Le Culte Pentien
~ Religion officielle du Royaume de Péninsule ~
On raconte qu’au début, lorsque tout n’était rien et inversement, ce Tout et ce Rien répondaient à
Aluthen, et réciproquement. On raconte encore qu’Aluthen (aussi appelé l’Unique, Eloden, Ilwuthan, etc.), inspiré par le Tout et le Rien, aurait entonné son premier chant. De ce cantique naquit la terre et les deux dieux primordiaux,
Iben et
Alm. Nés du chant d’Aluthen, ils étaient deux choses qui n’avaient de cesse de se pourchasser l’un l’autre, à l’image du Tout et du Rien. Et à chaque fois qu’ils se rejoignaient, un nouveau dieu naissait et descendait sur la Terre. Beaucoup voient en Iben et Alm la lune et le soleil.
Vint en première la déesse
Kyria. Seule sur cette terre nue et informe, Kyria la veina de rivières, l’épaissit d’arbres pour se cacher de ses parents, dont elle craignait la venue, et la peupla d’animaux pour tromper l’ennui. Alors vint
Othar, le dieu de la guerre. Ce dernier, chasseur redoutable, terrorisait les bois qui recouvraient le monde de son rire tranchant. Lorsque Kyria, sa sœur, vint le supplier de cesser ses traques, Othar la désira ardemment et voulut la prendre. Sa sœur le fuyait depuis des Éons quand
Tyra, déesse de la mort, descendit sur le monde. Elle créa les océans pour séparer Kyria et Othar et les deux sœurs vécurent sur une île, loin du chasseur.
C'est sur cette île qu'apparut
Arcam, le barde, dieu aux visages multiples mais surtout connu pour être celui de l’amour et de la haine. Doté du même don qu’Aluthen, il pouvait créer via son chant. Tyra, pour cette raison, le jalousa et voulut le perdre. Afin qu'il traquât Arcam, elle rendit visite à Othar, sur le continent. Mais à la vue de son frère, Tyra s'en éprit d'amour. Celui-ci ne fut jamais rendu, freiné par l’inénarrable laideur de Tyra. La déesse de la Mort, humiliée, décida de se venger : elle convainquit Kyria de rencontrer une nouvelle fois le chasseur, prétendant qu’il n’essaierait plus de la forcer tandis qu’elle assurait à Othar que la déesse de la forêt était prête à tout lui céder. Lors de la rencontre, Tyra lui perça les yeux et Kyria le jeta aux tréfonds de la terre.
Plus tard vint au monde
Néera, la déesse de la vie. Arcam, qui tirait son plus grand orgueil de son don, prit peur de la venue de cette dernière née, car il craignait que l'Unique lui transmette aussi le don qu'il avait déjà offert à son fils. Il tenta de la tuer en l’étouffant, si bien qu’elle en devint muette. Tyra, voyant l’acte que perpétrait le Dieu, aurait soustrait l’enfant et, tandis qu’elles fuyaient loin de l’île et d’Arcam, elle aurait fait promettre à Néera que chacun des souffles qu’elle insufflerait sur la Terre lui reviendrait un jour ou l’autre.
Kyria apprit vite quel don portait Néera et s’empressa alors de lui faire donner vie à ses enfants, les elfes. Mais, craignant qu’elle prenne sa place dans le cœur de ceux-ci, elle demanda à sa sœur Tyra de les épargner ; Car la vie, pensait-elle, sans le spectre rôdant de la mort, n’était plus un présent si important – elle semble avoir eu raison. Tyra, qui se languissait d'Othar, se fit promettre en échange les Enfers. Ce dernier, après que ses sœurs lui eurent percé les yeux puis l’eurent jeté dans les abysses, fut pris d’une fureur indescriptible. Celui-ci frappa, frappa et frappa encore contre le plafond chtonien, créant ainsi les montagnes lorsqu’il comprit qu’on l’avait rejeté hors du monde. Il arracha sa barbe et ses cheveux de feu en signe de deuil, et ses yeux crevés pleurèrent. De ses cheveux, de ses larmes et de la glaise du monde d’en-dessous naquirent les nains, qui bâtirent les palais des Enfers.
Lorsque Tyra vint visiter Othar dans les catacombes pour implorer le pardon de son frère, il le lui donna. Elle lui demanda alors à nouveau de devenir son amant. Othar, aveugle certes, disposait encore d'une bonne mémoire, et se souvenait assez bien que sa sœur était fort laide ; il la rejeta encore une fois. Anéantie par ce nouveau refus, la Mort tira sa vengeance sans attendre. Elle frappa de sa main la tête du premier fils d'Othar, qui mourut. Un massacre s’ensuivit, et c’est ainsi que les nains, bien avant les elfes, connurent la Mort. Ainsi Tyra abattait sa terrible vengeance sur Othar, qui aimait ses fils. Les spectres torturés de ces derniers le faisaient souffrir mille trépas, si bien qu'Othar conclut un marché avec sa sœur. Il accepterait de la posséder à chaque fois qu’un nain mourrait d’une mort glorieuse, les armes à la main. En échange, ceux-ci trôneraient avec lui dans ses palais souterrains.
Miradelphia
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