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| Herbes et préjudices [Mémoire] | |
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Amon Alocer
Humain
Nombre de messages : 55 Âge : 33 Date d'inscription : 30/10/2011
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 26 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Herbes et préjudices [Mémoire] Jeu 1 Déc 2011 - 19:57 | |
| [Sujet faisant suite à celui-ci]"Beugle pas si fort gamine...Je comprend rien de ce que tu dis de toutes façons..."La voix éteinte d'Amon émergea ainsi de son corps amorphe tandis que sa main droite vint instinctivement se poser sur le crâne de Plume, dans un geste résolument apaisant. Se redressant lentement, le pirate peina à distinguer autre chose qu'une oscillation entre un flou artistique et un florilège de couleurs lumineuses véhiculées par le soleil hivernal de Meca. Encore groggy, le son familier des vagues et les glapissement de l'enfant étaient les seules choses ramenant le forban à la réalité...Il fallait bien dire que sa tête se trouvait être dans un état déplorable, la pire des mauvaises gueules de bois que notre homme avait connu sans doute. Ainsi, ce dernier prit donc un instant pour recouvrer ses esprits -et sa vue par la même occasion- afin de reconstituer le cheminement qui l'avait fait échouer sur une plage... Passant en revue son embarcation sur la Flèche, sa rencontre avec la gamine et Mémoire, la révélation de la nature de la dame susnommée pour aboutir sur l'altercation qui en résultat avec l'équipage du navire ainsi que le scellement du sort d'Alocer. Tout cela battant aux tempes de notre larron qui soupira en songeant à la promesse qu'il avait formulé au divin avatar...Ce genre de crasse n'arrivait décidément qu'à lui...Prit d'une pulsion subite, le pirate porta brusquement sa main libre au niveau de son torse, se saisissant d'une petite perle nacrée, étrange don qu'il avait reçut de la mer en "paiement" de ses services. A moins que ce présent ne fusse la résultante de l'amusement que son bagout a éventuellement pu engendrer chez son interlocutrice précédente...Dans tous les cas le serviteur de ces dames considéra l'objet avec un mélange de curiosité et de méfiance, issu de ses traits naturels ainsi que de son expérience. Laquelle ayant prouvé que la plupart des babioles magiques présentaient un fort danger potentiel... Le questionnement du boucanier sur la nature de l'objet qu'il avait en sa possession fut cependant interrompu par une fillette inquiète, tirant toujours sur la manche de notre homme avec insistance en baragouinant dans son incompréhensible langage de roulements de langue...Alocer réalisa alors que la tutrice de la gamine gisait à côté de lui, l'épaule vilainement amochée -sans que ce soit un danger pour elle toutefois- et manifestement pas près de se réveiller. Jugeant qu'il était temps d'honorer sa parole le pirate se leva alors, manquant de perdre l'équilibre avant de se glisser aux côtés de Mémoire qu'il entreprit d'examiner. Le tout sans les mauvaises arrières pensées qui l'habitaient à l'accoutumée dans ce genre de situation, les choses que l'aveugle renfermaient l'effrayant bien trop pour que son esprit vagabonde sur des considérations plus...Triviales allons nous dire... La dame respirait convenablement malgré sa torpeur d'après le constat du pirate...Lequel s'intéressa donc à la plaie béante ne pouvant que monopoliser le regard de celui qui s'osait à poser les yeux sur l'infirme évanouie. Ayant définitivement recouvré ses esprits, Amon entreprit de prodiguer quelques premiers secours à sa "nouvelle amie". Notre forban favori commença donc par prendre une lampée de gnôle dans la gourde pendant fièrement à son ceinturon avant de verser un peu de son contenu sur l'épaule de la sorcière des mers afin de nettoyer la blessure tout en s'étonnant de l'absence notable de réaction au niveau de l'intéressée. N'importe quel soudard endurci se serait réveillé en jurant avec un tel traitement...A la fois perplexe et admiratif, l'ex contrebandier continua sa manoeuvre en appliquant quelques unes des herbes aux vertus apaisantes en sa possession (qu'il utilisait habituellement pour fumer sa pipe) après les avoir nettoyées du sel déposé dessus par l'eau de mer au préalable afin de préserver leur efficacité. Pour terminer son oeuvre il finit par arracher un pan de sa tunique rouge, l'attachant autour de la mixture herbale de manière à ce qu'elle soit tenue en place... "J'espère que tu aimes marcher petite..."Tout en chargeant Mémoire sur son dos, le ribaud tendit une main à la gamine alors qu'il lui adressait un sourire à mi chemin entre l'espièglerie et le réconfort...Invitant son amie à l'accompagner, le tout sans faire mine de ployer sous le poids de son nouveau fardeau dont on ne dira rien par politesse envers la gente féminine. Enfin l'avantage de la "profession" d'Amon concernant l'île sur laquelle il venait d'échouer était qu'il connaissait ses plages, criques et planques comme le fond de son outre à vinasse. Aussi, le bel éphèbe calcula que de sa position, Meca ne devait se trouver qu'à une ou deux heures de marche si l'on ne se pressait guère; décidément la sorcière des mers pensait à tout...Même lorsqu'elle vous faisait faire naufrage...D'ailleurs si l'on comptait bien il s'agissait là du troisième auquel Alocer survivait, fallait croire que l'océan l'avait à la bonne. Dans tous les cas, le prochain godet du pirate sera à la santé des flots...C'est du moins ce qu'il se disait tandis qu'il s'échinait à couvrir la distance entre la plage et le port de la débauche, tenant la main d'une fillette et portant un sac de chair capable de lui geler les attributs d'un revers de la main sur le dos...Situation presque normale pour lui! "Hé! Bienvenue dans la ville de la vie, la vraie!"Le forban ne masqua pas son entrain à sa petite comparse lorsqu'ils franchirent le pas de Meca, qui faisait office de foyer pour notre homme...Quoique le terme fut sans doute un peu exagéré dans le cas présent...Malgré cela, le fait que la nuit n'était pas encore tombée lorsqu'ils atteignirent les docks de la cité portuaire soulagea grandement le marin qui ne donnait pas cher de leur peau face aux ruffians locaux dans l'état où tout trois se trouvaient. Pour l'heure, l'urgence était double: faire un bon repas afin de combler le vide béant s'étant installé depuis un moment dans leurs estomacs et prodiguer à Mémoire quelques soins plus élaborés que le bricolage de fortune qu'on lui avait fait dans l'urgence. Et ces deux choses, Amon connaissait l'endroit parfait pour y souscrire...Un sourire énigmatique illuminant ses lèvres lorsqu'il frappa d'une force peu commune sur la porte d'une petite boutique d'herboristerie au crépuscule, devant l'apparent perplexité de Plume...Dont le pirate ne sut si elle se transforma en crainte ou se dissipa lorsqu'une voix féminine apparemment courroucée leur indiqua d'entrer, la porte étant ouverte. Le pirate s'exécuta donc, et à peine eut-il passé le seuil qu'on tourbillon de bijoux, breloques, jupons rouges et cheveux bruns bouclés vint tempêter vers lui: "Par toutes les perversités d'Arcam! Si t'es un fantôme, dégages de ma boutique!""Moi aussi j'suis content de te revoir...Douce Bianca..."Détaillant brièvement son interlocutrice qui ouvrait des yeux comme des soucoupes en faisant de même avec lui-même -et pour cause, cela faisait six ans qu'ils ne s'étaient pas vu-, Alocer élargit son sourire sous-jacent en constatant que la tenancière au tempérament de feu n'avait guère changée malgré ses trente années atteintes: le teint mat, un regard sombre mais brûlant, les cheveux noirs bouclés, le corps ma foi toujours aussi désirable et les mêmes indécentes boucles d'oreilles dorées...Si son mauvais caractère et son avidité persistaient eux aussi, notre homme allait définitivement sombrer dans la nostalgie à son contact. Cependant, si Bianca était ce qu'on pouvait considérer comme le pendant féminin d'Amon -le mauvais caractère en plus- il s'agissait aussi de l'une des seules personnes en laquelle le boucanier plaçait une confiance presque totale...La réciproque étant bien sur valable à quelques petits coups fourrés près, sans conséquences dommageables toutefois. N'en pouvant plus de ronger son frein, l'herboriste lâche alors de son ton de femme assurée et pavaneuse: "Alors tu vas me raconter ce qu'il t'es arrivé oui ou non?""J'adorerais parler de mes exploits avec toi, mais ne crois-tu qu'il y a plus urgent?"Amon désigna son fardeau du regard. "Endroit habituel mais je te préviens, comme d'habitude ce ne sera pas gratuit!"Un sourire carnassier s'inscrit sur les lèvres de la sudiste, idem pour celles d'Amon qui réagirent de concert à la condition: "Je n'en attendais pas moins de toi très chère..."Sans plus attendre, le pirate emmena donc Mémoire à l'étage de la boutique, pour la déposer dans une chambre où plusieurs lits s'alignaient...Il s'agissait là de l'endroit où Bianca s'occupait généralement des marins blessés ou malades qui venaient chercher ses soins de qualité, moyennant une coquette somme d'argent, la belle étant d'une cupidité sans bornes. Amon, l'a d'ailleurs connue ainsi puisqu'elle avait l'habitude de s'occuper de son ancien équipage...Par la suite ils furent successivement chiens et chats, amants les plus bruyants de Meca puis meilleurs amis du monde tant qu'une grosse somme d'argent n'était pas en jeu. Le pirate déposa donc la sorcière des mers sur la couche la plus proche de la fenêtre tandis que l'herboriste s'asseyait au chevet de la blessée, cependant avant de procéder à son examen elle tendit une main affable vers Alocer dans laquelle ce dernier glissa un petit sachet de toile: "Elles ont un peu prit l'eau de mer, mais elles devraient te convenir..."Toisant le petit sac puis le boucanier, Bianca lâcha alors tout en pointant le torse de notre homme: "Je prendrais le reste du paiement cette nuit.""Tellement prévisible, c'était un peu ironique pour toi de parler de perversité quand je suis arrivé non?""Tu ne devrais pas tenir ces propos devant une enfant cher ami""Oh! J'aurais du mal à lui faire part de tes travers! Elle ne comprend pas notre langage chère amie""Emmènes la donc manger un morceau et prendre un bain...Puis fait de même, vous empestez dans ma maison...Je m'occupe de tout ici..."Après cet échange au tac-o-tac Alocer obtempéra donc, laissant l'autre avare remettre l'aveugle sur pieds...Avant toute chose il conduit Plume dans l'arrière salle de l'établissement où il dévalisa sans remord le garde-manger pour le compte de la gamine et le sien. Une fois sustantés, le pauvre hère entreprit de remplir une bassine d'eau douce afin de procéder à quelques ablutions...C'est à ce moment là qu'il fit face à un problème encore inédit pour lui: habitué à frayer avec les pires canailles que cette terre ait jamais porté, il se trouva incapable de faire comprendre à une fillette qu'il fallait qu'elle prenne un bain. Songeant un instant demander à Bianca de s'occuper de cela, le pirate y renonça bien vite en imaginait sa réponse négative teinté de moquerie sur le pouponnage: et pour cause, notre homme ne s'attendait pas un jour avoir un enfant à charge...Ne laissant rien transparaitre de sa panique intérieure (qui à ce moment là fut sans doute plus prononcée que devant l'avatar d'Eris), Amon prit son courage à deux mains et retira les haillons de la gamine, la saisit, et la plongea dans l'eau en un temps record avant de se retourner pour se laisser tomber sur le sol...Manifestement gêné...Si déshabiller des catins ou des bourgeoises ne le dérangeait absolument pas, faire prendre son bain à une gamine devenait décidément bien perturbant pour lui...Surtout quand la dite gamine devait ne rien comprendre à ce qu'il se passait... C'est ce moment que l'herboriste choisit pour entrer dans la pièce, pouffant visiblement de rire devant la situation: le plus grand coureur de jupons de tout les temps rouge comme une pivoine, retourné devant la baignoire où une fillette affichait un air manifestement perdu...A jamais, cette scène sera inscrite dans la mémoire de la suderone...Retenant ses éclats de rire, celle-ci glissa: "Je me suis occupée de l'autre, et va t'en de là je vais me charger de ça..."Pour une fois tout penaud, Alocer ne protesta pas en sortant de la pièce et tâcha de prendre sur lui lorsqu'une dernière remarque cinglante parvint à ses oreilles: "Le bel Amon pouponnant, c'est digne des annales."Prenant le parti de ne pas relever, le susnommé alla se consoler avec ses propres ablutions, sa pipe et quelques herbes à vocation purement thérapeutiques...Une fois ceci fait son humeur habituelle fut retrouvée, et plusieurs constats s'imposèrent à lui: la nuit recouvrait le port, la gamine était endormie (comment l'herboriste parvint à ce résultat demeurait un mystère), la sorcière en voie de rétablissement et une furie l'attendait sans doute dans sa couche...Réclamant ses retards de paiement...La perspective d'un cuissage imminent pour fêter des retrouvailles ne déplaisait pas au pauvre bougre après un séjour en mer si éprouvant. Par contre celle de devoir conter à Bianca tous les évènements qui suivirent son naufrage d'il y a six ans et la mort supposée de ses anciens compagnons ne l'enchantait guère...A l'instar de la tâche dont il devait s'acquitter...Enfin, l'heure était aux réjouissances nocturnes... |
| | | Le Vaisseau de la Voilée
Ancien
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| Sujet: Re: Herbes et préjudices [Mémoire] Jeu 8 Déc 2011 - 19:36 | |
| Mémoire ne dormait pas. Mémoire ne dormirait plus.
Sous ses yeux qui voyaient de nouveau s'étendait le Royaume de sa Mère. Elle s'y était déjà rendue plusieurs fois, elle avait déjà eu l'occasion de contempler les cavernes sombres qui s'étiraient à l'infini dans ce monde qui n'était, alors pas le sien. La première fois, elle y avait rencontré en rêve la Voilée qui, abordant ses traits, l'avait fait sienne corps et âme. Ensuite, la Déesse l'avait à nouveau attirée dans son antre, lui imposant la surveillance de Nhilantar. Le drow s'était cru à l'abris, protégé par son sombre Puy, il s'était joué une fois de trop de sa victime. En voulant raviver dans la mémoire de Mémoire les terribles événements qu'il avait précipité en la capturant, il avait réveillé sa haine et dû affronter son courroux. Pendant le Voile, son esprit avait passé la plus grande partie de son temps de veille à y guider les âmes des défunts de l'apocalypse que personne n'avait prévu. La dernière fois qu'elle s'y était rendue, enfin, elle avait gardé à l'œil un intrus : Tebirahc Zauharel, Gardien de Mogar. Pourtant, les choses étaient différentes. Elle le sentait, la certitude s'était nichée au creux de sa conscience et irradiait d'assurance. Troublée, la pèlerine n'avait pas fait mine de bouger, attendant quelque chose pour confirmer ses doutes. Combien de temps resta-t-elle immobile, ses sens en alerte ? Une heure, une journée, peut-être un siècle. Qu'était le temps, pour les morts, sinon une plaisanterie qu'on ne faisait même plus ? Statue de chair et de sang perdue au cœur d'une terre à laquelle elle doutait de vouloir encore appartenir, elle ressassa les souvenirs volatiles de ce qu'elle avait perdu.
Finalement, elle se mit en marche, errant au hasard des corridors caverneux. Comme à son habitude, elle fit son possible pour ne pas importuner les résidents légitimes des lieux, s'attirant malgré tout des regards mêlant surprise et incompréhension. Mal à l'aise, elle prit le parti de les ignorer.
L'idée la frappa et manqua lui couper le souffle. Elle choisit une direction au hasard et courut, courut, à en perdre haleine. Et comme la fatigue ne vint pas, elle continua à courir. Ils étaient là, tous deux. Tous. Elle n'avait qu'à les retrouver.
Trois jours après l'arrivée impromptue d'Amon et de ses compagnes d'infortune, Mémoire n'avait toujours pas fait mine d'ouvrir l'œil. Parfaitement immobile, dans un sommeil qui n'avait rien de naturel, la seule preuve de sa survie résidait dans les discrets soulèvement de sa poitrine. Si l'un de ses gardiens avait eu la curiosité de lui soulever les paupières, il aurait pu apercevoir des iris laiteux parfaitement immobiles. Plume, qui ne connaissait encore qu'à peine sa tutrice, n'en restait pas moins très inquiète et restait la plupart du temps à son chevet. Elle lui parlait, dans sa langue, osant par moment quelques timides gestes d'affections. Il lui semblait plus facile d'apprivoiser Mémoire alors que cette dernière ne pouvait ni l'entendre, ni réagir. Une ou deux fois, elle alla chercher Amon, avec forces de gestes et de cris incompréhensibles. Ce dernier trouvait une patiente aussi éteinte qu'à sa dernière visite, à la grande déception de la jeune demi-drow qui, si elle ne fondit en larme à aucun moment, laissait paraître son inquiétude par quelques tremblements révélateurs.
Mémoire courait depuis ce qui lui semblait être une éternité, sans jamais trouver un couloir qui ressemblât vraiment à un autre. Le royaume de Tyra s'étendait comme à l'infini, ses limites perdues si loin dans ces profondeurs que jamais elle ne parviendrait à les atteindre. Et pourtant, pas une fois elle ne ressentit la torpeur de la fatigue saisir ses jambes. Pas une fois la griffe terrible de la faim ne vint saper ces forces. C'était comme si elle n'avait plus de corps, comme si l'esprit seul avait survécu. Finalement, sa course s'arrêta d'elle-même quand, faisant face à une cascade, aucun chemin ne l'invitait à continuer. Après quelques secondes d'hésitation, elle commença à marcher. Fermant les yeux juste à temps pour échapper à la vue de son pied droit se faisant engouffrer par l'eau froide, elle plongea. Elle s'enfonça, dans les ténèbres des abysses, sans que l'air ne lui manquât le moins du monde.
Qu'était-elle devenue ? Il lui semblait que sa robe s'en était allée, que sa peau s'était recouverte d'écailles et qu'entre ses doigts avaient poussé des palmes. Ignorant ces étranges sensations, elle garda les yeux clos. Elle ne savait qu'une chose, elle devait continuer. Elle devait les retrouver.
Après cinq jours de coma, la situation commençait à devenir inquiétante. Rien n'expliquait l'état léthargique de la sorcière, la blessure était saine depuis longtemps maintenant. Amon, dont la vie était étroitement liée à la survie de sa protégée, devait craindre de voir ses tempes griser avant l'heure. Plume avait fini par abandonner, passant son temps à chercher une cachette dans l'auberge et à y rester jusqu'à ce qu'on l'y débusque. Le temps semblait comme suspendu au souffle de Mémoire. Faiblissait-il ?
Où était-elle ? Elle n'en avait aucune idée. Elle avait fini par jaillir hors de ses limbes, tombant durement au sol et se jouant par la même occasion de la gravité. Un regard au dessus de sa tête lui avait confirmé ses doutes : la surface tranquille et sombre de l'eau s'agitait de quelques remouds discrets, alors qu'elle aurait dû se ruer vers le plancher caverneux.
« Katalina... »
La concernée s'arrêta net. Tendant l'oreille, elle chercha à identifier l'origine de la voix. Elle la connaissait, elle le savait. Sur le rebord de la fenêtre la plus proche du corps étendu et moribond de Mémoire, un corbeau se posa. Croassant lugubrement, il darda son regard rougeoyant sur la Gardienne. « Katalina... »
Une seconde de battement, et Mémoire comprit. Son cœur cessa de battre, et sa poitrine se serra, avant de s'affaisser tout à fait. Pendant trois minutes environ, elle fut comme morte. Et puis, dans un cri étouffé, elle ouvrit les yeux.
Mémoire était réveillée.
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| | | Amon Alocer
Humain
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| Sujet: Re: Herbes et préjudices [Mémoire] Sam 10 Déc 2011 - 9:27 | |
| Après avoir réglé sa dette à Bianca, non sans quelques intérêts, Amon conta à celle-ci ce qu'il s'était passé pour lui depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus...L'herboriste écouta le récit sans broncher, tressaillant vaguement pendant le passage où le maraud rapporta le naufrage ainsi que la mort supposée de ses anciens compagnons que la belle connaissait bien. De même elle ne pu s'empêcher d'ouvrir des yeux ronds sur l'histoire plus récente, comprenant les péripéties du pirate et de la dénommée Mémoire...Toute personne normalement constituée aurait traité Alocer de fabulateur à l'écoute du mythe marin qu'il disait avoir vu, surtout connaissant la propension naturelle du larron à enjoliver et exagérer outrageusement ses récits d'un air affable. Or la suderonne pouvait prétendre connaître assez les loups de mer en général et Amon en particulier pour mettre en cause la véracité de ses propos, d'où l'expression d'outrageuse surprise qu'elle adopta suite à ceux-ci. Ce qui eut l'effet d'affubler le visage du conteur d'un sourire satisfait, sachant qu'on étonnait pas son hôte aussi facilement que cela...Celle-ci en ayant vu de belles elle aussi...
Devant l'absence de réaction de la convalescente, le forban passait ses journées à boire, fumer, corriger les éventuels importuns pénétrant dans la boutique à la place de la gérante et accessoirement copuler avec Bianca lorsqu'il ne s'occupait pas de Plume...La gamine semblant de plus en plus paniquée à mesure que le temps passait, et pour cause, si sa tutrice ne se réveillait pas elle n'aurait sans doute nulle part ou aller. Notre fripouille préférée, quant à lui, s'inquiétait aussi de l'état de celle qu'il avait prit parti de surnommer "la sorcière des mers"...L'idée d'hériter d'une gamine -aussi adorable soit elle- n'étant pas vraiment dans ses plans, pour peu qu'il en ait eut un jour. Ajouté bien sur à cela le fait que ce probable revers de médaille lui vaudrait certainement quelques remontrances peu agréables de la dame des limbes, qui si elle avait sans doute plus d'humour que son hôte ne semblait guère du genre à plaisanter sur la vie de celle-ci. Enfin dans tous les cas la seule chose que pouvait faire le pirate dans le cas présent était de faire preuve de patience, Bianca lui ayant assuré que sa "rivale potentielle" serait tirée d'affaire sous quelques jours...Même si le "quelques" restait tout de même vague pour elle...
Ainsi durant cinq jours on put voir un sieur Alocer successivement tourner en rond dans la masure, faire le pitre et montrer presque tous les tours de son impressionnant panel de passe-passe devant une gamine y étant de moins en moins réceptive, et se perdre quelque peu dans ses addictions...Quoique le dernier point ne changeait guère de ses habitudes...Et si le forban aurait apprécié le fait d'aller s'encanailler dans quelque établissement peu recommandable aux fesses pâles couronnées de la péninsule, il n'en faisait rien se sentant mal à l'idée de laisser la fillette plus livrée à elle-même qu'elle ne l'était déjà. De plus, Bianca -heureuse de retrouver les boutades du bellâtre- faisant une excellente comparse de beuverie, la frustration de notre homme en était moindre.
Au terme du laps de temps énoncé plus haut nous retrouvions donc Amon assis au chevet de l'aveugle, sa sacro sainte pipe à la bouche malgré la présence de Plume sur ses genoux, triturant la perle dont l'avatar lui avait fait don voilà une semaine et qu'il avait fait relier à un collier solide en prenant soin de ne pas l'altérer...De crainte de ce qu'il pouvait se passer si la sphère marine s'ébrèchait malencontreusement. Un coup d'oeil sur la gamine apathique fit lever les yeux au plafond à notre homme, lequel ne savait plus quoi inventer pour changer les idées de la fillette qu'il avait enfin réussit à déloger de sa dernière cachette en date, un exploit en soi. Le pirate aurait aimé pouvoir communiquer normalement avec l'enfant, de façon à la rassurer d'une meilleure manière que d'une tape dans le dos, d'un air enjoué ou d'un tour de passe-passe avec le premier objet à portée de main...
Notre larron n'eut cependant plus à se torturer mentalement afin de trouver un énième tour, puisqu'une note affreuse -faisant penser à un petit animal s'asphixiant- et étouffée sorti des lèvres de la patiente sans prévenir...Au cas où un éventuel embêtement pointerait le coup de son nez, le forban manda Bianca après s'être assuré que Mémoire revenait bien à elle pour finalement venir planter son visage au dessus de celui de la dernière nommée...Et lui adresser un grand sourire, entre moquerie, sarcasme et facétie:
"Alors? C'était comment cette petite sauterie chez les morts ma douce?"
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| | | Le Vaisseau de la Voilée
Ancien
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| Sujet: Re: Herbes et préjudices [Mémoire] Jeu 29 Déc 2011 - 13:44 | |
| Le retour parmi les vivants fut violent. Si, de part son handicap, Mémoire n'eut pas à se soucier de la lumière, l'oppressante sensation de se faire écraser par les couvertures manqua lui couper un souffle qu'elle avait déjà court. Ses oreilles bourdonnaient, sa bouche était pâteuse et la migraine la prenait dès qu'elle bougeait un orteil. Mais plus que tout, l'impression de n'être qu'une coquille vide lui nouait le ventre. Avec la force d'un ouragan, la question de son veilleur vint frapper ses tympans si fort qu'elle crut leur heure arrivée. Elle connaissait cette voix. « Qui es-tu ? » demanda-t-elle faiblement. Rattrapée par les souvenirs des événements précédant son coma, la Gardienne ferma les yeux, lâchant un « Ah... » trahissant son état. Portant une main à son épaule, elle tressaillit quand la douleur afflua, jaillissant hors de la plaie pour se déverser jusqu'au bout de ses doigts. « Combien... combien de temps ? »
Quelque chose n'allait pas, mais la sorcière des mers, encore étourdie, n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Pour Plume, par contre, tout allait soudainement mieux. Son monde reprenait des couleurs, et si elle avait tenté de rester calme au début - par peur de découvrir qu'il s'agissait en réalité d'une douteuse plaisanterie - elle lâcha un petit cri de joie pour rappeler sa présence, avant de se jeter au cou de sa tutrice. « Bel'la, bel'la bel'la bel'la bel'la... Merci, » ce dernier mot prononcé avec un accent à couper au couteau. Prenant sur elle, la Gardienne la serra doucement contre elle et caressa ses cheveux, mais mécaniquement, sans passion ni affection. Les souvenirs qu'elle avait de la sang-mêlé, de sa récupération à leur embarquement, ainsi que de la timide affection qui était timidement née entre elles dansaient dans son esprit mais sans l'atteindre. Comme s'il eut s'agit de la mémoire d'une autre.
« Où sommes-nous ? » demanda-t-elle finalement, alors que Plume commençait doucement à s'apaiser. C'est un peu court, mais ça relance la discussion |
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