[Olath Blada] La fin de l'Anarchie : reconstruction d'un Triumvirat

"- Tu ne devrais pas passer ta journée devant cette bête, ça n'est pas pour toi.
- C'est son sang qui va ruisseler sur mon corps, je ne tiens pas à ce qu'il soit impur.
- Il n'est pas impur. Je l'ai acheté moi même. Et j'ai veillé à ce que tout soit parfait. De plus, je te ferai remarquer que tu n'es pas médecin.
- Il y a forcément une raison pour que les Dieux aient permit que tu m'importune, n'est ce pas Débrio ?"

L'esclave rit. L’irascibilité de sa maîtresse avait toujours fait son amusement. De plus, la voir retrousser les babines de ce bœuf et inspecter ses humeurs, c'était tout simplement désopilant. Il la savait faire preuve d'une magnanimité frôlant la manie lorsqu'il était question des très Hauts, ce qui ne manquait jamais de le surprendre, bien qu'il respecta cela. En outre, les intentions de la Sombre de partir à la guerre le plus tôt possible n'étaient un secret pour personne, mais lorsqu'elle lui ordonna de descendre au marcher pour aller acheter une créature gaillarde pour un holocauste à Uriz, les choses prirent une lueur plus officielle dans la tête de Débrio.

"- Oh il y en a une, et de taille ! Ta garde personnelle t'attends pour la chambre. Il semblerait qu'un d'entre eux ne manque à l'appel.
- Il est venu me voir hier, son père est mort. Je lui ai donné la journée pour la cérémonie au temple. Je n'ai pas jugé utile de t'en informer.
- Tu sais qu'en ces temps il n'est pas très bon de se passer de prétoriens. Ta piété te perdra !
- Que Mira s'effondre si cela devait arriver un jour.
- Ce n'est pas ce que je voulais dire.
- Je sais, mais tu l'as dis. Allons, vas donc dire à la garde que je vais de ce pas me préparer et fais leur bon accueil. Cette bête fera l'affaire."

Sans un mot, il s'en alla. Klea monta à l'étage et se rendit dans ses appartements. Testis, la maître-esclave de sa mère, la rejoint et lui fit sa toilette. Après s'être revêtu de l'uniforme (sans armes), elle se sentait prête, cela dit, elle était certaine d'avoir oublié quelque chose, mais quoi ? Les quatre gardes du corps étaient là, dans le salon des invités. Ils mangeaient quelques fruits et buvaient de l'eau, ils ne semblaient pas inquiétés. A la vue de leur Senger, ils se levèrent et firent le salut du premier Ost : un coup de poing de la main droite sur la poitrine. "Allons-y." Tous se rendirent dans l'arrière-court et montèrent à cheval. Se rappelant ce qui la taraudait, elle fourra sa main dans son armure - où elle l'avait machinalement rangé après l'avoir mise - et en sortit la convocation de Malad'eyl, la tendant à Débrio. "Archives cela veux tu." Celui-ci prit le papier et alla le porter au scribe familial.

Le trajet ne fut pas extrêmement long - une demi-heure tout au plus - jusqu'à la chambre magmatique, devant laquelle la garde se posta pour l'y attendre. Klea s'enfonça dans les profondeurs volcaniques, descendant les marches. Cela faisait tellement longtemps qu'elle n'était pas descendu là. Son ascension administrative au rang de Senger s'était faite dans sa villa et la cérémonie, qui avait eut lieue devant tout les effectifs du premier Ost, avait eut lieu en dehors du Puy, à la fois pour des raisons purement pragmatiques (le regroupement de l'armée à l’intérieur de la cité étant compliqué à faire) mais aussi pour des raisons symboliques : le fait de ne pas réunir un corps en armes dans l'enceinte de la cité était simultanément un signe de respect vis à vis du Karliik Glenn et une annonce tacite à tout le peuple sombre de projet d'avenir ; une armée ayant passée les portes du Puy étant une armée allant au combat. Klea avait demandé à de nombreuses personnes différentes de lui faire un topo détaillé sur la situation politique actuelle. Avec le pacte entre l'Obok Senger du second et cinquième Osts et le retour de Klea, il se murmurait de plus en plus que le sang allait couler massivement. La Drow contait bien faire en sorte que ces rumeurs ne soient qu'un joyeux euphémisme.

Elle sangla son cheval à l'entrée la salle sacrée de l'Olath Blada. A bien y réfléchir, c'était la première fois qu'elle y mettait les pieds. La salle était plutôt vaste et sans aucun doute de belle architecture, en tout cas si on aimait l'hybridation naturel/artificiel et le basalte, évidemment. Mais Klea n'eut pas un regard pour la salle. Elle était venu, sans retard ni avance, comme à tout ses rendez-vous, et s'avança directement vers la fin du portail. Lorsqu'elle s'en fut totalement dans la pièce, elle s'arrêta brusquement et regarda droit dans les yeux de Malag'eyl, lui adressant le salut militaire, en signe de soumission anticipé au Karliik Glenn. Elle reprit aussitôt sa marche vers le siège destiné à l'Obok Senger d'Thalack du premier Ost et s'assit sans plus de cérémonie. Elle n'eut d'yeux pour personne et attendait tout simplement que la séance fut déclaré ouverte par le scribe. Le Senger du deuxième Ost pouvait dés lors constater qu'il comptait avec lui un allier de plus.

Klea regarda le Ditronw Da're déversser son ire sur le Barra avec une certaine délectation. Il faisait preuve d'une certaine démesure dans sa réaction mais c'était là tout le théâtre qu'il fallait appliquer à ses dires pour asseoir son autorité en tant que Senger. De plus, elle aussi avait relevé mentalement l'outrageuse impertinence de la requête de Bahei'. En réalité, le fait qu'il s'eut agit d'une requête était en soi sujet à l'impertinence et Klea n'était pas plus en colère par celle-ci que de par l'imprudence qu'elle constituait. Les assassins étaient censés être les maîtres de la subtilité et ils ont pour réputation d'avoir la langue de chair aussi empoisonné que celle de fer. Que leur plus fier représentant fasse montre d'un tel manque de diplomatie était une insulte à son ordre. Ô, bien sûr, c'était courageux et bien tenté. Le Barra avait sans aucun doute conscience du risque qu'il avait prit en laissant ces paroles retentir parmi le ballaste de l'Olath Blada, mais il donnait lieu à une entrée en la matière trop impérieuse dans l'assemblée, il ne se ferait point d'alliés de la sorte. Et si sa stratégie était de susciter des réactions trop retentissantes au goût du futur Karliik et de liguer les membres du haut conseil les uns contre les autres, Klea ne lui ferait pas ce plaisir. Elle passait volontiers pour plus bête qu'elle ne l'était à vrai dire - bien que cette stratégie ne lui coûta un extraordinaire effort de maîtrise de soi - mais elle refusait catégoriquement de sacrifier à la discorde et de naviguer dans l'apex d'un intriguant juste pour fausser son image.

Cependant, elle ne dit rien, laissant la réponse à la charge du Ditronw Da're qui semblait s'y employer avec tout son cœur. Elle observait les remous de l'eau, ne jetant aucune pierre. Il était parfois bien plus instructif de regarder les choses plutôt que de chercher à les contrôler. De plus, la politique n'était pas vraiment son élément et malgré tout les conseils de ses sœurs, elle ne pouvait se résoudre à s'y sentir à l'aise. C'était un terrain qui lui donnait une sensation de vulnérabilité, aussi redoublait-elle de prudence lorsqu'elle se trouvait dans le civil, considérant en long et en large la situation avant de prononcer des mots, qui étaient toujours lourd de sens chez la Drow. Le sujet de l’ascension du Barra au poste de Senger était ironiquement bien plus épineux que celui de Malag'eyl lui même et elle savait qu'elle n'y couperait pas, mais pour l'instant elle préférait différer son jugement, attendant de connaître plus avant les relations entre les membres du conseil et l'évolution de la situation. Elle s'amusait tout du moins de l'avance non moins gaillarde qu'avait révélé Malag'eyl en promettant le poste de Senger moyennant mission à Bahei', alors que les voix ne l'avaient même pas encore décrété Karliik Glenn. Qu'ils guerroient, tant qu'elle ait la sienne, de guerre, mais loin du Puy où la vie était si compliqué. Klea pouvait être très diplomate, mais il s'agissait alors d'une diplomatie toute martiale, dont l'efficacité serait appelé tyrannie au sein du volcan. De plus, elle était loyale au siège de Karliik, pourvut qu'il fut un vrai Drow.

C'est alors qu'on lui demanda d'expliciter son point de vue sur la chose, s'il n'était pas déjà connu au grand jour - jusqu'aux latrines du col. Elle ne doutait pas que l'assemblée fut d'accord sur deux points fondamentaux : la paix n'avait que trop durée ; et l'Ithri'Vaan leur était bien le seul lieu où celle-ci leur fut profitable. Elle savait que le Barra accepterait cette mission de bonne volonté. Un poste des plus alléchant couronnerait sa victoire et les provinces offraient bien des profits à qui savait les exploiter. Il leurs faudrait juste surveiller de près sa progression, afin qu'elle ne fut pas trop fastueuse, auquel cas il pourrait bien profiter d'un passager affaiblissement du Karliik pour lui trancher la gorge, dans des sens plus ou moins ragoûtants du terme. Il était encore trop tôt pour que son avis sur la question de l'Ithri'Vaan eut un quelconque intérêt, mais elle ne démordrait pas quant à ses aspirations premières, à laquelle - elle le savait - tout le monde aspirait sans en avoir encore prononcé les scellés. Taillé dans le marbre, ses lèvres furent seules à bouger depuis le début même du conseil, depuis qu'elle avait prit place dans la noire chaire.

"Il y a au Nord des terres qu'on abreuve d'hydromel et de petite eau. On l'étouffe d'arbres et depuis maintenant une éternité elle s'est désaccoutumé du goût du sang. Les six années de réjouissances nocturnes se sont écoulés et il est venu le temps des moissons. En ce qui concerne une stratégie générale, peu m'importe tant que le dessein du noir pays laboure les terres et les elfes. La vraie question est : qu'adviendra t-il lorsque Mira aura enfin comprit que la menace Drow est avéré ? A mon humble avis, une insurrection en Ithri'Vaan me paraît être une bonne stratégie pour détourner l'attention des hommes et je ne pense pas que les nains poseront de problème, ils peinent à s'unifier et même s'il ne faut les sous estimer, les autres peuples leur portent trop peu d'attention pour les motiver à rejoindre leur bannière. De la situation des Drows des provinces peut dépendre beaucoup de choses, mais il ne s'agit pas là de ma part de travail, je ne suis qu'un chien aveugle d'Uriz et de Kiel, j'abreuve leur calice des larmes et du fiel de pourpre humaine. Vous comprendrez que la lame m'importe peu pourvu qu'elle trouve sa carnation."

C'est ainsi que parla Klea. Afin que son avis se fasse entendre comme l'exigeait son rang, sans toutefois mettre l'Olath Blada dans l'embarras. Peut être avaient-ils envisagés de tailler dans l'homme plutôt que l'elfe et cela lui convenait tout autant car elle n'était que l'outil de la mort. Mais c'était un avis stratégique qu'on lui avait demandé et c'est un avis stratégique qu'elle donna. Semblant peu pugnace, elle avait d'autres choses en tête.

La Senger faisait preuve d'une grande patience, une patience qui s'était forgé tout au long de sa vie et contre sa nature. Ses parents, ses frères, ses percepteurs, tous l'avaient réduit au silence par la force et lui avaient ainsi apprit qu'il fallait respecter l'autorité. En ces circonstance, le futur Karliik faisait figure d'autorité. Elle se refusait à prendre part aux enfantillages qui se formaient tout doucement dans la salle afin de ne pas se hisser au delà de cette futur autorité. Cependant, les mots montèrent de plus en plus haut, une véritable joute s'engagea et Klea fut surprise de voir que Malag'eyl ne semblait pas le moins du monde réagir. Pis encore, il se contentait et refusait volontairement d'intervenir. Cela avait, d'une certaine façon, choqué la Drow, qui était certainement la seule personne de l'Olath Blada à ne pas être au courant pour l’alliance du Senger et du Ditronw Da're. Il fallait dire pour sa défense qu'elle ne s'intéressait que peu à la question politique, ce qui semblait bien inconsidéré et étonnant de la part d'un de ses plus hauts représentants, mais depuis qu'elle avait fait ses premières armes, Klea n'avait pour ainsi dire presque jamais vécu au Puy. Elle était une enfant d'Uriz, née pour le champ de bataille, et la guerre à laquelle elle assistait à présent lui était totalement abstraite.

Cela dit, ce qui se produisit ensuite acheva de soulever son indignation. Haldren usa de magie dans l'enceinte sacrée de l'Olath Blada afin de prendre le dessus sur son antagoniste, ce qui constituait un bien piètre argument, mais qui était de toute évidence de poids. La Drow se contenait manifestement et lança un rapide coup d’œil à Malag'eyl qui semblait décidé à ne pas intervenir. La scène ne dura pas longtemps, mais si Haldren avait un honneur et des principes, Klea en avait aussi. Et selon elle, ce genre de comportement au sein d'une institution aussi sacrée était tout bonnement intolérable. Ne pouvant décidément plus y tenir, elle éclata, tapant un poing tonitruant :
"Assez !!!"
Sa voix avait comme creusée profondément dans le silence, le rendant plus sourd et plus marqué encore qu'avant, son ton, qui n'avait étonnement pas résonné dans la salle et avait aspiré le moindre son dans une sorte de néant aussi rapidement qu'il avait retentit, avait une dimension chtonienne. Le Ditronw Da're, pour savourer un dernier instant sa domination ou pour montrer qu'il n'obéissait pas à la Senger, attendit un instant - certes, bref - avant de libérer son étreinte. Tandis qu'il parlait, Klea s'efforçait d'évacuer silencieusement sa rage afin qu'elle ne transparaisse pas dans sa voix. Elle avait voulut que cette comédie infâme cesse, mais n'avait pas l'intention d'insulter Haldren, aussi se devait-elle de ménager son ton si jamais elle avait à expliquer sa colère dont les motifs semblaient tout de même évidents.

"Que ceci vous serve de leçon, Barra. Accomplissez avec succès le rôle qui vous est dévolu et peut être mériterez-vous alors mon respect ainsi que votre place en ce lieu."

D'expérience, Klea savait que cette histoire n'en resterait pas là. L'orgueil les amènerait à se déchirer et Malag'eyl hérité d'une armée désunie. Encore une fois, le règne d'un Karliik se plaçait sous de mauvais augures. C'était tellement plus simple avec un Nir M'orosh. Les différents se résolvaient à la force du poing jusqu'à ce que les deux belligérants soient tout pétrit de fatigue et de blessures, et peut important qui avait raison, l'honneur était comme remit à zéro. Mais un combat entre un assassin et un magicien était fort asymétrique et leur haine sera sans aucun doute beaucoup plus perfide. Elle regardait les deux Drows à tour de rôle avec un regard dur mais sans haine. Elle espérait juste qu'elle ne serait pas obligé de prendre partit car cela signifierait se monter contre les deux. Elle avait bien envie de leur asséner quelques remontrances ainsi qu'un laïus bien sentit sur la honte que constituait l'hérésie qu'ils venaient de provoquer, mais elle estimait que là serait vraiment la limite à ne pas dépasser en regard de Malag'eyl. Son intervention lui dispensait de se mouiller, car il était de toute évidence partagé, mais ça serait être tout aussi impertinent que d'insulter les deux Drows. Fussent-ils inférieurs en grades, ils n'en avaient pas moins un honneur, ce que Haldren semblait avoir oublié un instant car sa réaction était en effet démesuré et hors de propos en un tel lieu. Elle attendit que le futur Karliik Glenn parle. Elle voulait en finir avec cette histoire d'ascension.

La petite guerre entre les deux Drows avait commencé comme elle avait finit : en comédie. Et Klea ne fut pas fâchée d'en voit la fin. Les meilleurs plaisanteries étaient les plus courtes. A l'exaspération de celle-ci, le Barra relança Malag'eyl avec une totale indifférence et une bonne humeur feinte. En cet instant, elle crut s'être compromise, elle crut que son intervention avait été calculée. Après tout, ne serrait-elle pas la personne ici la plus loyale au Karliik ? Si le Senger du second Ost faisait valoir sa qualité de meneur à l'échelle du Puy tout entier, et cela, Klea ne saurait en douter - il n'était pas incertain que la seule issue du Barra ne soit une action fourbe. Et dans ce cas là, il aurait des ennemis de taille. Cela dit, elle ne connaissait pas spécialement la Dothka. Elle supposait donc que c'était là un signe de leur efficacité. D'un autre côté, il pouvait tout aussi bien s'agir d'un imposteur, ou encore d'un opportuniste qui avait profité de la mort de son prédécesseur. Elle n'imaginait d'ailleurs pas à quel point elle était proche de la vérité, comme elle sous-estimait la réalité. Elle ne savait pas jusqu'où allait la loyauté de Haldren, mais elle se doutait bien que s'il distribuait des spectacles d'autorité de la sorte trop souvent, les choses pourraient mal tourner entre lui et le Karliik, ainsi le Barra aurait ce qu'il voulait très probablement, même si l'esprit plus martial de Klea l’amenait à penser que la meilleur solution serait de fragiliser la situation politique de Malag'eyl puis de l'attaquer avec une armée rassemblée en Ithri'Vaan. Elle voyait d'ici le tableau : Laskross attendant que les Senger ne soient en territoire elfe pour assiéger le trône du Karliik et souillant l'Olath Blada de mille pieds de mercenaires bâtards, laissant Klea et les autres se faire submerger par les troupes répugnantes des mangeurs de feuilles. Elle savait que les Drows étaient capables de telles infamies, ils l'avaient prouvés ces dernières années. Mais la dernière personne à avoir voulut l'abattre par la sournoiserie, elle lui avait brisé les membres uns par uns et avait scié sa tête à mains nues.

On passa ensuite - et enfin - à l'ordre du jour. Ce fut une toute autre affaire, plus banale, plus rapide. S'il y avait eut des personnes à convaincre, cette dispute aurait fait une formidable diversion, ou aurait aiguisé le sang de non convaincus dont la colère aurait redoublée, allez savoir, elle n'aimait pas faire de spéculations politiques, elle n'aimait pas faire de politique tout court. Tout ne se ferait pas aussi rapidement et aussi facilement qu'à l'idéal, mais si Malag'eyl trouvait un moyen d'unifier définitivement l'Olath Blada, alors, le gouvernement Drow serait enfin de retour et le peuple, politiquement et socialement exsangue, accueillerait la nouvelle avec force triomphe. Rien n'était plus grand qu'une foule hurlant le sang et pour cela la Senger rêvait déjà d'apparaître sur le balcon de la grotte des Nir M'orosh, recouverte des stigmates des augures, et d'entendre la terrible liesse de son armée attendant de partir construire des citadelles de chaires pourrie. Elle s'enivrerait de la rage, de la haine, de la soif inextinguible de sang et d'horreurs, il y aurait une dizaine de combat à mort avant même le départ. Dans le premier Ost, les Dorws y rentraient courageux et inexpérimentés. Ils en ressortaient redoutables et totalement inconscients, ou pour être plus précis, ils n'en ressortaient pas. Toute à ses pensées, elle se contenta de former sans grande imposition un : "Vous connaissez déjà mon avis." Un des scribes, zélé, fit comme s'il ne savait pas quoi écrire. Il s'attendait à quelque sentence historique, il n'eut qu'un regard lourd de signification de la part de la Sombre, sur quoi il s'empressa de confirmer sa voix avant de se faire fondre les doigts.