Petite escapade dans la joyeuse forêt de Nelen

Elle était arrivée à Ydril un jour de soleil, montée sur Amarthluin et Aralaurë marchant à côté. Elle était enfin arrivée à son but. Après autant de temps passé à cavaler de ci de là, elle avait décidé de prendre quelque jour de repos dans une auberge avant de réclamer ce bateau qui était désormais le sien.
Eliwa eut un léger accrochage avec l'aubergiste au sujet de sa louve

- Hors de question que cet animal entre dans mon auberge.
- Et dans vos écuries ? Questionna-t-elle, offrant son plus beau sourire, en plus d'une pièce.
-Je pense que l'on peut s'arranger, répondit-il en s'humidifiant les lèvres

Elle dormit donc deux nuit dans la paille des écuries de l'auberge. Le lendemain matin, elle se rendit au port à pied, accompagné d'Aralaurë seulement. Elle flâna quelques temps devant les boutiques du port puis se rendit à la capitainerie, le papier stipulant l'héritage du bâtiment en main. Ici, c'était une tour en pierre claires, percée de fenêtre laissant le soleil inonder les pièces. Elle franchit la porte en bois, laissant sa louve à l'entrée et demanda à voir le capitaine du port. Le jeune homme placé à l'accueil la regarda de travers, puis répondit sèchement à sa demande.

-Montez les escaliers, premier étage, deuxième porte à droite.

Elle monta l'escalier en colimaçon, le regard de l'homme fixé dans son dos. Elle arriva devant la porte du capitaine, en bois bleu, et frappa deux légers coups.

-Entrez ! répondit une voix de femme.

Elle obtempéra et découvrit une pièce arrondi au fond. Un bureau en merisier, avec des pieds finement ciselés, s'imposait au centre. Venait ensuite des étagères de livres et des armoires à tiroirs, contenant surement les dossiers importants, adossées aux murs droits. La capitaine l'invita à s'assoir sur un fauteuil de bois matelassé, après qu'Eliwa l'eut saluée, puis lui offrit à boire. Ensuite, elle s'assit en face de l'elfe et posa les pieds sur la table, comme pour signifier sa propriété. Lorsqu'elle eut finit son verre, elle le reposa sur la table et demanda.

-Qu'est-ce qui vous amène ?
-L'héritage d'un bâtiment, répondit Eliwa, en posant sa coupe vide.
-L'héritage d'un bâtiment ?

Eliwa ne releva pas.

-Je vois. Et de qui ?
-De mon père.

La femme se leva et se dirigea vers une armoire.

-Son nom s'il-vous-plais.
-Je ne sais pas.
-Le papier stipulant l'héritage, alors.

Elle lui tendit celui-ci. La femme le lu, une moue dubitative s'inscrivant sur son visage au fil de sa lecture.

-Mais c'est la signature de...
-Stop ! la coupa-t-elle. Je ne veux pas savoir !
-A votre guise.

Elle sortie les papiers du bâtiment et les lui tendit, ainsi qu'une enveloppe.

-De votre père, précisa-t-elle.
-Merci, dit-elle en hochant la tête.
-Votre bâtiment est amarré sur la droite en sortant, mais faites attention, il faudra payer celui qui le garde depuis longtemps.

Eliwa prit congé et sortit, lançant un au revoir au jeune homme de l'accueil. Elle partit ensuite réquisitionner son bâtiment et paya grassement le gardien du bateau. Coque de 24 pieds de longs et 11 de large, cale peu profonde (3 pieds), mats ornés de voiles vertes, gouvernail sculpté. Elle tomba immédiatement amoureuse de celui-ci.
Pendant une semaine, elle appris les rudiments de la navigation auprès d'un capitaine auquel elle enseigna certaines passes d'arme.
La semaine écoulée, elle monta sur son bâtiment et décacheta l'enveloppe. Une lettre en elfique lui demandait de se rendre au centre de Nelen et de récupérer une amulette qu'il avait dissimulée, avant qu'une personne mal intentionné ne s'en empare. C'était un ordre, plus qu'une demande cordiale. Elle tergiversa une bonne demi-heure avant de se rendre compte qu'elle était incapable de trancher. Eliwa descendit donc sur le quai et héla un jeune homme qui passait par là. Il avait un certain charme et paraissait ... jovial (enfin, il ne semblait pas dépité).

-Excusez-moi jeune homme, j'aurais voulu votre avis sur un point.

L'elfe lui résuma la situation rapidement.

-D'après vous, je dois y aller ou pas ?

-Excusez-moi jeune homme, j'aurais voulu votre avis sur un point.

Jester, alors perdu dans ses pensées, répondit à l'appel d'un "Heeeeeeeiiinn?" aussi gracieux qu'un crapaud buffle en tutu (rose de préférence, le rose leur va si bien).

La personne qui l'avait abordé était une magnifique représentante de la race elfique (hoho assonances quand vous nous tenez), une blonde (pour changer) de taille moyenne avec un visage fin à vous damner : une elfe quoi. Rajoutez à cela un corps svelte, tonique et souple avec des formes pas trop prononcées (juste assez pour attiser l'envie sans être vulgaire) typiquement le type de Jester. Etant une personne assez "m'as-tu vu" il déteste qu'on lui pique la vedette et il aurait bien fait son goûter de cette jeune elfe. Il remarqua que lorsqu'elle l'avait abordé elle avait glissé sa main dans ses cheveux. Derrière ce geste banal se cache une marque d'ouverture : plus précisément l'image de la personne regardée (ou comme ici abordée) vous apporte des pensées agréables. A l'instant même où il fit cette plaisante découverte il se redressa et bomba légèrement le torse.

L'elfe lui fit alors un rapide résumé de la situation qui la mettait dans l'embarras. Jester écouta à moitié tant il était envoûté par la voix douce et claire de l'elfe. Il comprit néanmoins qu'il était question d'un voyage en direction de Nelen afin de rechercher un médaillon d'une grande importance. Et Ô miracle la jeune femme venait juste d'hériter d'un fort beau navire qui lui servirait de moyen de transport jusqu'à l'île.

-D'après vous, je dois y aller ou pas ?

Jester haussa les épaules et lui répondit :

- Boarf qu'est-ce que vous avez à y perdre? déclara-t-il sur un ton faussement désintéressé. Le seul risque que vous prenez est celui de vous faire attaquer par des pirates. Or vous possédez un vaisseau rapide et qui plus est petit. Autrement dit du menu fretin pour ces gaillards là. L'autre risque est autrement plus fourbe : l'ennui. Un voyage pour Nelen, et qui plus est une quête, ne saurait se mener seule, bien que je n'aie aucun doute quant à votre capacité à vous défendre, lui dit-il avec un clin d'oeil complice. Nul doute que ce corps, si délicieux soit-il, peut se transformer en une arme redoutable, surtout si bien armé, dit-il en désignant du menton les différentes armes de l'elfe. En résumé votre seul problème "réel", fit-il en mimant des guillemets avec ses doigts, est que vous serez seule sur Nelen. Il se trouve que je n'ai rien à faire en ce moment et que je suis disponible pour une aventure de la sorte... Surtout en me sachant si bien accompagné, termina-t-il avec un sourire charmeur.

Il regarda alors les yeux gris-vert de l'elfe attendant une réponse qu'il devinait déjà favorable.

Il n'avait pas tort. En effet, seule, elle désirerait la compagnie humaine (enfin, pas forcément celle d'un humain mais pas seulement celle des bêtes)Surtout que cette fois, elle n'aurait pas son étalon pour lui tenir compagnie (elle avait encore sa louve, mais ! ce n'était pas pareil). Elle devrait apprendre à se débrouiller sans. Et puis cet homme lui avait si gentiment accordé un peu de son temps qu'elle se voyait mal refuser sa requête. Et au fond, elle savait qu'elle aurait besoin d'un peu de compagnie.

- Et bien mon sieur, vous me voyez flatté de l'attention que vous me portez là et je ne saurais refuser votre demande. Et certes, un peu de compagnie sera la bienvenue, finit-elle dans un sourire heureux.

Cet homme lui paraissait assez extravagant pour vivement égayer son périple (qui, entre nous, pourrait bien prendre de longs jours entiers...). Cela tombait bien car elle avait besoin de rire. Besoin de rire pour oublier. Oublier qu'elle partait en quête d'un objet dont elle ignorait tout (sauf sa description, sauf que celle-ci ne stipulait pas la force magique de ledit objet ni les gardiens qui pouvait le garder. Que du bonheur en perspective) jusqu'à sa géolocalisation qui se résumait au centre de l'île de Nelen.
Car oui, elle s'était dit que l'Homme n'était peut-être pas dans le faux et qu'en effet, elle n'avait pas grand chose à perdre (si ce n'est sa vie, ce qui, en soi, lorsqu'on y réfléchit bien, n'est pas grand chose).
Pour intercepter cet homme, elle avait attendu que les quais soient pleins (histoire de vraiment prendre au hasard, en fermant les yeux et tendant le bras. Mais, en malheureuse elfe qui succombe au charme d'un passant, elle avait lâchement choisit, de peur de se retrouver face à quelqu'un de trop étrange. Si ça continuait, elle allait mourir à cause du charme indéniable d'un homme mal intentionné) pour héler quelqu'un et lui demander son avis sur la question (comme dit ci-dessus)
Le bâtiment était près à partir depuis quelques heures (se connaissant, elle avait préparé le navire à l'avance car elle savait qu'un oui se présentait, elle voudrait partir toute suite et en bonne elfe, elle avait préparé tout à l'avance). Le jour venait (presque) de se lever et les conditions climatiques étaient assez bonnes pour qu'ils prennent la mer.

- Vous montez ? l'invita-t-elle à bord de son (petit, très petit) navire.

En attendant qu'il embarque (ou qu'il émette une objection telle qu'un besoin urgent à soulager), elle vérifia que tout était en règle pour partir (même si elle l'avait fait trois heures plus tôt) pour se donner une contenance. Cependant, elle se retourna assez vite vers son invité de croisière pour poser une question existentielle :

- Au fait, comment dois-je vous appeler ?

Et oui, il n'était pas question qu'elle voyage aux côtés d'un homme dont elle ignorait le nom (ou en tout cas, celui qu'il voudrait bien donner) pour l'appeler sans le nommer, chaque fois qu'elle voudrait lui parler (même si à deux sur un bateau, il y avait peu de chance qu'elle s'adresse aux poissons ^^). Elle profita de s'être retourné pour siffler sa louve. Celle-là, elle l'emmenait. Pas question d'en être séparé une seconde, sous prétexte qu'un loup n'aime pas l'eau (et puis ce n'était pas une louve comme les autres Mouahahahahahahahahahaha !! *son d'orgues* ). D'ailleurs, celle-ci apparue sur le pont en moins de deux.

- Et bien mon sieur, vous me voyez flatté de l'attention que vous me portez là et je ne saurais refuser votre demande. Et certes, un peu de compagnie sera la bienvenue.

Un sourire éclatant venait d'illuminer le visage de l'elfe, vision fort agréable au demeurant. Si les Elfes de sexe masculin étaient à ce point parfaits pour en arriver à une sorte de snobisme parfaitement répugnant et agaçant, limite vomitif, Jester n'avait pas ce point de vue vis à vis des membres féminins du beau peuple. Elles étaient parfaites et c'était très bien comme ça! Il allait d'ailleurs voyager avec une magnifique représentante de cette espèce.

- Vous montez ?

Comment dire non a 1m70 de charmes, de bonne humeur et de volupté? Jester approuva donc avec un sourire béat accroché à la figure et il faillit s'évanouir lorsque l'elfe se retourna laissant à notre bouffon ,déjà fort émoustillé, la vue ravissante d'un derrière tout en muscles et en tonicité, pas un soupçon de graisse, le tout rond comme la lune où notre ami se trouvait actuellement. Une autre question le ramena sur Terre :

- Au fait, comment dois-je vous appeler ?

L'esprit de Jester fit *tilt*. Il courut et dans une glissade absolument merveilleuse se plaça devant l'elfe inquisitrice, s'accouda au bastingage. Il lui déclara alors avec emphase :

- Appelez moi... Jasper. Jester Jasper.

Il fit alors une de ses plus belles révérences et lorsqu'il se releva il fit apparaître de nulle part une magnifique rose, d'un rouge sang profond.

- Permettez moi gente damoiselle, de vous offrir cette rose en témoignage de ma gratitude et de vous escorter jusqu'à votre cabine, déclara-t-il en lui proposant son bras. Bien que ne connaissant absolument rien à la Marine, c'est un honneur pour moi de vous servir et d'apprendre les rudiments du métier avec un si noble et joli minois que le vôtre, Capitaine, même si, toutefois, mes talents sont... ailleurs, conclua-t-il dans une oeillade complice.

- Maintenant que je vous ai donné mon nom puis-je m’enquérir du vôtre?

Eliwa accepta avec plaisir la rose que lui tendit Jasper et dont elle huma le parfum doucereux (bah quoi ? Vous vous attendiez à quoi ? Lorsqu'on offre une rose à une femme, elle la sent toujours... Même si ça fait un peu cliché). Puis elle prit le bras qu'il lui tendait pour l'accompagner à sa « cabine ».

- Et bien, voyez-vous, comme ce bâtiment ne compte ni dans la flotte de l'armée ni dans la marine marchande, il ne possède qu'une seule et maigre cabine (entendez cela par petite et étroite et non au sens propre du terme) qui ne se trouvera donc pas être la mienne mais la notre. Il est vrai que si vous n'aviez pas été, au premier abord, de si charmante compagnie, j'aurais surement estimé que le pont vous aurait largement suffit. Mais il se trouve que ce n'est pas le cas. Je suppose que vous ne verrez pas d'inconvénient au fait de partager une pièce si exigüe avec moi, du moins la nuit, sourit-elle en voyant une étincelle dans son regard.

Interprétant cela pour une réponse favorable, elle l'entraina vers la proue du bateau, lieu où était situé la cabine.

-Au fait, je me nomme Eliwa et, je vous prie, tutoyez-moi. Nous sommes appelé à nous côtoyer pendant un certain temps alors autant se tutoyer d'emblée.

En effet, la quête de l'amulette (ou de l'objet perdu dans le fond du trou du... Bref) pouvais durer un certain temps (disons que Nelen et plus particulièrement sa forêt, n'est pas un lieu ou l'on se rend en pèlerinage ou en vacances). Et il se pouvait même qu'ils périssent sur l'île, chose fort regrettable, mais cela étant très secondaire, Eliwa avait fait une croix dessus. Parce que si on commençait à se demander si on faisait telle ou telle chose sur la simple éventualité que la mort soit une porte de sortie, on ne ferais pas grand chose de sa vie. Après, il est vrai que certains mystérieux énergumènes préféraient la vie tranquille et pépère dans leurs maisons douillette mais ce n'était pas le cas d'Eliwa. Une fois arrivé à destination (quelques mètres plus loin), elle ouvrit la porte qui tapa contre le mur. Celle-ci s'ouvrait sur la gauche de la pièce qui était arrondie à droite (=forme de la coque). Au centre de la pièce nimbé de rayons de soleil, se tenait un bureau en bois finement sculpté, accompagné d'un fauteuil avec coussins (plus pour le confort que l'esthétique). Le bureau était couvert de notes, d'instruments de mesure et de cartes maritimes. Sur le mur de droite, encastré dans le mur, se trouvait un lit superposé, suivit d'une petite fenêtre. Entre la tête du lit et un coin du bureau, se trouvait une commode qui servait de rangement. Elle pénétra en première dans la pièce qu'elle avait apprivoisée au cours de son apprentissage, rapidement suivie de son compère.

-J'avais coutume de prendre le lit du haut durant les quelques jours passé en mer à me faire la main. Mais si vous n'aimez pas dormir en bas, je vous cèderais le lit du haut. Et puis, si vous n'aimez vraiment pas ça, je pense que, du fait de l'extravagante forme de cette pièce, il y a assez de place pour deux dans un lit, tant qu'on n'est pas claustrophobe.

La chambre était parfaite! Bizarre de par sa forme imposée elle même pas la forme de la coque, petite, étroite en un mot idéale pour le rapprochement des espèces. Jester n'entendit presque pas l'elfe lui parler des détails concernant le pourquoi du comment de "à-quelle-flotte-appartient-ce-bateau-et-pourquoi-cette-pièce-est-si-petite". Il entendit néanmoins très distinctement que le chambre serait partagée (bon point numéro un) et que le lit pouvait éventuellement l'être si toutefois il n'était pas claustrophobe (bon point numéro deux).

Le mieux dans tout ça c'est que Jester n'avait même pas eu besoin de la droguer ou de lui donner un "coup de pouce" à l'aide d'une de ses potions "spéciales" qui raidiraient le plus mou des sceptres d’évêques et qui inonderaient les dessous des plus sèches nones de couvent. Ceci dit il préférait largement car le "coup de pouce" enlève un côté naturel à la chose, sauf bien sur si il est pris intentionnellement histoire d'augmenter le plaisir des deux partenaires...

- Vot... Euh ta proposition est très alléchante chère Eliwa et je me fais un plaisir de répondre favorablement à cette avance. Je ne suis pas claustrophobe mais j'ai peur du vide et de la solitude en général... C'est pourquoi je me fais une joie de dormir avec v.. Euh toi, se reprit-il en vitesse.

Il s'arrêta comme pour réfléchir et reprit :

- Je vais chercher le reste de mes affaires à l'auberge et je reviens... Rassures-toi je ne te fais pas faux bond mais j'ai certaines potions et ingrédients qui coûtent une fortune et qui pourraient nous servir dans notre périple. J'en ai pour une minute ne bouge surtout pas de là!

Et il partit en courant devant le sourire amusé de l'elfe. Il courut de fait plus vite qu'il ne l'avait jamais fait et en moins de cinq minutes il avait réglé et remballé ses affaires. le retour se fit plus lentement notamment à cause des fioles de produits divers dont certains très instables.

Pantelant il s'arrêta dans la cabine, mis les mains su ses genoux et reprit son souffle. L'elfette ne semblait pas avoir bougé mais il remarqua néanmoins que le navire était prêt à appareiller. Il s'adressa donc à elle sur un ton quelque peu saccadé :

- J'ai fait.. Le plus.. Vite possible... Essayer de pas... Casser fioles...

Il prit alors une grande inspiration et son coeur se calma quelque peu, du moins juste assez pour le laisser parler normalement :

- Vous voulez qu'on attaque les fessetivités liées au départ une fois en mer? J'ai là une bouteille d'un vin peu connu, légèrement "épicé" qui est une pure merveille... Ah mais dites moi vous buvez? Bah tant pis vous goûterez, dit-il sans même lui donner le temps de répondre. Bon que dois-je faire pour t'aider Cap'tain?

Jester lui mit un verre (qui sortait d'elle ne sait où) dans la main. Elle le porta à son nez et huma le doux arôme qui s'en dégageait. Légèrement épicé en effet. Elle prit une gorgée qu'elle savoura lentement, laissant le temps au liquide de faire tout son effet. Elle avait sourit lorsque l'humain avait émis l'hypothèse qu'elle ne boive pas (n'entendez pas par là que c'est une pocharde mais seulement qu'elle bois de temps à autres). Elle avala la gorgée de vin et sentit comme un poids se libérer sur son cœur (non dut à l'alcool, je préfère préciser). Elle ne s'était pas rendue compte que toute cette histoire l'avait stressée et que, le fait de ne pas savoir si elle serait bien avec Jester, en avait rajouté. Mais visiblement, elle se sentait bien avec lui et cela la soulageait énormément. Elle sentait qu'elle pouvait lui faire confiance, sauf peut-être pour...

- J'espère que tu ne compte pas te servir de tes potions contre moi, dit-elle en souriant (au moins, il était prévenu qu'elle se doutait peut-être de quelque chose et elle espérais qu'il y réfléchirait à deux fois avant de tenter un truc, on sait jamais.) Pour ce qui est de ce que nous allons faire... Je pense qu'on peut y aller, dit-elle en sortant de la cabine, aussitôt suivie de son compagnon d'aventure (ou de mésaventures mais restons optimistes).

Le soleil du printemps était assez agréable et réchauffait ses bras et ses épaules nues. Elle se fit une tresse à la va vite qui ne comprenait pas les petites tresses sur le devant, les laissant se balader au grès du vent sur son visage. Elle leva le visage vers le ciel bleu, dénué de nuage (pour un printemps, c'est plutôt pas mal) et déclara :

- Je pense qu'il y a assez de vent pour être exempter de ramer.

Elle monta l'escalier à sa droite (bâbord du bateau comme elle regarde vers la poupe) et arriva à la proue du bateau (logique) où se situait le gouvernail. Aralaurë l'y attendait, assise à côté du bastingage bâbord du bateau. Lorsque l'elfe prit la barre, sa louve s'en alla vers la poupe, surveiller le quai (l'air de dire « ici c'est chez moi, tu monte, je te bouffe » ou un truc du genre). L'elfe manœuvra pour sortir du port après avoir demandé à son coéquipier de remonter le pont d'embarquement et monté l'encre (ce pourquoi il eut quelques difficulté étant donné qu'elle était ancré depuis longtemps).
Lorsque l'elfe ne vit plus Ydril et eut l'immensité de la mer pour seul horizon, une bouffée d'excitation monta dans sa gorge. Et son cœur faillit rater un battement. Le soleil brillait de milles feu et la mer était si calme l (ce pourquoi le vent, aussi chaud puisse-t-il être, était agréable) qu'Eliwa se sentit assez heureuse pour toute une vie (et je tiens à préciser qu'une vie d'elfe est autrement plus longue que celle d'un humain). Jester était à côté d'elle et ne pipait mot. Elle se sentait si bien qu'elle le remercia intérieurement de la laisser déguster ce moment de bonheur pur tranquillement. Elle se sentait si heureuse, si complète qu'aucun mot n'aurait été assez fort pour exprimer ce qu'elle ressentait.
Quand son excitation fut retombée, elle se tourna vers l'humain qui s'était accoudé au bois du bastingage.

- Ce soir, lorsque nous dormirons, ou en tout cas serons au lit, ce sera ma louve qui gardera le cap. Je voulais que tu le sache pour ne pas croire que je suis complètement irresponsable et que je laisse le bâtiment dériver pendant que je dors (apparemment, vu son air, il la prenait pour une irresponsable) Je sais que ça peut te paraître étrange mais... il y a quelque chose entre moi et elle. Aussi bien une entière confiance qu'une compréhension presque parfaite. Peut-être que cela peut te rassurer un peu ?

Lorsque leurs estomacs gargouillèrent, ils mangèrent quelques vivres stockés dans la pièce à côté de la chambre, accompagné du vin de Jester. La nuit arriva ensuite assez vite et l'elfe laissa la barre à son loup. Elle chuchota dans son oreille et l'animal parut acquiescer (parut seulement).

- Allons nous coucher si tu veux bien, j'ai sommeil et il commence à faire froid.

Son compagnon la suivit sans ménagement dans leur cabine. A la porte pourvue d'une petite vitre jaune, elle s'arrêta et demanda à Jester de rester sur le seuil le temps qu'elle se change. Elle ne prit pas longtemps car elle ne portait que son corsait et un pantalon de cuir. Elle passa un short vert et un haut blanc à bretelles puis elle autorisa l'homme à entrer.

- Veux-tu un peu d'intimité le temps de te changer ? demanda-t-elle, prête à attraper se cape.

Jester après s'être échiné comme un beau diable pour remonter cette ancre, avoir aidé a manœuvrer le bâtiment et fait plein d'autres trucs qui lui semblaient inutiles mais qui au final se sont avérés cruciaux, profita d'une scène plutôt étrange mais qui le ravit encore plus d'avoir accepté l'invitation de l'elfe.

Eliwa était à la barre et regardait l'horizon lointain avec les yeux dans le(s) vague(s), profitant de la brise chaude de ce début de printemps qui leur allouait un ciel sans nuages et un coucher de soleil magique. Perdue dans sa contemplation elle ne remarqua pas les yeux gris acier du jeune homme rivés sur sa beauté qui étincelait à la lumière de ce coucher de soleil. On aurait dit qu'elle était faite d'or ou même d'un métal inconnu sur cette terre, encore plus précieux que le platine et le mercure réunis, plus beau que la beauté elle même... Il profita de ces secondes d'éternité comme une renaissance, une ouverture à un monde qu'il ne connaissait pas et dont il ne soupçonnait même pas l'existence.

Il savait que les elfes avaient une relation toute particulière avec la mer mais il était loin de se douter que cette connexion était aussi puissante et transcendante. Aussi il fut quelque peu déçu lorsque l'elfe lui proposa de rentrer se coucher, manifestement fatiguée par cette première journée. Elle lui avait dit plus tôt qu'il ne devait pas s'inquiéter quant au cap à suivre, sa louve assurant l'intérim lorsqu'ils dormiraient, ou en tous cas seraient au lit (fin de citation). Il doutait quand même quelque peu des capacités de marin d'une louve mais bon il s'en foutait royalement. Il pouvaient bien se perdre en mer le seul fait d'être avec l'elfe lui procurait un grand bien, comme si elle était entourée d'un halo régénérateur qui vous faisait apprécier le moment présent avec une pointe de perfection en plus. Comme le dernier coup de louche d'un chef cuistot qui faisait tout, le coup de patte, LE TRUC. Et bien ce "truc" c'était elle, en ce moment, elle toute entière, elle virevoltant sur son navire, légère comme une brise qui courbe légèrement les épis de blés, comme le baiser chaste d'une amante, comme le premier flocon de neige sur une feuille.

Il fut tiré de ses pensées par l'elfette qui lui demanda gentiment et le plus poliment du monde d'attendre en dehors de leur chambre letmps qu'elle se change. Cela laissa le temps à Jester d'élaborer une petite surprise à son hôte. Il farfouilla dans son sac qu'il avait laissé à l'entrée et trouva son bonheur.

L'elfette une fois changée elle le laissa entrer et lui demanda alors si il voulait de l'intimité pour se changer lui.

Il lui répondit alors, avec un sourire :

- Pas besoin de vous cacher. Ouvrez plutôt grand les yeux.

Et il lança au sol une petite fiole cachée dans ses manches, très fragile qui se cassa aussi net. Une fumée d'un violet profond et à l'odeur suave, sucrée et acide, enveloppa le jeune homme pendant un court instant. Une fois la fumée dissipée, Jester apparut dans une tenue légère comprenant une simple chemise de lin à la mode suderonne grande ouverte et un pantalon de cuir, sa musculature fine ressortant quelque peu du fait de la position théâtrale qu'il avait prise, tel un discobole des temps anciens...

Il se releva alors dans toute sa stature et s'approcha de l'elfe encore debout et manifestement ébahie, dans le sens où elle ne comprenait rien, par ce qu'elle voyait. Jester prenait quelques risques mais rien de bien grave. "Qui ne tente rien n'a rien de toutes façons" se dit il... Il s'approcha de l'elfette et, soudainement, la prit dans ses bras Il lui demanda alors d'un ton suave et enjôleur:

- Me ferez vous l'honneur de me suivre dans cette couche?

Et il la déposa délicatement dans le lit... La suite des évènements dépendait désormais d'elle et d'elle seule...

Pour seul, réponse, elle l'assit sur le lit, lui sourit et passa une main derrière sa nuque, caressant la base de ses cheveux. Puis, elle s'assit à califourchon sur ses genoux et l'embrassa. Baiser qu'il lui rendit aussitôt passé l'instant de surprise. La nuit était tombée rapidement, de sorte que l'obscurité régnait maintenant dans la pièce, ce qui ne semblait pas gêner Jester pour le moins (ce qu'elle trouvait étrange car les humains avaient une vue trèèèèèès réduite dans la nuit – plus que les elfes). Mais si elle allumait la lampe à huile, les chances de voir flambées le bateau devenaient plus importantes (on ne savait jamais, dans l'élan, ils pouvaient facilement la bousculer). De plus, le peu de lumière qu'elle diffusait n'aurait pas arrangé grand chose. L'elfette se détacha de lui quelque seconde, le temps de lui murmurer à l'oreille :

- Volontière et de ce pas !

Elle continua de caresser ses cheveux doux comme de la soie puis s'arrêta pour prendre son visage entre ses mains. Elle le regarda quelque minute, détaillant chaque parcelle de son visage. Sa peau joliment teintée était douce sous ses paumes et dans ses yeux, l'elfe pouvait voir briller, non pas une, mais des dizaines d'étincelles. Surement ne pouvait-il pas en voir autant du fait de l'obscurité mais il devait au moins ressentir la joie de l'elfe et voir ses yeux qui s'étaient allumés. Après ces minutes qui lui parurent une éternité, elle posa tendrement ses lèvre sur le front de son compagnon, puis sur ses pommettes, ses joues, ses lèvres, mordilla doucement le lobe de son oreille et passa dans son cou. Ses mains se baladaient le long de ses bras et sur son torse et elle pouvait ainsi apprécier sa fine musculature.
Pendant ce temps, le propriétaire de ces muscles avait glissé ses mains sous l'étoffe de son haut qu'il lui fit ensuite passer par-dessus la tête, découvrant une lingerie fine, tissé par les elfes, ainsi que sous le short qu'il fit glisser en un rien de temps.
Eliwa lui enleva sa chemise et son pantalon, tout en embrassant son torse. Elle le fit basculer sur le lit et descendit le longs de son abdomen pour arriver à son bas-ventre.

Jester était en train de devenir fou, tant les "soins" prodigués par l'elfe étaient plaisants et intenses. Les vêtements devenant vite superflus, ils se déshabillèrent mutuellement avec une fougueuse tendresse et une envie à peine contenue. La lingerie que portait l'elfette accéléra encore plus le pouls de Jester, et, de par un mécanisme physiologique bien connu, activa le bâton d'amour de notre beau brun ténébreux.

A la limite de la folie extatique, Jester décida de reprendre les choses en main. Soudainement il se releva et prit Eliwa dans ses bras, la portant tout en lui prodiguant force de baisers. Celle-ci enroula ses jambes autour de ses reins et il la déposa délicatement sur le lit. Jester entreprit alors de défaire la lingerie avec pour seule aide sa bouche et ses dents. Le soutien-gorge s'en fut rejoindre pantalons et nuisettes et notre Jester Japser national put enfin commencer sa dégustation. Les pointes des seins de l'elfe étaient comme des raisins de Corinthe, se durcissant au contact de la langue râpeuse et de petits coups de dents prodigués par le jeune homme. Il remonta alors dans le cou de la jeune créature et attaqua les lobes de ses oreilles, sentant le corps frêle et doux se raidir et se tordre de plaisir.

Il redescendit alors parsemant sa route de petits coups de langue, s'attardant quelque peu au niveau du nombril, croquant a pleines dents les reins de sa partenaire et arrivant enfin au Mont de Vénus encore caché à sa vue par quelques centimètres carrés de lingerie fine.Ladite lingerie s'empressa de rejoindre ses petits camarades, c'est à dire un peu partout par terre, et Jester put enfin contempler le temple de la féminité elfique. Les odeurs qui en émanaient étaient tout sauf désagréables. Ça sentait l'herbe fraîchement coupée, la rosée du matin, la mousse des bois et il crût reconnaître quelques fruits sauvages. Intrigué par une odeur si particulière il décida d'aller y goûter.

Et il ne fut pas déçu. L'odeur suave et le gout quelque peu sucré lui donnèrent un coup de fouet monumental et sa langue s'activa de plus belle. Au départ timide, le bouton d'amour de la jeune elfe vint réclamer sa dose de caresses buccales. A l'odeur, au goût et au toucher vint se rajouter un quatrième délice des sens : l'ouïe. Il fallait croire que Jester était doué tant les gémissements de l'elfe étaient intenses. Son corps était parcouru de frissons, de convulsions, ses muscles se contractant de manière anarchique tant l'elfe perdait le contrôle d'elle même.

La nuit ne faisait que commencer...

Le plaisir charnel qu'il lui procurait faisait jaillir des gémissements de la bouche de l'elfe. Elle avait les muscles électrisés et des frissons parcouraient sa colonne vertébrale. Chaque sensations était décuplée et enivrait ses sens.

Lorsqu'il eut terminé de faire des merveilles avec sa bouche, il remonta le long de son corps, parsemant chaque parcelle de peau de caresse ou de coup de langue. Il posa ses lèvres dans son cou et elle posa ses mains sur sa nuque. Elle remonta ses jambes et plia ses genoux, permettant à Jasper de trouver sa position.

Chaque mouvement de reins faisait monter le plaisir en elle et lui arrachait de plus en plus de gémissements qui allaient crescendo. Le halètement de son partenaire contre sa peau la stimulait un peu plus.

L'apogée de son plaisir contracta pus sévèrement ses muscles et quelque secondes plus tard, ce fut au tour de l'humain d'atteindre le sommet. Et elle se détendit, ayant tout de même du mal à reprendre sa respiration.
Jester roula sur le côté et Eliwa se blottit contre lui, le temps de lui murmurer à l'oreille :

- Je vais voir si tout va bien sur le pont et je reviens.

L'elfe se leva du lit et enfila gracieusement une sorte de peignoir qui lui arrivait sous les fesses, sans le fermer. De toute façon, ils étaient en pleine mer. Personne ne la verrait, si ce n'était celui qui couchait déjà dans son lit.
Elle sortit de la chambre et ferma la porte derrière elle. Elle monta l'escalier à sa droite et aperçue sa louve derrière le gouvernail. Elle s'assit à côté d'elle et regarda l'eau scintiller.

- Tu sais, je ne regrette pas d'avoir embarqué Jester dans cette aventure. Je me serait sentie bien seule sinon, déclara-t-elle, aussi bien à sa louve qu'à la nuit. Et puis, je l'aime bien. Tu me diras, heureusement ! Parce qu'on va en passer du temps ensemble ! Je ne sais même pas à quoi ressemble ce que je dois trouver. Mais bon, on avisera sur le moment, soupira-t-elle avant de se lever.

Elle donna une caresse à Aralaurë et marcha jusqu'à la proue. L'elfe s'accouda au bastingage, plia sa jambe gauche, laissant reposer son poids sur la droite, et laissa ses penser divaguer. L'absence de nuage rendait la nuit fraîche. Heureusement, dans la chambre, il faisait chaud. Elle ramena les pans de son vêtement sur elle, comme pour garder cette chaleur et elle continua de regarder l'horizon.
Elle aimait autant l'eau qu'elle aimait la forêt. Elle la trouvait belle et charmante. Presque envoûtante. La reflet de la lune se mouvait sans cesse et faisait scintiller les vagues. Cette nuit était plutôt calme et c'était assez agréable.
Eliwa frissonna. Peut-être devrait-elle rentrer maintenant, ou Jester allait s'inquiéter, songea-t-elle lorsqu'une planche grinça derrière elle.

Lorsqu'Eliwa se rendit compte de se qui se passait, il était trop tard pour tenter quoi que ce soit. Tout en se traitant d'idiote, elle attendit que le bateau s'arrête complètement. Quelle idiote elle avait été ! Tout ça parce qu'elle était trop occupée à se pavaner pour assouvir quelques instincts primitifs. Croire qu'un loup pouvait seulement garder un cap était... une idée d'elfe et une idée sotte. Elle descendit sur la plage et examina le bâtiment, colosse venu s'échouer sur le sable, pour juger de l’ampleur des dégâts. Elle put, dans le même temps, estimer la superficie du terrain sur lequel ils s'étaient échoués. Et autant dire qu'il n'était pas bien grand car d'un coup d’œil, elle avait put embrasser l'îlot du regard. Sa louve la rejoignit presque immédiatement.
Soulagée, elle remarqua que les dégâts étaient mineurs et qu'un jours, deux au plus, suffiraient à réparer. Ils pourraient ensuite remettre le cap sur Nelen.

- Je crois que je devrais aller me recoucher et attendre demain pour commencer les réparations. Ca ne sert à rien de commencer tout de suite, fatiguée comme je suis, je risque de faire plus de dégâts qu'autre chose. La nuit n'arrangeant rien, il serait plus judicieux de se recoucher, qu'en dis-tu ?

Pour toute réponse, sa louve bailla. L'elfe prit ça comme une affirmation et remonta sur le pont. Elle était alors entrain de réaliser le nombre de choses qu'elle ne connaissait pas et qu'il lui restait encore à apprendre. Et encore, elle n'en apercevait qu'une partie. Une fois sur le navire, sa louve alla se lover dans un coin, posa sa tête sur ses pattes avant et ferma les yeux dans un soupir de bien-être. Eliwa aperçue Jester sur le pont. Elle se dirigea donc vers lui.

- Je ne sais pas ce qui m'a pris de confier le bateau à ma louve. Je te pris de m'excuser pour les désagréments que cela à engendrer. Je suis descendue sur le sable pour estimer l'étendue des dégâts et ils ne sont pas trop important. Un jour ou deux aux maximum devraient suffire à réparer.

Elle frissonna et resserra ses bras autour d'elle.

- Je commence à avoir froid. On retourne au lit ?

Elle n'attendit pas sa réponse pour courir s'emmitoufler dans les couvertures chaudes. Elle laissa une place à côté d'elle pour son compagnon et attendit qu'il arrive.

Jester aimait le sentiment de colère. Au moins autant que celui de folie qui l'accompagne (dans son cas à tout le moins). Il se sent plus vivant lorsqu'il le ressent. Et en ce moment il le ressentait. Plutôt bien même.

Une louve aux commandes? Il n'avait pas fait part de ses soupçons au départ de peur de froisser sa partenaire, mais là il était quelque peu excédé. Pour se calmer il sortit son nécessaire à potions et entreprit de mélanger plusieurs ingrédients aléatoirement. Cela avait le don de le calmer, l'alchimie demandant patience et concentration. Certaines fois ses mixtures lui explosaient au nez ce qui le rendait hilare. Là ils supputait que le risque d'explosion était mineur étant donné le fait qu'ils étaient en pleine mer. L'humidité ambiante devrait éviter les pires catastrophes. Devrait.

Le fait de mélanger aléatoirement les ingrédients procuraient à Jester une adrénaline et un sentiment de puissance incomparables. Il prenait néanmoins soin de noter soigneusement les doses "au cas où" cela donnerait un résultat satisfaisant.

Un "BOUM" retentissant plus tard, notre héros désormais aussi noir qu'un Charbonnier nota en jurant dans sa barbe trop de souffre.

Il sentait le souffre, était plus sale qu'un porc mais au moins il était calmé. Il descendit alors du navire et partit à la recherche de quelques algues ou autres corail.

La lune reflétait son éclat dans l'eau, si bien qu'on eut dit que la mer était faite de Vif Argent. Il avait toujours été attiré par l'eau et là l'appel était plus que pressant. Il entreprit de se déshabiller et laissa ses effets sur la berge. Il eut un frisson en entrant dans l'eau mais la fraicheur de l'air ambiant faisait que l'eau était juste à température. Il nettoya son visage noir et en profita pour se détendre. L'un dans l'autre il n'était pas si mal loti.

Allongé en étoile dans l'eau il sourit à la lune.

Eliwa fut réveillé par la douce chaleur des premiers rayons d'un soleil printanier. Elle se leva gracieusement en rejetant le draps derrière elle, passa une main sur son visage pour y faire disparaître toute trace de sommeil et alla s'accroupir devant sa caisse où étaient entreposées ses affaires. Elle en extirpa un pantalon de cuir brun, un haut en tissu vert foncé et un corset de cuir tout aussi brun que le bas. Elle prit ses bottines en sortant de sa cabine ainsi qu'un large carré de tissu et descendit du bateau. Elle enleva sa légère chemise de nuit, se trempa dans l'eau tiède, tirant quand même sur le froid, et entreprit de se laver sommairement. Elle se sécha avec le carré de tissu et passa les vêtements qu'elle avait prit dans sa malle.

Ensuite, elle se rendit à la proue du bateau pour évaluer les dégâts à la lumière du jour. Une planche devait être remplacée, et sur le pont avant , trois s'étaient fendues. L'elfe remonta donc à bord et ouvrit la cale pour trouver le fameux « kit du bon marin ». Cette appellation l'avait fait rire car un bon marin n'aurait jamais eut besoin de ce kit, sauf en cas de très forte tempête, et encore. Elle farfouilla parmi les cordes, les tissus, les morceaux de poutre et trouva finalement quatre planches, deux marteaux, deux scies, un gros sachet de clous, de la pâte à bois et du vernis. Elle extirpa le tout tant bien que mal de l'espace réduit qu'était la cale et amena le tout sur la future zone de chantier. Eliwa retourna chercher une corde pour atteindre le milieux de la proue, une tenaille pour enlever les clous et une barre en fer pour arracher celles qui résisteraient.

Elle était entrain d'arracher les clous des planches fendues lorsqu'elle se demanda comment elle ferait pour retrouver l'amulette une fois sur l'île. D'un coup, elle se frappa le front. Jester ! Comment avait-elle put l'oublier ? Elle ne l'avait pas vu ce matin et commença à s'en inquiéter. Elle laissa son travail en plan et sauta sur l'île. Elle se demandait si elle pouvait l'appeler à voix haute lorsqu'elle se dit que ce ne serait pas prudent.
Elle commença donc à faire le tour de la terre émergée quand elle remarqua les fruits dans la demie-douzaine de buissons au centre. Curieuse, elle alla jusqu'à eux mais fut vite déçu. Ils n'étaient pas comestibles et empestaient le poisons. Légèrement frustrée, elle revint sur ses pas et grimpa à bord du navire. Jester finirait bien par se montrer et, si dans deux heures, il n'était pas revenu, elle irait le chercher.

Elle reprit donc son activité passionnante, pressé de quitter le sable pour arriver dans la forêt.

HRP : Eliwa est tellement absorbé par son travail qu'elle ne t'entendra pas arriver et sursautera si tu t'approche d'elle
Et pour ce qui est de ne pas avoir remarqué ton absence, il faut mettre ça sur le réveil difficile ^^

Jester était passablement énervé et passait sa frustration sur un pauvre bout de bois flotté qui n'avait sûrement rien fait de mal. Il se mit alors en tête de se balader sur l'île (relativement petite) et d'en découvrir les trésors, si toutefois il y en avait.

Il marcha ainsi pendant vingt bonnes minutes fouillant tel ou tel buisson en quête de plantes, de mousses ou autres ingrédients nécessaires à ses décoctions. Il put ainsi refaire un peu de sa pharmacopée, bien entamée depuis son départ de la bâtisse qu'il partageait avec son maître. Son projet de retrouver les Lames Dansantes et d'en apprendre plus sur elles afin de comprendre les raisons de l'assassinat de son mentor n'avait jamais réellement quitté son esprit.

Errant, divaguant, perdu dans ses pensées, Jester fit peu a peu le tour complet de l'île et arriva au bateau. Il fût attiré par des traces de pas dans le sable, bien plus légères que les siennes qui allaient puis revenaient d'un buisson orné de baies rouges sang. Il sut qu'Eliwa (car seule une elfe de sa corpulence aurait pu laisser des traces d'une telle légèreté) ne s'était pas attardée longtemps près de ce buisson, et il en comprit très vite la raison: les baies étaient empoisonnées. Intrigué, il sortit ses gants de cueilleur, récolta toutes les baies mûres ou non et revînt au bateau en essayant d'imaginer les effets et les futures applications de ce poison. N'étant pas un venin (car n'étant pas une toxine sécrétée par un animal) certains effets étaient à bannir. Ou plutôt certains types d'actions. En effet les venins sont surtout composés d'enzymes, enzymes qui ne peuvent être produites que par des animaux.

Faisant sursauter l'elfe à son passage, grommelant une vague excuse il se précipita dans sa cabine et commença à installer son matériel d'alchimie. Il commença alors toute une série de tests visant à définir le mode d'action du poison, ses cibles dans l'organisme, sa présence dans les baies et si possible son antidote.

Il fût plutôt heureux dans ses découvertes : n'ayant pas de "cobayes" à portée de main il testa les effets sur son sang en en prélevant quelques gouttes sur sa propre personne. Il advînt que le venin détruisait les globules rouges, anéantissant l'apport en oxygène de la victime. Puis au prix d'une chasse, qui, bien qu'épique, ne vous sera pas contée, il parvînt à attraper une grenouille commune. Il s’intéressait alors au fait suivant : il est connu que certains poisons "mutent" et changent au fur et a mesure du mûrissement du fruit (dans le cas d'un fruit). Il récolta le suc d'une baie non mûre et asperga la grenouille d'une goutte. L'effet fût quasi immédiat : subitement le batracien s'immobilisa et mourût d'un arrêt cardiaque, le poison des baies non mûres étant du type neuro-toxique annihilant l'influx nerveux, immobilisant les muscles vitaux comme les poumons ou le coeur.

Mais un fait plus étrange intervînt. Alors qu'il essayait de combiner les deux effets sur un nouvel échantillon de son sang, il apparût que les deux substances s'annulaient l'une l'autre. Il sourit devant l'ironie de la chose : qui irait chercher un antidote dans un autre poison?

Il passa alors le plus clair du reste de son temps à essayer de séparer les substances toxiques de celles curatives. Il y parvînt et lorsqu'il leva la tête il s'aperçut que la nuit n'allait pas tarder à tomber. Sortant de sa cabine Il chercha l'elfe qu'il trouva, perdue dans ses pensées, son visage illuminé par le soleil couchant. Il resta un instant interdit devant cette vision et ce n'est que lorsque qu'Eliwa lui adressa la parole qu'il revînt à lui :

- Je pensais qu'on pourrait remettre le navire en eau avant la nuit et ainsi pouvoir effectuer un bout de chemin avant de jeter l'ancre. Qu'en dis-tu?

Finalement, ça n'avait pas été aussi compliqué qu'elle l'avait d'abord pensé. La réparation de la coque du bateau lui avait prit moins d'une journée, si bien qu'elle avait finit avant que le soleil ne se couche. Alors, quand Jester lui demanda si elle voulait bien quitter l'île, elle se releva, le sourir aux lèvres.

- Bien sûr que je veux bien remettre le bateau à l'eau ! J'en ai ma claque du sable, même si, je l'avoue, on n'y est à peine resté un jour. Et puis, la forêt me manque un peu, avoua-t-elle en s'étirant comme un chat.

Puis elle sauta lestement du pont sur le sol. Bientôt, ils furent de part et d'autre de la coque ensablé, poussant et soufflant pour remettre à l'eau ce qui appartenait à l'eau. Au bout d'une demie heure, le bâtiment flottait entièrement sur l'océan, se balançant de droite à gauche, au rythme des remous. Avant qu'il ne s'éloigne seul et vide, elle grimpa rapidement l'échelle, suivit de Jester.
Elle s'empara de la barre et de la boussole. Puis, elle appela son compagnon qui fut bientôt auprès d'elle.

- Je pense que je devrais t'apprendre quelques rudiments de la navigation, au cas où je tomberais malade ou je mourrais. Au moins, pourrais-tu rentrer. Et puis, on pourrait se relayer, si tu es d'accord bien sûr.

Elle le plaça entre elle et la barre et, pendant un moment, elle lui expliqua l'utilité de la boussole et le maniement de la barre. Cela n'avait rien de très complexe mais lorsqu'on ne savait pas, ça l'était toujours trop. Elle lui dit que l'itinéraire qu'ils empruntaient était tracé sur la carte qui était étendue sur le bureau. L'elfe l'invita à la consulter en cas de besoin. Puis quand elle eut finit ses explications, elle le laissa s'éclipser et reprit la barre. Finalement, ils n'avaient que peu dévié de leur chemin et un jour tout au plus, devrait s'ajouter au temps initialement prévu. Cette constatation la soulagea imperceptiblement. Elle poussa un long soupir et navigua jusqu'à ce que la nuit soit trop épaisse et que ses yeux se ferment d'eux même. Elle jeta l'ancre et, lorsqu'elle descendit l'escalier pour aller dans sa cabine, elle remarqua que Jester avait rangé les quelques outils qu'elle avait encore laissé traîner. Elle lui en fut reconnaissante. Dans la cabine, la lampe à huile diffusait une lumière douce, presque intime. Il consultait peut-être la carte, ou bien, il réalisait certaines expériences. Elle décida de lui laisser encore un peu de temps seul avec lui-même.
Elle remonta vers la proue et s'assit, les pieds dans le vide, appuyé contre la rambarde. C'était une drôle de sensation que celle d'être sur un bateau, au dessus de l'océan et d'être immobile, de ne pas fendre les flots. La lune se mirait dans l'eau et son reflet était sans cesse en mouvement. On avait l'impression qu'elle avait des rides. Elle leva la tête vers le ciel, comme pour s'assurer que ce n'était pas vraiment le cas. Elle attendit encore un moment, se laissant bercer au grès des flots puis s'arracha à la contemplation de la nuit. Elle se releva souplement, prenant appui sur la rambarde, et lorsqu'elle fut en bas de l'escalier, elle remarqua que la lumière était toujours allumée. Elle toqua doucement sur le battant de bois, pour annoncer son entrée et ouvrit la porte. Jester était au bureau, entouré de fioles et de papiers noircis par des notes qu'elle n'essaya pas de déchiffrer. Elle aurait été à sa place, elle aurait mal prit ce geste. Surtout que ça ne la concernait en rien. Elle lui sourit donc et se dirigea vers sa malle, en passant devant lui. Elle l'ouvrit et prit sa tenue légère de nuit, entreprenant de se déshabiller. Elle commença par le haut, puis le bas, après s'être déchaussée. Elle plia soigneusement ses vêtements qu'elle rangea au fond de la caisse. Elle défit ensuite ses sous-vêtements qui rejoignirent ses autres affaires. Elle passa sa chemise de nuit et défit sa natte. Lorsqu'elle secoua ses cheveux pour qu'il reprennent leur place normale, il s'échappa d'eux une odeur de forêt et de fleur. Une fois déshabillée, elle alla s’asseoir sur le lit, les mains posées dans son dos.

- Tu dors avec moi cette nuit aussi ? On devrait être plus tranquilles, j'ai jeté l'ancre, termina-t-elle dans un sourire.

Le reste de la journée s'était plutôt bien passé. Jester avait beaucoup apprécié le moment où l'elfe lui avait appris a tenir la barre. Autant vous dire qu'avec une elfette de la "qualité" d'Eliwa collée dans votre dos en jupette et débardeur, garder son calme tient du supplice de Tantale. Et Jester pour le coup avait une sacrée barre. Et il se demandait même si l'elfe ne l'avait pas fait exprès. Sous ses airs innocents et angéliques qui sait ce qu'il pouvait se cacher? Une louve, fière et magistrale? Une tigresse, sauvage et indomptée? Jester n'arrivait pas trop à la cerner.

Alors qu'il était redescendu dans son labo de fortune, il décida de remonter prendre l'air. Il eut alors l'une des plus belles visions qu'il lui ait été donné de... voir. (Bah oui en même temps il va pas la renifler avec ses yeux). L'elfe était assise sur la proue.. Ou était-ce la poupe? Bref elle était assise au bord de son navire et elle contemplait la mer. Les jeux de reflets sur ses cheveux tenaient de l'angélique. Le souffle coupé par tant de beauté, et se sentant comme de trop dans cette peinture sans aucun défaut apparent Jester ne bougea pas et en oublia même presque de respirer.

Une fois tous deux dans la chambre l'elfe posa une question pour le moins stupide : si l'humain accepterait de partager une fois de plus sa couche. Ce à quoi Jester répondit par un regard hésitant entre la consternation profonde et la surprise la plus complète.

Elle termina sa phrase sur une blague quant au fait qu'ils étaient bien ancrés cette fois-ci. Jester esquissa un sourire :

- Dis moi, commença-t-il, je me suis dit qu'étant aventurière tu aimais découvrir de nouvelles "sensations" et autres.. hummm... "pays perdus", hésita-t-il. Avant que l'elfe ne puisse répondre il enchaîna :
- Alors voilà mon métier d'alchimiste m'amène parfois a concocter certaines potions pour de vieilles bourgeoises desséchées à la recherche d'un plaisir depuis longtemps disparu. Et je me demandais si tu voulais essayer... Non pas que tu ressembles a une bourgeoise desséchée loiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin de là, finit-il dans un sourire

L'elfe parut hésiter.

Après quelques secondes Jester se leva et alla chercher ses bougies "spéciales". Il allait commencer doucement avec celles qui élargissent les sens les rendant plus "vrais". Il verrait pour la suite.

L'elfe n'avait toujours pas bougé lorsqu'il revînt. Il disposa les bougies un peu partout afin que la diffusion fusse parfaite, prenant soin de les mettre hors de portée d'objets inflammables et du lit... Sait-on jamais.

Il souffla la lanterne principale et alluma les bougies. Elles diffusaient une lumière tamisée propice aux "affaires intimes". Le visage de l'elfe était éclairé par intermittence, les flammes vacillant quelque peu lors de leur allumage. Il s'approcha lentement de sa compagne du soir, alors que les bougies diffusaient leur parfum envoûtant.

Lorsque Jasper alluma ses bougies, un délicieux arôme s'en échappa. La cire se liquéfiait lentement, libérant un parfum enivrant, presque extatique. Subjuguée par la lente progression de la flamme à travers la cire, elle ne vit pas son compagnon éteindre la lampe principale, et lorsqu'il l'embrassa dans le cou, elle se tendit légèrement. Puis elle rit de sa stupidité et passa la main dans ses cheveux. Le feu la fascinait tellement qu'elle en avait oublié, pendant un court instant, l'homme qui avait installé tout ça. Elle posa son front contre le sien, la main sur sa nuque.

- Je pense que je peux prendre ça pour un oui, souffla-t-elle dans un demi-sourire. Même si ça n'a pas grand chose avoir avec mon esprit d'aventure, mais plutôt avec une certaine attirance pour l'homme qui se trouve actuellement en face de moi.

Elle enleva doucement la chemise en lin de Jasper, moins empressé que la première fois. Cette nuit, elle prendrait son temps, elle en avait envie. Ils pourraient mieux savourer cet instant et elle n'avait pas tellement envie de se jeter sur lui comme une louve en chaleur. Elle caressa ses épaules, finement musclées, et apprécia la douceur de sa peau sous ses doigts. Elle embrassait chaque parcelle de son torse, savourant cette douce odeur. Puis elle s'abandonna totalement à lui, le laissant faire ce qu'il voudrait d'elle. Bien qu'elle ne comprenne pas bien cette attirance pour les hommes, elle la ressentait réellement, profondément. Peut-être que cela lui venait de son passé, de son enfance, elle n'en savait absolument rien. Et elle savait que ce qu'elle faisait ne relevait pas de la très haute noblesse mais c'était plus fort qu'elle. Et puis bon, quel mal y avait-il à cela ? Peut-être pour sa réputation, oui. Et encore, elle n'était que peu connue sur Mira. Donc bon, autant en profiter non ?
Rah ! Et puis pourquoi elle pensait à ça maintenant ? Pourquoi est-ce qu'elle ne pouvait pas se vider l'esprit et juste se laisser aller ? Dans ce cadre si intime, plus propice que n'importe où pour y dévoiler son intimité, elle n'arrivait pas à se concentrer. Pourquoi ? Alors qu'elle n'avait pas eu ce problème la nuit dernière, ni en forêt avec Tiom... Non, elle n'avait pas le droit d'y penser, c'était malsain. Mais qu'est-ce qui lui passait par la tête ?
Jester l'avait étendue sur le dos et la regardait dans les yeux. Sous elle, elle sentait le roulis du bateau, la berçant doucement. Elle regarda son compagnon de nuit à son tour et attendit qu'il fasse le premier geste.

Jester adorait cette sensation de ne rien sentir, de se laisser aller... C'est pour cela qu'il aimait se droguer, boire, baiser (si vous me permettez l'expression) : il quittait ce monde, ses soucis, ses responsabilités. C'était enfantin comme réaction mais le bonheur qui en découlait était juste trop tentant, trop bon. Il se doutait qu'il allait payer tôt ou tard ses vices et cette fuite de la réalité, mais pour tout dire il s'en contrefoutait. En cet instant rien d'autre ne comptait que l'elfe et sa beauté enchanteresse.

Et il profita de cette nuit.

Il partit loin, emmenant dans son sillage de lubricité et d'abandon, sa partenaire du soir. Ils prirent leur temps, savourant chaque instant de cet échange sensuel, leurs soupirs et plaintes entonnant parfaitement l'hymne de l'amour, résonnant dans la cabine, s'envolant aux oreilles des Dieux, faisant rougir la lune de jalousie... Leurs ébats mêlaient vulgarité et douceur, sentiments à demis avoués et sensualité débridée.

Si un peintre avait la chance d'assister à ce mélange d'essences, il n'aurait pas les teintes nécessaires pour sublimer la beauté de l'elfe, ni assez de nuances pour animer Jester. Ils continuèrent ainsi longtemps et lorsque tout fut fini Jester se sentait coupable : il avait sali de son vice une âme innocente et de fait se sentait lui même sali. Il se leva alors et sous le regard interrogateur de la louve se jeta dans l'eau fraîche. Le choc thermique lui remit les idées en place : il était ce qu'il était et il ne devait pas en rougir. Quant au fait d'en assumer les conséquences... Il y réfléchirait lorsque celles-ci daigneront se montrer. Pas avant.

Il remonta sur le navire et redescendit dans la cabine. Lorsqu'il se glissa de nouveau dans les draps, l'elfe frissonna au contact de son corps froid et se retourna afin de se blottir contre son amant.

Jester sourit. Et s'endormit avec ce sourire qui n'avait, dans ces moments là, plus rien d'inquiétant.

Elle profitait pleinement de ces jours et de ces nuits passés en mer. Eliwa se sentait merveilleusement bien, apaisée par la présence de Jester à ses côtés. Bien qu'elle trouvait les mer extraordinaire, seule, elle aurait vite paniqué. Mais ces jours de latence et de paix allaient bientôt se terminer. Dans quelques heures, d'après ses calculs, ils serraient arrivés.
Debout à la barre, elle goûtait les brises du vent d'été, rafraîchissant délicieusement sa peau. Le soleil avait passé son point culminant, mais brillait toujours dans le ciel parsemé ça et là de nuages blancs. Une superbe journée, comme toutes les précédentes. Elles se ressemblaient d'ailleurs tellement que l'elfe avait l'impression que tout se répétait indéfiniment, au grès d'une boucle d'apaisement total. Qu'aurait-elle fait si elle n'avait pas eu de compagnon ? Si elle avait été seule, à bord de son navire ? Elle aurait paniquée, serait devenue folle. Devant elle, son compagnon contemplait lui aussi l'immense étendue d'eau. Elle aimait la courbe douce que formait ses épaules, sous sa chemise en lin. Il n'était pas si carré, si dure que pouvait l'être un humain. Il ressemblait, en quelque sorte, à un elfe. Ou a un demi.
Peut-être que finalement, elle aimait tout de même cette finesse, cette élégance qu'on pouvait nettement percevoir chez les elfes. Et qu'elle cherchait cet équivalent chez les hommes. Oui, ça pouvait être une explication de son comportement plus que débridé fasse au humains. Pour sa société en tout cas. Plus d'espoir de mariage pour elle, si jamais on venait à apprendre ses actes. Ou alors, il faudrait que ses sentiments soient plus que sincères.
Elle se souvenait parfaitement du jour où son Père avait voulu la fiancer avec un homme de passage. Plus tard, il avait voulu la vendre à un demi-drow, qui fort heureusement n'en a point voulu. C'était à ce moment qu'elle s'était rendu compte de ce qu'elle représentait pour son Père. Une grosse somme d'argent. Et après ses veines tentatives, il l'avait entraîné au combat, avec l'immense espoir de la voir devenir chef dans l'armée. Espoir qu'elle avait sitôt déçu. Et c'est alors qu'il l'avait chassé. Voilà pourquoi elle se retrouvait à courir les routes à son jeune âge. Voilà pourquoi elle exécrait son Père.
Elle inspira à fond, emplissant ses poumons à l'extrême de l'embrun salé de l'étendue bleue. Au loin, ciel et mer se confondaient l'un dans l'autre, en une étreinte fusionnelle. Chaque soir, elle avait la chance d'admirer la lente descente du soleil, plongeant dans des flots roses orangés. Ce sera sûrement cela qui lui manquera le plus. Sans parler des nuits.


- Tiens, regarde au loin, il me semble qu'il y a quelque chose, dit-elle en plissant les yeux, la main en visière. Je crois que je peux fièrement t'annoncer que nous allons bientôt accoster !

Enfin la terre ! Elle pourrait courir, virevolter, sentir la douce odeur de l'herbe et de la sève... Tant de chose qui la faisait rêver. Bon, pas autant que sa cabane en Anaëh mais tout de même. Plus que quelques heures avant d'être sur le sol ferme. Elle passa un instant la barre à son acolyte, le temps pour elle de vérifier qu'elle ne se trompait pas de cap. Et qu'il y avait bien un port où elle pourrait débarquer.

La vue de la terre ferme fit un bien fou a notre chimiste. Non pas qu'il détestait la mer mais cette étendue plate sans relief aucun ne le mettait pas particulièrement en joie. Heureusement que les formes de l'elfe brisaient cette monotonie.

A ce sujet il avait remarqué qu'Eliwa ne "se retenait" plus lorsqu'ils étaient seuls. Si auparavant les marques d'affections étaient rares, là l'elfette se montrait chaleureuse sinon câline. Loin de déplaire à notre brun taciturne, cette attitude l'étonnait. De plus personne n'avait fait montre d'une telle affection envers lui. Il se demandait du coup si l'elfe l'appréciait vraiment, ou si elle "jouait" avec lui, comme un enfant joue et jette son jouet une fois plus grand.

Ils décidèrent avec Eliwa d'accoster dans le port de Port Cinglant, afin de trouver des informations sur leur informateur. Si la carte qu'on leur avait fournit était bonne il leur faudrait encore une demie journée pour arriver au port.

- Je suggère qu'on passe notre dernière nuit sur le bateau au large, afin d'arriver dans le port le matin. Le soir cela ne serait pas prudent et les gens sont plus méfiants lorsqu'ils ne voient plus.

Il avait remarqué qu'au mot "nuit", les yeux de l'elfette s'étaient animés d'une lueur nouvelle et son buste déjà proéminent s'était projeté en avant. Il allait "malheureusement" devoir y passer ce soir (comme tous les soirs depuis le premier soir d'ailleurs). Un petit sourire illumina son visage et a cette vue l'elfe sauta presque de joie. C'était son grand jeu en ce moment : essayer de briser la façade de Jester. Et force était d'avouer qu'elle y arrivait plutôt bien

Après cette nuit de plus sur le bateau ils débarquèrent, se rendirent à la capitainerie pour régler toutes les questions administratives relatives à l'amarrage d'un bateau et se mirent en quête d'une taverne afin de commencer leurs recherches.