Hans
Ancien
Nombre de messages : 1666 Âge : 33 Date d'inscription : 19/03/2010
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 44 ans Taille : Niveau Magique : Eveillé / Néophyte.
| Sujet: Sombres nouvelles dans la malelande. Dim 1 Jan 2012 - 23:14 | |
| Anseric demeurait perplexe, le regard rivé sur la missive, alors que la rumeur enflait en ville... le Roy était mort. Cette nouvelle partageait le comte entre la joie et l'appréhension. S'il n'avait que peu connu Trystan 1er, Anseric n'en gardait qu'un souvenir bien amer ; celui d'un monarque faible, pusillanime, et sans grande volonté, sinon celle de s'éviter des ennuis... ce qui, au final, ne lui avait guère réussi. Mais en parallèle, avec la mort du souverain, c'était sa paix qui s'était envolée. Anseric semblait comme décontenancé ; il s'était figuré vivre et mourir toujours sous le poids de cette chape de plomb, mais voila que désormais, c'était chose révolue. Comme huit an auparavant, Diantra avait été mise à sac, et cette foi-ci, Anseric doutait grandement que de nouveaux parangons de justices ne surgissent pour libérer la cité. Et pour qui ? Pour un vulgaire moutard.
Lui, en tout cas, ne se presserait guère d'apporter son soutient au petit prince ; la mort du roi de vélin faisait voler en éclat les dernières barrières qui séparaient Anseric de la liberté. Débarrassé d'un vrai marquis depuis plus de sept ans, le comte était désormais son seul suzerain, à l'instar des seigneurs de la lande d'antan. L'homme se leva de son trône de granit, et se pencha par la fenêtre, pour gouter cet air qui avait pris une saveur nouvelle. La nostalgie l'assaillit, quand, se relevant, il put contempler, attachés au mur, son blason et son fléau. Il se remémora dès lors ses débuts, sa spoliation... et la suite qu'on lui connu. C'était là un parcours édifiant, pour celui qui, il y a vingt-cinq ans de cela, courait la campagne sous le sobriquet de "Chevalier au Goupillon". "Laissez moi... et faites mander le Haudoin", commanda impérativement le comte.
Lorsque son plus fidèle, sa créature, se présenta, Anseric faisait tournoyer son arme. La chapelle arétrianne résonnait des sifflements du goupillon, qui avec une lenteur calculée, n'en finissait plus de décrire des arabesques autour de son porteur. Le Haudoin avait rarement vu son seigneur et père ainsi... lui non plus n'était pas exempt de nervosité, la rumeur l'ayant aussi gagné. "Est-ce vrai ce que l'on dit, Sire ? Le Roy, il... ?" Sans daigner de lui répondre, Anseric continuait machinalement son ballet. Puis, finalement, comme s'il en avait enfin épuisé toute la science, il cessa, et s'affala sur son trône, le goupillon venant prendre place sur ses genoux. "Tu m'as servi depuis le début, Rémy... Pense-tu que c'est s'élever à des places que l'on ne mérite pas, d'être ainsi votre seul maître, alors que votre nom ne vous est du que parce que votre aïeul a construit un pont en pierre ?" Le Haudoin ne savait guère quoi répondre, mais, au moment de bredouiller une platitude, il fut interrompu par son seigneur. Anseric, dans un sursaut de fierté, regretta amèrement ce moment de faiblesse, et cette vassalité servile qui demeurait dans son sang. Désormais, il était son propre maître! "Rémy! transmet à nos bannerets, de Kulm, Lün et Wenden l'ordre de lever le ban, et les milices urbaines qu'ils doublent les rondes, ferment les portes, multiplient les patrouilles ; la paix du Roy est morte avec lui!"
Les consignes furent données aux clercs, et dès les premières misses parties, Anseric s'empressa d'en dicter une deuxième : "Tu transmettras également à Dame mon épouse l'expression de mon plus vif souhait à ce qu'elle me rejoigne à Arétria, elle et mon fils. Porte lui escorte, et le conseil de fermer le Ner, comme les barons de jadis. Il est pour nous venu le temps de renouer avec les vieilles traditions."
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Clélia d'Olyssea
Humain
Nombre de messages : 98 Âge : 32 Date d'inscription : 03/08/2010
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 26 Taille : Niveau Magique : Non-Initié
| Sujet: Re: Sombres nouvelles dans la malelande. Sam 14 Jan 2012 - 15:29 | |
| La rumeur courait, plus empressée et impatiente que jamais à parvenir à toutes les oreilles possibles. Avec elle, enflerait la menace et les doutes d’un lendemain précaire. Le Roi Trystan était mort, laissant le trône vaquant et Diantra à elle-même ; et si le peuple entier n’avait pas encore manifesté de réelle réaction significative en Olyssea, il n’était plus qu’une question d’heures, voire de minutes, avant qu’une rixe éclate et dégénère, quelque part à Sharas ou ici-même. Si les territoires de la Louve s’étant toujours davantage fiés à l’autorité naturelle du baron olysséen qu’à celle d’un aveugle, un motif aussi fallacieux que la mort du roi pouvait être un prétexte des plus futiles pour déclencher la première des émeutes.
Clélia en était bien consciente, aussi la missive maritale ne fit que renforcer ses convictions d’agir au plus vite. Sur ordre baronnial, les accès au Ner devinrent imperméables à tout passage qui n’était pas solidement justifié ; il fut rapidement impossible d’imaginer se rendre en Olyssea par le fleuve. Les portes des villes furent soumises à un régime de sévérité et de méfiance outrancier, tandis que la garde de chaque point stratégique se trouvait multipliée et renforcée. Les mesures parurent peut-être drastiques à un ou deux conseillers qui songeaient, affables, que l’on ne risquait pas tant ; c’était mal connaître la populace.
Les dernières mesures prises et le ban une fois levé, la Louve annonça son séjour temporaire à Arétria. Prenant congé en compagnie de son fils, que toute l’agitation de la cour intriguait au plus haut point, et de quelques invités d’importance notoire pour sa propre sécurité, la baronne fut escortée jusqu’à la diligence qui partait à destination des terres de son époux.
A travers la vitre, le regard d’encre de la jeune femme se fronça tandis que le soleil traçait son parcours dans le ciel vers un couchant lointain ; le paysage olysséen, les dernières lignes de fuite forestières, et bientôt l’ombre vacillante des derniers hameaux s’effacèrent. Yvain, lui, s’était déjà assoupi tout contre sa mère. |
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