Sujet: Un aigle dans le ciel, sombres nouvelles [Arichis] Dim 1 Mai 2016 - 14:03
Les mythes et les légendes ont la peau dure dans ces ancestrales terres du sud. La maisonnée des Anoszia n'en a jamais été épargnée et l'on dit d'elle que lorsqu'un de ses membres est en proie à un grand malheur, peu importera la distance qui séparera ses frères, ses sœurs, ses parents, tous sauront instantanément qu'un mal les a touchés. Évidemment, cela n'est qu'une rumeur, mais lorsque sa sœur Cornélia offrit un aigle à chacun d'entre eux, ils se retrouvèrent bien plus liés qu'ils ne l'avaient jamais été pour l'unique raison que ces aigles sauraient retrouver un Anoszia quoiqu'il en soit. Dressés dès la naissance pour cette mission, ces aigles accompagnèrent dès lors tous les membres de la fratrie, dans l'attente de devoir délivrer un message ô combien important. Car si la réalité pouvait rejoindre le mythe, il fallait savoir que ces aigles ne volaient qu'en cas d'une extrême nécessité, que si l'un d'entre eux était en train de passer de vie à trépas. Quelques ennéades plus tôt, Oschide avait reçu la visite d'un de ces aigles, pour le mettre au courant des agissements ydriains. Mais aujourd'hui, ce fut le sien qui s'envola par-delà les mers, les montagnes et les campagnes péninsulaires.
La silhouette d'un rapace apparut dès lors dans les nuages d'Alonna. Au-dessus de la grande cité fortifiée, l'animal piqua net en direction de la plus haute tour, ayant à l'une de ses pattes un message à destination du patriarche des Anoszia. Comment l'avait-il retrouvé ? Par magie ? Par sixième sens ? Que nenni, celui qui avait envoyé l'oiseau savait que le dragon avait pris la direction du nord, chez son alliée d'Alonna. Ainsi, l'un des gardes de la cité, s'apercevant du rapace, trouva la lettre et la rendit aussitôt au seigneur ydriains.
Alanya de Saint-Aimé
Ancien
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Sujet: Re: Un aigle dans le ciel, sombres nouvelles [Arichis] Jeu 16 Juin 2016 - 16:11
« Tu crois que j’dois l’dire à la baronne ? » « Bah ouais andouille ! T’imagine c’qu’elle pourrait faire si tu lui avais pas prévenu avant ? Les seins de la Sainte Mère qu’elle te ferait enfermer ! »
Les deux hommes traversaient les grands couloirs du castel. L’heure était au départ et tout semblait en effervescence. Les valises attendaient patiemment leur chargement dans le hall tandis que les petites mains veillaient à ce que le trajet jusqu’à la capitale Serramiroise se passe sans encombre pour leur suzeraine. Bien que cette dernière ne partait pas seule, il était toujours agréable de prévoir au mieux les attentes de la dame, s’octroyant ainsi le plaisir du voyage à défaut des tâches habituelles. Les festivités avaient été longuement attendues depuis leur annonce et les quelques élus appelés à se joindre à la Broissieux n’avaient pas traîné à plier bagages. Les pas des deux soldats étaient accompagnés des bruits de leur fatras, des petits cliquetis métalliques qui parvenaient à couvrir la cacophonie ambiante. Ils paraissaient tout deux nerveux et leur esprit limité ne cachait en rien le trouble qui les agitait. On les saluait poliment lorsqu’on le pouvait mais ces bonjours restaient bien souvent sans réponse. Obnubilés par leur petite conversation, il s’en allait trouver Hugues qui récemment promu vaquait dans le château comme dans sa piaule. Virant à droite puis à gauche, ils quémandèrent une ou deux fois avec insistance où se trouvait le curieux héraut devenu chambellan en quelques énnéades. Il avait su avec finesse conquérir le cœur de la baronne – elle que l’on croyait insensible -, s’attirant par la même la méfiance du personnel de maison. La Broissieux n’était pas connu pour sa clémence, ni même sa tolérance et si beaucoup la tenait en haute estime, ils ne pouvaient s’empêcher de la craindre un peu. Au moins lui étaient-ils tous plus ou moins fidèles. Les pierres se succédaient dans les allées, toujours aussi froides et humides que les précédentes mais rien. Hugues semblait introuvable. La trouille montait au corps des deux gaillards si bien qu’ils n’avaient plus qu’une idée en tête. Les cliquetis se firent plus insistant et le rythme de leur marche se transforma en marathon. Ils traversèrent au moins deux fois les ailes du castel sans trouver le curieux personnage, alors, par dépit sans doute se retirèrent-ils dans la cour. Que diable ne l’avaient-ils fait plus tôt ! Se tenant prêt de l’écurie, le bon gros Hugues parlementait avec un palefrenier.
« M’sieur Hugues ! ». Il ne répondit pas. « M’sieur Hugues !! ». Il tourna la tête, les sourcils froncés et l’air passablement agacé. « Quoi donc ?! As-tu donc une si mauvais vue pour ne pas avoir compris que je parlais ? » . Le soldat se renfrogna. Il ne dépendait pas de ce gras bonhomme et il n’avait de compte à rendre qu’à Hermance. Qu'un cul-propre lui parle ainsi, ah ça il n’aimait pas ! « L’Ydrilote a r’çu un papier » « Et qu’en ai-je à foutre ? Suis-je l’intendant des correspondances du Suderon ?! ». Hugues ne mâchait pas ses mots avec le personnel, si bien que la conversation prenait un ton bien trop énervé pour rester productive. Se renfrognant encore un peu, le soldat ne manqua pas de lui jeter un regard glaciale, si tôt soutenu par son comparse qui ne faisait que l’accompagner jusque-là. « Vlà t’y pas qu’il va s’calmer l’maraud ! Une bonne claque dans ta gueule ça t’ferais pas redescendre un peu ?! ». Hugues fit volte-face mais avant même que ses lèvres n’aient pu bouger, on lui tendit la lettre d’un air impérieux. Il avait tout intérêt à la prendre : les deux hommes passablement irrités et nerveux, il n’en faudrait pas beaucoup avant qu’il ne regrette d’avoir un jour reçu le don de parole. « Va porter ça à M’Dame la Baronne, point. J’pense que c’est nécessaire et nous on n’a pas l’temps ».
L’air était empli d’électricité et chacun des protagonistes restaient plantés là – même le pauvre palefrenier qui plus tôt se faisait passer un drôle de sermon. Le chambellan ne répliqua d’abord pas, observant d’un mauvais œil le pli qui lui était si durement imposé : il aurait volontiers confié la tâche au premier passant mais l’air grave des deux soldats l’inquiétait. Qui avait-il de si important pour qu’on vienne le trouver sur une correspondance qui n’appartenait pas à sa suzeraine ? Avec un dédain non feint, il se saisit du papier et posa un instant ses yeux sur le sceau brisé. Il n’y avait pas de doute sur sa provenance. S’il était à présent le maître de maison du castel, il avait dû se plier des années durant au métier exigeant de héraut – et un annonceur tel que lui ne se trompait pas sur les bannières Péninsulaire. Il s’enorgueillit silencieusement, fier de sa position qu’il occupait à présent et des connaissances qu’il avait pu amassées. Après quelques secondes d’accalmie, il releva les yeux en détaillant les hommes d’armes. Il devait avoir un peu moins de trente ans et leur air bourru ne parvenait à dissimuler leur regard vitreux. Après tout, on leur demandait de défendre la cité – et a fortiori le château et sa baronne – pas d’être d’une extrême intelligence.
« Qui a brisé le sceau ? » « C’moi M’sieur Hugues ». Le ton de la conversation avait indubitablement changé. Ils s’exprimaient dans le calme, si bien qu’il aurait été difficile d’imaginer que quelques minutes auparavant, ils avaient bien faillit s’égorger. « Pourquoi ? Où l’avait vous reçut ? » « On a cru qu’c’était le faucon d’la suz’raine pis s’est avéré qu’le piaf était pas à elle. Y’a une plombe qu’on vous cherche pa’squ’on sait pas quoi en faire de ce fichu truc… » « L’avez-vous lu ? », à ces mots il déplia la missive en parcourant des yeux les lignes. Ce n’était pas bon pour la baronne mais il ne laissa rien transparaître : après tout, il n’était que chambellan et les choses de la politique ne le concernaient pas. « Bah ouais m’sieur, on était pas sûr avec Fleurmont qu’ce maudit pigeon était à la Dame. Fallait bien s’en assurer ! ». Par les Cinq, ils n’étaient définitivement pas des lumières. Hugues replia soigneusement le papier en soupirant. « Vous avez bien fait de venir me trouver. Je vais faire porter ça à son Honneur sur le champ, ce n’est plus votre fardeau ». Il n’avait jamais lu autant de soulagement passer sur le visage de quelqu’un. C’était donc une aussi grosse épine du pied qu’il leur retirait ? N’auraient-ils eut jamais la présence d’esprit de porter directement cette missive sans qu’elle ne soit ouverte ? Bien sûr que non, ils étaient soldats et on leur attribuait volontiers le mérite de ne savoir que suivre les instructions. « Vous pouvez disposer ».
Ni une ni deux, ils partirent à grand pas vers leur poste qu’ils avaient dû abandonner depuis un moment déjà. Bien sûr Hugues savait qu’il n’y avait pas que des benêts parmi l’armée régulière d’Alonna – le sénéchal en était la preuve la plus parlante – mais ceux-là entretenaient fort bien la légende populaire. Il se détourna de leur course, observant un instant le pauvre palefrenier qui était resté là, en silence, tout le long de leur conversation. Il attendait la tête bêche que le courroux du chambellan ne tombe à nouveau sur ses épaules, mais il n’en fit rien. L’affaire était trop importante pour qu’il s’accorde encore cinq minutes de bavardages et d’un commun accord, il décampa en direction des appartements de la belle. A cette heure-ci, Alanya devait certainement se trouver là-bas auprès de sa fille qu’elle s’apprêtait à quitter pour deux énnéades, à finir ses bagages en réglant les dernières affaires politique. Si elle avait au moins un million de défauts, celui de l’investissement n’en faisait pas partie. Sur le chemin il croisa quelques ministres et beaucoup de petites mains qui s’affairaient à rendre le voyage de leur suzeraine des plus agréa ble. Il faudrait une journée pour que cette dernière rejoigne la capitale du marquisat voisin avec sa suite – bien que cette dernière fut réduite à une dizaine de personnes dont il ne faisait pas partie. A vrai dire, cela lui convenait mieux. Au château il serait utile et qu’elle le laisse ainsi était une marque de confiance qu’il estimait beaucoup. Lorsqu’il frappa à la porte, Alanya était assise sur un fauteuil de son antichambre, sa fille dans les bras. Elle l’observait avec amour – une notion étrange pour cette femme – en repensant au père de la petite. Pour sûr, elle lui ressemblait pour qui avait déjà vu feu le baron d’Alonna. Elle avait la même toison dorée, particularité tenue de sa grand-mère Iseline de Léjante et ses yeux – ah ! ce bleu si profond – étaient les mêmes que la plupart des Broissieux. Au final, il n’était pas cocasse qu’Arichis ait cru à son mensonge : il n’avait jamais croisé Desmond et elle arborait les mêmes traits que ces gens du sud. Nul doute qu’une fois grande, elle serait une femme incroyablement belle. Enfin il s’agissait peut-être là d’un pressentiment erroné car quelle mère ne le souhaiterait pas pour sa fille ! Toujours était-il qu’elle ne répondit pas à la première salve d’appel à sa porte. La baronne ne voulait pas être dérangée, plus encore alors qu’elle tenait sa fille une dernière fois avant de longs jours. La petite Pénélope souriait en gazouillant et Alanya ne pouvait détacher son regard du sien. L’enfant avait été sa barque alors que l’océan autour d’elle se déchainait, frappant la coque avec une violence rare et l’arrosant de mille maux. Aujourd’hui, si son cœur saignait toujours des aléas qu’elle avait pu subir, la Belle se sentait mieux. Elle se sentait la force de poursuivre, se battant non plus pour sa propre ambition mais pour celle de sa descendance.
La seconde salve la tira de ses rêveries et sans se lever, elle jeta un regard sévère à la porte close. « Bon sang ! Ne vous ai-je dit que je ne voulais point que l’on me dérange jusqu’au départ ?! ». Mais contre toute attente, c’est la voix de Hugues qui perça à travers le bois épais. Elle fut surprise d’entendre ce dernier alors même qu’il devait préparer le départ. « Veuillez accepter mes plus plates excuses votre Honneur mais un pli est arrivé ce matin ». « Allez le porter à Monsieur Galainier, mon ministre plutôt que de m’importuner de la sorte ! » « Votre Honneur, je ne serais pas venu à vous si cela ne requérait pas votre attention… ». Elle soupira en serrant un peu plus le bébé contre elle. Ne pouvait-on jamais avoir un instant de répit ? « Si ce n’est pas d’extrême importance, vous regretterez le moment où vous êtes venu toquer à mes appartement Hugues ! ». La porte se déverrouilla lentement et le petit bonhomme passa le pas sous le regard réprobateur des deux gardes qui surveillaient la chambre de la baronne. Il marchait doucement – chose rare pour ce curieux personnage – et tenait dans ses mains potelées le fameux morceau de papier dont le sceau avait été brisé. Il lança un petit regard au poupon que la femme tenait dans ses bras mais elle n’y prêta pas plus grande attention. L’air sévère, elle attendait. « Tenez votre Honneur ». En baissant la tête, il glissa dans les doigts délicats de la Dame la missive, conscient que des explications seraient nécessaires. « Le sceau a été brisé par un garde ». L’allure sévère se mua en mine interrogative. Il savait que s’il ne fournissait pas de réponse correcte, il pourrait finir au cachot plus vite qu’il n’était entré dans la chambre. « La missive est arrivé ce matin au castel accrochée a un aigle qu’il a pris pour votre faucon, ma Dame. C’est son comparse qui a cru bon de vérifier tout de même si cette dernière vous été adressée ». Il déglutit, voyant que la baronne ne changeait pas d’attitude. « Ils étaient si nerveux de ne savoir que faire qu’ils sont venus me trouver aux écuries alors que je préparais votre départ, et me voici ». La Belle n’avait pas bougé d’un iota, ses yeux rivés sur l’homme grassouillet. « Et vous aussi, vous avez lu cette lettre et avez jugé bon de me la porter en main propre dans mes appartements ? ». Si elle parlait calmement, la froideur des mots ne trahissait pas sa pensée : elle trouvait l’histoire tout bonnement ridicule et il la comprenait. Qui aurait pu croire possible de telles sottises ? « Je vous en prie votre Honneur, lisez-la ». Sa voix était réellement suppliante. Sa dernière chance était à l’intérieur de la missive. Peut-être qu’après cela, la manière dont elle l’avait reçu n’aurait plus d’importance… Alors, suspicieuse, sa suzeraine se mit à parcourir les lignes, la petite Pénélope toujours au creux de ses bras. Si son expression ne se mua pas, elle devint blême. Sans un mot elle se leva. « Sors mon encrier et du vélin. Lorsque tu sortiras d’ici, tu prendras Pénélope pour la donner à sa nourrice et tu feras porter cette lettre à Arichis par notre coursier le plus rapide. Il se trouve normalement à Wacume ». Il acquiesça et s’exécuta rapidement. Une fois seule, elle s’installa à son secrétaire et trempa sa plume dans l’eau noire.
Elle déposa son sceau sur le papier, le scellant jusqu’à son arrivé à Diantra. Elle enverra deux oiseaux porter le message afin d’être certaine qu’ils parviennent à le réceptionner. Egouttant une nouvelle fois sa plume, elle se saisit d’une nouvelle page et entamma une nouvelle rédation.
HRP:
Désolée du temps mit et de la qualité un peu médiocre sur la fin mais promis, je me rattrape au prochain !
Méliane de Lancrais
Humain
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Sujet: Re: Un aigle dans le ciel, sombres nouvelles [Arichis] Jeu 16 Juin 2016 - 16:54
Duché de Langehack, Karfïas, Ennéade 4. 9 ème année du 11ème cycle.
Méliane fixait l'horizon depuis la terrasse de sa chambre, le regard inquiet comme il l'était depuis plusieurs Eneades déjà, quand on lui apporta un rouleau. La main tremblante et le regard s'allumant sous la braise d'un léger espoir elle demanda: " Est ce la des nouvelles de Diantra. " La jeune servante secoua tristement la tete, provoquant a la fois déception et soulagement dans le cœur de la duchesse, mieux valait pas de nouvelles que de mauvaises nouvelles. " Le messager qui l'a apporté venait du nord votre altesse. " Après avoir remerciée la jeune femme et veiller a ce que le messager trouve gite et couvert, elle s'installa a son bureau pour dérouler le Vélin. Le sceau était d'Alonna, point besoin de reconnaître l'écriture pour savoir de qui il lui venait. Leur amie a Oschide et a elle, la baronne Alanya de Broissieux. C'était la un baume agréable sur son cœur tourmenté que d'avoir des nouvelles d'un etre aimé. Caressant doucement son ventre pendant toute la lecture, elle s'empressa ensuite de prendre la plume pour y répondre.
Méliane enroula le vélin avec soin avant d'y imposer son sceau. Un léger sourire étirait ses traits, il lui avait fait grand bien d'échanger quelques mots avec une amie meme si cela devait se faire par missive interposées. Elle aurait aimée annoncer a Alanya la merveilleuse nouvelle de sa grossesse gémellaire, mais elle tenait a ce qu' Oschide soit le premier au courant. Elle veilla a ce que le vélin reparte pour le nord le plus tot possible avec la prière que quand Alanya recevrait ses mots, Méliane elle aurait retrouvée Oschide.
Alanya de Saint-Aimé
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Sujet: Re: Un aigle dans le ciel, sombres nouvelles [Arichis] Sam 13 Aoû 2016 - 17:38
« Pour vous, ma Dame ».
Le grasouillet bonhomme qui lui servait d'intendant avait déposé avec précaution le papier scellé sur le bois vernis. Alanya, accoudée à la fenêtre ne tourna pas même la tête. Elle imaginait très bien son petit air satisfait et ses vêtements bien trop luxueux et affriolants pour sa condition. Bien qu'il s’insupportait souvent, il était son seul moment de distraction. Derrière le miel de ses mots, elle ne s'y trompait pas : le rusé Renard attendait les miettes du festin. Feignant la crédulité, elle s'amusait à le voir se pavaner devant elle, obéissant dans l'espoir d'une quelconque récompense. Cela était son passe-temps depuis le départ d'Arichis. Certes, fort bien installée dans le palais des Séraphins, elle avait jouit un temps des festivités de son suzerain épanchant la tristesse et l'amertume de son cœur dans la fête et ses travers. Le matin n'était point fini que déjà elle descendait goûluement son cinquième verre de vin, comme si rien ne s'était fini depuis son retour en Alonna. Une piquette âpre qu'elle goûtait sans passion, plus pour l'oubli et l'ivresse que les arômes distillés par le liquide vaguement rougeâtre. Qu'ils rient au dehors ! Elle n'en avait plus rien à foutre. Le verre trouva le rebord de la fenêtre dans un tintement métallique avant chuter sur le sol, vide.
« Disposez ».
Le ton était sans appel mais pourtant elle eut vu du coin de l’œil le mouvement hésitant du servieur à débarasser le plancher. Quiconque connaissait bien la baronne savait que ses humeurs fluctuantes étaient lots de nombreuses foudres, qu'importait le lieu et qu'importait le rang. Elle aurait pu, d'un claquement de doigt réduire à néant les beaux efforts du petit homme qui ramperait à ses pieds.Clémence qu'il dirait ! Mais elle n'en avait plus. Ni même de la patience. Tout cela s'était envolé avec le pas lourd des cavaliers Ydrilotes, des énnéades plus tôt. Elle n'avait pas bougé. Tout cela n'était qu'une façade, une mascarade. Elle aurait volontiers hurlé cent fois, et frappé mille de plus mais elle en était incapable. Plantée devant la vitre, elle n'arrivait même pas à voir au dehors.
« Ma Dame, permettez que... » « J'ai dit : disposez ».
Le calme froid et les mots lourds eurent tôt fait de faire déguerpir le courageux qui s'était trouvé – l'espace d'un instant – un peu de bravoure. La porte grinça puis se ferma délicatement sur les appartements. Elle était seule à présent, seule comme l'était son cœur. Se reculant après de longue seconde, elle se plia pour ramasser la coupe, se resservant aussi sec. C'est en se saisissant de la carafe qu'elle aperçut la lettre qui portait le sceau du Langecin. Voilà des lustres qu'elle n'avait eu de nouvelles ni d'Oschide qu'elle savait souffrant ni de Méliane – son amie. Peut-être n'était elle pas si exclue qu'elle voulait bien le penser. Elle décacheta la missive avec soin et sirota son verre en parcourant les lignes. Émue – peut-être un peu trop à cause des effluves de l'alcool – elle se saisit aussitôt d'une plume et de papier, grattant frénétiquement. Sa calligraphie était moins régulière qu'à l'accoutumé, pour autant elle veillait à garder sa prose habituelle pour ne point montrer son esprit certainement trop aviné.
Alanya regarda la page un instant. Un nœud s'était formé dans son estomac. Elle avait envie de coucher sur le papiers tout ses doutes, mais son amie le comprendrait-il ? Elle raya avec soin la dernière phrase en soupirant. Elle ne s'était confié à personne et le cœur lui pesait tout les jours un peu plus. Même la douceur de son foyer ne parvenait pas à apaiser son âme en peine. Elle n'avait pas eut de nouvelles d'Arichis depuis son départ, sinon une fois par sa jeune sœur plus éplorée qu'elle à ne pouvoir rentrer près des siens, loin des douceurs Ydrilotes. Pris d'un courage nouveau, elle se saisit d'une nouvelle page vierge. Etait-ce l'alcool ou bien sa solitude ?
Elle pleurait à présent. Quelques gouttes salines vinrent se mêler à l'encre et au papier mais son contenu restait lisible. Elle scella la lettre et ne la regarda plus, se remettant à observer le dehors. Les champs de l'Alonnan au loin se pliait sous la brise de fin d'été et le monde semblait ne pas avoir changé. Pourtant, son univers à elle s'était émietté avec sa dispute avec le Dragon. Elle savait qu'il lui reviendrait, pour autant elle ne savait pas si elle en avait réellement envie. Elle l'aimait, à sa façon. Et lui aussi. Il reviendrait.
Méliane de Lancrais
Humain
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Sujet: Re: Un aigle dans le ciel, sombres nouvelles [Arichis] Dim 21 Aoû 2016 - 3:42
Duché de Langehack, Karfïas, Fin Ennéade 4. 9 ème année du 11ème cycle.
La duchesse de Langehack avait écrit bon nombres de Missives depuis le retour de son époux de Diantra. La plupart avait été rédiger pour informer leurs soutiens et alliés de la possible imminence d'une guerre avec le marquisat de sainte Berthilde, mais si aujourd'hui elle prenait la plume, c'était pour de tout autres motifs. Bien que n'ayant pas encore reçue réponse a son précédent courrier, elle se devait d'informer leur amie, Alanya, baronne d'Alonna, du retour sauf d'Oschide dans leur foyer. En plus de cela, son aimé en ayant été dûment informer, elle pouvait également lui faire part de la nouvelle de sa grossesse gémellaire.
Duché de Langehack, Karfïas, Ennéade 9. 9 ème année du 11ème cycle.
Méliane jouait distraitement avec sa plume, fixant ce vélin qui l’appelait depuis des heures, des jours meme. Que pouvait t'elle dont répondre a la baronne d'Alonna, s’épanchant de son cœur brisé, alors qu'elle meme était incapable de ressentir quoi que ce soit, anesthésiée de toutes douleur de par le choc d'avoir perdu ses enfants, petits êtres nés trop tot, ayant rendus leurs derniers soupirs dans le creux de ses bras. Comme si cela n'était pas assez, il y'avait la disparition d'Oschide, dont l'attitude bornée l'avait conduit a ne point écouter les conseils et supplications de sa femme et qui se retrouvait aujourd'hui prisonnier de leur ennemi. La plume tourne une fois encore dans ses doigts, puis finalement elle la trempe dans l'encre fraîche. Ah comme il était facile de se parer de son identité politique, une duchesse qui se devait d’être rigide et sans émotions. Mais pour répondre a son amie, il fallait se faire femme et en faire appel a ce cœur meurtri qui ne ressentait plus rien.
La plume s'écrase violemment sur le bureau, tandis que des yeux désespérément sec relisent ses mots qu'elle trouve trop dure, trop violent, trop amères .. Trop ... Et tellement pas assez. Ah si seulement elle avait pue pleurer sur la lettre de son amie, s'émouvant de ses malheurs comme si ils avaient étés siens, comme elle était capable de le faire jadis. Peut etre alors aurait t'elle pue laisser sortir sa propre peine. Mais il n'en était rien, pas une larme n'avait coulée sur ses joues depuis le jour ou les dieux lui avaient ravis a la fois ses enfants et son époux. Lasse, elle impose simplement son sceau au bas de ses mots. Place le vélin dans un rouleau et le délaisse pour qu'il soit envoyé au plus vite. Elle se lève puis s'empresse de redevenir juste la duchesse de Langehack, la femme elle n'a plus lieu d’être, brisée elle n'est qu'un souvenir auquel il n'est plus bon de se rattacher.
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Sujet: Re: Un aigle dans le ciel, sombres nouvelles [Arichis]
Un aigle dans le ciel, sombres nouvelles [Arichis]