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| [Chasses] Quand la plèbe ripaille... | |
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Auteur | Message |
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Fjama
Ancien
Nombre de messages : 1893 Âge : 41 Date d'inscription : 02/02/2011
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 20 ans d'apparence (65 ans environ) Taille : Niveau Magique : Maître.
| Sujet: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Mar 29 Mar 2011 - 16:43 | |
| Ainsi donc... c'était ça de voyager avec un noble et toute sa suite. La cohorte serait composée de gueux qu'on appellerait ça un "joyeux bordel", mais vu que c'était un rassemblement autour d'un noble, on nommait cela "le cortège comtal". Au milieu des servantes et des gens d'armes, Fjama riait. Les habitudes ne détonaient pas par rapport à ses souvenirs avec sa coterie de saltimbanques. Les arrêts fréquents selon les caprices du comte étaient synonymes de nouveaux jeux pour l'arrière de sa suite et de paris sur le nombre d'arrêts avant d'arriver en vue du Manoir de la châtelaine de Sinlieh. Bras dessus-dessous avec Huguette, une jeune domestique du comte - sans doute déjà honorée par ses ardeurs - Fjama chantait et esquissait des pas de danse aux sons des fifres et tambourins des quelques bardes les accompagnant. Le silence ne gagnait la suite que lorsque le faucon d'Aetius s'élançait sur une nouvelle proie.
Enfin arrivée à destination, le défilé des salutations commença. Fjama ne goûtait que peu aux mondanités échangées, aussi, elle se rendit utile en montant le campement avec les autres gens de basses exactions. Un peu d'exercice après une marche lymphatique, voilà de quoi vous éveiller l'appétit ! Par un enchainement flou de circonstances malhabiles, la danseuse se retrouva attablée en cuisine en face d'un jeune homme taciturne.
Enfin, elle doutait de l'apparente jeunesse du sieur. Son sang se mêlait assurément avec celui d'un membre du Beau-Peuple. Ses traits acérés rivalisaient avec la finesse d'une musculature sèche et entrainée. Si Fjama était un coucher de soleil flamboyant, il était un ciel sombre et orageux. Pour elle-même, elle remarqua que leurs métissages se contredisaient : De son sang sombre, Fjama resplendissait de couleurs bigarrées, tandis que le sieur tirait obscurité de sa brillante ascendance. Esquissant un sourire, elle le dévisagea avec la franchise permise entre deux gens de mêmes conditions.
En effervescence, les cuisines s'agitaient des va-et-vient des domestiques portant les lourds plateaux de victuailles pour le "Grand Monde". Vaguement goguenarde, la demie observait la ronde et les quelques jurons échappant aux servantes avant leur entrée en scène. "La Farce" devait battre son plein, à en croire les rumeurs parvenant jusqu'aux relégués à une table moindre par manque de noble hérédité. Adepte des comédies tragiques, la danseuse songea à l'hilarité de la situation s'il s'avérait que le pouvoir de leurs géniteurs s'élevait dans des sphères que n'atteindraient jamais les paresseux convives. Une gironde serveuse leur servit vin et repas d'un air gêné de les savoir ici alors que la fête battait son plein. Souriante, elle s'acquitta de sa tâche. Alors un incident dut survenir dans la grande salle, car elle maugréa et s'en alla quérir des nouvelles auprès de ses collègues. Tirée de ses fantasmes adolescents de grandeur, Fjama reposa son regard miel et feu sur son vis-à-vis.
- Vous êtes le maître d'arme du Comte de Scylla, n'est-ce pas ? Nous nous sommes croisés dans les couloirs du château, mais nous n'avons pas eu la chance d'être présentés. Je suis Fjama. Enchantée.
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| | | Chadden Charis
Ancien
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| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Mar 29 Mar 2011 - 19:10 | |
| ~ Brana Keterna - Sciarazzula ~ Point de sourires compassés ici, que de vie ! De bruit et de chahut ! De rumeurs et d'effervescence !
Il en fallait de la petite main pour préparer, assaisonner, orner, servir, débarrasser, courir ici et là au bon vouloir de ces Messers et Dames. Les sabots claquaient sur le sol avec un bruit de clave ou de bois creux, une petite pluie martelante agrémentée du frou-frou des tissus affolés. Les servantes, châle aux cheveux, s'activaient en gonflant les joues. Les maîtres de cuisine faisaient sonner leurs cuivres. De la marmaille chipait quelques miches de pain ou se barbouillait de farine en hurlant de rire, avant qu'une taloche ne les rappelle à l'ordre. Même les tables où les "invités de moindre marque" étaient censés s'attabler croulaient sur les plats apportés, rapportés, de ces Gens du Grand Monde. On entreposait la victuaille où on le pouvait, n'est-ce pas ! Et ce n'était pas pour déplaire à l'un ou l'autre des valets qui, de temps en temps, d'un geste vif, s'en allait chiper quelque bon morceau dont il ferait bombance au lieu des habituels reliefs.
Eh ! Il ne serait pas dit que la petite gent allait laisser la fête battre son plein sans en profiter à sa manière.
Ce ballet d'allées et venues, d'ordres et de jurons, parfois agrémentés d'un sourire ou d'un rire ténu étouffé sous l'empressement - comme celui de cette ravissante jeune servante, celle qui l'avait copieusement servi en garnissant sa gamelle - ce spectacle humain ravissait les sens du bâtard. Moins fermé que d'ordinaire, il se plaisait à observer, aider parfois, chiper un gras de viande quand il le pouvait - dans les plats autorisés à la rapine, suivant le code étrange du peuple des cuisines. Apaisant son estomac qui en avait grand besoin, Chadden ne se lassait pas du reste.
L'envers de la Farce. Les coulisses du Grand Monde. Son univers à lui, au sein duquel il retrouvait un peu de détente, de confiance et de tranquillité d'esprit.
On s'apprêtait à mener en salle les seconds plats. Ayant la primeur des mets, le bâtard garnit une fois de plus sa gamelle, redressa une pile de bocks sur le point de s'effondrer sur le sol déjà plus ou moins jonché de débris, avant de se rassoir à "sa place", entre deux corbeilles à viande. Distraitement, l'oeil perçut alors un changement de teinte face à lui. Quelque chose qui jurait fortement avec le gris souris, le blanc cassé et le brun terreau arborés d'ordinaire par la valetaille. Quelque chose de fichtrement sanglant, en fin de compte. Titillé par cette aberration chromatique, Chadden releva alors la tête de son repas et dévisagea crûment l'étrange créature qui lui faisait face.
A l'oeil curieux et gouailleur de cette dernière, le bâtard répondit par sa neutralité habituelle. Elle devait se repaître de sa vue depuis un moment, déjà : il crut noter une nuance d'amusement dans la manière avec laquelle ses lèvres se retroussaient. Au demeurant, elle était belle, cette femme. Une beauté étrange, étrangère. Dans l'exubérance des couleurs ou la rondeur scandaleuse des formes, jusqu'à l'allure assurée - peut-être même un brin prédatrice - que venaient soutenir de jeunes muscles entretenus sous la peau ferme. Chadden cilla, deux trois fois puis, sans se départir de sa morgue fauve, roula d'une épaule avant de croquer généreusement dans un os pour en aspirer le précieux jus.
- Hm-hm, fut sa réponse aux propos de la métisse. L'oeil gris alternait entre gamelle et femelle, hésitant à s'arrêter, comme s'il ne savait lequel des deux lui assurerait un meilleur rassasiement. Chad. Chadden. Crac, fit un autre os sous la pression d'une canine vindicative. Me rappelle pas vous avoir croisée. Devais avoir la tête ailleurs, m'en serais souvenu sinon. »
Des éclats de voix venaient titiller l'ouïe sensible du bâtard, qui tiquait de temps à autre vers la grand'salle alors que sa curiosité allait croissant. Peut-être y aurait-il quelque rixe chez les Sangs-Bleus ? La perspective d'une échauffourée, pour une raison obscure, le ravissait. Il se fendit d'un sourire et, attrapant sa gamelle, se redressa pour s'assoir sur le coin de table - laissant le banc libre à une ribambelle de petites servantes aux mains pleines de soupières et de tissus dont, paniquées, elles ne trouvaient plus que faire.
- Eh, émit le bâtard après quelques secondes en se tournant de nouveau vers la brune étrangère. Je devrais sûrement vous demander ce que vous faites dans le sillage du Comte et autres broutilles, mais je crois que ce soir, je m'en moque éperdument. »
Et, saisissant au passage un pichet de vin à moitié vide, il le leva haut, en salut, vers la grand'salle invisible - d'un geste assez véhément pour que quelques gouttes carmines vinssent à s'échouer sur ses phalanges.
- C'est fête, après tout, aye. Alors autant en profiter ! » |
| | | Fjama
Ancien
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| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Mer 30 Mar 2011 - 22:04 | |
| Les plats s'étalaient sur leur table. Un délicieux vin rouge de caractère, légèrement tannique sublimait les subtiles nuances de saveurs des mets riches. Hélas, le palais délicat de la demie refusait d'admettre le goûteux des plats par manque de piquant. Renverser les condiments sur son plat aurait froissé l'orgueil du maître-queux. Aussi, Fjama se rabattit de bonne grâce sur l'alcool.
- Eh, je devrais sûrement vous demander ce que vous faites dans le sillage du Comte et autres broutilles, mais je crois que ce soir, je m'en moque éperdument - Tant mieux ! De toute manière, vous vous en ferez assez vite idée !
Pour faire bonne mesure au toast porté à la Grande Salle, elle empoigna à son tour la cruche à laquelle elle se servait poliment jusqu'à lors pour en avaler une large gorgée.
- C'est fête, après tout, aye. Alors autant en profiter ! - Entièrement d'accord ! Mais par les Cinq, cesse de gâcher une si bonne cuvée en t'en foutant partout !
Elle esquissa un sourire taquin. Pas de raison de le vouvoyer, ils étaient parmi les leurs, autant s'extirper des convenances appréciées par la noblesse. Lorgnant vers la salle de la noblesse, elle sirota quelques gouttes supplémentaires du rouge nectar. La chorégraphie des serveuses commençait à l'ennuyer. L'estomac plein, le temps était venu de repartir vers des terrains connus.
- D'ailleurs, je ne sais pas pour toi, mais je pense qu'on a rien à faire là ! On ferait mieux de rejoindre ceux qui savent s'amuser. De toute manière, personne ne nous permettra de rentrer dans l'Grand Monde ce soir.
Se redressant sur ses pieds, le pichet à la main, elle subtilisa une autre bouteille pour l'enfouir entre ses jupes. A part Chadden, personne ne remarqua le geste : les domestiques étaient bien trop occupés à courir dans tous les sens pour servir aux mieux les nobles et se plier à leurs caprices. Bien décidée à faire plus ample connaissance avec le bretteur, elle imagina un plan machiavélique, enfin... Se plaçant devant le métisse, elle esquissa un début de révérence un brin moqueuse, non pas envers le jeune demi mais plutôt envers les sang-bleus voisins.
- Si mon Orageux Seigneur désire bien évidemment m'accompagner dans le campement de la suite comtale, pour partager vin, chants et danses avec le reste de la maisonnée.
Sans attendre sa réponse, elle remercia alors les cuisines pour le repas d'une nouvelle révérence et d'un grand sourire. Elle échappa à la tiédeur des cuisines pour la fraicheur vivifiante d'une nuit automnale. D'un pas sautillant, elle mena le maitre d'arme jusqu'au campement des gens de l'Ivrey. Au milieu des tentes blanches et bleues, des fanions des gardes, se dressait un feu joyeux. Quelques personnes dansaient en riant sur la musique des fifres et tambourins. Des petits groupes s'étaient formés ça et là. La cacophonie d'esclaffements et discussions enlevées formait la trame sonore et festive d'un genre bien différent. Loin des jeux de façades et faux-semblants, la liesse emportait déjà quelques raisons dans ses vapeurs alcoolisées. Une farandole serpentait de groupe en groupe, jusqu'à kidnapper certains réfractaires pour les emmener dans son sillage. Les jongleurs enflammaient leurs outils pour quelque spectacle enjôleur et un brin mystique. Plus loin s'élevaient des chants plus ou moins recommandables. Les militaires se disputaient le privilège de faire virevolter les plus charmantes domestiques du Comte ou tentaient de gagner leurs faveurs nocturnes à force de compliments et de baisers volés.
Agrippant naturellement la main de Chadden, elle le tira, sans lui laisser le choix, vers l'une des assemblée et lui présenta les convives : Une mignonnette brune et rougissante - cette brave Huguette -, un jeune garde - le polisson Bettolin -, deux gardes plus âgés - Francis et Ducanal - et une gironde cuisinière - Angélique - qui fourra dans les mains des arrivants une choppe mousseuse. Dégustant le breuvage, Fjama apprécia d'un regard les réjouissances amorcées. Déjà elle dodelinait du chef et frappait le sol de la pointe des pieds en cadence. Elle se retourna ensuite vers le sang-mêlé. Avec un entrain enfantin, elle lui proposa deux solutions pour leur amusement. L'idée qu'il désirait être seul ne lui effleura même pas l'esprit. Les jours de fête, on partage tout pour se sortir enfin du morne quotidien.
- Tu préfères profiter des danses ou de la boisson dans un premier temps ? Que je ne t'abandonne pas misérablement à des inconnus. Je serais bien mauvaise hôtesse si je manquais à mon devoir de te distraire ! |
| | | Chadden Charis
Ancien
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| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Ven 1 Avr 2011 - 17:58 | |
| ~ The Moon and the Nightspirit - Hétvilág ~ Il fallait convenir que l'étrange créature alliait à d'alléchants appâts une verve appréciable et une certaine vivacité d'esprit. Agréablement surpris de n'avoir pas à subir les gloussements stupides d'une catin supplémentaire - espèce pour le moins florissante en coulisses de ce genre de fêtes - Chadden reçut le tutoiement, comme les autres marques de complicité, avec reconnaissance. L'esprit de cour déteignait décidément de trop sur lui pour qu'il en vienne spontanément à vouvoyer ce qui n'était, après tout, qu'une femme du peuple, une égale par le sang.
Egale par le sang. Sans saisir tout à fait l'ironie de cette remarque mentale, Chadden haussa un sourcil et, s'interrogeant, parcourut avec un peu plus d'attention les traits de la danseuse. Peau bien brune, silhouette plus que bien tournée... Il n'eut pas le loisir de poursuivre plus avant son inspection que déjà, entraînante, son interlocutrice l'invitait gaillardement à se joindre à d'autres agapes.
La perspective du grand air réjouissait par avance l'esprit sauvage du jeune bâtard. Jetant quelques regards aigus autour de lui, il s'empara de l'un des linges abandonnés plus tôt par la nuée de servantes sur le banc d'à côté et, à petits gestes furtifs, chipa d'un plat sur l'autre quelques morceaux appétissants, des venaisons jusqu'aux tourtes qui lui brûlaient les doigts. Enfin, empaquetant prestement son butin, le sang-mêlé se hâta d'emboîter le pas à son hôte avant qu'un marmiton par trop zélé ne remarquât le larcin tout juste perpétré.
Et dehors, le grand air, enfin ! Après la moiteur étouffante des cuisines, la nuit offrit à la peau des deux compères une gifle aussi glaciale que bienvenue. A chaque foulée qui l'éloignait des rumeurs d'entre-murs et des fantômes de la Grand'Salle, le bâtard se sentait revivre. Pour un peu, il en aurait totalement oublié les vagues soupçons entretenus au sujet de l'étrange danseuse. En fait d'oubli, son esprit se contenta de les écarter pour le moment ; et ce fut d'un remerciement muet que les iris grisés se fendirent à l'attention de la grande créature.
Fifres et flutiaux résonnaient comme des cris de pinson par-dessus le brouhaha qui agitait le campement. Rires gras, chants paillards et autres éclats de voix ivres échauffaient la nuit. On frappait des tambourins, des claves, des rondins de bois, et n'importe quoi qui puisse faire l'affaire pour égayer la fête de rythmes plus ou moins maîtrisés. On sentait alentours ce relâchement franc et absolu typique de ces hères qui n'ont pas le luxe de s'amuser tous les jours - et qui en profitent désespérément lorsque l'occasion leur en est donnée, quitte à susciter moult débordements.
Gagnée par la liesse, la danseuse sautillait. Elle se saisit finalement du poignet du sang-mêlé et le tira familièrement en avant. Chadden se prêta de bonne grâce au jeu des présentations, quoique avec un peu de cette réserve qui lui était naturelle ; et lorsque le moment en fut venu, il distribua ça et là le fruit de ses rapines perpétrées dans les cuisines un peu plus tôt. Guettant, intrigué, les franches embrassades que s'échangeaient les gardes Ducanal et Francis - qu'une singulière camaraderie semblait unir au-delà de toute convenance - le bâtard se laissa aller à observer les éclats de la fête, des silhouettes secouées dans la danse jusqu'aux costumes colorés et rapiécés des saltimbanques.
- Tu préfères profiter des danses ou de la boisson dans un premier temps ? Que je ne t'abandonne pas misérablement à des inconnus. Je serais bien mauvaise hôtesse si je manquais à mon devoir de te distraire ! » lança alors la danseuse avec bonne humeur, que la musique faisait déjà frémir de la tête aux pieds.
Pour première réponse, amusé, Chadden leva sa chope.
- Eh, chaque chose en son temps. Ne peux-tu attendre de savourer ça avant de te secouer les entrailles ? Si généreusement offert, ce serait gâchis. »
Et il coula un regard entendu vers Angélique, laquelle, jupons relevés, s'évertuait à courser deux jeunes suivantes un peu trop entêtées par l'alcool.
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| | | Fjama
Ancien
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| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Sam 2 Avr 2011 - 18:48 | |
| Deux péronnelles aux joues rouges de bonheur et d'alcool couraient à travers le campement. Poursuivies par une Angélique en forme, elles bousculaient régulièrement certains convives qui levaient vers elles un poing vengeur avant d'éclater de rire à leur tour. Elles passaient sous les bras levés de la farandole, louvoyaient entre les quelques fûts de bières bon marché jusqu'à un obstacle ! Les deux gardes, Francis et Ducanal, s'érigeaient en barrière à leur fuite échevelée. Les sourires s'étalaient moqueurs sur les faces tannées des anciens marins. Soulevant les fuyards comme de fétus de paille, ils les jetèrent sur leur épaule tels des sacs à de vivre. Une claque ou deux sur les fessiers rebondies, une Angélique hilare, leurs pieds regagnèrent sol piteusement. Après les remontrances de la matrone, les petites domestiques dardaient un regard faussement courroucé sur les grands gaillards. D'un baiser volé, la paix fut faite et les quatre convives succombèrent à la tentante débauche en pénétrant plus profondément dans les bois. Mieux valait fermer les yeux sur les différentes possibilités qu'offraient une réunion de quatre convives éméchées et épris les uns des autres !
Après un rire, Fjama quitta la scènette pittoresque des yeux pour s'intéresser à nouveau à Chadden. En tapotant sa lèvre, elle fit mine de réfléchir à l'idée du demi.
- Mmh... Tu as raison ! D'autant plus que nous avons encore un met à de choix à savourer après la délicieuse offrande de notre cuisinière favorite ! Je rechigne cependant à partager ce breuvage à plus de deux.
Tirant la bouteille précédemment subtilisée de sa cachette, elle posa un doigt sur ses lèvres et s'écarta légèrement des zones vives de la fête. Sans chichi, elle s'installa au sol en tailleur, les jupes soigneusement organisées pour ne dévoiler qu'une cheville fine et ornée d'un bracelet doré. Choppe et flacon de vin sirupeux sur l'étoffe écarlate, elle désigna d'un geste large et élégant une place de choix - sans racine ou caillou - au maitre d'arme, l'invitant à prendre place auprès d'elle.
- Fort heureusement, la bouteille a été débouchonnée pour permettre au vin de décanter. Sinon on aurait eu l'air malin sans tire-bouchon. J'espère que cela ne dérange pas mon bon seigneur de partager le goulot avec moi !
Sans perdre une minute, elle leva bien haut la bouteille et riva son regard à celui du métisse. Plus bas cependant, elle susurra.
- A nous, joyeux sang-mélés de la suite comtale ! |
| | | Chadden Charis
Ancien
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| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Dim 3 Avr 2011 - 8:19 | |
| ~ Daemonia Numphe - Satyricos Xoros ~ - Ah ! Oui » répondit Chadden avec un sourire accru lors de l'allusion glissée au sujet de la fameuse bouteille.
Finalement, cette escapade en Ysari s'annonçait sous de meilleurs auspices qu'à l'origine. Détendu par la fête qui battait son plein tout autour d'eux, par les rires et les chants qui, bien que potentiels déclencheurs de drames dans les campagnes lorsque la soirée serait plus avancée, l'emplissaient de chaleur bienvenue, Chadden retrouvait avec soulagement ses marques. Il n'y avait plus de masque ou d'attitude à respecter ici, il était l'égal de tous et de tout le monde. Ou presque.
Acquiesçant avec complicité au signe discret de son hôte, Chadden s'éloigna à son tour des turbulences de la troupe. Les tentes jetaient des ombres agacées par les grands feux qui accompagnaient de leurs danses sauvages farandoles et autres cabrioles éméchées. Sur le sol déjà piétiné par moult sabots, les silhouettes s'étiraient, gesticulaient avec un entrain qui avait, ici déformé par l'obscurité, quelque chose d'un peu inquiétant.
Las ! L'angoisse et l'inquiétude étaient loin d'accaparer l'esprit de nos deux compères à l'instant présent. Exhibant la bouteille précédemment décachetée, la danseuse appelait à de nouvelles réjouissances en invitant familièrement Chadden à s'installer, comme elle, à même le sol.
- J'espère que cela ne dérange pas mon bon seigneur de partager le goulot avec moi ! glissait-elle, malicieuse. - Pas seigneur, gronda Chadden. Je n'ai pas plus de titre que toi ou qu'Angélique. Si tu m'appelles Chad, ça me suffit. »
Mais sa mince protestation fut vite mise à mal par la bonne humeur communicative de la danseuse. Echouant au sol à son tour, il salua d'un rire léger la bouteille brandie d'elle à lui. L'alcool dégageait déjà, prometteur, ses alléchantes effluves. Ce serait là, à n'en pas douter, sa meilleure soirée depuis bien longtemps.
- A nous, joyeux sang-mélés de la suite comtale ! »
Mais là, tout se brisa.
En un éclair lui revinrent les interrogations et les soupçons qui l'avaient précédemment pris lors de l'inspection du physique étrange de la dénommée Fjama. Et tout fut clair. Des souvenirs de sang et de violence s'empressèrent de se bousculer aux portes de son esprit.
Peur, colère, ardeur du combat. Le spectre de la race redoutée, de la race honnie.
D'une détente souple et surprenante de vivacité, Chadden bondit. Sa main s'en alla à sa ceinture, y tira le traditionnel couteau de chasse à lame épaisse qui s'y trouvait toujours glissé. L'autre se tendit tandis que le corps, véloce et maîtrisé, basculait. A moins que la danseuse n'eusse des réflexes supérieurs aux siens, il fut sur elle le temps d'un battement de cil : genou en travers du ventre pour la tenir à sa merci, une main fermée au cou, la seconde, armée et menaçante, pointant fer vers le coeur.
L'aménité et la chaleur n'étaient déjà plus que de lointains souvenirs. L'instinct venait de s'imposer sur un sursaut, balayant l'agréable convive pour laisser toute latitude au combattant, au maître d'armes. Et si le visage de celui-ci demeurait lisse et fermé, si son silence ne faisait aucune place à la colère ou à la haine, sa main, en revanche, ne tremblait guère.
Que la danseuse se hâte d'apaiser la tension ou de dissiper le malentendu ; car il n'était pas de ceux qui hésitent avant de frapper. |
| | | Fjama
Ancien
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| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Dim 3 Avr 2011 - 19:48 | |
| Alors qu'elle s'apprêtait à prendre une première gorgée du délicieux breuvage, la bouteille voleta hors de son étreinte. Brutalement allongée sur le sol, surprise, elle ne calcula pas directement ce qui venait de se dérouler sous ses yeux. Plusieurs fois, elle cligna des yeux, dévisageant son assaillant. Par réflexe, elle tenta d'abord de se dégager, ruant sous son adversaire, un grondement au fond de la gorge. L'étau de la prise se resserrait alors que la lame pointait sa poitrine. Alors, elle se détendit complétement, apeurée. Le regard fouillait les environs, cherchant un échappatoire.
De loin, le reste du campement indifférent aurait pu croire à un couple amoureux sur le point de s'embrasser alangui par l'alcool. Les tambours résonnaient, martelant un rythme proche de celui de son cœur. Elle n'aurait pas d'aide extérieure. "Comme d'habitude" pensa-elle. Aussi elle soupira légèrement. Puis, elle souffla :
- Je ne suis pas du coté des sombres... pas plus que du coté des hommes. Leurs querelles ne m'intéressent pas. L'un comme l'autre, je serais un jouet entre leurs mains. Penses-tu alors que je sois là pour te tuer ou tuer ton seigneur ? Qui plus est... il est déjà au courant de mes .. origines. Je pensais qu'un sang-mêlé serait moins prompt à juger. Mais au vu de la réaction, tu es aussi imbécile que les autres. Lâche-moi à présent.
Malgré la colère, le sentiment qui perçait le plus à travers les paroles de la métisse était la lassitude, la déception. Le ton mesuré, la respiration plus assurée après accélération dû à l'étonnement, elle ne le lâchait à présent plus des yeux oscillant de l'ambre à une teinte sanglante.
- Lâche-moi s'il te plait. Je ne supporte qu'on me touche... je ne voudrais pas te faire de mal malgré moi. J'ai de la peine à me contrôler quand un homme s'allonge sur moi sans mon accord. Alors je t'en prie... lâche-moi. Tu peux bien me menacer de ta lame si cela te rassure, mais bouge-toi de moi rapidement. Je ne voudrais pas te blesser. Tu ne m'as rien fait.
Elle suppliait oui. Visiblement, elle luttait contre elle-même. Elle ne lui cherchait réellement pas querelle. Elle referma les poings, lacérait sa propre chair. Sous le maitre d'arme, le corps se tendait irrésistiblement et dégageait une chaleur dérangeante. Fjama ferma les yeux. Calmer le lent flux de rage lui demandait de plus en plus de concentration. Elle s'efforçait pourtant d'éloigner la tentation, l'envie également, de faire naitre des flammes sur celui qui osait ainsi la soumettre. |
| | | Chadden Charis
Ancien
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| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Mer 6 Avr 2011 - 18:08 | |
| ~ Garmarna - Halling Jaron ~ Loin, la liesse. Loin, les pulsations de la fête.
Les cris de joie entendus tantôt s'étaient mués en une espèce de brouillard sauvage que martelait, puissant et gourd, le battement de son propre coeur. Elle se débattit. Il serra. Les mains, les dents. Il fallait frapper, maintenant. Faire taire l'ennemi avant qu'elle n'appelle à l'aide. Abattre. Le couteau mordit dans l'étoffe, mais pas dans la chair. Pas encore.
Les efforts de la métisse semblèrent fondre soudain. Sa bouche s'anima, elle parla. Il entendit, mais de loin. De très loin. Il n'y avait que ces yeux, ces yeux-là, d'ambre et de sang, qui hésitaient d'une teinte à l'autre comme un voile agité sur la souillure de son ascendance - masquant, puis dévoilant parfois. D'autant plus, il se crispa. Se contracta. Plus que jamais, il sembla prêt à tuer celle qu'il tenait, pour l'instant, à sa merci.
Inspire. Contre l'instinct qui bouillonnait il fallut à Chadden beaucoup de sang-froid, et de mesure, jusqu'à pouvoir à nouveau se contrôler. Il cilla, dévisagea sa proie une nouvelle fois, tiqua. Puis, alors que la danseuse apparemment soumise rayonnait d'étrange manière, il finit par sentir la chaleur singulière qui grondait sous sa paume, sur le point d'être relâchée.
Je ne voudrais pas te blesser.
Une seconde passa dans l'immobilité la plus totale avant qu'il ne la libère d'un sursaut, lâchant brutalement son emprise et se ramassant sur lui-même, à moitié dressé, un genou en terre. L'oeil gris métal, dilaté, semblait ne pas vouloir cesser de la fixer, en revanche. Et sa main, rabattue comme la griffe d'une bête aux abois, frissonnait. De peur.
- Il sait ? » lâcha finalement le bâtard, le ton rauque et mal contenu.
En vérité, le sentiment d'Aetius à ce sujet précis ne lui importait pas vraiment. Ce n'était pas pour protéger son seigneur qu'il avait agi ainsi, mais bien pour se prémunir lui-même. Trop de mauvais souvenirs, trop de blessures, trop de temps passé sur les routes à craindre le sang qu'elle portait pour moitié dans ses veines. Laissez croire à un vagabond qu'il est en sécurité ; à la moindre alerte, paix et sérénité voleront en éclats.
Indifférente au petit drame qui était en train de se jouer, la fête battait son plein. Alas, le coeur de Chadden n'était plus, pour l'heure, à l'allégresse. Dévisageant son "ennemie" par en-dessous, il hésita sur la conduite à tenir. S'excuser, demander pardon ? Hors de question. Accuser, invectiver ? Non plus. Il était trop bien placé pour savoir qu'une ascendance bâtarde se subit plutôt que se choisit. Mal à l'aise, jouant machinalement du poignard entre ses doigts, le jeune sang-mêlé s'humecta les lèvres.
- Je... Un temps. Je devrais peut-être... Un coup d'oeil vers la bouteille échouée plus loin, sur le sol terreux. Je peux aller en chercher une autre. En réparation », ajouta-t-il enfin, presque malgré lui.
Tressaillant encore, il était comme l'un de ces animaux mal apprivoisés qui ont peine à reconnaître la main qui frappe et la main qui nourrit. Pour sûr, si elle acceptait son offre, il s'exécuterait. Mais de là à accepter de partager l'alcool avec la même insouciance qu'à l'origine, il y avait un pas que Chadden ne se sentait pas prêt à franchir. |
| | | Fjama
Ancien
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| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Jeu 7 Avr 2011 - 22:21 | |
| Dès qu'il la lâcha, elle recula contre l'arbre. Bien vite, un bras attrapa les genoux qu'elle ramena contre sa poitrine. Si la magie suintant des pores de Fjama avait terrorisé Chadden, son geste, lui, avait paniqué la métisse. Muet, chacun jaugeait l'autre telle une proie son prédateur.
- Il sait ? - Oui, il sait. Si d'ailleurs, tu pouvais éviter d'ameuter tout le monde en me dévisageant comme ça. Ça m'éviterait qu'on tente, encore, de m'étriper et de me jeter au feu...
Un temps de silence passa à nouveau. Relâchant ses jambes, la demie entreprit d'examiner ses paumes meurtries. Tranquillement, un doigt glissa sur les plaies. Avec la terre, les débris de végétations, le sang formait une sorte de petite bouillie infâme.
- Je... Je devrais peut-être... Je peux aller en chercher une autre. En réparation. - Non, ça n'est pas nécessaire. Et le temps d'aller en cuisine, tu trouveras une autre raison pour me sauter dessus et m'arracher la gorge avec les dents.
Elle évitait de le regarder pour le moment, les pensées perdues dans la contemplation de son propre œuvre. Elle se félicita intérieurement d'avoir réussi à se contenir pour une fois. En même temps, la situation aurait tourné au désastre si elle s'était laissée aller à cette colère-là. Après tout, Chadden officiait auprès du comte en temps que maitre d'arme. Sans doute, lui attribuait-il plus de valeur qu'à ses formes avenantes et leurs incartades coquines. Un nouveau soupir. Elle devait régler sa bêtise maintenant.
- On devrait régler le souci directement. Enfin toi, tu t'en tapes. T'as le sang des bons elfes. Mais comme tu devras me côtoyer de temps en temps... mieux vaut mettre à plat les griefs. On va donc dire que mon sombre sang s'excuse de t'avoir pris ta famille, ta femme, tes amis, ton chien, tes terres, ce que tu veux et qu'il ne recommencera pas. Même pas besoin de me punir, je le fais moi-même, regarde.
Elle leva les mains vers lui. Évidemment, l'ironie était évidente et elle ne cherchait même pas à masquer son agacement. Elle aurait préféré le rassurer sur ses intentions, mais à quoi bon ? Son ascendance sombre seule suffisait à le rendre soupçonneux. Elle ne s'excuserait pas indéfiniment pour les actes d'un peuple auquel elle n'appartenait pas. Finalement, elle en avait marre de courber la nuque pour des choses dont elle n'était aucunement responsable. Avec une moue enfantine, elle glissa un doigt dans le trou de son haut.
- De mon coté, je t'excuse d'avoir fait un trou dans ma chemise et d'avoir tenter de me tuer juste parce que ma mère a été assez cruche pour se faire violer, garder la vie grandissant en elle et l'élever. Tu penses que je devrais me suicider à cause de "sa terrible faute" ou ça ira, tu pourras accepter le fait que j'ai envie de vivre sans devenir un monstre comme mon géniteur ?
Elle expira longuement, fermant les yeux. La rage évacuée, elle posa son regard sur lui.
- Excuse-moi d'avoir voulu trinquer à cela. Je suis malheureusement monstrueusement naïve et pensais que tu n'agirais pas aussi promptement de fait de ton métissage. Enfin.. c'est plus de la stupidité que de la naïveté finalement. Je veux bien que tu m'apportes de l'eau, histoire de nettoyer ça. Après, promis, tu ne seras plus obligé de supporter ma terrible présence.
Elle agita encore une fois les mains sous son nez. Puis, elle s'appuya totalement à l'arbre, reportant son attention sur la fête. Le regard las traina sur la farandole enjouée. Une idiote, voilà ce qu'elle était. Une véritable crétine. Mais pourquoi fallait-il toujours qu'elle se mette dans des situations impossibles pour des lubies soudaines ? Fichue impétuosité. Maudit sentiment de sécurité né dans les bras d'Aetius. |
| | | Chadden Charis
Ancien
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| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Ven 8 Avr 2011 - 19:56 | |
| ~ WoW OST - The Land Will Weep ~ Pendant la longue diatribe de la sang-mêlée et ce, à plusieurs reprises, Chadden ouvrit la bouche pour prendre la parole - mais sans le faire. Les mots de la danseuse, ses reproches informulés, son ton las, enfin, achevèrent de le plonger dans la confusion la plus totale. Ennemie ! hurlait l'instinct, paniqué et hargneux. Mais le discours que tenait l'ennemie était si franc et si censé, et il s'y retrouvait tellement, que le jeune bâtard ne savait plus ni comment réagir ni que faire.
Quel imbécile ! Pouvait-il la blâmer d'être simplement née ? N'avait-il pas, lui-même, subi plus souvent qu'à son tour de pareilles injustices, et n'avait-il pas haï ses tourmenteurs pour cela ? Les bons elfes, disait-elle ; et pourtant, par sa non-présence, et pour avoir engrossé sa mère sur un caprice irresponsable, son père n'offrait pas une image des plus reluisantes, lui non plus. Ce grand inconnu qui s'était contenté de séduire une jolie paysanne, simplette de surcroît, et qui l'avait abandonnée - elle ainsi que sa progéniture à venir. Combien de fois y avait-il songé ? Combien de fois s'était-il juré de lui faire payer, à son fantôme de père, toutes ces années à espérer une présence et un soutien qu'il n'aurait jamais ?
Entre ses dents serrées, le bâtard jura. A mi-voix, pour lui-même. Contre lui-même, peut-être. Elle n'était pas fautive, soit. Elle ne lui avait rien fait. Mais elle portait en elle une part de sang maudit qui finirait par se réveiller un jour, comme cela se produisait toujours, soufflait l'instinct ; toutefois, que Fjama fût sincère ou que ses dons de persuasion fussent particulièrement efficaces sur l'esprit du jeune Chadden, de la honte ou de la méfiance, la bascule finit par pencher en faveur de la honte.
Ainsi, ce fut un Chadden penaud qui pinça les lèvres et baissa légèrement la tête, détournant le regard.
- Oui, lâcha-t-il après un long silence, se redressant lentement. Je vais chercher de l'eau. »
Son ombre se découpa bientôt sur le sol, déployée par l'ardeur des flammes qui continuaient de danser au milieu des convives. Le dos de Chadden roula, s'éloigna. D'un pas rapide, il s'en alla parmi les tentes dressées jusqu'à quérir ce que la sang-mêlée avait demandé.
Il revint assez vite, de fait, une petite gourde en main. Si tant fût que la danseuse ne lui eût pas faussé compagnie au lieu de l'attendre, il se rapprocha d'elle, le regard un peu plus ferme, un peu plus franc, mais non plus hostile. Sa démarche, souple et ample, ralentit sur la fin - jusqu'à s'arrêter à quelques pas.
Tenant la petite gourde dans une main, Chadden tiraillait machinalement sur la sangle de son habituelle besace. Après avoir une nouvelle fois dévisagé la métisse - et les yeux gris luisaient comme des piécettes de métal lorsque l'ombre les absorbait - il parla, le ton nuancé d'une hésitation prudente que ne trahissaient plus ses gestes.
- Pour tes mains. Petit geste du menton vers les paumes meurtries de Fjama. J'ai l'eau. Mais... Est-ce que tu me permets de regarder ? Je peux peut-être faire quelque chose. Si tu veux bien. S'il te plaît. » |
| | | Fjama
Ancien
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| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Lun 11 Avr 2011 - 21:14 | |
| Dès que Chadden s'en alla, elle se trémoussa pour se caler correctement contre l'arbre en pestant : le dossier d'écorce ne convenait que peu à madame. Les yeux rapidement rivés sur ses plaies traditionnelles, elle retirait doucement les petites brindilles. Un peu à la manière d'une donzelle romantique avec les pétales d'une marguerite, chaque morceau déclenchait la petite rengaine : "Il me frappera : un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout". La main gauche terminée sur un "passionnément", elle entama la droite avec patience.
Sur un "à la folie", le maître d'arme revint avec une gourde d'eau. Lâchant son petit jeu, elle reporta son attention sur lui. Hésitante, elle se laissa approcher presque sans aucun mouvement de recul. Puis à sa demande, elle tendit les mains vers lui, paumes offertes.
- C'est... pas bien grave. Mais c'est mieux que ça soit propre...
Elle haussa une épaule. Puis, Chadden put constater des blessures à son aise et même toucher les mains de la jeune femme sans qu'elle se mette à irradier de chaleur. En plus des balafres fraiches, de nombreuses cicatrices d'épaisseurs et visiblement profondeurs différentes s'étalaient. Visiblement - et nul besoin d'être guérisseurs pour le deviner -, la métisse était une habituée de l'auto-mutilation. Les revers et doigts miraculeusement épargnés contrastaient fortement avec le coté un peu rebutant du réseau de peau plus claire. Les ongles peint de vermeilles scintillaient au gré du crépitement des flammes. Plus que des griffures, les plaies béaient en creux sur une courte distance. Elles donnaient l'impression qu'on avait vrillé quelque chose avec force à l'intérieur des chairs. L'artiste avait lutté durement pour ne pas barbouiller d'écarlate l'orageux demi-elfe.
La situation pour le moins étrange, le silence pesait à Fjama. Plusieurs fois, elle entrouvrit les lèvres pour le briser avant de les sceller à nouveau. Difficile de ne pas noter l'ironie de leur position actuelle. Chadden, un genou à terre, les mains de Fjama entre les siennes, à peine une dizaine de minutes après une tentative de meurtre, elle en esquissa un nouveau sourire et ne put s'empêcher de faire la remarque à haute-voix.
- Dans cette position, on dirait que tu me contes fleurette comme les chevaliers à leurs donzelles. Je trouve ça plutôt cocasse vu que tu viens de tenter de m'embrocher.... Généralement, c'est plutôt l'inverse.
Se détendant complétement, après tout, le métisse serait ridicule de la soigner pour l'assassiner ensuite - bien que la stratégie soit à conserver pour une utilisation future -, elle s'autorisa à nouveau un regard plus franc, un peu taquin. Rancunière pourtant, Fjama l'était assurément. Étrangement cependant, cela ne concernait pas les réactions quant à son métissage. La ritournelle tellement rodée ne suffisait plus à déclencher son ire. Avec un peu de pragmatisme, elle réussissait à écarter l'enchainement des événements pour garder leur finalité : Elle était vivante et il était plus calme. |
| | | Chadden Charis
Ancien
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| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Mar 12 Avr 2011 - 18:05 | |
| ~ Deaf Center - Dial ~ Observer les plaies, palper la chair, la peau, nettoyer enfin, fut une tâche à laquelle il se consacra tout entier de sorte à occuper autant ses gestes que son esprit. Chadden avait toujours trouvé une forme d'apaisement dans le fait de prodiguer des soins, que ce fût à lui ou à une autre personne. C'était presque traditionnel, cérémonieux. Le répit accordé à l'animal qui lèche ses plaies.
Ici, l'eau léchait à petites pressions les blessures de la métisse. S'aidant d'un morceau de tissu, patient et appliqué, Chadden ôtait le restant de terre, tamponnait, rinçait. Il lui vint brièvement l'envie de proposer quelque chose en plus de l'eau, comme un baume par exemple - tiré du matériel de soin, sommaire mais efficace, qu'il conservait toujours dans ses affaires - mais se dit aussitôt que, d'une part, la bénignité des blessures n'en nécessitait pas et que, d'autre part, cela pouvait passer pour de l'empressement. Inutile de gaspiller de l'onguent pour deux écorchures, après tout.
Attentionnées mais fermes, les mains manipulaient les mains. Tournaient, pressaient la chair, dispensaient l'onde fraîche. Il y avait là de la douceur et de l'application, bien loin de la violence de tantôt : quelque chose de désintéressé, de consciencieux. Même la mine du bâtard, et le pli léger qui barrait son front, traduisaient le sérieux qu'il accordait à son travail. Au final, cela rendait la scène d'autant plus comique.
- Dans cette position, on dirait que tu me contes fleurette comme les chevaliers à leurs donzelles. Je trouve ça plutôt cocasse vu que tu viens de tenter de m'embrocher.... Généralement, c'est plutôt l'inverse », dit alors la sang-mêlée avec amusement, brisant le silence qui s'était jusqu'ici tranquillement installé - et qui ne gênait outre mesure Chadden, en habitué qu'il était.
Interloqué, le bâtard suspendit son ouvrage le temps d'un regard de biais, puis acheva la toilette des plaies avant de relâcher calmement les mains de la danseuse.
- Je suis désolé, émit-il finalement. J'ai rencontré d'autres demi-sangs et cela s'est rarement bien terminé. Je... te présente mes excuses. Tu n'es pas responsable de... Le mélange des races est... Ah, bast ! »
Bougonnant, le bâtard s'était relevé et, balayant l'air d'un geste las de la main, coupa court à ses tentatives de justification. Autant il pouvait être prompt à mettre des actes sur ses pensées, autant avec les mots ce n'était pas toujours évident.
- Pour la fête... C'est un peu à plat, j'imagine, reprit Chadden après avoir pris le temps de remettre de l'ordre dans ses propos. Tu peux rejoindre Angélique et les autres. Ils se sont sûrement rendus compte de rien. Ou alors - il épousseta ses épaules d'un geste machinal puis se rassit en tailleur, souplement - on peut parler, toi et moi. Je te conterai mes racines, tu me diras d'où tu viens. La confiance se crée comme ça, aussi. » |
| | | Fjama
Ancien
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| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Mar 12 Avr 2011 - 21:15 | |
| - Oui. Tu n'as pas besoin de me faire des excuses. A dire vrai, c'est un peu de ma faute. Je t'ai brusqué.
Presque avec douceur, elle esquissa un nouveau sourire. Elle examina ses paumes un long moment silencieuse. Puis, elle agita ensuite les mains comme précédemment sous le nez de Chadden.
- T'es plus doué que moi pour soigner. - un temps - Merci.
Oui, bon, les plaies n'impressionnaient personne. Elle s'en sortait très bien seule habituellement. Cependant la douceur de Chadden contrastait avec les méthodes barbares de Fjama, à base de rhum renversé et ingurgité.
- Raconter pour faire confiance.... l'idée n'est pas mauvaise. Mmh... A la vue de ton contentieux avec les autres demi-sang et mes origines, il faut l'avouer, laissant penser au pire, je vais commencer. Simplement pour nous mettre sur un pied d'égalité.
La mine réfléchie, elle tapota sur ses lèvres d'un doigt indécis. Le redressant subitement, elle reprit la parole d'un ton guilleret.
- Ne bouge pas, il manque quelque chose de primordial !
Quittant son poste entre deux racines, elle fila rapidement vers la fête toujours aussi gaie. Après localisation de la gironde Angélique, une pincée aux fesses et une baffe évitée, elle réclama deux nouvelles chopes de Breagh. Pour s'excuser de ne pas danser avec Ducanal et Francis, elle broda un joli tissu de mensonges, tous plus gros les uns que les autres - A base de mariage improbable entre une fougère et un champignon auquel elle serait conviée - qui lui permirent d'échapper aux griffes avinées. Les mains chargées de l'offrande, elle trottina vers Chadden, reprenant sa place sur son trône de verdure. Elle lui présenta la boisson mousseuse en s'expliquant.
- On ne peut pas conter de bonnes histoires sans une boisson ou un bon feu. Dooonc... je suis Fjama. Le nom m'a été donné par celle qui m'a appris à danser et à vivre plutôt qu'à survivre. Dans son patois natal, cela voulait dire la petite flamme. J'ai trouvé ça plus joli que la gamine, le monstre, le déchet ou autres quolibets dont on m'avait alors affublé. Aussi, je l'ai gardé. Et puis, il me va bien ce nom et je ne me rappelle plus comment ma mère m'appelait, si tant est qu'elle m'ait nommé autrement que "mon enfant" ou "ma petite".
Pauvre Chadden, se retrouver face à une jeune femme volubile. Ses oreilles allaient-elles supporter la torture ? Celles-ci bénéficièrent d'une seconde de répit, le temps pour Fjama de prendre une gorgée de son breuvage.
- Je ne sais pas grand chose de mes parents. Ma mère venait apparemment de Pharembourg. Je ne sais pas ce qu'elle faisait en Ithri'Vaan. En résumé, elle s'est fait attaquer, violer et on l'a abandonné à Thaar. Pieuse, Néera, la vie, elle plaçait cela au-dessus de tout. De fait, elle n'a pas pu se résoudre à prendre la mienne. Jamais, elle ne l'a imaginé. Elle m'a même aimé, je crois, comme si j'étais une enfant normale. A la seule différence que j'ai passé les premières années de ma vie enfermée dans un grenier...
Elle fronça un instant les sourcils. Une petite moue dubitative marqua ses traits. Le souvenir, loin d'être malheureux pourtant, pouvait donner une impression horrible. N'importe qui de normalement constitué le penserait sans doute. Mais Fjama n'avait pas grand chose de normal. A la sécurité, la joie, les apprentissages liés au son "emprisonnement", elle sourit et s'empressa d'ajouter.
- Elle m'a appris à lire, à écrire. J'avais à manger, un endroit chaud et sec, des vêtements, des livres et parfois même des jouets. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, c'était sans doute une de meilleure partie de ma vie. Je n'avais aucune idée qu'on pouvait vivre autrement.
Elle haussa une épaule et se renfrogna légèrement.
- Puis, elle est morte et on m'a fichu dehors. Quant à mon père, je sais juste qu'il parait que je lui ressemble physiquement : Les yeux, les cheveux, certains traits. Je le tuerai dès que je saurais qui il est.
Très naturellement, un sourire sadique appuya la dernière remarque assurée. Plus qu'une intention, elle annonçait une prédiction. Elle secoua la tête, chassant les images glorieuses de défaite de son géniteur, sa splendide victoire à venir.
- A toi !
La métisse babillait comme une gosse, parfaitement à son aise. En fait, rien ne la touchait réellement. Elle suivait son chemin en plaçant une certaine distance entre elle et les événements. Aux émotions, réactions à vif toujours violentes et déraisonnées succédaient un éloignement total, presque un déni. Elle racontait son passé comme elle aurait conté un livre lu enfant. Une fois terminée, elle passa le flambeau au maitre d'arme. Buvant à nouveau, elle changea sa position, ramenant ses jambes contre elle. Apparemment, le fait d'entendre l'intéressait beaucoup plus que partager ses souvenirs. |
| | | Chadden Charis
Ancien
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| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Mer 13 Avr 2011 - 20:28 | |
| ~ Deaf Center - White Lake ~ Tout comme elle lui avait fait confiance lorsqu'il s'en était allé quérir de l'eau pour ses blessures, Chadden ne broncha pas lorsque Fjama s'éclipsa, et ne prit pas la poudre d'escampette dans le temps de son absence. Les deux bocks d'alcool furent d'ailleurs accueillis d'un regard surpris, puis reconnaissant ; se levant à demi, le bâtard s'empara de la chope qui lui revenait avec un hochement de tête en guise de remerciement.
La danseuse rebondissait de bon coeur sur sa proposition, et c'était peu dire. Loin de rechigner à dévoiler ce qui avait fait d'elle la femme avec qui il conversait en ce jour, elle conta. D'un ton badin, presque détaché pour ne pas dire, parfois, guilleret, tandis que ses propos n'avaient, eux, rien de la racontôte gentillette. Si bien entendu le maître d'armes ne s'attendait pas à moins de la part d'une sang-mêlée, surtout d'ascendance si sombre, il prêta pourtant une oreille très attentive à ce que daignait lui offrir sa complice d'une soirée.
Quelques froncements de sourcils, un oeil un peu plus pensif, un sourire furtif ou un hochement de tête, tout un ensemble de petits signaux qui trahissaient l'écoute du demi-sang. Il sirota l'alcool sans y penser, traitant les informations tandis que l'histoire avançait sur la langue de Fjama. La distance entre le ressenti affiché par la danseuse et la dureté de ses propos le laissa, quelques instants, parfaitement songeur, avant qu'il ne se décide à prendre à son tour la parole.
- Moi, je... »
Par où commencer ? Le regard d'étang et d'orage erra, se posa sur un vide pailleté d'or où jouaient les ombres de la fête.
- ... Je suis né en Atral, du côté d'Arétria. Dans la plaine, un village nommé Deux-Sources. Je n'ai pas connu mon père, qui n'a jamais été autre chose qu'une ombre de passage le temps d'engrosser ma mère. Ma mère était... est... ce qu'on appelle une innocente. Une idiote. Jolie, mais creuse. Aye, comme elle ne pouvait pas m'élever, c'est son père à elle qui s'en est chargé. Il s'appelait Créon. »
Silence. Gorgée.
- Mon enfance a été moins protégée que la tienne. J'étais le seul sang-mêlé du village, je n'avais pas de père, et ma mère n'en était pas vraiment une non plus. J'ai connu le rejet et le mépris. Et j'ai appris à me battre, très tôt, peut-être même avant de savoir parler. Sa voix reprenait de l'assurance. Douce, paisible, elle coulait avec fluidité comme celle d'un conteur. J'ai grandi comme une plante, lentement, sans pouvoir rattraper les autres enfants. Ils devenaient de jeunes adultes, alors que de mon côté mon esprit bouillonnait d'être enfermé dans le corps d'un môme. »
La vérité de ce souvenir lui tira un vague, lointain sourire, pas tout à fait amusé, pas tout à fait triste non plus.
- ... Et puis, il y a eu une querelle très grave entre moi et quelques enfants du village. Le père de ma mère, qui m'aimait beaucoup, je crois, a été obligé de me chasser pour éviter que les autres ne me mettent en pièces. Je suis parti sur les chemins, avec quelques possessions, dans le but de me faire enrôler. Je savais me battre, après tout. C'était même à peu près la seule chose que je savais faire. »
Ici, sa mine s'assombrit. Chadden reprit une longue gorgée, et acheva, laconique.
- J'ai été pris, formé, puis j'ai déserté. Je n'arrivais plus à obéir, tout simplement. J'ai retrouvé les chemins, le vagabondage. J'ai pendant un temps suivi une troupe de bardes et d'artistes itinérants, qui m'ont beaucoup appris, puis je me suis débrouillé seul. Pendant des années, j'ai sillonné la Péninsule, comme ça, en apportant mon aide ou mon bras à ceux qui en éprouvaient le besoin, contre gîte et couvert. Puis il y a eu le Voile, et j'ai décidé de changer de vie. Et voilà. »
Volontairement abstrait sur son brutal virement d'attitude - et ne désirant apparemment pas, pour l'instant, s'étendre d'avantage sur les raisons qui l'avaient poussé à entrer au service d'Aetius - Chadden releva les yeux vers Fjama.
- Si ton père est un drow... Comment comptes-tu le retrouver ? Peut-être qu'il est déjà mort, ou qu'il se terre au fond du Puy. Et même si tu le retrouves, comment le tueras-tu ? »
Puis, après un temps, avec une candeur et une franchise déroutantes, le bâtard se décida à poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis qu'il avait écouté le récit de Fjama.
- ... Tu sais lire ? » |
| | | Fjama
Ancien
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| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Jeu 14 Avr 2011 - 18:04 | |
| A intervalles réguliers, elle hocha la tête avec sérieux. Elle ne prenait jamais une histoire offerte à la légère. Elles englobaient un fourmillement d'informations difficilement falsifiables sur leur narrateur. Bien plus qu'une conversation badine. Les gestes, les pauses pour les respirations, les regards, les mots choisis, grâce à tout cela, elle traça son portrait de Chadden.
- Je ne dirais pas que j'ai eu une enfance protégée. Les vingt premières années certes, mais ensuite mon parcours est relativement similaire au tien : la rue, la faim, le mépris, la haine, la mort. Bon évidemment, je ne me suis jamais engagé dans une armée et j'ai fini par trouver une alliée, une saltimbanque avec qui j'ai passé... le temps de sa vie. Mais en substance, c'est des chemins parallèles.
Elle lui adresse un sourire et ce regard de ceux qui peuvent appréhender la réalité qui échappera toujours aux nantis.
- Concernant mon géniteur... et bien, je n'ai pas vraiment de plan défini pour le moment.
Elle éclata de rire et ajouta d'un ton presque amusée.
- Probablement en me faire capturer et vendre comme esclave au Puy. Il suffit de trainer au bons emplacements pour se faire rafler... ça ne devrait pas être trop sorcier d'entrer là-bas de cette manière.
Elle agita la main, toujours goguenarde.
- Évidemment, je me ferai violer, torturer et d'autres réjouissances du même acabit... Mais, comme j'ai un physique avenant, je pourrais être vendue à un mâle ayant une bonne situation. Après, cela sera une affaire d'écoute et ... de contrôle sur moi-même. Mon plan pêche sur ce point d'ailleurs. Tout ce que je sais sur mon père, je l'ai lu dans le journal intime de ma mère. Selon elle, mon père devrait être un noble ou assimilé à cause de son maintien et sa prestance. Elle enjolivait sans doute pour rendre ce qu'elle a vécu plus supportable.
Elle haussa une épaule. Puis, brusquement, elle fronça les sourcils. Probablement se souvenait-elle d'un détail. Gardant le silence un certain temps, elle triturait pensivement une racine juste à coté d'elle. Ensuite, elle arracha lentement l'écorce du bois. Une vague réminiscence lui vrillait l'estomac. Non, c'était ridicule. Elle secoua la tête et revint à elle. Elle murmura un petit "désolée" au métisse en lui faisant répéter sa question.
- Tu sais lire ?
Elle hocha la tête.
- Yak. Ma mère avait reçu une bonne éducation. Sans doute venait-elle d'une famille issue de la petite bourgeoisie. Toujours est-il qu'elle m'a appris à lire. J'ai tenté plusieurs fois d'enseigner la lecture à des gens avec qui je voyageais. Je n'ai jamais eu de résultats mirobolants. Ceci dit, ma meilleure "élève" savait finalement lire et écrire les choses basiques comme son nom, les noms des lieux, tavernes, etc.
Visiblement très fière d'avoir transmis un savoir, elle s'empressa d'ajouter.
- Tu aimerais que je t'apprennes ? Cela ne sera pas facile, mais si tu es motivé, je le ferais volontiers.
N'y tenant plus, elle lui posa abruptement la question qui lui brûlaient les lèvres.
- Dis, tu as quel âge exactement ?
Étrangement, elle rougit soudainement et expliqua la raison de sa demande.
- Tu.. tu as parlé de ta colère d'être enfermé dans un corps d'enfant tout à l'heure. J'ai également ressenti la même chose. Tu as déjà eu... cette impression d'osciller entre la maturité que tu aurais eu si tu étais de sang-pur humain ou elfique ?
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| | | Chadden Charis
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| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Jeu 14 Avr 2011 - 20:41 | |
| ~ Gjallarhorn - Herr Olof ~ On pouvait, raisonnablement, se sentir horrifié par les propos que tenait la danseuse. Quelle détermination, quel puissant désir de vengeance était ainsi capable de pousser les gens à se sacrifier corps et âme pour l'accomplissement de leur objectif ? Fasciné, légèrement penché en avant et coudes sur les cuisses, Chadden observait la demi-sang tandis qu'elle parlait. La voix de Fjama ne tremblait même pas, comme si l'évocation des tortures auxquelles elle était prête à s'offrir délibérément ne l'émouvait pas plus que cela. Il retrouvait, d'ailleurs, un peu du déni qu'il avait senti plus tôt, lorsqu'elle avait conté son histoire - dans le calme détaché du ton, dans l'intonation parfois légèrement absente, mécanique, masquée sous un voile d'indifférence.
Oui, ce désir de vengeance poussé jusqu'à l'abnégation, jusqu'à l'ultime sacrifice, le fascinait. Etait-il semblable, dans sa quête d'altruisme qui l'incitait à aller toujours plus loin dans le don de lui-même au mépris de son propre confort ? Non, c'était sensiblement différent, tout de même. Fjama dans ses dires nourrissait une haine terrible et personnelle, qui ne trouverait sa fin qu'avec celle de son existence autant que de celle de l'être haï. Lui, pour sa part, cherchait inlassablement à prouver sa valeur, à se parfaire, à se sublimer. Il frissonna. A cet instant, son sort lui parut cent fois enviable à celui de la sang-mêlée.
Elle s'était tue, soudain. Attentif, Chadden vit les yeux de son interlocutrice glisser vers une nouvelle absence, brutalement songeurs. Son visage se ferma aussi, sensiblement, et il crut déceler quelque chose qui ressemblait à de l'incertitude. Etait-ce au sujet du but qu'elle s'était fixé ? Il en doutait. Ouvrant la bouche, le bâtard s'abstint cependant de questionner plus avant Fjama à ce sujet. Elle avait sa voie, et il n'était personne pour se risquer à la remettre en cause - tout comme il ne pouvait guère donner de suggestions ou de conseils à la danseuse. Aussi se contenta-t-il, simplement, de réitérer la question qu'elle n'avait pas écoutée - même si ce n'était pas, loin de là, une marque de négligence vis à vis des explications que Fjama venait de lui offrir.
- J'aimerais... Oui. Oui, répéta-t-il avec un sourire, hochant la tête à son tour. Faire parler les signes. C'est comme de la magie. Je serai bon élève », ajouta même Chadden avec un sérieux solennel qui avait quelque chose d'assez comique à cet instant.
Il allait ajouter quelque chose lorsque la demande de la sang-mêlée, à brûle-pourpoint, le prit de court. Cillant un instant, le bâtard leva une épaule.
- J'ai trente-trois automnes. Environ. Je compte les années mais il se peut que j'en aie oublié une ou deux. Avisant sa chope, Chadden darda un regard de reproche à l'alcool qui en noyait le fond et l'acheva d'une longue gorgée. Cette impression... Oui, oui, souvent. Nouveau hochement de tête. Le regard se releva pour se planter une nouvelle fois dans celui de la danseuse, plus animé, presque complice. Je ne sais pas si "osciller" est le bon mot pour ça. C'est plutôt comme de... Comme de vouloir avancer, de chercher à saisir quelque chose, sans pouvoir l'atteindre. Ou alors très lentement. On sait qu'il faudrait pouvoir se comporter de telle façon... Mais on n'y parvient pas. Parce que soit l'esprit, soit le corps, refuse de céder. Quel âge as-tu, toi ? » |
| | | Fjama
Ancien
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| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Ven 15 Avr 2011 - 17:32 | |
| Elle fronça les sourcils et compta sur ses doigts. Le calcul levait et baissait les phalanges. Silencieusement, elle s'énumérait les événements jalonnant sa vie. Elle pencha la tête de coté avec une petite moue. Puis, elle tiqua légèrement de l'œil.
- Je dirais soixante et un ou peu s'en faut. C'est assez difficile d'estimer pour les premières années à cause du passage du temps "différent". Enfin vu ma croissance par la suite et le vieillissement de ma mère, je dois m'approcher de la vérité.
Elle agita les mains comme pour effacer son décompte.
- J'ai peut-être trouvé une meilleure images pour expliquer l' "oscillation" grâce à ton ressenti.
Elle mordilla sa lèvre.
- Un labyrinthe dont plusieurs chemins permettent d'atteindre la sortie. Deux voies principales qui divergent.
Dans l'air, elle traça deux lignes.
- J'hésite sur le sente à emprunter. Je ne peux pas rester immobile. Je m'avance au hasard sur une route, jusqu'à tomber sur un obstacle.
Elle mina une sorte de bonhomme avec ses doigts qui avançait, puis lui fit barrage avec son autre main.
- Pas le choix, je dois revenir sur mes pas. A la croisée, je m'engage sur l'autre chemin. Rebelote. Le sentier est bloqué. Je reviens à la croisée et décide de tracer mon propre itinéraire en abattant les haies à grands coups de serpe. J'atterris sur un nouveau carrefour. Fatiguée, je décide de reprendre une allée dégagée. A nouveau, la même histoire sans relâche, des murs à détruire, des allers-retours entre différentes possibilités.
La gorge sèche, elle avala une gorgée de sa choppe.
- Sans doute est-ce pareil pour tout le monde.
Elle haussa une épaule.
- Enfin... En résumé, je suis sans cesse tiraillé entre la maturité d'une humaine, vieille femme, ou d'une drow adolescente. Cela marche avec un peu tout d'ailleurs : Les instincts, les réflexes, les sentiments. Inlassablement, j'essaie de créer mon propre propre code de conduite en me libérant de ce que m'imposerait l'un ou l'autre des clivages raciales... mais c'est éreintant. Les "entiers" ont de la chance de pouvoir se laisser porter par les courants parfois.
Un instant dubitative, elle considéra Chadden. Rien du discours tenu ne figurait une plainte quelconque. La danseuse exprimait ses faits. Malgré tout, elle n'ignorait pas qu'elle déballait son analyse à un inconnu, pas forcément intéressé par ses états d'âme.
- Je parle beaucoup. Désolée.
Elle toussota.
- Donc, tu es motivé pour être mon élève ? Je te préviens, je suis un professeur horrible. Je m'énerve pour rien et j'ai pas deux sous de patience, il faudra que tu compenses !
Elle leva l'index et susurra taquine.
- Par contre, il va falloir me donner quelque chose en échange. Qu'est-ce que tu pourrais m'enseigner ?
Fjama restait Fjama. Ne jamais perdre une occasion de profiter et de se servir des autres pour atteindre son but. La mentalité paraitrait sans doute absolument révoltante, dénuée du moindre altruisme. Cependant, n'oublions pas qu'une métisse de sang sombre ne trouvait généralement que des mains fermées lorsqu'elle se retrouvait dans le besoin. La cupidité n'était, en somme, qu'une conséquence logique des traitements infligés. |
| | | Chadden Charis
Ancien
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| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Lun 18 Avr 2011 - 19:36 | |
| ~ Gor - Alla Societate ~ Elle le fascinait.
C'était peut-être le ton, la voix, les mots employés. L'attitude un peu joueuse et nonchalante, cette aisance dans l'explication, la manière de tourner le propos, très imagée. Il en avait oublié la chope - de toute façon vide - qui traînait désormais dans l'herbe froissée à son côté et, coudes sur les cuisses, l'échine penchée jusqu'à ce que son menton repose sur ses mains, Chadden avait presque adopté l'attitude d'un jeune enfant occupé à boire les paroles d'un vieux maître.
La mention de l'âge, fort élevé lui sembla-t-il, lui tira un haussement de sourcils étonné. Il s'attarda à examiner la silhouette de la demi-sang, la texture de sa peau, la brillance de son regard et se demanda, l'espace d'un instant, si lui aussi aurait toujours le droit à cette flamboyante jeunesse dans trente années. Puis il se remémora le difficile passage du temps, dans un corps qui croissait au ralenti, et chassa cette pensée.
Nouveaux hochements de tête. L'espèce de parabole du labyrinthe lui plaisait apparemment beaucoup, et son oeil s'était animé aux explications de la danseuse. Il ne l'interrompit cependant pas, se contentant d'approuver de temps à autre d'un petit grondement et d'un sourire. Fjama avait plus de talent avec les mots qu'il n'en aurait jamais, bien qu'il eût, un temps, suivi une formation auprès d'un barde itinérant - cet homme qui lui avait appris à ne plus mâcher les mots, et à s'exprimer de sorte à être compris par tous jusqu'à pouvoir presque donner le change auprès des classes sociales plus élevées. Il retrouvait chez la danseuse une part de l'aisance qui l'impressionnait chez le vieil homme. Seule la forme physique changeait, et la fluidité de la voix ; mais déjà, c'était amplement suffisant à poser la danseuse sur un niveau d'estime bien au-delà de ce qu'il était à l'origine.
- Non, c'est bien. J'aime bien écouter. Tu parles bien », dit-il, avec une forme de candeur admirative presque touchante lorsque l'on connaissait le personnage.
La mise en garde suivante, concernant le manque de patience de Fjama, lui arracha un nouveau sourire ; quant à sa demande de rétribution, loin de doucher son enthousiasme ou de susciter sa méfiance, elle le rassura. Car si la danseuse avait développé une forme de cupidité - inhérente à la survie, en fin de compte - le bâtard, pour sa part, construisait ses rapports aux autres via la loi du prêté pour un rendu - et ce depuis des années. Aussi hocha-t-il la tête, un pli barrant son front le temps de réfléchir.
- Hmmm. J'ai dit que je savais me battre, et que c'était de toute façon à peu près la seule chose que je savais faire. Je n'ai pas menti. Je... je pense que la seule chose que je puisse te proposer, c'est ça. T'apprendre comment gérer un conflit, comment te défendre. Tu es danseuse, tu as déjà très certainement des bases, mais je peux t'aider à les travailler. »
Son ton comme son attitude s'étaient faits plus graves, plus sérieux, et il dévisageait avec intensité la sang-mêlée tout en parlant. Perçant, l'oeil gris examinait la silhouette, la tournure des muscles, l'attitude. Finalement, presque pour lui-même, le bâtard ajouta une remarque où pointait un peu d'amertume.
- Qui sait, oui. Peut-être que tu seras plus sensible à cet apprentissage que le seigneur Comte ne l'est lui-même. Se secouant, Chadden releva le menton pour considérer la danseuse avec espoir. Alors ? C'est oui ? Marché conclu ? » |
| | | Fjama
Ancien
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| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Mar 19 Avr 2011 - 14:13 | |
| - Je parle bien ?
Incrédule, elle le dévisagea avant d'éclater d'un rire un peu gêné. Peu habituée aux compliments concernant autre chose que ses voluptueuses complexions, elle rougit. Le demi avait touché un point plus sensible plus qu'elle ne se l'avouerait jamais. Elle secoua la tête et prit une gorgée de sa boisson. Joues brûlantes et idées rafraichies, elle reprit plus sérieuse.
- M'apprendre à me battre ? L'idée me plait. Je possède quelques bases effectivement, mais je souhaitais justement apprendre à me servir d'une autre arme que mon poignard. Et puis, cela me sera profitable de savoir réagir et me défendre contre d'autres opposants que mes adversaires libidineux et pervers habituels.
Enthousiaste, elle songeait à nouveau à une "vraie" arme qui pourrait se marier judicieusement à ses capacités. Et surtout, les techniques qu'il ne manquerait pas de lui enseigner lui éviterait de devoir se servir de sa magie pour des combats "moindre". A n'en pas douter, elle bénéficierait grandement de cet échange de bons procédés.
- Qui sait, oui. Peut-être que tu seras plus sensible à cet apprentissage que le seigneur Comte ne l'est lui-même. Alors ? C'est oui ? Marché conclu ?
Elle rit.
- Le Comte a effectivement quelques soucis à se concentrer à d'autres choses que lui-même ou ses désirs, un peu comme un enfant gâté en somme. Rassures-toi, j'adore apprendre.
Brusquement, elle se redressa sur ses deux pieds. Souple et leste, elle ne souffrait pas du temps passer assise sur le sol inconfortable. Elle tendit une main vers le maître d'arme.
- Montres-moi comment tu danses et je te dirais si le marché me convient.
Enjouée, elle ajouta.
- Après tout, c'est jour de fête pour nous aussi.
Peu importait qu'il se saisisse ou non de la main offerte. Bientôt, elle filait vers la fête qui battait toujours au loin. Ingénue, elle se retournait à intervalles réguliers vers lui et s'assurait qu'il la suivait. Papillons, les longs cils s'envolaient avec un clin d'œil presque complice ou du moins encourageant.
Sitôt le pied posé dans le cercle de lumière projeté par le feu de joie, la métisse se métamorphosa. Elle troqua ses traits guillerets pour le masque mystérieux de la danseuse. Se tordant légèrement, elle lui offrit la courbe gracieuse de son dos, silhouette sombre se découpant sur le feu crépitant. Un effet d'optique sans doute donna le temps d'un éclair l'impression qu'elle était juste une extension du brasier. D'un mouvement des doigts sur son épaule, elle invita Chadden à se joindre à elle. Si elle n'avait pas assuré l'instant d'avant désirer le voir danser, le regard aurait pu faire promesse de plus voluptueux moments.
Cependant, loin de se laisser approcher, les pas fuyaient en pirouette. Déjà au rythme des percussions, les hanches oscillaient agréablement. Les mains virevoltaient en complexes mouvements et caresses, invitation réitérée au sang-mêlée. "Montre-moi" disaient-elles. S'il avait pensé qu'elle maitrisait les mots, elle parlait à présent le langage où elle excellait. |
| | | Chadden Charis
Ancien
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| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Mar 19 Avr 2011 - 21:34 | |
| ~ Stella Mara - Goddess Serpent ~ La main, perçue comme geste d'invite, ne fut pas saisie. Mais il suivit. Pour sûr, il suivit, et lestement encore ! La foulée longue une fois debout, l'oeil alerte, le poing serré et un rire un peu rude au fond de la gorge. De défi il était ici question, défi que Chadden comptait bien relever et remporter. Si faire parler les signes était la récompense de cet échange, alors oui : le jeu en valait amplement la chandelle.
Chandelle, ce fut l'image qui lui vint en tête lorsqu'ils atteignirent les brasiers. Aux cercles, aux basses-danses et aux farandoles s'étaient substituées des réjouissances plus sauvages, maintenant que l'alcool coulait dans les veines de la plupart des convives. Les silhouettes qui ne s'étaient pas laissées alanguir par la fête se démenaient encore avec une vigueur proche de la frénésie, et jetaient des ombres qu'on aurait pu croire malveillantes sur le flanc des tentes. Au coeur de l'ivresse, la chandelle était Fjama. Altière et dressée, aussi taquine que conquérante. Même le feu, l'espace d'un instant, sembla la reconnaître pour ce qu'elle était et la salua d'un vrombissement, d'un crachat de scories qui pailleta le ciel nocturne pendant quelques secondes.
Et la danse commença.
Dépouillée de sa première peau, Fjama revêtait l'incandescence. De l'invitation première ne restaient plus que des vestiges, car à présent, c'était de provocation qu'elle jouait, dérobée sitôt son territoire atteint. Ses mains glissèrent, caressèrent, griffèrent. Et sur ses mollets, les jupes claquèrent comme autant d'oriflammes.
Langage du corps. Langage du Geste, premier de tous. Celui que Chadden avait fait sien depuis des années, bien que la finalité de son exercice fût différente de celle de la danseuse. Il n'en demeurait pas moins un langage qu'il comprenait, appréciait. Et que, sans attendre, il se mit à parler à son tour.
L'herbe fut foulée aux talons. Le corps, élancé, se déplia. Les muscles roulèrent, jeunes lianes, s'animèrent dans un bel ensemble. Accordé au rythme scandé par des instruments aussi enfiévrés que tout le reste, Chadden se fit véloce, plus ample que les mouvements raffinés de la danseuse mais sans rien céder à la souplesse et à la maîtrise. Puisqu'elle se dérobait, puisqu'elle se refusait, il pourchassa. La laissa parfois dicter le ton, avant d'imposer le sien puis, de nouveau, de lui céder la main. Il était prédateur lorsqu'elle se voulait proie. Mais quand elle se faisait charmeresse, il devenait serpent, à osciller sur son rythme - comme docile, comme hypnotisé. Il s'inventa ombre lorsqu'elle se vantait flamme, et devenait fumée quand elle brillait trop fort. Caressa, frôla, quémanda - mais saisit aussi, attrapa, relâcha. Les mains pouvaient couler puis s'imposer fermes, autoritaires, avant de céder sur un effleurement. Jamais il ne tenta de prendre tout à fait l'ascendant. Car cette danse, au fond, n'était qu'un jeu, et non un affrontement.
Ainsi jouèrent-ils, libérés de toute contrainte et de tout faux-semblant, concentrés sur une improvisation mutuelle. Ainsi, au gré de leurs envies, se frôlèrent-ils ou s'évitèrent-ils, virevoltant de l'un à l'autre comme deux papillons près d'une lanterne. Ainsi Chadden découvrit-il quelle sorte de danseuse Fjama pouvait se vanter d'être, et ainsi honora-t-il le défi lancé.
Le jeu toucha à sa fin lorsqu'ils le voulurent bien - qu'importait le regard que les autres convives aient pu lever vers leur démonstration - et vit le bâtard s'échouer vers l'arrière, le souffle court sous l'effort et l'oeil brillant de contentement. Las, l'art du corps - qu'il soit centré sur le combat ou sur cette activité plus ludique qu'était la danse - était pour lui la seule opportunité de déployer qui il était, ainsi que ce qu'il était capable de faire. Chadden, après tout, vivait pour le Geste, et aimait en retrouver la maîtrise chez d'autres personnes. L'invitation malicieuse de Fjama avait réussi à éveiller en lui une émotion proche du bonheur.
Mais pas que. L'alcool qui chauffait son sang, l'ivresse de la fête, et le plaisir d'avoir pu danser avec une telle femme avait attisé chez Chadden d'autres appétits. De fait - que Fjama ait cessé de danser ou non - il se rapprocha d'elle, au point de frôler son souffle du sien comme cela avait du arriver durant leur jeu - puis, posant une main sur le bras de la danseuse juste au-dessous de l'épaule, il vint brièvement happer ses lèvres des siennes.
Oh, elle pouvait se dérober. Elle pouvait même refuser, repousser, sans qu'il n'insiste. Bien qu'il fût échauffé, le bâtard savait se tenir et il n'y avait pas, dans ses gestes, de pression urgente et autoritaire. Une demande, plutôt. Un défi d'un autre genre. L'oeil gris métal, proche, la fixait comme un sequin où venaient danser de nouvelles flammes d'une sorte que Fjama devait avoir appris à attiser, et qu'il lui faudrait désormais assumer - ou non - de la part de son futur élève. |
| | | Fjama
Ancien
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| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Mer 20 Avr 2011 - 12:25 | |
| Liberté...
Les pas rapides s'enchainaient, déliés, sur la mélodie sauvage. Les jupes vermeilles se soulevaient, couronne ardente, sur les jambes lancées haut. Elles tourbillonnaient et claquaient au gré des pirouettes, avant de flotter placidement le temps d'un échange joueur entre les deux métisses. Le partage d'une danse avec Chadden, meilleur danseur qu'escompté, avait brisé les maigres chaînes retenant les flots brûlants de la passion de Fjama.
Plaisir...
Le vent d'automne caressaient leurs joues, piquant parfois leur peau de frissons. Heureusement, le feu de joie les enveloppait ensuite dans sa chaleur rassurante. Peu à peu, les tambours résonnaient avec les battements de son cœur. Enfin, quelqu'un parlait la même langue qu'elle, lui offrait la délicieuse sensation d'être comprise. Cet étrange et nouveau sentiment ravisait la demie autant que les capacités de son partenaire. Moins habitué cependant, il la laissa s'exprimer seule le temps de reprendre son souffle. Les yeux clos, le menton se releva alors vers les astres nocturnes. Écarlates, les étoffes se balançaient frénétiquement au rythme saccadé de ses hanches. Son dos lentement s'étirait, se cambrait pour rejoindre les étoiles. La cascade de sang de son épaisse chevelure balayait ses reins langoureusement. Les mains voraces léchaient le ciel pour le peindre de leurs ardeurs.
Extase...
A nouveau, son souffle se rapprocha du sien, exquis prémisse à la suite de leurs jeux. Son odeur se mêlait à la sienne de miel épicé. Une main presque pudique se posa, caresse sur le haut de son bras. Soudainement, ses lèvres trouvèrent les siennes. Presque étonnée, elle le dévisagea un instant. Au fond de des yeux métalliques du maitre d'arme, une lueur éclairait son visage d'une clarté nouvelle, intrigante. A son tour, elle joignit ses lèvres au siennes. L'effleurement hésitant se transforma bien vite en baiser aussi indompté que l'étaient les deux métisses. Les presque-contraires s'attirèrent l'un contre l'autre, se pressèrent. La danse dura un temps, jusqu'à ce que le souffle vint à manquer. Le contact rompu, elle le dévisagea les paupières mi-closes sur ses rubis incandescents, clamant à nouveau haut et fort ses instincts dévorants.
L'air frais s'engouffra à nouveau à travers ses lèvres ourlées. Courts, leurs souffles se mélangeaient. Les doigts glissèrent, gouttelettes de pluie, sur sa joue, le haut de son torse. Ils s'assuraient presque de la présence tangible du demi. Puis, Fjama recula d'un pas se libérant de l'étreinte avec un sourire quasi triste.
- Le Marché est conclus.
S'éloignant déjà, elle ajouta sans se retourner.
- Demain... on aura le temps, je te donnerai ta première leçon...
D'un petit geste de la main, elle prit congé. D'abord lente, la démarche se fit plus vive pour finir dans une course échevelée dans les bois.
Panique...
Cela n'était pas la première fois qu'elle embrassait un homme. Pas la première fois, qu'elle désirait un être. Mais assurément, c'était la première fois qu'elle avait souhaité autre chose qu'une étreinte. Une communion, un partage, idée ridicule née d'un simple compliment inhabituel, du plaisir de danser avec quelqu'un qui comprenait. Elle était troublée. Elle ne savait pas comment réagir. Ainsi elle fuyait à en prendre haleine, droit devant elle. Elle évita simplement les embûches sur son passage. Ridicule, quelques heures auparavant il hésitait à la tuer. Ce qu'elle détestait sa fichue impulsivité ! L'ivresse, oui, c'était sans doute l'alcool qui altérait ses pensées. Finalement, elle s'adossa à un arbre pour reprendre son respiration. Dormir, oui, demain, cela serait oublié. |
| | | Chadden Charis
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| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Jeu 21 Avr 2011 - 18:08 | |
| ~ Stellamara - Odam Kireç ~ Un embrasement. Ce fut ce qui s'empara de Chadden lorsque, les mains fermées à la taille de l'autre demi-sang, cette dernière répondit à sa caresse en allant boire son souffle à la source. Il la serra, la pressa avec force, avec franchise, oubliant bien vite ses soupçons et sa méfiance de tantôt. Qu'importaient les racines dans lesquelles puisait le sang de la danseuse, qu'importait qu'elle fût issue du peuple maudit. Il n'y avait de réel, d'important, que ce corps chaud et flexible qui répondait au sien, accueillant, et il n'y avait de vrai que les vertiges dont la danse et l'alcool pailletaient ses sens. Elle pouvait être la sorcière, elle pouvait être la vipère prête à dispenser son venin : Chadden, de toute évidence, se sentait prêt à céder à ce genre de poison pourvu qu'il puisse la tenir encore contre lui.
Leurs bouches finirent par se séparer pour faire place aux regards. La poitrine agréablement serrée, il la laissa effleurer sa personne du bout des doigts, la laissa sentir à quel point tout son être vibrait de son désir pour elle. Mais quand il courba la nuque, prêt à sceller la gorge de la danseuse d'une nouvelle série de baisers, elle papillonna hors de son emprise. Décontenancé, il vit ses lèvres s'arquer sur un sourire d'excuse.
- Demain... on aura le temps, je te donnerai ta première leçon. »
Demain... Demain ? Qu'importait demain ? C'était ici, ici et maintenant qu'il voulait poursuivre leurs jeux, l'étreindre et la faire sienne. Elle le voulait aussi, sans cela jamais sa bouche ne serait offerte avec tant de transport. Etait-ce une nouvelle malice, un nouveau défi ?
- Attends... »
Il fit un pas, un second, alors que déjà le dos de la danseuse roulait vers d'autres objectifs. La foulée de Fjama s'allongea, se perdit dans le tumulte de la fête, fuyant les feux et les brasiers pour leur préférer la pénombre salutaire, amie de tous les fugitifs.
- Attends ! »
Avec un temps de retard, Chadden s'élança. Il bouscula bien deux ou trois convives avant que sa course, fort brève, ne le mène à la frontière des festivités. Non loin de là commençaient des territoires plus boisés, la frange des arbres rongeant la monotonie de la plaine. Sans doute était-elle partie se terrer là-bas ; à moins qu'elle n'eût fait un détour pour rejoindre le château.
Le bâtard finit par s'arrêter tout à fait. L'ivresse agréable, l'oubli de la danse, tout ceci était retombé - et ne persistait désormais plus qu'une vague amertume en lieu et place du goût des lèvres de Fjama. Oh, sans doute aurait-il pu, avec de la patience et de la persévérance, la pister jusqu'à retrouver sa trace, dans les bois ou ailleurs ; mais que se passerait-il alors ? Si elle avait fui de la sorte, ce n'était sans doute pas pour l'accueillir ensuite à bras ouverts. C'était peut-être une punition, un châtiment pour l'avoir agressée plus tôt, pour l'avoir si vite jugée. Poings serrés, mâchoires crispées, il gronda. Oui. C'était sûrement cela. Elle ne l'avait attisé, elle ne l'avait conquis que pour le laisser seul avec sa frustration - et aisément, qui plus était. Pis encore, Chadden ne pouvait se défaire de la pensée qu'au fond, il l'avait bien mérité.
Lâchant un juron, le bâtard se détourna à contrecoeur pour s'en aller rejoindre d'un pas lent les abords du campement. Et bien que son enthousiasme ait été bien durement douché par la fuite de la danseuse, il se promit, maussade, de passer sa frustration autant que faire se pourrait.
Après tout, la nuit était encore longue, et il y avait bien assez d'alcool et de jeunes servantes éméchées pour cela. |
| | | Fjama
Ancien
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| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Ven 22 Avr 2011 - 0:21 | |
| Dormir, oublier. A peine posée, elle sombra dans le tourbillon d'images qui ponctuaient chacune de ses nuits.
Un paysage nu défilait sous ses paupières mi-closes. Nul souffle n'agitait ses cheveux. Elle-même ne bougeait pas. A califourchon sur le dos sinueux d'une gigantesque créature, elle dévorait les lieux jusqu'à sa destination lointaine.
Une colline surgit soudain à l'horizon. Au-dessus de la morne plaine de sable, le ciel immobile n'était illuminé d'aucun astre. Ce qu'elle avait imaginé au départ être un mont s'avéra être un temple. Entre ses piliers colossaux serpenta la vipère cramoisie, avant de s'engouffrer à l'intérieur.
Les parois s'éclairaient de scènes gravées dans la pierre sombre. Des guerriers sans visage se livraient bataille. Ils n'arboraient aucune couleur. Aucun fanion ne claquaient dans la fureur des champs de mort. Arrivée au saint des saints, Fjama se glissa au sol. Du bout des doigts, elle flatta les écailles lisses de sa monture désormais à l'arrêt. Aucune lueur ne perçait l'obscurité. Aussi, elle embrasa sa propre main pour découvrir les lieux. Une fois habituée à la faible luminosité, elle put lever le voile mystérieux sur le sanctuaire.
Sculpté dans une roche sombre, un homme couronné était jonché sur un char d'or. Dans sa main droit, il tenait fermement les rênes des deux chevaux tirant son attelage. Dans la droite, quelque chose attirait irrésistiblement la métisse.
Avec prudence, elle s'approcha. Après une génuflexion révérencieuse - au cas où quelque déité hanterait les lieux -, elle grimpa auprès du roi, duquel elle était persuadée de connaître le nom sans réussir à s'en rappeler. Lentement, elle étira la main vers l'objet de sa convoitise. S'en saisissant, une douleur acérée mordit sa chair. Pourtant, elle s'accrocha à son dû. Tant bien que mal, elle ignora la douleur et retira l'objet de la poigne royale. Elle ouvrit ses doigts blessés sur une dague double. Elle fronça les sourcils lorsqu'une impulsion parcourut les lames ouvragées. Lentement, l'arme absorbait et se mélangeait au sang de sa blessure.
Concentrée sur le phénomène étrange, elle n'entendit pas de suite le sifflement enflant dans la pénombre. Sa flamme vacilla un instant. Elle leva les yeux. Les crocs d'ivoires et l'iris fendu du serpent la fixaient. La langue fourchue darda l'air dans sa direction trois fois. Bizarrement, l'onirique Fjama comprit l'invitation. Sans crainte, elle avança alors dans la gueule qui déjà se refermait.
En sursaut et transie de froid, l'artiste s'éveilla. Frissonnante, elle frotta ses membres engourdis avec vigueur. Saleté de cauchemar bizarre ! Avec un grincement de dent, elle se remit sur ses pieds. Elle sautilla doucement sur place autant pour se réchauffer que pour forcer ses jambes endolories à se réveiller. Sa bouche était pâteuse. A ses tempes battait un mal de crâne lancinant. Le pire était cependant cette sensation de malaise ressentie après une nuit riche en événements et en rêves trop réalistes.
Tâtonnant à travers les fourrées, pestant envers la nature bien trop invasive à son goût, il lui fallut une bonne heure pour retrouver son chemin vers le campement. Du grand feu de joie, il ne subsistait à présent que des vestiges crachotant un mince filet de fumée. Les reliefs de la fête maculait la terre. La fin des réjouissances avait également laissé trainer quelques ivrognes alangui dans leur vomi. Avec une grimace, elle enjamba les cadavres ronflant pour rejoindre la halo de chaleur dispensée par son élément. De bûches et déchets, elle le nourrit. Elle s'assit ensuite à ses côtés et noya son regard dans les flammes reprenant une ampleur satisfaisante.
Une heure après, le campement s'éveilla. Ragaillardie, elle mit la main à la pâte avec les domestiques pour redonner visage "humain" à l'endroit. Bientôt, les serviteurs se hâtèrent de préparer animaux et armes pour la chasse. Paniqué, Bettolin, les yeux cernés et la chemise à la main, s'agitait pour retrouver son arme. Sous les affres de l'alcool et surtout les assauts romantiques de sa compagne, il l'avait oublié dans le coin reculé où Huguette avait célébré pour lui les réjouissances les plus intimes. Un sourire étira les lèvres de Fjama, avant un bref éclat de rire de sa part. Avec un haussement de sourcils, ses méninges se remirent en marche : Chadden !
Paniquée à son tour, elle arpenta le campement en long et en large. Comment avait-elle pu filer ainsi sans explication ? Il en voudrait assurément ! Quelle bourde ! D'autant plus qu'il lui plaisait ! Bref, elle s'en voulait terriblement. Nerveuse, ses ongles trouvèrent rapidement le chemin routinier de ses paumes. Brusquement, elle s'arrêta en plein milieu de l'éphémère cuisine. Bien que pressée, Angélique se dressa devant elle, les mains pleines de farine sur les hanches.
- Reste pas planter là comme une gourdasse! Vi'ns donc m'aider au lieu de rêvasser!
Remarquant les blessures, l'instinct maternel de la matrone prit le dessus. Levant les mains vers le ciel, elle s'exclama.
- Rhalala ! On a pas idée de pas r'garder d'vant soi et d's'corcher comme ça ! Vi'ns dont ici qu'j't'soigne ça !
Sans lui laisser le choix, la cuisinière assit la demie et commença à prendre soin de ses plaies. Déconcertée, Fjama l'observait. Brusquement rougissante, elle songea aux gestes doux du maitre d'arme éconduit. Un taquet vint cueillir l'arrière de son crâne.
- Cesse donc de fixer l'vide comme un jouvencelle amoureuse ! Raconte donc téh !
Interloquée, Fjama écarquilla de grands yeux sur Angélique en manquant de s'étouffer. A.. quoi ? Amoureuse ? Non mais ça allait pas là ! Il était pas question de ça ! N'abusons tout de même pas. Elle agita frénétiquement les mains devant son infirmière.
- Non, non, c'est pas ça ! Je crois simplement avoir commis une petite bourde.
Tenta-t'elle de minimiser pour elle-même. Elle haussa une épaule et se redressa une fois les soins terminés. Mise au travail, elle aida tant bien que mal la servante curieuse qui la pressait de question. Finalement, l'artiste lui confia à demi-mot la raison de son trouble. Bien évidemment, elle omit la majorité des faits pour se concentrer sur la finalité. A la plus grande hilarité d'Angélique. Une fois, le fou rire passé, celle-ci lui conseilla simplement d'aller expliquer à Chadden les raisons de son départ impromptu. Promesse fut faite de découvrir où le maitre d'arme était logé avant d'expédier séance tenante la métisse hors de sa cuisine.
Désœuvrée, Fjama décida alors d'aller profiter de la tente mise à sa disposition. Maitresse du Comte, elle bénéficiait tout de même de certains menus avantages. Un peu à l'écart, on lui avait dressé une tente exclusivement réservée à elle-même : Des fois que le jeune et fringuant seigneur ne désire lui rendre une petite visite nocturne en toute discrétion. Allongée sur sa paillasse, elle somnola une bonne partie de la journée ressassant le cauchemar et la soirée. Plus tard, fraîche et changée, elle s'arma d'une liasse de parchemin et de son nécessaire à écriture pour aller s'enquérir de la localisation du métisse.
Rapidement, elle le trouva. Une longue inspiration plus tard, elle marcha droit vers lui. Elle le salua d'un signe de la main. Puis, elle estima un instant l'ampleur de la tâche pour se faire pardonner en tentant de lire son regard. Elle glissa un faible et timide.
- Désolée pour hier.
Elle frotta brièvement sa nuque. Elle empoigna sa sacoche et la secoua vaguement.
- J'ai pris de quoi écrire. Je n'ai pas de livre ici. Tu es prêt pour ta première leçon ? Tu préfères aller un peu plus loin pour être tranquille ? Cela serait sans doute mieux pour te concentrer et les explications.
Elle avait l'impression de trop parler, de mal parler. Elle oscillait d'un pied à l'autre, parfaitement mal à l'aise en attente de sa sentence. |
| | | Chadden Charis
Ancien
Nombre de messages : 274 Âge : 39 Date d'inscription : 24/07/2008
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié
| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Ven 22 Avr 2011 - 19:04 | |
| ~ Lumin - Rusalki ~ Finalement, l'alcool et les jeunes servantes n'était pas une bonne idée.
Chadden y avait renoncé sitôt plongé dans l'ambiance moite et échevelée des réjouissances. Il y avait trop de couples, d'embrassades et de dérives, déjà, pour qu'il décide d'y participer. Pas de conviction, plus d'envie. Mieux valait trouver une autre façon de s'aérer les sens et l'esprit.
Levant les yeux vers le ciel où montaient comme autant de vapeurs extatiques les cris et le tumulte, le bâtard sourit pour lui-même. Cette autre façon était toute choisie.
Le pas leste, plus assuré, le jeune demi-sang s'écarta du rassemblement des tentes. Il chercha, sur le terrain, une petite éminence, de quoi surplomber autant que faire se pouvait la plaine et les hameaux où grignotait le vaste campement ; ce fut sur une petite colline dégagée qu'il jeta son dévolu. Grimpant les flancs herbus, il s'assit à son sommet, et profita de la gifle de plus en plus froide qu'assenait le vent nocturne. D'ici l'on pouvait voir la gueusaille s'agiter comme une colonie de fourmis privée de reine. Les feux luisaient comme des lanternes lointaines. A leur lumière, on apercevait parfois quelques silhouettes un peu plus furtives que la moyenne, munies de sacs ; quelques uns des convives improvisés, pragmatiques, avaient décidé de profiter du désordre pour piller en toute impunité les cultures voisines - toute provision en vue de contrer la famine était bonne à saisir, même celle du voisin. Sous les éclats de rire couvaient d'autres cris, ceux de chahuts moins festifs. Décidant que, pour une fois, son bras n'irait pas prêter main forte aux petites gens dans leurs drames, Chadden ferma les yeux.
L'herbe était fraîche sous son dos, accueillante. Quand il entrouvrait les paupières il pouvait voir la jetée d'étoiles, vertigineuse, qui poudrait le ciel, noyée dans un halo flou.
Ce spectacle le plongeait dans un tranquille ravissement, au point que bientôt, tous les menus tracas, et même la frustration d'avoir été si cavalièrement éconduit, quittèrent ses pensées. Quelque temps, il se laissa aller dans la contemplation du ciel. Nomma les étoiles, une à une, patiemment. Puis, quand la torpeur du sommeil se fit par trop présente, il s'enroula confortablement dans sa pelisse et s'endormit.
Le silence - plus encore que l'air frais - fut ce qui le réveilla. Les sens aux aguets, même lorsqu'il dormait, Chadden roula mollement sur le flanc. Le tumulte lointain et chaotique de la fête n'était plus. A la place régnait sur la plaine dévastée un silence de champ de bataille, comme un écho solennel aux débordements de tantôt. Quelques corps dormaient à même le sol, négligeant les tentes, certains encore enchevêtrés dans d'exquises batailles. Se redressant sur un coude, le jeune bâtard s'étira, fit craquer ses membres puis, d'un regard, interrogea le ciel. L'on devait être à potron-minet, et l'aube ne tarderait pas à poindre.
Se relevant tout à fait, Chadden fit quelques pas, s'étira à nouveau de tout son long. Avoir dormi dans le frais engourdissait son corps mais d'une manière supportable, tant il était habitué à reposer au-dehors par presque tous les temps sans le moindre confort. Tournant le dos au campement et aux innombrables endormis, le bâtard s'en alla quérir un cours d'eau, laissant l'instinct le guider. Un ruisseau coulant aux abords du bois tout proche ferait son affaire le temps de se débarbouiller.
Il n'y avait décidément rien de plus agréable que de profiter de ces quelques heures qui précèdent l'aube. Ce temps incertain où la nuit hésite à retirer son voile, et où les oiseaux de l'entre-deux donnent de la gorge pour annoncer l'astre diurne. Cette lumière qui n'en est pas encore une, où tout semble figé, où le monde est en suspens. Soleil se lèvera-t-il ? Le souvenir du Voile était présent dans les esprits, et rendait cette attente d'autant plus intense, d'autant plus magique également. Oui. C'était définitivement ces heures-là que préférait Chadden.
La main se déporta aux flancs, tâta les fourreaux - fidèles au poste. Rituelle, elle effleura les pommeaux puis tira l'acier hors de sa gaine, par deux fois. Lames en main, le bâtard salua le vide. Puis, seul, lui-même à lui-même donné, s'anima.
Le Geste. Ce long apprentissage au travers duquel il avait fini par se trouver une identité. Cet art mille et mille fois travaillé, affiné chaque jour, et répété par coeur chaque matin selon un rite bien précis. De mouvements lents et épurés, le corps du bâtard dansa. Et dans ses poings, l'acier dansait aussi.
Pointes. Tailles. Enchaînements. Dociles et apprivoisés, les fers sifflaient. Peu à peu éveillés, les muscles vibraient. Et de simples et de patients qu'ils étaient, les gestes du bâtard se firent plus libres, plus élancés, plus rapides et plus violents. Feintes. Fentes. Voltes. Tout un langage qui, s'il semblait limité de prime abord, finissait à force d'agencements et de structures complexes par déployer tout un écheveau de nuances. Tel était le Geste. Telle était la fierté du bâtard. Et quand son entraînement solitaire toucha à sa fin, son esprit lui sembla aussi clair et aussi vierge qu'une feuille de vélin sur laquelle aucune plume n'avait encore trouvé à se poser.
Ce fut donc un Chadden serein et paisible qui s'en revint vers le campement - lequel avait commencé à s'animer maintenant que pointait les premières lueurs du jour. Il prêta main forte ici ou là, patient, puis s'en alla - sur ordre - aider à la préparation des chasses. Une longue journée de réjouissances s'annonçait pour les sangs-bleus.
Il avait réussi à se sortir Fjama de l'esprit lorsque celle-ci, inopinément, vint le trouver. C'était un temps de répit où son bras ne trouvait pas d'utilité, et qu'il avait mis à profit pour se sustenter un brin en jetant son dévolu sur quelques racines cuites, fort nourrissantes au demeurant. A l'éclat rouge des robes et de la chevelure, perçu du coin de l'oeil, le jeune sang-mêlé tiqua. Et lorsqu'elle le héla, il se tourna tout à fait.
Eh... Dire qu'il pensait qu'une fois sa vengeance assouvie la danseuse ne chercherait plus à se frotter à lui ! L'air gêné de la jeune femme, et son malaise apparent, venaient contredire ses suppositions de la veille. L'oeil glissant de bas en haut puis de haut en bas, Chadden la considéra quelque temps, silencieux. Désolée pour hier, émit-elle.
Silence, encore. Croquant une nouvelle fois dans son frugal repas, le bâtard déglutit. Mais si l'expression de son visage se voulait indéchiffrable, ses yeux, en revanche, souriaient, plus amusés que rancuniers.
- Tu ne vas pas disparaître, cette fois ? »
Quelques secondes plus tard, il souriait pour de bon. Chadden n'était pas un être particulièrement vindicatif, d'autant que son petit cérémoniel du matin avait achevé de lui rendre sa tranquillité d'esprit. Et puis, ce n'était pas si grave, au fond !
- Aye. Allons plus loin, viens. »
Placide, il pivota des talons et marcha pour quitter l'enceinte, fourreaux cliquetant. Son objectif était déjà tout trouvé : la colline où il avait dormi ferait tout à fait l'affaire. |
| | | Fjama
Ancien
Nombre de messages : 1893 Âge : 41 Date d'inscription : 02/02/2011
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 20 ans d'apparence (65 ans environ) Taille : Niveau Magique : Maître.
| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Dim 24 Avr 2011 - 17:42 | |
| Soulagée, elle hocha la tête plusieurs fois comme une gamine. Il souriait, donc il ne lui en voulait pas ! Tant mieux ! Elle ne souhaitait pas réellement se répandre en excuses et explications. Elle emboita rapidement le pas de Chadden. Apparemment, l'emplacement des cours était tout décidé.
De la foulée des vagabonds, ils quittèrent le campement. A travers les champs en jachères et leurs hautes herbes, ils sillonnèrent vers une colline. En haut de celle-ci, Fjama observa un instant la vue sur le château de Sinlieh. Décidément, elle préférait toujours voir les demeures des nobles de loin. Bordefente et ses couloirs avaient suffisamment malmené son pitoyable sens de l'orientation pour que l'envie de découvertes de nouveaux castels la plonge dans l'expectative : Retenir le trajet jusqu'à sa chambre lui avait déjà pris une dizaine d'aller et retour avec halte obligatoire en cuisine pour demander son chemin. Mémoriser d'autres sentes ? Mieux valait oublier !
- Leurs pierres ont toujours des allures magiques quand on les regarde de loin. Mais l'intérieur, c'est pire que des labyrinthes d'antiques cités... une horreur.
Elle grimaça avant de rire légèrement.
- Donc, j'imagine que tu n'as strictement aucune notion.
Elle affirmait sans jugement. Elle prit place à même le sol, jupes soigneusement repliées sous son agréable séant pour s'éviter le contact trop frais de la verdure. Elle tira une liasse de parchemins cousus ensemble de sa sacoche. Du tranchant de la main, elle lissa patiemment le papier usé, probablement chapardé au fil des âges. Puis, elle ouvrit le cahier improvisé en son milieu. Sur la feuille brunie s'étalait l'ensemble de signes "magiques" faisant tant rêver le métisse. L'écriture volontairement était droite et claire, des traits simples sans fioriture. Naturellement, Fjama singea le ton professoral du magicien lui ayant enseigner les bases de contrôle de son art incendiaire.
- Pour simplifier ton apprentissage, je vais tenter d'établir un lien entre l'art du combat et celui de la plume.
Elle fouilla encore sa besace et tendit à Chadden une plume parée à écrire.
- Voici ta nouvelle arme, je te l'offre. Je t'apprendrais à la tenir, à t'en faire d'autres et évidemment à l'utiliser. Savoir écrire et lire, l'un ne va pas sans l'autre, comme tu ne peux pas apprécier réellement un combat si tu n'en saisis pas les mécanismes.
Elle s'approcha de Chadden, se plaçant à ses cotés pour lui mettre le carnet sur les genoux. D'un geste, elle désigna les caractères.
- Les symboles que tu vois ici sont les 26 lettres formant l'alphabet. Chacune a un nom. Ce sont les routines que tu devras maitriser. En les combinant dans le bon ordre, tu obtiendras les mots, tes bottes. En associant les mots, les phrases seront autant de passes d'armes contre tes adversaires.
Elle sourit. Elle ne le prenait pas pour un imbécile, mais elle estimait nécessaire de lui expliquer les bases avant d'entrer dans le vif du sujet.
- Commençons par le nom des lettres. Les dire à la suite se nomme communément "réciter l'alphabet". Tu devras apprendre par cœur autant leur nom que savoir les reconnaitre. Sans ça, tu ne pourras rien faire.
Son doigt sur le carnet désigna les lettres, l'une après l'autre tandis qu'elle les énumérait. Elle répéta l'opération en ajoutant un exemple de mot débutant par la dite lettre : A comme Arme, B comme Botte, C comme Chadden ou Cerf, etc. Les associations, plus ou moins heureusement, restait dans des thèmes présumés courants pour le sang-mêlé, sans sombre dans l'enfantin naïf. Puis, elle les chantonna selon le rythme universellement connu afin de l'aider à les mémoriser comme les ritournelles de l'enfance. Une fois certaine que l'air simple resterait imprimé quelques temps dans son esprit, elle passa à un autre sujet.
- A présent, voici comment tenir une plume.
Elle se saisit de la sienne, la main sous son nez pour qu'il puisse bien observer.
- Tu es plus habile de la main gauche ou droite ?
Après la réponse, elle prit la dite main et plaça correctement l'objet entre ses doigts. Elle reprit la sienne et mimant le geste d'écrire dans l'air, l'encourageant pour faire de même, en vérifiant que la position soit correcte. Finalement, elle hocha la tête et le fixa le plus sérieusement du monde.
- Quel mot désires-tu savoir lire et écrire en premier ? |
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