Que serait un monde sans Rose? Un immense Empire barbare... [PV]

Ambiance

Elle le frappait, encore et encore, lui ne réagissait pas, serrant un peu plus fort sa cape pour s'emmitoufler dedans. Elle, c'était la pluie, une pluie lourde est forte, elle n'avait rien à voir avec les fines pluies du sud, non, ici, c'était comme une frappe, de lourdes gouttes qui vous frappaient encore et encore. Les gouttes tombait sur son chapeau tellement qu'il lui semblait que ce dernier ne le protégeait plus. Peste soit le froid, peste soit cette période de l'année et peste soit la disette. Voilà ce que pensait notre bretteur en marchant d'un pas rapide dans les rues de la cité.

Il n'avait pas fière allure avec cette pluie, on chapeau semblait telle une éponge, sa lourde cape couvrait ses autours pourpre (quoique passablement délavé). Sur son flanc résidait son éternelle rapière qui lui tapotait le flanc aux rythmes de son avancé. Il s'approchait d'un temple dans le but avouer de se protéger des traits glacials.
Fort heureusement pour notre bretteur, il y avait sur la face du temple une alvéole et il s'y agglutina, sentant ainsi un peu moins assailli par la fourbe pluie, il regarda dehors, cherchant des yeux quelques choses qui aurait put l'amuser ou le disparaitre le temps que la pluie choisisse de disparaître ( ce qui n'était pour ainsi dire guère certains vu les tonnements du tonnerre qu'on percevait à intervalle régulier).

Le regard de notre poète circula, il remarqua au loin quelques gredins, oh, pas forcément des mauvais bougres (encore que), mais ils transpiraient la fin et surtout la roublardise, ils avaient un je ne sais quoi de brigand sans chef et surtout sans argent. Notre jeune homme distingua rapidement que les affreuses crapules dont il fallait une seule main pour compter leur nombre exacte portaient bien les armes et nulles doutes que si Ulysse eut l'air fortuné qu'ils l''aurait délesté de sa monnaie.

Notre penseur fut tiré de ses réflexions par le bruit de pas, l'on sortait du temple et ce fut bouche bée qu'Ulysse se mit à la regardé. Elle était splendide, telle une rose carmine dans un champ de blé, tout ceux qui auraient put l'accompagné ne pouvait éclipser une seule seconde sa beauté. Notre héros des mots fit un pas, pour mieux la regarder, provoquant sur lui le flot de pluie mais il n'en avait cure. Cependant, sa contemplation fut interrompu, les coquins venait de se déplacer, avant doucement vers la beauté. Les yeux d'Ulysse devinrent durs, que lui voulaient ils? Il les regarda avancer, prêt à intervenir au moindre instant où cela déraperait.

La pluie, encore et toujours cette éternelle pluie. Cela faisait des jours que le soleil n'avait pas percé les épais nuages qui couvraient Alonna. La pluie était donc devenue ma compagne quotidienne, celle qui me laissait aux portes du temple et me retrouvait à ma sortie. Une amie fidèle à n'en pas douter ! Mais j'avais d'autres chats à fouetter pour le moment. En effet malgré la charge de travail que représentait mon nouveau statut, j'essayais de me rendre tous les jours au temple. Je n'avais jamais réellement était une croyante dévote et passionnée mais il faut avouer que parfois la vie vous pousse à faire des choses que vous n'auriez jamais soupçonné. Aussi depuis plusieurs semaines que je venais quotidiennement, les prêtres s'étaient habitués à ma présence. Je connaissais chaque recoin du temple, et même les jardins que j'avais plaisir à parcourir par beau temps. Ce n'était hélas plus le cas mais j'arrivais parfaitement à me contenter des bancs en pierre. Certes moins longtemps chaque jour qui passaient car à mesure que ceux-ci défilés, mon ventre s'arrondissait. Je me sentais fatiguée plus tôt chaque jour, signe que le terme n'était plus très loin. N'importe qui m'aurait alors dit de moins prier et de me reposer mais pour moi il était presque vital que ce soit le contraire. Les potions du Grand Prêtre me permettaient de dormir sans rêve mais je n'en oubliais pas moins mes angoisses et mes craintes.

Aussi m'étais-je rendue ce jour là, comme à mon habitude au temple. J'y passais une longue heure à prier et à méditer puis je quittais le sanctuaire, escorté de deux soldats sans armes. Il était évident qu'ils ne pouvaient pénétrer armés dans le temple c'est pourquoi ils avaient laissé épées et dagues aux carrosses. Il ne s'était jamais rien passé aussi n'avaient-ils pris aucune précaution particulière, mais visiblement ce jour là n'était pas un jour comme les autres.
A notre sortie je remarquais presque aussitôt le petit groupe d'homme. Ils étaient bruyants et probablement éméchés vus leur façon de parler mais je ne m'étais pas du tout attendu à ce qu'ils s'approchent de nous. Leurs airs menaçant firent aussitôt réagir les gardes qui m'escortaient mais ils n'étaient que deux contre cinq et désarmés...
Je resserrais ma cape autour de moi prête à faire demi tour et à regagner la sécurité du temple, mais l'un des cinq hommes nous avait contourné sans que nous l'ayons vu. Si seulement j'avais eu ma rapière j'aurais au moins pu me défendre, même enceinte jusqu'au cou....

Tout ce passa extrêmement vite. Mes deux gardes se retrouvèrent à terre l'un dans une mare de sang dégoulinant sur le parvis, l'autre maintenu en respect par une lame étincelante. L'un des gredins s'approcha de moi et me saisit fermement le bras faisant glisser la capuche qui me protégeait de la pluie. Visiblement le collier que je portais l'intéressé et sûrement le haut de mon décolleté aussi.

- Lâchez moi immédiatement, et relâchez cet homme. Je suis...

Une gifle me fit taire et comme je tentais de dégager mon bras il me projeta en arrière, me faisant trébucher sur l'une des marches du temple. L'atterrissage fut douloureux mais moins que ce que je réservais à cet abruti s'il tentait de s'approcher une fois de plus. Je n'étais peut-être pas armée, mais je ne tarderais pas à le devenir si cet alcoolique se ramenait trop près avec son poignard bien en évidence à sa ceinture. Mais je n'eus pas l'occasion de mettre ce plan à exécution car déjà l'un des quatre autres s'approchait.

- Sers à rien, r'garde là, elle est grosse. Tue là. C'est une petite bourge ça s'voit. Prend ses bijoux et sa bourse et tue là qu'on s'barre de là.

A non il était hors de question que je meure sur le parvis du temple de Néera, qu'il s'approche et j'allais lui faire passer l'envie de me tuer à ce vil gredin.

La scène allait se jouer, où devrions nous dire l'acte? Les protagonistes étaient en place, chaque pièce était sur l’échiquier, l'on pouvait sentir la tension, Ulysse avait commencé à se rapprocher, doucement, lentement, observant les vilains.
Il ne tiqua pas un instant quand le premier garde fut frapper, un coup magistral, violent, dénudé du moins sentiment de pitié ou de compassion. Dans son propre sang commença à bouillir le sentiment de colère, l'adrénaline qui monte lentement pour atteindre son apogée durant le combat, ses mains se serrèrent deux fois successivement. Il pris une première inspiration, sentant les relent dégueulasse de la rue, ce mélange d'odeur de pluie mélangé aux détritus de la rue. Il pris une deuxième bouffée, chassant les odeurs de sa sueur, le parfum devenait plus léger, plus frais, commençait à naître sur son visage son sourire habituel, oui, il ressentait les fourmis dans mains, c'était l'envie de se battre, de fendre, de parer, d'esquiver. C'était cette passion de se battre de s’exercer aux armes, de faire que le bien triomphe du mal.
L'un des hommes se fit gifler, le sourire s'afficha totalement, les pas d'Ulysse se firent plus sûr, plus certains. D'un geste, il dégrafa sa cape qui tomba dans un sol, pas une seule seconde il n'y prêta attention, sa main se porta à sa rapière, trouvant le contact rassurant de l'acier froid. Il caressa le pommeau comme on l'aurait fait du sein de son amante, délicatement, sensuellement, amoureusement. Puis il y eut la gifle, cruelle gifle, odieuse gifle, oser toucher un visage si parfait oser effleurer cette sculpture, le sourire laissa la place à un masque d’araine, dur, froid, insensible. On n'arrachait pas une rose, on la cueillait doucement, avec tendresse.
La langue d'Ulysse passa une fraction de seconde sur ses lèvres pour s'humidifier, il sentait sa gorge sèche, déjà ses épaules étaient trempées et tout son torse aussi. Par les cinq, il faisait froid. Maudite pluie....
Maudit voleur.

Ulysse avait face à lui la rose tombait au sol et le maudit en face. Il entendit souffler d'une voix aigre un de ces malfrats :

- Sers à rien, r'garde là, elle est grosse. Tue là. C'est une petite bourge ça s'voit. Prend ses bijoux et sa bourse et tue là qu'on s'barre de là.

L'animal qui surplombait la belle fleur jeta un regard carnassier dessus. Doucement, il tira son épée, visiblement dans l'idée de frapper sans éprouver le moindre remord ou culpabilité. Mais ne vous inquiétez point, car notre vaillante épée n'allait pas rester sans effet. D'un geste, Ulysse se saisit de son chapeau, d'un geste, il le projeta et d'un mouvement ample, il sorti sa lame, dégainant comme si elle était mugit d'une volonté propre.
Le son de l'épée était strident, vibrant, tout les brigands réagirent et se tournèrent vers lui. Celui face à la belle se ris de plein fouet le projectile improvisé de notre bretteur, reculant sous l'impact et la surprise de l'attaque au combien traître et fantaisiste d'un chapeau.
La pluie rendait déjà les cheveux d'Ulysse lisse, mais son regard restait dur et tranchant. Sa accent sudiste tonna comme un roulement de tonnerre :

-Il vous est aisé de vous attaqué à cette beauté, mais oserez vous sur moi lever votre épée?
Alors venez où partez! Si sur l'instant vous vous en allez je ne serais point courroucé et entier vous pourrait rentrer...

Les agresseurs se regardèrent, s'interrogeant certainement sur qui était cet hurluberlu qui à peine venu les menacé de les roser. Notre bretteur se mit en garde basse, la pointe de sa rapière fixant le sol détrempé. Sa main non armé se tendit vers Jena et d'un air plus attendri il repris, chacune de ses paroles apportant un peu du soleil d'Ydril :

-Venait, avec moi aucun mal ne vous sera fait, sur mon honneur je vous le promet.

Mais le sacro-saint destin en avait décidait autrement, les dieux semblait vouloir l'éprouver et le voir s'exhiber. Rester à voir lequel oserait en premier tenter de l'attaquer.

Alors que je comptais les secondes, me forçant par la même au calme et à la concentration, j’attendais le moment ou le brigand serait suffisamment près de moi pour que je puisse me saisir de la petite lame qu’il portait à la ceinture. S’il me pensait inoffensive il allait vite déchanter. Mais je fus aussi surprise que lui lorsqu’il reçut en pleine tête ce qui semblait être…un chapeau ! Tournant la tête de côté je vis un homme qui par son allure et sa démarche me semblait étonnamment exotique ! Il n’était pas d’ici ni du Nord non plus et son accent me le confirma presque aussitôt. Je ne relevais pas le compliment, mon attention était tout entièrement consacrée à ses cinq hommes ivres et idiots.
Quand l’inconnu s’approcha de moi, épée en main, pour m’aider à me relever, il y eut une longue minute de flottement. Mes antécédents malchanceux m’avaient appris à ne pas faire confiance trop vite, je m’en étais souvent mordu les doigts et été rarement sortis indemne. Je me rappelais volontiers Tinfar ou encore les d’Amaury ou plus récemment Jaime…

Mais j’étais en trop mauvaise posture pour refuser l’aide de quelqu’un aussi inconnu et étrange que cet homme. Je pris donc sa main et, non sans grimacer lorsque la douleur me vrilla le dos et le ventre, je me relevais. Presque aussitôt il se mit entre mes agresseurs et moi, dans une posture qui se voulait visiblement protectrice.
Ce fut ce que j’avais pris pour le chef de la bande qui attaqua le premier. Je ne vis pas grand-chose du combat qui se déroula ensuite, à part que mon ‘sauveur’ tenait en respect cinq hommes armés comme s’il n’avait s’agit que d’une bande d’enfant.

Pour ma part je me précipitais vers mon garde agenouillé, la gorge sanguinolente. Visiblement la lame avait été pressée plus durement que je ne l’avais cru. Lorsque je voulus l’aider, il m’agrippa le bras.

- Retournez vous mettre à l’abri à l’intérieur du temple… Allez ! voyant que je ne bougeais pas d’un pouce et que mon regard se portait déjà vers le corps inanimé de son collègue, le fourbe tenta de me faire culpabiliser. S’il vous arrive le moindre mal le Baron me fera pendre ou empaler alors filez dans le temple… Ma Dame.

Alors que j’hésitais encore à le laisser là, une épée glissa non loin de nous. Un regard derrière moi me fit entrevoir l’inconnu venu du Sud et cinq éclopés ! Chacun était blessé et un désarmé, le combat ne durerait probablement pas, aussi mon inquiétude se porta sur mon second garde. Je gravis les marches du temple et pénétrais dans celui-ci en réclamant à grand cri l’aide d’un guérisseur.
Alertés par mes appels, plusieurs prêtres sortirent du temple et menacèrent les malfrats à grande force de damnation éternelle et autre.

Lorsqu’ils déguerpirent enfin, les guérisseurs se précipitèrent vers les deux gardes et me laissèrent seule et vacillante près de l’entrée à l’abri de la pluie.
Je cherchais des yeux l’homme qui était intervenu et le vit enfin. D’un signe de la main je lui demandais de me rejoindre et je l’accueillis avec un sourire légèrement crispé.

- Je ne vous remercierai jamais assez, monsieur. Comment dois-je nommer l’homme qui vient de sauver ma vie et celle de mes deux gardes ?

Maintenant que je pouvais le voir plus en détail, je fus surprise de voir son visage si maigre, ses traits tirés et son aspect peu soigné. Je savais déjà qu’il n’était pas d’Alonna et vu ses vêtements il devait avoir voyagé un bon bout de temps, aussi supposais-je qu’il m’avait aidé sans même savoir qui j’étais. Mon sourire s’agrandit un peu plus.

Elle avait la peau douce, le visage d'une divinité. Quoi je fais trop de compliment? Oui peut être et alors? Je fais ce que je veux quand même. Où en étais-je? Ha oui...

Une fois la jeune femme debout, il se posta devant elle, la protégeant de toute agression, aussi bien de façon physique que psychique. C'était par ce jeune une démonstration de sa protection corps et âme à la belle. Alors que la belle reculait doucement, l'un des malfrat osa porter le coup. Quelle idiotie, il frappa à la tête, mais d'une quinte inversé, il para le grossier et répliqua d'un couronné qui écorcha l'égo de ce dernier ainsi que son gros nez. Le sang venait de couler, et les compagnons de l'agressé (enfin, l'agresseur) décidèrent de l'aider!

Ils frappèrent tous ensemble, malheureusement, trop nombreux et pas assez coordonnés, leurs attaques étaient désordonnés. Visiblement ils n'étaient pas du genre à s'entraîner. Dès lors le combat fut un jeu. Il fallait avouer qu'Ulysse ne prenait son pieds qu'en combattant avec agilité. Ainsi, il frappait, esquivait, parait et riait. C'était un tourbillon de lame et de coups. On aurait dit une vaste chorégraphie, un ballet mortel où la pluie servait d’applaudissement.

D'une parade suivit d'un geste ample, l'une de armes vola, et voila un coquin désarmé. Sans plus attendre, Ulysse frappa l'homme au visage, et l'on entendit le bruit caractéristique. Il continua de fendre et de frapper, parant et virevoltant mais une des lames trouva une feinte et blessa le bras armé sans pour autant l'empêcher de continuer de les rosser.

Soudainement, sorti du temple des prêtres véhéments, et à coups de malédictions et de damnations firent fuir les mécréants. Visiblement la peur des dieux étaient plus puissantes que la peur des hommes et de leurs épées. Ulysse regarda les malfrats fuir et sans rien ajouter remis sa lame au fourreau. Il regarda la blessures, juste superficiel, moins pire qu'une blessure qu'on aurait eu en entraînement.

Ulysse se pencha pour ramasser son chapeau, son regard se perdu sur sa cape qui devait être totalement trempé. Alors qu'il se relevait il croisa de nouveau la jeune femme enceinte qui d'un geste l'invita à revenir. Posant son chapeau sur sa tête, il s'approcha et l'écouta :

- Je ne vous remercierai jamais assez, monsieur. Comment dois-je nommer l’homme qui vient de sauver ma vie et celle de mes deux gardes ?

La pluie continuant de tomber, Ulysse ôta ce chapeau qui le couvrait pour le poser sur les cheveux de la jeune femme. Il toussa un peu, prenant soin de ne pas inonder de miasmes l'inconnue (e battre sous la pluie n'est pas bon pour la santé). Son regard de chien battu la fixant, il souffla doucement :

-Ulysse est mon prénom, car de non je n'en ai point. Bâtard du Sud, duelliste, poète et défenseur des femmes en détresse.

Il la gratifia d'un sourire, retirant une de ses mèches qui entravait son visage aux traits tirés et continua :

-Et quel est le nom de la jeune maman que je viens d'aider même si c'est le clergé qui à fait s'expatrier ces freluquets?

Il ajouta aussi :

Vous devriez rentrer, vous allez vous enrhumé...

Le ton d'Ulysse était compatissant, sa voix étant emplie du soleil du sud, il avait quelque chose d'enfantin dans son air, de gentil et de compatissant. On ne pouvait rien lire de mauvais en lui, juste de la fatigue, une longue errance et une malice éternel.

L’homme s’approcha de moi et vint poser son chapeau sur ma tête. Un geste fort galant à n’en pas douter mais étant trempé autant à l’intérieur qu’à l’extérieur, ce pauvre morceau de tissu usé et élimé ne fut guère d’un grand secours contre la pluie battante. Cependant il évita à mes cheveux de me dégouliner sur le visage, un luxe certain que j’apprécie à sa juste valeur. Souriant pour lui tandis qu’il se présentait sous le prénom d’Ulysse, je regardais du coin de l’œil mon soldat faire appeler le carrosse. Celui-ci était noir laqué sans le moindre blason, un peu de discrétion n’avait jamais fait de mal hein !
Lorsqu’il me demanda mon nom je restais un instant muette. Il avait aidé une inconnue et cela prouvait suffisamment sa bravoure. Lorsque je le regardais, je doutais fortement qu’il sut à qui il s’adressait et cela me convenait parfaitement.

- Jena, je me nomme Jena… raccompagnez moi je vous prie, j’aimerais vous remercier avec un repas chaud et l’assurance d’une nuit au sec !

Bon fallait reconnaître que cette phrase dans la bouche d’une femme de petite vertu aurait pu éveiller l’intérêt de n’importe quel homme mais il suffisait de voir son énorme ventre pour être certain qu’il y aurait toujours une distance de sécurité à respecter. Et puis cet Ulysse n’était pas idiot au point de croire qu’une femme enceinte, accompagné de deux gardes, était n’importe qui. Epouse d’un riche commerçant, fille d’un notable important bref tout un tas d’idée pouvait germé dans son esprit.

Le carrosse s’immobilisa en bas des marches du parvis et se tournant légèrement vers son sauveur elle leva sa main. Le galant homme qu’il était lui prêta aussitôt son bras et l’accompagna. Une fois assise à l’intérieur elle l’invita une nouvelle fois à la suivre. Après tout à voir sa mine et l’état de ses vêtements, il devait avoir fait un long voyage alors autant profiter du transport et de l’hospitalité qu’elle lui offrait en guise de remerciements.

- Votre accent me rappelle le soleil ! J’ai voyagé dans le sud il y a quelques années mais je ne me souviens pas y avoir entendu d’accent si prononcé ! D’où venez-vous ?

Voila de quoi engager la conversation agréablement. Parler du beau temps leur ferait peut-être oublier quelques instants cette pluie incessante. Une fois à la citadelle, elle s’arrangerait pour lui faire préparer un lit quelque part et s’assurerait elle même qu’il ait droit à un bon repas. Même si pour cela elle devait l’inviter à sa table. D’ailleurs voilà une excellente idée, elle pourrait ainsi le présenter à Hanegard…. Mais cela risquait de choquer quelques uns des nobles résidant à Alonna. Invité ce genre d’homme et lui faire l’honneur de manger près d’elle… à n’en pas douter ça allait contre toute convenance, mais les Alonniens n’étaient plus à ça près avec elle !

Ulysse n'avait rien d'un ignorant, et ce aussi sûr que un plus un font deux et deux et deux font quatre. Il avait été élevé comme noble malgré sa naissance de bâtard, son esprit comme son épée était affuté et prêt à trancher, vif et rapide, dès lors, dès l'apparition des gardes, il avait compris que l'inconnue devait être illustre, noble ou riche femme de marchand. Ensuite, le rang réel de la personne, notre bon bretteur n'en avait cure, il était un de ces libres penseurs qui osaient tout, avançant selon leur propre code d'honneur, le genre de personnage qui peu finir sur la potence pour un coup d'éclat sur la mauvaise personne. En y repensant ça avait faillit lui arriver un coup, fort heureusement, il était fine lame, et il se plaisait à penser qu'il était même la meilleur, même si cela devait être totalement faux.

- Jena, je me nomme Jena… raccompagnez moi je vous prie, j’aimerais vous remercier avec un repas chaud et l’assurance d’une nuit au sec !

Bien qu'affichant un regard impassible, un léger sourire naquit dans l'esprit d'Ulysse. Combien de fois lui avait on servi cette phrase? Il resta immobile, détailla dénommé Jena, c'était un beau brin de fille, le mari avait il fuit? En y repensant il n'avait encore jamais exercé les choses de la vie sur une femme enceinte. Ulysse passa sa langue sur ses lèvres d'un mouvement rapide, les décolla et il afficha un court sourire, amusé par ses propres pensées impures et dénuées de chasteté. Jena ne devait pas être ce genre de femme, enfin, si elle l'était ça ne le dérangerais pas. Il répondit :

-Comme il vous plaira, un bon repas ça ne se refuse pas.

Notre poète remarqua le carrosse sans blason, tant de mystère, que tentait elle de cachait? Notre poète s'en moquait bien après tout. On avait tous des secrets, lui surtout, il l'accompagna donc jusqu'au carrosse, offrant son bras comme l'aurait fait tout galant homme et autre chevalier servant. L’intérieur était confortable et cela changeait notre défenseur des longs voyages dans des charrettes de paysans ou même posé sur le toit avec les sac, subissant les affres des intempéries. Le silence fut brisé par Jena qui souffla de sa voix mélodieuse :

- Votre accent me rappelle le soleil ! J’ai voyagé dans le sud il y a quelques années mais je ne me souviens pas y avoir entendu d’accent si prononcé ! D’où venez-vous ?

Il aurait été difficile de cacher cette information, ainsi, la première réponse que reçut la femme à l'enfant fut un sourire franc. Sans rien dire de plus, Ulysse déplaça quelques mèches de ses cheveux qui le gênés pour observer pleinement son interlocutrice, s'enfonçant un peu plus dans son siège, la main droite de notre bretteur se mit à pianoter a corbeille de son arme d'un air presque amusé. Il commença :

-Vous êtes bien habile. Je viens d'une fragile ville, ou plutôt bourgade, non loin d'Ydril.

L'air d'Ulysse s'assombrit et il continua :

-Mais je dois avouer que cela fait tant de temps que je l'ai quitté que je craint ne pouvoir sur une carte la replacé.

Chassant ses idées noires d'un mouvement de la tête, il reprit d'un air plus enjoué :

-Je naquit de noble naissance pour moitié, malheureusement cela ne me laissé aucune chance d'être héritier. J'ai donc écumé divers métiers et de multiples cité mais jamais je n'avais été à Alonna.

Il marqua une courte pause,

et que fait donc votre tendre moitié pour que vous soyez ainsi escorté? Sachez que je fus pendant un temps dans l'armée quand j’eus décidé de me retirer de mon métier de maître d'arme.

Le véhicule passa sur une pièce et l'ensemble des deux voyageurs furent "balancer" dans la carriole, dehors, on entendait toujours le vent souffler et la pluie fouettait sans s'arrêter les parois du carrosse anonymé.

Un maître d’armes ! Tiens donc heureuse nouvelle que voilà. Quelle ville pouvait se targuer d’avoir son compte de maître d’armes ? Aucune, il y avait toujours des besoins dans ce domaine là, surtout en temps de guerre et à l’heure actuelle il était trop souvent question des conflits qui ravageaient le sud. Un maître d’armes en plus à Alonna ne ferait pas de mal et permettrait peut-être aux soldats d’apprendre d’autres façons de se battre. Mais nous n’en étions pas là, et même si l’idée venait de germer dans mon esprit, il n’était guère sur que mon invité soit à la recherche d’un travail. Nous verrions donc ça plus tard.
Son récit m’avait sincèrement affligé, j’avais moi-même quitté ma région natale depuis fort longtemps, au point même que j’aurais été bien incapable de repérer cette ville commerçante sur une carte, tout comme lui. Sauf que je n’étais pas née noble et c’était principalement cela qui faisait grincer des dents à la citadelle.

Du moins cela avait fait grincer des dents, car maintenant il ne semblait plus y avoir de protestation. Même les Dames de haut lignage avaient finis par m’accepter comme Baronne. Une véritable victoire !
Lorsque vint la question concernant mon époux, j’adressais un sourire amusé à mon invité.

- Il s’occupe de pas mal d’affaire dans la région. J’aurais probablement l’occasion de vous le présenter au souper, car il va de soit que je vous veux à notre table.

S’il s’attendait à manger dans les cuisines sur un coin de table à reluquer toutes les servantes présentent, c’était qu’il ne me connaissait pas, et à bien y penser c’était réellement le cas. Chacun s’était fait à mon naturel parfois surprenant et même Valkor, mon intendant, savait que s’il avait malheur de me dire que cet homme ne pouvait être le bienvenu à ma droite et bien il me retrouverait assise sur un tabouret dans les cuisines à manger à côté de cet Ulysse. Cela ferait jaser un jour ou deux et on en parlerait plus !

Le carrosse s’immobilisa au milieu de la cour principale de la citadelle. Un valet accourut pour ouvrir la portière et m’aider à descendre. Une fois à l’abri, je me tournais vers l’homme dégoulinant tout autant que moi.

- Mon valet va vous remettre des vêtements secs. Je vous retrouve dans petit salon pour continuer cette charmante discussion et attendre le repas que je vous ai promis

Un sourire, un léger salut de la tête et je m’éclipsais pour aller me changer. J’en profitais pour faire un détour dans le bureau de mon époux et lui raconter les derniers évènements. Une fois recoiffée et vêtue convenablement, je regagnais le petit salon dans lequel flambait un beau feu dans la cheminée. Ulysse, puisqu’il s’appelait ainsi, était déjà là, lui aussi dans des vêtements secs.
Alors que je m’installais dans le fauteuil, une servante entra et s’inclina devant moi.

- Souhaitez-vous que je vous apporte du thé m’dame ? Avec cette pluie ça vous réchaufferez un peu. Et pour m’sieur aussi s’il en veut…
- Pourquoi pas ! Voilà une excellente idée.
– A vot’ service m’dame la Baronne.

Une révérence et la petite servante s’éclipsa.

- Asseyez-vous donc. Ainsi, vous me disiez plus tôt avoir été maître d’arme ? Puis-je me montrer curieuse en vous demandant où ?

Hum hum, un homme qui "’occupe de pas mal d’affaire dans la région.", bah vu la gueule de la baraque, ouais de même beaucoup "affaires". Ulysse ne releva cependant pas tout comme il ne souffla rien sur l'idée de manger avec elle, cela faisait longtemps qu'il n'avait pas manger à une vrai table et même durant son enfance, il avait toujours à l'écart à table, à fin de ne pas trop déplaire à la dame de son père. Père, lien de sang, rien de plus. Enfin, au moins il avait eu une existence moins misérable qu'il n'aurait put l'avoir avec sa mère, mère qu'il n'avait jamais connu.

Ulysse chercha dans des yeux une quelconque armoiries, mais ses recherches furent brisées dans l'oeuf quand Jena souffla d'un ton enjoué :

- Mon valet va vous remettre des vêtements secs. Je vous retrouve dans petit salon pour continuer cette charmante discussion et attendre le repas que je vous ai promis.

Notre épéiste hocha du chef et suivit ledit valet, sur le chemin qui lui semblait interminable, il lâcha directement :

-Servez-vous Jena depuis longtemps?

-Je sert Madame Kastelord depuis un an déjà... Oui il me semble

-Ce nom n'est point sans me laisser sans réflexion...

-Madame est la femme du Baron...

Ulysse opina alors de la tête, la maline, la coquine, pour sur qu'il traitait quelques affaires, un baron, et bien jamais notre bretteur n'avait eu à cotoyer d'aussi hautes autorités, il ne savait si cela devait le rassurer ou au contraire le faire quelques peu balisé? Enfin, il n'était pas homme à ce découragé quelque fut la renommé de son hôte fortuné, ainsi, lors qu'il se retrouva dans la chambre, il commença à se changer. On lui avait fait amené une épaisse chemise roue bordeaux et un pantalon tout aussi solide noir. Il les enfila et pris le temps de se sécher les cheveux ainsi que de se raser, tant qu'à faire, autant avoir l'air présentable. Il noua ses cheveux d'un ruban au couleur corbeau et ajusta son fourreau. Il aurait voulu avoir plus de temps pour nettoyer son arme. Il passa un rapide coup à ses bottes avant de se faire conduire au petit salon. Il avait un peu plus fier allure, fixé là, devant le feu, les bras croisé dans le dos, lui donnant presque un air martial ce côté qu'on les généraux avant de donner les ordres de la bataille.
Notre poète se retourna en entendant la jeune femme arriva, il la regarda discuter avec sa servante avant qu'enfin elle ne lui adresse la parole :

-Asseyez-vous donc. Ainsi, vous me disiez plus tôt avoir été maître d’arme ? Puis-je me montrer curieuse en vous demandant où ?

S’asseyant Ulysse ne répondit pas sur l'instant, préférant ménager un peu sa réflexion. Il commença comme préambule :

-Vous pouvez, après tout les questions ne sont jamais indiscrètes les réponses elles si.

Chacun de ses "r" semblait être tel une pierre dans une rivière roulant sans trouver le moindre obstacle pour l'arrêter. Il continua :

-Je le fus dans la maisonnée de celui qui m'a engendré et ceux pendant plusieurs années avant d’exercer un peu dans l'armée. Mais j'ai peu pratiquer ces derniers été car pour exercer ce doux métier il faut des gens soucieux de savoir manier l'épée et autre choses aiguisé.
Et je dois également avouer que je n'ai pas été éduqué selon un professeur borné aux vieilles années et que je prodigue un style plus léger qui est plus adapté pour les lames aiguisées plutôt que pour ceux qui aiment massacrer et écraser.

Voyant le thé s'approcher, Ulysse se tut le temps qu'on le serve et continua tout naturellement en dévorant des yeux la servante mais aussi et surtout le thé :

-Vous pratiquez les choses d'arme Madame?

» Même flétrie ou noire, une rose n'en reste pas moins une rose (pv L'Renor)
» Une dernière danse, pour oublier ma peine immense.
» Thorvald Klothar [Barbare Aventurier]
» [Château d'Odélian] La soeur du barbare | Clothaire & Alicia
» Il serait temps de partir [Rod]

Rechercher

Résultats par : Messages Sujets
Recherche avancée