Le sommet, enfin ! ( Idrielle )

Après avoir quitté le village qui l'avait vu grandir, Nathaniel et Hime, son jeune compagnon canin, avaient longuement marché, sous un ciel plutôt menaçant.
Arrivé en vue des falaises d'Arkan, qu'il voyait depuis son ancienne maison, le jeune homme avait fait une halte :
Depuis qu'il avait environ 8 ans, il rêvait de les gravir, afin d'en atteindre le sommet. On lui avait toujours refusé bien sûr, affirmant qu'il était bien trop petit et trop peu préparé.
Seulement voilà : Aujourd'hui, il était seul, et de ce fait, libre de faire tout ce qu'il voulait.
Enthousiaste, il s'était adressé à son ami dans une langue qu'eux seuls pouvaient comprendre :

- Une petite partie d'escalade, ca te dirait ?

L'animal, qui était encore un louveteau, avait levé ses yeux ambrés en direction des cîmes.
Une telle expérience représentait un véritable défi qu'il savait ne pas pouvoir tenir, avec ses petites pattes et son manque d'assurance.
Pourtant, désireux de ne pas décevoir son compagnon à deux pattes, il avait accepté :

- Pourquoi pas... La vue doit être très jolie de là haut !

Souriant, l'humain avait démarré son ascension. Mais au bout d'une demie-heure, Hime, qui avait pourchassé bon nombre de papillons et autres petits animaux de ce genre, était à la traîne.
Langue pendante, il s'efforçait de suivre l'allure rapide de Nath, mais sans succès...
Conscient des difficultés qu'il rencontrait, ce dernier était revenu sur ses pas, avant de se pencher sur le petit loup, qui avait annonçé, penaud :

- Je...Je n'en peux plus...

Compréhensif, le voyageur avait répondu :

- Ce n'est pas grave, tu as fais ce que tu as pu.

Et puis, l'accueillant au sein de ses bras musclés, il avait reprit sa montée. Ce n'est que quelques heures plus tard, et couverts de sueur qu'ils avaient atteint leur but :
Le sommet des falaises.
Le ciel s'était éclairici, si bien que l'astre solaire l'avait couvert de ses rayons durant sa marche.
Fatigué mais heureux, Nathaniel avait posé le canidé au sol, avant de s'approcher du bord.
Il était resté interdit devant la beauté du spectacle qui s'offrait à lui : La nature, la mer, le tout baigné dans la lumière du soleil couchant...

Ouvrant les bras, il avait fermé les yeux, profitant du sentiment de liberté qui l'avait envahi.
A quelques pas de tomber dans le vide, sa position était dangereuse, et un observateur extérieur aurait pu croire qu'il voulait mettre fin à ses jours.
Occupés comme ils l'étaient, l'un à courir après un papillon, l'autre à profiter de la sensation que lui procurait l'altitude, ni l'un ni l'autre n'avait entendu les bruits de sabots qui se rapprochaient...

/!\ RP AVEC MON ANCIEN PERSONNAGE /!\

Cimetière ~ Idrielle Olzon

Voilà bien deux longues semaines qu'Idrielle traquait un déserteur , sous les ordres de ses supérieurs. Elle avait horreur qu'ils lui ordonne cela. Les hommes qui désertaient avaient souvent de bonnes raisons.
Les traquer , les ramener , puis les voir jugés n'avait rien d'agréable aux yeux de la jeune femme. Mais malheureusement , Idrielle n'avait guère le choix. Elle passait déjà pour une moins que rien aux yeux de la plupart des hommes , nul besoin de passer en plus pour une incapable ! En attendant de pouvoir obtenir un poste plus gradé , elle se pliait sans rechigner aux ordres qu'elle reçevait.

Elle avait donc quitté une fois de plus sa maison bien tranquille pour traquer le fugitif. La jeune femme était donc partie en compagnie de Lullaby , son bel étalon noir , ainsi que sa chienne ayant des origines de loup non dissimulées , Lagoon.
Idrielle chevauchait , épée au côté et arc au dos. Depuis peu de temps , le cheval était nerveux. Il se comportait étrangement depuis qu'ils avaient dépassés la cité dangereuse de Kirgan , et ce comportement n'avais pas cessé. Lagoon trottait tranquillement à leurs côtés reniflant de temps à autre une fleur , une plante , ou quelque chose l'intriguant. Son joli pelage blanc ne tarda d'ailleurs pas à être couvert de poussière. Elle était toute...euphorique.

Idrielle était elle , inquiète. Elle avait perdu la trace du fugitif. Elle sauta à terre. Elle était aux pieds des falaises , et il y avait des traces de pas fraiches. Mais quel intérêt de venir ici ? A part pour se jeter du haut des falaises , la jeune femme ne voyait pas pourquoi quelqu'un pourrait venir ici. Brusquemment , la chienne se mit à grogner violemment , retroussant les babines , faisant apparaître ses crocs luisants. Idrielle s'agenouilla près du canidé. Elle comprit pourquoi cette dernière s'agitait. Outre des traces d'hommes , il y avait des traces d'un animal. Un chien sans doute. Ou un chiot , plutôt.

- Hé , du calme ma belle... Tu dois faire trois fois la taille de celui là...

Elle caressa la chienne entre les oreilles , lui arrachant un glapissement heureux. La jeune femme se remit en selle , faisant avancer le cheval malgré ses protestations. Heureusement que Lullaby était son compagnon depuis de longues années , elle aurait sans doute fini au sol depuis bien longtemps dans le cas contraire...Le trio gravit une des falaises à une allure constante , si bien qu'ils n'arrivèrent en haut que plusieurs heures après.
Idrielle mit pied à terre , tirant Lullaby par les rênes. La jeune femme sursauta lorsqu'un louveteau en pleine course après un papillon freina des quatres pattes devant elle. Lagoon grogna avec férocité devant le louveteau. Idrielle s'agenouilla de nouveau près de la chienne , tâchant de la calmer. Elle n'avait pas vu le garçon , un peu plus loin , au bord de la falaise.

Nathaniel ne pensait plus à rien. Il était serein, même si devant lui, il n'y avait que le vide, un vide mortel.
C'était ce sentiment de liberté intense qui le ravissait à ce point : Quoi de tel que de sentir le vent dans ses longs cheveux bruns, et le parfum de la flore alentour ?
Absorbé par sa contemplation silencieuse, le jeune homme n'avait pas entendu l'inconnue approcher, tenant sa monture par la bride.
Il ne s'était retourné qu'en entendant un grognement menaçant, ainsi qu'un appel au secours venant du louveteau.

Ni une, ni deux, il avait fait volte face, et s'était dirigé en hâte vers la source du bruit, pour se trouver nez à nez avec un étrange trio :
Il y avait là une jeune femme d'une grande beauté, dont les longs cheveux blonds cascadaient autour d'un visage fin, au milieu duquel trônaient en maîtres deux superbes yeux verts.
Cette dernière était accompagnée par un cheval noir, et par un canidé.
Si d'autres se seraient peut-être mépris sur la nature de la bête, Nath lui, savait qu'il ne s'agissait pas d'un loup.
Ou plutôt d'une louve...

Bien qu'elle en ait certains traits, elle était plus petite, et ses yeux d'une couleur anormale pour la race ne dégageaient pas cette lueur sauvage propre aux regards des loups.
Hime était venu se réfugier entre les jambes de son ami à deux pattes :
Une fois adulte, il serait largement de taille à lutter contre cet " adversaire ", mais actuellement, il était bien trop petit, et manquait encore d'assurance.
Prenant soin de ne pas la quitter des yeux, l'humain avait tenté de communiquer avec la chienne :

° Du calme, nous ne vous voulons aucun mal... °

Sans cesser de grogner, l'animal avait répondu. Oui mais voilà, la langue qu'elle employait n'était qu'un dérivé de celle des loups, si bien que la compréhension de Nath était imprécise :

° Pas approcher...amis moi ! °

Bien qu'elle restait plutôt agressive, la chienne gardait tout de même ses distances. En vérité, l'apparence d'homme de l'humain n'était qu'illusion pour ceux qui portaient le noble sang des loups. Eux le voyaient tel qu'il était vraiment, véritablement l'un des leurs...
Concilliant, le jeune homme s'était adressé à la jeune femme, lui tendant la main pour qu'elle se relève :

- Je ne vous ferais aucun mal, votre amie peut être tranquille.

Immobile et souriant, il avait attendu une réaction, protégeant toujours son compagnon à poils...

Après quelques instants durant lesquels elle avait semblé hésiter sur la marche à suivre, la jeune femme avait fini par attraper la main qui lui était offerte, et s'était relevée.
Nathaniel n'avait eu aucun mal à la soulever, mais avait été un peu surprit de voir comment elle l'observait :
Son regard était emplit de doutes et de questions, dont l'une semblait évidente : Pouvait-elle faire confiance au jeune homme qu'elle venait tout juste de rencontrer, et qui de surcroît, parlait une langue étrange et inconnue ?
La chienne était agacée, et cela se voyait comme le nez au milieu de la figure : Elle n'adressa pas de nouveau la parole à l'inconnu qui lui soutirait sa maîtresse, mais le fusillait du regard, pour lui faire comprendre qu'elle ne le portait pas dans son coeur.

Cela était égal à Nath.
Au fond de lui, il savait que l'animal ne prendrait pas le risque de l'attaquer, tout d'abord parce que l'humaine qui l'accompagnait le lui défendrait sûrement, ensuite et surtout parce qu'il aurait eu un avantage certain...
Il n'avait pas fait un geste tandis que son interlocutrice lui tenait la main, s'autorisant même à plonger ses yeux bleus dans ses magnifiques émeraudes.
Il semblait qu'ils auraient pu rester ainsi durant encore plusieurs minutes, mais Hime avait prit la parole, un peu intimidé :

° Qui sont elles ? °

° Je ne sais pas...Mais elles ne veulent pas nous faire de mal, tu peux sortir de ta cachette. °

° Tu es sûr ? °

° Certain ! Aller, un peu de courage Hime ! °

Prit par un regain de témérité, le louveteau s'était avançé lentement en direction de l'humaine, et s'était redressé, pour paraître plus grand et plus impressionant.
Pendant ce temps, son ami à deux pattes avait écouté la nouvelle venue prendre la parole.
Il était vrai qu'il pouvait paraître étrange de croiser des gens dans un tel endroit, tant l'accès en était difficile et périlleux.
Un peu distrait, comme à son habitude, Nath n'avait pas fait attention au fait que la jeune femme semblait tendue.
Au bout de quelques courts instants, il avait répondu, visiblement de bonne humeur :

- J'ai toujours voulu atteindre ce sommet...Quand j'étais gosse, on m'a interdit de m'approcher de ces falaises, mais maintenant que je suis un grand garçon, je profite de la vue qui nous est offerte ! Voulez vous aller voir au bord ?

Il était peu probable que la jeune femme refuse. La proposition était alléchante, et elle n'avait sûrement pas fait tant de chemin pour redescendre sans avoir rien vu de la magnificence du paysage !
Cependant, il fallait faire vite, car la nuit tombait à bonne allure.
Bientôt, on ne verrait plus rien...

La jeune femme avait de nouveau hésité un moment, avant d'annonçer qu'elle ne préférait pas approcher du bord de la falaise, affirmant qu'elle avait le vertige.
Mais étais-ce vraiment cela, ou craignait-elle simplement d'être poussée dans le vide ?
Le jeune homme ne se posa pas la question fort longtemps :
Après tout, à quoi bon mentir ?
La rassurant avec un gentil sourire, il avait reprit la parole, calme :

- C'est dommage, la vue est vraiment superbe.

S'interrompant un instant, il avait observé le manège de la chienne et du louveteau. La bête reniflait ce dernier, sans mauvaise intention apparente, comme si elle s'était résignée à faire la paix.
Heureux de cette trève, Nath avait de nouveau rassuré son petit compagnon :

° Tu vois Hime, tout va bien ! °

Tandis que l'animal blanc s'intéressait à son ami, le concerné avait entreprit de flairer à son tour la femelle croisée.
Elle sentait l'homme à plein nez, ainsi que plusieurs odeurs que le jeune canidé n'avait encore jamais eu l'occasion de renifler.
Voyant la chienne chercher à l'identifier, l'humain s'était enquit auprès d'elle :

° Comment est-ce que tu t'appelles ? °

Cette dernière avait levé la tête vers lui, avant de répondre, sur un ton neutre :

° Idrielle appeler moi...Lagoon °

En une question, le jeune homme avait obtenu deux réponses. Une fois Lagoon repartie auprès d'Hime, il s'était de nouveau adressé à la jeune femme :

- Je vais rassembler du bois pour faire un feu. La nuit ne va pas tarder à tomber, et nous en aurons besoin si nous voulons manger chaud. Comptez vous vous joindre à nous ce soir Idrielle ?

Pour ce qui était du problème de la chasse, il serait bientôt réglé : En partant en quête de bois, le jeune homme croiserait bien du gibier.
Son interlocutrice devait se demander comment elle avait eu son prénom, mais il n'y pensa guère.
Au lieu de cela, il se baissa vers Hime, et chuchota à son oreille :

° Veilles sur elles, d'accord ? Je compte sur toi ! °

° Pars tranquille, il ne leur arrivera rien tant que je serais là ! °

Avant de s'éloigner, Nathaniel s'était tourné une dernière fois vers son interlocutrice, avant de reprendre :

- Si vous avez besoin de quoi que ce soit, appelez moi, je reviendrais aussi vite que possible. Je m'appelle Nathaniel.

Enfin, il s'était enfoncé dans la forêt, chargé seulement de son arc. A son retour, si tout se passait comme prévu, ils auraient bois et nourriture...

Nathaniel s'était enfoncé dans une forêt relativement épaisse, dans laquelle il espèrait bien trouver du bois, mais surtout de la nourriture.
Car ce soir là, en plus du louveteau qui l'accompagnait, il avait une jeune femme et sa chienne à nourrir !
Trouver des branches mortes s'était avéré facile :
Un grand arbre s'était effondré, offrant son corps au jeune homme, qui avait fait un tas de bonne taille.

Etait ensuite venu le temps de mettre la main sur un gibier. La nuit venait de tomber, ce qui ne faciliterait pas la tâche à l'humain.
Cependant, ses amis loups lui avaient apprit bien des astuces pour la chasse, et il avait en lui l'instinct sauvage qui les animait dans leurs traques.
Il lui avait tout de même fallut environ une demie-heure pour débusquer un jeune chevreuil, qui suffirait normalement à repaître toute la petite tribue.
Après qu'il ait ajusté et décoché son trait, la bête était tombée, morte.
Satisfait de sa dextérité, Nath avait ramassé sa proie, avant de reprendre son tas de bois et de reprendre la route de l'endroit où il avait laissé ses compagnons.

Il avait été agréablement surprit de constater qu'Idrielle avait mit la main à la pâte en installant une sorte de campement improvisé, qui rendrait sans doutes la nuit plus agréable.
Posant le bois et l'animal mort au sol, le jeune homme avait remercié la belle humaine :

- Je vous remercie d'avoir dressé le camps. Je vais allumer un feu, et mettre le dîner à cuire. Vous n'avez rien contre le chevreuil j'espère ?

Hime, lui, semblait fortement intéressé par la proie qu'avait ramené son ami à deux pattes. Impatient, il était venu renifler la carcasse. Souriant, Nath l'avait interrogé :

° Tu as été sage pendant mon absence ? °

° Oui. Dis, quand est-ce qu'on mange ? J'ai faim...°

° Je vais te donner ta part. Attend juste que j'ai allumé le feu, d'accord ? °

Sitôt dit, sitôt fait, le jeune homme s'était attelé à allumer un feu. Une fois que les flammes avaient été suffisament hautes, il s'était approché du gibier, avant d'en récupérer les quatre pattes.
Une fois la viande mise à cuire, il s'était adressé aux deux canidés, les invitant à se servir sur la caracasse :

° Le reste est pour vous, reprenez des forces. °

Le louveteau s'était précipité : Ici, oubliées les règles de la meute !
Pendant que les animaux mangeaient, Nathaniel avait reporté son attention sur Idrielle.
Et c'est à ce moment là qu'il avait remarqué qu'elle avait retiré sa cape, dévoilant des formes agréables.
Ne voulant pas risquer de la vexer, et par soucis moral, le jeune homme s'était obligé à regarder ailleurs.
Il avait chaud, à cause de son effort, mais aussi de sa température corporelle plus élevée que la normale, si bien qu'il avait prit le risque de retirer le haut de sa tunique, se retrouvant ainsi torse nu.

En toute logique, cela ne devrait pas choquer la jeune femme, mais il gardait tout de même ses distances avec elle.
En attendant que la viande cuise, il s'était assit, et avait attendu, jettant de temps en temps un oeil vers Hime et Lagoon qui partageaient un copieux repas...

Idrielle avait regardé avec étonnement Nathaniel revenir avec bois et nourriture. Visiblement , le pauvre chevreuil n'avair rien vu venir. Tant mieux pour lui d'ailleurs. Lagoon était aussi intéressée par la carcasse que le petit louveteau. Souriante , Idrielle l'avait regardé s'approcher avec envie de leur repas. Elle avait sourit lorsque Nathaniel avait invité les deux canidés à manger.
Assise , les jambes repliées contre elle même , Idrielle regardait fixement les flammes du feu danser. Elle aurait pu rester des heures à les regarder. Elles étaient belles et pourtant mortelles.

C'est alors que le jeine homme avait retiré sa chemise. Allons bon... Idrielle soupira. Pourtant , il restait exactement le même que quelques instants auparavant , maître de lui même. Pas comme tous ses hommes qu'elle avait croisé.
Bon , il faut dire qu'Idrielle était fâché avec la gente masculine.
Et pourtant , Nathaniel était loin d'être désagréable à regarder. Elle jura intérieurement. Il fallait bien l'avouer le nouveau venu était séduisant. Elle avala sa salive avec difficulté. Malgré elle , ses yeux restés posés sur lui. Idrielle s'offrit une claque mentale monumentale pour s'obliger à détourner les yeux. Elle plongea une main dans son sac et en sortit une gourde d'eau. Elle la tendit à Nathaniel , mes yeux baissés.

- Tenez... Vous devez avoir soif. Donnez en à votre loup , j'ai quelques résèrves.

Il attrapa la gourde , effleurant ses doigts et la remercia. Idrielle lui retourna un timide sourire. Elle se posait des tas de questions.
D'où venait-il ? Sui était-il ? Ce n'était pas courant de voir un jeune homme voyager dans Miradelphia aux côtés d'un jeune loup.
Hésitante , elle posa une première question...

- D'où venez vous ?...

Elle braqua sur lui ses yeux émeraude , inconsciente des ravages qu'ils pouvaient provoquer.

Nathaniel peinait un peu à comprendre les réactions de la jeune femme, qui avait adopté une position proche de celle d'un foetus de l'autre côté du feu.
D'ordinaire, les demoiselles dont il faisait la connaîssance étaient joyeuses, souriantes, et n'hésitaient pas à venir se frotter à lui, ce qui, bien que plutôt plaisant pour un homme, était parfois gênant.
Idrielle était bien différente : A l'écart, elle émettait une réserve flagrante...
Que lui était-il donc arrivé par le passé pour qu'elle adopte une telle attitude ?
Préférant ne pas poser la question, le jeune homme s'était vu offrir une gourde d'eau.
Reconnaîssant, il s'en était saisit avec douceur, effleurant légèrement les doigts de sa propriétaire au passage, sans même le vouloir en vérité.

Après avoir bu plusieurs longues gorgées, il l'avait tendue au louveteau, qui revenait vers lui à petit pas :
Le glouton s'était goinfré, et avait rempli son estomac à n'en plus pouvoir. A présent gonflé comme un petit ballon, il avait ouvert la bouche pour se désaltérer, tandis que son ami humain le gourmandait gentiment :

° Eh bien, tu avais drôlement faim ! Tu as laissé de la viande à Lagoon au moins ? °

C'est en baillant que le petit avait aquiescé, avant de s'installer sur la couverture. Et quelques minutes plus tard, blotti contre Nath, il dormait paisiblement...
Passant l'une de ses mains dans sa douce fourrure, l'humain avait remercié son interlocutrice pour son geste, en lui rendant son bien.
Et puis, il avait répondu à la question qu'elle lui avait posé :
D'où venait-il ?

- J'ai grandi dans un petit village situé à une vingtaine de kilomètres d'ici.

Il s'était interrompu, pour plusieurs raison : Tout d'abord, il ignorait d'où il venait vraiment, ayant été adopté très jeune. Ensuite, les émeraudes qui étaient braquées sur lui le rendaient...Un peu mal à l'aise...Ou plutôt, le troublaient...
Finalement, il avait retourné la question à sa vis à vis :

- Et vous, d'où venez vous ?

La bonne odeur qui lui parvenait aux narines indiquait que la viande était cuite. Il prit de nouveau la parole, désignant le feu d'un signe de tête :

- Le repas est prêt, servez vous !

Galant, il avait attendu que la belle prenne sa part. Par la suite, il s'était servi à son tour, et avait commençé à manger, après avoir mumruré un bref " Bon appétit ".
La lueur des flammes se reflétait sur son torse musculeux, dont la peau légèrement hâlée contrastait fort agréablement avec ses yeux d'un bleu profond...
Il n'envisageait pas encore de remettre le haut de sa tunique, et cela n'était pas prêt d'arriver.
A vrai dire, il était même fort probable qu'il dorme sans...

Le repas était fort agréable : La viande était tendre et juteuse, mais surtout, le jeune homme avait une compagnie des plus enviables.
Après tout, qui avait la chance de croiser sur les chemins une ravissante demoiselle blonde, qui acceptait de passer la nuit avec soi ?
Certainement peu de gens...
Conscient qu'il était en quelque sorte privilégié, Nathaniel affichait un large sourire.
Qui s'était transformé en une mine étonnée lorsque son interlocutrice avait annonçé servir dans l'armée.

Non pas qu'il pensait qu'une femme en était incapable, attention, mais il n'ignorait pas les apprioris des mâles à propos de la soi disant faiblesse féminine.
Idrielle devait être une personne forte pour avoir pu se faire accepter, et su se faire respecter par ses " collègues ".
Après quelques courts instants, Nath avait répondu :

- Dans l'armée vous dites ? Whaou, vous devez avoir des nerfs d'acier !

Lui même aurait détesté l'armée : Une discipline trop stricte, mais aussi une mentalité qu'il jugeait étriquée, non, vraiment, ce n'était pas pour lui...
Il avait terminé son repas, avant d'écouter ce qui lui était dit, et de rire avec la demoiselle.
Si elle avait l'apparence de sa grand mère ?

- Tu ne lui ressembles pas, pour sûr !

La vieille femme, qui les avait quitté quelques années auparavent, avait un visage serein et aimable, mais sa beauté n'avait jamais égalé celle de sa vis à vis !
Voyant qu'elle continuait de le vouvoyer, il avait reprit, en affichant un sourire complice :

- J'accepte de te tutoyer, mais à une condition : Que tu fasses de même !

Quelques minutes passèrent, durant lesquels Idrielle sembla gênée. Ne sachant trop comment agir, Nathaniel s'était levé, avant de la prévenir :

- J'ai fais un long chemin, et j'aurais bien besoin de me laver. J'ai aperçu un lac pendant que je ramassais du bois, je crois que je vais aller m'y baigner. Je...je ne serais pas long...

Hime dormait toujours comme un bébé, si bien qu'il avait prit soin de ne pas le bousculer. A pas de loup, et toujours torse nu, il s'était éloigné avec son épée et ce qui lui permettrait de se laver...

Nathaniel n'avait pas mit très longtemps à retrouver le lac dont il avait parlé à la jeune femme, qui était restée au camp.
Vérifiant par reflexe qu'il n'était pas observé, il avait ôté ce qui lui restait de vêtements, avant de se plonger dans l'eau.
Bien qu'elle soit un peu fraîche, il était bon de la sentir glisser sur son corps après une si longue marche pour gravir les falaises.
Après avoir fait quelques brasses, le jeune homme s'était lavé, retirant de sa peau légèrement hâlée toute trace de saleté.

Une fois qu'il fut propre, il se sécha, remit son pantalon et ses chaussures, et reprit le chemin du campement.
Ses longs cheveux bouclés, à présent mouillés par ce bain nocturne, tombaient joliment ses sur ses épaules nues, renforçant encore son charme naturel.
Quand il arriva enfin en vue de ses compagnons, il s'aperçu que tous dormaient à poings fermés, humains comme animaux.
Souriant à la vue de ce spectacle, il avait tâché de ne pas faire de bruit. Déposant ses affaires au sol, il avait fait un rapide inventaire de ce qui se trouvait dans son sac :

Il lui restait deux gourdes, l'une remplie de vin, l'autre d'eau, qui étaient encore pleines, ainsi que quelques fruits, un morceau de fromage, une miche de pain et quelques morceaux de viande séchée.
Il pouvait ainsi tenir environ une semaine, à condition bien sûr qu'il n'ait qu'Hime à nourrir en plus de lui même.
Dans le cas contraire, il lui faudrait chasser plus souvent...
Satisfait, il s'était à son tour étendu sur sa couverture, non sans avoir jeté un coup d'oeil sur la belle endormie.

Là, les yeux levés vers la lune, il avait entendu un son qui lui était familier : Non loin du camps, quelque part au milieu d'une clairière, des loups chantaient.
Cela lui avait rappelé une histoire que lui avait raconté le sage de la meute alors qu'il n'était encore qu'un jeune enfant :



Nath sentait que ses paupières ne tarderaient plus à se fermer. Après s'être assuré que tout allait bien, et avoir donné une caresse au louveteau, il s'était endormi...
Protégé par sa couverture de voyage, sur laquelle il avait croisé les bras, il semblait si serein qu'on aurait dit un enfant, qui ne demandait qu'à être serré dans des bras doux.
Et la mèche de ses cheveux encore humides qui lui barrait le visage n'arrangeait rien...

Nathaniel dormit bien, comme à son habitude. S' il lui suffisait de se reposer assez peu, n'ayant besoin que de quelques heures pour être en forme, il aimait s'octroyer de beaux sommes, qui duraient parfois jusqu'à tard dans la mâtinée.
Cependant, aujourd'hui, ses habitudes allaient être contrariées...
L'aube était à peine levée, et il n'avait pas entendu que la jeune femme était déjà éveillée.
Serein comme la veille, son compagnon le louveteau lové contre lui, il profitait de ses dernières heures de sommeil avant de reprendre la route, quand un cri l'avait tiré de son rêve.

Soudain, et avant qu'il n'ait eu le temps de se redresser sur sa couverture, tout s'était brusquement acceléré :
Un homme d'âge mûr avait bondi du couvert des bois, et avait entreprit de l'attaquer...
A moitié endormi, et sans défenses, le jeune homme avait vu la lame d'une dague être positionnée au dessus de sa gorge, et n'avait dû qu'à un reflexe et à l'intervention d'Hime de garder la vie.
Le petit animal avait planté ses crocs dans le bras de l'agresseur, et ne semblait pas déterminé à lâcher prise de sitôt, malgré la peur qui lui nouait l'estomac.
Nath s'était relevé au moment ou le fugitif l'envoyait rouler à plusieurs mètres de là, jusqu'au bord de la falaise.

S'assurant que l'inconnu avait détourné son attention meurtrière d'Idrielle, qui était désarmée, il s'était emparé de son épée, avant de rejoindre en hâte son petit compagnon à fourrure pour l'aider à se tirer de sa situation épineuse.
Très mauvaise idée...
Arrivé à proximité du vide, il était parvenu à récupérer le canidé, mais n'avait pu éviter une seconde fois la lame qui s'en prenait à lui.
Laissant échapper un bref cri de douleur lorsque l'objet avait troué sa jambe droite, Nathaniel avait tenté de se relever.
Seconde erreur :
Le sachant déséquilibré, son attaquant l'avait poussé dans le gouffre...

Fort heureusement, le jeune homme était parvenu à se rattraper à une roche qui dépassait de la facade, s'écorchant les mains au passage.
Le déserteur avait fait volte face, pour se diriger vers Idrielle, ayant manifestement l'envie d'en finir avec elle...
Nath s'était empressé de se hisser de nouveau sur le plateau, tentant d'ignorer la douleur qui le tiraillait.
Clopinant, il s'était saisit de son arc, avant de tirer un trait, qui avait touché le bras droit de l'homme.
S'il n'était pas ambidextre, ce dernier serait sûrement vaincu par la demoiselle...

Nathaniel avait la tête qui tournait légèrement, à cause du sang qu'il avait perdu. Sa main droite pressait sa jambe blessée, mais il ne pouvait se résoudre à s'assoir et à laisser Idrielle affronter le danger seule.
Au prix d'un gros effort, le jeune homme s'était redressé du mieux qu'il avait pu, et ajusté une nouvelle flèche à son arc.
Un petit problème se posait cependant :
S'il tirait, il avait une chance sur deux de blesser son alliée, ce qu'il ne voulait surtout pas risquer.
D'un autre côté, s'il ne faisait rien, elle risquait d'être gravement touchée, puisque le bougre s'était révélé être ambidextre.

Jurant contre ses propres hésitations, Nath avait grimaçé lorsque la lame ennemie avait entaillé la joue de la demoiselle, et retenu un cri quand elle était tombée.
Il allait se résoudre à décocher son trait, quand la scène avait semblé s'immobiliser sous ses yeux :
Idrielle était parvenue à prendre l'avantage, et avait tué celui qui les avait attaqué.
Inquîet, le jeune homme avait clopiné jusqu'à elle, espèrant qu'elle ne s'était pas trop fait mal en tombant.
Tremblante et haletante, elle avait reculé jusqu'à lui, et avait crié en le heurtant, ayant manifestement oublié sa présence, ou étant persuadée qu'il avait périt durant la bataille.
Se voulant rassurant, il avait murmuré :

- Du calme, ce n'est que moi...

Comme elle semblait sur le point de s'évanouir, il avait par reflexe passé ses mains autour de sa taille, geste qu'il avait regretté quelques secondes plus tard.
Les retirant en hâte, il s'était aperçu qu'elles étaient en sang...
Il savait que ce n'était pas ses propres écorchures qui étaient responsables de ce phénomène, si bien qu'il avait reprit :

- S'il te plaît, allonges toi, tu es blessée...

Parvenant à la coucher le plus délicatement possible, le jeune homme s'était assit à son chevet.
Il avait oublié son propre mal à cet instant, et une seule chose comptait :
En savoir plus sur la plaie de celle qui avait partagé sa nuit...
Hésitant, il avait pourtant fini par poser une question, sachant que c'était la seule solution :

- Est-ce que...Est ce que tu es en état de retirer le haut de ta tunique ? J'ai besoin de voir ta blessure si je veux te soigner...

Encore tout tremblant, Hime s'était approché des deux pattes, avant de poser ses petits yeux ambrés sur Idrielle et de demander :

° Est-ce qu'elle va mourir ? °

Passant la main dans son pelage, Nath l'avait rassuré :

° Non, je vais la guérir. Elle ira très vite mieux, tu verras.°

Enfin, il l'espèrait...Il attendit la coopération de la jeune femme pour agir. Néanmoins, si elle n'était pas prompte, il devrait oublier ses bonnes manières, et lui retirer lui même son vêtement...

Idrielle avait à pei,e heurté Nathaniel qu'il l'avait rassuré et passé ses bras autour de sa taille. En temps normal , Idrielle l'aurait sans doute repoussé et l'aurait peut-être même gifflé , mais là , c'était différent. La jeune femme était sur le point de s'évanouir. Elle jura intérieurement. Ce n'était que quelques côtes fêlées , peut-être cassées , pas la peine de s'évanouir pour si peu ! Ce n'était pas non plus la peine pour saigner autant ! Ce que son esprit criait haut et fort , son corps ne l'acceptait. Si bien Qu'Idrielle sentit de nouveau le sang emplir sa gorge. Elle crachota doucement , avalant du même coup une pleine gorgée de sang. Alors qu'elle luttait pour rester debout , elle se retrouva allongée. Elle se demanda d'abord si elle était tombée , mais non. Nathaniel l'avait délicatement allongée au sol.

Quelques secondes plus tard , il lui demandait gentiment si il pouvait lui retirer sa tunique. Elle avait haussé un sourcil le regardant avec interrogation. Et puis quoi encore ? Pourquoi pas la déshabiller entièrement tant qu'il y était ? Quoi qu'en même temps , elle saignait. Mais ne pouvait-il pas juste soulever sa tunique ? Evidemment que non. S'était-elle trompée ? Etait-il juste un homme comme les autres ? Elle jura à voix basse. Dire oui on non ? Elle hésitait. Elle toussota encore un peu. Elle le regarda droit dans les yeux , une pointe de colère dans le regard.

- Vas-y... Mais si tu ose regarder quoi que ce soit d'autre que...que ce que tu dois voir... Je t'arrache les yeux !

Elle le fusilla encore un peu du regard. Il n'avait vraiment pas intérêt à regarder ce qu'il ne devait pas regarder. Bon sang ! Idrielle n'avait jamais eut aussi honte de toute sa courte vie. La situation était vraiment , vraiment embarassante. La jeune femme sentit une rougeur enflalmmer ses joues. En cet instant , elle aurait préféré être morte. Se sentant stupide , elle détourna la tête et ne tarda pas à sombrer dans l'inconscience.

La blessure était peut-être plus grave qu'il n'y paraîssait : A chaques fois qu'elle toussait, Idrielle recrachait du sang, ce qui avait le don d'angoisser Nathaniel.
La réaction qu'avait eu la demoiselle lorsqu'il lui avait demandé l'autorisation de lui retirer son haut l'avait intriguée :
Pourquoi cet excès de colère tout à coup ?
Il fallait avouer que la situation était plutôt gênante, mais après tout, c'était pour son bien...
Il avait pourtant obtenu le droit de la soigner, mais avait interdiction formelle de regarder autre chose que son ventre, sous peine d'y laisser ses yeux.
Gloups...

Se voulant rassurant, il avait murmuré, sincère :

- Sois tranquille, je ne regarderais rien d'autre, juré...

Quelques instants plus tard, la jeune femme avait perdu connaîssance...
Soulevant doucement le haut de sa tunique, Nath la lui avait ôté, avant d'examiner sa blessure ( et rien d'autre ! )
Fort heureusement, elle n'était pas mortelle, seulement quelques côtes cassées.
Après avoir stoppé l'hémorragie, et nettoyé la peau là où elle était déchirée, le jeune homme avait étalé une bonne couche d'un beaume très parfumé sur la plaie, bénissant sa prévoyance :
Seul, et s'il n'en avait pas eu sur lui, il aurait été incapable d'en concocter un...
Une fois la substance pâteuse étalée donc, il avait bandé la blessure, sans trop serrer histoire de ne pas compresser les os brisés. ( Et sans rien regarder d'autre )

A présent, il ne restait qu'à attendre qu'elle se réveille, si possible en meilleure santé...
Installé sur sa propre couverture, Nath avait relevé son pantalon pour constater les dégâts que la dague de son agresseur avait fait...
La lame l'avait entaillé en bas de la cuisse, n'évitant son genoux que par un heureux hasard.
Une fois propre et pansé, il avait songé à leurs futurs déplacements : Comment feraient-ils, lui qui marchait avec peine, et elle qui ne pourrait plus monter son cheval pour un petit moment ?
C'est alors qu'il avait eu une idée, qui paraîssait irréalisable au vu des circonstances :
Utiliser le savoir que lui avait transmit son père d'adoption...

Il s'agissait pour cela de construire une sorte de brancard à atteler au cheval de la demoiselle.
Mais encore fallait-il que l'animal soit consentant !
Pour l'heure, ce n'était pas le problème majeur :
Comment se déplacer en préservant sa jambe blessée ?
Avisant une branche solide, longue d'environ la moitié de sa taille, Nathaniel s'y était appuyé, s'en servant comme d'une béquille.
Aidé par Lagoon, à qui il avait brièvement expliqué ce qu'il voulait, il avait rassemblé d'autres branches, plus grosses cette fois.
Les deux plus longues seraient fixées sur l'encolure de l'étalon, tandis que les autres seraient disposées en travers, afin de former une surface sur laquelle Idrielle pourrait s'allonger, ou même s'assoir.

Une demie-heure environ plus tard, la construction était terminée. L'humain disposa encore un amas de feuilles sur la partie qui reçevrait sa compagne de route, afin que cela soit plus confortable.
Satisfait de lui même, il allait tenter de faire accepter ce nouvel équipement au cheval noir, quand sa cavalière s'était mise à remuer faiblement.
Regagnant son chevet, Nath avait attendu qu'elle émerge totalement, avant de lui parler...
En espèrant qu'elle se portait un peu mieux...

Idrielle s'était relevée, faisant du même coup glisser la couverture que Nathaniel avait disposé sur son corps quelques longues minutes plus tôt, et dévoilant son agréable poitrine.
Ni une ni deux, le jeune homme avait détourné le regard, se disant que cette fois, il était vraiment un homme mort.
La blessée allait sans doutes lui arracher les cheveux un à un, l'écarteler, le pendre, que sais-je encore, peut-être même le castrer, et comme promis, lui retirer les yeux !
Heureusement pour lui, elle semblait plus gênée qu'en colère.
D'ailleurs, elle avait assuré qu'elle ne mettrait pas sa menace à exécution.
Pfiouuu !

Légèrement rougeâtre, mais soulagé par la réaction de son interlocutrice, il avait attendu qu'elle se recouvre avant de la regarder de nouveau.
Lui même avait remit sa chemise, en vue d'un départ proche.
Il écouta ses remerciements, avant de répondre :

- Qui ne t'aurait pas aidé ? Enfin, l'important, c'est que tu ailles mieux...

Nath avait ensuite aidé la demoiselle à se remettre sur ses jambes, avant qu'elle n'avise son brancard de fortune...et refuse de s'y installer.
En l'entendant affirmer qu'elle ne l'utiliserait pas, il avait sourit. Il ne se moquait pas, mais savait que la jeune femme serait bien incapable de se hisser sur la selle de son compagnon dans son état actuel, et que même si elle y parvenait, elle ne tiendrait pas plus d'un kilomètre ou deux avant de craquer...
Patient, il avait répondu, aussi têtu qu'elle :

- Et toi, est-ce que tu sais qu'il est hors de question que je te laisse risquer d'aggraver ton état ?

Sur ce, il s'était approché de Lullaby, qui s'était légérement cabré à son approche, avant d'entreprendre d'installer sa construction sur son encolure.
Après quelques efforts, il y était parvenu.
Ainsi arnaché, sans être gêné toutefois, la monture pourrait transporter sa maîtresse sans danger, et avec un confort relatif.
Enfin, quand elle se serait résignée !
Libre à elle de tenter de chevaucher. Je dis bien tenter...
Regagnant l'endroit où ils avaient laissé leurs affaires, il remballa le tout, avant de mettre celles de la demoiselle sur la croupe de sa monture.
Attendant le dernier moment pour charger son sac, il avait attendu une réaction de cette dernière.

Se doutant qu'elle ne céderait pas facilement, il avait imaginé une astuce...
Il adressa quelques mots à Hime :

° Ninya onóro, resta in ana himba! °

Aussitôt, le louveteau avait agité la queue, avant de s'avançer jusqu'à Idrielle. Après lui avoir fait les yeux doux, il avait saisit le bas de son pantalon avec ses crocs, et avait entreprit de l'entraîner jusqu'au brancard, en gémissant à vous en fendre l'âme...
Avec une telle méthode, il était fort improbable que la jeune femme reste sur sa position première...

Idrielle avait écouté Nathaniel lui dire qu'il ne la laisserait pas aggraver son état. Pâle et stupéfaite , elle était restée figée un moment avant de se tourner vers le brancard d'un air résigné lorsque le louveteau avait commencé à la tirer doucement vers le brancard en poussant des gémissements qui attentrirent Idrielle. Elle jeta un regard coopératif à Nathaniel , puis elle se laissa entrainer par le loup. Elle jeta un coup d'oeil suspect au brancard , se demanda si elle ne pouvait pas le mettre hors d'état d'un coup de pied. Non... Solide , la bête. Soupirant bruyamment , elle s'y assit , bientôt rejoint par le petit louveteau , tout joyeux et tout content de l'avoir convaincue. Elle le caressa entre les oreilles.

- Tu me le paiera , boule de poils...

Elle reposa ses yeux émeraude sur Nathaniel , qui semblait se demander comment il voyagerait. Idrielle leva les yeux au ciel. Et Lullaby alors ? Il servait de décoration ? Avec lassitude , elle dit à Nathaniel de monter son cheval. Ce dernier haussa un sourcil avec un air peu convaincu. Sa confiance envers l'animal était loin d'être gagné...

- N'aie pas peur... Il sera conciliant. Il m'obéit au doigt et à l'oeil !

Cela dit , elle adressa quelques mots au cheval , qui après avoir renaclé s'était presque couché , pliant les pattes avant. Nathaniel la regarda avec un air surprit. Idrielle lui fit un grand sourire , lui tendant la main pour prendre son sac. Il lui tendit. Idrielle effleura ses doigts de nouveau. Mais cette fois , reflexe qu'elle jugea par la suite d'une stupidité monumentalz , elle retint sa main une minute qui sembla durer des heures. Etrange ? Peut-être pas. Lorsqu'elle dessera cette étreinte involontaire , le jeune homme mit un certain temps à retirer ses doigts. Idrielle ravala sa salive avec difficulté , se forçant à porter son attention sur le louveteau. Tiens , d'ailleurs , elle ne connaissait pas son petit nom...

- Alors , boule de poils ? Quel est ton nom ?

Evidemment , elle n'attendait pas de réponse. Elle se concentrait juste sur autre chose que sur le jeune homme toujours planté devant elle...

Idrielle avait fini par se résigner, vaincue. Triomphant, le jeune homme avait sourit de plus belle, jettant un regard complice au louveteau, qui très fier de lui, avait prit place aux côtés de la belle humaine.

° Nangwë ! °

Ravi, le petit animal léchait la main de celle qui le caressait derrière les oreilles en agitant la queue.
Nathaniel quand à lui, se demandait comment il allait voyager : Marcher pendant plusieurs heures lui serait impossible avec sa blessure, et il ne pouvait pas s'installer aux côtés de son interlocutrice.
Qui donc dirigerait le cheval sinon ?
Restait une seule solution : Chevaucher Lullaby...
Ce à quoi sa cavalière l'encouragea.
Peu convaincu, il avait levé un sourcil.

Non pas qu'il ne savait pas monter, loin de là puisqu'il était plutôt doué dans ce domaine, mais les herbivores avaient souvent des réactions étranges en sa présence.
Un loup sur le dos d'un cheval, paradoxal n'est-ce pas ?
Pourtant, la bête semblait concilliante.
Ayant plié ses pattes, afin de se mettre à sa hauteur, elle attendait que son nouveau cavalier ne prenne place sur son dos.
Convaincu, il avait récupéré son sac, qu'il avait tendu à la demoiselle.
Et le temps s'était une nouvelle fois arrêté :
Elle semblait ne plus vouloir lâcher sa main...

Le contact était agréable :
La peau de la jeune femme était douce, celle de l'homme chaude, de par sa température anormalement élevée.
Quand Idrielle relâcha son étreinte, Nath mit un temps avant de retirer des doigts d'entre les siens, pour une raison qui lui échappait.
Finalement, la situation se débloqua.
Une fois son sac posé sur le brancard, il se hissa sur le cheval, tandis que sa vis à vis demandait son nom à son compagnon canin.

Une fois que le cheval se fut redressé, le jeune homme le talonna doucement, et l'étrange caravane se mit en route.
Après quelques instants de marche assez lente, il s'était retourné, et avait répondu à la question que son ami n'avait pas comprit :

- Il s'appelle Hime.

Lançant le cheval au petit trot, s'étant assuré que cela n'était pas douleureux pour sa passagère, il avait entamé la descente de la falaise, prudent, suivit de près par Lagoon qui trottait aux côtés de l'herbivore...