse, elle tira ensuite sur le bras du jeune homme afin de s'engouffrer dans une rue et ajouta plus bas à son attention.

- Fais encore l'imbécile et je te jure qu'un bras cassé sera le cadet de tes soucis.

Appuyant ses dires, d'un reflux d'énergie brûlante vint roussir la pilosité développée de Cyric. Plus bas encore, une fois suffisamment loin pour être hors de portée d'une bonne ouïe, elle murmura.

- Partons avant qu'il ne change d'avis, que les habitants ne décident qu'on fera mieux de finir dans un feu de joie.


Sans douceur, elle le poussait devant elle. A chaque mouvement d'humeur de son prisonnier, elle le corrigeait d'un coup de pied, de la morsure ardente de ses doigts sur sa chair. Sans se hâter, bien que la raison lui dictait de prendre ses jambes à son cou, elle gardait en tête qu'elle devait paraitre dans son bon droit, elle avançait droit devant elle. Lorsqu'une rue suffisamment grande pour ne pas paraitre comme une fuite pure et simple coupa celle empruntée, elle bifurqua. Sans s'arrêter, pressant déjà le pas, elle jeta un coup d'œil attentif autour d'eux, sans négliger les toits. Puis, elle relâcha sa proie, la dévisagea.

- Tu peux courir ? On n'a pas vraiment le temps de trainer. On s'expliquera après. Tu peux courir ?

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MessageSujet: Re: Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama]   Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama] I_icon_minitimeVen 15 Avr 2011 - 11:56

Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama] Ashgan
Masque de chaire éphémère du Walfen

Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama] Barre10copia

    Pourquoi ? Par les Cinq pourquoi ces derniers s’évertuaient à lui rappeler où se trouvait réellement sa place ? Qu’importe les magies auxquelles il recourait, les masques de chaire derrière lesquels il se cachait ou les témoins qu’il enterrait, la vérité le rattrapait de manière toujours plus cruelle. Néera le détestait-elle ? Avait-il défié Arcam ? Courroucé à son insu Mogar ? La paranoïa proche de son apogée, Cyric s’imaginait leurs hideux faciès, déformés par un regard empli de dédain valsant au rythme de quelques rires méprisants. Ils se moquaient de lui, encore et encore, l’obligeant à détaler tel un lâche, un traître, un faible.

    La douleur était insupportable, les crocs serrés, l’orgueilleux ribaud tentait de la contenir, sa main maintenant fermement son bras voisin qui pendait mollement. Sa parade à deux mains n’avait pourtant souffert d’aucune bavure ni faiblesse. Non, l’acier aiguisé de son épée avait simplement volé en éclat... Simplement. Un morceau s’était d’ailleurs arrangé pour tracer chemin au coin de sa bouche. Qu’importe, la main gantée du haut prêtre avait laissé assez de séquelles pour rendre insignifiante cette franche commissure. Stoppant sa marche vagabonde, il essuya d’un revers de manche la poussière qui, mêlée au sang, lui obstruait la vue en plus de le démanger. La respiration saccadée, le souffle brûlant et les yeux plissés, Cyric cherchait désespérément une réponse à ses plaintes muettes dans l’obscurité des ruelles qui l’environnait.
    "Tu peux courir ? On n'a pas vraiment le temps de trainer. On s'expliquera après. Tu peux courir ?"
    Une ultime expiation synonyme d’agacement, et le maraud se retourna. Sa bienfaitrice était bavarde mais bien taillée, sombre mais contre le haut prêtre, magicienne mais de son côté ? Un sourire cynique se traça entre ses deux sales oreilles. Il n’avait pas vraiment le choix, poursuivre sa route tel un aveugle en terrain hostile ne le mènerait nulle part. Non, pour s’en sortir, il devait une fois de plus faire confiance, délaisser pour un temps sa méfiance, et remettre sa vie entre les mains d’une inconnue. Le Walfen acquiesça d’un bref signe de tête. Courir, fuir, oui il savait le faire, évidemment. Soudain, quelque chose agrippa le bas de sa cape. -Parfait- se dit Cyric, ce rat allait recevoir toute sa haine et finir en compote sous la corne de son pied dénudé. Mais en lieu et place des moustaches du rongeur, les joues d’un bambin se dessinèrent. Un bandeau grossier cerclait son petit front et tombait sur son œil gauche. Le maraud haussa un instant les sourcils, puis les fronça à nouveau. D’un geste brutal, il se dégagea de la faible étreinte qu'exerçait l'enfant. Celui-ci hoqueta sous l'effet de surprise, puis chuta violemment. « Allons-y»

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MessageSujet: Re: Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama]   Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama] I_icon_minitimeMar 19 Avr 2011 - 23:05

A l'arrivée du gosse, elle jeta un regard vaguement courroucé. Il sortait d'où ce petit ? Elle n'avait vraiment pas le temps pour ce genre de problème. Pourvu qu'il ne se mette pas à chialer. Alors que poignaient les larmes à ses yeux, elle s'abaissa à son niveau et d'un ton étonnamment doux.

- Pleures pas où les méchants viendront te chercher. Retournes te cacher, ils sont encore là. Allez, file et te montres pas avant le matin.


Après tout, elle n'était plus à une bizarrerie près. Elle le remit sur ses pieds et le poussa vers les taudis, autoritaire. Sans demander son rester, apeuré par les regards des deux adultes, il détala vers la direction indiquée. Fjama se releva et hocha la tête pour le Walfen.

Après quelques pas rapides, elle s'élança à longues foulées le long de la rue. Régulièrement, elle retournait la tête vers l'humain, s'assurant qu'il suivait. Seule, elle cavalerait plus rapidement, mais les blessures de l'homme et les résidus de poison devait encore altérer ses capacités. Aussi, bien que soutenu, le rythme se calquait à son souffle. Hors de la cité, Fjama s'écarta de la route et coupa à travers les champs malmenés par le Voile. Pour éviter d'être séparée de son compagnon d'infortune, elle attrapa sa main et la serra fermement. Une fois satisfaite de la distance mise entre les sombres et leur position, elle ralentit la cadence. Une marche rapide débuta alors.

En silence, ils déambulèrent pendant près d'une heure jusqu'à atteindre les premiers arbres d'Anduram. Là, ils se faufilèrent encore pendant quelques longues minutes sous les cimes d'arbres de plus en plus haut. Étrangement, Fjama ne semblait pas aux prises avec son sens de l'orientation lamentable, comme si le chemin était gravé dans ses pieds. Finalement, ils débouchèrent enfin sur une petite clairière. Surgie de nulle part, une petite cabane se dressait, prête à les accueillir.

L'édifice ressemblait à n'importe quelle chaumière de contes de fée. Ou presque. Les reliefs de la barrière entourant la masure étaient constitués de bouts de bois calcinés. Le sol ne souffrait d'aucune végétation, noire comme si un brasier gigantesque y avait brûlé pendant de longues heures. La porte grinça sur son axe. Fjama entra et ressortit presque directement armée d'un sceau.

- Entre et allonges-toi sur le lit. Je vais chercher de l'eau pour nettoyer tes plaies.


Seul, Cyric put embraser la pièce principale du regard. Au milieu de la pièce trônait une table avec deux chaises. Celle-ci était entièrement pyrogravée de symboles plus ou moins étranges. De la vaisselle était jetée pèle-mêle sur une étagère. Dans un coin, un coffre débordait de vêtements chatoyants. Venait ensuite l'âtre éteint où était suspendu un chaudron vide. Il trouvera vite une porte menant à une sorte de chambrette. Deux lits de pailles : l'un parfaitement fait, l'autre en bordel, les draps brûlés jetés en boule à ses pieds. Il avait le choix.

Fjama revint rapidement. S'agenouillant auprès de Cyric, elle trempa une étoffe dans l'eau claire et fraiche. Minutieuse, elle baigna les plaies sur son visage sans mot dire. Avec douceur, elle retira les débris s'y étant infiltrés. Une fois, la face de l'humain propre, elle grimaça légèrement au vue du désastre. Sans plus de cérémonie, elle le déshabilla et envoya valdinguer ses haillons et le lava pour localiser d'autres plaies éventuelles. Pudiquement, elle couvrit son intimité d'un drap propre.

- Je vais voir s'il me reste du baume. Pour le bras, on regardera plus tard si on peut te trouver un guérisseur.

Elle le quitta. Fouillant le bordel sur l'étagère, elle en tira un pot d'argile. Elle en dévissa le couvercle pour s'assurer du contenu. Au passage, elle se saisit d'une bouteille de vin, prestement débouchée. Revenant à son patient, la temporaire infirmière lui offrit la bouteille comme anesthésiant, le laissa s'enivrer à son aise.

- C'est ... une sorte de désinfectant-cicatrisant si je me souviens bien. Cela va piquer un peu.

Ne dérogeant pas à la règle, Fjama se voyait obligée d'avertir le Walfen de cette évidence. Les doigts trempés dans la pommade, elle approcha à nouveau du jeune homme pour le tartiner.
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MessageSujet: Re: Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama]   Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama] I_icon_minitimeMer 20 Avr 2011 - 12:31

    Son regard, bien que plissé par la douleur, ne pouvait se dévêtir de cette lueur farouche. La raideur de son corps meurtri était décuplée par une méfiance animale. Epiant chaque fait et geste de sa bienfaitrice, Cyric se contentait de grogner par à-coups.
    La marche soutenue qu’ils avaient maintenu pour atteindre ces lieux, retentissait encore dans tous les muscles affaiblis du ribaud. Son front perlait de sueur sous quelques embrasements fiévreux, sa poitrine battait tambour, mais bien que ses traits semblaient déformés par une animosité inextinguible, Cyric ne pouvait s’empêcher d’apprécier le toucher bienveillant de la sang-mêlé. Ses paroles anodines l’apaisaient, à l’instar d’un zéphyr venu dissiper l’épais nuage noir absorbant toute lumière, il sentait sa colère s’évanouir.
    Ses mains se décrispèrent lentement, désormais, les yeux sombres du Walfen ne quittaient plus ceux de sa soignante. Cette dernière lui appliquait un onguent à l’odeur étrange, ses doigts glissaient doucereusement le long des nombreuses balafres tailladant la peau du maraud. Cyric dévorait la beauté des traits que renfermait ce visage au teint hâlé. Soudain, le souvenir d’Elois lui harponna les entrailles. Elle aussi lui avait sauvé la vie, elle aussi avait été tendre à son égard. Mais elle était morte, par sa faute elle endura mille tourments, par sa faute tant d’horreurs son arrivées, et les choses n’allaient pas s’améliorer. Il avait défié ce drow, ce haut-prêtre. Non, il ne regrettait rien, son orgueil était bien trop gros pour ça. Cependant, cette femme aux oreilles pointues venait de s’embarquer dans une mésaventure qui ne la concernait en rien, du moins le pensait-il. Les sbires du haut-prêtre allaient les retrouver, -flairer notre trace ne doit pas être bien difficile pour des chiens dans leur genre-, ce n’était qu’une question de temps. Sa mine se renfrognât, ses muscles se contractèrent. D’une poigne puissante, il capta la main du sang-mêlé et la repoussa violement.
    « Pourquoi avoir fait ça ?! » Au prix d’un crissement de dent, il se redressa. « Faut être stupide pour venir te réfugier après ce qui s'est passé dans ton trou à rat. S’ils parviennent jusqu’ici, on est mort, ta cabane enchantée y pourra rien. Et s'ils ne nous mettent pas la main dessus aujourd'hui, ils reviendront demain, et le jour suivant.» L’air mauvais, le ribaud voulu se mettre debout, mais la force lui fit défaut et dans un bruit sourd il tomba, impuissant. Un long silence emplit la pièce. Puis, lentement, Cyric plaça ses mains de chaque côté de son bassin, entreprenant de soulever son torse. Ses longs cheveux noirs pleuvaient tout autour de son faciès comme les branches d’un saule pleureur. Le nez toujours pointé vers le vieux plancher du refuge, il ajouta pathétiquement, d’une voix presque éteinte «Tu aurais dû passer ta route. Je n’ai pas besoin d’aide.» Puisant dans ses derniers retranchements, le maraud se remit tant bien que mal sur ses pieds. « Pourquoi avoir fait-ça...»

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MessageSujet: Re: Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama]   Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama] I_icon_minitimeMer 20 Avr 2011 - 19:48

Elle regarda la main qu'il repoussait brutalement. Puis, elle esquissa un large sourire et se redressa. Elle s'appuya tranquillement contre le mur en face du lit et l'observa. Il s'escrimait à se lever. Impatiente, elle tapota légèrement le sol du pied. Un fois debout, il vomit son flot de questions.

- Je ne te retiens pas. Tu es libre de partir. Tu as raison. S'ils se décident à nous pourchasser, ils nous retrouveront. Ici ou ailleurs.

Sans crier gare, elle s'approcha rapidement de lui. Elle saisit fermement mais sans brutalité le bras blessé.

- S'ils nous retrouvent. Tu es mort. Tu n'es pas en état de tenir tête à un soldat entrainé. Et le Haut-prêtre n'enverra pas qu'un seul homme à nos trousses lorsqu'il se rendra compte de la supercherie.

Elle le relâcha en le poussant légèrement vers le lit. Elle répéta.

- Tu es libre de partir.

Elle lui ouvrit la porte. Un geste de la main lui désigna la sortie avec une révérence moqueuse. Elle reprit son poste contre le chambellan.

- Cependant, je doute qu'ils se mettent en chasse avant d'avoir atteint le Puy et rencontrer mon présumé maitre. A ce moment-là, nous aurons intérêt à être loin d'ici.


Elle marqua un temps.

- Tu as également raison : J'aurais dû passer ma route. J'ignore pourquoi je t'ai sauvé. Peut-être pour éviter des représailles à Naelis....

Elle haussa une épaule. Une lubie soudaine, elle ne retrouvait plus vraiment les raisons l'ayant pousser à agir de manières aussi inconsidérées. Elle avait occulté la réflexion pour se concentrer sur la manière et les faits.

- Très honnêtement, si mon plan n'avait pas fonctionné comme prévu... qu'il m'avait demandé de te tuer en l'honneur de leur dieu ou je ne sais quoi, je l'aurais fait sans hésitation. Mais le mensonge a fonctionné. Sûrs de leurs ascendances sur Naelis, cela ne leur est sans doute pas venu à l'esprit qu'une demie puisse mentir effrontément à un prêtre du culte de Meingal.


Elle le considéra un instant. Tout du long, elle avait fait preuve d'un calme insoupçonné. S'était-elle découverte une passion pour sauver les gens et s'occuper d'eux ? Par les Cinq, les théories de sa mère sur le don de soi avaient-elles tracées une si large empreinte dans sa petite caboche ?

- A toi de faire ton choix. Je peux continuer à te soigner ou tu t'en vas ?
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MessageSujet: Re: Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama]   Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama] I_icon_minitimeJeu 21 Avr 2011 - 23:17

    Sans grande conviction, Cyric esquissa un sourire. Décidément, il ne comprenait pas les gens. Pourtant sa curiosité le tenaillait, et tandis que son interlocutrice finissait de s’expliquer, notre ribaud ne pu retenir ses mots.

    « Qui es-tu ? »

    Cette peau aux reflets d’or, ces yeux d’ambre ou sa chevelure carmine, absolument tout lui inspirait mystère. La jeune femme restait étrange jusque dans sa façon de parler sur un ton léger, comme détaché malgré les évènements passés.
    Avide de connaître la réponse à sa question, Cyric retourna d’un pied trainant vers sa couchette d’infortune. Aucune force ne faisait vibrer son corps autrefois leste et plein de vigueur. Depuis trop longtemps maintenant il multipliait les blessures graves. Tel un poids mort, ce dernier s’écroula sur la paille, grognant sous la douleur qu’éveillait son impacte dans le foin. Un œil désabusé en direction de sa bienfaitrice, le Walfen repensa à ce qu’elle venait de dire. Cette sang-mêlée n’avait aucun prétexte valable. Etait-ce si surprenant ? Après tout, lui-même réagissait souvent selon son instinct, et jamais il ne cherchait à justifier ses actes. Non, il se contentait simplement d’agir, à l’instar de ces bêtes sauvages dont les pulsions primales restaient indomptables. Pourtant, venue d’une autre personne, la chose était plus difficile à accepter.

    « Tu es vraiment... Bizarre, ou bien sotte. Sauver la vie de quelqu’un… Au détriment de la sienne sans aucune raison… Ni rien à y gagner.»

    La fatigue relâchait les nerfs de sa mâchoire, laissant ainsi couler un flot de paroles franches, proches des choses que l’on pense en son fort intérieur, sans jamais oser les murmurer. La respiration bruyante et le souffle court, Cyric reprit :

    « Je ne comprend pas tes histoires de… maître et de supercherie. Tes persifflages échangés avec ces monstres… Restaient étrangers… A mes oreilles d’Homme. Et je dois te dire… que… ce partage de culture ne me rassure pas. Je vois pas bien pourquoi tu m’aurais sauvé… si c’est pour ensuite me tuer, mais… Miradelphia… porte tellement de drôles d’oiseaux.» Malgré les tremblements, il parvint à lever un doigt accusateur vers son interlocutrice. « Je déteste… être redevable et comme je ne t’ai rien demandé, je considère ne rien te devoir… Pour ton sauvetage.»
    Son bras tomba mollement au sol. « Le problème c’est que… Je dois maintenant te demander de... Me soigner. » Des rides soulignèrent son regard, conférant un peu de malice à ses airs las. « Ton onguent pue, mais tes massages… Ont des effets miraculeux.» Elle se rapprocha, et lui répéta :

    « Qui es-tu ? »
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MessageSujet: Re: Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama]   Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama] I_icon_minitimeSam 23 Avr 2011 - 22:54

- Je vais prendre tes questions dans l'ordre...

Elle récupéra le drap et recouvrit le sieur.

- Je m'appelle Fjama. Je suis saltimbanque et demi-drow comme tu as pu le constater.

Elle s'assit au bord du lit et reprit le pot d'herbes pillées.

- Les affaires entre les Hommes, les elfes, les nains, les sombres... Je m'en balance sévèrement. Je n'ai aucune intention de tuer, sauf si tu te montres trop entreprenant ou si tu tentes évidemment de me voler ou autres choses du même acabit.

Rassurante ? Pas vraiment. Elle l'informait tout au plus. Les doigts se trempèrent à nouveau dans l'odorante mixture.

- Étrange ? Assurément. Un peu sotte ? Sans doute. J'ai agi impulsivement.

Avait-elle seulement une autre manière d'agir que répondre à des désirs soudains et des coups de tête ?

- Tu n'es pas d'ici n'est-ce pas ?


Elle sourit. La question était purement rhétorique. Elle appliqua ensuite le baume sur les blessures aux commissures de ses lèvres, afin peut-être de l'empêcher de répliquer de suite.

- Les rafles de ce type sont courantes. Il y a bien de temps en temps des fortes têtes comme toi, mais ça se finit invariablement dans un bain de sang. Si ça n'est pas par les drows, les habitants de Naelis se chargent de châtier les imprudents attirant encore plus les foudres des sombres sur la ville. Disons que j'ai voulu t'éviter ça par pure bonté d'âme s'il te faut absolument une raison.

Elle le dévisagea un instant parfaitement sérieuse et attrapa délicatement son menton entre ses doigts fins. Elle lui tourna ensuite doucement la tête, à droite, à gauche, pour observer son œuvre curative. Le couvercle regagna le pot de pommade. La métisse changea de posture, une jambe capturée contre sa poitrine, l'autre contre le flanc du lit.

- J'ai raconté au Haut-Prêtre que tu avais dérobé un objet important à un drow et qu'on m'avait mandaté pour te retrouver. Je lui ai donné le nom d'un marchand d'esclave assez connu dans l'Ithri'Vaan. Apparemment, il a du me croire. Quelque chose à demander à ce type sans doute.

Elle haussa une épaule.

- Effectivement, tu ne me dois rien. Tu n'as rien de toute manière à m'offrir. Par contre, n'espère pas que je vais régler le guérisseur pour ton bras. Je suis autant fauchée que toi. On verra demain pour ça pour en dégoter un. Tu veux qu'on tente d'immobiliser ton bras pour éviter que ça se détériore plus ? Je vois pas trop comment m'y prendre, mais on peut toujours essayer.

Soudainement, un gargouillement. Elle fixa à nouveau son regard sur lui. Puis, son index se dressa.

- Avant tout chose, comment dois-je t'appeler ? Et est-ce que tu as faim ?
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MessageSujet: Re: Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama]   Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama] I_icon_minitimeDim 24 Avr 2011 - 21:25

    « Fjama » Répéta-t-il lentement.

    Un patronyme exotique pour une créature qui l’était tout autant. Sous les douces glissades de ses doigts emprunts d’onguent, Cyric sentit une nouvelle quiétude le gagner. Ses traits se détendirent, les rides de son faciès s’atténuèrent.
    Le regard cloué sur sa bienfaitrice, il la dévisageait sans piper mot, écoutant ses paroles avec une attention non feinte. Lorsque ses lèvres charnues se rencontrèrent finalement, le ribaud su qu’elle en avait terminé. Un court instant s’opéra durant lequel notre maraud hésita. Devait-il dire la vérité ? Elle serait la première à savoir depuis le massacre de Saint Ripolain, son premier écart.

    « Cyric. Je m’appelle Cyric Walfen, Homme de la Péninsule, fils d’Oësgard. »

    Ce nom lui disait-elle quelque chose ? Au fond, notre ribaud l’espérait. L’orgueil mal placé, il désirait voir les sourcils se lever d’admiration ou se froncer de peur lorsqu’on murmurait son nom. Peut-être avait-il égorgé son cousin pour une histoire de bijoux volé ou d’amant caché, qu’importe, un contrat restait un contrat. Lorsqu’il n’était encore qu’un simple Scionneur de pain rouge, Cyric signait toujours ses crimes, tel un artiste, pour défier la noblaille et sa soldatesque incapable. Il risquait gros, son état actuel faisait de lui une proie facile.
    Tentant de sourire, un rictus peu convainquant se dessina sur ses lèvres. Miradelphia était si vaste, et les nuisibles de son espèce si nombreux. Ses rêves de grandeur lui faisaient une fois encore tourner la tête, -ma mort restera à l’effigie de mon existence, dans l’ombre et l’oubli- C’était les mots de Pard, avant qu’un carreau d’arbalète ne vienne lui transpercer la jugulaire. Fjama n’avait sans doute jamais entendu parler de lui ou de ses méfaits.

    « Tu viens de Naelis si j’ai bien compris. Je n’aurais jamais cru voir une citée plus ravagée par la misère que celle où j’ai grandi. Comment as-tu fait pour survivre aux rafles depuis tout ce temps ? Et pire encore, comment fais-tu pour les supporter ?»
    Les drows avaient une infime ressemblance avec la noblesse humaine, ce même plaisir d'assujettir. Feu La Sorgne, pègre redoutée des Marches du Nord, prétendait être le bouclier du pauvre peuple contre l’oppression des grandes gens. Ce n'était qu'un mensonge, une grossière illusion, mais Cyric et tant d'autres misérables y avait cru dur comme fer. En Naelis, les choses étaient différentes, aucun espoir, pas même le plus dérisoire.

    « Ces fous se sont laissés docilement mettre une chaîne autour du cou. Qu’est-ce que ton peuple peut bien perdre de plus à vouloir se rebeller ? »

    Il fit un geste de la main, chassant une mouche chimérique, et se redressa.

    « Oublie ce que je viens de te dire, ça ne me regarde pas. Je ne compte pas m’éterniser, ma route croisera bien celle d’un maître guérisseur ou quelqu’un du genre. Tu en as déjà fait assez je… » Non, ce mot lui écorcherait la langue, à coup sûr. « Je partirai avant l’aube. » Cette sang-mêlé le rendait-il plus idiot que d’accoutume ? Le Voile étendait au dehors son drap sur Miradelphia, aucune lumière ne parvenait des cieux pour indiquer s’il faisait jour ou nuit. Grognant d’être si stupide, il se rembrunit et mira du côté du mur, l’architecture des planches de bois n’était pas franchement splendide, il y avait de quoi se demander qu’est-ce que notre ribaud pouvait bien y trouver…

    «Mais je mentirais si je ne disais pas être affamé. »

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Lessryn Vesz'Talinth
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MessageSujet: Re: Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama]   Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama] I_icon_minitimeLun 25 Avr 2011 - 11:44

~ Hadra - Stojnele Stokole ~






Et loin d'ici, un oeil d'aube et de sang versé, impavide, fixait l'horizon de leur fuite.


A gestes lents, Lessryn réajusta son heaume. Depuis quelque temps déjà le pas des deux fuyards s'était tu, sans qu'aucun de ses soldats n'eusse été lancé à leur poursuite. Il n'avait plus l'humeur à gaspiller de l'énergie pour si peu, et ses hommes piaffaient d'impatience.

De nouveau juché en selle, le Haut-Prêtre sangla sa crosse contre son dos et fit volter sa lourde monture. La cohorte de prisonniers, futur bétail, futurs esclaves, fuyait comme de l'eau par les pores béants de la ville. Les armures des siens luisaient, carapaces, et leurs cris encourageaient les captifs qui ne tarderaient pas à adopter un trot soutenu s'ils désiraient survivre à la pénible traversée qui s'annonçait.

Naelis fumait, Naelis sanglotait. Naelis, comme toujours, panserait ses blessures, et Naelis renaîtrait. Elle était de ces châteaux de sable, si vite engloutis, si vite effondrés, mais inlassablement reconstruits. Elle était forte comme une veuve, ployant l'échine mais ne renonçant pas.

Les seuils se désertaient. Quelques autochtones se risquaient à sortir pour réparer ce qui pouvait l'être ou compter leurs pertes. Du ciel viendrait la pluie, sous l'éternelle pénombre, et les larmes des nuages parachèveraient l'oeuvre des Sombres.

Jusqu'à la prochaine rafle. C'était dans l'ordre des choses.

L'esprit vague, Lessryn s'arracha à sa contemplation. Cendre, monté sur sa propre bête, se tenait à ses côtés, comme toujours - et le dévisageait sans un mot.


- Là. Nous partons. »


Et ce fut tout. Il n'y eut pas demande et pas de justification quant à la vie laissée sauve pour les deux importuns. Rien de plus que le choc des sabots sur les pavés souillés tandis que les deux Sombres quittaient, enfin, les quartiers de leurs ravages. Et de tout le voyage, le Haut-Prêtre ne dit rien. Il tenait, sans bien savoir pourquoi, à graver deux choses bien précises au fond de son esprit.


Le choc de son dos dans la poussière, et l'éclat d'un regard indompté sous une chevelure rouge sang.
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MessageSujet: Re: Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama]   Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama] I_icon_minitimeLun 25 Avr 2011 - 12:02

Aucune réaction autre qu'un sourire chaleureux et un bref "enchantée" poli n'accueillit l'énoncé du nom. Évidemment, Fjama ne connaissait rien aux affaires de la Péninsule. A peine, avait-elle glané les noms des personnes les plus influentes au gré des conversations. Alors, un gaillard aussi célèbre soit-il, si aucun barde ne chantait ses louanges, ne lui arracherait pas le moindre souvenir ou signe de connaissance.

- Pas Naelis, Thaar. Si on omet le fait que Thaar soit infestée de sombres, qu'on risque de se faire voler, acheter, tuer ou violer à chaque coin de rue, les conditions de vie y sont nettement meilleur qu'à Naelis. Ici, c'est un peu le défouloir des drows.

D'une voix plus susurrante, elle imita le phrasé du cruel peuple.

- Un massacre ? Plus assez de chair fraiche ? Allons dévaster Naelis ! Les humains y sont tellement faibles, malades et affamés, qu'il suffit de se baisser pour les cueillir comme des champignons !

Elle partit dans un rire sadique préfabriqué. Elle agita la main.

- Bref, tu vois le genre. C'te bâtisse, c'est simplement un port d'attache en cas de problème.

Elle haussa une épaule. Port d'attache ? Pas vraiment. L'endroit avait été trouvé et aménagé pour permettre à sa "seconde mère" de s'éteindre dignement. Les marques de brasier à l'extérieur ? Simplement son bûcher funéraire. Fjama ne hantait l'lthri Vaan que pour une seule raison ; Le Voile. Les routes menant à la péninsule déjà périlleux en temps normal confinant au suicidaire actuellement. Impulsive certes, Fjama possédait toutefois un sens de la conservation hors du commun.

- Instinct de survie. Sans doute à cause des coups, des tentatives de meurtres, de viols ou de me vendre à cause de mes ascendances, j'ai développé des réflexes et une hargne de vivre à tout épreuve. Quant à le supporter... et bien... Très sincèrement, tu imagines réellement que ça se ne serait pas pareil ailleurs pour moi ? Je veux dire.. pour les sombres, je suis une humaine... mais pour les humains, je suis une sombre. Autrement dit, ici, ailleurs, je ne suis pas persuadée que cela change quoique ce soit.

Elle haussa une épaule détachée. Elle pinça les lèvres et ajouta avec un trop vif aplomb.

- Je n'ai pas de peuple. Les sang-mêlés ne disposent pas de vos réjouissants sentiments de fraternité.

De suite, elle regretta la point d'amertume se glissant des ses propos. D'autant que cela ne s'avérait pas totalement exact. Les "siens", les autres saltimbanques, elle les avait quitté pour s'occuper de son amie mourant de sa belle mort. Des mois, un an, peut-être deux, pour être présente quand son soleil s'éteindrait, elle avait tout abandonné. Par altruisme... par amour. Elle soupira légèrement.

- Dors. Je vais faire de quoi manger. Tu peux profiter de mon hospitalité pendant le temps qu'il faudra pour que tu puisses bouger ton bras sans grimacer horriblement comme tout à l'heure. Ta présence ne me dérange pas. Au contraire, je préfère ne pas être seule ici finalement.

Elle quitta la chambre, puis la maisonnée pour puise de l'eau. Vestige d'un temps où s'installer à Naelis était promesse d'avenir meilleur, un vieux puits gisait derrière la cabane. Ramené, le liquide emplit le chaudron. La danseuse de baissa et observa le bois sec un long moment immobile. Puis, le début d'un rire franchit le seuil de ses lèvres. Se débarrasser définitivement du passé, avancer. Elle avait déjà surmonté la perte de son amie, la seconde importante de la longue série qu'elle endurerait durant sa vie. Elle plongea sa main entre les bûches et se concentra pour allumer le feu magiquement, afin de contrôler l'émission de fumée. Vu la journée, Fjama misa la prudence et évita de d'alerter les alentours d'une alléchante odeur de lentilles bouillies et du nuage pâle produit par les flammes. Du cellier, dont la trappe était dissimulée sous un coffre, elle tira un morceau de lard sec qu'elle ajouta la cuisson du frugal repas. Servi dans une vaisselle ébréchée, le festin fut mené au patient.

L'artiste entra sans feinter le silence. Sans ménagement, elle secoua le Cyric endormi afin qu'il se nourrisse. Elle esquiva e réflexe naturel de l'aventurier aux aguets. Avant de redresser les coussins pour que le jeune homme puisse se sustenter correctement. Si Fjama maitrisait la Danse et le Feu, les arts de l'amour et le mensonge, elle ne brillait pas par sa cuisine. Au mieux, elle épiçait trop. Au pire, comme ce jour-là, seul un affamé - ou le palais délicat d'un sombre- pouvait avaler les mets préparés. Fort heureusement pour l'orgueil du Walfen, le repas se mangeait parfaitement avec une cuillère, la danseuse n'eut dès lors pas besoin de lui donner la becquée. Le laissant à sa dégustation, elle chercha longuement de quoi immobilier le bras blessé.

Une fois satisfaite du système inventé - à base de vieilles étoffes moches, bleues donc, et de branches d'arbre - elle lui confectionna une sorte d'attelle. Pitance expédiée, elle servit à nouveau un breuvage fortement alcoolisé, sans doute additionné de quelques plantes analgésiques, à Cyric pour diminuer ses douleurs. Puis, elle manipula avec son soin le membre brisé. Les années passées à fuir, se faire blesser, se soigner seule, voir des cadavres, même se cacher parmi eux, avaient cela d'utiles qu'à présent, elle avait des notions d'anatomie appliquée. Une foulure, une entorse, elle aurait pu agir. Hélas, les os brisés restaient une tâche au-delà de ses compétences. Aussi, elle se contenta de les replacer dans leurs axes, de se servir de bois taillé comme tuteur. Elle banda serré le bras pour éviter au mieux les complications et tortura ainsi malgré elle le pauvre Walfen.

Elle l'observa ensuite longuement. Quelque chose la dérangeait. Une sorte de démangeaison au bout des doigts, un picotement le long de l'échine, magie ? Oui, il avait quelque chose de magique au sens premier du terme. Un peu abruptement, elle le alpagua.

- Tu es mage ou sorcier ? Y a quelque chose de... bizarre autour de toi. Une fine trame d'énergie, peut-être le résidu d'un sort ? Je n'en sais rien... mais ça me perturbe.
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MessageSujet: Re: Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama]   Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama] I_icon_minitimeDim 1 Mai 2011 - 17:58

    Les semi-drows, à bien y réfléchir, Cyric n’en n’avait que très rarement rencontré.
    Oësgard restait défiante à l’égard de tout ce qui n’était pas humain, défiance bien vite muée en haine farouche lorsque le mot drow jaillissait des propos. Avant-poste de l’armée, la baronnie souffrit en tout temps des algarades portées par le Puy, véritable mur contre lequel les flots ravageurs d’Elda venaient inlassablement se déverser. Dès lors, il n’était pas surprenant de voir la maraille s’adonner à quelques lapidations d’un de ces bâtards au sang sombre sous l’œil clos et les oreilles bouchées de gardes désabusés. Le Walfen ne savait pas trop quoi penser de ces renégats. Solitaire jusqu’aux bouts des ongles, il n’offrait aucune sympathie sans y voir une utilité, sang-mêlé ou non. Si un de ceux-là était venu lui quémander ses services, sans-doute aurait-il réclamé la moitié du gain avant l’exécution du contrat, par simple précaution rien de plus.
    La fatigue abattit son emprise, ses paupières devinrent lourdes, ses pensées se dissipèrent et les couleurs s’atténuèrent, puis plus rien.
    Au milieu des noirceurs, un visage opalin se dessinait. Ses traits avaient quelque chose de familier, de longs cheveux aux reflets d’argent cascadaient le long de son dos.
    Une pression sur son épaule l’extirpa soudainement du sommeil. Sens aux aguets, Cyric voulu s’emparer de cette main étrangère venue le secouer, mais Fjama évita l’attaque sans difficulté, prévenue sur les inclinations bestiales du ribaud. Lui jetant un regard gêné, la demoiselle répondit d’un sourire amusé. Elle déposa un bol sur ses genoux, puis s’afféra d’immobiliser son bras meurtri. Pendant ce temps, Cyric inhalait les vapeurs épicées de la mixture qu’avait concoctée sa bienfaitrice. D’un geste mal assuré, le maraud leva la soupe à sa bouche, et bu d’un train son contenu. Comme il s’en doutait son flair ne l’avait pas trompé, la sang-mêlé ne savait pas cuisiner. Mais si Cyric voulu cacher un relent dangereux, il ne pu empêcher son sourcil de se lever à l’étrange question que lui posa son interlocutrice.

    « Non, je ne suis ni l’un ni l’autre. Je suis aussi dépourvu de magie qu’un cochon de grâce. »

    Perplexe, il plissa les yeux. Muelle l’avait mis en garde, la magie des haies laissait des traces. L’air brusquement mauvais, notre maraud grogna. Même si la demi-drow ne savait pas quels méfaits il avait accompli par le passé, avouer la vérité ne pouvait que le rendre soupçonneux. On ne changeait pas de visage après avoir sauvé moult braves gens et préservé la paix dans quelques contrées lointaines, cela tombait sous le sens.
    De sa main valide, il décrivit plusieurs moulinets qui pointaient son propre faciès. « Par contre, j’ai reçu un sort de plein fouet il y a des années. C’est peut-être ça que tu perçois. »
    Le ribaud se dit alors que changer de sujet pouvait être une bonne idée.

    « Tu dois être une experte en la matière pour parvenir à déceler ce genre de choses. Je te retourne donc la question, mage ou sorcière ?» Se redressant un peu mieux dans une grimace significative, il poursuivit. « Du peu que je connais, c’est tout un métier que d’apprendre à maîtriser ce cadeau des dieux. Rares sont ceux qui y parviennent sans avoir reçu d’enseignement. »

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MessageSujet: Re: Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama]   Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama] I_icon_minitimeDim 8 Mai 2011 - 14:31

Fjama interpréta mal la grimace de Cyric. Une moue navrée s’étira sur ses lèvres.

- C’est pas bon hein ? J’suis vraiment pas douée en cuisine.

Une conséquence d’un sort ? Pourquoi pas après tout ? Elle devait avouer qu’elle ne s’intéressait pas assez à la magie dans sa globalité pour affirmer ou réfuter le mensonge de son pensionnaire blessé. Peu importait après tout. Pas réellement assouvie, la curiosité vrillait le regard de la métisse d’une lueur malicieuse. Elle étendit sa main sur la joue du Walfen pour la caresser d’un air intrigué. Effectivement, la toile d’énergie se concentrait à ce niveau-là. Elle poussa un peu son tâtonnement, le temps d’analyser encore une fois la force ressentie. Ensuite, elle recula.

- Non, je ne suis pas experte en magie. Loin de là. Sorcière, pyromancienne, j’ai appris sur le tas ce qui me concernait uniquement. Je n’ai jamais eu la chance de trouver un mentor ou le temps de me plonger dans des ouvrages magiques. Faudrait déjà que j’en trouve.

Elle haussa les épaules. Peut-être aurait-elle la chance un jour de trouver quelqu’un pour affiner son art ? Des modèles comme Nada ou l’Hirondelle pour la danse. Il le faudrait bien si elle voulait mettre sa vengeance à exécution un jour.

- Dormons et ne files pas pendant la nuit. Tu as besoin de repos pour reprendre des forces et il faut que je surveille l’évolution de tes plaies avant de te laisser repartir. J’avoue que ça m’ennuierait d’avoir risqué ma vie pour retrouver ton cadavre en forêt.

Elle sourit. Sans lui laisser le choix, elle arrangea les coussins sous son dos pour l’allonger confortablement.

- Je regarderai demain si je peux te trouver des vêtements. Pas que cela soit désagréable d’avoir un homme nu sous mon toit, mais plutôt que niveau discrétion pour la suite de ton voyage…

Avec un rire moqueur, elle gagna le lit adjacent et s’y lova comme une enfant. Rapidement, elle sombra dans un tumulte d’images violentes. Le silence prit place. Plusieurs fois, elle gémit dans son sommeil, se tournant et retournant dans les draps.

Soudain, des craquements de bois se firent entendre autour de la maisonnée. Tirée de ses cauchemars, Fjama se redressa sur sa couche et darda un regard incandescent sur Cyric. Sans bruit, elle tira un poignard d’une de ses bottes et s’approcha de son patient.
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MessageSujet: Re: Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama]   Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama] I_icon_minitimeMar 21 Juin 2011 - 0:46

    Hypnotisé, nul doute que notre ribaud l’était.
    L’air toujours emprunt d’une certaine méfiance, il laissa Fjama étendre sa main le long des balafres qui sillonnaient sa joue. Ne parvenant à se dépêtre du regard couleur carmin que lui jetait cette sibylline sang-mêlé, il frémit au contact des doigts étrangers venus caresser sa peau décharnée. Non pas qu’il détestait être la proie de gestes aussi tendres et attentionnés, mais d’habitude le Walfen dominait sa partenaire durant ce genre d’échanges. La situation qui se jouait alors était bien différente. Les prunelles vermeilles de sa bienfaitrice ne brillaient pas d’une soif vénérienne sinon de découvrir ce qui se cachait réellement derrière l’essence magique dégagé par son faciès. Le ribaud en était conscient, mais cette demi-drow faisait naître en lui quelques désirs charnels accentués par la mysticité de ses origines et l’adrénaline d’une journée emplie de dangers bravés qui peinait à s’effacer.
    Fort heureusement, elle rompit soudainement ses songes en reprenant le cours de leur discussion, annonçant par là-même que l’heure n’était plus aux déblatérations et devait céder place à une bonne nuit de repos.
    Messe dite, Fjama alla se nicher dans le lit juxtaposé avant de tourner le dos au maraud.
    Les lèvres closes en une absolue ligne droite, Cyric l’observa.
    Tant de gentillesse injustifiée, il ne savait décidément pas quoi en penser. Que lui demanderait-elle à son réveil ? Dans le fond, elle devait forcément y gagner quelque chose, mais quoi ? Qu’est-ce que tant de charité pouvait bien cacher ?
    Se répéter sans cesse les mêmes questions ne le menait nulle part, évidemment. Aigri de cette révélation qui n’en n’était pas vraiment une, Cyric ravala ses pulsions libidinales et laissa la fatigue œuvrer, sombrant rapidement dans un sommeil de plomb.

    Combien de temps se passa avant que quelques bruits, étrangers aux murmures des bois environnants, vinrent titiller ses sales oreilles? Ces frémissements de feuilles sonnaient faux, quelqu’un devait les faire valser contre gré. L’on éraflait lourdement des branchages, son museau pouvait percevoir une odeur poisseuse en désaccord avec l’humus forestier, oui ils étaient en danger.
    Plus lentement qu’il ne l’aurait souhaité, notre maraud se leva. Mais tout juste était-il sur pied que déjà Fjama se redressa pour le fusiller d’un regard où l'incompréhension subsistait.
    Accroupit tel un macaque, Cyric singea le silence absolu avant de désigner la porte d’un coup avec la tête. Chacun de ses pas semblait redonner vigueur aux maux du maraud, car plus il avançait, plus les rides de son visage se creusaient. Arrivé sur le palier, il ne pût retenir un souffle fébrile. Son cœur battait tambour, ses tempes avaient décuplé, sa mâchoire s’était crispée. Le Walfen avait peur. Si les drows avaient flairé leurs traces, si ces monstres crachés des tréfonds d’Elda se trouvaient derrière la porte, alors il n’y avait plus raison d’espérer, leur vie s’achèverait ici, dans une pitoyable cahute plantée aux abords de Naelis. Le goût amer de sa récente défaite contre ces bêtes noires restait coincé au travers de sa gorge.

    Sa main valide vint lentement épouser la poignée, un ultime regard en direction de la sang-mêlé, puis Cyric tira vers lui. L’air frais s’engouffra alors avec force, faisant vrombir les bocs au sol et sifflant toute son arrogance.
    Ses yeux cherchèrent en tout sens la source du danger, mais ne purent finalement que tomber des nues sur un visage aux traits simples et naïfs.

    « L’enfant »

    Ils s’étaient déjà croisés pendant leur fuite. Cette foutue gamine portait alors un bandeau sur le front. Elle était apparue tel un mirage au beau milieu des brumes que renfermaient les sombres ruelles de Naelis.
    « Qu’est-ce que… » Un temps de latence beaucoup trop long et Cyric voyait déjà les pointes d’une fourche jaillir des fourrés pour venir foncer droit dans son ventre. Pas de réflexion, aucune hésitation, sa main valide attrapa l’épaule de la chérubine tandis qu’il tentait de reculer. Le pas en arrière était aussi instinctif qu’inutile. Les dents en acier n’avaient pas ralenti leur course, faisant tomber notre ribaud à la renverse. Son souffle fut coupé net, les planches du sol ne bronchèrent guère, c’est son dos qui cria le premier. Mais alors qu’il pensait ne plus jamais pouvoir inspirer d’air, son torse se souleva de plus belle, faisant tomber celui de l’enfant : transpercé telle une cuirasse de chaire. Tentant d’apaiser sa respiration saccadée, Cyric se redressa, la gamine le regardait avec des yeux aussi vides que ceux d’un poisson. De nouveau sur pied, il ferma la porte d’un violent coup d’épaule, appuyé par tout son poids. Les yeux rivés sur Fjama, il rajouta :

    « Ils sont au moins trois, des paysans armés de faucilles et de haches justes bonnes à fendre le bois, et nos têtes par la même occasion. Qu’est-ce que ces culs-terreux nous veulent ?! Ils auraient vraiment pas appréciés mon coup d’gueule avec les drows ?!»
    Une lame, propre aux serpettes du coin, vint traverser le bois de la porte à quelques centimètres d'où s'appuyait son crâne.

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MessageSujet: Re: Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama]   Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama] I_icon_minitimeLun 18 Juil 2011 - 21:42

Voyant sa fourche transpercer le corps d’une enfant, le paysan recula en écarquillant les yeux. C’était une chose de châtier un fugitif et son alliée pour défendre Naelis, donner leurs têtes aux sombres pour espérer qu’ils épargneraient leur cité, mais enlever la vie d’une gosse… Son hésitation permit à Cyric de clore à nouveau la porte en maigre défense contre leurs assauts. Bouche bée, Fjama observait encore le corps sans vie de la gamine qu’elle avait sauvée quelques heures auparavant de la vindicte des drows. On pouvait accabler l’almée de nombreux qualificatifs désobligeants, mais elle n’était pas une meurtrière. Certes, elle ne rechignait pas à donner la mort pour sauver sa carcasse, mais jamais elle n’aurait été jusqu’à l’extrémité de prendre une vie aussi innocente. Longuement, son regard resta rivé sur les trous béants sur le torse de la petite. Les auréoles rouges grandissaient rapidement et le sang se répandait sur le plancher de bois.

La demande de Cyric la tira de ses réflexions et elle détourna avec peine son regard du flot vermeil pour le plonger dans celui du Walfen. Elle bafouilla un oui piteux et secoua la tête pour chasser les images de son esprit.

- Essaie de te charger d’un des trois… lâcha-elle encore amorphe.

Elle se déplaça entre la porte et le cadavre encore chaud de la gamine. Pour une raison étrange, elle se sentait l’obligation de protéger la dépouille. Elle clôt les paupières, se concentrant sur le sentiment naissant : la vengeance, excellent catalyseur pour ses pouvoirs, peut-être même le meilleur. Elle se laissa envahir complètement jusqu’à la lisière ténue entre la conscience et l’inconscient. Dans ces confins étroits, elle amassa l’énergie, la façonna jusqu’à faire naître un tourbillon de flamme entre ses doigts.

- Ouvre la porte et pousse-toi du chemin.

Bien que proche de lui, la voix semblait lointaine et impérieuse. Sitôt qu’il s’exécuta, le grouillot à la fourche, remis de ses émotions, s’engouffra dans la demeure, arme en avant prêt à embrocher. Hélas pour lui, il fut cueilli par une gerbe de flammes. Hurlant, sa peau crépita, bulla sous l’effet du feu affamé. Bientôt, l’air s’embauma du fumet particulier, entre le cochon grillé et celles des ordures qu’on brûlait pour s’en débarrasser. De surprise, les assaillants fixèrent leur malheureux compagnon qui s’écroula sur le sol. Fjama dansait. Radieuse comme un soleil, sa bouche se tordait en un sourire torve. La joie sauvage agitait ses membres en saccade, ses talons martelaient le sol à chaque circonvolution de l’élément brûlant. Courageusement, un pécore se jeta sur Cyric, cible blessée et plus facile en apparence que la saltimbanque virevoltante. Le dernier croquant lâcha les armes et prit les jambes à son cou. Malheureusement, Fjama ne l’entendait pas de cette oreille. Elle éclata de rire. Une chasse, quoi de mieux pour satisfaire ses sombres appétits ? Elle s’élança à sa poursuite sans un regard pour son compagnon d’infortune.

Dans la nuit, le fuyard paniqué respirait bruyamment, le pister était presque trop simple. Bien vite, cavaler à travers en évitant les branches et les ronces l’ennuya profondément. Aussi, elle accéléra la cadence pour le rejoindre. Elle connaissait par cœur les alentours de la masure. L’endroit l’avait abrité des nombreuses semaines, un temps suffisant pour qu’elle sache se repérer parfaitement malgré son sens de l’orientation douteux. Par-dessus son épaule, le jeune homme jetait des regards affolés, cherchant à s’éloigner de la prédatrice. Une respiration plus tard, elle était sur lui. Allongé sur la mousse fraiche, sa tête fut soulevée avec une délicatesse inquiétante. Son jouet à sa merci, Fja étira un nouveau sourire.

Dans la maisonnée, Cyric, aux prises avec son adversaire, eut le loisir d’entendre un long cri suraigu. Quelques instants plus tard, les traits tirés et l’air éreinté, la danseuse s’appuya contre l’embrasure de la porte. Après une telle dépense d’énergie, la migraine lui vrillait le crâne. Une fois assurée que son compagnon avait liquidé le dernier opposant et que les flammes ne ravageraient plus le cabanon, Fja s’agenouilla auprès de la gosse et ferma les paupières sur son regard vide.
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MessageSujet: Re: Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama]   Va, arde, brasille ! [Cyric/Fjama] I_icon_minitimeDim 24 Juil 2011 - 20:10

    La tête bourdonnante et la respiration sifflante, Cyric était assez décontenancé pour ne pas se faire prier. Exécutant les dires de la sang-mêlé sans plus réfléchir, il s'échoua lamentablement sur un côté du battant, puis ouvrit la porte d'un geste mou.
    Une ombre s'élança en grondant des expressions qu'un jargon local rendait incompréhensibles, sa fourche pointée en direction de Fjama. Les flammes jaillirent alors en tout sens. Un panel de rouge à l'orange s'ouvrit au yeux du maraud ébahi. Prostré contre le mur, ce dernier fixait les flammes dévorer la chaire du pauvre paysan, véritable torche humaine qui tentait en vain d'abréger ses souffrances en se roulant par terre.

    Le Walfen avait passé sa misérable vie à saigner les jeunes, les vieux, les beaux et de nombreux moches. Il avait assez fait couler le sang pour que ses oreilles parviennent à rester hermétiques aux cris comme aux pleures, mais l'odeur d'un corps calciné, ça, son museau ne l'avait reniflé que trop peu de fois. Le sicaire plissa les yeux de dégout, son corps se convulsa une ou deux fois, ses lèvres restèrent toutefois closes, empêchant tout rejet.
    Lorsque les nausées eurent fini de lui rendre la vue floue, Fjama ainsi que les agresseurs avaient disparu. Seuls persistaient les deux cadavres et notre ribaud. L'adrénaline amoindrissait ses élancements, l'euphorie d'être encore vivant le remit rapidement sur pied, bientôt un sourire se dessina sur son visage. Pourtant, ce bonheur fut écourté par la cri grossier d'un dernier péquenaud. Cyric ne se retourna pas, ne réfléchit pas, ses yeux venaient de capter la lueur d'une lame que déjà sa main en agrippait le manche. Il s'était jeté dessus comme le dernier des vauriens se jetterait sur une miche de pain. C'était la dague de cette gironde pyromane, la main de celle-ci avait du lâcher prise afin d'y faire naître une boule de feu. Qu'importe, en cet instant, le Walfen ne pensait qu'à une seule chose: tuer la source du danger venu le menacer.
    D'un geste habile, il envoya valser la dague. Un mauvais jet n'aurait pas moins manqué sa cible, le gonze n'était alors plus qu'à quelques centimètres lorsque la lame s'enfonça dans son crâne. Le pauvre hère resta un instant immobile, l'arme haut levée prête à poser son verdict, le visage fendu par quelques lignes ensanglantées.

    Assis dans l'ombre, le regard lointain, il ne daigna relever la rentrée de Fjama. Le ribaud avait l'horrible impression d'être dépassé. Son corps ne répondait plus aussi bien qu'avant, ne se remettait pas aussi rapidement des blessures. Serrant fermement son bras meurtri, il grogna. Sans cette dextérité, il n'était rien qu'un vagabond, une âme errante. Frustré et blessé dans son orgueil, l'humeur de Cyric empira. D'un ton froid, il lança:
    "Cette gamine les a mené jusqu'ici. Une Mariolle, c'est comme ça qu'on les appelle par chez moi, des gamins colporteurs, des pisteurs discrets et efficaces." Un rapide regard désabusé sur les cadavres. " Tout ça fait parti du jeu."

    Puis il se dirigea vers la porte. "Je crois qu'il est vraiment temps pour moi de déguerpir." Arrivé dans l'embrasement, il stoppa sa marche chaloupée. "Je te suis redevable, si on se recroise je n'omettrai pas de payer mon ardoise." Lentement, il s'enfonça alors dans les bois, sous l'oeil malveillant d'un Voile oppressant.

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