Une rose au milieu de la bière et de la poussière

Les longues nuits blanches à parler avec Nakor étaient terminées, les nouvelles ont été brusque mais nécessaire, le choc fut lui aussi grand et lourd à porter. Il avait vu Kirgan, ou plutôt ce qu'il en restait, il avait l'impression que Garmin lui avait parlé, que les âmes de ces frères lui avaient pardonné et ne lui en voulaient pas. Ambro avait abandonné la race de son père, il était pourtant leur conseiller, un ami proche de Garmin mais quand tout à commencer à aller mal, l'appel de la solitude fut le plus fort et il disparut sans prévenir personne ... La suite est connue de tous, connue d'Ambro depuis seulement quelques jours, Kirgan n'était plus, le roi et son peuple non plus.
Il fallait aller de l'avant, certes la nouvelle était dure, mais il y avait d'autres personnes à aider, d'autres personnes à qui ils faudraient redonner le sourire. Les longues discussions avec Nakor avaient fait du bien au vieux demi-nain, la sagesse du magicien était grande et salvatrice.
Il était de retour, de retour sur les routes du monde, le vent dans ses cheveux blancs, la barbe frétillante. En prenant la route en solitaire il était tombé sur une petite ferme isolée du monde, la nuit approchant Ambro s'était dirigé vers elle avec l'intention de demander un toit pour la nuit. Sa surprise fut grande quand il vit le nombre d'enfants, une dizaine, en ajoutant les parents et les grands parents, seize personnes se partageaient la pièce de vie centrale ; les uns sur les autres. Ambro se sentit gêné mais on le reçut comme jamais il n'avait été reçu quelque part. Tout ça pour dire que grâce à cette famille le vieil homme reprit goût à la vie et aussi au voyage, on lui avait donné un âne en pleine forme ainsi qu'une charrette, le père de famille avait insisté dessus.

Comme au bon vieux temps, ses livres, une charrette, un âne et ses sifflements pour accompagner les longs trajets. Il se sentait à nouveau bien, jamais il n'oublierait Kirgan et les siens, pour faire perdurer leur histoire il allait raconter des histoires, contes ou autres légendes. Il fallait maintenant trouver une auberge ou au moins une taverne. Il ne savait pas où aller, il prenait les chemins en fonction de ses envies, un coup à l'ouest, un coup l'est, le nord et le sud y passaient aussi. Cette façon de voyager était extrêmement agréable mais comportait quelques inconvénient : on ne savait pas où l'on était et on ne pouvait savoir à l'avance l'endroit où l'on allait dormir. Cela faisait plusieurs nuits qu'Ambro dormait dans sa charrette ou sous un arbre, la faim commençait à arriver, la soif aussi et son dos lui menait une petite révolution. Le soleil entamait son salut journalier, il était temps que la chance intervienne un peu et qu'une auberge arrive sur la route ; fichtre c'est tout ce que je demande, une auberge, du fromage, une bière et lit, rien de plus, sacrediou. Au détour d'un chemin, près de la forêt, une auberge trônait fièrement, on aurait dit que le destin l'avait entendu grogner et avait pris peur de l'être squelettique.

C'est pas trop tôt, je commençais à croire que toutes les auberges de Miradelphia s'étaient donné le mot pour soit m'éviter soit ne plus exister. Allez canaouillou encore un effort et on pourra manger, boire et se reposer. Dépêche toi ou c'est moi qui te tire ...

Peut être un effet du soleil couchant, des ombres sur les arbres, du vent voir même l'intervention ou des dieux ou tout simplement l'intelligence de l'animal, quoi qu'il en soit l'âne accéléra le pas et sa langue passa sur ses lèvres, hasard ou non le geste était étrange.
Le nom de l'auberge restait dans l'originalité propre aux auberges : « au voyageur solitaire ». Ambro garda ces reproches pour lui et entra dans l'auberge, prêt à se mêler à nouveau à la population et à la vie autre qu'animal, quoique ...