|
| [Chasses] Quand la plèbe ripaille... | |
| | |
Auteur | Message |
---|
Chadden Charis
Ancien
Nombre de messages : 274 Âge : 39 Date d'inscription : 24/07/2008
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié
| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Lun 25 Avr 2011 - 15:19 | |
| ~ The Village OST - The Vote ~ - Je n'aime pas non plus. Je veux dire, l'intérieur. Ce n'est pas assez... Pas assez ouvert. C'est ça. »
Le malaise avait été bien vite dissipé, en fin de compte. Et la pointe de ressentiment que Chadden aurait pu conserver par devers lui s'évanouit rapidement lors de leurs premiers échanges verbaux, des points communs qu'ils se découvraient encore et, surtout, de l'apprentissage qui allait commencer.
Sage, il s'assit en tailleur et écouta avec beaucoup d'attention les instructions de son nouveau professeur. Il n'y avait pas de mal à redevenir l'élève lorsqu'une autre personne vous fait la faveur de bien vouloir transmettre son art ; en outre, elle usait - et il lui en était d'ailleurs reconnaissant - d'un langage familier à ses sens, et d'images qui lui parlaient probablement plus que tout autre.
Intrigué, Chadden fit tourner la plume entre ses doigts. C'était si petit, si fragile. Qui pourrait penser qu'un objet aussi simple de facture contenait tant de pouvoir ? En revanche, les parchemins - et les vingt-six signes annoncés - lui firent lever haut les sourcils. Vingt-six signes. C'était un chiffre étrange. Tant de symboles à retenir - et si peu tout à la fois. Définitivement, oui, l'art du lire-et-écrire se rapprochait beaucoup de l'apprentissage militaire. Aux gestes simples et purs succédaient les schémas, les enchaînements et les combinaisons. Comprenant, il hocha le menton à plusieurs reprises et signifia à l'autre métisse qu'il avait saisi le sens de ses explications.
Ce fut cependant un brin plus ardu lorsque vint la pratique.
L'alphabet, déjà. Chadden éprouvait de grandes difficultés à concevoir que l'on puisse classer des lettres. Dans quel ordre, dans quel sens, pourquoi ? Les différentes techniques que Fjama tenta d'appliquer pour lui faire retenir le fameux enchaînement s'avérèrent presque toutes infructueuses. Oh... Jusqu'au F, il retenait, mais au-delà... Butait, mélangeait, hésitait, et finissait par avouer, penaud, qu'il avait oublié la suite. Peu importât qu'aux lettres fussent associés des termes familiers ; l'ordre lui semblait par trop aléatoire pour qu'il réussisse à le retenir. Ce premier écueil dut, de fait, titiller la patience de la danseuse.
Fort heureusement, il s'avéra que la méthode ritournelle lui garantissait de meilleurs résultats. A apprendre comme une comptine, la chose semblait plus accessible à Chadden qui décida d'opter pour cette technique à l'avenir, et qui fredonna à mi-voix l'air entre ses lèvres même lorsque Fjama passa à la suite de ses explications.
La plume.
Ceci ne posa en revanche pas trop de problèmes. Habile de ses mains, le bâtard comprit rapidement de quelle manière il fallait saisir le petit objet - et pas comme un poignard comme il avait eu tendance à le faire au départ, naïvement. Gauche, fut répondu au professeur, car il se souvenait avoir toujours trouvé plus aisé de manier une lame de cette main-là.
Quelques arabesques plus tard, et la manipulation de la plume ne parut plus être un problème. Dans l'air, du moins... Sur le papier, cela risquait de se compliquer - mais ils n'en étaient pas encore là. Vint alors la question fatidique.
- Quel mot désires-tu savoir lire et écrire en premier ? »
Ici, Chadden répondit aussitôt, sans même prendre le temps de réfléchir.
- Etoile. »
Un froncement de sourcils plus tard, le bâtard défiait du regard Fjama, entre fierté, espoir et candeur. Etoile, oui ; c'était évident. Il les nommait depuis si longtemps, leur avait fait tant de promesses, s'était attaché à leur chemin depuis tant d'années. Elles avaient été son repère sur les routes, toujours à le veiller. Elles étaient les innombrables amantes auxquelles il s'était juré de rendre hommage en créant, un jour, des parures dans le métal chéri de ses sens.
Quoi de plus naturel, en somme, que de vouloir les honorer à nouveau ? Et quelle plus belle manière de le faire ? |
| | | Fjama
Ancien
Nombre de messages : 1893 Âge : 41 Date d'inscription : 02/02/2011
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 20 ans d'apparence (65 ans environ) Taille : Niveau Magique : Maître.
| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Mar 26 Avr 2011 - 21:05 | |
| Pour la première leçon, elle se montrait étonnamment patiente. Pour deux raisons simples : Elle ne s'attendait pas à ce qu'il apprenne tout d'un coup facilement et elle s'en voulait encore pour la veille malgré l'ambiance détendue. Lorsqu'il annonça son mot, elle sourit. Un bon mot. Elle avait imaginé qu'il réclamerait son nom comme tous les autres, mais il avait choisi mieux. Elle hocha plusieurs fois la tête avant de lui prendre les parchemins des mains et s'allonger sur le sol.
Sur le ventre, elle trempa sa plume dans l'encrier.
- Approche, je vais t'expliquer...
Elle croisa ses jambes relevées, les battait dans le vide nonchalamment. Une fois assurée qu'il pourrait bien observer, elle ouvrit le carnet improvisé sur une page vierge.
- E, comme un homme allongé dans l'Étreinte de la nuit T, comme un Toit et son pilier soutenant la voûte du ciel O, comme la forme d'une bouche Ouverte d'émerveillement I, comme un homme se tendant vers elles, Ivre de leur beauté L, comme les aiLes qu'on aimerait avoir pour les caresser E, comme leur branches lumineuses nous Éclairant dans l'Encre nocturne.
Lentement, elle dessinait les symboles au fur et à mesure de sa petite litanie. Ayant compris qu'il avait plus de facilité à enregistrer les informations si il y avait du rythme, des comparaisons, elle décortiquait comme elle pouvait le tracé et l'enchaînement des lettres. Une petite moue peu satisfaite naquit sur ses traits. Elle le fixa un instant. Puis, elle répéta le petit "poème" en pointant les hiéroglyphes correspondants.
- A toi, d'essayer. Cela n'est pas la meilleure position. Ni le meilleur support pour écrire. Mais, nous n'avons que ça pour le moment. Cela sera plus simple quand nous pourrons nous installer à une table. Ne te décourage pas si l'encre bave ou si ton trait vacille, c'est normal au départ. N'appuie pas trop. Le bec de ta plume doit glisser sur le parchemin.
Elle lui reprit l'objet de calligraphe des mains, le temps de l'encrer pour lui.
- Évite de la secouer, sinon tu en mettras partout.
Tranquillement, elle se plaça sur le coté pour mirer à son aise les premiers pas dans son élève. Une main recourbée sous sa joue, elle ne disait mot. Sous ses yeux s'étalaient tout ce qui lui était nécessaire.
Dernière édition par Fjama le Mer 27 Avr 2011 - 8:03, édité 1 fois (Raison : ortho) |
| | | Chadden Charis
Ancien
Nombre de messages : 274 Âge : 39 Date d'inscription : 24/07/2008
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié
| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Mer 27 Avr 2011 - 19:40 | |
| ~ Louisa John Krol - Blackbird ~ Alors, c'était ainsi qu'il fallait se mettre pour écrire ? Intrigué, Chadden s'allongea à son tour avec cette naïveté propre aux néophytes, qui n'ont de cesse d'imiter leurs maîtres en tout dans le but avoué - ou non - d'assimiler plus vite leurs secrets. Le buste à demi redressé d'un coude, son regard faisait des allers et retours de la feuille au visage de Fjama, tissant des liens entre l'histoire qu'elle contait et ce qui se créait sur la feuille. C'était merveilleux. Il voulait imaginer la voûte céleste et les mouchetures de lumière, l'évanescence de leur éclat, et tout ce que la beauté des astres lui inspirait dans les entrelacs qui se dessinaient lentement sous la plume de la métisse. Il voulait l'imaginer, le voir et le saisir à son tour. Ce fut donc avec un enthousiasme non feint que Chadden se saisit de la plume pour tenter l'exercice.
C'était plus difficile qu'il ne l'avait pensé.
Au premier trait, la plume déchira le parchemin - trop appuyée, maniée comme un stylet comme s'il cherchait à graver dans le roc ou le bois. Chadden secoua la tête, s'excusa, recommença. Le second trait fut au contraire trop fin, et ne laissa sa trace que par intermittences sur le support. Il lui fallut quelques autres tentatives avant de maîtriser, tant bien que mal, la pression nécessaire ; et ce n'était encore que le début de son périple.
Quelle chance que le bâtard n'ait - au moins - pas de grandes difficultés à saisir la plume comme il se devait ! Si cela facilitait grandement la suite des opérations, rien n'était pourtant gagné. Après quelques grondements mécontents, le bâtard se tut à fait. Désormais parfaitement concentré, la mine froncée et sérieuse, il s'appliqua à reproduire les tracés que la danseuse maniait avec autant d'aisance.
Alors, certes, son L évoquait d'avantage un début de noeud de marin ; certes, ses E étaient plus ou moins inversés - il ne comprenait pas de quelle manière il fallait commencer à tracer ce signe-là, et entamait le symbole par sa queue - mais, enfin, après diverses tentatives, ce fut avec une fierté mitigée que Chadden présenta son oeuvre à son professeur. Un étoile, tremblotant, empâté, et qui dans l'effort avait taché d'encre la pulpe de ses doigts : mais un étoile tout de même.
- Je... Les prunelles errèrent, cherchant un signe de satisfaction ou de mécontentement sur le visage de Fjama. ... Je crois qu'il faut que je m'entraîne. Beaucoup. Souvent. Mais l'encre et le parchemin sont des choses chères, alors... »
Il fouilla les environs des yeux un bref instant puis hocha la tête, par deux fois.
- Je m'entraînerai avec un bâton pour plume et la poussière pour support. On risque sans doute de me demander ce que je fais à plat ventre au sol, mais peu importe », affirma-t-il avec l'air résolu de celui qui n'imagine pas qu'il puisse exister d'autres postures pour écrire.
Aussitôt après, d'ailleurs, il roula sur le flanc. Son estomac, malmené par la position peu confortable, venait de lui rappeler qu'il n'avait ingurgité que quelques racines depuis le début de la journée et réclamait désormais réparation à cors et à cris. |
| | | Fjama
Ancien
Nombre de messages : 1893 Âge : 41 Date d'inscription : 02/02/2011
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 20 ans d'apparence (65 ans environ) Taille : Niveau Magique : Maître.
| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Jeu 28 Avr 2011 - 15:46 | |
| Elle l'encourageait de quelques commentaires et conseils. Pourtant, elle ne le corrigea pas. Quand bien même son trait était branlant, ses lettres parfois tournées dans le mauvais sens, cela n'avait pas d'importance. C'était son mot. Son premier. Il devait y arriver seul. Une fois, l'œuvre finie, elle observa longuement le trait, puis hocha la tête d'un air satisfait. Elle écouta ses paroles, jusqu'à la dernière phrase où elle haussa un sourcil avant de s'esclaffer.
- Mais pourquoi tu veux te coucher pour le faire ? Tu peux écrire dans n'importe quelle position, voyons ! L'essentiel, c'est que tu sois à l'aise et que ton support soit aussi plat et rigide que possible. Je ne me suis allongée que pour que tu puisses voir plus correctement que si j'écrivais sur mes genoux et pour que les parchemins soient bien positionnés.
Taquine, elle lui envoya une petite pichenette sur le front.
- Demande la prochaine fois, je suis là pour répondre à tes questions. J'avoue que ça m'est pas venu à l'idée que tu puisses penser qu'on doive écrire toujours ainsi.
A un grognement, elle baissa les yeux sur l'estomac courroucé.
- Mmh, je crois que c'est le signal de la fin de la leçon. Nous verrons pour tes exercices quotidiens plus tard. Allons chaparder en cuisine quelques victuailles ... un énooorme morceau de viande.
Elle écarta les mains de manière disproportionnée pour appuyer ses dires. Vorace, une petite langue avide glissa sur ses lèvres, alors qu'elle sautait sur ses pieds. Elle rassembla ses affaires.
- Tout effort mérite récompense, je t'invite !
Après un clin d'œil, elle dévala la pente douce. Comme la veille, elle étendait les doigts vers lui, torsadait ses poignets. Le défi implicite naissait dans le claquement des jupes-oriflammes. "Rattrape-moi si tu l'oses" criaient les œillades. Elle allongea sa foulée. Les hautes-herbes fouettaient les mollets gainés de cuir sombre. Quand il comblait le fossé les séparant, elle se laissait distancer pour mieux lui passer devant. Le jeu de vitesse dura le temps de rejoindre le campement. Là, avec toute la dignité du perdant, elle marcha d'un pas assuré vers le château, faisant de l'ordre dans sa tenue. A sa hauteur, elle lui jeta un regard de coin, paupières mi-closes, avant de lui tirer la langue et de repartir sur les chapeaux de roues. Tricheuse ? Les règles n'avaient pas été fixées ! Aux portes des cuisines qui déjà s'animaient pour le banquet du soir, Fjama se faufila.
Dans la marée de domestiques, elle s'intégra en silence. Suivant leur lent ballet, elle prit un des plateaux, bien garni, tout juste paré pour être mené aux convives. Elle se saisit d'une miche de pain frais, d'une bouteille de vin, qu'elle déposa en équilibre sur le rebord. Avec sérieux et aussi naturellement que possible, elle emprunta la porte de sortie, brisant la valse des servantes. Sur un cri d'alarme, pas plus furieux que ça, du maître-queue, elle détala. Aux bras de Chadden qui se rapprochait, elle refourgua une partie des vivres.
- Suis-moi !
Cavalant pour échapper à une matrone presque aussi gironde qu'Angélique, les deux sang-mêlés revinrent sur leurs pas et la fameuse colline devenue leur fief. La poursuivante ayant bien vite abandonnée, il ne restait plus qu'à profiter des mets durement acquis à la sueur d'une facétie enfantine de l'impulsive flamme. Le pique-nique fut étalé sur la nappe verte des herbes folles. Pour toute éclairage, les fameuses étoiles commençant à poindre devinrent chandelles. Prenant place avec élégance, singeant à merveille les dames nobles, elle attrapa un morceau de viande qu'elle agita un instant devant Chadden.
- Le banquet, en l'honneur de votre premier mot écrit, ainsi, commence, Sire. Je lève mon aile, je crois que c'est une aile oui, en votre honneur ! Puisse-t'il être le premier d'une longue série ! |
| | | Chadden Charis
Ancien
Nombre de messages : 274 Âge : 39 Date d'inscription : 24/07/2008
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié
| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Dim 1 Mai 2011 - 23:43 | |
| ~ WoW OST - Tavern ~ Qui aurait pu penser que côtoyer une demi-drow aurait pu être à ce point rafraîchissant ? Pas Chadden en tout cas, qui s'émerveillait de l'aisance avec laquelle s'exprimait son professeur, cette espèce de légèreté spontanée qui donnait au moindre de ses gestes, de ses sourires et de ses mots une vigueur intarissable. Il peinait à admettre que soixante années s'étaient déjà écoulées depuis la naissance de la danseuse tant elle paraissait déborder d'une énergie dont lui-même, parfois, se sentait cruellement dépourvu.
La taquinerie de Fjama menée contre son ignorance le fit à peine bougonner, par principe. C'était stupide de sa part, il savait pourtant très bien que les scribes publics ne rédigeaient pas allongés... Se redressant à l'invitation de la flamme fait femme, le bâtard accepta avec joie le nouveau défi qu'elle lui soumettait et partit à sa poursuite d'une bonne foulée, véloce et vigoureuse. Eh ! Le défier à la course, lui qui avait appris à courir en fuyant les drow - épisode qui demeurait d'ailleurs l'une des plus grandes frayeurs de son existence ? C'était risqué, et il comptait bien le lui démontrer ! D'autant plus s'il y avait de quoi apaiser son ventre affamé en bout de route.
Il gagna, bien entendu. La danseuse était leste et rapide, mais il avait une intensité de course et une endurance suffisantes à la battre. Revenant au pas une fois le campement atteint, Chadden lorgna en coin sa comparse d'un air assez satisfait, se détendant progressivement. Erreur que la demi-sang mit aussitôt à profit pour détaler en direction du château. La garce ! Lorsque le bâtard se lança à sa poursuite, Fjama avait pris trop d'avance pour qu'il puisse la rattraper et, déjà, dans un envol tourbillonnant d'étoffes rouges, elle se glissait à l'intérieur.
Peu de temps après, la danseuse surgit du ventre du fort, toujours au pas de course mais dans la direction opposée cette fois-ci, et les bras chargés de victuailles. Se jetant presque malgré elle dans les bras du bâtard qui l'attendait et qui, comprenant la manoeuvre, la débarrassa d'une partie de son fardeau pour détaler à son côté, le souffle malmené par un rire joyeux. Il y avait longtemps qu'il ne s'était pas adonné à ce genre de rapine innocente. Longtemps, oui, peut-être n'était-ce même jamais arrivé avant ce jour.
Le soir tombait, déjà. Essoufflés et heureux, les deux fuyards se réfugièrent au sommet de leur colline fétiche, étalant leur futur repas sous l'oeil impavide des étoiles. Fjama - définitivement infatigable - se mit à singer les manières d'un banquet autrement plus noble, tirant un nouveau sourire amusé de la part de son compère.
- Qu'alors les festivités commencent ! Tu as même pensé au vin. Même les rois nous envieront ce repas ! » commenta Chadden en se saisissant à son tour d'un morceau de victuailles, puis en laissant ses yeux s'égarer vers le ciel.
Elles étaient là, scintillantes et accueillantes, ceignant la lune de leur clarté froide qui allait en forcissant à mesure que l'obscurité s'épaississait. Comme toujours captivé par ce spectacle, le bâtard laissa échapper un soupir rêveur, et s'allongea sur le dos, machinalement, pour mieux les admirer. Un moment, son esprit parut glisser hors de lui, et quitter le gris changeant de ses prunelles. Mais son absence ne dura que peu cette fois-ci avant qu'il ne se ressaisisse, agitant d'un geste distrait son bout de viande pour désigner le ciel.
- Elles sont belles. Tu ne trouves pas ? souffla-t-il, le ton pensif et passionné. Je connais beaucoup d'histoires sur elles. Et même leur nom. Il y a un conte qui dit qu'il y en a exactement sept millions. Mais moi je pense qu'il y en a beaucoup plus. »
Il glissa un regard vers sa partenaire de festin puis, mordant avec appétit dans son repas, laissa passer un silence. L'oeil revint bien vite aux mouchetures dans le ciel.
- Il y a une autre histoire que j'aime beaucoup, reprit-il. Elle dit que les étoiles sont en réalité les éclats d'un miroir qui appartenait autrefois à Tari. Un miroir immense dans lequel la Dame des Douleurs se mirait pour soulager ses peines. Mais quand, amoureuse de son frère Othar, elle fut trahie par ce dernier, le regard qu'elle jeta en son miroir fut si tragique que celui-ci éclata en morceaux. Une moitié des débris gagna le ciel, et l'autre tomba en pluie sur la terre ; et ces éclats-là, c'est le métal qu'on nomme argent. La seule partie du miroir qui résista à la souffrance de la Dame des Douleurs fut l'opale qui était sertie sur son fronton. »
Et, achevant son propos, il désigna la lune d'un geste léger.
- ... C'est pour cela qu'on dit que l'opale et l'argent protègent de la mort, et apaisent le malheur. Ce sont de bons porte-bonheur. Une inspiration. Je pourrais t'en faire un, si tu veux. » |
| | | Fjama
Ancien
Nombre de messages : 1893 Âge : 41 Date d'inscription : 02/02/2011
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 20 ans d'apparence (65 ans environ) Taille : Niveau Magique : Maître.
| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Dim 8 Mai 2011 - 17:49 | |
| Elle l’observait en tailleur, son aile en main. Il mirait pensivement les étoiles chéries dans l’immensité d’encre. Elle hocha pensivement la tête, avant de porter son attention sur les astres scintillants. Elle n’avait aucun attachement particulier pour le ciel nocturne. Certes, comme tout vagabond, elles lui avaient tenu compagnie bien des nuits. Pourtant, le soleil seul comblait ses sens. A l’histoire, elle reposa son regard sur lui. Attentivement, elle l’écoutait. A la fin du récit, elle marqua un temps avant de prendre la parole.
- Tu ferais un bon conteur.
Elle sourit.
- Je te remercie de ta proposition. Mais je n’ai pas peur de la mort. Pas vraiment. Plus vraiment.
A son tour, elle bascula en arrière sur le dos pour contempler le ciel. Elle ne mentait pas. Elle était partagée entre la crainte primitive du terme de sa vie et le désir d’un épilogue victorieux à l’histoire qu’elle écrivait chaque jour. Elle secoua légèrement la tête.
- Et puis, l’argent ne me va pas du tout.
De cette phrase, elle chassa les autres pensées et se redressa en mordant à pleine dent dans un morceau de viande juteuse.
- J’aime le soleil. Chaud, brûlant, celui qui fait naitre la vie ou la mort dans les déserts. J’aime cette dualité. J’aime quand il se lève chaque matin. Il chasse mes ténèbres. Les couleurs qu’il prend en se hâtant hors ou vers sa demeure nocturne, j’aimerais savoir mélanger les pigments pour en étirer toutes les nuances sur une toile gigantesque. En attendant de l’apprendre un jour peut-être, je sais en faire une pâle copie. Tu aimerais voir mon vrai Art ? Tu n’as pas peur de la magie ?
Elle considéra Chadden un instant. Il secouait négativement la tête, pourtant il n’avait pas l’air vraiment rassuré. Il était même méfiant. Elle le rassura d’un sourire.
- Ne t’inquiète pas ! Tu ne risques rien sur ce genre de manipulation !
Puis, elle se redressa et s’inclina bien bas, frôlant le sol du bout des doigts le sol.
- Sire, il n’y pas de banquet sans spectacle et pour votre conte, je vous remercie du mien.
Elle s’écarta de quelques pas, assez pour dissimuler dans l’ombre ses traits et n’offrir qu’une silhouette sombre au métis. Elle leva les bras vers la lune et ferma les yeux. Elle chercha un instant sa mélodie dans le murmure du vent dans les arbres, dans la rumeur d’un ruisseau coulant non loin. Attentive à la nature autour d’elle comme l’Hirondelle le lui avait enseigné, sa tête se pencha sur le coté jusqu’à ce que soudain le corps ploie légèrement sous le courant. Lentement, une lumière naquit au creux de la coupole de ses mains. D’abord flamme timide, elle gagna en ampleur jusqu’à lécher les clavicules de l’artiste.
Bientôt, Fjama franchit l’étroite limite entre la conscience et la transe nécessaire à la manipulation de son énergie. Le feu se sépara en deux piliers reliés par une arche et la vraie danse débuta : Les battements du cœur puissant devinrent les tambours pour chaque oscillation et pirouette ; le vent support des ailes incandescentes flottant à la suite des pas complexes représentant la course du soleil autour de Chadden. Au zénith, les gestes se saccadèrent, brutaux, guerriers, vindicatifs, victorieux. Jusqu’à décroitre à nouveau au crépuscule, où les lascifs mouvements succédèrent aux jambes jetées. Le brasier décrut lentement, étendant ses derniers rayons dans la pénombre. Puis la nuit regagna ses droits, un temps plus obscur encore jusqu’à ce que les étoiles se dévoilent à nouveau dans leur écrin.
Essoufflée, Fjama mit quelques secondes à cesser de se balancer au gré d’une musique silencieuse. Puis, elle baissa son regard sur Chadden. Peut-être la prendrait-il vraiment pour une sombre à présent, peut-être avait-elle brisé le fragile lien tissé ? Loin de la confiance dont elle faisait habituellement preuve, elle semblait craindre son jugement ou son courroux.
|
| | | Chadden Charis
Ancien
Nombre de messages : 274 Âge : 39 Date d'inscription : 24/07/2008
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié
| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Dim 8 Mai 2011 - 20:29 | |
| ~ Ekova - The Storm ~ Je n'ai pas peur de la mort...
Les propos sereins de la danseuse éveillèrent quelque chose dans l'esprit du jeune bâtard. S'étendant tout à fait sur le dos, bras en croix, abandonné, il fit de nouveau s'égarer sa vue et ses sens vers le vertige du ciel nocturne. Sa voix murmura enfin, presque malgré lui, d'un ton si détaché qu'il en paraissait absent.
- Moi, j'ai peur de la mort. Pourtant, je lui ai fait face, et je l'ai même tutoyée. Mais oui, j'ai peur de mourir. »
Ses paupières se fermèrent paisiblement. Il ramena ses bras à lui, jusqu'à croiser ses mains derrière sa nuque, et sourit pour lui-même. Ses propos seraient sans doute interprétés comme ceux d'un bretteur quelconque, qui se fait de la mort une image brumeuse et menaçante croisée au détour du moindre duel. Mais en vérité, ses propos avaient un sens plus profond encore. N'avait-il pas croisé la Gardienne elle-même, après tout ? Sans doute aurait-il pu s'en vanter ; pourtant, il n'en dit rien, et se contenta de savourer un temps la caresse de la brise sur sa chair, de plus en plus insistante, de plus en plus froide.
Le répit ne dura pas. Infatigable, Fjama s'était déjà redressée et, avec le même enthousiasme qu'il avait lui-même emprunté lors de son conte, lui livra un magnifique hommage au nom du Soleil. Chadden s'appuya sur un coude, passa en tailleur et posa un oeil captivé sur la sang-mêlée. Elle n'en finissait pas de le fasciner... Et il était encore loin de se douter à quel point !
- Je ferais peut-être un bon conteur... Mais toi, tu es une excellente poétesse. Bast ! On va pas s'enterrer l'un l'autre sous les compliments... Ses sourcils se froncèrent à l'entente du mot magie, et il grommela. J'ai pas peur. C'est juste... Que je n'ai pas confiance. »
Une méfiance loin d'être infondée, d'ailleurs. Chadden avait encore en travers de la gorge ce duel contre le Comte de Scylla, où la magie lui avait infligé l'une de ses plus cruelles défaites. Un peu rembruni, il posa ses coudes sur ses cuisses puis son menton dans ses paumes, et darda un regard circonspect sur la danseuse. Une démonstration de son art, eh ? Si cela lui chantait. Mais il ne fallait pas compter sur lui pour participer, ça jamais !
Debout, Fjama doucement oscillait. Cela s'annonçait comme une danse, et le bâtard se détendit sensiblement. Il savait de quoi la demi-sang était capable en la matière, et - magie ou non - s'attendait à ce que le spectacle soit de toute manière un régal pour ses yeux. Puis la merveille commença.
Quand la couleur prit vie sur la peau de Fjama, rayonnante, Chadden eut d'abord un mouvement de recul. Presque aussitôt après, il se penchait en avant, captivé par les rais sinueux que la Flamme traçait à l'aide de son art. De fins sillons et de lestes serpents le brasier naquit, prit de la vigueur, de l'intensité, se fit majestueuses colonnes. Comme possédée, Fjama pailletait la nuit à chacun de ses gestes et sa danse, combative et puissante, évoquait quelque transe animale.
Bien que Chadden pût percer l'obscurité sans mal, le spectacle l'étourdissait. Sur la toile de velours qu'étendait la nuit, l'art de la danseuse traçait de grandes griffures incandescentes qui persistaient même après la mort du geste, s'enlaçaient et se confondaient les unes dans les autres comme autant de traits rageurs sur un tableau sans cesse mouvant. C'était beau, sauvage, impressionnant. Suffisamment pour que, muet et le souffle contenu, il s'y laissât perdre tout le temps que cela dura.
De dernières oscillations, les brasiers décrurent, et s'apaisèrent. Docile, la flamme rejoignit les poignets de la Flamme, et de sorcière la femme redevint danseuse. Eprouvée et partagée, Fjama posa des yeux prudents sur le bâtard qui, pour sa part, se relevait lentement.
Du silence passa.
- C'est... Incertain, Chadden semblait tenir à conserver ses distances. ... C'était... vraiment magnifique. Comment tu fais ça ? Je veux dire... Pour maîtriser ? »
Quelle question stupide. Passant une main embarrassée sur sa nuque, le bâtard haussa les épaules.
- Merci, émit-il finalement. Pour... le spectacle. »
Mais il y avait toujours cette raideur dans ses gestes, cette retenue, qui le faisait se tenir droit et immobile à quelques pas de la danseuse avec la tension alerte, palpitante, de l'animal prêt à la fuite.
En vérité, Fjama n'avait pas courroucé Chadden lors de sa démonstration. Elle l'avait effrayé. |
| | | Fjama
Ancien
Nombre de messages : 1893 Âge : 41 Date d'inscription : 02/02/2011
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 20 ans d'apparence (65 ans environ) Taille : Niveau Magique : Maître.
| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Dim 8 Mai 2011 - 23:37 | |
| Le silence. Par les Cinq, qu’est-ce qu’elle haïssait le silence. Elle avait envie de le secouer pour qu’il réagisse, voire de lui mettre un claque. Agressive la danseuse ? Toujours la pratique de son Art la plongeait plus près de ses pulsions les plus belliqueuses et violentes. S’y abandonner était si tentant. Heureusement, il brisa l’instant en reprenant incertain la parole. Elle le dévisagea alors. Il était … effrayé, non ? Elle souhaitait le rassurer. Aussi, elle répondit tranquillement.
- Comment ? Et bien… j’utilise l’énergie qui gravite autour de moi, en moi. Je la concentre. Je la façonne pour lui donner la forme que je désire. Basiquement, c’est ça. Et pour maitriser ? Et bien, c’est un peu comme pour un maitre d’arme. De l’entrainement, des années à se tester, à peaufiner des gestes parfois inventés. Et comme pour un bretteur ou un homme armé, apprendre à ne pas être toujours en proie à ses émotions les plus fortes, à ne pas tirer les armes pour un rien. J’avoue que je ne suis pas toujours très douée pour cela dans certaines circonstances.
Toujours un peu abrupte, elle lâcha.
- Et de rien, j’avais envie de te montrer. Et à présent, je me demande pourquoi. C’était vraiment crétin de ma part. Désolée.
Pourquoi oui ? Pourquoi cette idée débile lui était venue à l’esprit ? Pourquoi avait-elle seulement brisé un de ses interdits pour lui montrer à lui ? Habituellement, elle ne réservait ce genre de démonstration que pour les soirs de voyage avec sa coterie. Pour réchauffer les nuits tristes, pour chasser les nuages d’un jour difficile. Impuissante, elle soupira. Contournant Chadden, elle reprit place près des victuailles, s’envoyant une large lampée de vin. Elle s’allongea ensuite sur le sol. Elle se tût tout à fait. D’un geste rageur, elle retira le bandeau sur ses oreilles et les frotta. Elle cala ses mains sous sa nuque. Les yeux dans les étoiles, elle se concentrait sur les bruits environnants pour ne plus entendre le silence honni. Finalement, elle soupira longuement.
- Tu peux partir si je t’ai fait peur à ce point. Tu devrais savoir à force que je n’ai pas pour but de te faire du mal. Et cela me fatigue de m’excuser alors qu’à l’origine, c’est toi qui voulais me tuer.
Pas spécialement rancunière, elle avait malgré tout atteint le point où le rassurer et se faire pardonner pour sa fuite de la veille l’ennuyait. La fatigue peut-être. Blasée, sûrement. Encore une fois, elle s’était mis en tête bêtement de se lier avec quelqu’un et avait brisé le fragile équilibre en se montrant sous son vrai jour. De plus en plus, elle craignait que son masque soit la seule chose qui lui permette un jour de construire plus que de l’éphémère. La solitude, sa compagne lui susurrait à nouveau à l’oreille, raffermissait son emprise sur son cœur malmené. Maladroite et trop impulsive, elle détruisait chaque pierre qu’elle s’efforçait pourtant d’ajouter aux édifices amicaux.
Qu’est-ce qu’il faisait froid ! Elle frissonnait et refusait pourtant de quitte le sol ou d’esquisser le moindre mouvement. Mordillant ses lèvres, elle ravalait son envie de fuir. Après tout, si elle était en cause, elle n’avait pas à partir cette fois-ci. Elle n’avait rien fait de mal. |
| | | Chadden Charis
Ancien
Nombre de messages : 274 Âge : 39 Date d'inscription : 24/07/2008
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié
| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Mar 10 Mai 2011 - 18:55 | |
| ~ Louisa John-Krol - The Seagiant ~ Peu de temps après elle, il s'assit. Doucement, plus serein et, conséquemment, navré de s'être braqué de la sorte malgré le cadeau qu'elle venait de lui offrir. Ce qu'il pouvait le haïr parfois, l'instinct sauvage dont il avait pourtant fait son quotidien. Il s'assit et, la regardant quelques instants, sembla muettement lui assurer que - non - cette fois-ci il ne fuirait pas.
Chadden tendit la main. S'empara à son tour de la jarre d'alcool, la mena par la anse jusqu'à ses lèvres et prit une ample gorgée, les yeux vagues. Allongée, la danseuse respirait - le nez vers le ciel, immobile malgré le froid qui piquetait visiblement sa chair. Raidie, blessée. Mais fière toujours, défiant de sa présence le fossé qui séparait son existence de celle du bâtard.
Il étendit les jambes dans l'herbe à son côté, reposa la jarre comme un symbole de paix glissé entre eux deux.
- Tu sais, glissa finalement le maître d'armes après avoir laissé quelques secondes supplémentaires s'étirer sans qu'aucun mot ne soit échangé, j'ai menti. Oui, j'ai peur de la magie. Plus que ça, je la redoute et je la hais. »
Placide, le bâtard s'allongea tout à fait. A son tour il plongea ses yeux dans la nuée céleste pour rendre aux étoiles leur regard blanc.
- Il y a quelque temps de cela, en Scylla, le Seigneur Aetius et moi nous sommes battus. C'était un duel à l'amiable, un entraînement qui devait - qui aurait du - mettre à l'épreuve ce qu'il considérait comme sa meilleure arme. Fronçant les sourcils, Chadden rattrapa le récipient posé dans l'herbe pour y reprendre une lampée ; passant sa langue sur ses lèvres, il reprit alors. Je me suis battu à mains nues, parce que ma meilleure arme, c'est moi-même. Parce qu'il en est de même pour tout véritable combattant. Le Comte, apparemment, avait fait le même choix. Mais il m'a trompé. »
L'oeil gris dévia vers le campement en contrebas. Des feux s'étaient allumés et quelques joyeuses cacophonies rappelaient les festivités à venir.
- Ce n'est pas de ses mains qu'il a fait usage. Mais de magie. Entends-le, le Seigneur Aetius est un sorcier. Peut-être n'est-ce qu'une série de tours appris par simple caprice - et il est probable que ce soit ça, oui. Il a opposé un art qu'il ne maîtrisait probablement qu'à peine contre mon art, celui que je travaille avec acharnement chaque jour que Néera fait, et ce depuis des années, des dizaines d'années. Et il a failli me tuer. »
Amer, Chadden se rembrunit. Se redressa sur un coude et passa assis, un bras enroulé autour de la jambe qu'il repliait contre lui avec lenteur.
- Je redoute la magie pour la force qu'elle accorde à ceux qui l'embrassent. Et je la hais pour cela aussi, quand il est si aisé de réduire à néant le travail d'une vie à l'aide de simples petits trucs. Mais je la sais aussi dangereuse, et incontrôlable. Je sais que la puissance qu'elle offre exige paiement, tôt ou tard. Comment peut-on accepter de se livrer à une bête si dangereuse ? »
Sur la fin, sa voix se radoucit. L'ombre de sa main s'en alla frôler l'épaule de Fjama avant que sa paume n'aille bel et bien s'y poser, chaude, se voulant réconfortante - à moins qu'elle ne se dérobât.
- Toi - à jouer avec tes flammes, ne crains-tu pas d'être un jour consumée ? » |
| | | Fjama
Ancien
Nombre de messages : 1893 Âge : 41 Date d'inscription : 02/02/2011
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 20 ans d'apparence (65 ans environ) Taille : Niveau Magique : Maître.
| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Sam 14 Mai 2011 - 20:12 | |
| Elle ferma les yeux un instant, laissant refluer lentement tout le marasme de sentiment pour l’écouter tranquillement. Ainsi l’Ivrey était un sorcier. Soigneusement, elle consigna la confirmation de ses doutes pour tout besoin futur.
- Tu n’aimeras pas vraiment ma réponse… Mais la magie fait parti d’un sorcier. Par conséquent, elle est autant arme que ses poings. Cela n’est pas réellement de la tricherie que de l’opposer lors d’un duel où chacun doit utiliser sa meilleure arme. C’est juste logique. Alors oui, c’est injuste et disproportionné de s’en servir lors d’un entrainement à main nue contre son maître d’arme. D’autant plus qu’il ne doit pas savoir réguler sa puissance, puisque cela a failli te coûter la vie. Mais tu connais le comte, il n’est pas vraiment homme à accepter la défaite, ni très calme. Les nobles détestent perdre contre nous. Ils croient devoir nous être supérieur en tout, même lorsque nous sommes là pour leur enseigner. Probablement que c’est dans leur sang.
Elle esquissa un sourire amer. Puis, elle frissonna légèrement lorsque Chadden posa sa main sur son épaule. D’abord, elle la regarda et décida finalement de ne pas réagir. Après tout, il avait fait un pas vers elle, elle n’allait pas fuir à nouveau. Les doigts frais sur sa peau brûlante avaient quelque chose d’apaisant.
- Drôle d’idée de demander à une pyromancienne si elle craint d’être consumée.
Elle étira finalement un nouveau sourire amusé, puis se concentra sur une vraie réponse.
- Non, je n’ai pas peur de ma propre magie. Elle fait partie de moi. Je l’ai apprivoisé. Probablement que je ne suis pas plus terrifiée que ça parce que la moitié de mon être est dangereuse de base.
Elle agita vaguement une main en l’air.
- La première fois, j’ai eu peur et j’étais fascinée en même temps. Mais je n’ai pas eu peur à cause de la magie, mais plutôt des conséquences. J’avais un peu moins d’une trentaine d’année. Je vivais dans les rues et j’avais vraiment très faim. Le soir, je fouillais les poubelles à coté de la demeure d’un boulanger. Il est sorti pour me chasser. Je me suis énervée. Ses cheveux ont commencé à flamber. Je me fuis enfuie pendant qu’il hurlait en essayant de s’éteindre. Après ça, j’ai été malade pendant quelques jours, de la fièvre surtout. Puis, j’ai appris petit à petit à m’en servir, à manipuler de mieux en mieux le feu, à en créer de plus en plus gros. Mais surtout, à me calmer.
Elle se retourna vers Chadden, le coude au sol pour nicher sa joue sur sa main. Elle expliqua.
- Le feu est lié à mes émotions fortes. Si je perds pied dans des sentiments violents, il jaillit seul. Ce qui fait, que j’ai bien plus peur de mes réactions que de la magie en elle-même.
Elle hésita un instant, cherchant ses mots.
- Essaie de voir la magie comme une lame à nue. Inerte, elle peut te blesser mais c’est la main qui la dirige qui la rend ou non meurtrière. Et comme une arme, elle peut servir à défendre et protéger autant que détruire et tuer.
Elle ferma les yeux un instant, réfléchissant probablement à ses propres paroles. Puis, elle étendit les doigts vers la joue de Chadden. Lentement de leurs pointes, elle frôla la pommette, jusqu’à la mâchoire. A grand peine, elle réprima un frisson et claqua des dents. Sans malice avec un grand éclat de rire, elle déclara.
- Je crève de froid. |
| | | Chadden Charis
Ancien
Nombre de messages : 274 Âge : 39 Date d'inscription : 24/07/2008
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié
| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... Sam 28 Mai 2011 - 18:14 | |
| ~ Moon far away - Zhito Zhala ~ - Je sais, drôle d'idée, répondit-il paisiblement lorsqu'elle lui fit cette remarque. Je ne sais pas. Je la trouve assez séduisante. Ce serait un comble, non ? »
Chadden se surprit à sourire une nouvelle fois. Plus détendu, il cala tranquillement ses appuis de sorte à demeurer aux côtés de la danseuse, à demi hissé, pas tout à fait allongé. Au moins ne jouait-elle pas les arcanistes mystérieuses, comme il l'avait craint ; tout autant professeur que tantôt, Fjama, une fois encore, daignait expliquer les racines de son art.
Le sourire du bâtard s'estompa pour laisser place à une expression plus grave, attentive. L'épisode narré lui fit froncer les sourcils mais aucun commentaire ne lui échappa. Il était bien placé, après tout, pour savoir que certaines situations pouvaient faire perdre leurs moyens aux plus passifs des êtres. Et, accessoirement, réveiller en eux certaines capacités qui auraient mieux fait de rester enfouies.
L'oeil gris se perdit sur le côté, vague, un temps absent. Cédant un peu d'attention, Chadden finit par acquiescer d'un hochement de menton distrait.
- Je comprends, mais... Une épée, on a le choix de la tirer du fourreau ou non, et si on la lâche, elle se contente de tomber. Ta magie à toi, comme tu l'expliques, elle est sans cesse brandie. C'est comme ces chiens qu'on dresse pour la chasse. Des armes redoutables, mais les laisses qui les retiennent ne sont pas toutes sûres. D'autant plus quand tes laisses à toi sont liées aux émotions... »
Le sourire revint sur les derniers propos, et il dévisagea la danseuse avec une certaine forme d'amusement. L'incident de la veille prenait, avec ces explications, un sens nouveau. Le bâtard allait faire une remarque concernant ceci quand la main de Fjama se leva. Il cilla, mais ne recula pas, ne se déroba point. L'oeil suivi le geste, mais revint vite au visage de son interlocutrice qu'il fixa avec intensité comme pour deviner ses intentions. Alors le rire chaleureux de la danseuse monta dans l'air frais, et il se détendit à nouveau.
- On peut retourner au campement si tu le veux. »
Sa main attrapa-chassa celle de la danseuse, à mi-chemin entre jeu et tendresse. Puis elle vola vers sa propre gorge, où trônait la fibule de sa pelisse. Un petit clac plus tard et la fourrure à l'odeur de mouton et d'herbe broyée s'étendait comme une lourde nappe, jusqu'à s'abattre en douceur sur le corps de la sang-mêlée - démentant, par là même, la proposition énoncée juste avant.
Agenouillé, Chadden ne disait mot. L'oeil brillait en revanche, vif et malicieux, et guettait la réaction de l'autre demi-sang. Confortable cette pelisse ; Fjama n'aurait pas grand mal à s'y lover toute entière... Si, du moins, elle acceptait ce présent. |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: [Chasses] Quand la plèbe ripaille... | |
| |
| | | | [Chasses] Quand la plèbe ripaille... | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |