Une faveur à te demander... (PV Glenn)

Spoiler:

Méluin regarda la jeune femme répondre à son interrogation tout en reposant sans bruit ce qu'il avait à la main. Ce qui lui sembla étrange, tout d'abord, fut que l'Elfe ne lui répondit pas mais se tourna vers son Seigneur comme si c'était lui qui avait posé la question. Habitué à la cours, Méluin savait très bien reconnaître quelqu'un faisant exprès d'ignorer une personne et là il voyait très bien que ce n'était pas le cas. Non, son comportement s'apparentait plutôt à celui d'une personne complètement instable. Et ce qu'il ne lui plut pas des masses fut qu'elle semblait partir, Glenn devant la secouer pour qu'elle reste présente. Il sonda alors vite fait le reste de la chambre qu'il n'avait pas encore vérifié avant de concentrer sa magie sur la dénommée Glinaina. Il se garda de dire quoi que ce soit pour le moment, écoutant et analysant la scène qui se déroulait sous ses yeux.

« Je... Je me transforme en Drow, je crois. C'est pour cela que je dois partir.

A cette phrase, Glenn fronça les sourcils tout autant que le mage. Lina se recroquevilla encore plus sur elle-même, ayant de plus en plus de mal à tenir. Alors que son esprit commençait à battre en retraite, elle entendit la voix de son aimé percer ses ténèbres.

-Non... Il faut que tu restes, Glinaina. Tu ne peux pas partir, pas maintenant.

La main de Glenn se détacha de celle d'Aina, concluant ainsi leur entrevue. Il n'accédait pas à la demande de sa compagne, autant parce qu'elle n'était pas en état de voyager que parce qu'elle avait essayé de tuer l'un de ses supérieurs. Il avait beau connaître l'Elfe qui lui faisait face et donc connaître ses valeurs, il ne la reconnaissait aucunement en cet instant - et à juste titre. Etait-ce celle qu'il aimait ?
Dans ce qu'il restait de l'esprit de Glinaina, la décision de Glenn fut comme un choc. Elle n'arrivait pas à comprendre, commençait à avoir l'impression qu'il lui tournait le dos, refusant de l'aider. Cela ne fit que l'aider à être réceptive à une certaine colère qui presque aussitôt supplanta l'esprit de l'Elfe.
Méluin crut bon d'intervenir et appela son Seigneur, lui faisant signe qu'il souhaitait lui parler à l'extérieur des appartements de la lieutenant. Il se hâta, ressentant en elle. A peine Glenn eut-il refermé la porte derrière lui qu'un bruit sourd se fit entendre au niveau de la porte, comme un objet se plantant dans la porte en bois. Il la ferma donc à clef tout en expliquant ce qu'il avait pu déceler.

-Il n'y avait aucun sort dans la pièce, hormis sur votre lieutenant, mon Seigneur. Et cela ne m'étonnerait pas que les marques visiblement magiques sur son corps soient à l'origine de son état. C'est ce dont elle devait parler... "cela", "elles".

Puis il haussa les épaules, ne pouvant pas faire grand chose. peut-être la magie divine serait plus à même d'aider cette femme, mais en tout cas lui n'avait pas le pouvoir de changer le cours des choses. C'en était ainsi ! En tout cas, l'Elfe risquerait fort d'y laisser sa vie, soit par la magie soit parce qu'il ne serait plus possible de faire quoi que ce soit, qu'elle serait devenue beaucoup trop dangereuse pour Naelis. Méluin se demanda un instant si Glenn serait capable d'entendre cette solution, lui qui semblait tenir à cette femme.

-Je vous conseillerais de ne pas ouvrir cette porte de si tôt. La lieutenant Wylenaryn n'est plus elle-même, d'après ce que j'ai pu entendre d'elle auparavant. Il vous faudra certainement décider de son sort, mon Seigneur. Réfléchissez-y. »

Puis, sans attendre de répartie, il retourna à sa tour. Que son Seigneur se mette à aboyer ou se taise, cela ne changerait rien à la situation. Autant qu'il voit la situation en face.


Un couteau planté dans le bois, une Elfe retombée dans les ténèbres. Après la colère, le sourire. Elle avait essayé, n'avait pas réussi par cette voie-là. Elle ferait donc autrement puisqu'elle ressentait, ou plutôt « cela » ressentait que l'issue qui allait bientôt pointer le bout de son nez lui serait funeste. Debout dans la pénombre, appuyée contre un meuble renversé voire même cassé à certains endroits, l'Elfe attendait. Elle attendait que le temps passe, inexorablement, juste le temps que la nuit tombe. Un, deux, trois... Sans état d'âme ni aucun froncement de sourcil dû à la douleur, l'Elfe s'enleva un à un les petits bouts de verre ancré dans sa peau, bien ancrés parfois. Du sang coulait sur sa main meurtrie, se mélangeant à celui de Glenn. A celui de l'Homme qui lui tournait le dos. Rancune, colère, incompréhension. C'en était ainsi.

Le temps était passé, l'Elfe rouvrit les yeux. Tout était silence dans la caserne, du moins à son étage. Sans faire de bruit, elle s'avança jusqu'à la fenêtre jusqu'alors fermée le jour comme la nuit, l'entre-ouvrit le plus silencieusement possible et écarta juste assez les volets (fermés pour ne pas laisser passer la lumière) pour vérifier si elle ne s'était pas trompée. Peu de lumières étaient allumées, les nuages empêchaient la lune de montrer sa face ronde... C'était bien ainsi. Elle aurait juste à descendre les deux étages en escaladant le mur, voler un cheval à l'écurie puis attendre l'heure d'ouverture de la porte. Sinon elle allait à pieds jusqu'à la porte et attendrait que celle-ci soit ouverte pour sortir de Naelis et enfin prendre un cheval dans l'un des villages avoisinants, là où les gens s'arrêtaient pour la nuit lorsque celle-ci allait tomber. Oui, ce serait plus discret. Plus facile qu'avec un cheval. Et tant qu'ils n'auront pas pensé à aller la chercher dans cette chambre, ils ne se rendront compte de rien. En soit, c'était plus que faisable, même si elle aurait des cavaliers aux trousses. Mais de cela, elle s'en fichait éperdument.


Le lendemain matin, lorsqu'une personne frappa à la porte, personne ne répondit. Elle tourna alors la clef dans la serrure, se disant que la propriétaire de l'appartement devait être dans un moment étrange comme l'on dit, mais ne trouva personne à l'intérieur. Le volet était entre-ouvert, de même que la fenêtre. Elle alla donc prévenir le Commandant Malfer, mais déjà Glinaina avait passé les portes et s'apprêtait à le plus gentiment du monde « emprunter » un cheval.