Un groupe de nains, vêtus de manteaux à capuches brun-vert par dessus leurs armures de cuir souple, arriva en vue de la porte nord.
« Eh bien, quelle agitation...» pensa Kiran alors qu'ils débouchaient sur la petite place. Un attroupement important s'était formé autour de la caravane, rassemblement coloré de nains et de naines et pleine effervescence. Certains chargeaient les chariots déjà passablement encombrés, d'autres vérifiaient l'état des essieux ou commençaient à préparer les montures. Des enfants couraient en tous sens ou dansaient au son de la flûte d'une jeune naine, ajoutant encore au chaos ambiant.
Accompagné de son équipe de rangers, Kiran se fraya un chemin à travers la foule, cherchant du regard le chef d'expédition. Il le trouva finalement près du chariot de tête, occupé à donner des instructions pour les derniers préparatifs. Arrivé à sa hauteur, le guerrier l'interpella :
« Vous êtes Fulmin Longpied ? »
Relevant la tête du parchemin qu'il était en train de consulter, l'intéressé observa son vis-à-vis.
« Lui même. Que puis-je faire pour vous ? »
« Mon nom est Kiran, fils de Godrik. Moi et mes rangers sommes chargé de vous guider à travers les régions sauvages. »
« Ah ! Oui, l'escorte que j'avais demandée au Haut-Conseil. Je suis heureux qu'ils aient finalement accédé à ma requête. Votre protection est plus que bienvenue, Kiran fils de Godrik. Nos routes ne sont hélas plus aussi sûres qu'avant. »
« En effet. C'est un voyage risqué que vous entreprenez là. » Kiran jeta un coup d’œil aux gens s'affairant autour des chariots. « Surtout avec autant de femmes et d'enfants. »
Il n'était pas à l'aise avec cette mission. Même si la situation dans les étendues sauvages s'était améliorée, s'aventurer loin des villes restait une entreprise périlleuse. Et entre les bêtes féroces, les raids des hommes des Wandres et les incursions gobelines, se lancer dans un tel voyage avec une aussi faible escorte n'était pas très prudent...
« Peut-être devriez vous attendre encore un an ou deux... le temps que les choses se calment. »
Fulmin lui sourit. « Je sais, je sais.... Vous n'êtes pas le premier à me faire de telles recommandations. Mais voyez-vous, mon clan a besoin de changer d'air. La vie en ville, aussi confortable soit-elle, n'est vraiment pas faite pour nous. Je suis sûr qu'il y a de nombreuses terres plus au nord qui n’attendent que l'arrivée de colons pour les repeupler. Et puis, vous êtes là pour nous protéger, n'est-ce pas ? »
Le ranger ne répondit pas, sinon par un grommellement qui ressemblait vaguement à un «... pauvres inconscients ...».
Sans montrer s'il avait relevé ou pas, et sans se départir de son sourire, Fulmin lui exposa son plan de voyage. Ils passèrent ainsi de longues minutes à discuter de l'organisation du convoi, de la disposition des chariots, des points de ravitaillement à passer et du meilleur itinéraire pour les atteindre.
Finalement arriva l'heure de partir. Les galioth furent attelés aux chariots, et les voyageurs se hâtèrent de gagner leur places. Les derniers adieux et recommandation furent échangées, accompagnées de nombreux pleurs et embrassades. Et enfin, après avoir vérifié trois fois que rien ni personne ne manquait, on donna le signal du départ.