[L'Amphisbène] A la Gorge Tranchée

" Mmm…finalement de retour à la maison. " Dit le pirate respirant une grande bouffée d’air. Il était vrai que cette taverne était un lieu que Vincente apprécié; une cantine animée où les coups partaient vite et l’alcool coulait à flot.

Le voyage n’avait pas été trop périlleux à effectuer, le marchand s’était servi de son navire personnel qui avait l’habitude du voyage entre le continent et l’île; évitant ainsi une mauvaise surprise tel que de se faire dépouiller par le premier forban venu. Vincente pensa que de nos jours on ne pouvait plus avoir confiance en personne, le premier traine-savate venu pensait pouvoir s’improviser pirate, alors que cette " profession " était une discipline qui ne s’effectuait pas comme l’ivrogne qui trousse la fille du patron. Cela demandait des compétences, un esprit de liberté et un gout pour la piraterie; être pirate c’était : penser pirate, manger pirate, dormir pirate, naviguer pirate, vivre et mourir en pirate…Quoiqu’il en soit, Manolesti sorti de sa transe et de sa passion pour son gagne-pain premier pour reporter son attention sur le triste sire Neider qui racontait avec un timbre de voix trahissant son anxiété une histoire ma foi distrayante sur un chevalier menant une quête sans fin pour libérer sa dulcinée. Le saltimbanque n’avait pas trop fait d’histoire pour suivre les deux hommes, mais de toute manière comment aurait-il pu ? Le personnage ne faisait pas le poids et le pirate se félicita que son guide soit trop faible et trop lâche pour le trahir; la seule ombre au tableau était son verbiage incessant donnant des envies meurtrières à Vincente :

* Est-ce que j’ai vraiment besoin de lui ? Il n’en connait peut-être pas assez au final ? Et son bavardage m’ennuie, ça fait un moment que je n’ai pas tué quelqu’un, ça serait juste un petit meurtre. *

Bref, pour l’instant les trois hommes (ou les deux hommes et demi) étaient attablés dans cette bonne vieille cantine qu’était la gorge tranchée, un lieu sympathique. Une serveuse au courbe généreuse et à l’œillade pernicieuse apporta du vin à nos protagonistes pendant qu’un cercle dans le fond de la pièce annonçait une bagarre comme on les aime, la scène étant accompagné par quelques marins qui s’étaient improvisés orchestre. Vincente qui recevait de multiple saluts et regard en biais se serait bien levé pour déclencher une bagarre générale dans la joie et la bonne humeur mais il attendait ; il attendait des prétendants répondant à la rumeur qu’il avait diffusé il y avait quelques jours sur le continent et cette attente commençait l’énerver.

La porte s’effondra brusquement, étalant deux hommes aux yeux de l’assistance mais à vrai dire si cela attira l’attention une minute ou deux, tout le monde revint à ses occupations première tellement ce genre de scènes était courant par ici. L’un des deux hommes, en fait celui qui s’était relevé après quelques explications avec le patron-un brave homme, mais valez mieux pas le faire chier- indiqua la table Manolesti et le prospecteur marcha droit vers lui. Vincente se balançait sur sa chaise, un bras accoudé au dossier et un air distrait sur le visage, lorsque l’inconnu planta ses deux panards devant son auguste personne et alla droit au but:

"Euh, Bonjour, dites vous êtes l'homme qui a fait rependre la rumeur d'un trésor fabuleux sur le continent ? Si c'est le cas je suis votre homme "

À l'entente ces paroles, des regards mauvais et cupide se tournèrent vers la table de manolesti mais d’un coup d'œil de ce dernier appuyé de celui de Bash, décidèrent les curieux à retourner à leurs chopines. Trois pirates aux visages chafouins et au rire goguenard se levèrent et approchèrent de l’étranger; apparemment ces derniers étaient à la solde du pirate, des égorgeurs de mamans près à tout pour une petite obole. Vincente quant à lui restait quelques peu perplexe face à la déclaration direct mais néanmoins tout à fait candide de son hypothétique allié jetant naïvement une information aussi alléchante dans cette mer de requins.

* Vas-y fils, cris le sur tous les toits. Et pourquoi tu ne leur ferais pas une petite carte tant qu’on y est. *

" Hum…il me semble sieur que la discrétion sur cette affaire nous serait bien plus profitable surtout considérant le lieu où nous nous trouvons. Je me nomme…appelez-moi la vipère noire, il semblerait que les gens d’ici me surnomme ainsi, mais je crois qu’il ne me confonde avec un singulier personnage si j’ai cru comprendre le personnage. Voici Bash mon garde du corps " Présentant le Zurthan qui émit un léger grognement. " et notre cher Neider " Montrant le nabot.
" Quant à ces gentilshommes ils s’appellent…j’ai oublié leurs noms, mais vous aurez tout le temps de lier connaissance si votre profil nous intéresse. "

Vincente se redressa sur sa chaise et joignit les mains devant lui prenant un air impérieux :

" Alors fils, quel est ton profil et quelle aide pourrais-tu apporter à notre entreprise ? Mais surtout la question la plus importante, comment trouves tu mon chapeau ? " Dit le pirate désignant son couvre-chef; chapeau mou assorti de deux plumes, l’une émeraude et l’autre rouge rubis, tenu par un bout de cuir noir cerclant le chapeau.

hrp; situé, temporellement, bien après mon rp à Ysari. J'espère avoir le droit d'intervenir..

Une chose était certaine; Meca n'était pas une île anodine. Elle abritait non seulement les pirates et voleurs de toutes sortes, mais également les pires ordures de toutes les races. C'était ainsi un lieu dangereux et peu recommandé. Toutefois, c'était également un havre d'opportunités et de propositions plus ou moins honnêtes. Etait-ce cette attirance de l'inconnu, de l'aventure ou du risque qui avait mené Lysia jusqu'ici? Elle ne savait plus.
Le voyage avait été plutôt calme. A vrai dire, lorsqu'elle avait embarqué, elle n'était même pas certaine que le navire la mènerait jusqu'à Meca. Elle avait payé la traversée une bouchée de pain; un vieux marchand solitaire en quête de compagnie s'était chargé de payer son passage. L'océan avait été étonnement calme. Un début de tempête avait à peine ébranlé le navire, faisant rire aux éclats les marins qui avaient à peine intervenu pour maintenir le cap.

Lysia n'avait aucune destination précise en tête, et Meca serait une entière découverte pour elle. Elle ne savait plus si elle était inconsciente, ou simplement folle. Mais une chose était certaine; elle savait se servir de son épée. Lorsqu'elle arriva à destination, la jeune fille sema rapidement le marchand qui ne la lâchait plus, et parcouru la ville principale, le regard attentif et surtout particulièrement méfiant. Les différentes échoppes étaient peu avenantes, et même les rues l'étonnaient par leur saleté. Elle croisa un nombre important de pirates, commerçants, et toutes sortes de marins.

Un instant elle se demanda quelle autorité était en place. Puis elle abandonna rapidement cette réflexion, puisqu'il était à peu près évident que si autorité il y avait, elle avait peu d'influence sur l'île. La jeune fille jetait des coups d'œil aux tavernes, tout en marchant de son pas énergique. Elle ne savait pas elle-même ce qu'elle cherchait. Lorsque l'enseigne "A la Gorge Tranchée" apparu au coin d'une ruelle, Lysia s'arrêta enfin. Son immobilisation soudaine lui rappela à quel point elle avait mal aux jambes, et surtout, éveilla sa faim. Elle jeta un coup d'œil à sa bourse, puis se décida à entrer.

L'établissement était animé, spacieux, et surtout lumineux. La jeune fille ôta sa capuche, tout en gardant soin de ne pas ouvrir son large manteau; son épée et surtout sa besace seraient alors bien trop visibles. La serveuse lui lança un regard entendu, l'invitant à s'asseoir. Lysia acquiesça d'un signe de tête, et observa les clients d'un rapide coup d'œil. Elle repéra un groupe d'hommes qui semblaient débattre de manière animée dans le fond de la taverne, un jeune perdu dans ses pensées qui se restaurait machinalement, et bien d'autres personnes insignifiantes. Mais ce ne fut ni la bande d'ivrognes ni l'homme qui attirèrent son attention. Ce fut ce petit groupe de trois, légèrement excentré. Un grand imposant, un particulièrement frêle et menu, et un qui dégageait une certaine prestance, portant un extravagant chapeau à plumes.

Lysia fronça les sourcils, et s'assit non loin d'eux, tout en prenant soin de leur tourner le dos. La serveuse vint prendre sa commande, qui se limita à un verre de vin. Alors que la jeune fille attendait sa boisson, un énorme fracas retentit, et deux hommes apparurent brusquement devant les yeux des clients. L'un des deux se releva rapidement, jetant de l'argent sur le comptoir, et posant immédiatement une question au gérant. Lysia fronça les sourcils, le suivant du regard. Il se dirigea vers la table des trois hommes, et prit la parole;

- Euh, Bonjour dites vous êtes l'homme qui a fait rependre la rumeur d'un trésor fabuleux sur le continent ? Si c'est le cas je suis votre homme.

La jeune fille avait entendu très clairement les paroles de l'homme, sans même n'avoir à tendre l'oreille. Elle attrapa le verre de vin qui lui tendait la serveuse, la paya, et attendit quelques instants. L'homme au chapeau se présenta, ainsi que le "nain" et le gros. Elle patienta encore, et fini par se lever lentement. Elle fit volte face, quelques pas, puis se trouva face à eux; elle prit le temps d'observer le chapeau de l'intéressé, et prit la parole;

- Il me semble que je peux répondre à telle question. Marquant une petite pause, elle glissa son regard sur celui de "la vipère noire", et ajouta; il est un peu trop voyant; ne comptez pas passer inaperçu dans une ruelle, on vous repérera immédiatement. Toutefois, les couleurs sont bien choisies. Et elles s'assemblent parfaitement.

Elle s'avança légèrement, sourit, puis croisa les bras.

[Hrp : Tu as tout à fait le droit d'intervenir, par contre j'ai pas mal hésité à répondre, attendant peut-être une réponse de Varek, donc on va dire que l'ordre de passage sera : Vincente, Varek puis Lysia]

A cette interruption le groupe dirigea son regard sur la jeune femme qui venait de faire son entrée en scène, elle était jeune et plutôt agréable au regard, arborant une certaine espièglerie sur le visage. Des mains calleuses se glissèrent sur des poignées de sabres mais Manolesti indiqua que cela n’était pas nécessaire d’une onomatopée désapprobatrice, puis répondu au sourire de la gamine par un autre. Reprenant une posture plus décontracté le pirate toisa l’étrangère essayant d’effriter ces deux pupilles noires :

" Le sublime princesse ne passe jamais inaperçu ou qu’il soit, tu trouveras toujours la perle parmi les innombrables galets de la plage et ce chapeau est en effet superbe ; c’est la réponse que j’attendais. J’aime ton style fillette mais si tu as su répondre à la question c’est que tu as surement dû entendre le reste de notre petite conversation ce qui est plus épineux pour toi et par épineux j’entends souffrance et mort. "

Vicente jouait avec une pièce, perdu dans ses pensées alors qu’il prononçait ses mots, tandis que Neider pour une fois avait fermé cette bouche qui ne pouvait s’empêcher de vomir un flot de parole incessant et que Bash resté las de cette exercice ; attendant sans doute un ordre qui pourrait mettre fin à la vie de la cible désignée. Vincente sorti de sa torpeur après avoir immobilisé rapidement la pièce du plat de sa main qui tournoyait sur la table :

" Alors…ah oui, donc princesse maintenant que tu parles avec les grands que penses-tu que nous allons faire de toi ? As-tu des talents cachés ? Quelque chose d’autre que cette impétuosité qui va peut-être te couter la vie ? "

L'imprudence était probablement un de ses nombreux défauts, et si elle n'y remédiait pas rapidement, elle risquait d'en faire les frais. En revanche cette fois ci, elle ne regrettait pas son intervention, tout en sentant les battements de son coeur ralentir lorsque le colosse fut interrompu dans sa prise de décision. Elle ne quittait cependant pas l'homme des yeux; elle avait beau être imprudente, elle n'était pas idiote. Elle observait toujours son chapeau lorsqu'il finit par prendre la parole d'une voix calme, qui aurait pu être agréable si elle-même n'était pas aussi tendue. Il était rare qu'elle se sente aussi frêle et vulnérable. Sous le regard des trois hommes, elle ne se sentait absolument pas à sa place. Toutefois il était trop tard pour reculer, et cet homme était bien trop intriguant pour qu'elle abandonne aussi facilement. Elle l'écoutait attentivement, et hocha le menton lorsqu'il termina sa tirade.
Si il avait voulu la tuer, il l'aurait fait en un clin d'oeil, soit de sa propre main, soit de celle de son compagnon. Par conséquent, elle se devait de ne pas faire d'erreur, et surtout de ne pas l'irriter. C'était terriblement agaçant de n'avoir pratiquement aucune prise, de ne pouvoir prendre le dessus. Mais elle s'était mise dans cette situation elle-même, elle n'avait aucune raison de pester.

Princesse. C'était bien la première fois qu'un homme l'appelait ainsi. C'était soit bien plus vulgaire, soit bien moins flatteur. Elle baissa les yeux un court instant, semblant réfléchir aux questions que lui posa l'homme. Avait-elle un talent? Devait-elle parler de la formation qu'elle avait jadis reçue de Nakor, le conseiller du roi? Ce ne serait probablement d'aucune utilité. Le regard songeur, elle ne savait que répondre. En un instant, en une seule question, il venait de lui dévoiler à quel point sa personne même était sans intéret. Ne désirant en aucun cas paraitre aussi peu intéressante devant lui, elle leva les yeux brusquement, et prit la parole;

- Des talents, j'en ai quelques uns. Aucun spectaculaire cependant, c'est certain.

Elle jeta un coup d'oeil à son allure, observa son long manteau sombre et sa cape sale et délavée, puis releva les yeux. Elle ouvrit doucement son manteau, révélant sa longue dage -qui pouvait être prise, en un rapide coup d'oeil, pour une épée- et ses vêtements ternes qui portaient peu d'intéret.

- Je sais manier l'épée, mais je suis désolée, je ne pourrais faire la putain, voyez vous-même.

Elle écarta légèrement les bras, comme pour révéler un peu plus son manque de formes et son corps si peu voluptueux. Elle était mince, un peu trop même. Elle avait tendance à maigrir facilement, et à perdre du même coup sa poitrine, ses fesses et ses hanches.
Elle reposa son regard bleu sur l'homme, se demandant si il n'allait pas exploser de rire. Le ridicule ne l'avait jamais tuée, mais à ce moment précis, elle voulait tout sauf paraitre pitoyable devant lui. Elle fronça les sourcils, se demandant pour quelle raison il avait prit tant d'importance en à peine quelques minutes. Elle finit par reprendre la parole, tout en souriant

- J'espère ne pas vous décevoir. Quand à mon caractère, il peut vous être être utile, mais cela, c'est à vous d'en juger.

Elle referma son manteau d'un geste bref et efficace, puis sourit légèrement. Elle avait peu d'atouts, c'était une évidence.

La fille aussi bien dans son attitude que dans ses propos avait quelques peu perdu de son mordant mais c’est ce qui arrivé sans doute assez aisément lorsque l’on déboule dans une conversation de pirates et autres salopards sans y être convié et que de surcroit ces derniers vous promettes la mort si la conversation ne leur plait pas. Vincente jaugea son interlocutrice qui après avoir joué l’effronterie essayait de se vendre de manière maladroite, faisant penser à un animal qui cherche à se faire adopter. Délaissant le mercenaire quelques instant, il concentra son attention sur la jeune femme se demandant ce qu’il pourrait bien faire d’elle, quel rôle pourrait-elle jouer dans ses projets ? Le pirate plongea profondément son regard dans les yeux de la jeunette en quête d’une réponse, isolant les deux personnages du reste de l’auberge, cherchant une réponse mystique à la présence de cette aventurière en culotte courte :

* Quelle force t’a mis sur ma route ? *

Mais la réponse ne vint pas et Manolesti rompis le contact visuel claquant des doigts tout en lançant la pièce sur la table dans le plateau d’une serveuse qui compris, clin d’œil du pirate à l’appui qu’elle serait un amour de lui rapporter fissa une bouteille de vin. En attendant sa commande, il offrit un sourire et un discours légèrement paternel à la jeune, enfin aussi paternel qu’il le pouvait :

" Ahahah ne te blâmes pas jeune fille, tu es une jolie fleur en bouton et je suis sur qu’ici même la plupart des gentilshommes de cette taverne seraient ravis de partager un moment privilégié en ta compagnie. Tu me plais bien gamine, tu es comme la fille que je n’ai jamais tué, Arhahahahhh, non je plaisante je n’ai eu d’enfant du moins aucun à ma connaissance. Néanmoins le problème c’est que nous allons partir pour entreprise périlleuse et que je n’ai nul besoin d’une mascotte, j’ai déjà Neider pour ça. Tu as dit que tu sais te battre, j’aurais aimé avoir une démonstration, choisis quelqu’un et défie le, montres moi ton style et ta fouge au combat. "

Cette histoire paraissait plaire au pirate, on lui apporta sa bouteille et après avoir remercié la servante par une tape sur la fesse leva son verre à l'adresse de la jeune bretteuse l'enjoignant à lui prouver sa valeur au combat.

Le regard insistant qu'adopta l'homme la surpris quelque peu. Que pouvait-il bien chercher dans ses yeux pour sembler aussi concentré? Elle ne détourna pas le regard, et retint un soupir de soulagement lorsqu'il la quitta finalement des yeux pour demander du vin. Elle croisa les bras sur sa poitrine, et attendit qu'il prenne la parole. Les quelques phrases conciliantes qu'il débita l'agaçèrent terriblement. Elle n'avait absolument pas besoin de quelqu'un pour la rassurer sur ses dons de séduction. Si elle était irritée elle n'en montra rien, et son regard resta fermement posé sur l'homme, alors qu'il continuait.
Elle l'observa ricaner lorsqu'il dit regretté n'avoir jamais pu tuer sa fille -qu'il n'avait pas d'ailleurs-, puis enchainer sur les absentes capacités de Lysia. Elle se demanda un instant si elle n'était pas tombée sur un fou, puis se ravisa. Elle se trouvait à Meca, dans une des tavernes les plus délabrées; tout le monde était fou ici. Elle fut quelque peu surprise par la proposition de l'homme, et décroisa légèrement les bras.

Devait-elle provoquer quelqu'un en duel pour ses beaux yeux? Serait-ce utile de risquer sa vie à ce moment précis, pour une quelconque aventure qui impliquait un quelconque trésor? Elle sourit légèrement, et s'avança d'un pas, comme pour mieux le regarder. Avait-elle l'air assez stupide pour se lancer dans un combat sans n'avoir aucun élément sur la quête qu'ils allaient suivre?

- Tout d'abord sachez que je n'ai absolument pas l'intention de risquer ma vie pour un hypothétique trésor. Elle jeta un coup d'oeil autour d'elle, puis reprit la parole; Certes j'ai interrompu votre petite conversation, mais je ne compte pas vous prouver quoi que ce soit sans avoir la moindre assurance que cette quête existe réellement.

Elle était consciente de n'avoir rien à réclamer puisqu'elle était ici en tort, mais c'était à prendre ou à laisser. De nombreuses personnes seraient probablement d'accord pour effectuer ce dangereux voyage -puisqu'à en voir la sélection de l'homme, il allait probablement être dangereux- mais peu d'entre elles seraient réellement utiles. Quand à Lysia, elle se connaissait, et savait parfaitement qu'un combat ici-même serait jouable, mais pas avant d'avoir une certaine assurance.

- Parlez-moi un peu plus de ce que vous cherchez, de ce à quoi vous aspirez. Je vais vous épargner une remarque et une perte de temps en disant que je ne suis effectivement pas en position de négocier... Mais à vrai dire, je m'en fiche. Si vous n'êtes pas capable de m'en dire plus, alors je devrais probablement me battre contre vous, puisque je doute que vous me laissiez partir sans représailles.
Commencez par me donner votre nom par exemple.

Elle jouait avec le feu, et en était consciente. Mais pour le peu qu'elle avait pu voir, il semblait être un homme de parole. C'était étrange de penser cela d'un pirate, mais après tout, elle doutait fortement qu'il la tue comme cela, sans lui laisser de chance. Elle ne savait absolument pas comment il allait réagir, et étrangement, cela lui plaisait.

Elle sourit légèrement, et demanda un verre à la serveuse, à l'autre bout de la taverne, en le mimant de ses mains; elle acquiesça d'un signe de tête et lui apporta rapidement avec un large sourire. La jeune fille la remercia et se servit un verre de vin; elle était toujours debout, et curieusement, ne ressentait absolument pas le besoin de s'asseoir à leur table.

Hum, d’abord audacieuse, puis penaude et à nouveau effrontée; la jeune fille changeait sans cesse de comportement, laissant transparaitre la situation dans laquelle elle se trouvait, telle une acrobate sur un fil suspendu au dessus d’un gouffre géant, chacun de ses pas -ou dans la situation présente ses mots- lui serait fatale. Si la conversation avait distrait Manolesti un temps, ce jeu commençait à le lasser, la damoiselle s’était invitée dans une conversation qui ne la concernée nullement et si par audace cela avait marché dans un premier temps, le culot dont elle faisait preuve a présent titillait le pirate. D’ailleurs même si cette conversation paraissait anodine et que la plupart des gens de la taverne n’y prêtaient l’oreille, on ne devait pas prendre l’amusement de Vincente comme un signe de faiblesse, se faire moucher par une gamine n’était jamais bon pour la réputation et les affaires. Tel un prédateur jouant avec sa proie, Vincente réfléchissait à ce qu’il devait faire ou dire à cette donzelle pouvant la blesser ou la tuer de mille et une manières, elle aurait pu lui servir d’exemple pour le reste de son expédition et de l’assemblée de la taverne, montrant l’hégémonie et le caractère impitoyable du flibustier.

D’un autre côté ce n’était qu’une gamine et dont les attentes étaient justifiées, celle-ci cherchant juste à savoir dans quoi elle allait s’embarquer, le seul problème restait son caractère de pique-assiette, s’invitant à une fête où elle n’avait été convié. Vincente se leva de sa chaise; debout il paraissait encore plus imposant que sa silhouette massif laissait supposer assis.

" Quel est mon nom ? Hey quel est mon nom bande soiffards ? "

Une partie de l’assistance partie dans un rire gras, puis un air commença à monter dans la salle

" Hummhumm hummmmhum, Voila la vipère noire
Hummmhummm hummmhumm, filez bande rats la vipère noire est là
Pillons, brulons, trinquons pour le roi des bas-fonds
Le seigneur des mers sera vous faire votre affaire
Yohoh yohoh votre tête roulera par terre
Car la vipère noire sillonne les mers.

Hummmhummm hummmmhummm, voila la vipère noire
Hummhummm hummmhumm, filez bande de rats la vipère noire est là. "

La chanson continua quelques minutes avec des couplets aussi évocateur que le premier décrivant des hauts faits et autres compliments comme seul un pirate sait les apprécier puis la chanson s’arrêta dans un éclat de rire général et de choppes s’entrechoquant.

" Vous voila renseignée sur mon nom ma chère, chouette chanson ma foi, j’espère qu’elle vous aura plu. Maintenant nous allons arrêter les beaux discours princesse, je ne vous révélerai rien de précis sur la destination de notre quête, cela ne me sers à rien de vous divulguer des informations alors que je ne suis en aucun cas assuré de votre concours dans cette entreprise, tout ce que vous saurez c’est que le maitre mot est aventure et que celle-ci vous rapportera bien plus que la pauvre existence que vous avez mené jusqu’à présent. " sur un signe, le nabot Neider dévoila après des regards suspicieux à droite puis à gauche un rubis gros un œuf de poule qu’il dissimula rapidement dans ses frusques. " Maintenant gamine, soit t’en es soit tu dégages. "

Le ton puait une bestialité qui jusqu’alors avait été contenu, Manolesti attendait une réponse de l’étrangère et celle-ci aurait plutôt intérêt à être positive pour sa survie.

Hrp; je pourrais pas répondre avant dimanche.

Elle commençait à l'irriter. Cela se voyait dans son regard, déjà à la base dénué de patience, il prenait une teinte d'agacement très aisément visible. Elle ne fit rien, se demandant si il n'allait pas sortir une épée pour terminer cette conversation d'une manière rapide et efficace. Elle était sur ses gardes, mais savait bien qu'elle avait peu de chance contre aucun de ces hommes. A part peut-être le nabot. Elle bu quelques gorgées de son vin, tout en regardant l'homme réfléchir. Il devait probablement se demander ce qu'il faisait la, et pourquoi il s'encombrait d'une personne dont il n'avait que faire. Mais après tout maintenant, c'était un peu tard pour revenir en arrière. Il prit finalement la parole, et presque immédiatement suivit une sorte de chant mêlé à des rires et de joyeuses exclamations.
Ils semblaient tout excités de s'exprimer de la sorte. Elle balaya la taverne du regard, repérant rapidement ceux qui se mêlaient au chant, et fut tant concentrée qu'elle en écouta à peine les paroles. La vipère noire, d'accord, elle avait comprit. Ce nom la elle l'avait déjà entendu quelques minutes plus tôt, ce qu'elle désirait, c'était son vrai nom. Mais elle n'allait pas l'obtenir aussi facilement, c'était à présent une évidence. Elle bu à nouveau, posa son verre sur la table, puis reposa les yeux sur l'homme qui prit à nouveau la parole.

Cela avait le mérite d'être clair. Elle avait pu entrevoir le bijoux du nain, mais ne réagit absolument pas. Cela aurait aussi bien pu être un faux, elle n'avait aucunement eu le temps de s'assurer du contraire. Mais à présent elle devait faire un choix. Elle réfléchit à peine; il était en fait déjà fait depuis quelques secondes. Elle sourit légèrement, et prit la parole, tout en défaisant à nouveau son manteau.

- Très bien messire Vipère noire, dit-elle sur un ton parfaitement sérieux, je vais vous montrer ce que je sais faire, ce sera ensuite à vous d'en juger.

Elle ôta son manteau et sa cape qu'elle posa sur une chaise, puis prit délicatement sa longue dague qu'elle observa quelques instants. Elle l'avait fait avec une discrétion telle que personne ne s'en aperçu. Elle fit un mouvement du poignet comme pour se préparer à l'attaque, puis fit volte face. Elle avait déjà repéré sa proie depuis la toute première proposition de démonstration de l'homme.
Elle se dirigea vers un homme d'une trentaine d'années, une bière à la main, qui riait aux éclats. Lorsqu'elle arriva jusqu'à lui, la dague dissimulée derrière sa cuisse, l'homme tourna la tête et posa un regard étonné sur elle.

- Et bien ma jolie, tu t'ennuie peut-être? Je peux t'occuper si tu veux! Les autres ricanèrent doucement, arrachant un soupir à la jeune fille qui passa le pied derrière sa chaise. Il était en équilibre depuis plusieurs minutes maintenant, s'amusant à se balancer d'avant en arrière. Elle poussa un pied de la chaise vivement, et fit basculer l'homme qui s'étala à terre en une demi-seconde. Elle sourit alors, et prit la parole :

- Vous allez effectivement m'occuper!

L'homme se redressa rapidement, fou de rage, il prit son épée et la brandit vers la jeune fille qui sourit de plus belle. Les hommes devant leurs amis, ayant un peu bu, avec une certaine fierté, provoqués par une femme? Rien de plus simple que de leur faire brandir une épée.

S'ensuivit alors un combat acharné entre eux, acclamé par une foule d'ivrognes qui ne cessaient de rire à chaque entrechoc de leurs épées. Lysia ne cessait de bouger, à gauche, à droite, en avant, elle se baissait, se relevait avec une rapidité déconcertante. C'était la son plus grand atout. La mobilité. Puisque la force n'y était pas, et la technique à peine, elle se devait d'équilibrer le combat de la sorte.
L'homme s'énervait de plus en plus, grognant, criant même parfois, il écorcha profondément la cuisse de la jeune fille qui n'avait pas esquivé de la meilleure des manières; elle riposta rapidement, lui arrachant son épée d'un habile coup de poignet, puis l'envoya valser d'un coup de pied en plein coeur. Il vacilla, poussa un grognement de bête, et s'étala au sol, suffoquant.
Le gérant débarqua à cet instant précis, hurla quelques injures puis reparti, s'apercevant que le combat était bel et bien terminé. Lysia rangea sa dague et observa quelques personnes sortir l'homme de la taverne. Elle n'avait pas intéret à revenir dans les parages, si elle ne voulait pas subir sa vengeance -puisque vengeance il y aurait forcément-. Elle se tourna vers l'homme au chapeau et se dirigea vers lui, essoufflée, elle s'exclama dans un sourire;

- J'en suis.

La jeune femme s’inclina enfin face au pirate et accepta de lui prouver sa valeur en passant le test qui lui avait soumis. Cette décision était à vrai dire la seule qu’elle pouvait prendre dans son intérêt car une autre réponse était inacceptable. Vincente voyait bien que la belle cherchait à savoir son nom mais cela ne l’arrangeait pas du tout de se dévoiler ainsi, l’idée que quelqu’un du continent est connaissance de cette double identité serait fort fâcheux et signifierait surtout la mort de cette personne. Non pour l’instant et pour la durée de cette expédition il ne serait que la vipère noire, même si cette précaution tomberait vite si il recroisait l’un des aventuriers mais au moins cela brouillerait les pistes quelques temps. Pour l’heure la jeune fille allait faire une démonstration de ses talents, optant apparemment pour un combat à l’épée. Vincente sourit à l’adresse de la fille et alla rependre sa place afin de profiter du spectacle tout en sirotant son vin.

Le combat ne dura pas vraiment longtemps et fut remporté par la fille, sous l’œil expert de Manolesti qui examinait le potentiel de sa future collaboratrice. Elle savait se débrouiller avec une épée comme celle-ci l’avait annoncé mais elle n’avait rien d’une guerrière assurément, elle était sortie du combat blessé à la jambe et même si elle avait affronté un " pirate ", ce dernier n’avait pas offert de grande résistance. Vincente ne semblait pas vraiment emballé à l’idée de devoir entretenir une gamine et surtout lui donner une part dans l’affaire vu ses faibles compétences, mais l’important était sans doute le résultat et en tant que vainqueur de l’épreuve la " combattante " revint pour annoncer sa participation de plein droit.

" Bien, bien…tu as triomphé de l’épreuve, je suppose que je devrais te souhaiter la bienvenue dans notre petite aventure qui va s’avérer extrêmement lucrative. Dans un premier temps fais panser ta plaie et donnes moi ton nom fillette à moins que tu ne préfères être affublé de sobriquets tout le long de notre voyage. "

Il servit un verre à la jeune femme et trinqua rapidement avec elle comme le voudrait deux associés dont l’alliance vint à être formée. Puis après avoir prestement vidé son godé, il reprit :

" Nous allons rester encore un jour, le temps est mauvais et peut-être que quelques aventuriers voudront être aussi du voyage " regardant le jeune gandin et premier postulant qui n’avait pipé mot depuis l’interruption inopinée de la jeune fille. " Puis nous partirons en direction de la forêt d’Aduram, c’est tout ce que tu as besoin de savoir pour l’instant. "

Alors qu’il réglait ce dernier détail, il entendit un nom que personne n’employait sur cette ile, un nom dont seul les continentaux avaient l’usage. Manolesti eu une sueur froide et dirigea son regard gris et intense dans la direction de cette appel pour voir le comte de scylla accompagné de toute une troupe qui le hélait grillant sa couverture et qui ne tarderait pas à connaitre à son tour son secret. La situation était légèrement compliquée, sans parler du fait que maintenant son nom avait été divulgué aux oreilles de tous. Le noble fit signe à son homologue l’invitant à se joindre à eux, préférant adopter cette tactique plutôt que la sourde oreille et que son interlocuteur ne braille encore et encore son nom dans toute la taverne. En quelques pas, le seigneur serait là et cela ne laisser que peu de temps à la ligne défense de Manolesti; la situation était la suivante : Pour le comte, Manolesti était un noble et un marchand qui avait ses entrées et ses contacts dans l’archipel alors que pour les autres, Manolesti s’était fait connaitre comme le pirate nommée Vipère noire. Ses choix étaient soit de berner le comte, soit de se rétracter devant la fille et le gars. Mais cela entrainait un problème dans chaque situation, dans la première, le comte connaissait Manolesti et Bash et il serait difficile de lui faire croire qu’il s’est trompé d’homme. L’autre problème concernait la rétractation, celle-ci ne paraitrait pas très plausible après la chanson que toute la taverne avait chanté pour le pirate; cette taverne était quasiment à sa botte, il ne manquait plus que le portrait (ou l’avis de recherche) au dessus de la cheminée.

Il opta pour mystifier le seigneur du moins juste un temps, histoire de préserver les apparences; lui expliquant la situation plus tard, bref limiter la casse quoi. Il prit un air dur et d’un regard lourd de sens s’adressa au comte :

" Excusez-moi seigneur mais vous devez faire erreur, je ne suis pas l’homme que vous croyez connaitre, on me nomme la vipère noire, fléau des mers " tout en parlant, le pirate se concentra quelques secondes et une légère brise souffla et puis d’un coup plus rien, comme-ci un vide s’était crée subitement, ce vide avait été crée autour du comte, une déviation de l’air, de l’oxygène privant ce dernier pendant quelques secondes de respiration. Ce petit subterfuge ne ferait que confirmer son identité au comte qui sentirait l’effet de la magie mais pendant ce laps de temps, ce dernier ne répliquerait pas et comprendrait que le mieux à faire était de jouer le jeu, jouer le jeu avec un type qui peut vous priver d’air à tout moment. " Ça ne va pas ? Prenez un siège, vous n’avez pas l’air bien, qu’on apporte un verre de vin pour cet homme. "

Sa petite démonstration l'avait légèrement fatiguée, mais elle n'en montra rien. L'homme semblait sceptique et peu enclin à "l'enrôler", mais c'était de toute évidence trop tard pour reculer. Elle jeta un coup d'oeil à sa jambe qui saignait légèrement; ce n'était pas une blessure profonde, elle pouvait attendre. Elle trinqua avec lui, puis acquiesça lorsqu'il dit ne partir que le lendemain. Il valait mieux que d'autres personnes les rejoignent; après tout, la somme recherchée avait l'air considérable si l'on écoutait les paroles de "la vipère noire", ce ne serait donc pas bien grave de la diviser. Elle réalisait peu à peu l'aventure dans laquelle elle venait de se lancer. Elle ne connaissait rien de cet homme ou de sa quête; il suffisait qu'il se serve d'elle, puis la tue, et tout serait réglé. Mais elle n'avait aucune envie d'imaginer cela, et puis de toute façon, elle était de la partie une bonne fois pour toutes.

Alors qu'elle allait donner son nom, une voix prit le dessus sur toutes les autres. Un homme venait d'entrer, plutôt jeune, entouré de nombreuses autres personnes, il avait cette allure que seuls les nobles possédaient. Lysia l'observa quelques instants, puis reposa les yeux sur le pirate qui avait terriblement blêmit. Il ne disait mot, et semblait réfléchir plus que jamais. La jeune fille posa à nouveau les yeux sur le nouvel arrivant, et l'entendit prendre finalement la parole, assurant que le noble se trompait de personne. Lysia ne dit rien, c'était la première fois qu'elle voyait l'un et l'autre, et ne pouvait rien faire d'autre qu'observer. Il l'avait appelé seigneur Manolesti... Cela ne pouvait pas être vrai. Cette vipère noire avait certes une certaine présence, il ne pouvait toutefois pas être noble. Lysia bu à nouveau de son vin, puis s'assit légèrement en retrait, comme pour mieux observer la scène.

- Ça ne va pas ? Prenez un siège, vous n’avez pas l’air bien, qu’on apporte un verre de vin pour cet homme.

Lysia posa un regard sceptique sur le noble qui semblait pâlir chaque seconde un peu plus. Les conseils de Nakor revinrent à la jeune fille qui regardait les deux hommes, songeuse. Cela ressemblait fort à une certaine forme de magie. Elle ne dit rien, puis appela la serveuse d'un signe de main qui accouru rapidement, un nouveau verre à la main. Lysia le rempli de vin, et le posa sur la table.

L’astre inondait en ce jour le pavé poussiéreux de Meca. Deux silhouettes avançaient tranquillement dans ces ruelles qu’elles connaissaient si bien. Malgré la douceur de la journée, Morgan le Siffleur ne pouvait que regretter d’être à terre. Rien ne valait la brise marine et les flots impétueux de l’Eris, mais l’heure n’était pas à la complainte. Il respecterait les ordres du Capitaine même s’il devait se coltiner cette saleté de lézard. Il poussa un soupir, grattant sa barbe hirsute qui cachait ses traits. Etrange duo de promeneurs que voila, avec ce grand Morgan, vêtu de sombre qui arborait fièrement autour de son crane un foulard ocre. Insolite composition de couleurs…Mais Le Siffleur n’était qu’un pirate parmi les pirates dans cette ville riante… Non, étrange surtout était son camarade qui, dos courbé et corps protégé derrière une cape de voyage, capuchon rabattu, avançait péniblement sous l’éclat du Soleil. Si l’œil attentif avait aperçu l’esquisse de son visage sous la capuche, il y aurait vu un crane entortillé derrière un enchevêtrement de bandes de tissus jaunis, telle une momie funéraire d’un autre monde, ou pire encore, d’un lépreux. La Salamandre jubilait à contempler le spectacle offert par l’astre lumineux. Il jubilait oui, sa carcasse parcouru de spasme régulier, qu’il se devait de contenir. Le Capitaine l’avait ordonné…

Mais il n’en tenait plus… Il le fallait. La Salamandre tenta d’offrir au Soleil sa prière, levant ses bras bandés vers le ciel, expirant le début d’une litanie mystérieuse. Mais Morgan bien vite coupa court à cette étrangeté d’une main ferme. Dans les rues de Meca, mieux valait passer inaperçu. Le monstre voulu pester mais encore dans sa tête raisonnaient les sages paroles du Capitaine. Obéir à Morgan… Il devait obéir à Morgan en tout point, coûte que coûte. Il se contenta donc de bougonner dans la barbe qu’il n’avait jamais eu.

Enfin, Morgan aperçut l’enseigne du fameux « A la gorge tranchée ». Nom pittoresque s’il en est, mais quelque peu caricatural au goût du Siffleur. Lorsqu’il poussa la porte de la taverne, il ne vit rien de moins qu’une de ces bonnes cantines de soudards comme il en existe tant dans ce coin d’île. Il entra, la Salamandre sur ses traces. Il alla s’installer à une table près d’un pan de mur nu. D’ici il pouvait observer tranquillement toute la salle. Il s’agissait de prendre son temps, l’on ne se présentait pas devant ce genre d’employeur comme une fleur s’offrant à l’abeille. Après une rapide inspection des lieux, Morgan identifia un groupe plus dépareillé que les autres. Le trio semblait trop exotique pour l’endroit, surtout le plus petit d’entre eux qui affichait clairement son malaise. Une jolie serveuse vint leur prendre commande.

« Je ne prendrais rien merci mais servait donc à mon ami une bonne bière ma jolie.»

Sa voix était douce, langoureuse, comme si ses mots tentaient de caresser votre âme. Oui il aimait parler. Jadis comédien, il se voyait parmi les grands, jusqu’à ce que l’âpreté de la vie ne lui ôte ses chances. Quel mal y’avait-il donc à aimer les femmes ? Même celles des autres ?
La Salamandre commençait à baver. Il trépignait sur son tabouret, attendant avec impatience le précieux liquide ambré. Quelques fois les traces de sa plus grande faute lui infligeaient des douleurs lancinantes. Aussi la douceur de l’alcool apaisait ses maux et lorsque le pichet miraculeux arriva enfin, Sal’, comme certain aime à l’appeler, se rua dessus, engloutissant le breuvage avec sauvagerie. La bière s’échappait quelque peu de sa bouche sans lèvres, tachant toujours plus son masque de bandelettes. Le spectacle de cette taverne était sommes toute, fort distrayante.

Bientôt vint un grand bougre qui eut la bonté de confirmer les soupçons du bon vieux Morgan. Puis vint d’on ne sait trop où une sorte de rixe maladroite entre un des ivrognes et une charmante demoiselle. Un joli brin de fille, de ces fruits que l’on aimerait croquer. Enfin, alors que ce charmant groupe continuait de parler sans que Morgan n’arrive à déchiffrer les paroles, un homme, que l’on devinait sans mal être issu de noble ascendance, entra en scène. Décidément, ces gens ne savaient pas être discrets. Ce théâtre était trop bruyant pour Morgan, il décida de prendre son mal en patience et d’attendre un moment plus propice.


[Hrp : Et oui je m'incruste dans l'aventure, le post est susceptible de changer légèrement si Vincente le décide. Comme vous l'aurez compris j'incarne ici deux personnages, La Salamandre mon pj et un pnj qui me sert de garde-fou au sens littéral du terme]

Alors qu’on s’affairait à offrir chaise et vin au noble qui apparemment était prit d’un vertige voila que le guide y allait de son numéro, tel un diable ne tenant plus dans sa boite. Il sauta et gesticula avant de murmurer comme un ange ou un démon à la conscience de Manolesti

" Monsignore…blablabla…nerveux…blablabla…tous des ladres…mieux vaudrait tous les tuer…blablabla…devons partir dans les plus bref délais…blablabla…"

Enfin c’est que ce que comprit Vincente dans les grandes lignes qui ressortait dans le discours geignard du petit homme. Ahhh ce brave Neider, il n’avait plus parlé depuis quelques minutes et cet état de fait avait du lui être insupportable mais à vrai dire il était le seul parmi ces bras cassés qui avait une réelle importance et son discours même si il était énervant ne sonnait pas faux, le mercenaire s’était tu depuis son arrivée et la coutume voulait qu’effectivement les femmes portent malheur sur les bateaux. Mais si le nabot était nerveux et ne tenait plus, Manolesti avait aussi la visage qui s’empourprait, le fait qu’on remettait constamment son autorité en en question commençait à l’escagasser. Il prit son inspiration levant son bras et d’une paume boostée à la magie il frappa un grand coup sur la table qui celle-ci sous la puissance du geste explosa en son centre avant de cédée entièrement sur le sol crasseux de la taverne:

" C’est moi qui décide quand on part. Rugit-il On partira à ma convenance vu !? "

Il expira profondément, laissant filer les derniers brins de magie qui parcourait encore son bras et son être. Son addiction à la magie devenait grandissante recherchant toujours plus de puissance, seul quelqu'un qui avait déjà gouté à cette grisante sensation pouvait la comprendre. Cette soif devait être maitrisée à tout instant sinon elle vous dévorait votre corps et votre âme. Vincente se rassit sur sa chaise devant la table détruite :

" Kerik, une nouvelle table et du vin, désolé encore un coup de sang " Dit le pirate à l'attention de l'aubergiste.

AAAAaaaaarhhhh Arh Arh. Que c’est bon… Hmmmm Arh Ah… La Salamandre reprenait difficilement son souffle après avoir littéralement engloutie le breuvage qu’on lui avait servit. Toutes ses bandes entravaient ses mouvements, c’était énervant, frustaaaaaaant. Il voulait tant bruler… Oui, tout bruler. Que les flammes dansent encore, il voulait qu’elles dansent, qu’elles lui montrent encore et encore leur grâce, leur beauté. Il le voulait. Pourquoooooi ? Pourquoi devait-il ne rien faire ? Pourtant il le fallait. Oui, il le devait, pour l’Ilharn. Faisait-il beau aussi à la citée ? Oui… La Solaire avait toujours gâté ses enfants. Sal’ voulait être dehors, la poussière l’ennuyait, pourquoi devait-il resté avec le foulard jaune ? Hein ? Qu’avait-il fait de mal ? La Salamandre était gentil pourtant ? Il n’avait rien brulé cette semaine… Oh non rien… AAAAAaarh. Il devait arrêter d’y penser, oui, maintenant, c’était trop dur. Et tous ce bois ! Que du bois ! Partout ! Sous ses yeux. Comme un cadeau du Solaire. Il sentait toute les vibrations magiques de ce vénérables matériaux, son feu intérieur était si important, si alléchant. Il avait mal, si mal… La bière n’avait pas calmé sa soif… Cette soif d’apaisement… Juste quelques temps… le temps d’un battement de cœur peut être… Il avait tellement mal…

Dans un geste saccadé, il avança son cou offrant au rebord de la chopine le baiser macabre d’une bouche sans lèvres. Il lampa la perle d’alcool nain qui était posée là. Et se redressant avec une rapidité déconcertante, il réclama une autre chopine à l’homme au foulard. Morgan était absorbé par la contemplation du groupe assis quelques tablés plus loin, pris entre fascination et étouffement d’un rire. Il n’attendait presque pas les plaintes de cette saleté de lézard. Quelle plaie ! Le pirate esquissa un signe de la main lui ordonnant le silence. Il ne voulait pas être dérangé.
Ce qu’il voyait à ce moment précis n’était plus ces quelques éclats de vies ternes que le monde avait l’habitude de lui offrir… Non… Devant lui s’étalait un spectacle des plus saisissants. Comme si ces âmes avaient une touche particulière, une gestuelle différente, un air de théâtralité... Il fallait s’en douter, cette mission ne serait pas facile, Morgan en avait bien conscience. Il jaugeait ses futurs coéquipiers potentiels avec cette admiration qu’on les érudits pour quelques traces d’encres sur un parchemin poussiéreux. Comment les approcher ? Par quel moyen Morgan allait bien pouvoir se rendre indispensable dans cette joyeuserie ? Ils avaient du caractère… Cela ne faisait aucun doute. Et bientôt, l’homme au chapeau confirma ses analyses en détruisant, non sans une certaine forme de dramaturgie, la table de bois massive devant lui. Intéressant… Alors qu’au même moment, l’étranger aux allures d’aristocrate crachait au visage le verre qu’on lui tendait. Evidemment, il n’en fallut pas plus pour échauffer le sang bouillant d’un pirate. Aussi, tout dégénéra… Il y avait quelque chose d’extraordinaire dans cette portion d’histoire, quelque chose de tellement confus qui ne pouvait sortir d’un seul esprit unique, une de ces fables trop floues pour être déchiffrer d’un seul coup d’œil… Arcam devait bien rire…

Ce n’était pas bon… Pas bon pour les affaires ça non. Morgan ne pourrait plus garder sa posture bien longtemps. Et penser à ce chien de Salamandre le déprimait déjà. Il lui faudra bien le tenir… C’était peut être le moment de briller…
On s’empoignait farouchement, et la bastonnade s’amplifiait dans la salle. Il était temps.
Sal’ se balançait quelque peu d’avant en arrière, sa main gauche gratta frénétiquement l’arrière de son crane dissimulé derrière la capuche de toile. Morgan, d’un bond se leva, jetant un regard sévère au fou accompagné d’un ordre strict. Ne bouge pas !

Et le pirate s’avança tranquillement vers la mêlée de bras poisseux, d’haleines d’alcool et de colères suintantes. Il lui fallait s’approcher de l’homme au chapeau, sans y laisser de plumes. Ces hommes étaient pour la plupart complètement saouls, cela facilitera la tache. Il empoigna un homme qui lui tourné le dos, et enfonça son poing sur sa tempe pour seul coup. L’homme tituba plus loin mais déjà on l’avait remarqué. Deux hommes qu’il devait avoir pour compagnon se ruèrent sur lui, dégoulinant de haine. L’un deux l’attrapa farouchement. Ses deux bras puissants l’enserraient comme un étau alors que son camarade assena un coup violant dans les côtes du pauvre enturbanné. Morgan s’effondra sur le sol, une douleur nouvelle perçant son ventre. L’assaillant un profita pour lui décocher un coup de pied dans la mâchoire, qui eut pour toute réaction qu’un léger impact sourd. Un filet de sang s’échappa de notre pauvre héros. La douleur était forte, certes, mais ce n’était rien fasse à celle que dégageait la blessure de son orgueil. Morgan n’avait pas vraiment le goût pour le contact, et préférait nettement la tranquillité de sa vie de lanceur de couteau. Quand faut y aller…

Fulminant de rage, il se redressa, esquivant par la même occasion une chaise qui volait avec fureur. Et dans un accès de colère irréfléchi, il fonça derechef dans le tas. Malgré quelques maladresses, il pût s’approcher de sa cible, se retrouvant non loin de son épaule, et eu même l’audace d’affirmer à son attention, avec toujours ce même goût pour la mise en scène :

« Et bien l’ami, il semblerait ici, que vous avez le sens du divertissement ! »

Il accompagna cette parole d’un crochet bien senti à l’endroit d’un saoulard.

Une bagarre générale, une bonne baston à l’ancienne, toute la taverne s’y mettait. Cela avait commencé avec notre cher comte de Scylla qui ne put s’empêcher de faire un peu plus de foin que déjà son arrivé seigneuriale en ces lieux mais en plus il insultait la piquette locale. L’altercation augmenta rapidement gagnant en rien de temps tous les coins de la taverne créant un véritable chaos de tables renversées, de chaises volant dans la pièce et de bouteilles s’écrasant sur quelques visages burinés. Quand les combats commencèrent Neider déjà nerveux ne put s’empêcher de commencer à s’enfuir, courant rapidement, passant sous les tables et cherchant un endroit sur où son intégrité physique ne serait point mit en danger. Vincente magistral et enjoué à l’idée de participé à cette coutume cher à son cœur, envoya un taquet dans le sternum d’un soudard qui alla s’écraser sur un coin de table légèrement plus loin. Il monta la voix au dessus de la cohue afin de s’adresser à bash :

" Va avec le nabot et fais en sorte qu’il ne nous fausse pas compagnie, protèges le si besoin et puis fais toi plaisir bastonnes quelques pécores sur le passage c’est ma tournée, Arharhahah. "

L’ambiance était encore bon enfant pour ce type d’événement, pas de lames hors du fourreau, du moins pas pour l’instant, juste du bon vieux contondant. Un enturbanné au couleur solaire s’approcha de Vincente sur sa droite se retrouvant épaule contre épaule pour lui lancer un compliment. Après s’être débarrassé d’un adversaire un peu trop collant lui offrant sa choppe en travers de la figure Manolesti répliqua :

" Une des meilleures tavernes de la ville fils : Vin, femmes et castagne, que vouloir de plus. Jolie étoffe, le bon gout pour les bandanas se perd et il est hors de question de voir quelqu’un en porter chez les pieds secs…sur la droite. "

Interrompant le discours des pirates, un homme plutôt massif avec un pied de chaise à la main leur fonçait dessus mais fut reçu par un double lariat le mettant au tapis. Pour l’instant Vincente était resté sport, n’utilisant ni la magie ni sa boxe des sept paumes céleste du serpent blanc ; celle-ci rendrait la chose trop facile et le but étant de plus s’amuser que de tuer, elle avait été mit à l’écart. Cela faisait déjà quelques minutes et le nombre de prétendants à la couronne de " roi de la châtaigne " avait déjà considérablement diminué, certains après quelques coups s’étaient soit affalés par terre ou s’étaient retirés afin de panser leurs blessures. La situation parut rapidement plus clair et Vincente qui avait repéré le comte de Scylla, investigateur de ce rixe; fonça près de lui sourire jusqu’aux oreilles avec l’intention de finir en beauté :

" Alors mon cher comte, si nous mesurions vos progrès avec un petit échange entre maitre et disciple ? "

Le niveau venait de changer, on était monté dans une catégorie bien supérieure et les initiés pouvaient sentir la magie investir les lieux. Vincente se mit en garde, les jambes arquées, les coudes près du corps, une paume orienté vers le bas et l’autre vers le haut. On y était c’était la finale, et Manolesti ne comptait pas perdre son titre de pugiliste des tavernes ni celui de maitre; Il lança ses paumes en même temps avec vélocité.

Alors que Lysia observait le noble attraper le verre de vin, le petit homme s'agita derrière eux. Elle tourna la tête, posant un regard étonné sur sa fragile silhouette. Il n'avait pas ouvert la bouche une seule fois, et voilà qu'il se mettait à déblatérer comme un diable. Elle fit volte face et ne dit rien, retenant un rire nerveux; il était terriblement risible. Elle ne releva absolument pas sa remarque sur les femmes; qu'elles portent malheur sur les navires, c'était bien connu, mais leur efficacité l'était tout autant. Elle soupira, et s'assit en face de la vipère, qui semblait perdre son calme. Si bien qu'il brisa la table avec rage, hurlant comme un fou. Lysia sursauta légèrement, mais ne laissa pas son esprit vaquer à quelque reflexion que ce soit. Si elle se laissait aller de la sorte, elle parviendrait à une conclusion dont elle ne voulait pas entendre parler; celle de partir d'ici le plus vite possible, et d'échapper à ces personnalités toutes aussi insensées les unes que les autres.
C'est ce moment tendu que choisi le noble pour recracher du vin sur un pauvre homme. Lysia se leva rapidement; il fallait être bête ou inconscient pour ne pas prévoir le tournant de la situation. Elle recula de quelques pas, rencontrant le mur assez rapidement, et maudissant la petitesse de cette taverne par la même occasion. A peine avait-elle posé une main sur sa dague, que déjà les ivrognes se livraient à un combat général.

Fort heureusement, aucun d'eux ne brandit d'épée, et le combat se déroulait de manière banale et prévisible. Lysia observait l'homme au chapeau, puis le noble entouré de ses hommes, le nain, et apperçu une silhouette se glisser à travers le combat, puis disparaitre de son champ de vision. Alors qu'elle riait doucement à la vue d'un énorme badaut s'étalant au sol dans un fracas déconcertant, la même silhouette réapparut, mais cette fois aux côtés de la vipère noire, et d'un regard décidé, il engagea la conversation, tout en se défendant de ses poings.

- Sortez de mon établissement, bande d'ivrognes, hors de ma vue! Un hurlement déchira l'air, dont l'auteur n'était pas surprenant. Le gérant de la taverne tentait de mettre fin au combat, mais aucun ne fit attention à lui, et les cris reprirent de plus belle dans la salle qui semblait tomber en morceaux. Lysia ressentit une pointe de pitié pour cette homme qui voyait son argent disparaitre en même temps que les nombreuses chaises, tables et verres qui virevoletaient à travers la pièce. La jeune fille reposa un regard sceptique sur la vipère noire, qui répondit à l'homme à ses côtés, et semblait prendre un malin plaisir à envoyer valser les hommes qui se présentaient à lui, poings levés.

Alors que les minutes s'écoulaient, les hommes encore debout se firent de plus en plus rares, et enfin l'ont pu distinguer les différentes personnes restées debout. Parmi elles se dressait l'homme au chapeau, qui lança une phrase incompréhensible, tout en se mettant en position de combat. La jeune fille ne dit rien, et posa un regard sceptique sur l'homme qui avait tenté d'engager la conversation avec la vipère.

La puissance du disciple dans sa défense n’avait pas été assez bien dosée et les coups puissant de vincente transpercèrent couche après couche la garde du comte qui fut propulsé dans la charpente de la pièce; le combat était déjà terminé. Manolesti expira profondément et défit sa garde, sentant la magie se dissipait dans les airs, il regarda son élève d’un air insatisfait, se demandant comment ce dernier avait pu être aussi facilement vaincu. Mais il laissa de côté la question pour partir d’un rire gras; une fois de plus, ce dernier avait remporté la partie et conservé son titre de tataneur des gargotes.

"Arharharh, la lutte fut serrée cette fois-ci. " dit-il faussement modeste. " A boire pour fêter ma victoire. "

La population se divisa entre ceux qui partirent sans demander leurs restes, ceux qui acclamèrent ce prix de consolation et ceux qui restèrent affalés sur le sol. Erik qui connaissait la musique tirait la gueule mais il savait que Manolesti apprécié l’endroit et payé comptant pour les réparations. La salle pour le moment essaya de se remettre peu à peu, on remit les chaises et les tables viables en places, l’orchestre recommença timidement à jouer pour au bout de cinq minutes résonner à nouveau dans toute la taverne. Les serveuses reprirent leurs offices, bref c’était comme-ça à Méca, on buvait, se battait et puis on recommençait à boire. Manolesti rassembla ces troupes, à savoir Bash et Neider et ses nouveaux invités : Le comte, bandana jaune, la jeune fille, etc… et demanda à ce qu’on apporte un vin plus fin pour le palet du comte, avec un rire amusé.

" Bon les enfants, vous arrivez juste à temps et parce que vous me plaisez bien, je vais vous mettre sur le coup. Notre ami le nabot ici présent nous fera voyager demain jusqu’au delta qui nous mènera à la forêt d’Aduram. Pas besoin que vous en sachiez plus pour l’instant sur notre itinéraire mais ce que vous devez savoir c’est que vous allez participer à une chasse forte intéressante ma dame et mes sieurs. Pour les uns l’intérêt résidera dans le butin; un trésor énorme et autres babioles et joyaux, pour d’autre la chasse sera tout autre, celle du gardien du trésor, un être fantastique, un serpent, l’homme qui l’a décrit en est devenu fou de peur tellement il était impressionnant. "

Sentant qu’il avait réussi à captiver son assemblée et ayant enfin dévoilé le pourquoi de cette aventure, il assaisonna la fin de son discours par quelques platitudes :

" Le temps devrait se calmer ce soir, nous partirons à 4h00, afin que notre départ ne soit pas trop remarquer, mon bateau lèvera l’ancre à leur dite, le dromon que vous chercherez répond au doux nom de " La moisson rouge ", ne soyez pas en retard. "

A 4h00 du matin sur l’île de la Méca toute la population n’est pas endormie, mais la ville est quand même plus calme. Appuyé au bastingage, Manolesti regarda ses invités arriver tour à tour, avec une certaine satisfaction pour l’aventure qui allait commencer. A l’heure prévue le bâtiment leva l’ancre et l’ont mit le cap sur la forêt d’Aduram.


[hrp : bon j'ai conclu cette partie "recrutement", histoire qu'on entre dans le vif su sujet, mais vous pouvez toujours insérer un petit rp, si vous en avez envie, enfin rien de contradictoire non plus einh.]

La mêlée se dissipait déjà, ne laissant que l’odeur acre de la sueur des combats. Morgan n’était pas peu fier finalement, lui qui n’aimait pas jouer des poings s’en était tiré sommes toute relativement sans dommage. Il profita de l’accalmie pour essuyer le filet de sang séché qui avait roussi sa barbe. Lentement on se séparait. Rejoignant tranquillement son acolyte, le pirate prit même le luxe de ramasser une bouteille encore intacte. Retirant le bouton de liège avec ses dents, il bu une longue gorgée d’alcool… Rhum… Il n’aurait pas pu mieux tomber. Mais un bruit sourd le fit sursauter, renversant un peu de liquide contre son vêtement. Il maugréa avant d’apercevoir le fameux nobliau au sol, dans une posture des plus ridicules. Inévitablement un petit sourire narquois vint s’accrocher parmi les poils hirsutes du Siffleur…

Il l’avait senti… Oui… Il n’y avait pas de douuuuute. La magie. Disparue… Comme un cri, une explosion incroyable, puis… Plus rien. Arrrrrh Arrrrh Oui ! Il n’avait pas rêvé, il en était sûr, quelques traces flottaient encore dans le lieu. Il voulait tant… Il aurait tant voulu. Pourquoi ? POURQUOI ? Non, il n’avait pas le droit… Le feu… Le Feu l’appelait, depuis si longtemps… Pourquoi lutter ? Il lui suffisait de combler son manque. D’apaiser son mal. Il en avait besoin… Les pupilles obscurs de la Salamandre brillaient d’une lueur étrange, cette lueur si particulière, si terrifiante pour les cœurs tendres. Une lueur fantasque… Il fallait que tout brule ! Arh ! Arrrrh ! Feeeeeeuuuuuuu ! Il tremblait… Il tremblait ! Par saccades, doucement d’abord, imperceptiblement… Indifférent au vacarme de la lutte. Son œil furetant encore et partout, il lui fallait une réponse… Un deuxième choc. Plus violent, plus visible. Salamandre s’en abreuva, contemplant non sans une certaine curiosité cette étrange explosion… de vent… Oui cela avait le goût du vent. Le ciel surplombant l’Eris n’avait jamais eu ce goût là, malgré ses colères et ses vacarmes. Il fallait qu’il le brule… Oui il le fallait. Son goût n’en serait que meilleur, savoureux petit vent flamboyant. Oh Oh ! Il le voulait…

Doucement, tout doucement, il faut que tu rôtisses petit vent ! Une flamme naquit dans la paume du vieux mage. Tout doucement…

Par les couilles d’Othar ! Morgan n’avait même pas eu le temps de reprendre son souffle. Il l’avait vu. Ce sale taré avait encore péter un câble ! Sans réfléchir, il bondit. La chance était peut être avec lui, il était tout proche de l’Illuminé. Il n’avait pas le temps de l’arrêter, il n’avait pas le temps de le raisonner. Il fallait agir, et agir vite, Morgan ne voulait pas mourir. Son poing rencontra l’abdomen de son compagnon, le privant de sa concentration, et de sa conscience par la même occasion. Morgan inspira un bon coup ! Heureusement que ce satané lézard était si frêle… Sinon. L’enturbanné n’osait pas y penser. Il jeta un coup d’œil à gauche, à droite. On ne l’avait pas remarqué, on s’occupait de ses propres problèmes. Le pirate appuya le corps inconscient du mage contre sa chaise. On verra plus tard. Maintenant il lui fallait s’occuper d’une affaire plus urgente.

Comme si de rien n’était, il avança vers la Vipère noire, qui semblait savourer avec un sourire bestiale l’issue de la bagarre. Finalement, cet homme était bien un pirate. Et ce n’était pas pour déplaire au Siffleur. Il n’eut même pas besoin de se présenter, il en fût déconcerter, mais finalement qu’importe, il aurait bien l’occasion sur le lieu du rendez-vous. Trésors… Joyaux… Il n’en fallut pas plus pour gonfler à bloc notre bon pirate. S’il réussissait, il pourrait avoir la reconnaissance officielle du Capitaine, et peut être même un poste de bras droit…

Sourire aux lèvres, Morgan ramassa le corps de son acolyte et quitta l’auberge, sans un mot.

La lune éclairait cette citée qui ne dort jamais, avec un regard attendri, presque maternelle. Morgan avançait tranquillement dans le dédale des rues pavées. Salam’ sur ses traces. La Torche ne lui tenait pas rigueur de ce coup injustement reçu, à dire vrai il l’avait même oublié, perdu dans ses pensées insondables et farfelues. Lorsque les deux compères arrivèrent devant le bâtiment, Morgan ne put s’empêcher d’admirer la taille imposante de la « Moisson rouge » bien qu’il préférait de loin les bateaux à voile, il y voyait l’expression de la liberté. Moisson rouge, Vipère noire… Les pirates avaient toujours aimé les couleurs. Il rit de sa réflexion et rejoignit son employeur. Après un bref salut, il se présenta lui et son compère. Morgan le Siffleur, lanceur de couteaux et la Salamandre, son associé, mage de feu. Bien sûr il omit de parler de son appartenance à un autre équipage…